CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (09)
Neuvième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance là, et la séance précédente ici. L’enregistrement de la séance est disponible là.
Les inspirations essentielles se trouvent dans la campagne Stone Cold Dead et le scénario Coffin Rock.
La joueuse incarnant Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », était absente, et devrait l’être pendant quelques séances. Étaient présents les joueurs incarnant Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero (dont le joueur était cependant absent en tout début de séance) ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.
Vous trouverez l'enregistrement de la séance ci-dessous.
I : LE CLIENT EST ROI ?

[I-1 : Beatrice, Danny : Mr Jansen, Mrs Jansen] Les PJ font face aux cadavres des Jansen… et s’étonnent enfin de ce qu’il n’y a pas eu la moindre réaction dans l’hôtel, ni au cri de Mr Jansen dévoré par son épouse, ni aux coups de feu qui ont suivi – et Beatrice a tout de même vidé son chargeur sur la morte-vivante anthropophage ! Danny va jeter un œil à l’entrée – la rue est déserte. Mais Beatrice fait un rapide tour des chambres ; toquer aux portes ne suscite pas la moindre réponse – pour la bonne raison que tous les clients du Washington, qui étaient une bonne quinzaine, sont maintenant des cadavres éviscérés… Mais la huckster ne se laisse pas abattre – elle ramasse quelques dollars qui traînaient sur une commode… Danny ne revient pas de ce qui vient de se produire – mais, surtout, il craint que Mrs Jansen ne soit pas le seul cadavre ambulant responsable du carnage ! Ils fouillent ensemble l’hôtel – notamment la cave ; mais rien de spécial.

[I-2 : Danny : Rafaela Venegas de la Tore ; Mrs Jansen, Jeff Liston] Mais il y a de toute évidence un problème en ville – qui dépasse le seul cas de Mrs Jansen. Une menace plane ; vaut-il mieux se rendre au bureau du shérif, où veillent nombre d’adjoints ? Ou à la blanchisserie, où compte retourner de toute façon Rafie, et où se sont installés contraints et forcés bien 200 à 300 habitants ? En sortant du Washington, Danny suggère déjà d’aller voir leur ami Jeff Liston, au Red Bear – qui est tout proche. Mais Rafie part de son côté.

[I-3 : Danny, Beatrice : Jeff Liston, Mr Fong] La pluie a forci. Elle n’est pas aussi menaçante que lorsque la tempête s’était abattue sur Crimson Bay, mais elle est très pénible, et ne facilite pas les déplacements dans les rues éventrées. Un simple coup d’œil vers l’ouest, en direction du port, laisse comprendre que la mer est démontée et qu'embarquer à bord d’un bateau serait peu ou prou suicidaire. L’impression générale est qu’il est impossible de quitter la ville pour l’heure, par voie de mer ou de terre – ce qui n’empêche pas quelques citoyens apeurés de charger leurs bagages et même leurs meubles à bord de charrettes, et qu’importe si elles ne feraient pas cinquante mètres avant de casser une roue… Et, devant le Red Bear, il y a foule – une foule avinée et de mauvais poil. Des clients refoulés se plaignent de Liston, qui refuse de les servir et les a jetés dehors ! Sous la pluie ! Ils sont complètement bourrés, et agressifs… Danny pense les disperser simplement en montrant son étoile d’adjoint, mais cela n’a aucun effet ; que Beatrice sorte son Colt, même sans le braquer sur qui que ce soit, est plus productif. Danny les aiguille tout de même vers la blanchisserie de Mr Fong, mais ils sont au-delà d’être raisonnés… Tous n’ont même pas le réflexe de s’abriter sous un auvent, avec cette pluie. Mais la façade du Red Bear est tout de même dégagée.

