Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

"Smells Like Children", de Marilyn Manson

Publié le par Nébal

Smells-Like-Children.jpg

 

MARILYN MANSON, Smells Like Children.

 

Tracklist :

 

01 – The Hands Of Small Children

02 – Diary Of A Dope Fiend

03 – Shitty Chicken Gang Bang

04 – Kiddie Grinder (Remix)

05 – Sympathy For The Parents

06 – Sweet Dreams (Are Made Of This)

07 – Everlasting Cocksucker (Remix)

08 – Fuck Frankie

09 – I Put A Spell On You

10 – May Cause Discoloration Of The Urine Or Feces

11 – Scabs, Guns And Peanut Butter

12 – Dance Of The Dope Hats (Remix)

13 – White Trash (Remixed by Tony F. Wiggins)

14 – Dancing With The One-Legged...

15 – Rock’n’Roll Nigger

16 – [Ghost track : untitled]

 

Après Portrait Of An American Family, passons donc au deuxième album de Marilyn Manson, Smells Like Children. Enfin, « album », c’est vite dit… Sans doute influencé par l’expérience personnelle de Trent Reznor alternant albums et remix, qui produit toujours (enfin, co-produit avec Manson), il s’agit en fait d’un disque bâtard, mélangeant plusieurs types de pistes : il y a déjà les « pistes bleues » (généralement des « conversations » ou des bruitages indus/ambient, qui ne vont donc pas trop nous intéresser ici) et les « pistes blanches », celles-ci pouvant elles-mêmes être divisées en deux catégories, remix du premier album et reprises ; car, oui, déjà à l’époque, Manson faisait beaucoup de reprises : la différence, c’est qu’elles étaient bonnes, pas comme les abominations qu’il a livrées par paquets de douze depuis…

 

Quelques mots sur la formation, tant qu’on y est : outre le « révérend » Marilyn Manson, nous trouvons bien, cette fois, Twiggy Ramirez qui tient effectivement la basse, et son rôle va de plus en plus s’affirmer dans le groupe (même si on n’en est pas encore à Antichrist Superstar) ; Daisy Berkowitz est toujours à la guitare et Madonna Wayne Gacy aux claviers, mais Ginger Fish a remplacé Sara Lee Lucas à la batterie.

 

L’album s’ouvre sur une « piste bleue » (je ne signalerais que celles-ci), « The Hands Of Small Children », simple assemblage de bruitages dû à Manson et Gacy. On ne s’y attardera guère, ce n’est qu’une introduction…

 

La deuxième piste est autrement plus intéressante, et tient plus de la recréation que du remix : « Diary Of A Dope Fiend » revisite complètement « Dope Hat » avec beaucoup d’inventivité, pour en livrer une version bien plus lente et pour ainsi dire passablement dub, à mon sens bien meilleure que l’originale. Le morceau fait du coup beaucoup moins « rock’n’roll circus », et devient plus oppressant et bruitiste, mais c’est une vraie réussite, et un bel exemple de recréation intelligente.

 

« Piste bleue » à nouveau avec « Shitty Chicken Gang Bang », petite transition aux claviers. Rigolo…

 

Puis l’on passe à « Kiddie Grinder (Remix) », qui, comme son nom l’indique, est un remix « d’Organ Grinder » (par Charlie Clouser, compagnon de route de Nine Inch Nails, je suppose – je crois qu’il y a une faute dans le « livret »… si on peut parler de livret quand il n’y a qu’une feuille…). Pas terrible ; là encore, seul le refrain est vraiment à sauver… comme c’était déjà le cas dans l’original ! Certes, le morceau est plus speed et plus bruitiste, mais tout cela n’est guère passionnant quand même…

 

« Piste bleue » : « Sympathy For The Parents » ; c’est que Manson choquait déjà à l’époque, voyez-vous...

 

Suit le plus fameux morceau de cet « album » : la chouette reprise de « Sweet Dreams (Are Made Of This) » de Eurythmics (pour mémoire, l’original, c’était ça ; et, coming out… j’aime bien !). Certes, bien qu’éloigné de l’original, c’est parfois à la limite de la pop variétochisante, mais ça n’en est pas moins efficace. Et puis c’est sentimental, aussi, excusez-moi : avec mes potes, on la reprenait (ouep, une reprise de reprise… malin, hein ?), et c’était chouette… Moi, je continue de bien aimer, en tout cas.

 

Suit « Everlasting Cocksucker (Remix) », soit « Cake And Sodomy » revu et corrigé. Le problème, ici, est que je suis tellement fan du morceau original que toute entreprise de remix me paraît douteuse… Sans surprise, c’est très moyen.

 

« Piste bleue » : « Fuck Frankie ». Bon, ben, je crois que tout est dit...

 

Nouvelle reprise ensuite, et véritablement excellente : « I Put A Spell On You » de Screamin’ Jay Hawkins (voir ici pour l’original – immense, cela va de soi) ; une très bonne revisitation, qui sait ne pas trop coller à l’original, se montre glauque et bruitiste, et que Reznor et Lynch reprendront fort justement pour la B.O. de Lost Highway.

 

« Piste bleue », et looooooooooongue : « May Cause Discoloration Of The Urine Or Feces ». Ben, euh...

 

« Piste bleue » encore, mais plus rigolote : « Scabs, Guns And Peanut Butter », dû à Twiggy Ramirez, une sorte de country (?) en accéléré, qui fait une petite transition sympathique…

 

… Avant un nouveau remix de « Dope Hat » (décidément !), « Dance Of The Dope Hats (Remix) », dû à Dave Ogilvie, avec Joe Bishara et Anthony Valcic. Cette fois, on accélère le rythme… et c’est franchement pas terrible, et d’un goût très douteux. On y préfèrera largement « Diary Of A Dope Fiend »…

 

Suit une nouvelle « piste bleue », mais qui, pour le coup, aurait dû être « blanche » : « White Trash (Remixed By Tony F. Wiggins) », rigolote reprise acoustique et bipée de « Cake And Sodomy ». Amusant.

 

« Piste bleue », mais bien « bleue », cette fois : « Dancing With The One-Legged… ». Rien à en dire…

 

Autant sauter direct à la dernière reprise, le « Rock’n’Roll Nigger » de Patty Smith (voir l’original ici) : du punk, du punk, du punk. Ça défoule bien, et on n’en demandait pas davantage. Alors ça va.

 

Ne reste plus qu’une « ghost track » sans titre en deux temps, sans grand intérêt. Passons.

 

Au final, Smells Like Children, c’est comme les albums de remix de Nine Inch Nails, mais en pire : à réserver aux fans hardcore, mais alors vraiment hardcore. Ceux qui n’aiment que le Manson contemporain ne s’y retrouveront clairement pas : il faut aimer, et même beaucoup aimer Portrait Of An American Family, pour trouver de l’intérêt à Smells Like Children ; et, même là, on avouera qu’il est franchement dispensable. L’album ne vaut en effet véritablement que pour quatre titres sur seize pistes : les trois reprises, toutes de qualité, et « Diary Of A Dope Fiend » ; c’est « un peu » léger… De là à dire que c’est un album raté, il n’y a qu’un pas. À bon entendeur…

 

 Suite (et fin) des opérations avec le plat de résistance : Antichrist Superstar. Et c’est là qu’on verra bien si le test est concluant ou pas.

Voir les commentaires

"Portrait Of An American Family", de Marilyn Manson

Publié le par Nébal

Portrait-Of-An-American-Family.jpg

 

MARILYN MANSON, Portrait Of An American Family.

 

Tracklist :

 

01 – Prelude (The Family Trip)

02 – Cake And Sodomy

03 – Lunchbox

04 – Organ Grinder

05 – Cyclops

06 – Dope Hat

07 – Get Your Gunn

08 – Wrapped In Plastic

09 – Dogma

10 – Sweet Tooth

11 – Snake Eyes And Sissies

12 – My Monkey

13 – Misery Machine

 

Il va bien entendu de soi que tout ceci est entièrement de la faute de Cachou, qui m'a cherché à ce sujet.

 

Non, plus sérieusement, j’avais envie, depuis quelque temps déjà, de me livrer à une expérience : ressortir les trois premiers Marilyn Manson (ceux produits par Trent Reznor) et les réécouter, là, comme ça, après une pause de, pfff… je sais pas, sept, huit ans ? Plus probablement huit, neuf, d’ailleurs. Histoire de voir s’ils avaient tenu le choc et si ce n’était qu’après que Manson avait fait de la merde, ou bien si c’était déjà de la merde mais que j’étais trop ado pour m’en rendre compte. Simple curiosité malsaine.

 

Parce qu’à la glorieuse époque d’Antichrist Superstar, c’est-à-dire quand Manson est vraiment devenu une star mondiale, j’étais un fan jusqu’au bout des ongles (non, pas vernis, quand même pas, faut pas déconner…). C’était un de mes albums préférés, et je me le passais en boucle, jusqu’à plus soif ; j’en connaissais les paroles par cœur (celles des précédents albums aussi, en fait ; généralement, je les trouvais pas mal du tout, d’ailleurs), ainsi que la plupart des lignes de basse ; je me jetais sur les interviews du bonhomme, et buvais littéralement ses paroles ; j’étais fasciné par son charisme et son intelligence (ça, d’ailleurs, je le suis toujours aujourd’hui, même s’il fait de la soupe : là n’est pas la question, après tout).

 

Bref : quelle que soit la qualité de sa musique, le fait est que Brian Warner aka Marilyn Manson est un homme qui a compté dans ma vie, comme dans la vie de plein de djeuns de ma génération ; et le fait est que cet homme, oui, est une légende vivante. Peu importe qu’il ait tout pompé (à Nine Inch Nails, à Ministry, à David Bowie, à Iggy Pop, à Pink Floyd…) : il est devenu une icône. La rock star qu’il appelait de ses vœux dans plusieurs de ses chansons (on aura l’occasion de le voir). L’incarnation du mal, pour certains, mais tant mieux. Ce chantre de la subversion a retenu et appliqué à la lettre la leçon de Jello Biafra : « Don’t hate the media, become the media! » Il est peut-être le premier à y être vraiment parvenu. Il est peut-être aussi le premier, dans le cadre de la « société du spectacle », à s’être mis en position d’opérer un véritable « détournement ». Ce qui fait de lui un homme terriblement dangereux, quelque part. Mais fascinant, vous dis-je. Et d’ores et déjà légendaire.

