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"Disco Flesh : Warp 99", de Punish Yourself

Publié le par Nébal

Disco-Flesh---Warp-99.jpg

 

PUNISH YOURSELF, Disco Flesh : Warp 99.

 

Tracklist :

 

01 – Radio Jazz 99

02 – (Let’s Build) A Station In Space

03 – Sexy

04 – Suck My T.V.

05 – Blast Off Siddharta Junkie

06 – No One To Talk With

07 – Atomic Alarm Broadcast

08 – Night Of The Hunter

09 – Enter Me Now

10 – Criminal

11 – Old Brother Left Hand

12 – Night-Club

13 – Enter Me Now (Collapse Remix)

14 – Night-Club (The Dead Sexy Inc. Remix)

 

Tiens, j’ai envie de faire dans le local, là. Dans le toulousaing. Mais pas compromettant pour autant. Parce que, messieurs dames, ce Disco Flesh : Warp 99, deuxième album de Punish Yourself, est bel et bien à mes oreilles un grand, un très grand album. C’est celui par lequel j’ai découvert le groupe, et cela reste encore aujourd’hui, en ce qui me concerne, ce qu’ils ont fait de mieux. Les sentiments, me direz-vous… Oui, mais non : si la production et l’écriture sont incomparablement supérieures au premier Feuer Tanz System, il y a ici une patate, une spontanéité, que nos chers cyberpunks fluorescents n’ont que trop rarement retrouvé par la suite (même si, allez, il y eut bien quelques exceptions). Non, je maintiens : ce deuxième album reste à mon avis le meilleur du groupe.

 

C’est semble-t-il l’album qui a fait connaître Punish Yourself à un large public, au-delà de la seule scène locale, et il aurait été aujourd’hui réédité dans le double album Crypt 1996-2002. Aussi, vous savez ce qu’il vous reste à faire… Je crains, par contre, de ne pas pouvoir vous en fournir beaucoup d’extraits, ça manque un peu sur Youtube. Faudra faire sans… Et on avouera aussi que le meilleur moyen de découvrir Punish Yourself reste le live… ou du moins que c’était le cas à l’époque, je dois dire que ça fait un bail que je ne les ai pas vus.

 

Adonc, Punish Yourself. À l’époque de l’enregistrement, cinq membres : Miss Z, P.FX, vx 69, Bud et P-RLO. Tout peinturlurés de matières fluorescentes sur scène, ils trahissent leur engouement pour Ministry en jouant à leur tour derrière une grille (qui, généralement, ne fait pas long feu…). Et on sent, oui, que ces gens-là ont beaucoup écouté Ministry dans leur jeunesse, et sans doute aussi KMFDM. Et probablement Nine Inch Nails et Marilyn Manson, période pré-soupe. Et d’autres choses encore, qui vont des Stooges à la techno hardcore en passant par Skinny Puppy. Et ils ont fusionné tout ça pour obtenir un son bien à eux, référencé certes, quelque part entre metal indus et techno-punk. Un son qui fait des ravages, en particulier sur ce deuxième album à la production ma foi fort bien léchée pour un petit produit de la scène locale.

 

Quant au programme affiché, il est clair et net : sexe, drogues et rock’n’roll, avec en prime une bonne grosse louche de cinéma (bis essentiellement, mais pas que, comme on aura l’occasion de le voir).

 

On passera rapidement sur l’inévitable intro « Radio Jazz 99 », de toute façon très brève, pour passer de suite aux choses sérieuses.

 

Et les choses sérieuses, c’est un gros tube d’entrée de jeu, avec « (Let’s Build) A Station In Space »« to fuck by zero gravity », bien sûr. Un véritable hymne du genre, simple et efficace. À l’époque, quand je faisais découvrir l’album à mes potes, je faisais un test : je mettais la piste sans les prévenir, et j’observais ; résultat des courses : 100 % de headbanging dès que les grosses guitares déboulent. Ce qu’on appelle une belle réussite. (NB : sur l’édition originale de Disco Flesh : Warp 99, il est fait mention d’une « plage-rom video clip » pour ce morceau, mais elle n’a à ma connaissance jamais existé ; je ne sais pas si cette erreur a été corrigée sur Crypt 1996-2002, ni si le clip correspond au lien que je vous ai donné… dont le son est par ailleurs un peu pourrave, et vous m’en voyez désolé.)

 

On enchaîne sur « Sexy », morceau qui s’ouvre sur un sample d’Atomic Café, et se montre bien plus lent et autrement plus calme (si l’on excepte son réjouissant finale au riff en béton armé) ; on pense beaucoup à Nine Inch Nails (la bonne époque) ou à Marilyn Manson (période pré-soupe, disais-je). Assez puissant, et efficace.

 

Avec « Suck My T.V. » (le bien nommé) et son introduction hilarante, on ré-accélère le rythme, pour un morceau qui tatane bien là où ça fait mal, et se montre on ne peut plus explicite. On pense cette fois beaucoup à KMFDM. On notera un très beau passage technoïde sur le tard, avant un dernier refrain furibond.

 

« Blast Off Siddharta Junkie » joue longtemps dans une tout autre catégorie, plus electro-indus à la Skinny Puppy ou plus encore Front Line Assembly, voire EBM à la Front 242... mais c’est sans compter un finale dantesque qui fait rugir les guitares industrielles, avant d’être relayées par une basse groovy en diable. Sehr gut.

 

Avec « No One To Talk With », on en revient plus directement au bruit et à la vitesse, cette fois sur des rythmiques breakbeat du plus bel effet, et qui autorisent un très chouette intermède vraiment très très groovy. Surprenant, mais indéniablement miam. Une belle montée, une fausse fin, et ça repart de plus belle. Bien, bien, bien.

 

« Atomic Alarm Broadcast » n’est pas un morceau, mais un simple sample (simple sample, ça sonne, ça...) de transition, emprunté au fameux Duck and cover!, et autant dire encore une fois à Atomic Café.

 

Transition vers le très bourrin (et tout juste cinématographique ; on ne sait pas ce qu’en penserait Charles Laughton…) « Night Of The Hunter », réjouissante pochade qui va chasser sur les terres du hardcore le plus barbare. Très efficace, et, mazette, ça défoule.

 

Du coup, on calme un peu le jeu avec « Enter Me Now » (qui débute, si je ne m’abuse, sur un sample emprunté à Faster Pussycat! Kill! Kill!), et, je cite, « contient des éléments de Fucking Place, compo remontant à la première formation de P.Y. ». Sans doute rien d’étonnant, dès lors, à ce que ce morceau soit bien plus calme, en dépit de sa note d’intention (« Welcome to violence! »), que tout ce qui a précédé. On pense un peu à Skinny Puppy. Les riffs sont sympathiques, la cacophonie ambiante de même, mais le niveau baisse tout de même un petit peu…

 

Suit le plus speed « Criminal », dont la basse, je trouve, donne de faux airs de White Zombie période Astro-Creep 2000 (tiens, faudrait peut-être que je le chronique, celui-là…). Pour le reste, c’est un morceau assez punk basique, qui ne va pas chercher bien loin. De même que « Enter Me Now », il laisse un peu sur sa faim, après l’excellence des premiers titres de l’album. Ce n’est pas mauvais, non, mais pas génial non plus…

 

Heureusement, le niveau remonte par la suite, tout d’abord avec le très chouette instrumental « Old Brother Left Hand » (nouvelle référence à La Nuit du chasseur, dont la plus fameuse des scènes se retrouve samplée), big beat et groovy, presque neo-metal par certains côtés, mais, rassurez-vous, ne négligeant ni l’électronique saturée ni la cacophonie propres (non, sales !) au genre qui nous intéresse. Très efficace et bien vu.

 

Et l’album à proprement (non, salement !)  parler de s’achever sur un « Night-Club » très bourrin, mêlant breakbeat et hardcore, comme une sorte de croisement bâtard et mal élevé entre Ministry, Slayer et Atari Teenage Riot. Jouissif.

 

Restent encore deux remix pour achever totalement la galette et les oreilles des voisins. Commençons par « Enter Me Now (Collapse Remix) », en rappelant que Collapse, c’était pas mal du tout. Bon, comme on l’a vu, le morceau choisi pour le remix n’est sans doute pas un des meilleurs de l’album, mais, après tout… On retrouve bien le côté tribal de Collapse, et ça, c’est bien. Le morceau est un peu plus sale, et ça, c’est bien aussi. Du coup, le remix est à n’en pas douter meilleur que l’original, mais on avouera qu’il ne laisse pas pour autant un souvenir impérissable.