[I-4 : Danny, Beatrice, Nicholas : Jeff Liston ; Mrs Jansen] À l’intérieur, c’est plus ou moins le même tableau – en pire. Les clients qui restent se montrent agressifs, tandis que Liston, bourru, leur hurle qu’il ne les servira pas ; ce qui n’a probablement jamais eu lieu dans un bouge pareil. La tension est palpable – l’ex-trappeur a les mains sous le comptoir, là où il planque ses armes. Danny et Beatrice parviennent à le rejoindre, et Liston, nerveux, confirme qu’il n’a jamais vu ses clients boire autant, et en même temps avoir l’alcool aussi mauvais – au point où même lui s’en inquiète. Il a eu quelques rumeurs de ce qui s’est passé devant le bureau du shérif, mais n’y accordait pas vraiment de crédit – cependant, les PJ lui confirment que la rumeur disait vrai. Danny et Beatrice ajoutent que, depuis, ils ont croisé un autre mort-vivant – « la vieille Jansen »… et, non, ce n’est pas une blague. Elle a tué tout le monde au Washington. Liston, d’abord sceptique, est finalement prêt à les croire – lui aussi se rend bien compte qu’il se passe… quelque chose à Crimson Bay. En fait, Beatrice avance qu’il serait bien temps de fermer le Red Bear – peut-être définitivement, semble-t-elle sous-entendre… Mais Liston aurait déjà bien besoin de leur aide pour faire vider les lieux aux clients pénibles ; lui est porté à faire usage de la manière forte – mais un nouveau sermon bizarre du « père Nicholas » produit également ses fruits ; cependant, ceux qui quittent ainsi le bar tendent à grossir les rangs de ceux qui végètent juste devant, sous la pluie battante… Ils réclament à cor et à cri que Liston les serve : ils veulent boire ! Et c’est trop cher, ailleurs… « Jeff, merde, quoi, fais péter ta recette spéciale, c’est l’apocalypse, quoi ! » Beatrice ne rigole plus, toutefois – et ça se lit dans son regard, faut-il croire, car ses menaces pèsent bien plus que celles de Liston ; l’attroupement se disperse.

[I-5 : Beatrice, Danny, Nicholas : Jeff Liston ; Mr Fong, Denis O’Hara, Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace] Bien sûr, les PJ sont une clientèle que Liston veut bien servir… Il les fait entrer, et verrouille la porte du bar derrière eux. Il s’attable avec eux, ouvrant une bouteille d’un whisky parfaitement immonde. Ils ont tous fait le même constat : Crimson Bay part à vau l’eau – et à une vitesse ahurissante encore. Beatrice interroge Liston sur la tempête – en appuyant tellement sur le mot qu’il devient évident que la huckster ne lui parle pas simplement de la météorologie à Crimson Bay dans les dernières années. De toute façon, il est clair que la ville n’aurait pas pu se développer si elle devait régulièrement faire face à ce genre de cataclysmes. Mais les coulées de boue sont un moindre problème aux yeux de la huckster. Liston n’envisage pas les choses de la même manière – il confirme que la ville est coupée du monde ; quelques heures plus tôt, on lui a dit que la voie ferrée également était impossible à emprunter – les rails ont souffert au nord comme au sud, impossible de gagner Portland ou Shan Fan. L’ex-trappeur se dit qu’il aurait dû prolonger son escapade dans la forêt de Red Sun, il ne serait pas dans cette merde… Danny affirme que le mieux est encore de rejoindre les autres à la blanchisserie de Mr Fong – mais Liston n’en est pas convaincu : « Au moment de la tempête, c’était sans doute un bon conseil, z’avez bien fait… Mais maintenant, y a quoi, 200, 300 personnes là-bas ? T’imagines un peu s’y s’mettent à réagir comme ceux d’ici ? » Même chose pour l’église, lui a-t-on dit ; mais là, de toute façon, il n’a aucune envie d’y aller – et Nicholas le lui déconseille ouvertement ; Beatrice ajoute qu’il va falloir s’occuper du père O’Hara, ce qui interloque un peu Danny – elle ne le sent pas… Il y a une cause derrière tous ces phénomènes, et son instinct conduit la huckster à supposer que le pasteur rougeaud y est pour quelque chose… La « cloche fantôme » constitue un argument en ce sens – elle continue d’ailleurs de sonner, de manière très irrégulière. Cependant, Beatrice admet que le marionnettiste pourrait être quelqu’un d’autre – mais qui ? Drent, qui est complètement à l’ouest, et en principe assommé par l’opium ? Wallace, cette loque humaine ? Les Chinois ? Danny compte bien enquêter. Il propose à Liston de les suivre, mais il refuse – il préfère rester là à garder son bouge contre ses dégénérés de clients… Beatrice le comprend – et elle ne compte certainement pas dormir à la blanchisserie, les craintes exposées par l’ex-trappeur lui paraissent fondées ; clairement, elle demande à Liston s’il pourrait les héberger – il est surpris, mais ça lui va : « C’est pas l’grand luxe, par contre, hein… », dit-il en désignant les taches de vomi par terre. La huckster est décidément très convaincante, ce soir ! Les PJ le laissent là – il a chargé deux gros fusils de chasse, disposés au mieux sur le comptoir…
[Depuis le début de la séance, Beatrice a enchaîné les jets brillants ; j’ai considéré que cela méritait une récompense, et elle a tiré un Jeton rouge.]
II : SHÉRIF, FAIS-MOI PEUR