 

(N.B. Sur tout ça, je vous recommande « l’interview » basée sur le tarot que Marilyn Manson « accorde » à Chuck Palahniuk dans Le Festival de la couille et autres histoires vraies ; de toute façon, je vous recommande chaudement ce bouquin.)

 

Évidemment, en 1994, quand sort le premier album de Marilyn Manson, Portrait Of An American Family, on n’en est pas encore là. On en est même très loin… Ça fait même quelques années que Manson et ses potes végètent sans grand succès dans le trou du cul de la Floride (si je ne m’abuse). Puis Trent Reznor les remarque, et détecte chez le chanteur pas-encore-hyper-charismatique et ses « Spooky Kids » un certain potentiel ; on peut dire qu’il a eu du nez…

 

Le groupe, tiens, parlons-en. Lors de l’enregistrement de l’album, il se compose de cinq membres, ayant tous un pseudonyme bâti selon le même schéma : un prénom féminin en rapport avec une icône glamour, et un patronyme de tueur en série (t’vois, la dualité, j’veux dire…). Nous avons donc Marilyn Manson au chant, Daisy Berkowitz à la guitare, Gidget Gein à la basse, Madonna Wayne Gacy aux claviers, et Sara Lee Lucas à la batterie ; mais sitôt l’enregistrement terminé, Gidget Gein se barre, et c’est ainsi Twiggy Ramirez qui est présenté comme étant le bassiste du groupe (alors qu’il n’en a pas branlé une), ce qui aura son importance par la suite (le line-up de la formation de Manson est extrêmement fluctuant…). L’album a été composé essentiellement par Daisy Berkowitz et Madonna Wayne Gacy, et cela aussi aura son importance par la suite.

 

 Quant à la musique jouée par le groupe, elle est alors à mille lieues de ce qu’il pratique actuellement : bien loin de se prendre au sérieux, le groupe fait dans le grand cirque rock’n’roll, tout sauf mégalomane, tout juste metal, plutôt punk parfois, et indus parce qu’il y a des claviers, des samples et Reznor derrière. Pour le reste, ce n’est pas évident à définir. En tout cas, si Manson a déjà trouvé son registre de chant, trafiqué, un peu gueulard mais pas trop non plus, la musique n’est généralement guère violente sur ce premier opus. Mais je vais vous en laisser juges.

 

L’album s’ouvre sur une brève introduction, « Prelude (The Family Trip) », qui en dit long sur le ton théâtral de l’ensemble. Pas grand chose à dire de plus…

 

Alors autant passer de suite aux choses « sérieuses » (pas sûr que ce terme soit bien approprié…), avec le rigolo « Cake And Sodomy » (tout un programme…), un classique des premiers concerts du groupe. « White trash get down on your knees / Time for cake and sodomy. » C’est fin, très fin. Et ça passe bien (enfin, on se comprend…). Riff sympa, avec ses harmoniques, au passage.

 

Un single ensuite, le premier du groupe si je ne m’abuse, avec « Lunchbox ». Un classique en son genre, au refrain prémonitoire : « I wanna grow up / I wanna be a big rock and roll star / I wanna grow up / I wanna be / So no one fucks with me. » Il nous avait prévenus, hein... Et ça continuera sur Antichrist Superstar… où, là, ça marchera, pour le coup.

 

Après ce démarrage en fanfare, « Organ Grinder » paraît un peu plus anecdotique, jusqu’à un refrain somme toute sympathique. Pas mal, sans plus.

 

Suit « Cyclops », qui a pour lui un riff plus que correct, mais sans que ça pète bien haut une fois de plus. Là encore, un morceau assez anecdotique… et ce n’est certes pas le solo incongru qui me fera changer d’avis.

 

On s’amusera davantage avec le single débile « Dope Hat », vraiment très « rock’n’roll circus » pour le coup (quel clip hideux, au passage…). « Fail to see the tragic, turn it into magic / My big top tricks will always make you happy, but we all know the hat is wearing me. » Ben tiens...

 

Un autre single ensuite, et le meilleur à mon goût, l’excellent « Get Your Gunn » (sauf que ces cons-là ont trouvé le moyen de censurer le clip ! Celui-là en particulier, c’est d’une débilité bien profonde… Ridicule ! allez, hop, en non censuré). « Pseudo-morals work real well / On the talk shows for the weak / But your selective judgements / and goodguy badges / Don’t mean a fuck to me. » On avait cru le comprendre, effectivement. Mais ces « bip ! » sont d’autant plus agaçants…

 

Suit le sympathique « Wrapped In Plastic », au refrain très efficace. Un morceau pas forcément plus marquant que ça, mais qui fonctionne relativement bien, avec une bonne basse pour faire monter la sauce, et des breaks savamment placés…

 

Puis l’on passe au très rigolo et passablement punk « Dogma », et son avertissement qu’auraient mieux fait de méditer, déjà, les détracteurs de Manson (et qui figure en gros sur le CD) : « You cannot sedate all the things you hate. » Un morceau très efficace, en tout cas, et là encore un classique des premiers live de Manson.

 

En comparaison, « Sweet Tooth » ne tient guère la route : le morceau manque d’originalité et de spontanéité, et ne parvient pas vraiment à susciter l’enthousiasme. Plutôt médiocre…

 

Il en va un peu de même pour le morceau suivant, « Snake Eyes And Sissies », qui se rattrape heureusement par un bon refrain. Mais bon : bof, bof, bof…

 

On y préfèrera largement le débile à souhait et très rigolo « My Monkey » – typiquement le genre de morceau inconcevable sur un album de Manson aujourd’hui… C’est con comme la pluie, mais ça n’en groove pas moins. « What I make is what I am / I can’t be forever. » Au moins, il est lucide… même s’il fait dire des insanités à des gosses. Mais moi, j’aime bien…

 

Et l’album de se conclure enfin sur « Misery Machine » et son riff tout sauf original mais ma foi fort efficace. Et accessoirement, sous la couillonade punk, se cache un des plus beaux breaks (ou une des plus belles fausses fins, à ce stade…) que je connaisse. Non, y’a pas, ça fonctionne très bien. Notons au passage que le morceau, sur l’album, dure 13:08 min., principalement occupées par une sonnerie de téléphone, jusqu’à ce qu’on entende une femme visiblement furibarde à la fin tchatcher un peu puis raccrocher…

 

Bilan ? Ben, on ne va pas connardiser dans l’élitisme et tirer un trait sur l’adolescence : non, ce n’est pas de la merde. Mais on ne va pas non plus se la jouer puriste hardcore, « Ouais, Manson, y’avait que le premier album, t’vois, là, c’était génial, après c’était d’la merde ». Parce que non, ce n’était pas génial, il y a un certain nombre de morceaux médiocres, et c’était juste rigolo. Pour le génial, il allait falloir attendre, dans mes souvenirs, Antichrist Superstar. En attendant, Portrait Of An American Family reste un premier album sympathique et sans prétention, ce qui peut paraître surprenant de la part de Manson, mais semble pourtant difficilement contestable à l’écoute des morceaux le composant…

 

 À suivre avec Smells Like Children, un, euh, « album » un peu spécial.

Voir les commentaires

"The Downward Spiral", de Nine Inch Nails

Publié le par Nébal

The-Downward-Spiral.jpg

 

NINE INCH NAILS, The Downward Spiral.

 

Tracklist :

 

01 – Mr Self Destruct

02 – Piggy

03 – Heresy

04 – March Of The Pigs

05 – Closer

06 – Ruiner

07 – The Becoming

08 – I Do Not Want This

09 – Big Man With A Gun

10 – A Warm Place

11 – Eraser

12 – Reptile

13 – The Downward Spiral

14 – Hurt

 

Si The Downward Spiral n’est « officiellement » que le deuxième album de Nine Inch Nails, il est dans les faits son quatrième enregistrement, après Pretty Hate Machine, Broken et Fixed. Et si ses thématiques auto-destructrices et suicidaires ont pu être perçues par une critique acerbe comme encore largement puériles, il est incontestablement, sur le plan musical, l’album de la maturité. Après les tentatives electro de Pretty Hate Machine et punk ou metal-indus de Broken, Trent Reznor trouve enfin la voie parfaite entre ces différentes influences, et trace son petit bonhomme de chemin là où personne d’autre que lui ne s’est jamais engagé. Cette fois, il s’est bel et bien émancipé : Nine Inch Nails est devenu un projet résolument à part, avec un son unique, et une musique hors-normes, que l’on qualifiera de metal-indus faute de meilleur terme.

 

Et un dernier point en guise d’introduction : quand, en chroniquant The Fragile, je l’avais qualifié de « meilleur album de Nine Inch Nails à mes oreilles », il fallait cependant comprendre que celui-ci n’était pas bien loin derrière…

 

Un grand album de metal-indus, donc, faute d’un meilleur terme. Même si – entendons-nous bien, si j’ose dire – le fait est que dans l’ensemble, ça défouraille sévère. Et ce dès la première piste, la bien nommée et très très énervée – hormis un bref passage – « Mr Self Destruct », débutant par un légendaire sample de THX 1138. Tout va très très vite, et quand les guitares se mettent vraiment de la partie, les oreilles saignent. Joie ! Joie ! Nine Inch Nails est vraiment de retour…

 

Mais Nine Inch Nails, ce n’est pas nécessairement du bruit, et en témoigne aussitôt après l’excellent « Piggy », sorte de quasi-trip-hop, porté par une chouette rythmique et une bonne basse, secondée par un orgue discret. Puis la rythmique se fait plus complexe – et en même temps plus chaloupée –, et ça devient un pur bonheur…

 

Changement complet de registre avec « Heresy », dont le couplet, avec sa voix de fausset, nous ramène quelque peu aux heures peu glorieuses à mes oreilles de Pretty Hate Machine… Heureusement, le refrain remonte un peu le niveau, de même que la fin du morceau. Pas terrible, quand même. Peut mieux faire.