 

Il en va tout autrement pour « Night-Club (The Dead Sexy Inc. Remix) » (sachant que The Dead Sexy Inc., c’est ehb de LT-NO – il faudra que je vous cause de Global Cut un de ces jours – et Steph de Prime Time Victim Show – et il faudra que je vous cause de Prime Time Victim Show un de ces jours) : là où l’original était une réjouissante bourrinade, le remix est une expérimentation imbitable et chiante, sans grand intérêt. On passe. Tant pis.

 

N’empêche que. En dépit de deux morceaux moyens sur le tard, et d’un remix inutile, Disco Flesh : Warp 99 est bel et bien un excellent album de metal indus ou de techno-punk (choisis ton camp, camarade… si tu juges ça vraiment nécessaire…). En ce qui me concerne, il n’a pas pris une ride, et reste le meilleur album du groupe.

 

 

Même si, quand je dis ça, je suis un peu de mauvaise foi.

 

Je m’explique : je n’avais pas du tout, mais alors pas du tout, aimé Gore Baby Gore. Et je n’ai donc pas cherché à écouter ce que le combo a fait par la suite. Si ça se trouve, le niveau est remonté… Mais comme il était déjà descendu d’un cran avec Sexplosive Locomotive pour dégringoler avec le suivant, j’avoue, moi le pessimiste de nature, ne plus y avoir cru, tout simplement. J’espère m’être trompé. Si quelqu’un peut me persuader de mon erreur, ma foi, je lui en serais grandement reconnaissant. Mais j’avoue : j’ai du mal à y croire…

 

 Alors j’en reste à cet album-là. Une valeur sûre, comme on dit.

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"Yann Tiersen & Shannon Wright", de Yann Tiersen & Shannon Wright

Publié le par Nébal

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YANN TIERSEN & SHANNON WRIGHT, Yann Tiersen & Shannon Wright.

 

Tracklist :

 

01 – No Mercy For She

02 – Dragon Fly

03 – Sound The Bells

04 – Something To Live For

05 – Dried Sea

06 – While You Sleep

07 – Ode To A Friend

08 – Ways To Make You See

09 – Callous Sun

10 – Pale White

 

Le calme après la tempête. Hier soir, on a foutu le bordel avec Imminent Starvation ; ce matin, place à la douceur avec ce splendide album écrit à quatre mains par deux talentueux multi-instrumentistes. À la douceur, mais pas à la gaieté pour autant : précisons le d’emblée, ce Yann Tiersen & Shannon Wright est un album qu’il est idéal pour se pendre (comme beaucoup d’enregistrements de Shannon Wright en solo, d’ailleurs, mais là, je crois que c’est encore pire que d’habitude…).

 

 On peut attendre beaucoup de choses d’un album écrit à quatre mains (et plus si affinités), le pire comme le meilleur. Ici, heureusement – et une fois de plus je ne vois pas de raison de maintenir le secret plus longtemps –, c’est une très grande réussite : les deux univers musicaux se sont fondus l’un dans l’autre avec une aisance parfaite pour un résultat tout simplement stupéfiant de cohésion.

 

Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter Yann Tiersen, vous avez dû en bouffer plus que de raison depuis la sortie du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain ; cela dit, le grand succès du film et de sa bande-originale ont pu contribuer à fausser son image d’auteur-compositeur-interprète… C’est qu’il en a fait des choses, le bonhomme, bien au-delà du seul film de Jeunet qui l’a rendu mondialement célèbre…

 

L’Américaine Shannon Wright est sans doute moins connue dans nos contrées. Pour ceux que cela intéresse, ils trouveront quelques développements supplémentaires sur Wikipédouille. Ici, je me contenterai de dire qu’il s’agit d’une multi-instrumentiste plus-indie-folk-tu-meurs, souvent comparée à PJ Harvey (faut dire qu’elle le cherche un peu, des fois), responsable d’une dizaine d’enregistrements généralement très sombres et assez brefs, où elle occupe quasiment tous les postes. Elle est par ailleurs connue pour ses performances live très… « poignantes », paraît-il (mais ici, je ne peux hélas me fonder que sur des « on dit »…)

 

Et les grands esprits de se rencontrer pour cet enregistrement unique, dont la légende (c’est-à-dire re-Wikipédouille…) dit qu’il a été écrit en seulement deux semaines par nos deux zigotos (mais l’enregistrement, d’après le livret, a bien duré deux mois). Jolie performance, si c’est vrai, parce que c’est tout sauf du travail bâclé. Quand je vous dis qu’il s’agit d’une fusion parfaite…

 

(Ah, au fait : j’en ai trouvé tous les morceaux sur le ouèbe, et, comme je les aime tous, j’ai choisi de ne pas choisir ; on verra bien le temps que ça durera…)

 

On commence dans la douleur (qui ne nous quittera jamais vraiment de tout l’album) avec l’éloquent « No Mercy For She ». Piano grave et lourd, cordes dissonantes, voix chevrotante à la limite du sanglot, mais joli refrain instrumental, et beau crescendo sur la fin. Le morceau donne le la, il pose l’ambiance de l’album et la méthode de travail de Yann Tiersen et Shannon Wright. Une superbe introduction.

 

Suit le très beau également « Dragon Fly », emporté par une mélodie à l’accordéon et à la basse, la guitare n’étant guère là que pour bruiter en fond. La voix de Shannon Wright est plus émouvante que jamais. Joli refrain au passage.

 

« Sound The Bells », emmené par le piano, et laissant enfin de la place à la batterie, est un morceau plus rythmé que les précédents, et en apparence moins sombre… du moins au premier abord. Peut-être un cran inférieur à ce qui précède, mais de la belle ouvrage néanmoins.

 

On passe à « Something To Live For » (NB : et on s’en cogne de la vidéo), et on retourne à la mélancolie à l’état pur, qui décidément réussit bien mieux à nos deux zoziaux. Là encore, toutefois, c’est le piano, qui domine. Et on admire la magnifique partie centrale…

 

Suit « Dried Sea » (NB : et on s’en re-cogne de la vidéo... qui, par ailleurs coupe un peu brutalement – il manque une trentaine de seconde d’arpèges en fade out… désolé, je n’ai pas trouvé mieux…), morceau plus pop-rock, où la guitare, la basse et la batterie prennent plus d’importance, jusqu’à s’énerver un tantinet. Un morceau plus sale que les précédents, mais toujours très sombre, et toujours aussi bon.

 

Ça va ? Vous ne vous êtes toujours pas pendus ? Biiiiiieeeeeeeen ! Ça veut dire que vous avez survécu à la moitié de l’album.

 

Donc on peut continuer avec « While You Sleep », qui fait lui aussi dans le nerveux, quasi punk. La voix de Shannon Wright, ici, fait d’ailleurs vraiment penser à celle de PJ Harvey : quand je vous disais qu’elle cherchait un peu, des fois… Il n’en reste pas moins que c’est un très bon morceau, et que les violons de Yann Tiersen se marient très bien à la furie punkoïde de l’Américaine.

 

« Ode To A Friend » re-calme le jeu, et remet le moral à plat. Superbe mélodie au piano de Wright, en tout cas, bien accompagnée par les cordes de Tiersen.

 

On s’enfonce encore un peu plus dans la dépression avec le très beau « Ways To Make You See », et encore une très belle, bien que plus discrète, mélodie au piano (ça devient une habitude…). Une touche de basse, voire de guitare de temps à autre, achèvent d’enjoliver le tout, pour un résultat qui marque durablement.

 

« Callous Sun » : piano, basse, batterie, guitare, qui bruitent un peu (beaucoup) plus que d’habitude. Joli couplet, refrain puissant… Tout est tellement bon dans cet album qu’on en deviendrait presque blasé…

 

Et une petite perle pour finir, avec « Pale White », morceau emmené par la guitare sèche, le violon et le piano de Yann Tiersen, Shannon Wright se contentant du chant et d’une batterie minimaliste. Musicalement, c’est presque joyeux. Pourtant, il n’est qu’à écouter le (très joli) refrain… Magnifique, en tout cas. La plus belle des conclusions pour un album superbe de bout en bout.

