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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (05)

Publié le par Nébal

Illustration tirée du supplément *Stone Cold Dead*

Illustration tirée du supplément *Stone Cold Dead*

Cinquième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici.

 

À ce stade, presque tout provient de la campagne Stone Cold Dead.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », l’élue ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez l'enregistrement de la séance dans la vidéo juste en dessous.

I : TOURISME INDUSTRIEL

 

[I-1 : Warren : Richard Lightgow ; Gamblin’ Joe Wallace] Warren a obtenu de beaux résultats dans son travail avec le Dr Lightgow pour mettre au point de nouvelles prothèses ; le médecin s’est avéré un très bon guide, et, ensemble, ils ont conçu des prototypes prometteurs – sans doute bien plus confortables pour les patients amputés. Il va falloir se livrer à quelques essais, avec un patient volontaire ; mais, si le test est convaincant, le docteur ne doute pas qu’il sera possible d’obtenir un financement sur la durée de la part de Gamblin’ Joe Wallace – lequel est à la recherche de nouveaux débouchés et de nouveaux moyens pour faire parler de sa ville, depuis que le cessez-le-feu a affecté les commandes de son usine de munitions.

 

[I-2 : Warren, Nicholas : Gamblin’ Joe Wallace] Heureux de ce succès, Warren décide de s’octroyer une pause tourisme. Accompagné par Nicholas D. Wolfhound « au cas où », et conscient de ce que le paternalisme viscéral de Gamblin’ Joe Wallace fait que ce n’est pas le jour le plus indiqué pour visiter son usine, qui tourne au minimum en ce jour d’inauguration du tournoi de poker (il a accordé un congé exceptionnel à tous ses employés), le savant fou se replie sur « l’autre » usine de Crimson Bay – cette étonnante blanchisserie située à Chinatown, qui l’intrigue énormément. Le bâtiment fait dans les 300 m² et occupe une cinquantaine de salariés, qui se relaient pour que l’usine, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, tourne jour et nuit.

 

[I-3 : Warren, Nicholas : Mr Shou, Mr Fong] Warren et Nicholas se rendent dans une sorte de petite boutique, où les particuliers peuvent déposer et récupérer leur linge. La plupart des panneaux sont en chinois, mais il y en a quelques-uns dans un anglais un peu approximatif. Une femme tient le comptoir, et attend, stoïque, que l’on fasse appel à elle. Un homme passablement baraqué reste debout non loin, à côté de la porte conduisant à « l’usine ». Warren et Nicholas s’approchent, mais, silencieusement, l’homme se positionne devant la porte, en faisant « non » de la tête. Warren avance un : « Mr Shou ? Enquête ? » qui ne donne aucun résultat – il faut dire qu’il semble avoir confondu Mr Shou, le patron du bordel le White Tiger, et Mr Fong, le propriétaire et gérant de la blanchisserie, et le « patron » officieux de ChinatownWarren et Nicholas multiplient les gesticulations et les mimes pour convaincre l’homme de leur laisser le passage, mais ne provoquent que son rire…

 

[I-4 : Warren : Mr Fong] Par chance, ils entendent soudain une voix en chinois, derrière eux, et le vigile se met au garde-à-vous ; puis l’homme qui vient de parler ainsi passe à l’anglais, très correct même si avec plus qu’une pointe d’accent : il s’agit de Mr Fong, le patron – un homme très souriant, très aimable. Warren s’empresse de lui expliquer qu’il est ingénieur, curieux de comment les choses fonctionnent ici, et désireux de rendre service si jamais. L’industriel s’en étonne, il ne reçoit guère de touristes, mais veut bien faire une visite guidée – il a vaguement entendu parler du scientifique. Et il admet manquer de personnel qualifié, ici – il n’a pas vraiment d’ingénieur en titre. Les petits soucis habituels peuvent être gérés sur place, mais, pour les problèmes plus importants, il faut souvent faire appel à des ingénieurs bien éloignés – à Shan Fan au mieux, sinon de l’autre côté du Pacifique, Shanghai ou Hongkong

 