[II-1 : Danny] Les PJ prennent la direction du bureau du shérif. La pluie est toujours aussi pénible, mais le même tableau revient, de ces bons citoyens qui ont décidé de déménager dans l’urgence – un vœu pieux… Ainsi de cette petite famille qui s’embarrasse encore du superflu : la grande horloge murale, ce genre de choses. Leur fillette joue dans la boue – elle ne comprend sans doute pas très bien ce qui se passe autour d’elle, et s’amuse comme une petite folle… jusqu’à ce que la foudre s’abatte sur elle, et la carbonise en l’espace d’un instant ! Danny est sidéré, la bouche grande ouverte… La mère de la pauvre petite fille hurle et se précipite sur le fragile cadavre réduit en cendres, mais son époux reprend bien vite ses esprits – finalement, mieux vaut ne pas s’embarrasser de l’horloge de papy, et partir au plus vite… Les PJ aussi pressent le pas. Devant le Gold Digger, une scène assez proche de celle du Red Bear se déroule – avec peut-être un peu moins de monde. Le bureau du shérif, non loin, est gardé par des adjoints visiblement très nerveux – et leurs yeux témoignent de ce qu’ils ont sans doute vu eux aussi leur quota d’horreurs. Le triste sort de la fillette a ouvert les yeux de Danny et de ses camarades – peut-être ne voulaient-ils pas les voir, mais il y a çà et là des cadavres dans la rue…

[II-2 : Danny, Warren, Beatrice, Nicholas : Russell Drent, Bill ; Josh Newcombe] En dépit de leurs bisbilles avec Russell Drent, les adjoints ne s’opposent pas à ce que les PJ pénètrent dans le bureau. On entend le shérif ronfler dans la pièce où on l’a confiné – l’opium a dû faire son effet, même s’il a sans doute fallu y mettre la dose… C’est un adjoint relativement âgé, du nom de Bill, qui a tant bien que mal pris les choses en mains – même si le retour de Danny le soulage, à tort ou à raison. Reste que le bureau est géré comme une forteresse assiégée par un ennemi encore invisible – les fusils sont sortis, les munitions à portée. Ce qui rassure Warren : c’est l’endroit le plus sûr de la ville, bien plus que la blanchisserie ! Le savant fou va veiller le shérif quelque temps. Bill est effaré par l’état de Drent – c’était censé être un dur… Beatrice avance qu’il paye le prix de ses saloperies ; Bill ne les nie pas, mais pour lui ça n’a rien à voir… Danny se pose un peu – une bouteille à ses côtés. Nicholas aimerait bien aller poser quelques questions à Josh Newcombe – le journaliste a décidément prédit pas mal de choses qui se sont avérées fondées…

[II-3 : Nicholas, Danny, Warren, Beatrice : Bill, Russell Drent ; Richard Lightgow, Ms Lilly Brown, le Déterré, Denis O’Hara] : Ils attendent, pour l’heure – et Nicholas observe un petit manège qui se répète à plusieurs reprises : de jeunes adjoints paniqués qui viennent faire leur rapport à Bill… mais en le chuchotant dans son oreille ; il le signale à Danny, qui aimerait bien avoir quelques explications. Bill n’a rien à lui cacher : cela fait quelques heures qu’ils ont des… des informations… Les premières venaient de Richard Lightgow, ou de son infirmière Ms Lilly Brown… mais depuis… « Comment dire ça… Il y a… des morts subites. Des morts inexplicables. Dans plusieurs endroits de la ville, toute la ville, des types qui s’effondrent d’un seul coup, quoi qu’ils soient en train de faire, même en plein milieu d’une phrase, bam. Et je saurais même pas faire le compte des victimes. Mais, avec tous ces rapports… Disons qu’il y a eu au moins une cinquantaine de cas, et c’est pas parti pour s’arrêter… » Nicholas établit un lien avec le Déterré qui l’avait tant terrifié quelques heures auparavant. Il le décrit du mieux qu’il peut à Bill, mais, non, ça ne lui dit rien. Le faux prêtre mentionne aussi la cloche qui n’arrête pas de sonner – bien sûr que Bill l’entend, faudrait être sourd pour pas l’entendre, même s’il n’a aucune idée de pourquoi elle sonne comme ça – il a bien dépêché un ou deux adjoints sur place, mais… Nicholas lui révèle que le clocher a brûlé : il n’y a pas de cloche. Bill n’est tout simplement pas en mesure d’envisager une chose pareille – Danny s’esclaffe en se resservant un verre (un double ou un triple), mais il confirme pourtant que ce n’est pas une blague. Et Nicholas a son idée de pourquoi elle sonne : c’est le glas, même si c’est un glas impossible – la cloche sonne pour chaque mort… Bill fait un blocage, mais la vérité commence à lui apparaître, et il s’effondre désespéré sur une chaise… Nicholas convainc aussi Danny – qui a tout de même un petit coup dans le nez, même si sa longue expérience fait qu’il encaisse : « Faut s’occuper de ça, faut s’occuper du pasteur… Et maintenant, parce que plus on attend et plus y aura des morts… »