 

 Je ne conseillerai certainement pas Yann Tiersen & Shannon Wright à un dépressif en pleine crise. Mais à tout amateur de belle musique, sans aucune hésitation. D’ailleurs, je vais tâcher de revenir sur Shannon Wright un de ces jours… Parce qu’elle le vaut bien.

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"Nord", d'Imminent Starvation

Publié le par Nébal

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IMMINENT STARVATION, Nord.

 

Tracklist :

 

01 – Nor

02 – Tentack One

03 – Lost Highway (Exit)

04 – Oise

05 – Of

06 – Ren

07 – Vni

08 – Arles

09 – Ire

10 – Parle

11 – Please

 

Après avoir laissé s’exprimer ce matin la mélodie dans ce qu’elle a de plus pur avec Arcade Fire, j’ai envie, ce soir, de laisser la place au bruit dans ce qu’il a de plus sévère. Parce le bruit, ma bonne dame, c’est la vie. Et en matière de bruit, Imminent Starvation, aka Imminent, c’est-à-dire le Belge une fois Olivier Moreau, en connaît un rayon. Son projet devint rapidement une des entreprises phares du label allemand ant-zen, et contribua pour le moins à lui donner sa coloration spécifique power noise, et/ou indus rythmique, et/ou techno-indus (tout cela étant la même chose, ou peu s’en faut). Entendez par-là que nous faisons ici dans la musique électronique répétitive, violente et bruitiste, machinale et ultra-saturée, qui perturbe quelque peu les oreilles et agite un tantinet les neurones ; pas exactement de l’euro-dance, en somme… mais rien à voir non plus avec de quelconques abominations thunderdomesques ou pseudo-hardcore : ici, on fait dans la musique extrême, radicale, et résolument indépendante. Et accessoirement (ou pas) très, très noire.

 

Imminent Starvation, donc (oui, moi non plus je ne suis pas hyper fan de ce nom…), a signé deux albums chez ant-zen, plus une poignée de LP. Nord, dont je vais vous entretenir ce soir, est le second de ces albums, le plus achevé à mes oreilles, et le dernier des derniers du projet, du moins sous le nom « Imminent Starvation » : pour la petite histoire, une fois l’enregistrement achevé, Olivier Moreau a détruit sa table de mix et en a réparti les pièces comme suppléments de l’édition limitée de l’album, et c’est depuis qu’il a pris le simple nom d’Imminent (et qu’il a enregistré notamment avec Synapscape, autre projet intéressant dont je vous causerai peut-être un jour). Fini, Imminent Starvation. A pu. Mais restent les enregistrements anciens. Et ma foi, il y avait du bon, là dedans.

 

Un jour prochain, je vous parlerai peut-être du reste (et en premier lieu de Human Dislocation, qui contenait déjà quelques belles perles), mais, parce que la chronologie, c’est de la merde, concentrons-nous aujourd’hui sur Nord. On admirera déjà l’élégance et la sobriété de l’artwork, comme souvent chez ant-zen. Puis on mettra la galette dans le mange-disque, et on s’excusera d’avance pour les voisins.

 

On fera bien, parce qu’ils vont en chier, les pauvres, et ce dès le début. Olivier Moreau attaque en effet très méchamment avec le vrille-crâne et anti-mélodique au possible « Nor » ; la rythmique – si l’on excepte un quasi-kick tenant à peu de choses près du glitch – se fonde sur des bruits d’alarme recoupés : ça commence vite, fort et mal ! Un délice, vous l’aurez compris. Un morceau génialement et douloureusement hypnotique.

 

Les voisins n’ont guère le temps de souffler… puisqu’on enchaîne immédiatement sur le morceau le plus bourrin de l’album et de loin, le monstrueux et quasi gabber « Tentack One ». Un véritable hymne techno-indus que celui-ci, avec son pied terrible et sa rythmique d’usine inépuisable. Dans le genre, je n’ai personnellement jamais entendu mieux, à part peut-être (et je dis bien : peut-être…) chez Converter. En attendant, les voisins souffrent. Tant pis pour eux, mouhahahaha.

 

Allez, soyons gentils avec eux, pour une fois ; de toute façon, en fait, après ce début très rude, le pire est passé, et de loin : si la suite réserve encore quelques beaux moments de bruit, elle se révèlera souvent bien plus atmosphérique, ménageant derrière les rythmiques saturées une place pour de discrets claviers éthérés. C’est d’ailleurs à peu de choses près le cas immédiatement avec l’hypnotique « Lost Highway (Exit) » (NB : pardon pour l’illustration stupide et qui n’a effectivement rien à voir…), une des variations de l’auteur sur ce titre, surtout à mesure que l’on approche de la fin du morceau.

 

Suit « Oise », répétitif et très saturé mais finalement assez calme. Ça s’écoute bien, en tout cas…

 

« Of », ensuite (oui, Olivier Moreau aime bien les titres courts), est un morceau relativement lent, presque indus death (du moins par rapport à ce qui précède…), assez tripant en tout cas. Mais sympathique, sans plus.

 

La suite est bien plus intéressante, avec le grinçant « Ren » aux sonorités étranges et au pied saturé vagabond, construit sur un canevas atmosphérique d’une complexité à laquelle Olivier Moreau ne nous avait pas habitués jusqu’à présent. Un des morceaux les plus marquants de l’album, à n’en pas douter.

 

On passe alors à « Vni », qui rejoue la carte du machinal hypnotique avec brio. Les claviers en fond sont bien tripouille, la sauce prend très bien. On se laisse bercer par les vagues industrielles ; et, si si, ma bonne dame, c’est agréable. Ben oui.

 

Après quoi « Arles » remet les boites à rythmes en avant (ben oui, on fait ici dans l’indus rythmique, ne l’oublions pas), pour un résultat nettement moins bruitiste que les premiers exemples du genre sur l’album, mais néanmoins fort sympathique, a fortiori quand les claviers se mettent de la partie en fond sonore. Il y a là un petit côté tribal ma foi pas désagréable… Le tout est à la fois (légèrement) agité du bulbe et planant, bref : très bon.

 

« Ire », qui porte bien son nom, est un long morceau qui ré-accélère subitement le rythme, et nous rappelle qu’on n’est pas là pour rigoler. Ce qui se révèle malgré tout salutaire. Même si, là encore, quelques (discrets) claviers interviennent pour mélodiser (j’adore néologiser…) un peu tout ça… De toute façon, le résultat global est brillant, et donne une fois de plus un bien beau morceau de power noise, tout à fait réjouissant.

 

Après quoi « Parle » calme à nouveau un peu le jeu, pour retourner au machinal hypnotique de la plus belle eau. Un morceau aussi planant (à sa manière rythmée et saturée…) qu’il est glauque, ce qui n’est pas peu dire.

 

Ne reste plus que « Please », brève conclusion indus death (et donc dénuée de rythmique), portée par ce leitmotiv répété sans fin : « Please contact us, we are your friends! » Si vous le dites…

 

 Le bilan est donc clair, me semble-t-il : ce Nord est tout simplement un sommet en son genre, et probablement la production la plus aboutie d’Olivier Moreau (du moins de celles qui sont parvenues à ma connaissance ; mais il est vrai que cela fait dix ans maintenant…). Album emblématique d’une certaine culture et du label ant-zen, il est un must-have pour tout amateur de power noise. Et il constitue aussi à mon sens une très bonne introduction à la musique « post-industrielle », puisqu’il paraît que c’est ainsi qu’il faut la désigner selon les puristes. Si cet article a pu attiser la curiosité de quelques-uns d’entre vous, bah j’en serais fort content ; sinon, bah m’en fous : j’continuerai quand même, na !

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"Neon Bible", d'Arcade Fire

Publié le par Nébal

Neon-Bible.jpg

 

ARCADE FIRE, Neon Bible.