 

Et fait bien mieux immédiatement avec le génial et tubesque « March Of The Pigs » (au clip pour le moins minimaliste…). Un morceau étrange, obéissant à une structure en deux fois trois parties, punk-electro-piano. Audacieux et efficace, très efficace. Et une vraie tuerie en live, sans surprise…

 

Suit immédiatement un autre tube, là encore dans une veine à la Pretty Hate Machine, mais avec plus de réussite, le très, aheum, « explicite », on va dire, « Closer ». Un morceau presque purement électronique fort bien fait, qui rentre dans le crâne (et où vous voudrez) et n’en ressort pas. Et la fin est véritablement excellente. Une réussite dans son genre, donc.

 

Et c’est sur ce morceau que s’achève le premier tiers de l’album, de fort bon goût dans l’ensemble comme on a pu le voir. Suit un deuxième (petit) tiers de qualité moindre – ou, plus exactement, constitué de morceaux assez bons, mais moins marquants – avant un troisième tiers retrouvant la puissance du premier.

 

On entame donc le deuxième tiers avec « Ruiner », un morceau dont on retiendra surtout le refrain grandiloquent au possible. Pour le reste, ce n’est pas mal, mais ça ne marque guère les esprits, quand bien même le côté bruitiste du couplet n’est pas désagréable. On notera aussi un amusant petit break vers la fin…

 

Suit « The Becoming », un morceau assez anecdotique en dépit d’un crescendo plutôt correct et d’un break à la guitare sèche qui tombe à pic. Ce n’est pas mal fait, mais, une fois de plus, et bizarrement d’ailleurs, ça ne marque guère les esprits…

 

« I Do Not Want This » joue la carte de la syncope, avant de laisser exploser un riff puissant. C’est répétitif, mais sans véritablement emporter l’adhésion. Assez fade, dans l’ensemble, même si ça s’améliore un peu sur la fin. Probablement le moins bon morceau de l’album avec « Heresy », à mes oreilles en tout cas.

 

On passe alors au bref et hystérique « Big Man With A Gun » (NB : on s'en cogne de la vidéo). Plus ou moins convaincant, mais de toute façon trop bref pour gêner comme pour véritablement plaire.

 

Après quoi le joli instrumental « A Warm Place » nous permet de faire la transition du deuxième au troisième tiers de l’album, et donc de revenir à des morceaux plus marquants. Une belle pièce que celle-ci, toute simple, mais très belle, oui, et procurant un moment d’apaisement bienvenu après tous ces excès de fureur autodestructrice…

 

Quant à la suite, « Eraser », c’est tout simplement à mon sens un des meilleurs morceaux de Nine Inch Nails, tous albums confondus. Un morceau longtemps instrumental, qui monte, qui monte, avec une rythmique imperturbable et une insidieuse petite mélodie à la guitare ; ça monte, ça mooooooonte, et puis ça s’arrête sur un palier de basse et de chant, d’un seul coup… avant d’exploser dans une furie métallique au riff en béton armé. Ça calme. Un seul défaut à mon sens : c’est trop court, on voudrait que ça dure une éternité, tellement c'est bon…

 

On poursuit avec « Reptile », qui nous scotche d’entrée de jeu de par sa superbe rythmique industrielle et son couplet parfait (et encore plus parfait – j’adore cette expression… – quand les claviers viennent l’assombrir). Dommage, du coup, quel dommage que le refrain soit aussi naze… car tout le reste est tout simplement génial. Et on en redemande, là encore.

 

Et l’on se rapproche dangereusement de la fin de l’album, là ; généralement, les dépressifs adorent. Ainsi, le quasi-instrumental suicidaire « The Downward Spiral », avec son son (non, pas mon mon… ouais, je sais, je l’avais déjà piquée, celle-là…) en sourdine ; joli, mais pas joyeux…

 

Mais dans le genre, il y a pire, avec la très belle ballade « Hurt » qui conclut l’album (NB : j’ai mis le clip officiel, tiré d’un live, parce qu’il est bô, même s’il diffère un peu de la version studio, que voici). Très jolie mélodie minimaliste, déjà, ce qui suffit à faire une belle ballade. Mais ce qui en fait un petit bijou à nul autre pareil, c’est cette fin extraordinaire, ces trois notes saturées définitives… Ces trois notes-là font partie des plus belles que j’ai jamais entendues, sans conteste.

 

 Bref, The Downward Spiral est bel et bien l’album de la maturité pour Nine Inch Nails ; un excellent enregistrement, presque dénué de déchet – quand bien même il accuse un petit coup de fatigue vers le milieu – et riche en petites merveilles, uniques en leur genre. Un coup de maître, qui allait être concrétisé cinq ans plus tard avec The Fragile. Entre-temps, il y eut cependant un album de remix, bien sûr, intitulé Further Down The Spiral. Je vous en parlerai peut-être un jour

Voir les commentaires

"Broken", de Nine Inch Nails

Publié le par Nébal

Broken.jpg

 

NINE INCH NAILS, Broken.

 

Tracklist :

 

01 – Pinion

02 – Wish

03 – Last

04 – Help Me I Am In Hell

05 – Happiness In Slavery

06 – Gave Up

...

98 – [Ghost track : Physical]

99 – [Ghost track : Suck]

 

Quoi de plus normal, après une mini-rétrospective Ministry, que de parler de Nine Inch Nails ? Certes, les puristes pourraient alors me reprocher de ne pas commencer par le commencement, c’est-à-dire Pretty Hate Machine – ce qui, en outre, ferait un bon enchaînement avec The Land Of Rape And Honey. Seulement voilà : comme j’ai déjà eu l’occasion de m’en expliquer, je n’ai jamais été très fan de ce premier enregistrement de Nine Inch Nails, qui me paraît pour le coup avoir vraiment pris un coup de vieux. Cela dit, j'en parlerai peut-être un jour, hein...

 

Non, pour moi, le grand Nine Inch Nails commence avec l’excellent EP suivant, Broken, plus violent, plus metal, et sur lequel l’influence de Ministry se fait donc encore plus sentir, dans un sens, ce qui n’empêche pourtant pas Trent Reznor de développer un son qui lui est propre, et qui lui restera caractéristique dans les meilleures de ses productions ultérieures. C’est également ici que se met véritablement en place la machine Nine Inch Nails, débarrassée de son envahissant ancien label (il y a de la rancune dans l'air...), et qui s’autorise bien des facéties, comme par exemple d’enchaîner à chaque fois un album « normal » et un album de remixes (en l’occurrence le bien nommé Fixed, pas dégueu du tout, mais plus difficilement abordable – Coil et Fœtus, rien que ça, obligent).

 

Et puis, autre particularité notable, il y a le « Broken Movie », qui explique qu’il y a des vidéos pour la plupart des titres qui suivent, y compris les plus courts…

 

Ben, justement, tiens, c’est le cas de « Pinion », petit instrumental d’introduction, sur lequel il n’y a pas grand chose d’autre à dire…

 

Par contre, après, il y a « Wish »… Et là, de suite, on bascule dans l’immense Nine Inch Nails, avec un des singles les plus efficaces jamais écrits par Trent Reznor. Un morceau très violent, plus punk que metal, qui rentre dans la tête immédiatement, et n’en ressort plus jamais. Et, surtout, un morceau avec une patte unique, immédiatement reconnaissable, et une production à l’avenant. Du très très grand art, Nine Inch Nails à son sommet.

 

C’est beaucoup moins vrai du morceau suivant, « Last », pas désagréable, mais plus classiquement metal, et nettement moins original. Le refrain ressort par contre la carte electro-indus à la Pretty Hate Machine avec un peu de décalage, et la sauce prend plus ou moins bien… Un morceau un peu schizophrène, donc, dont on appréciera par contre le chouette finale.

 

Suit un bref et sympathique instrumental de transition, « Help Me I Am In Hell », avec une de ces petites mélodies toutes simples dont Reznor a le secret. Très bien vu, et parfait pour amener à la suite.

 

Or, la suite, c’est, après « Wish », un nouveau single parfait, et, autant le dire, un nouveau chef-d’œuvre, à savoir « Happiness In Slavery » (NB : attention, le clip peut éventuellement choquer les âmes sensibles… éventuellement…). Un excellent morceau alternant passages indus bruitistes, d’autres plus groovy (si), d’autres carrément metal, et tout cela fusionne à merveille, sans que le morceau ne donne pour autant une impression de patchwork. Impressionnant… On admirera notamment le superbe passage d’indus rythmique au milieu du morceau. Et, là encore, un finale apocalyptique et tout simplement parfait. De la très belle ouvrage.

 

Et suit une autre petite merveille, très punk à nouveau, avec l’hystérique « Gave Up » (NB : il existe une deuxième version du clip, un tantinet gore ; je ne l’ai pas retrouvée… Mais on notera parmi les figurants, ici, à la guitare et aux chœurs, un certain Marilyn Manson…). Un morceau très speed et si bon, à se taper la tête contre les murs. Là encore, symbiose parfaite de l’électronique et des guitares.

 

Et, à en croire le dos de l’album (joli digipack, comme souvent chez Nine Inch Nails), les choses s’arrêtent là.

 

 

Sauf que non, aha !

 

Si les pistes 7 à 97 sont silencieuses, les deux dernières sont des « ghost tracks ».

 

On trouve tout d’abord « Physical », reprise du « Physical (You’re so) » de Adam & The Ants. Bon, ça s’écoute, mais, très honnêtement, ça ne casse pas des briques (enfin, plus que l’original, certes, mais pas beaucoup plus, quoi…).