[II-4 : Warren, Danny, Beatrice : Russell Drent, Bill] Les PJ sont tous d’accord et prêts à partir. Warren récupère au passage l’étoile de Drent et la tend à Danny – tout en suggérant de mettre Drent dans une cellule « au cas où » (ce que Beatrice approuve également). Un petit jeune s’en offusque : « Hey ! C’est le patron, merde ! » Il cherche désespérément du soutien, notamment auprès de Bill… mais les autres adjoints, soit s’en foutent, soit considèrent que Danny est effectivement le plus compétent d’entre eux – et que garder Drent dans une cellule est bien la meilleure chose à faire.

[II-5 : Nicholas, Warren, Beatrice, Danny : Bill ; Denis O’Hara] Les intentions de Nicholas semblent cependant… « radicales » : il veut des explosifs pour « disperser la foule » ! Warren peut-il l’aider ? Ce n’est pas vraiment son domaine, mais… Beatrice suppose qu’il y a un moyen plus simple – le bureau du shérif a peut-être quelque chose dans ce goût-là ? Bill est très inquiet de la tournure que prend la situation… Beatrice insiste sur le « clocher fantôme » ; peut-être qu’en faisant disparaître le reste du bâtiment… Mais cette histoire n’a jamais convaincu Bill – et il craque : « C’est un message divin ! C’est ça, c’est l’apocalypse ! Le Jour du Jugement ! Les morts qui ressuscitent, et… ce qu’il faut faire, c’est rejoindre le père O’Hara ! N’est-ce pas, mon père ? », dit-il en se tournant vers Nicholas… lequel lui colle une baffe. Bill est tellement surpris qu’il n’a aucun réflexe de riposter. Nicholas livre un sermon nerveux : ce sadisme, ça ne peut pas être Dieu, Dieu ne tue pas ! C’est une lecture de la Bible expurgée de tous ses massacres, mais Bill est trop décontenancé pour contredire un homme en tenue de pasteur et qui porte sur le dos une immense croix de métal… Danny, plus pragmatique, se passe de l’autorisation de son désormais subordonné Bill, et se rend de lui-même à l’armurerie : il s’y trouve bien trois bâtons de dynamite – des instruments de démolition pour chantier, ce genre de choses, à mèche longue, pas destinés à être jetés, mais faits pour être disposés soigneusement. Danny en garde un et donne les deux autres à Nicholas – tous deux ont bien sûr de quoi les allumer… sachant qu’il pleut toujours des cordes.
III : UN PEU TROP DE MORGUE

[III-1 : Warren, Nicholas, Beatrice : Richard Lightgow ; Jon Brims, Ms Lilly Brown] Ils prennent la direction de l’église, sous une pluie battante, et à travers des rues largement impraticables. En chemin, Warren et Nicholas remarquent la silhouette de quelqu’un qui court dans leur direction – il s’agit du Dr Lightgow. Le médecin arrive auprès d’eux, il n’a plus du tout l’air défoncé, mais il est par contre saisi par une profonde panique. Reprenant son souffle, il explique tant bien que mal que, non seulement les gens tombent comme des mouches, mais aussi… « Je voulais en parler à Jon, mais je ne sais pas où il est, et… Warren, je ne plaisante pas, il… il y a du bruit dans la morgue ! Et ce n’est pas Jon, la porte de la morgue est verrouillée de l’extérieur chez lui aussi, et… » Warren est bien embêté, mais, ainsi que Beatrice l’explique, il tend à croire que la priorité est de se rendre à l’église – que c’est là-bas que se trouve la cause de tout ce mal… Un argumentaire qui sidère le bon docteur – lequel est aussi imperméable que Bill à l’idée d’une cloche qui sonnerait toujours alors que le clocher a brûlé… C’est forcément que ce dernier point est faux, non ? Warren l’engage à aller se réfugier dans le bureau du shérif, mais le docteur a une autre idée en tête : « Une dose, une bonne dose, oui… » Il s’en va sans plus attendre, laissant Warren stupéfait. Mais le savant fou ne peut pas laisser son ami dans cet état… Il n’attend pas qu’on lui en donne l’autorisation, et se met à suivre Lightgow, qui a pris la direction, non de son cabinet, mais du nord de la ville. Beatrice le rattrape – après avoir dit aux autres qu’ils les rejoindront rapidement. Le médecin est au bord du délire… et réalise subitement qu’il a laissé Lilly seule dans la clinique ! Il en prend cette fois la direction, et Warren et Beatrice pressent le pas.