 

Tracklist :

 

01 – Black Mirror

02 – Keep The Car Running

03 – Neon Bible

04 – Intervention

05 – Black Waves / Bad Vibrations

06 – Ocean Of Noise

07 – The Well And The Lighthouse

08 – (Antichrist Television Blues)

09 – Windosill

10 – No Cars Go

11 – My Body Is A Cage

 

Changement complet de registre aujourd’hui avec les Canadiens d’Arcade Fire, qui sont, qu’on se le dise, la meilleure chose qui soit arrivée à la pop (voire à la « variété »… pourquoi pas, après tout ?) depuis ouf, au moins. Le groupe formé autour de Win Butler et Régine Chassagne par Richard Parry, Tim Kingsbury, William Butler, Sarah Neufeld et Jeremy Gara, plus quelques autres de passage – oui, ça fait du monde sur scène, jusqu’à une dizaine ; pour les avoir vus, je peux en témoigner – a développé un son unique, mêlant adroitement mélodies pop finement ciselées sur une base classique guitare / basse / batterie à des instruments plus « exotiques » : piano (jusqu’ici tout va bien), violon, alto, voire violoncelle (admettons ; on est au Canada, après tout), orgue (et là je parle d’un vrai putain d’orgue), mais aussi mandoline, accordéon, xylophone, harpe, vielle à roue… Sachant que plusieurs des membres du groupe, et les deux leaders en tête, sont des multi-instrumentistes.

 

Le premier album du groupe, Funeral (après un premier EP passé largement inaperçu, à ce que j’en ai compris), était un vrai petit bijou, et je n’hésiterai pas à le qualifier de chef-d’œuvre de pop. Chaque morceau était une merveille de mélodie qu’on se prenait instantanément à fredonner. L’album avait en fait cette qualité propre uniquement aux meilleurs enregistrements pop, et assez difficile à définir : l’impression qui s’en dégageait d’avoir toujours connu ces mélodies, tout en sachant qu’elles étaient d’une parfaite originalité. Euh… Je ne sais pas si je suis très clair, là, mais moi, je me comprends. Et c’est bien ce qui fait là, à mes yeux, les très grands albums de pop.

 

Or ce qui, pour moi, avait fonctionné instantanément sur Funeral, n’a pas marché aussi bien sur l’album suivant Neon Bible (quelques morceaux mis à part – j’y reviendrai), qui m’a donc demandé une écoute approfondie. Voilà pourquoi c’est de cet album-là que je vais vous entretenir aujourd’hui, dans la mesure où je l’ai beaucoup écouté ces trois derniers mois.

 

Mais il est vrai, reconnaissons-le d’entrée de jeu, que le groupe partait avec un sacré handicap : comment faire aussi bien, voire mieux, que Funeral ? Ç’aurait été un exploit. Sans surprise, je peux d’ores et déjà dire que cet exploit n’a pas été atteint. Mais Neon Bible n’est certes pas un mauvais album pour autant, et il contient assurément quelques perles qui en justifient l’écoute, ainsi que j’entends bien vous le démontrer.

 

L’album s’ouvre sur « Black Mirror », une introduction assez bien vue, qui entend marquer une solution de continuité avec Funeral. Le morceau est assez bon, la mélodie agréable, mais, pourtant, pour une raison que je ne saurais totalement expliquer, la sauce ne prend pas vraiment.

 

À mon sens, l’album ne démarre véritablement qu’au deuxième morceau, le plus rythmé et très efficace « Keep The Car Running », un morceau qu’on sent taillé pour le live. La mélodie rentre en tête immédiatement, on fredonne, on tape du pied… La voilà, la bonne pop à la Arcade Fire !

 

On calme le jeu ensuite, mais de fort belle manière, avec la douceur « Neon Bible ». Là encore, une jolie mélodie entêtante, sur un fond musical minimaliste (encore que… sans doute moins qu’il n’y paraît !). Une belle réussite. Et une courte et jolie transition pour ce qui va suivre…

 

Parce que là, on en arrive à un véritable chef-d’œuvre, à mes oreilles un des plus beaux morceaux d’Arcade Fire (enfonçant ceux de Funeral, oui), avec le superbe « Intervention » (NB : j’adoooOOOooore cette vidéo ; la musique triomphale d’Arcade Fire sur les magnifiques images d’Eisenstein, fallait y penser…). Un véritable hymne d’une puissance mélodique rare, un morceau qui me tire une petite larme à chaque écoute (si, si, je vous jure). Arcade Fire est là à son sommet, et, si j’étais un bourrin de marketeux, je dirais que ce morceau seul justifie l’acquisition de l’album. Na. Si. Même que. Putain, que c’est beau !

 

La suite est évidemment un bon cran en-dessous, mais pourtant « Black Waves / Bad Vibrations » n’est pas pour autant un morceau à négliger ; clairement composé de deux parties, il voit s’opposer un premier temps emmené par Régine Chassagne sympathique, sans plus, à un second, plus lent, et à mon goût autrement plus majestueux, emmené par Win Butler (qui est décidément un chanteur très charismatique, même si je sais qu’il peut en irriter quelques-uns…).

 

« Ocean Of Noise », par contre, est une ballade assez médiocre, sur laquelle on pourra passer assez rapidement. Tout juste si l’on notera que les choses s’améliorent vers la fin, et encore… Clairement un des morceaux ratés de l’album. Or, de morceaux ratés, il n’y en avait pas sur Funeral, et c’est bien ce qui fait toute la différence…

 

Le niveau remonte heureusement avec « The Well And The Lighthouse », à nouveau un morceau taillé pour le live. Rythme entraînant (du moins dans la première partie du morceau), mélodie entêtante (tout du long), y’a pas, ça fonctionne bien.

 

Hélas, le groupe joue aux montagnes russes, puisqu’il enchaîne sur un médiocre « (Antichrist Television Blues) », à peu près dénué du moindre intérêt. On passe…

 

… à un « Windowsill » qui, trop longtemps, ne vaut guère mieux. Heureusement, les choses s’améliorent cette fois sur la fin. Ouf.

 

Mais le niveau remonte encore une fois, et très très haut cette fois, avec à nouveau un des meilleurs morceaux d’Arcade Fire, le splendide « No Cars Go » (NB : désolé, dans le clip, images et son sont décalés, mais je n’ai pu trouver mieux…), semble-t-il un nouvel arrangement d’un morceau figurant sur le premier EP du groupe. Mais voilà encore une fois une chanson qui correspond à ma maladroite définition de la bonne pop de tout à l’heure : on a l’impression d’avoir toujours connu ce morceau, on le fredonne immédiatement, et pourtant on sait qu’on écoute quelque chose de nouveau. Et de très très fort. Bravo m’sieurs dames.

 

En ce qui me concerne, l’album aurait dû s’achever là, d’autant que le finale du morceau est particulièrement brillant. Mais non, le groupe a voulu en rajouter une couche avec « My Body Is A Cage ». Un morceau vaguement bluesy assez moyen, avec, allez, une conclusion correcte…

 

Un album inégal, donc, que ce Neon Bible, mais qui n’en contient pas moins deux morceaux indispensables, et plusieurs autres de très bon goût. Donc un bon album, finalement bien digne d’Arcade Fire. Un album inférieur à Funeral, certes, cela ne fait pas de doute non plus. Mais pouvait-on exiger l’impossible ?

 

 

C’est vrai que c’était tentant.

 

 En attendant, faudra peut-être que je vous le chronique, ce Funeral, un de ces jours…

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"Echoes", de The Rapture

Publié le par Nébal

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THE RAPTURE, Echoes.

 

Tracklist :

 

CD 01 (album) :

01 – Olio

02 – Heaven

03 – Open Up Your Heart

04 – I Need Your Love

05 – The Coming Of Spring

06 – House Of Jealous Lovers

07 – Echoes

08 – Killing

09 – Sister Saviour

10 – Love Is All

11 – Infatuation

 

CD 02 (Bonus Tracks) :

01 – Sister Saviour (Black Strobe Remix)

02 – Sister Saviour (DFA Vocal Remix)

03 – House Of Jealous Lovers (Maurice Fulton Remix)

04 – House Of Jealous Lovers (Cosmos Vs The Rapture)

 

L’album dont je vais vous parler aujourd’hui n’est certes pas un chef-d’œuvre. Le pire y côtoie d’ailleurs le meilleur (même si, dans l’ensemble, heureusement, c’est le meilleur qui l’emporte), et il est au moins quatre pistes de l’album que j’ai pris l’habitude de zapper chaque fois que je mets la galette dans ma chaîne. Pourtant, c’est un album important dans l’histoire de la musique récente (pour le meilleur et pour le pire là encore…), puisqu’il a pas mal contribué, en 2003, à générer toute la vague disco-punk et le revival post-punk dans lequel nous continuons de gigoter actuellement.