 

Puis il y a le très bon « Suck », et là, c’est un peu plus compliqué – je ne vais pas m’étendre sur la qualité du morceau, vous êtes bien capables d’en juger pas vous-mêmes. « Suck » était à l’origine un morceau de Pigface – groupe, dont je vous avais déjà parlé, fondé par Bill Rieflin, et qui était à l’origine un cover-band de Ministry, mais qui a ensuite enregistré ses propres morceaux ; mais sa particularité était d’avoir un line-up variable, qui a un temps compris, entre autres, Trent Reznor. À cette époque, Pigface avait écrit « Suck » (je n’ai pas trouvée la version studio sur le ouèbe, mais il en existe une multitude d’enregistrements live : en voici par exemple un, avec Trent Reznor et oGre de Skinny Puppy, autre membre aléatoire du groupe…) : le morceau, sur l’album Gub, était crédité comme ayant été écrit par Martin Atkins, William Rieflin, Paul Barker et Trent Reznor ; or, en tout petits caractères, sur Broken, on peut lire que la piste « 8 » est de « Trent Reznor / Pigface ». Autant dire que « Pigface » n’a pas apprécié…

 

Mais peu importe. Ce qui compte vraiment, c’est la qualité exemplaire de ce mini-album, dont trois des quatre « vrais » titres sont des singles à tomber par terre. Le grand Nine Inch Nails est apparu, et il va faire des ravages.

 

 Suite des opérations ? Non, pas Fixed… J’aurais pu, hein, mais je préfère m’en tenir aux « vrais » albums. Alors autant partir illico sur l’excellent The Downward Spiral

Voir les commentaires

"The Land Of Rape And Honey", de Ministry

Publié le par Nébal

The-Land-Of-Rape-And-Honey.jpg

 

MINISTRY, The Land Of Rape And Honey.

 

Tracklist :

 

01 – Stigmata

02 – The Missing

03 – Deity

04 – Golden Dawn

05 – Destruction

06 – Hizbollah

07 – The Land Of Rape And Honey

08 – You Know What You Are

09 – I Prefer

10 – Flashback

11 – Abortive

 

Chose promise, chose due : je finis ma mini-rétrospective Ministry par The Land Of Rape And Honey, le premier album de la « grande trilogie », poursuivie par The Mind Is A Terrible Thing To Taste et conclue par Psalm 69.

 

Certes, j’aurais pu évoquer également Twitch, et, de la sorte, nous aurions vu tous les albums (au sens strict : j’exclus les lives, compilations, etc.) du duo Jourgensen/Barker sous l’étiquette Ministry (et je le ferai probablement un jour). En effet, en débarquant sur Twitch, Paul Barker a définitivement éloigné Ministry de la synth-pop vaguement niaiseuse des origines pour l’ancrer franchement dans l’electro-indus (première étape…), et a en outre apporté des guitares dans ses valises.

 

Mais le vrai changement, à cet égard, c’est bien sur The Land Of Rape And Honey qu’il a lieu (en témoignent notamment les quatre premiers titres) ; et, à l’époque, c’était ce qu’un certain Trent Reznor reconnaissait volontiers, en disant que c’était largement de cet album que procédait le Pretty Hate Machine de Nine Inch Nails… Qu’on se le dise : si The Land Of Rape And Honey a – nécessairement – pris un petit coup de vieux, ça n’en était pas moins à l’époque un album véritablement révolutionnaire, et – osons le dire – parmi les plus influents de la musique populaire contemporaine (si). Moi j’dis, ça vaut bien un compte rendu, et ça justifie sa place dans la « grande trilogie »…

 

En tout cas, déjà, à l’époque, Ministry savait comment introduire ses albums, puisqu’on y va cash avec le génial « Stigmata » (dont je vous ai déjà dit le plus grand bien en traitant d’In Case You Didn’t Feel Like Showing Up). C’est d’ailleurs l’occasion de voir que les guitares, alors, ne sont pas vraiment employées dans une perspective metal, mais bien davantage punk, et cela se vérifiera dans l’ensemble dans les morceaux suivants. Ministry, les pères du metal indus ? Oui, mais sans doute davantage avec The Mind Is A Terrible Thing To Taste ; là, ce n’est pas encore tout à fait ça (même si la boite à rythme évoque bien régulièrement une double grosse caisse caractéristique du metal), mais c’est déjà bien nerveux, et excellent.

 

La suite reste très punk, tout d’abord avec le très primitif « The Missing » ; j’avoue, pour celui-là, on peut bien parler de punk-hardcore, et quasiment de metal… Mais, quand même, je maintiens : à l’époque, Ministry est quand même nettement plus proche de la sphère punk, et largement étranger au monde du metal ; d’où la surprise quand, lors de la tournée suivant The Mind Is A Terrible Thing To Taste, les chevelus se feront de plus en plus nombreux dans l’assistance… jusqu’à contaminer la musique du groupe !

 

Même constat pour le morceau suivant, « Deity » (là encore, on retrouvera tout ça sur In Case You Didn’t Feel Like Showing Up). On voit en tout cas combien Ministry affiche la couleur sur cet album : dès les trois premiers morceaux, électronique et guitares fusionnent à merveille ; on n’avait jamais entendu ça auparavant…

 

La fusion fonctionne toujours, mais de manière différente, sur la quatrième piste, le très bon instrumental « Golden Dawn » (qui n’a pas pris une ride), porté par un très bon, quand bien même très simple, riff de basse : là encore, c’est une caractéristique du son de Ministry qui se met en place ; et une deuxième vient bientôt s’y rajouter, avec l’emploi judicieux des samples parlés (en l’occurrence, ici, entre autres des extraits du très bon film – hélas impossible à se procurer en France, pour autant que je sache… – de Ken Russel Les Diables, sur l’affaire des possédées de Loudun, mais aussi la voix du fameux Aleister Crowley…).

 

« Destruction » – oh le doux titre ! – est un morceau industriel plus « classique », si l’on ose dire, où la guitare ne sert plus guère qu’à faire du bruit de temps à autre, à la Throbbing Gristle, sans plus faire de riff, tandis que la rythmique s’oriente un peu vers une sorte d’indus martial qui reviendra par la suite. Bruitiste, et pas mal.

 

Suit, dans un genre bien différent – quoique encore un tantinet martial – le plutôt planant mais assez sombre « Hizbollah » et ses sonorités orientales. Pas mal du tout là encore. Mais cette fois, les guitares ont disparu, et, sauf erreur [EDIT : une toute ch'tite exception...], on ne les réentendra plus de l’album – elles ont foutu suffisamment de bordel comme ça, assez pour révolutionner tout un pan de la musique populaire contemporaine.

 

Mais Ministry n’a pas besoin de guitares pour livrer des morceaux puissants et qui marquent durablement : en témoigne illico « The Land Of Rape And Honey », indus martial et provocateur digne de Laibach et ponctué de saluts nazillons ; très très efficace. Évidemment, prière de ne pas en tirer des conclusions débiles, merci, il ne s’agit certes pas ici de faire l’apologie du nazisme, mais bien de stigmatiser le totalitarisme rampant (ce qui est particulièrement flagrant dans la vidéo d’In Case You Didn’t Feel Like Showing Up, avec Jello Biafra qui fait le couillon sur scène, et Al Jourgensen avec son joli casque SS surmontant une serviette de plage…)

 

« You Know What You Are » est un morceau electro-indus saturé de samples, mais en-dehors de ça assez basique, qui peut faire penser – enfin, moi, en tout cas, il m’a fait penser – à du Skinny Puppy, peut-être ? Ça s’écoute, mais ça n’a rien d’exceptionnel, à mes oreilles en tout cas, même si l’effet sur la voix est relativement sympathique.

 

Mais j’y préfère largement, si j’ose dire, « I Prefer », son délire EBM psychotique, et son usage très particulier de l’aspirateur comme instrument de musique. Pourquoi pas, après tout ? Un morceau court et efficace, très punk dans l’esprit comme dans la forme, très bon, quoi.

 

Et suit une petite merveille avec « Flashback », autre morceau passablement psychotique, gavé de samples de Platoon ; une pépite d’electro-indus déjanté, idéale pour conclure cette période du groupe. (Ah, et je reviens sur ce que je disais plus haut, il y a une toute petite touche de guitare dans ce morceau ; mais alors presque rien…) Hautement efficace.

 

On ne s’attardera guère, par contre, sur l’instrumental electro « Abortive », pas désagréable, mais sans grand intérêt, et qui fait un peu tâche après la brillante conclusion qu’aurait dû être « Flashback »… C’est du moins l’impression que m’a toujours laissée ce morceau plutôt fade, et qui n’a pas grand chose pour retenir l’attention. Libre à vous d’avoir un avis différent, cela dit.

 

 Mais peu importe. Si l’on peut noter une ou deux fautes de parcours, si l’on peut trouver que l’album a un peu vieilli, il n’en reste pas moins que The Land Of Rape And Honey, révolutionnaire en son temps, reste hautement fréquentable aujourd’hui. Il est bien le premier album de la « grande trilogie » de Ministry. Un album séminal, comme on aimerait en écouter plus souvent. Je sais, la formule est plate… Mais n’empêche : ici, c’est de génie qu’il s’agit. Pas moins.

Voir les commentaires

"Animositisomina", de Ministry

Publié le par Nébal

Animositisomina.jpg

 

MINISTRY, Animositisomina.

 

Tracklist :

 

01 – Animosity

02 – Unsung

03 – Piss

04 – Lockbox

05 – Broken

06 – The Light Pours Out Of Me

07 – Shove

08 – Impossible

09 – Stolen

10 – Leper

 

 

Je suis bien embêté, là.

 

 

Je viens tout juste de vous dire que Dark Side Of The Spoon était à mes oreilles le dernier « très grand » album de Ministry, et c’est une chose dont j’étais persuadé depuis des années.