[I-5 : Warren : Mr Fong ; Mr Gamblin’ Joe Wallace] Mr Fong fait donc le tour du propriétaire : une grande pièce très bruyante, avec une énorme chaudière (qui occupe cinq hommes à elle seule, en permanence), un réseau de tuyauterie très complexe qui fait tout le tour du hangar, un soufflet conséquent, et une sorte de tapis roulant (nombre des blouses qui y circulent sont du même type, on comprend aisément qu’elles viennent de l’usine de munitions de Gamblin’ Joe Wallace, les deux usines fonctionnent en symbiose) ; un escalier conduit à une mezzanine d’où l’on voit tout le hangar, et où se trouve le bureau du propriétaire ; il y a çà et là des gardes qui surveillent attentivement. Warren est ravi par ce qu’il voit – et positivement surpris : la technologie est assez moderne (mais n’a rien à voir avec la Science étrange, cependant), sans être révolutionnaire, mais c’est surtout qu’on en fait un usage inattendu, très innovant. Il n’a jamais vu ça ailleurs – y compris dans bien des villes plus grandes et plus industrialisées. Il s’intéresse plus particulièrement à la chaudière, et s’entretient avec Mr Fong de son fonctionnement – mais, humblement, le Chinois explique ne pas être un ingénieur… Il a des contremaîtres qui comprennent un peu mieux le fonctionnement de la machine et qui font le relais, lui-même est vite dépassé par tout cela. Mais, oui : c’est le point critique – d’où la très grande attention portée à la chaudière. Le temps passe, la discussion est aimable, mais, au bout d’un moment, très cordialement, Mr Fong explique devoir retourner à son travail, ce qui convient tout à fait à Warren, qui le comprend fort bien ; tous deux ont apprécié leur discussion et échangé leurs cartes.

 

II : AFFEC(TA)TIONS

 

[II-1 : Danny, Rafaela : Russell Drent] Danny et Rafaela se rendent au bureau du shérif, Russell Drent, pour y recevoir leurs affectations en tant qu’adjoints alors que l’inauguration du grand tournoi de poker aura lieu dans quelques heures à peine au Gold Digger. Le shérif a sa mine des mauvais jours : il est sous pression, et faut pas le faire chier… Mais, voyant Danny et Rafaela arriver, il leur demande ce qu’il en est de leur enquête sur le meurtre de Chinatown. Danny dit que cela progresse, de manière assez laconique – Drent aimerait visiblement davantage de détails… En tout cas, il faut continuer à travailler là-dessus.

 

[II-2 : Danny, Rafaela, Beatrice : Russell Dent, Shane Aterton ; Joshua Harranger] Mais il y a beaucoup de travail en sus. Drent balaie l’assistance, passant sans cesse des PJ à Shane Aterton – puis conclut qu’il a besoin de ce dernier ici. Il affecte les nouveaux à la surveillance du port pour cette nuit – il leur faudra voir les hommes de la capitainerie, leur chef est un certain Joshua Harranger. OK pour Danny et Rafie, pas de problème – même si ça leur fait rater l’inauguration. Ils en informent leurs camarades via Tricksy, puis se rendent au port.

 

[II-3 : Danny, Rafaela : Joshua Harranger ; Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent, Shane Aterton] Le port de Crimson Bay a beaucoup changé ces dernières années, à l’évidence : il ne reste plus grand-chose du tout petit port de pêche d’avant l’arrivée de Gamblin’ Joe Wallace. Des travaux conséquents en ont fait un port capable d’accueillir des bateaux de bonne taille, avec trois jetées toutes neuves et imposantes. Et trois bateaux sont actuellement amarrés : le plus gros est le Iron Fish (visiblement un bateau chinois, dont le nom figure d’abord en sinogrammes), les deux autres s’appellent le Sea Wolf et le Morton/Filmore. Danny et Rafaela se rendent à la capitainerie, un bâtiment récent et relativement confortable. Il s'y trouve une dizaine d’hommes qui s’occupent à diverses tâches, et leur chef est Joshua Harranger – un vieux bonhomme qui commence par s’étonner de ce que Drent ne lui ait pas envoyé Shane Aterton, « mais c’est pas grave ». Il a lu des trucs sur les PJ, et notamment « Mr Cody », dans le journal… Inutile d’avoir le pied marin pour bosser ici, qu’ils se rassurent ! Mais Harranger insiste : s’il y a un bateau à surveiller, c’est le Iron Fish, parce que c’est lui qui livre la poudre pour l’usine de munitions, depuis Hongkong ; une partie en a été déchargée, mais il y en a encore à bord. Les cales des deux autres bateaux sont vides. Bien ! Harranger retourne travailler... ou plutôt jouer aux cartes avec ses camarades – que les hommes du shérif fassent ce qu’ils ont à faire.