 

Seulement, si tout n’est certes pas à sauver dans cet album très inégal, il est bien quelques titres qui font que le groupe new-yorkais formé par Luke Jenner, Vito Roccoforte, Matt Safer et Gabriel Andruzzi mérite son nom. Et cela, à mes oreilles en tout cas, s’explique – a posteriori peut-être plus facilement ? – par une raison bien simple. The Rapture, en tout cas avec Echoes (leur deuxième album), c’est l’histoire d’un groupe de pop/punk médiocre transfiguré par sa production. Et qui retrouve-t-on à la production ? Les génies de The DFA, bien sûr ! (Voir ici et ici.) Echoes a été pour James Murphy et Tim Goldsworthy du pain bénit, l’occasion de mettre en place leur son si particulier – entreprise déjà amorcée notamment avec le très bon Gotham! de Radio 4, dont je vous reparlerai peut-être un de ces jours, mais c’est ici bien plus franc ; et c’est bien, en particulier, le son de LCD Soundsystem que l’on voit ici se mettre en place. N’en doutons pas : le rôle de The DFA a été majeur dans l’élaboration et le succès d’Echoes… dont ils ont co-écrit trois des meilleurs titres !

 

Du coup, le tri se fait très vite dans les morceaux d’Echoes : s’il y a de l’électronique et/ou des rythmes disco-punk, c’est bien, voire très bien ; sinon, c’est à chier. La règle ne connaît aucune exception…

 

On attaque les choses de fort jolie manière avec le très beau « Olio »… pas du tout représentatif du reste de l’album, ceci dit, puisque entièrement dénué de guitares. Un très beau morceau de house assez minimaliste, en tout cas, avec une voix qui fait irrésistiblement penser aux Cure. Une réussite incontestable pour une très belle introduction. À la fin, la rythmique monte, monte, monte… On s’attend au meilleur…

 

… et on tombe sur « Heaven » et son intro qui ressemble à du mauvais Offspring (qui a dit « pléonasme » ?). Un morceau punk bidon, sans intérêt. Zap !

 

Suit « Open Up Your Heart ». Pop bidon sans intérêt. L’auditeur, séduit par « Olio », commence à avoir peur… Zap !

 

Les choses s’améliorent avec « I Need Your Love », co-écrit avec The DFA (ça s'entend). J’avouerai cependant que ce morceau sonne trop house à l’ancienne pour pleinement me satisfaire. C’est efficace, mais sans plus. La suite, heureusement, nous réserve bien mieux.

 

Et ce, immédiatement, avec « The Coming Of Spring », morceau très énervé porté par une basse puissante. Là, on voit ce que disco-punk ou dance-punk veut dire, et pour le mieux. Et ça commence à être l’extase…

 

Mais l’extase vient surtout au morceau suivant, tout simplement parfait, et constituant LE tube de The Rapture : « House Of Jealous Lovers » (j'aime beaucoup ce clip, par ailleurs). Basse ronde et groovy qui entraîne le morceau, rythmique implacable, riff de guitare simple au possible, chant semi-hurlé… La perfection dans le genre. Rien que pour ce morceau, l’album vaut le coup/coût.

 

Et c’est le moment où les réussites s’enchaînent, décidément, puisque suit immédiatement « Echoes » : une fois de plus, c’est la basse, monstrueuse, qui mène la danse ; et l’auditeur de se laisser entraîner, parce qu’il ne peut pas faire grand chose pour résister…

 

On calme un peu (mais juste un peu) le jeu, sans diminuer pour autant la qualité, avec « Killing » (co-écrit avec The DFA), un morceau plus sobre et répétitif, reposant sur une note infiniment répétée ; très efficace.

 

Puis suit une autre belle composition en duo avec The DFA, le tubesque mais plus pop et plus résolument disco que tout ce qui a pu précéder « Sister Saviour ». Joli et bien fait.

 

On aurait presque pu pardonner les deux incartades du début, les oublier devant cette enfilade de perles… mais voilà que les déchets se rappellent à nos mauvais souvenirs en fin d’album, hélas. Deux infâmes bouses viennent en effet le conclure, l’insupportable « Love Is All » (zap !), et le pénible « Infatuation » (stop !).

 

Quatre morceaux de trop, pour un album qui aurait pu être parfait sans cela. Car il faut bien reconnaître que le reste est impressionnant, tout de même, et enchaîne les tubes avec une aisance assez phénoménale. Et, surtout, surtout, il y a ce son, ce son extraordinaire, cette patte DFA, qui deviendra bientôt immédiatement reconnaissable, et qui fera les ravages que l’on sait… Il est en tout cas indéniable à mes yeux que The DFA, co-auteurs de trois des sept bons morceaux de l’album et producteurs géniaux de l’ensemble, sont responsables pour au moins 50 %, si ce n’est plus, de l’intérêt d’Echoes.

 

Mais continuons un peu à décortiquer, avec le mini CD de bonus de l’édition limitée, comprenant quatre remix (deux de « Sister Saviour », et deux de « House Of Jealous Lovers »).

 

On commence avec « Sister Saviour (Black Strobe Remix) ». C’est un peu froid, pas mal, sans plus. Disons que ça ne fait guère avancer le schmilblick.

 

Sans surprise, on y préfèrera le plus rigolo « Sister Saviour (DFA Vocal Remix) », très sympathique, et qui accentue encore la dimension disco du morceau original. Cela dit, ça ne casse pas des briques pour autant…

 

On pourra par contre sans hésitation faire l’impasse sur « House Of Jealous Lovers (Maurice Fulton Remix) », centré essentiellement sur la rythmique, et franchement nul.

 

Là encore, on y préfèrera le second, « House Of Jealous Lovers (Cosmos Vs The Rapture) », non exempt de maladresses et un peu décousu, mais finalement assez correct, et, surtout, porté par une bonne grosse basse bien profonde.

 

Non, Echoes (enfin, cet Echoes-là…) n’est pas un chef-d’œuvre, pollué qu’il se trouve par quatre vilains grumeaux qu’on peut supposer être des erreurs de jeunesse. On comprend néanmoins l’importance déterminante de cet album dans l’histoire de la musique récente, car il contient amplement de quoi foutre quelques baffes. Il est inégal, certes. Il comprend le meilleur comme le pire. Mais le meilleur est vraiment le meilleur.

 

 Et cette expérience auprès de The DFA a indéniablement servi The Rapture (outre qu’elle leur a apporté une notoriété inespérée). Ce qu’ils ont fait par la suite, sans être aussi bon, n’est pas si mal que ça. D’ailleurs, une fois n’est pas coutume, j’ai envie de vous quitter sur un morceau complètement crétin, mais que j’aime beaucoup, de leur album suivant… Allez, hop : « Whoo! Alright Yeah… Uh Huh ».

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Pub copinage : "Dimension Russie", de Viktoriya et Patrice Lajoye (éd.)

Publié le par Nébal

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LAJOYE (Viktoriya & Patrice) (éd.), Dimension Russie, avant-propos de Vladimir Pokrovski, Encino, Black Coat Press, coll. Rivière Blanche – Fusée, 2010, 282 p.

 

Ayant participé ne serait-ce qu’un chouia à la chose, je ne peux pas décemment en faire une chronique.

 

 Aussi me contenterais-je de cette pub copinage : lisez Dimension Russie, c’est une anthologie qu’elle est vach’ment bien.

 

Et vos commentaires sont bien évidemment les bienvenus.

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"LCD Soundsystem", de LCD Soundsystem

Publié le par Nébal

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LCD SOUNDSYSTEM, LCD Soundsystem.

 

Tracklist :

 

CD 01 :

01 – Daft Punk Is Playing At My House

02 – Too Much Love

03 – Tribulations

04 – Movement

05 – Never As Tired As When I’m Waking Up

06 – On Repeat

07 – Thrills

08 – Disco Infiltrator

09 – Great Release

 

CD 02 :

01 – Losing My Edge

02 – Beat Connection

03 – Give It Up

04 – Tired

05 – Yeah (Crass Version)

06 – Yeah (Pretentious Version)

07 – Yr City’s A Sucker (Full Version)

 

Il y a de cela quelques années, lorsque l’on me posait la question fatidique : « Quel est le plus grand groupe du monde ? », je répondais sans l’ombre d’une hésitation : « Ministry » ; voyez par exemple ici, article où je péchais clairement par excès d’enthousiasme : car, ne nous voilons pas la face, Ministry, depuis que Paul Barker a quitté le groupe, c’est quand même ‘ach’ment moins bien (ce qui vient relativiser sans doute un peu le statut de génie de papy Jourgensen…) ; et si l’on y rajoute que le dernier concert du groupe auquel j’ai eu le malheur d’assister était tout simplement catastrophique… Enfin bon, là n’est pas la question.