 

 

Mais ça faisait aussi des années que je n’avais pas écouté Animositisomina, qui m’avait laissé un souvenir assez mitigé. Or j’avais envie de le chroniquer malgré tout, puisqu’il s’agissait de la dernière collaboration entre Al Jourgensen et Paul Barker, et donc du dernier album du « vrai » Ministry. Je l’ai donc réécouté. Et, ma foi, ben, c’était pas si mal que ça… Pas mal du tout, même… Meilleur que dans mon souvenir, en tout cas. Est-ce moi qui ai changé ? L’album s’est-il bonifié avec le temps ? Est-ce rétrospectivement qu’il semble meilleur, après les albums de Jourgensen seul ? Je ne sais pas. Mais le fait est que j’ai pris beaucoup de plaisir à le réécouter, et que, si je continue de lui préférer Filth Pig et Dark Side Of The Spoon (sans parler, bien sûr, de The Land Of rape And Honey, The Mind Is A Terrible Thing To Taste et Psalm 69…), il est largement remonté dans mon estime, bien au-dessus des albums de Jourgensen, The Last Sucker inclus.

 

Et puis, je dois le confesser, réécouter cet album a réveillé quelques agréables souvenirs… Animositisomina, à l’époque, s’est fait quelque peu attendre (le groupe a dû quitter Warner entre-temps), et a marqué le grand retour de Ministry sur scène (après une interdiction due à une sanction pénale, si je ne m’abuse…). C’est ainsi que j’ai pu voir pour la première fois Ministry en concert, à Paris, à l’Élysée-Montmartre, lors de la tournée ayant suivi l’enregistrement de cet album. Ah, nostalgie… Le groupe entamait alors sa croisade anti-George W. Bush (qui allait prendre des proportions démentielles avec les albums de Jourgensen seul), et je me souviens des premières images dudit président apparaissant derrière le groupe tandis que résonnaient les premiers accords furibards du très violent « Animosity » (ouvrant le concert en lieu et place du classique « Psalm 69 ») : énorme pogo instantané, gros mouvement vers le devant de la scène, et c’était parti pour un concert épique et merveilleux, le meilleur de ma courte vie… Rhaaaaaa…

 

Hélas, après, ce fut le départ (prévisible) de Paul Barker… Mais ceci est une autre histoire. Pour le moment, restons-en à Animositisomina, un album qu’il est donc vach’ment mieux que ce que je m’en souvenais. Un album, en tout cas – mais ça je m’en souvenais très bien – qui délaissait largement les expérimentations et les audaces de Filth Pig et Dark Side Of The Spoon (c’est sans doute cela qui m’en avait donné une mauvaise image…) pour retourner à quelque chose de beaucoup plus direct, cru, et, autant le dire, souvent metal – même si on n’en est pas encore, loin de là, aux albums à-la-Slayer de Jourgensen : Ministry garde un son et une personnalité qui lui sont propres sur cet album. Cela se ressent aussi au niveau du son, bien plus direct que sur les deux précédents albums.

 

Ministry a toujours eu un don remarquable pour introduire ses albums, et Animositisomina ne déroge pas à la règle avec le très violent « Animosity » : comme dit plus haut, en live, ça fait des ravages… mais déjà, en album, ça marche très bien aussi. C’est un archétype du bourrin selon Ministry, c’est-à-dire du faussement bourrin, plus complexe au fond qu’il n’y paraît au premier abord, notamment sur le plan rythmique. Excellent.

 

On enchaîne sur « Unsung », un morceau un peu schizophrène, qui mélange un très très bon « couplet » industriel et un « refrain » metal nettement moins convaincant (j’emploie les termes faute de mieux, hein…). Ça s’écoute quand même plutôt bien dans l’ensemble.

 

« Piss » est par contre un morceau purement metal, qui fait pas mal penser à du bon vieux Black Sabbath. Mais c’est hélas assez anecdotique (à la différence de la fameuse et excellente reprise de « Supernaut » – perso, je la connaissais uniquement avec un son plus crade, bizarre… – par 1000 Homo DJs, c’est-à-dire en gros Ministry plus un certain Trent Reznor…).

 

Ne serait-ce que sur le plan de la rythmique, « Lockbox » est déjà plus intéressant. Joli refrain, mais sinon, c’est assez moyen...

 

« Broken » également fait dans le médiocre (ah ben voilà, je me souviens maintenant du pourquoi de mon souvenir mitigé concernant cet album : ce triste enchaînement de trois titres vraiment anecdotiques, au mieux, dès la première moitié de l’album…). Le cul entre deux chaises, le morceau oscille entre du mauvais metal, et de la pop pas terrible. Raté.

 

Suit une bizarrerie, puisque Ministry se livre une fois de plus, après l’horreur (à mon goût en tout cas) « Lay Lady Lay », au périlleux exercice de la reprise pop, cette fois avec « The Light Pours Out Of Me » de Magazine. Le problème, cette fois, est que le groupe ne s’éloigne guère de l’original (euphémisme), et ne prend donc pas trop de risques… Mais le morceau est bon, et ça sonne bien, alors admettons… C’est une reprise sans grand intérêt en tant que telle, mais elle a au moins le mérite de ne pas faire saigner les oreilles. Après les trois médiocrités « Piss », « Lockbox » et « Broken », ça passe même franchement bien.

 

Heureusement, c’est à partir de là que les choses s’améliorent vraiment, dès « Shove », avec son excellente rythmique basse/batterie, et son refrain très efficace. Un morceau à la fois planant et brutal, comme Ministry sait nous en mitonner à l’occasion.

 

Suit le très bon « Impossible ». Là encore, on ne fait pas vraiment dans le 4/4… Très chouette rythmique, donc, avec de beaux breaks à l’occasion, et régulièrement de quoi faire du boucan, sans que le morceau ne puisse être aisément cantonné dans un genre. Une composition assez originale, unique en son genre, et très efficace : du vrai rock industriel, en somme, bruitiste et trippant, au finale joliment cacophonique.

 

On pourra garder l’étiquette de rock industriel pour « Stolen », le refrain sonnant finalement plus noisy que metal. De la belle ouvrage, en tout cas, qui vrille délicieusement le crâne. Et la démonstration que cette seconde moitié de l’album est bien meilleure que la première…

 

Et s’il en fallait une preuve définitive, on l’aura avec le dernier morceau, l’instrumental « Leper », qui – même quand je n’estimais guère cet album – figurait parmi mes morceaux préférés de Ministry. Une longue pièce très répétitive et très glauque, débutant sur un superbe riff de basse accompagnée de bruitages ambient/indus et d’instruments aux sonorités orientales, avant que les grosses guitares ne se mettent de la partie, avec une rythmique à l’avenant. Tout simplement parfait. Le coup de grâce.

 

Et, hélas, celui qui devait sceller la fin de la collaboration entre Al Jourgensen et Paul Barker au sein de Ministry, du fait du départ de ce dernier (cela devait bien finir par arriver...). C’est donc ainsi que prit fin le « vrai » Ministry, qui avait débuté avec Twitch, le Ministry antérieur et postérieur étant le projet du seul Jourgensen, bien moins intéressant à mon sens. (Comme quoi, on aurait sans doute tort de tout attribuer à Jourgensen dans Ministry, c’est du moins ce que l’histoire semble avoir démontré…)

 

 Sur ce, chers amis, je vais conclure ma mini-rétrospective Ministry en faisant un flash-back (si j’ose dire…), et remonter à The Land Of Rape And Honey ; et je m’arrêterai là pour cette fois.

Voir les commentaires

"Dark Side Of The Spoon", de Ministry

Publié le par Nébal

Dark-Side-Of-The-Spoon.jpg

 

MINISTRY, Dark Side Of The Spoon.

 

Tracklist :

 

01 – Supermanic Soul

02 – Whip And Chain

03 – Bad Blood

04 – Eureka Pile

05 – Step

06 – Nursing Home

07 – Kaif

08 – Vex & Siolence

09 – 10/10

...

69 – [Ghost Track: Summertime]

 

Bon, reprenons : avec Filth Pig, Ministry s’est plus ou moins ramassé un râteau ; et si le groupe fait une tournée mondiale (immortalisée par le DVD et le CD Sphinctour) qui remporte malgré tout un certain succès (eh, c’est Ministry, quand même !), il n’en traverse pas moins relativement une mauvaise passe, qui va s’étendre sur plusieurs années. Avec à nouveau des problèmes de drogues – le titre de l’album qui va nous intéresser aujourd’hui est pour le moins éloquent, non, outre l’allusion évidente à Pink Floyd ? –, voire carrément des sanctions pénales. Et les relations entre Barker et Jourgensen sont toujours assez tendues. Bref, ça va pas fort.

 

Et il n’est pas dit que ça aille beaucoup mieux avec Dark Side Of The Spoon, un album qui, s’il retourne à des titres plus violents pré-Filth Pig, poursuit quand même avant tout sur la lignée expérimentale et rêche du précédent. Un album qui se mérite, une fois de plus. Un petit effort est néanmoins fait en direction du public : ainsi, le single « Bad Blood » – pourtant un des morceaux les moins intéressants de l’album en ce qui me concerne, m’enfin bon, va comprendre, Charles… – figure sur la B.O. de Matrix (mais pas dans le film, si je ne m’abuse…). Mouais. Petit, l’effort.

 

Parce que, pour le reste, on fait plutôt dans l’attentat sonore, destiné à faire fuir les fans les moins « hardcore », si j’ose dire. Et encore…

 

Du coup, si la critique s’est montrée un peu moins sévère que pour Filth Pig, elle a encore regretté « le bon vieux temps de Psalm 69 » (et tancé le groupe pour le son de l’album – que moi j’aime beaucoup). Quant au public, on ne peut pas dire qu’il fut très enthousiaste… Là, pour le coup, oui, cette fois, je me sens un peu seul contre tous quand j’affirme la très grande qualité de cet album le plus souvent jugé médiocre. Pour moi, c’est incontestablement le dernier « très grand » album de Ministry, et il contient, mine de rien, deux des meilleurs morceaux du groupe, toutes périodes confondues. Si, si.

 

(NB : désolé, mais cet album étant lui aussi injustement décrié encore aujourd’hui, donc, il n’y a visiblement rien d’étonnant à ce que je n’en aie quasiment pas trouvé de morceaux sur le ouèbe… et ceux que j’ai trouvé n’ont pas forcément un son génial, ce qui est dommage, parce que le son de cet album, de même que celui de Filth Pig, est très travaillé, à sa manière sale et crue…)

 

Mais détaillons. Où l’on commence une fois de plus tout en finesse, avec un « Supermanic Soul » qui sonne dans un premier temps comme une relecture ultra-primitiviste de « N.W.O. ». Bruitiste au possible, et très énervé. Mais jouissif et rigolo, aussi (oui, l’humour fait son grand retour sur cet album qui reste pourtant très noir…).