 

[II-4 : Danny, Rafaela : Beatrice, Warren] Danny et Rafaela font le tour du port, pour en avoir une vue d’ensemble : ce qui demeure du vieux port de pêche, reliquat d’une autre époque ; une avancée rocheuse ; un phare d’une dizaine de mètres de haut – plus une structure qu’un monument… Le port est relativement désert, hormis les hommes de la capitainerie – sans doute les dockers, etc., comptent-ils profiter de l’inauguration du tournoi de poker, qui ne va plus tarder… Danny trouve un endroit bien placé pour surveiller l’ensemble du port et au premier chef le Iron Fish. Rafaela saisit l’occasion pour parler de ce qui leur est arrivé depuis les jours lointains où, enfants puis adolescents, ils avaient été élevés dans le même bordel… Rafie explique comment elle a vu la Vierge de Guadalupe (sa mère était très croyante) – qui lui a confié la mission d’éliminer des créatures maléfiques qui arpentent ce pays. Elle sait que ça sonne bizarre… mais Danny veut bien la croire – surtout parce qu’il a vu Beatrice « faire des choses vraiment bizarres », elle aussi… Mais c’est quoi son rapport avec « le p’tit bonhomme », Warren ? Une sincère amitié ; Rafie avait obtenu du travail auprès de sa famille, et elle s’était attachée à lui – qui avait finalement assez vite compris qu’elle était une femme. Il faisait des expériences… Danny l’interrompt : il a cru comprendre qu’une de ces expériences avait mal tourné pour Rafie ? Oui – celle qui a été suivie de la vision de la Vierge de Guadalupe, en fait. Elle ne l’en blâme pas. Leur amitié est sincère et forte : quand elle a expliqué au savant qu’elle avait une mission, il n’a pas tergiversé et a offert de la suivre et de l’aider – elle l’en remercie. Danny la croit – mais s’il y a un souci, qu’elle n’hésite pas à faire appel à lui ! Il sort une bouteille – ils vont bien avoir besoin de se réchauffer…

III : L’INAUGURATION

 

[III-1 : Beatrice, Warren : Gamblin’ Joe Wallace] La grande rue de Crimson Bay déborde de monde – plus encore devant le Gold Digger, qui a été réaménagé pour l’occasion : il accueille vingt-cinq tables de cinq joueurs, même si, les poules n’ayant pas commencé, la clientèle a pu s’y installer de manière un peu anarchique, et une grande estrade a été dressée, pour que Gamblin’ Joe Wallace fasse son discours d’inauguration. Beatrice, qui est inscrite au tournoi, garde Warren à son bras pour qu’ils se livrent tous deux aux mondanités.

 

[III-2 : Beatrice, Warren : Richard Lightgow, Jon Brims, Tom Jenkins, Slim Jim Carrighan ; Gamblin’ Joe Wallace, Sam « Royal » Bernstein, André de Fonteville, Ace Plinkett] Le savant fou est un peu gêné par cette promiscuité, mais il repère une table où sont installés ses amis le Dr Lightgow et Jon Brims, le croque-mort – ils s’y rendent ensemble, et Warren offre sa tournée (sans alcool – un peu plus loin, Tom Jenkins, le maréchal-ferrant, ne cesse d’en offrir de bien autrement alcoolisées, et il est déjà très rougeaud) ; les serveuses de Slim Jim Carrighan naviguent avec aisance entre les tables pour apporter les commandes de chacun. Warren demande à ses amis s’ils participent au tournoi : le Dr Lightgow dit que non – il aime bien jouer, mais il n’est pas assez doué… « Par contre, Jon, fût un temps… » Mais le croque-mort lève discrètement la main, et son ami le docteur n’en dit pas davantage. Et Warren ? Participe-t-il ? Certainement pas… mais son amie Beatrice, oui. Il ne doit pas y avoir beaucoup de concurrentes, non ? Mais Beatrice la joue de toute façon très humble… Qu’importe : Wallace a réussi son coup. Warren a relevé que Lightgow disait venir « en spectateur » : il trouve cela intéressant de regarder des parties ? Vraiment ? Tout à fait : la psychologie, l’audace, le bluff, la chance… Mais cela va au-delà, quand on a affaire à des grands joueurs comme Sam « Royal » Bernstein. Pour le médecin, c’est le favori – en tout cas son favori, mais il croit vraiment qu’il va gagner ; or on dit qu’il travaille sur les probabilités ! Un jeu vulgaire, le poker ? Cet homme gagne en faisant appel à la science ! Bien sûr, les autres ne sont pas à négliger : André de Fonteville est notoirement un joueur redoutable. Ace Plinkett est moins connu, mais semble prometteur… Beatrice cherche à faire intervenir Jon Brims dans la conversation : lui aussi est venu en spectateur ? Le croque-mort, lentement, lâche enfin quelques mots : oui… Il est venu observer. Il y a pas mal de choses à observer… C’est comme si un courant froid traversait le Gold Digger – heureusement, ça ne dure pas.