 

Simplement, si aujourd’hui on me demandait : « Quel est le plus grand groupe du monde ? », je crois bien que je répondrais LCD Soundsystem. Une chose est sûre en tout cas, c’est que le new-yorkais James Murphy, l’âme de LCD Soundsystem et de DFA (voyez par exemple ici), est entré dans mon panthéon personnel ; une fois de plus, il faut voir les choses en face : James Murphy EST Dieu. Louons James Murphy. James Murphy est grand. James Murphy est fort. James Murphy est brillant. James Murphy est un peu enveloppé, aussi, mais là n’est pas la question, et puis qu’est-ce que vous avez tous contre les gens un peu enveloppés bordel de merde ?

 

LCD Soundsystem est donc le projet solo de James Murphy. Ce qui ne veut pas dire qu’il est tout seul pour autant, hein, il a un groupe avec lui. Mais c’est quand même son bébé à lui. L’aventure LCD Soundsystem débute en 2002 avec un premier single (excellent), « Losing My Edge » (on y reviendra), suivi rapidement par une tripotée d’autres de grande qualité. Avant même d’avoir sorti un album, le groupe a su ainsi attirer l’attention de la critique comme du public, avec sa musique unique au croisement de la dance (au sens noble) et du punk, et, bien évidemment, avec sa production typique de DFA, au son si particulier.

 

Le premier album, sobrement intitulé LCD Soundsystem, sort en 2005, et c’est celui dont je vais vous entretenir aujourd’hui. Une belle bête, puisqu’il s’agit d’un double album, le premier disque comprenant de nouveaux titres tandis que le second reprend les anciens singles dans des versions différentes. Et c’est que du bonheur. Succès critique et succès public sont immédiats, et mérités, ce qui est assez rare pour être signalé.

 

Décortiquons donc la bestiole, en commençant par le commencement. C’est-à-dire par « Daft Punk Is Playing At My House », morceau qui a fait un carton immédiat. J’avoue en avoir été surpris. Pour moi, on est très loin ici de ce que LCD Soundsystem a fait de plus intéressant… Mais bon : va comprendre, Charles… On concèdera cependant au morceau une certaine énergie, qui vient compenser son côté un chouia trop répétitif à mon goût (je parle de la version album, plus longue que celle du clip ; et entendons-nous bien : j’aime la musique répétitive, et celle de LCD Soundsystem est souvent d’autant meilleure qu’elle se montre répétitive – on aura l’occasion d’y revenir – ; simplement, ici, le format est trop « pop » à mon sens pour que la répétitivité – yeurk – passe bien).

 

J’y préfère pour ma part le planant et relativement minimaliste « Too Much Love » qui suit immédiatement ; relativement, car, comme on aura souvent l’occasion de le constater, la musique de LCD Soundsystem est souvent bien plus complexe en profondeur qu’il n’y paraît au premier abord. Ce morceau-là ne déroge pas à la règle, loin de là.

 

Mais suit ce qui constitue à mes oreilles la première grande claque de ce premier disque avec l’excellent « Tribulations » (superbe clip, par ailleurs ; Captain Spaulding, vous devriez aimer…) ; très joli morceau de synth-pop emporté par une basse disco irrésistible : la mélodie est très efficace, et le tout constitue un tube imparable.

 

Suit une autre grande réussite, elle aussi récompensée par un clip, mais dans un genre bien différent : le hargneux « Movement » nous montre en effet le versant le plus punk de LCD Soundsystem, et, y’a pas, ça défoule. Une envie irrépressible de secouer la tête s’empare de l’auditeur à l’écoute du morceau, et je mets quiconque au défi d’y résister. Très chouette.

 

Le jour et la nuit, avec « Never As Tired As When I’m Waking Up », petite ballade pop pas désagréable, et à la conclusion fort sympathique ; mais on avouera que ce n’est pas exactement là que l’on attend LCD Soundsystem…

 

Avec « On Repeat », on retrouve ensuite pour notre plus grand plaisir LCD Soundsystem sur un terrain beaucoup plus familier, celui des « grands » singles ayant précédé l’album (voir plus bas) : un morceau long, répétitif, hypnotique, mélangeant adroitement pop/punk et techno/house. Que du bonheur.

 

« Thrills » est plus surprenant, et sonne quasiment « industriel » ! Perturbant, mais pourquoi pas, après tout ? Au final, ça marche plutôt bien…

 

Suit « Disco Infiltrator »… et là, j’ai un peu le même problème que pour « Daft Punk Is Playing At My House ». Le morceau n’est pas mauvais, loin de là, mais de là à en faire un single ? J’avoue en avoir été surpris, moi qui le classerais parmi les morceaux moyens de l’album (et donc parmi les moins bons…). ‘fin bon…

 

Le premier disque se conclue enfin sur « Great Release », morceau sans autre prétention que de conclure l’album. Ça met du temps à démarrer, puis ça devient pas mal du tout, mais c’est à prendre pour ce que c’est : un gros panneau « The End ».

 

« The End ? »

 

Meuh non, car il y a le deuxième disque ! Et c’est tant mieux. Parce que, pour être franc, si l’on s’arrêtait au premier, LCD Soundsystem serait juste un bon album, voire un très bon album (si on s’est levé du bon pied). Mais c’est grâce au second disque (dont cinq des sept pistes avoisinent chacune les huit à dix minutes…), à mon sens bien meilleur que le premier, que l’album devient excellent, et même, autant le dire, exceptionnel.

 

On attaque en force avec la meilleure des introductions, le tout simplement parfait « Losing My Edge » (NB : le morceau sur l’album est en gros deux fois plus long que sur le clip ; ce qu’il gagne ici en intensité, il le perd en caractère hypnotique – ce qui est tout de même un comble ! – et en humour…). Un riff de basse génial, des paroles à hurler de rire, une fausse simplicité dans toute sa splendeur… Le premier single du groupe était déjà un coup de maître.

 

Deuxième coup de maître avec l’excellent « Beat Connection », long morceau house qui prend son temps pour s’installer (pour notre plus grand plaisir), porté par un pied monstrueux (très Daft Punk, tiens, justement), avant un finale hystérique et encore une fois assez drôle.

 

Suit « Give It Up », un morceau plus electro-punk, efficace, mais sans plus. On passera assez rapidement dessus, de même que sur le rigolo « Tired », ultra-punk au son tout pourrave : « I DON’T NEED NO ROCK’N’ROLL !!! »

 

Mais retournons aux choses sérieuses.

 

Très sérieuses.

 

Chut.

 

Taisez-vous, et admirez Dieu dans ses œuvres.

 

« Yeah (Crass Version) ».

 

LE Morceau Parfait.

 

Une basse délicieusement disco, chaloupée, groovy au possible ; une rythmique jouissivement sale ; des claviers discrets mais précis ; et tout cela qui se mue insidieusement, au fil des « yeah, yeah, yeah », en une acid house grasse et hystérique, infinie, interminable (et drôle, là encore).

 

La perfection faite dance-punk.

 

L’archétype.

 

Le Morceau.

 

La Pierre Philosophale, qui transmute les infirmes en danseurs, les tapisseries en dancefloors, les guéridons en boules à facettes.

 

Dieu, dans ses œuvres.

 

Non, non, non, non non non non non, je ne m’en lasserai JA-MAIS ! JA-MAIS, VOUS M’ENTENDEZ ! JA-MAIS !!! AH AH AHAHAHAH !!!

 

...

 

(Le pire, c’est que je sais très bien que vous serez nombreux à ne pas du tout aimer ce morceau ; mais je m’en fous, moi je kiffe à donf’ dans la drepou.)

 

 

Suit une autre version du même morceau, plus longue, et baptisée « Yeah (Pretentious Version) ». Longtemps, devant la puissance de la « Crass Version », je n’ai pu que trouver celle-ci un peu fade… Erreur, grave erreur ! Si je continue de la mettre un petit cran en-dessous, parce que bon, merde, j’ai néanmoins appris à aduler également cette version-ci, d’une complexité effarante au fur et à mesure que le morceau progresse. De la belle ouvrage, assurément.

 

Et l’album de se conclure en beauté sur un autre grand morceau avec « Yr City’s A Sucker (Full Version) », particulièrement hypnotique et très drôle. Une conclusion bien vue, pour un album exceptionnel à tous points de vue.