 

Le suivant « Whip And Chain » est bien plus calme, et laisse les guitares en retrait : c’est la rythmique qui est mise en avant. Le résultat est assez perturbant, mais non dépourvu d’intérêt. Pas du très grand Ministry, mais pas mal néanmoins.

 

Suit donc le single « Bad Blood », plus évocateur d’un Ministry « à l’ancienne ». Alors, oui, c’est pas mal, hein, et j’aime bien le pied, notamment, mais je maintiens : c’est à mes oreilles un des morceaux les moins intéressants de l’album. Drôle de choix pour un single, donc… et on se demande un peu ce qu’il vient foutre sur la B.O. de Matrix.

 

Alors que la suite, en ce qui me concerne, c’est tout simplement, et mine de rien, un des meilleurs morceaux de Ministry, tous albums confondus : l’excellent « Eureka Pile ». Passée une intro moyenne, c’est que du bonheur : superbe riff de basse saturée, rythmique complexe et parfaite, bruits et autres effets industriels ambiants, chant en fond… Le tout avec un son extrêmement travaillé. Un vrai chef-d’œuvre, à la fois oppressant et planant, injustement passé inaperçu. Je regrette d’autant plus de ne pas pouvoir vous faire écouter cette merveille…

 

On fait bien plus léger ensuite avec le rigolo « Step », improbable délire de jazz metal indus ! Débile à souhait, mais efficace. On n’en fera sans doute pas du très grand Ministry, mais c’est quand même amusant…

 

Et ça prépare le deuxième chef-d’œuvre de l’album, bien autrement sérieux et noir, et une fois de plus un de mes morceaux préférés du groupe toutes périodes confondues : le fantabuleux « Nursing Home ». Là encore un morceau très improbable, où le banjo et le saxophone se mettent de la partie pour donner un résultat totalement dingue et génial, mélangeant dub, indus, free jazz, et folk voire country glauque ! Une pure merveille unique en son genre, d’une complexité époustouflante, et un morceau possédé, au finale grandiose de cacophonie, que je ne me lasse jamais d’écouter. Le point culminant de Dark Side Of The Spoon.

 

Évidemment, après un tel chef-d’œuvre, « Kaif » paraît un peu faiblard… La rythmique, complexe, n’est pas dégueu, pourtant ; et Jourgensen y manie la mélodie avec bien plus d’à-propos que dans les désastreuses dernières expériences de Filth Pig (« The Fall » excepté, bien sûr). Mais c’est un peu fade… et ça contient un passage de quasi-solo franchement superflu.

 

Malgré son titre, « Vex & Siolence » n’est pas si bourrin que ça, en fait : loin de là, c’est un morceau lourd et sombre, à la Filth Pig. Mais disons-le tout net, il n’est franchement pas terrible : sans doute le moins bon morceau de l’album. On passe.

 

Au bien plus intéressant instrumental « 10/10 », qui alterne un riff tout gentil mignon et des passages plus bruitistes, parfois accompagnés d’un saxophone jazz ma foi fort sympathique. Pas du très grand Ministry là encore, mais ça s’écoute bien quand même. Très bien, même. Jusqu’à une fin, euh, « abrupte ».

 

Oh, et juste une petite note pour finir, tandis que les pistes 10 à 68 sont silencieuses, la piste 69 (eh eh) contient une « ghost track », où l’on entend une femme chanter une chanson intitulée « Summertime » au téléphone. Euh… Bon…

 

N’empêche que. Loin d’être un album médiocre, Dark Side Of The Spoon est pour moi le dernier « grand » album de Ministry, et il contient bien deux de ses meilleurs titres. Moi j’dis qu’il est incontournable.

 

 Suite des opérations avec Animositisomina, le dernier album du « vrai » Ministry, puisque le dernier fruit de la collaboration entre Al Jourgensen et Paul Barker. Pas un très grand album (quoique...), mais il contient quand même quelques titres pas dégueu du tout qui méritent bien qu'on s'y attarde. [EDIT : Et je me rends compte, là, que j'étais un peu sévère...] 

Voir les commentaires

"Filth Pig", de Ministry

Publié le par Nébal

Filth-Pig.jpg

 

MINISTRY, Filth Pig.

 

Tracklist :

 

01 – Reload

02 – Filth Pig

03 – Lava

04 – Crumbs

05 – Useless

06 – Dead Guy

07 – Game Show

08 – The Fall

09 – Lay Lady Lay

10 – Brick Windows

 

Poursuite de ma mini-rétrospective Ministry avec l’injustement décrié Filth Pig. Très décrié, même : après le succès considérable de l’excellent Psalm 69, on a dit pis que pendre de ce nouvel album, en son temps…

 

Mais il faut remettre les choses dans leur contexte. À l’époque, Ministry est donc devenu un groupe célèbre et vendeur, dans la foulée du succès inattendu de « Jesus Built My Hotrod », et par voie de conséquence de Psalm 69. Or c’est là un statut dont Jourgensen et Barker, très clairement, ne veulent pas ; ils ne l’ont jamais espéré, et ça leur est tombé d’un seul coup sur le coin de la gueule, sans prévenir. Il semblerait qu’ils le vivent assez mal, et notamment Jourgensen dont, parallèlement, les cures de désintoxication à l’héroïne (c’était déjà le sujet de « Just One Fix ») auraient été assez violentes : il aurait traversé clairement une mauvaise passe, qui n’aurait pas toujours facilité des relations de plus en plus tendues avec Barker. Et on a l’impression que les deux hommes, dans cette ambiance quelque peu malsaine, ont totalement mis de côté l’humour – qui était jusqu’alors presque toujours une donnée fondamentale de Ministry – et se sont livrés à un pur et simple acte de sabotage musical, en livrant un anti-Psalm 69 : un album difficile d’accès, au son sale et rude, très noir, très glauque, très lent, très lourd, très répétitif.

 

Et c’est bien à cela que ressemble Filth Pig, à mille lieues de Psalm 69. Une sacrée prise de risque, pour le coup… mais qui n’est guère récompensée, ni par le public qui se fait boudeur (sans surprise), ni par la critique, qui descend en flèche le Ministry nouveau.

 

Je crois me souvenir notamment d’un papier imbécile et affligeant, dans Les Inrockuptibles si je ne m’abuse, écrit par un bouffon borné au possible, et qui figure parmi les pires articles que j'ai pu lire, si c’est bien le cas, dans cet hebdo pourtant riche en aberrations critiques pédantes, hypocrites et insupportablement bobo... Enfin bref, que ce soit dans Les Inrocks ou non – peu importe, au fond –, l’article disait en substance ceci : que Ministry était un groupe réactionnaire (!) qui méprisait l’usage des machines dans la musique (!!!) ; il ajoutait, d’un air hautain, que les compositions puaient la sueur et la bière (…), et que le son était digne d’un bâclage je m’en-foutiste bricolé dans un garage (quand, à mon sens, Ministry – Hypo Luxa et Hermes Pan, of course – n’a jamais eu un aussi bon son que sur cet album extrêmement lourd et gras, si ce n’est sur quelques pistes du suivant, Dark Side Of The Spoon, mais j’y reviendrai). Faut-il être con pour écrire des trucs pareils ! Bon, vous me direz, là, le type ne savait visiblement pas de quoi il parlait. Mais, chez les critiques plus compétents, le bilan n’était guère plus positif : on s’avouait déçu ; on attendait un Psalm 69 n° 2, et on n’était pas satisfait par ce Filth Pig

 

Avec le recul, les choses se sont un peu arrangées, et le public comme la critique admettent aujourd’hui volontiers qu’il y avait de fort bonnes choses dans cet album. Pour ma part, je n’en ai jamais douté. Mais attendez un peu avant de vous moquer : non, je ne prétends pas avoir immédiatement adhéré à Filth Pig, et je prétends encore moins avoir crié au génie seul contre tous ; au contraire, et j’insiste sur ce point, j’ai toujours soutenu et je soutiens encore que c’est un album qui se mérite, d’une part, et, d’autre part, qu’il est foncièrement inégal, contenant de très bons morceaux, certains parmi les meilleurs de Ministry (si, si)… mais aussi quelques titres franchement anecdotiques, voire une ou deux purges (oui, j’ose le terme). Mais la seule chose clairement positive pour moi dès le départ, et ça, ça ne faisait aucun doute, c’était la qualité exceptionnelle à mes oreilles de la production ; je n’y reviens pas, j’en ai déjà assez parlé.

 

Mais détaillons plutôt la bête. On attaque les choses tout en finesse avec le furibard et déjanté « Reload » (et là je regrette très franchement de ne pas avoir trouvé le clip ; car, oui, il y a bien eu un clip, très rigolo d'ailleurs, contrairement à ce que je disais plus haut, pour ce truc : c’est dire…). Un morceau qui donne le ton : son lourd et gras au possible, rythmique plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord, basse énorme et grosses guitares en avant, machines plus discrètes que d’habitude (mais présentes néanmoins, espèce d’abruti !) ; tel sera le son de Filth Pig. Jubilatoire.

 

Ben tiens, justement, « Filth Pig » : un morceau dans la droite lignée du « Scarecrow » de Psalm 69, mais en pire ; lent, long, lourd, très très noir, avec une basse énorme, quasi dub, et une guitare à l’avenant. Et, bien sûr, un fameux solo d’harmonica sous hélium… Un morceau qui n’en finit jamais, accessoirement, et c’est tellement bon…

 

Suit le monstrueux, le cauchemardesque, le terrible, le grandiose « Lava », répétitif comme c’est pas permis, là encore porté par la basse ronde et grave de Barker. Une tuerie, et plus encore en live que sur l’album, où c’est déjà très efficace. Parmi mes morceaux fétiches de Ministry.