 

[III-3 : Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent, André de Fonteville, Ace Plinkett, Sam « Royal » Bernstein ; Richard Lightgow] Le temps passe… Puis, le silence se fait, progressivement, tandis que Gamblin’ Joe Wallace monte sur l’estrade pour faire son discours d’inauguration (le shérif Russell Drent est là, à côté, mais refuse de monter sur l’estrade). Wallace est un orateur doué ; il passe avec une grande fluidité des proclamations un peu ampoulées au discours plus pragmatique du self-made man qu’il est avant toutes choses, n’hésitant pas à glisser aussi des petites blagues sur les personnes dans l’assistance, suscitant bien des rires… Mais il peut aussi se montrer plus sérieux : il évoque le cessez-le-feu, mais surtout le développement de Crimson Bay – le port, le train… L’ambiance est chaleureuse, très agréable. Des salves d’applaudissement ponctuent ses dires. Puis il fait monter sur l’estrade les trois favoris – il sait que c’est une bonne publicité. Il les présente – en commençant par André de Fonteville… qui n’a pas l’air d’un type aimable ; il fait la gueule, il semble même mépriser profondément l’assistance – et ses concurrents, Ace Plinkett en tête, de manière très visible ; son rapport à Sam « Royal » Bernstein est d’un autre ordre – c’est de la rivalité respectueuse, cette fois. Ce dernier a un abord beaucoup plus sympathique – beaucoup plus humble, surtout, même si l’opinion du Dr Lightgow voyant en lui le favori est assez communément partagée. Ace Plinkett est le petit nouveau – et perturbe les autres, visiblement ; à en croire les ragots, c’est un type parfaitement médiocre en tout, et un ignare tant qu’à faire, mais c’est un joueur de poker brillant – tout à l’instinct ? On le dit… Quoi qu’il en soit, tous se voient saluer par des applaudissements enthousiastes. Et, enfin, d’un ton très solennel, Gamblin’ Joe Wallace déclare le grand tournoi de poker de Crimson Bay ouvert !

 

[III-4 : Beatrice, Warren : Tom Jenkins, Richard Lightgow, Jon Brims] Les officiels annoncent alors la composition des vingt-cinq tables de jeu – en invitant les spectateurs à se montrer moins expansifs, pour ne pas perturber les joueurs : on ne réclame pas un silence de cathédrale, simplement un bon compromis – ce que Tom Jenkins, déjà complètement bourré, semble avoir du mal à intégrer… Beatrice se voit donc attribuer une table, et a affaire à quatre inconnus – elle échappe aux stars pour l’heure… Warren reste à ses côtés en spectateur – Lightgow et Brims font le tour des tables : le médecin est visiblement ravi, le croque-mort a toujours autant l’air de se faire chier… Beatrice, le temps que la partie prenne son envol, jette un œil à la sécurité dans la salle. De nombreux hommes du shérif sont là, placés aux endroits stratégiques – ce qui n’a rien d’une surprise, elle avait pu s’en faire une idée en discutant avec ses camarades adjoints ; mais elle remarque aussi un homme et une femme, accoudés à la mezzanine, qui surveillent visiblement la salle – et, pour ceux qui savent voir ce genre de choses, c’est comme s’il y avait un panneau lumineux affichant : « HUCKSTERS ! » Clairement, il s’agit de hucksters engagés pour s’assurer de ce qu’il n’y a pas de hucksters qui participent au tournoi, ce dont Beatrice prend bonne note… Quoi qu’il en soit, cette première partie se passe bien pour elle : elle l’emporte facilement, sans briller, sans trop en faire… Mais en surjouant l’humilité : ceux qu’elle a battus la regardent d’un sale œil !

 

IV : SAINT NICHOLAS DANS LE DÉSERT

 

[IV-1 : Nicholas : Denis O’Hara, Russell Drent, Warren] Nicholas est assez nerveux. Il n’a pas voulu entrer dans le Gold Digger pour l’inauguration, et passe son temps à errer dans la ville – et à surveiller tout le monde. Or… tout le monde se trouve au Gold Digger, ou devant. La rue principale est bondée, au point d’en être étouffante, tandis que tout le reste de Crimson Bay est peu ou prou désert (ou presque : probablement pas Chinatown, par exemple ; Warren avait pu constater que l’assistance était presque uniformément blanche – presque, car, en l’absence d’Asiatiques, il a cependant pu constater la présence de quelques rares Noirs, deux ou trois, pas plus, qui attiraient régulièrement l’attention par leur seule présence). Le faux prêtre le constate même en poursuivant sa ronde du côté de l’église du père Denis O’Hara : le jovial et débonnaire pasteur n’est pas là, sans doute est-il lui aussi au Gold Digger (Warren a pu l’y voir, oui) ; il y a bien deux ou trois enfants qui jouent mollement (ils auraient aimé participer à l’agitation du tournoi…) sous l’œil sévère de leurs mères trop bigotes pour tolérer les jeux d’argent, mais l’ambiance est plus que maussade. Cependant, au fil de ses errances, de temps à autre, Nicholas tombe sur des patrouilles d’agents du shérif – qui s’étonnent sans doute un peu de le croiser lui, si personne ne lui en fait part… Il remarque notamment que les patrouilles se relaient régulièrement devant le bureau du shérif Russell Drent – et il s’en étonne. En fait, il a une intuition soudaine : il y a certes une banque à Crimson Bay, mais… et si le pactole du tournoi, la jolie somme de 15 000 $, était en fait gardé dans le bureau du shérif ?