[III-2 : Warren, Beatrice : Richard Lightgow ; Jon Brims, Ms Lilly Brown] Sur place, Richard Lightgow introduit Warren et Beatrice dans son cabinet, après avoir constaté que l’atelier de pompes funèbres de Jon Brims était fermé. Il y a toujours des patients, qui – pour ceux du moins qui sont encore vaguement en état de réagir – sont stupéfaits de voir leur docteur dans cet état ! Car il est visiblement au bord du délire, voire au-delà : il cherche partout Ms Lilly Brown, mais jusque dans les endroits les plus incongrus – en se mettant à quatre pattes pour jeter un œil sous chaque armoire, etc. Puis ils entendent des coups violents en provenance de la porte métallique de la morgue – du moins est-ce ce que comprend Warren, qui s’y était déjà rendu (c’est une structure semi enterrée qui fait la jonction entre la clinique et l’entreprise de pompes funèbres).

[III-3 : Beatrice] Beatrice enjoint les patients à se rendre à la blanchisserie – le docteur n’est pas en état de leur venir en aide… Ils sont totalement amorphes. « Ce sont les consignes du bureau du shérif ! C’est l’endroit le plus sûr en ville ! » Mais un des patients, d’une voix atone, lui répond qu’il n’y a pas d’endroit sûr en ville… « Vous savez pas ? Les gens tombent comme des mouches – même dans leur salon… » Il se lève, cependant, et paraît obéir – mais, à la vitesse à laquelle il se déplace, il n’arrivera pas à la blanchisserie avant un bon bout de temps…

[III-4 : Warren : Ms Lilly Brown, Jon Brims] Mais les coups contre la porte métallique résonnent à nouveau. Warren appelle Ms Brown, mais il n’y a pas de réponse. Beatrice suggère de passer plutôt par l’entreprise de pompes funèbres – Warren culpabilise un peu de laisser son ami le Dr Lightgow dans cet état… mais, en même temps, il est curieux du sort de Jon Brims, et se laisse persuader. À l’intérieur, effectivement, nulle trace du croque-morts – et des coups résonnent en provenance de la morgue… Le savant fou va jeter un œil dans l’appartement de Jon Brims à l’étage – en quête dit-il d’indices sur l’endroit où il pourrait se trouver ; mieux vaut ne pas se séparer, Beatrice le suit. C’est un petit appartement coquet ; rien ne laisse supposer qu’il aurait été abandonné délibérément, par quelqu’un qui aurait préparé ses affaires. Warren remarque (et prend) une photographie de Jon Brims souriant, une femme charmante à ses côtés. Il y a un journal intime dans un tiroir – et plusieurs jeux de cartes ; Warren adresse un regard à Beatrice, qui hoche la tête… Le tiroir a un double-fond : à l’intérieur, un exemplaire du Livre des Jeux de Hoyle, abondamment annoté – par quelqu’un qui l’a étudié en profondeur, pas un amateur…

[III-5 : Beatrice, Warren : Jon Brims, Ms Lilly Brown] La porte de la morgue, côté pompes-funèbres, est martelée de coups. Beatrice lâche à Warren que, après ce qui s’est passé avec Mrs Jansen, ils savent très bien ce qu’ils vont trouver de l’autre côté… Le savant fou acquiesce – et suggère de simplement barricader les portes, des deux côtés. Il appelle d’abord Jon Brims et Ms Lilly Brown… mais n’obtient pour seule réponse que des grognements.

[III-6 : Beatrice, Warren : Richard Lightgow ; Ms Lilly Brown] Après avoir renforcé la porte de la morgue côté pompes funèbres, ils sortent dans la rue, puis repassent dans la clinique, pour la consolider de ce côté également. Les patients sont partis, nulle trace de Lightgow, ni de Ms Lilly Brown. Mais, tandis que Warren ramasse une trousse de soins, « au cas où », Beatrice entend frapper faiblement à une autre porte – en bois, l’effet n’est pas du tout le même ; Warren comprend que cela vient de l’atelier où il travaillait avec le docteur. Ils ouvrent la porte (verrouillée) avec précaution… et, de l’autre côté, se trouve un homme, ou ce qu’il en reste, qui se traîne par terre en gémissant. Il est amputé des quatre membres, et on lui a greffé des prothèses – de celles sur lesquelles travaillait Warren –, mais n’importe comment : un bras droit au moignon du bras gauche, une jambe à celui du bras droit, etc. De toute évidence, ce n’était pas un cobaye volontaire ; la souffrance du pauvre homme saute aux yeux – son regard semble implorer la mort, et Beatrice achève son calvaire sans y penser à deux fois. Warren est tétanisé : il voit ce que le Dr Lightgow, à l’évidence, a fait des prothèses sur lesquelles ils avaient tous deux travaillé avec tant d’assiduité et d’enthousiasme, il est au bord de la nausée. Puis ils entendent la voix du docteur derrière eux : « Mais… mais qu’est-ce que vous avez fait ? Vous avez interrompu mon expérience ?! Ce n’est pas pour ça que je vous avais appelé, c’était pour la morgue, bon sang ! Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?! Vous avez abattu ce pauvre homme ! Mais vous êtes complètement fous, ma parole ! Bon sang, c’était greffé si magnifiquement bien… Vous êtes sans cœur ! Et vous n’avez aucun respect pour la science ! » Lightgow fond en larmes, le cadavre dans ses bras, qu’il berce. Warren, lui, retient tant bien que mal ses propres larmes – chaque fois que le médecin prononce le mot « science », au fil de son discours totalement incohérent et inhumain, il est sur le point d’exploser. Le médecin le prononce une fois de trop : Warren se laisse emporter par la colère, et, à l’aide de son bras mécanique Roselyne, il brise la nuque du tortionnaire – son ami…
IV : PLUS PRÈS DE TOI MON DIEU