 

Étrangement, ce n’est par contre pas le cas de « Crumbs », alors que j’ai cru remarquer que ce morceau plus complexe qu’il n’y paraît était souvent plébiscité par les amateurs de Filth Pig, et était devenu un classique du groupe en live. Mais moi, bof, je n’ai jamais vraiment accroché… Même si j’aime bien le break à la basse. En ce qui me concerne, néanmoins, c’est ici que commence un petit passage à vide de l’album (très relatif, hein : disons qu’il s’agit de morceaux moyens…).

 

Ainsi, on continue dans les morceaux corrects, mais sans plus, avec le moyen « Useless ». Chouette riff de basse, et rythmique sympathique, mais tout cela manque quand même un peu de… quelque chose. Je ne sais pas quoi, au juste. J’allais écrire « de génie », mais vous auriez bon dos de me dire : « Whoa, Nébal, t’y vas pas un peu fort, niveau exigence ? » Ce à quoi je répondrais : « Non, puisque nous parlons de Ministry. » Mais bon, ça s’écoute, hein.

 

À la limite, même si on n’atteint pas encore des sommets de transcendance, je préfère un peu le suivant « Dead Guy », avec son chouette riff et sa chouette rythmique, là encore plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord. Rien d’exceptionnel, mais ça groove bien (la basse de Barker est décidément fondamentale dans cet album).

 

Mais le moins que l’on puisse dire est que l’on change radicalement de registre avec l’excellent « Game Show », à l’introduction interminable et à la rythmique tout simplement parfaite. Un morceau finalement très planant, avec un petit côté étrangement progressif, et qui figure parmi mes préférés de l’album, voire du groupe. Ici, Filth Pig redevient un grand album.

 

La suite est ma foi pas mal non plus, mais… surprenante. « The Fall » commence classiquement, avec une rythmique industrielle en avant (chose encore inédite sur Filth Pig il est vrai), sur laquelle vient se poser la basse saturée de Barker. Puis – surprise ! – mais… mais… il y a de la mélodie ! De la mélodie dans Ministry !?! On n’avait pas entendu ça depuis, ouf, au moins… Mais en fait, ça passe plutôt bien, là. Et, entre nous soit dit, en live, ça passe carrément très très bien…

 

Ceci étant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises en la matière, puisque l’on enchaîne… sur une reprise de Bob Dylan (si), avec « Lay Lady Lay » ! … Bon, disons-le tout net : si le couplet est correct (grâce à la basse de Barker une fois de plus), le reste est insupportable. Cela dit, j’ai jamais pu blairer Dylan… Mais cette incursion de Ministry dans la pop versant variétoche guimauve n’est guère convaincante, et fait vraiment tâche dans un album autrement sans concession…

 

Et le dernier morceau, « Brick Windows », est également assez pop, bizarrement ; bon, cette fois, ça s’écoute sans provoquer d’urticaire… mais c’est quand même franchement pas terrible.

 

Au final, cinq très bons (voire excellents) morceaux, trois moyens, un très bof, et un carrément mauvais : on est quand même très loin de l’album lamentable que nous dépeignait la critique de l’époque, et que le public avait alors boudé… Non, Filth Pig est bien un bon, voire un très bon album de Ministry. Mais il n’est certes pas le plus facile d’accès, et force est de reconnaître qu’il est en outre assez inégal. Mais on peut saluer quelques jolies prises de risques de la part d’un groupe qui aurait pu se contenter de répéter ad nauseam une même formule pour engranger les biftons, et qui s’y est refusé. Moi, je trouve ça admirable.

 

 Suite des opérations : Dark Side Of The Spoon.

Voir les commentaires

"Psalm 69, The Way To Succeed And The Way To Suck Eggs", de Ministry

Publié le par Nébal

Psalm-69.jpg

 

MINISTRY, Psalm 69, The Way To Succeed And The Way To Suck Eggs.

 

Tracklist :

 

01 – N.W.O.

02 – Just One Fix

03 – TV II

04 – Hero

05 – Jesus Built  My Hotrod

06 – Scarecrow

07 – Psalm 69

08 – Corrosion

09 –  Grace

 

Finalement, j’ai décidé de poursuivre dès aujourd’hui une mini-rétrospective Ministry avec ΚΕΦΑΛΗΞΘ. Mais comme ce titre « officiel » est inproçon… inço… imprononçable, on va se contenter du titre « officieux », employé par deux générations de fans, à savoir Psalm 69, The Way To Succeed And The Way To Suck Eggs, plus souvent encore abrégé en Psalm 69 tout court, d’après le titre d’une des pistes emblématiques de l’album.

 

C’est là le dernier disque de la grande trilogie de Ministry, initiée avec The Land Of Rape And Honey et poursuivie avec The Mind Is A Terrible Thing To Taste. Ainsi que je vous l’avais déjà dit, en ce qui me concerne, c’est ce dernier album qui constitue le point d’orgue de la carrière de Ministry. Mais il s’en trouvera beaucoup pour considérer que c’est à Psalm 69 que revient ce titre, et ils ne manquent pas d’arguments pour cela. Quoi qu’il en soit – même si ça n’a rien à voir –, c’est en tout cas, de ces trois albums, et probablement de toute la carrière de Ministry (mais là je dis peut-être des bêtises ?), l’album qui s’est le mieux vendu, pour des raisons étranges que nous développerons plus bas.

 

Mais inutile de poursuivre plus avant les présentations : on se contentera juste de noter que l’album, au son plus typé metal, est toujours « auto-produit » par Jourgensen et Barker eux-mêmes (sous les noms d’Hypo Luxa et Hermes Pan), et que Bill Rieflin est toujours à la batterie.

 

Entrons immédiatement dans le vif du sujet avec « N.W.O. ». Je crois que, s’il n’y avait qu’un titre de Ministry à retenir ce serait celui-ci : comment faire un morceau parfait et qui dure avec seulement deux notes… Un exploit, qui révèle bien tout le talent de Jourgensen et Barker. Et accessoirement un morceau très énervé à l’encontre de monsieur George Bush père, qui s’en prend plein la gueule (mais c’est rien comparé à ce que se prendra le fiston quand Jourgensen seul sera aux commandes…).

 

On passe immédiatement après à un autre morceau emblématique de Ministry, le très bourrin « Just One Fix », où Jourgensen évoque ses problèmes de drogue, ce qui explique sans doute pourquoi il se paye le luxe d’une guest-star de marque pour son clip en la personne de monsieur William Burrough (ah oui tout de même). Une compo emblématique, oui : riff en béton armé, rythmique (faussement) primitive, tout y est. Et si vous voulez la preuve que Rammstein a tout pompé à Ministry, en plus de Laibach et KMFDM, c’est sans doute ici qu’il faut la chercher...

 

Une bizarrerie ensuite, avec le très énervé « TV II », sorte de quasi-grindcore (ou au moins crust) industriel : ça va à toute allure et ça gueule. C’est rigolo, oui, mais ça ne va pas bien loin… Premier exemple de « déchet relatif » de cet album qui, à mon sens, l’empêche d’être aussi bon que The Mind Is A Terrible Thing To Taste.

 

On en a dans un sens un deuxième immédiatement après avec « Hero », une compo assez moyenne, même si très efficace en live. Pas grand chose à dire de plus sur ce metal indus basique.

 

Par contre, après, on a une petite surprise sur laquelle il va falloir s’étendre un petit peu plus avec « Jesus Built My Hotrod », un morceau très punk et complètement crétin (NB : la version du clip diffère légèrement de celle de l’album, et pour le mieux). Pour ce morceau, Jourgensen et Barker ont invité Gibby Haines des Butthole Surfers, qui a écrit les paroles et chante. Le résultat, débile à souhait, est pour le moins jouissif. Mais, la bizarrerie, c’est que Warner a décidé d’en faire un single… qui s’est retrouvé du jour au lendemain n° 1 des charts. Ministry, jusqu’alors groupe underground s’il en est, s’est retrouvé dès lors très vendeur, et les gens se sont rués sur Psalm 69, qui s’est vendu comme des petits pains. M’est avis que plus d’un acheteur a dû tirer une drôle de gueule en l’écoutant, car on ne peut pas dire que « Jesus Built My Hotrod » soit très représentatif de la musique de Ministry… Mais c’est bel et bien comme ça que Ministry est devenu un groupe « bankable », comme on dit… ce qui a expliqué une crise interne, et justifié la voie très différente empruntée par le groupe avec Filth Pig, l’album suivant, anti-commercial au possible. On aura probablement l’occasion d’y revenir, et très prochainement sans doute.

 

Mais restons-en pour le moment à Psalm 69, et enchaînons sur « Scarecrow »… déjà un morceau aux antipodes de « Jesus Built My Hotrod » ! (Et justement annonciateur de Filth Pig, quelque part, mais chut…) Un morceau lent, long et lourd, reposant énormément sur l’ambiance, oppressante et névrosée à souhait. Ministry ne nous avait pas encore vraiment habitué à ce genre de morceau, mais, pour une première, c’est un coup de maître.

 

Suit « Psalm 69 », donc, un autre titre-phare du groupe, avec sa fameuse – et excellente – introduction mégalomane. C’est du coup devenu un classique en live, très souvent employé par Ministry pour entamer ses concerts. Mais pour le reste, c’est un morceau qui m’a toujours paru très surestimé : du metal indus de base, sans grand génie… Non, très franchement, on a connu Ministry bien plus inspiré…

 

Moi, par exemple, ben je préfère largement la suite, l’horriblement bourrin « Corrosion », quasi-instrumental indus à fond les ballons, avec des breaks de fous furieux, qui carbure aux amphétamines et nous laisse le cul par terre. Là, c'est vraiment du grand Ministry, celui qui sent la sueur et l’usine. Moi, j’aime.