 

V : UN SUPPLÉMENT DE TENTACULES

 

[V-1 : Danny, Rafaela] La nuit est tombée sur Crimson Bay – et sur son port. Danny et Rafaela font régulièrement des rondes – ils se sont munis de lampes. C’est nécessaire : le phare ne leur est pas d’un grand secours, car la brume s’est levée sur la cote, contrastant avec les beaux couchers de soleil typique de la baie et qui lui ont valu son nom. Les hommes de la capitainerie sont restés dans leur caserne – à jouer au poker, si l’on en croit les insultes et les rires. Les adjoints ont pu constater que le Iron Fish n’était pas désert : il y a, à bord, quelques marins chinois, discrets, et qui n’ont pas cherché à échanger la moindre parole. Mais la brume s’épaissit… et Rafie ne se sent pas très bien ; elle croit entendre des bruits, qu’elle ne sait pas identifier ni expliquer – comme un souffle ? Mais très indistinct dans le bruit du ressac… Elle prend sur elle, faisant appel à la bienveillance de la Vierge de Guadalupe, mais la sensation de quelque chose d’étrange demeure, et elle le signale, avec ses mots, à Danny, plutôt perplexe ; bien, il restera sur ses gardes... Et, bientôt, il entend lui aussi quelque chose – un bruit de bois qui craque, vers le sud du port ! Tous deux s’avancent dans cette direction – et voient enfin un immense tentacule jaillir de l’eau et s’enrouler autour de la proue du Sea Wolf !

 

[V-2 : Danny, Rafaela] Danny hurle pour alerter les hommes de la capitainerie, et court vers la créature. Rafie le suit sur un rythme plus modéré. La pieuvre lâche la proue du bateau, et les tentacules disparaissent à nouveau sous l’eau, mais la tête de la créature demeure visible – elle est colossale ! Et probablement très résistante… Danny en a bientôt la confirmation : il dégaine son colt Dragoon .44, fait feu et touche… mais sans faire de dégâts. Rafie tente une autre approche : faisant appel à la Vierge de Guadalupe, l’élue use d’un Miracle de Tempête afin de perturber et ralentir la créature (il y a une contrepartie : elle sera aussi plus difficile à atteindre…).  Elle remarque en outre qu’il y a non loin des sortes de lance-harpons alignés derrière un étal… Les coups de feu de Danny sont vains – et la pieuvre se reprend : un tentacule jaillit des flots... et percute violemment Rafaela, qui est projetée contre un mur ! L’élue sombre aussitôt dans l’inconscience, sa condition est critique ; elle a subi une redoutable déchirure au niveau du ventre : un coup a suffi… Danny terrorisé par ce qui s’est produit se précipite sur Rafie pour lui venir en aide – et assène un violent coup de gourdin sur le tentacule, qui tenait toujours son amie, et la lâche aussitôt, se repliant rapidement. Les hommes commencent à sortir de la capitainerie – ils sont équipés de lance-harpons. Tandis que Danny met Rafie en sécurité, ils commencent à attaquer la pieuvre géante ; leurs armes sont plus efficaces, mais ne peuvent pas non plus faire de miracles – toutefois, la créature est blessée… et furieuse ! Un virulent coup de tentacule projette un de ses assaillants dans la mer, les os brisés dans un bruit répugnant… Mais elle commence en même temps à dériver, tandis que son sang se mêle à l’eau sombre du port. Danny s’empare d’un lance-harpon abandonné – mais n’a pas le temps d’en faire usage : un des hommes de la capitainerie a enfin pu loger un harpon dans l’œil terrifiant de la créature, qui s’enfonce sous les flots, morte.

 

[V-3 : Danny, Rafaela] Danny ne prend pas le temps de célébrer la victoire : il prend Rafaela inconsciente dans ses bras, sans réfléchir, et court dans la direction de Crimson Bay (quelque chose comme 300 m séparent le port de la ville à proprement parler) : il lui faut un médecin !