 

Alors, quand je vous dis que James Murphy est Dieu et que LCD Soundsystem est le plus grand groupe du monde, vous me croyez maintenant ?

 

Bien.

 

 

Faudra que je vous cause de Sound Of Silver, un de ces jours. Voire de 45:33.

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"Fantasy Black Channel", de Late Of The Pier

Publié le par Nébal

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LATE OF THE PIER, Fantasy black channel.

 

Tracklist :

 

CD 01 (Album) :

01 – Hot Tent Blues

02 – Broken

03 – Space And The Woods

04 – The Bears Are Coming

05 – Random Firl

06 – Heartbeat

07 – Whitesnake

08 – VW

09 – Focker

10 – The Enemy Are The Future

11 – Mad Dogs And Englishmen

12 – Bathroom Gurgle / (Ghost track :) No Time

 

CD 02 (Bonus Tracks) :

01 – Very Wav

02 – Focker (Rolmops Remix)

03 – The Bears Are Coming (Emperor Machine Remix)

 

Chose promise, chose due. Après la déprime et l’hystérie de Venetian Snares, voilà que je vous cause du deuxième album qui m’a accompagné lors de mes deux derniers séjours en clinique, et le moins que l’on puisse dire est que l’on joue ici dans une tout autre catégorie. Late Of The Pier est en effet de ces groupes de pop anglaise (pour faire simple) que j’affectionne d’autant plus qu’ils se montrent crétins et enthousiasmants. Et ici, dans le genre, c’est pas mal du tout, comme j’espère vous le démontrer.

 

Adonc, Late Of The Pier est un groupe formé « officiellement » en 2001, mais de manière plus réaliste en 2005, et composé de quatre jeunes couillons britanniques : Samuel Eastgate aka Samuel Dust, Andrew Faley alias Francis Dudley Dance, Sam Potter dit Jack Paradise, et enfin Ross Dawson ou Red Dog Consuela. Quatre jeunes couillons d’Anglais, donc, élevés au post-punk et à la new wave, et qui ont vu sur scène des groupes tels que Bloc Party, Franz Ferdinand ou les Scissor Sisters. Et ça se sent dans leur musique.

 

Comment la qualifier, dès lors ? Devant ce déferlement de synthétiseurs et l’énergie dégagée par leur musique, et la chronologie faisant en outre mal les choses, la presse anglaise s’est empressée de comparer Late Of The Pier aux Klaxons, et, elle qui raffole des étiquettes à la con, ne s’est donc bien évidemment pas gênée pour parler de « nu-rave ». Yeurk. Pour ma part, je m’inscris en faux, d’autant plus que je n’ai pas vraiment (voire pas du tout) accroché aux Klaxons, alors que Late Of The Pier m’a immédiatement parlé ; alors on pourrait peut-être s’en tenir tout simplement aux vieilles étiquettes, celles de pop anglaise, de synth-pop, ou de post-punk, voire de disco-punk ou dance-punk, éventuellement (même si les aspects pop l’emportent largement sur les aspects punk, à quelques rares exceptions près)… Mais après tout, hein, et une fois de plus, on s’en cogne un peu… et de toute façon, je vais vous laisser quelques liens pour pouvoir en juger par vous-mêmes.

 

Il est en tout cas une chose de certaine, qui explique à mes yeux le succès de Late Of The Pier et de leur premier « véritable » album Fantasy Black Channel : c’est son côté « album de pop à l’ancienne » ; j’entends par-là qu’il s’agit d’une véritable compilation de singles tous plus efficaces les uns que les autres, déjà bien rodés, et non d’un album construit autour d’une ou deux pistes bien efficaces, avec une dizaine de déchets pour combler et atteindre péniblement la durée d’un LP. Là, non : sur l’album, si tout n’est pas extraordinaire – et je dirais même, ne nous emballons pas après tout – si rien n’est extraordinaire (ça ne révolutionne rien, hein), tout est cependant au moins bon, au mieux très bon, voire excellent. Rien à jeter, ce qui est déjà pas mal (je parle de l’album, hein ; pour ce qui est des bonus, on aura l’occasion d’y revenir…). Les membres du groupe qualifient eux-mêmes leur album tantôt comme le « best of des cinq dernières années » ou comme « le best of de notre enfance » ou encore comme « le best of de Late Of The Pier qui essaie d’écrire des chansons ». C’est exactement ça, mais moi, pour le coup, je trouve ça plutôt positif, surtout dans la mesure où l’album reste cohérent et homogène du début à la fin, que ce soit dans les compositions ou dans la production.

 

Décortiquons donc. On ne s’attardera pas sur « Hot Tent Blues », simple petite introduction, qui ne fait que préparer le terrain à « Broken ». Un morceau sympathique et efficace, mais pas encore totalement convaincant ; en effet, avec un son moins électronique, c’est le genre de morceaux que l’on s’attendrait à trouver sur n’importe quel album d’un bon groupe de pop anglaise récent, disons par exemple Franz Ferdinand. Late Of The Pier livre donc ici un morceau correct, mais sans révéler pleinement son potentiel.

 

À mes yeux, ou plutôt mes oreilles, l’album commence véritablement avec « Space And The Woods » (N.B. : le clip est plus court que le morceau de l’album d’une minute environ : ça édite sévère et le thème principal revient beaucoup plus souvent ; pour ma part, je préfère largement la version de l’album…) ; si les paroles sont étrangement morbides, la musique est par contre joyeusement débile et enthousiasmante, avec des relents de ce que les années 1980 ont pu donner de pire, mais repris ici pour le meilleur. Un vrai tube de synth-pop, à l’efficacité redoutable.

 

Et on enchaîne immédiatement sur un deuxième tube, dans un genre tout à fait différent, avec « The Bears Are Coming », morceau très groovy, où l’électronique, plus moderne cette fois, prend résolument les devants, pour un résultat finalement très original et en définitive jubilatoire. À la première écoute, c’est sans conteste le morceau qui m’a le plus marqué, même si je suis revenu sur cette opinion depuis.

 

Suit « Random Firl », un morceau d’un cran inférieur, mais qui fait partie de ces ritournelles pop si efficaces qu’on se prend à les chantonner immédiatement, et qui donnent l’impression qu’on les a toujours connues. Pas si mal, donc...

 

Mais vous me permettrez d’y préférer le – à nouveau – tubesque « Heartbeat » (NB : clip édité pour cause de gros mots, grmbl...), avec son refrain irrésistiblement discoïde. Très efficace, et de quoi donner envie de remuer du popotin au plus coincé des paraplégiques.

 

Avec « Whitesnake », on passe clairement au moment le plus punkifié de l’album, et ça défoule agréablement, sans que la mélodie ne passe à la trappe pour autant. Du beau boulot.

 

Suit le bref instrumental « VW », qui sonne très Pixies. Fort sympathique. À en croire Wikipédouille, ce serait la plus ancienne composition du groupe, mais je n’en suis pas certain : je me demande s’il n’y a pas là une confusion avec « Very Wav » (voir plus bas)... ?

 

Et un tube de plus, un ! « Focker », ou la synth-pop à son meilleur ; le refrain est incroyablement entêtant, le tout d’une efficacité redoutable, et le final techno tout à fait appréciable.

 

« The Enemy Are The Future », ensuite, est tout d’abord un morceau rigolo, sans plus, mais dont la fin technoïde est des plus sympathiques, et rattrape un peu le reste ; dommage qu’elle s’achève aussi brutalement…

 

Quant à « Mad Dogs And Englishmen », c’est un bon morceau, pas de doute là-dessus, mais on peut lui adresser le même reproche qu’à « Broken » : on l’imaginerait aisément sur tout autre album de pop, et c’est un peu dommage…

 

Heureusement, en guise de conclusion, il y a bien mieux, avec le très bon, très rétro, très kitsch et très glam « Bathroom Gurgle » (NB : clip édité pour cause de gros mots, grmbl...), qui m’a personnellement beaucoup fait penser à David Bowie… et au Rocky Horror Picture Show. Si. Tout à fait réjouissant.

 

 

Enfin, quand je disais « conclusion », pas tout à fait, puisqu’il y a une ghost track, intitulée « No Time », petite ballade sans grand intérêt. On passe.