[IV-1 : Nicholas, Danny : Denis O’Hara] Pendant ce temps, Nicholas et Danny se sont rendus directement à l’église du père O’Hara. Celle-ci déborde de monde : le tableau est encore plus saisissant que les fois précédentes, et une bonne centaine de fidèles doivent rester dehors, sous la pluie – ils ne semblent pas y prêter la moindre attention, obnubilés qu’ils sont par leurs dévotions hystériques ; ils n’entendent pas le prêche, mais hurlent qu’il faut se repentir, se roulent dans la boue, se flagellent, etc. À l’intérieur, il y a sans doute encore plus de monde – mais, pour s’en assurer, il faudrait déjà pouvoir franchir la foule contrainte de rester à l’extérieur, et qui encercle le bâtiment.

[IV-2 : Nicholas, Danny : Denis O’Hara] Nicholas en fait le tour – et obtient confirmation de ce qu’il y a une autre porte à l’arrière, donnant sur le presbytère, et sans doute plus proche de l’autel derrière lequel doit se trouver le père Denis O’Hara en pleine homélie. Une quinzaine de fidèles aux yeux fous en barrent l’accès – impossible d’entendre le sermon d’ici, la pluie battante et la cloche qui ne cesse de sonner n’arrangeant rien à l’affaire. Danny essaye de faire une diversion pour dégager le passage pour Nicholas – il prétend que le pasteur est en train de sortir de l’église par la façade… Mais les fidèles sont bien au-delà de ce genre d’imposture. Danny n’insiste pas : il chope le premier venu et l’écarte violemment du chemin de Nicholas. Le problème est que la foule se renouvelle sans cesse : pour un d’écarté, deux arrivent qui le remplacent sans même en avoir conscience…

[IV-3 : Danny, Nicholas : Denis O’Hara] Danny comme Nicholas, en tout cas, ne comptent pas faire dans la demi-mesure : si l’accès à l’intérieur de l’église pose problème, ils sont prêts à la faire sauter de toute façon ; qu’importe si 200 personnes au moins se trouvent à l’intérieur, des citoyens innocents, venus en famille, quêter la protection de leur Seigneur… Danny suppose qu’il serait possible de grimper jusqu’au niveau d’un vitrail, et, de là, balancer un bâton de dynamite à l’intérieur, autant que faire se peut en direction du père O’Hara. Escalader la paroi est très compliqué, avec cette pluie qui rend en outre la surface glissante – mais le bagarreur a de la ressource et y parvient, pas le faux prêtre. Danny jette un œil par le vitrail… et il se produit quelque chose de très étrange : de l’extérieur, de nuit et sous cette pluie, il n’aurait jamais dû y distinguer quoi que ce soit – et pourtant, c’est comme s’il le voyait de l’intérieur et en plein jour, par grand beau temps ; le vitrail figure une scène apocalyptique, ou, plus largement, décrivant avec un luxe de détails les châtiments réservés aux pécheurs en enfer – cela n’a rien à voir avec la décoration antérieure de l’église. Pire : la scène s’anime sous ses yeux… et Danny se reconnait indubitablement sous les traits d’un mauvais chrétien vicieusement torturé par une cohorte de démons hilares. Le réalisme de la scène est tel que Danny hurle d’effroi et lâche prise – il tombe sur le dos, heureusement sans trop de dégâts.
[Cependant, il a gagné le Handicap Phobie mineure (scènes de torture)…]