VI : PANIQUE EN VILLE

 

[VI-1 : Nicholas] Pendant ce temps, en ville, Nicholas, qui patrouille sans cesse, aux aguets, remarque qu’il y a de l’agitation du côté du bureau du shérif. Il s’en approche, et voit un adjoint dont il ne connaît pas le nom, l’air paniqué, qui en sort et se précipite aussitôt dans la direction du Gold Digger. Nicholas décide de le suivre.

 

 

[VI-2 : Beatrice, Warren, Nicholas, Beatrice : Russell Drent ; Gamblin’ Joe Wallace] À l’intérieur, Beatrice joue au poker – et continue de gagner, pour l’heure, sous l’œil un peu voilé d’incompréhension de son supporter, Warren. Ils n’ont pas pris garde à l’adjoint qui est entré dans le saloon, mais Nicholas l’a suivi, et le voit se rendre aussitôt auprès du shérif Russell Drent, qui surveille la salle à proximité de l’escalier menant à l’étage (et au bureau de Wallace). Jouant des coudes, Nicholas parvient à s’approcher – et entend l’adjoint dire, essoufflé : « On a volé le pactole ! » Drent, aussitôt, lui fait signe de se taire ; il s'approche d'un de ses hommes, et lui chuchote quelque chose – cet adjoint se rend à l’étage auprès de Wallace, tandis que Drent entreprend de sortir du Gold Digger. Nicholas le suit ; Warren, qui ne comprend pas très bien ce qui se passe, rejoint son ami, et Beatrice de même – elle vient de remporter une partie, et, le temps qu’une autre table soit mise en place, elle est libre de ses mouvements. Ils ne sont pas les seuls à remarquer qu’il se passe quelque chose : la foule dans et devant le Gold Digger se met à chuchoter, on entend même parfois le mot « pactole »…

 

[VI-3 : Danny, Rafaela, Warren : Richard Lightgow] Au même moment, Danny approche du Gold Digger, Rafaela inconsciente dans ses bras. Il crie : « Un médecin ! Un médecin ! » Warren, stupéfait, réagit aussitôt en allant chercher le Dr Lightgow à l’intérieur du saloon – le pressant de venir immédiatement : « Rafael » compte beaucoup pour lui ! Tous deux sortent aussitôt en jouant des coudes, tandis que la foule autour d’eux, consternée, est à deux doigts de la panique – et les hommes du shérif sont prêts à dégainer leurs armes… Dans cette ambiance électrique, le très sérieux Dr Lightgow se penche sur Rafie et entreprend de lui donner les premiers soins, tandis que Danny raconte ce qui s’est passé à un Warren qui n’en revient pas… Lightgow fait des miracles : il ne se contente pas de stabiliser l’état de Rafie, son intervention rapide et sûre permet à sa patiente (car il a sans l'ombre d'un doute compris que c'était une femme, s'il n'en fait pas état...) de récupérer un minimum. Warren le remercie, les larmes aux yeux.

 

[VI-4 : Danny, Warren, Rafaela, Nicholas, Beatrice : Russell Drent] Danny, rassuré (Warren reste aux côtés de Rafie, et la ramène au Washington), suppose qu’il lui faut faire son rapport au shérif Russell Drent quant à ce qui s’est passé au port – lui-même étant un peu affolé, il n’a pas pris la mesure de la panique qui gagne la foule rassemblée devant le Gold Digger ; mais Nicholas l’éclaire à ce propos, et lui indique que le shérif a pris la direction de son bureau – tous deux s’y rendent à leur tour, suivis de Beatrice, qui a bien perçu que le tournoi était interrompu. Quelques adjoints, devant le bureau du shérif, ont l’air particulièrement nerveux – et on entend des éclats de voix à l’intérieur. Danny pénètre dans le bâtiment, mais les autres adjoints barrent le passage à Nicholas et Beatrice (qui se montre narquoise, et s’attire quelques regards noirs…).