 

Enfin, comme pour The Mind Is A Terrible Thing To Taste, l’album se conclut sur une piste instrumentale et purement industrielle (même si les guitares n’en sont cette fois pas totalement absentes), « Grace », bien plus sombre et bruitiste que l’onirique et planante « Dream Song ». Mais peut-être plus anecdotique aussi : on ne peut pas tout avoir…

 

Au final, oui, bien sûr, Psalm 69, The Way To Succeed And The Way to Suck Eggs est bel et bien un excellent album, et il est évidemment indispensable à tout fan de Ministry comme à tout amateur de bonne musique. Je ne comptais pas un seul instant remettre cela en cause, et c’est bien un de mes albums préférés ; il contient en outre, avec « N.W.O. », un de mes morceaux préférés, tous artistes et tous genres confondus. Mais j’entendais simplement montrer pourquoi je lui préfère – largement – The Mind Is A Terrible Thing To Taste...

 

 Prochaine chronique de ma mini-rétrospective Ministry : probablement le sous-estimé Filth Pig, en fait, tiens.

Voir les commentaires

"In Case You Didn't Feel Like Showing Up (Live)" (VHS), de Ministry

Publié le par Nébal

In-Case-You-Didn-t-Feel-Like-Showing-Up--Live---VHS-.jpg

 

MINISTRY, In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live) (VHS).

 

Tracklist :

 

01 – Breathe

02 – The Missing

03 – Deity

04 – So What

05 – Burning Inside

06 – Thieves

07 – Stigmata

08 – Spoken Speach (The Pledge Of Allegiance)

09 – The Land Of Rape And Honey

 

Oh et puis zob. Je ne pensais pas faire d’article aujourd’hui, mais tout compte fait, j’en ai envie. Sur une bonne vieille VHS à laquelle je suis tout particulièrement attaché depuis ma crise d’adolescence.

 

(D’ailleurs, aparté exhibitionniste, c’est à cause de cette VHS que s’est manifestée extérieurement ma crise d’adolescence : j’ai voulu avoir la même coupe que Jourgensen ; du coup, du jour au lendemain, au bahut, ma réputation est passée de « premier de la classe petit bourgeois » à « néo-nazi sataniste profanateur de sépultures » (1) Authentique.)

 

Et parce que j’entendais bien vous le prouver, là, que Ministry avait été le plus grand groupe du monde, à l’époque glorieuse des trois albums The Land Of Rape And Honey, The Mind Is A Terrible Thing To Taste et Psalm 69. La meilleure démonstration en restera à jamais cette cassette vidéo live – que je vous en ai assez bassiné avec, d’ailleurs –, enregistrée sur les tournées ayant suivi l’enregistrement des deux premiers de ces trois albums.

 

Et attention, je parle bien de la VHS, pas du CD, qui est incomplet : il y manque trois pistes, et pas des moindres…

 

Pour autant que je sache, cette VHS n’a jamais été rééditée en DVD. Et c’est bien dommage, car c’est sans conteste le meilleur enregistrement live de Ministry (bien meilleur que le néanmoins fort recommandable Sphinctour dont je vous parlerai peut-être un de ces quatre). Ici, on a vraiment le grand Ministry de la grande époque. Celui qui joue à deux batteries, derrière une putain de grille. Celui qui joue devant un public composite, un tiers electro-indus, un tiers punk, un tiers métalleux. Celui qui enchaîne les grands titres sans faille, sans jamais vraiment ralentir le rythme. Ministry à son sommet.

 

Mais deux choses d’ordre général méritent d’être mentionnées avant que l’on s’attaque au vif du sujet. Tout d’abord se pose la question de la censure. La jaquette que je vous ai mise en guise d’illustration, et qui est bien celle de ma VHS, est une jaquette européenne, différente de l’américaine, qui imposait elle – c’était alors une nouveauté – le fameux « parental advisory ». Ministry – de même que le side-project Revolting Cocks – était à la pointe du combat contre cette législation. Aussi, sur la jaquette américaine – un tantinet plus « gore » (si j’ose dire, aha, puisque c’est à Tipper Gore, l’épouse de Al, que l’on doit cette législation – eh oui…) –, le « parental advisory » était entouré de sigles invitant à le découper, et le groupe avait publié à côté son propre avertissement, que je vais m’empresser de reproduire ici :

 

« WARNING FROM MINISTRY: READ THIS FIRST! This parental advisory warning has been forced upon the artist by groups hostile to First Amendment Rights. If you feel your First Amendment Rights are being infringed upon, as the band does, please cut along the dotted line and remove this section of the cover art. Send the removed section, along with a letter supporting your First Amendment Rights, to your congressional representatives and/or local legislators. We must not be intimidated by these right wing factions. Please support your local anti-censorship organization or, better yet, start your own! JUST SAY NO TO CENSORSHIP! »

 

Voilà au moins qui a le mérite d’être clair. Et qui explique la litanie de « fuck, fuck, fuck » concluant « Stigmata », laquelle n’épargne bien entendu pas Tipper Gore…

 

Le second point qui mérite d’être développé concerne la réalisation de la VHS. Hélas, je ne vais pas disposer de toutes les vidéos, et, à l’occasion, il va falloir se contenter de fichiers audio tirés du CD… Mais bon, on va faire avec ce qu’on a. Mais, comme vous allez dans l’ensemble pouvoir le constater, la réalisation obéit à une logique progressive : au début, tout est filmé de manière très sobre, comme un concert normal ; puis, au fur et à mesure que l’on avance dans la vidéo, les effets visuels parasites deviennent de plus en plus importants, jusqu’à envahir totalement l’écran dans les derniers morceaux. Et mine de rien, c’est assez intéressant…

 

Allez, commençons. Visuellement sobre, donc. Mais pour ce qui est du son, on fait tout de suite dans le lourd, très lourd… avec une piste insupportablement absente du CD ! J’ai nommé « Breathe », avec sa fameuse introduction à deux batteries... Et ça serait quand même dommage de rater ça ! Une mise en bouche toute en puissance pour un concert qui promet d’être monstrueux ; ça sent déjà la sueur et l’usine… miam… Qu’on se le dise, les dieux du metal indus sont dans la place, et ils ne sont pas contents !

 

Les deux morceaux suivants (désolé, je n’ai pas trouvé de vidéos…) sont (hélas ? ou tant mieux ?) les moins intéressants de la vidéo, les très punk « The Missing » et « Deity », tous deux tirés de The Land Of Rape And Honey. Cela dit, tout est relatif, et il y a amplement de quoi pogoter là-dessus… Mais Ministry nous réserve bien mieux pour la suite, alors autant économiser un peu nos forces.

 

Parce que ce qui suit, messieurs dames, ce qui suit… ce qui suit, c’est un pur chef-d’œuvre, rien de moins. Une version d’anthologie de « So What » à deux batteries (NB : comme le morceau est long, ça coupe un peu abruptement ; du coup, je vous remets la piste audio : ça coupe aussi avant la fin, mais plus tard et moins brutalement…). Très franchement, si vous restez de marbre devant cette vidéo, alors je crois que je ne peux rien faire pour vous. Et que personne ne peut rien faire pour vous. Désolé.

 

(Non, je n’en fais pas trop. Je dis juste la Vérité.)

 

Suit le tubesque « Burning Inside » (que là je m’étonne franchement de ne pas avoir trouvé de vidéo…). Pas grand chose de plus à dire par rapport à ce que je vous en avais dit en traitant de The Mind Is A Terrible Thing To Taste, si ce n’est que c’est encore meilleur en live : on est là devant la quintessence de Ministry ; compo faussement simple au riff en béton armé, rythmique impitoyable, et c’est parti mon kiki. Que du bonheur.

 

Et on continue dans le gros qui tâche et ne fait pas dans le détail avec une version particulièrement nerveuse du déjà très furibard à la base « Thieves ». Ça s’excite sur scène comme dans le public, et – oh – comme on aimerait y être… FUCK ART, LET’S KILL ! Comme le proclame si bien le T-shirt d’un membre du groupe.

 

Mais ce qui suit, messieurs dames, ce qui suit… ce qui suit, c’est un pur chef-d’œuvre, rien de moins. (C’est pratique, le copier-coller.) Nan, sans déc’, ce qui suit, c’est, à mes oreilles, le point culminant de l’album. ZE version de « Stigmata ». Le morceau parfait, là, comme ça, à la croisée des chemins. Un seul riff, tout en crescendo, jusqu’à son finale apocalyptique, explosion de « fuck » machin, « fuck » bidule, « fuck » tout et n’importe quoi, et ça défoule, putain, ça fait un bien fou, fuck fuck fuck fuck fuck FUCK !

 

Et c’est ici que s’achève le CD.

 

 

Mais pas la VHS, aha ! Celle-ci nous réserve encore « deux pistes », avec un éminent invité surprise en la personne de Jello Biafra, le charismatique ex-chanteur des Dead Kennedys, qui, avec Al Jourgensen et Paul Barker de Ministry, avait formé le groupe Lard (c’est bien, Lard, d’ailleurs ; faudra que je vous en cause, de Lard, tiens…). Celui-ci vient tout d’abord nous tenir un discours halluciné, sa propre version du « Pledge Of Allegiance » (pas moyen d’en trouver une vidéo, ‘fin je crois…).

 

Puis il se contente de faire le couillon, parodiant le salut nazi et marchant au pas de l’oie, tandis que Ministry interprète en guise de rappel, laissant tomber les guitares pour une fois, « The Land Of Rape And Honey ». Ça s’amuse beaucoup, sur scène. Et ça fait un beau clou du spectacle.

 

Bref : si on peut allègrement se passer de cet étrange CD amputé, cette vidéo est indispensable à tout fan de Ministry qui se respecte. Du coup, j’aimerais bien la revoir en DVD, moi, un de ces jours… Parce que pour le moment, en-dehors de Sphinctour, je crois qu’on peut aller se brosser… Or, c’est là, dans In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live), que se trouve le grand Ministry. La politique stupide des majors visant à supprimer de Youtube ou de Dailymotion ces extraits-vidéos est d’autant plus aberrante. Mais, au moins temporairement, vous pourrez profiter de quelques-uns, alors ne vous gênez pas…

 

 Et à bientôt pour une nouvelle chronique, musicale ou pas, de Ministry ou non. On verra bien, ma bonne dame. Au jour le jour. Ou plus tard. C’est selon.

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 > >>