[IV-4 : Beatrice, Warren, Danny, Nicholas : Richard Lightgow, Denis O’Hara] C’est à ce moment que Beatrice et Warren rejoignent Danny et Nicholas devant l’église – ils ont couru depuis la clinique de feu le Dr Lightgow, et assisté à la chute de Danny. Autour d’eux, le comportement de la foule se modifie : sans doute en écho au sermon inaudible du père O’Hara à l’intérieur, ses fidèles se mettent à scander : « LA NOUVELLE ALLIANCE ! LA NOUVELLE ALLIANCE ! », en se martelant rythmiquement le torse du poing. Warren, qui avait hâtivement consulté les autres du regard, décide de disperser la foule à l’aide de son bras mécanique Hippolyte – dont l’éclair électrique devrait se montrer efficace, sous cette pluie ; le savant fou vise une flaque d’eau et fait confiance à la conductivité. Mais il est difficile d’en contrôler les effets… Pour le coup, la décharge sonne un dévot – et en grille un autre. En réaction, une trentaine de fidèles, les yeux fous, se tournent vers Warren – scandant toujours : « LA NOUVELLE ALLIANCE ! LA NOUVELLE ALLIANCE ! » Beatrice réagit en lançant son Pouvoir de Ténèbres sur les fanatiques en marche ; ils ne voient plus où ils vont, mais continuent mécaniquement d’aller tout droit, l’un d’eux, très inspiré, braillant même : « LA GRANDE NUIT TOMBE ! MAIS NOUS NE DEVONS PAS AVOIR PEUR, CAR LE SEIGNEUR EST AVEC NOUS », etc. Les PJ sortent de leur chemin – et, de la sorte, les dévots dégagent le passage vers le presbytère.

[IV-5 : Danny : Denis O’Hara] Les PJ se glissent à l’intérieur. Le prêche du père O’Hara devient audible – et, confirmation, il n’a plus rien à voir avec le ton débonnaire associé au pasteur jusqu’alors : c’est un sermon radical, violent, terrible – qui martèle la crainte de l’enfer et prône la dévotion fanatique, sur un ton haché et grandiloquent. En même temps, comme un leitmotiv, revient sans cesse la nécessité de conclure une « nouvelle alliance » avec Dieu – et, chaque fois que le prêtre lance ses mots, ils sont repris en chœur par l’assistance : « LA NOUVELLE ALLIANCE ! LA NOUVELLE ALLIANCE ! » Par ailleurs, les PJ, comme Danny avant eux, voient désormais les vitraux de l’église, comme en plein jour – et les scènes de supplice qu’ils figurent, et qui les impliquent eux-mêmes. Cependant, ils tiennent le choc.

[IV-6 : Nicholas : Denis O’Hara] Nicholas s’approche discrètement dans le dos du père O’Hara, ses armes fétiches le Père et le Fils en mains. La foule comme le prêtre l’ignorent. Nicholas vise soigneusement la tête du père O’Hara, et fait feu – le pasteur s’effondre en avant, sur son pupitre ! La foule stupéfaite hurle : que s’est-il passé ? Mais, quelques secondes plus tard… le père O’Hara se redresse, les bras en croix, faisant face à ses ouailles et tournant le dos à Nicholas : l’arrière de son crâne est bel et bien explosé, mais cela ne semble pas l’affecter beaucoup… Les fidèles hurlent au miracle ! Nicholas interpelle le prêtre, qui se retourne : la balle a traversé son crâne, et il a la mâchoire démantibulée. Le pistolero lui jette un bâton de dynamite (non allumé…) dans l’espoir qu’il l’attrapera par réflexe, mais il l’ignore totalement – se contentant de fixer Nicholas d’un drôle d’air où se mêlent en parts égales la pitié et le sarcasme, et en le pointant du doigt. Nicholas essaye sans succès de tirer sur le bâton de dynamite qui a roulé aux pieds du prêtre ressuscité [sauf erreur, il n’aurait pas explosé ainsi de toute façon]. O’Hara crie, d’une voix qui n’a plus rien d’humain : « LA NOUVELLE ALLIANCE ! » Les dévots reprennent en chœur l’injonction du prêtre miraculé, et le voient pointer du doigt Nicholas dans l’entrebâillement de la porte du presbytère – ils avancent dans sa direction, hommes, femmes, enfants…

[IV-7 : Beatrice, Warren, Nicholas : Denis O’Hara] Beatrice ne prend pas de pincettes : elle ventile dans la foule menaçante, vidant son chargeur ! Cinq morts… Warren use de Hippolyte sur le père O’Hara ; il le touche, les éclairs se sont visiblement répercutés sur tout son corps, mais cela ne semble pas l’avoir affecté le moins du monde. Nicholas sort de sa croix Christina sa mitrailleuse Gatling, le Saint Esprit, et allume le prêtre à la mâchoire fracassée, qui parle maintenant dans une langue inhumaine : les balles percent de part en part le torse de Denis O’Hara, qui est déchiqueté ; il ne paraît pas en souffrir, mais son corps est dans un tel état qu’il ne peut plus en faire usage… Alors survient une vision totalement folle et démoniaque : s’extrait du corps en charpie une créature gigantesque à la peau rouge sang et dotée d’ailes de cuir dans le dos, qui fixe Nicholas des yeux ! Ce dernier recule, tétanisé – mais les dévots ne sont pas du tout perturbés par cette révélation, et marchent toujours en direction des PJ.
[Nicholas gagne le Handicap Phobie mineure (« démons »).]