 

[VI-5 : Danny] Danny tombe bientôt sur le cadavre d’un adjoint, égorgé, noyé dans son propre sang – il y a des traces de pas ensanglantées qui conduisent à la réserve à l’arrière du bureau ; là-bas se trouve un deuxième cadavre d’adjoint, égorgé également. Dans la réserve, il voit un petit coffre-fort, qu’il n’avait jamais repéré avant, sans doute parce qu’il était dissimulé dans un meuble – les deux sont ouverts, et vides. Derrière le meuble, il y a un troisième cadavre – mais cet adjoint-ci n’a pas été égorgé : il y a un impact de balle au niveau de sa jugulaire, et le sang en a giclé très violemment sur les murs. Les traces de pas sont omniprésentes – des traces de bottes… mais aussi... de pieds nus ? Danny en déduit qu’il y avait probablement trois agresseurs – il marmonne ses observations et déductions… Mais impossible de suivre ces traces à l’extérieur : elles se noient dans la boue et le très abondant passage dans la ville euphorique…

 

[VI-6 : Danny : Russell Drent, Glenn Cabott, Gamblin’ Joe Wallace ; Nicholas, Slim Jim Carrighan, Shane Aterton] Tandis que Danny fait ces observations, il entend, dans la pièce principale, un Russell Drent furieux qui réclame des explications – Glenn Cabott se trouve également sur place, qui est revenu de l’entrée est de la ville, qu’il gardait jusqu'alors avec quelques autres adjoints. L’intuition de Nicholas s’avère exacte : c’était ici que l’on conservait la récompense du tournoi, le pactole de 15 000 $. Les trois adjoints morts restaient en permanence à l’intérieur, et les patrouilles à l’extérieur étaient organisées de sorte à multiplier les passages devant le bureau. Mais l’assaut a dû avoir lieu pile au moment où les patrouilles étaient les plus éloignées – il n’y avait donc que les trois adjoints à l’intérieur, qui ont été tués très rapidement. Quand la patrouille est arrivée, elle n’a vu que les cadavres, et le coffre vidé… Drent engueule tout le monde, ses adjoints sont terrorisés. Puis intervient une autre voix – qui gueule encore plus fort, et sur le shérif tout particulièrement ! C’est Wallace, arrivé du Gold Digger et plus furieux que quiconque : son joli rêve du tournoi s’écroule… Danny les rejoint, et, s’il est bien conscient que ce n’est sans doute pas le moment d’évoquer la pieuvre géante, il explique ce qu’il a découvert en observant la scène de crime. Silence… puis Drent, l’air mauvais : « Putain, on a embauché un génie ! » Le shérif va jeter un œil dehors, plus pour se calmer les nerfs qu’autre chose. Wallace retourne quant à lui au Gold Digger, accompagné par Cabott ; le maire va dire à Slim Jim Carrighan de garder le Gold Digger ouvert toute la nuit, et lui-même va payer pas mal de tournées pour essayer de calmer les choses ; ce qui ne sera probablement pas suffisant… Danny a entendu qu’Aterton était affecté à la surveillance de l’usine de munitions, mais on a envoyé un adjoint le prévenir, et il ne devrait plus tarder.

 

[VI-7 : Sam « Royal » Bernstein, Ace Plinkett, André de Fonteville, Gamblin’ Joe Wallace] Au Gold Digger (et devant, car les informations circulent, et c’est comme ça que les PJ apprennent ce qui suit), tout le monde sait maintenant plus ou moins que le pactole a été dérobé – et que l’avenir du tournoi est compromis. Sam « Royal » Bernstein et Ace Plinkett, un peu décontenancés, ne succombent cependant pas à la panique, et attendent de voir comment les choses évoluent – ils entament une partie amicale avec trois autres joueurs, d’ici-là. André de Fonteville, lui, a clairement fait entendre qu’il allait dès que possible monter dans une diligence pour se barrer de « ce patelin de merde ». Il sait très bien que, même très riche, Wallace ne va pas pouvoir aligner aussi sec 15 000 $ de plus ; sans cette récompense, le tournoi ne l'intéresse bien évidemment pas.

 

[VI-8 : Danny, Nicholas, Beatrice : Shane Aterton] Danny et Nicholas retournent au Gold Digger, tandis que Beatrice se rend au Washington. Mais la foule rassemblée devant le saloon est à deux doigts de l’émeute, désormais… Les premiers perdants, qui l’ont mauvaise, et nombre de spectateurs bien trop alcoolisés, commencent à se montrer violents. Et les adjoints ripostent, Shane Aterton en tête, qui est donc revenu de l’usine, et qui ne fait pas dans la demi-mesure : c’est l’escalade, et si ça continue comme ça il y aura des blessés, voire des morts… Danny sait qu’il lui faut agir. Il s’approche d’Aterton, et gueule aux émeutiers de rentrer chez eux, le temps que tout le monde se calme – sans le moindre effet positif. Aterton n’en tient pas compte, et jette même de l’huile sur le feu. La situation s’envenime, c’est flagrant… et Nicholas tente de ramener tout le monde à la raison, avec un sermon des plus improbable, qu’on pourrait résumer par : « Ne vous attachez pas trop aux choses de ce monde, et allez donc tirer un coup au bordel, comme ça tout ira bien. » Les émeutiers sont pour le moins interloqués – ce qui suffit à les calmer un peu… Pas Aterton, qui se montre toujours aussi violent et renverse un homme dans la boue. Nicholas s’approche de la victime de l’adjoint en prêchant sa bonne parole aux autres : « L’église est par là-bas, sinon les troquets sont ouverts, et si vous voulez vous en prendre à Dieu, bon courage à vous », etc. Ce prêtre décidément bien étrange stupéfait tellement ses ouailles du moment que la tension baisse – on entend même quelques rires avinés. D’autres adjoints rentrent dans le jeu de Nicholas, et il en est même pour faire en sorte de ramener Aterton à l’intérieur du Gold Digger. Le risque d’émeute est considérablement réduit…

 

[VI-9 : Beatrice, Warren, Rafaela, Mrs Jenkins : Tom Jenkins, Mike Paltron] Au Washington, Beatrice a expliqué à Warren et Rafie ce qui s’est passé. La huckster, sur une intuition, aimerait jeter un œil à l’écurie de Tom Jenkins – peut-être les voleurs sont-ils passés par là, pour les chevaux ? Rafie est très faible, mais elle ne veut pas rester sans rien faire : elle demande à Warren de l’accompagner dehors, en la transportant avec Roseline, un de ses bras mécaniques, et ils se rendent tous les trois à l’atelier du maréchal-ferrant… que personne ne garde, ce qui n’est pas normal : il y a normalement toujours quelqu’un, c’est un argument important du commerçant, qu’il rappelle sans cesse. Tom Jenkins était complètement bourré au Gold Digger, mais peut-être y a-t-il sa famille au logement à l’étage ? Beatrice tape à la porte – pas de réponse, mais de la lumière filtre par dessous. Elle insiste – et, au bout d’un moment, une voix de femme terrifiée leur crie de s’en aller. Beatrice explique qu’elle accompagne un adjoint du shérif, mais… « Allez-vous-en ! Sinon j’appelle… J’appelle un adjoint ! » Rafie explique être « le Petit Poucet » dont a parlé la presse, mais elle ne veut rien entendre... Il faut qu’elle se calme, ils sont là pour l’aider, et auraient aussi des questions à lui poser. Beatrice entend alors le bruit d’un fusil que l’on arme… « Je suis armée ! Je vais tirer ! Allez-vous-en ! » Mais Rafie fait glisser son étoile sous la porte – ce qui rassure la femme suffisamment pour qu’elle leur ouvre. Mrs Jenkins a un fusil en main, qu’elle ne manie sans doute pas très bien, et elle est toujours très paniquée. Warren lui explique qu’un vol a eu lieu – peut-être les voleurs ont-ils pris des chevaux… Beatrice relève que personne ne gardait l’écurie, c’est pour cela qu’ils sont montés la voir, pour s’assurer qu’il ne lui était rien arrivé… Elle ne s’occupe pas de la gestion de l’atelier, c’est l’affaire de son mari, « sans doute ivre-mort quelque part… » Mais, oui, normalement, il y a toujours quelqu’un, « pour la protéger »… Ce soir, ce devait être un certain Mike Paltron. « Où est-il passé encore celui-là ! » Mais Rafie aimerait jeter un œil aux documents de son époux – ce qu’elle refuse. Bon… En tout cas, qu’elle reste enfermée ici ! Qu’elle n’ouvre à personne ! « Pas même à un adjoint ! » Sauf si c’est lui – « le Petit Poucet »… Mais il faudra que son mari se rende au bureau du shérif, aussi.

 

[VI-10 : Danny, Nicholas : Shane Aterton, Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace] Danny et Nicholas rentrent dans le Gold Digger. Au passage, Danny jette un œil aux bottes de Shane Aterton, mais elles n’ont rien de suspect. L’adjoint toujours à cran leur dit que Drent et Wallace sont à l’étage – visiblement en train de tenter de convaincre les stars du tournoi de poker de rester… Mais la discussion est tendue, et ne portera probablement pas ses fruits.

 

[VI-11 : Danny : Beatrice] Dehors, la foule s’est dispersée et calmée. Danny retourne au bureau du shérif pour voir s’il pourrait encore apprendre quelque chose en observant les lieux du crime, mais ce n’est pas vraiment le cas. Qu’importe : ce qu’il voulait faire, c’était récupérer un objet personnel sur un des cadavres – à ramener à Tricksy, pour qu’elle fasse usage de ses talents bizarres… Il jette son dévolu sur un foulard imbibé de sang.

 

À suivre…

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