[IV-8 : Beatrice, Nicholas, Danny] Beatrice recharge rapidement à l’aide d’un barillet préparé et ventile à nouveau dans la foule. Nicholas terrifié garde cependant suffisamment de contrôle sur ses propres actions pour allumer le bâton de dynamite qui lui reste et le jeter sur le démon – Danny allume également son bâton, et ils prennent tous la fuite ; quelques secondes plus tard, une violente explosion souffle le fond de l’église – Beatrice, qui avait trébuché dans sa course, a failli y passer, mais a su se reprendre au dernier moment. Impossible de faire le décompte des victimes, mais on peut supposer qu’une vingtaine de personnes au moins y sont passées – outre que l’église prend feu, et qu’il y a encore près de 200 fidèles terrifiés à l’intérieur ! La cloche sonne à tout va, sans cesse. Mais Nicholas garde en tête la vision d’une grande surface noire apparue dans le dos du démon peu avant l’explosion – il croit avoir vu la créature y disparaître, mais ne saurait en jurer… Il garde ça pour lui. Les PJ ne comptent certes pas s’attarder, et ils prennent comme un seul homme la direction du bureau du shérif – tandis que le glas résonne à n’en plus finir…
[Le choix des PJ de faire sauter l’église, avec tous ces fidèles à l’intérieur, venus en famille, et ce même s'ils étaient fanatisés, était d’une moralité plus que douteuse, qui appelait une sanction : ils ont tous perdu tous les Jetons qui leur restaient – dommage pour Beatrice, car elle avait pioché l’unique Jeton légendaire… qui retourne dans le pot.]
V : L’ASSAUT DES MORTS

[V-1 : Nicholas, Danny : Rafaela Venegas de la Tore] Les petites rues sont désertes, mais il y a du passage sur la rue principale – des gens qui cherchent désespérément à fuir Crimson Bay. Leur situation déjà terrible s’aggrave encore : la foudre tombe à plusieurs reprises sur la grande rue, comme quelques heures plus tôt avec la petite fille – chaque impact laisse un cadavre derrière lui, et la panique s’accroît. Nicholas, à vrai dire, est secoué par un éclair qui a frappé juste à côté de lui ! Dans le bureau du shérif, les adjoints se sont barricadés – et assistent sans pouvoir rien faire au massacre de la population de leur ville par cette foudre surnaturelle. Mais il y a pire… Le regard des PJ et notamment de Danny est attiré vers l’est – où une immense foule est rassemblée, peut-être des milliers de personnes, qui s’avance vers le cœur de la ville, très lentement… À mesure que cette horde se rapproche, sa nature ne fait plus aucun doute : ce sont des morts-vivants ! Que faire ? Un temps, Danny et ses camarades envisagent de se planquer dans le bureau du shérif – au moins, ils y auraient des alliés armés… Mais la menace est d’une ampleur telle que cet atout a quelque chose de futile. Et ils se rappellent que Rafaela se trouve à la blanchisserie, qu’elle a entrepris de « sanctuariser » ! « Entrepris » seulement – cela ne sera d’aucun secours pour l’heure… Mais ce n’est pas la question : les PJ partent aussi vite que possible dans la direction du nord de la ville, vers Chinatown.

[V-2 : Danny, Beatrice, Nicholas, Warren] Mais rejoindre Chinatown s’annonce compliqué : si le gros de la horde emprunte la rue principale, un nombre non négligeable de morts-vivants rôde dans les ruelles en provenance de l’est et du nord – il faudra les éliminer ou les leurrer pour gagner la blanchisserie. Pris isolément, les zombies ne constituent pas une très grande menace – le problème, c’est leur nombre : chaque mort-vivant éliminé est bientôt remplacé par deux ou trois autres… Le gourdin de Danny, les pistolets de Beatrice et de Nicholas, les bras mécaniques de Warren éliminent (ou trompent) de nombreux morts-vivants, mais la progression vers la blanchisserie est très lente et très compliquée… Et, au bout d’un moment, des bruits de combat leur parviennent du nord – là où ils se rendent…
Commenter cet article