 

 

Et on fera de même en gros pour les bonus de l’édition limitée, parce qu’ils ne valent pas grand chose. Il y a tout d’abord « Very Wav » (au son très « démo »), que je soupçonne d’être la première composition du groupe, et dans laquelle on retrouve le thème de « Random Firl ». Plutôt chiant.

 

Suit une escroquerie pure, « Focker (Rolmops remix) », puisqu’il s’agit simplement de « Focker » passé à l’envers, ce qui donne le plus souvent une pure cacophonie sans intérêt. À l’époque de Madchester, les Stone Roses nous avaient déjà plus ou moins fait le coup, mais avec plus d’astuce et meilleur goût, tout de même…

 

Finalement, la seule chose à sauver de ces bonus, c’est « The Bears Are Coming (Emperor Machine Remix) », version techno/house de « The Bears Are Coming » de 9:22 min. C’est évidemment beaucoup moins percutant que l'original, mais la basse est sympa, et ça s’écoute…

 

 N’empêche que si l’on fait l’impasse sur ces quelques réserves finales, l’album, lui, est bel bien une réussite. Entendons-nous bien : ça ne révolutionne rien, et ça n’a rien d’indispensable. Mais c’est indéniablement efficace et enthousiasmant ; en tout cas, sur moi, ça a très bien marché. Bref, si vous cherchez de la pop anglaise légère et un minimum inventive, un brin couillonne et entraînante, chercher du côté de Late Of The Pier pourrait être une bonne idée…

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"BlueBob", de BlueBob

Publié le par Nébal

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BLUEBOB, BlueBob.

 

Tracklist :

 

01 – 9-1-1

02 – Rollin’ Down (To My House)

03 – Thank You, Judge

04 – I Cannot Do That

05 – Factory Interlude

06 – Blue Horse

07 – Bad Night

08 – Mountains Falling

09 – Go Get Some

10 – Pink Western Range

11 – Marilyn Monroe

12 – City Of Dreams

 

Ça me troue un peu le cul de commencer cette chronique par un tel lieu commun, mais le fait est que les cinéastes ont de tout temps entretenu des rapports variés avec la musique de leurs films. Si certains semblaient s’en foutre royalement, ce n’était heureusement pas le cas de tous. À partir de là, il me semble que l’on peut distinguer trois tendances majoritaires – non-exclusives – chez ceux qui, partisans du cinéma comme « art total », accordent une attention certaine à la bande-originale de leurs films : il y a ceux qui, tel Stanley Kubrick le plus souvent (mais pas toujours), puisent dans la musique préexistante ; il y a ceux qui, tels Charlie Chaplin ou John Carpenter plus récemment, composent eux-mêmes la musique de leurs films ; enfin, il y a ceux qui s’offrent les services d’un compositeur « attitré » (et on pourrait ici citer bien des duos : là, par exemple, juste en regardant ma discothèque, Alfred Hitchcock – puis Brian DePalma, comme de bien entendu… – et Bernard Herrmann, Sergio Leone et Ennio Morricone, Steven Spielberg et John Williams, David Cronenberg et Howard Shore, Tim Burton et Danny Elfman, Takeshi Kitano et Joe Hisaishi, Hideo Nakata et Kenji Kawai, etc.).

 

Mais, comme je l’ai déjà précisé, ces tendances ne sont – heureusement – pas exclusives : Kubrick a eu recours à de la musique originale, Carpenter a laissé la place à Ennio Morricone pour la B.O. de The Thing, et les « couples » d’artistes ont connu de nombreuses infidélités : Herrmann et Hitchcock se sont séparés en très mauvais termes après Pas de printemps pour Marnie, Howard Shore a fait la B.O. du très bon Ed Wood de Tim Burton en lieu et place de Danny Elfman, etc.

 

Et David Lynch, dans tout ça ? La question se pose d’autant plus que le monsieur, on le sait, attache une attention toute particulière à la bande-son de ses films (si je ne m’abuse, Michel Chion a pas mal écrit là-dessus). À qui en douterait, je suggèrerais de (re)voir l’éprouvant mais splendide Eraserhead, superbe film « industriel » (peut-être le sommet du genre avec le Tetsuo de Shinya Tsukamoto), dont la bande-son, remasterisée tant qu’à faire, est, avec celle de THX 1138 (remasterisée THX tant qu’à faire – et merci monsieur Walter Murch) la plus phénoménale qu’il m’ait été donné d’entendre dans un film (si quelqu’un a mieux, je suis preneur).

 

Eh bien, Lynch est un peu à la croisée des chemins : il a régulièrement utilisé de la musique préexistante (voyez – pardon, écoutez – l’excellente bande originale de Lost Highway, produite par Trent Reznor, s’il n’en faut qu’un seul exemple), a depuis Blue Velvet un « compositeur attitré » en la personne d’Angelo Badalamenti… et, de temps à autre, met lui-même la main à la pâte, ainsi sur quelques pistes des excellentes B.O. de Twin Peaks – Fire Walk With Me et Mulholland Drive.

 

D’où la sortie en 2001 de ce BlueBob, signé BlueBob, c’est-à-dire David Lynch et John Neff. Un projet qui n’a pas eu de suite pour le moment, mais, sait-on jamais… ? Quant à dire à quoi cela ressemble… Eh bien, euh… Le mieux, comme d’habitude, sera de vous laisser en juger par vous-mêmes ; mais pour ma part, je qualifierais ça de « blues dub industriel ». Et franchement, ça sonne bien à mes oreilles décadentes… Guitares saturées lentes et grasses, batterie et/ou boites à rythmes minimalistes, ambiances lourdes et moites, bruits de machines, musique répétitive, voix trafiquées… mmmh… miam !

 

Mais commençons à décortiquer. L’album s’ouvre sur le très bon « 9-1-1 », qui donne le ton… tout en étant dans l’ensemble bien plus rythmé que la majorité de ce qui va suivre. Mais le son, l’atmosphère sont déjà là. Et sur moi, ça marche très bien.

 

Après quoi l’on passe à « Rollin’ Down (To My House) », encore assez rythmé. Une suite logique de ce qui précède. On reste dans la même veine, avec peut-être une touche industrielle plus prononcée, et à l’occasion une très vague touche country. Et des paroles d’une naïveté confondante…

 

« Thank You, Judge » (morceau pour lequel, paraît-il, Lynch avait tourné un clip avec lui-même, John Neff, Naomi Watts et Eli Roth ; je n’ai hélas pas pu mettre la main dessus…) ralentit la cadence, et accentue la dimension bluesy et grasse de la musique de BlueBob, pour un résultat très efficace.

 

Suit le premier morceau à m’avoir véritablement scotché, sans surprise, puisque, avec « I Cannot Do That », on est dans de l’indus pur et dur, machines à l’appui. Noir, gras, lourd… parfait. On expédiera par la même occasion le très bref « Factory Interlude » qui suit, simple transition.

 

On passe ensuite, avec « Blue Horse », aux morceaux plus « dub » de l’album. Un long instrumental, très planant, et une vraie réussite.

 

Mais ce n’était qu’une pause avant un retour au blues le plus lourd et crade que l’on puisse imaginer, avec « Bad Night ». J’adore.

 

Suivent deux morceaux que vous connaissez sûrement même si vous n’avez pas écouté BlueBob… pour la bonne et simple raison qu’ils figuraient déjà dans la bande originale de Mulholland Drive ; deux perles en leur genre, à nouveau relativement « dub » : « Mountains Falling » (le plus long morceau de l’album), puis le très bel instrumental « Go Get Some ».

 

Après ces longues errances dans les ténèbres, « Pink Western Range » accélère subitement le rythme… mais, on l’avouera, sans laisser un souvenir impérissable.

 

On lui préférera le chaloupé et naïf « Marilyn Monroe ». Allez, tous en chœur :

 

Marilyn

Monroe

Marilyn

Monroe

Marilyn

Monroe

I love you

I love you so

 

Et de conclure sur un « City Of Dreams » assez bruitiste, mais plus ou moins convaincant sur la durée.

 

Cela dit, si l’on excepte ces quelques réserves finales, BlueBob est bel et bien un album tout ce qu’il y a de sympathique, et qui a surtout pour lui cette qualité rare : celle d’être assez unique en son genre ; difficile en effet de trouver quoi que ce soit qui ressemble véritablement à BlueBob. En ce qui me concerne, c’est là un atout de taille.

 

C’est à croire que ce monsieur Lynch a tous les talents !

 

Et en plus, il est beau.

 

 C’est trop injuste.

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Contre-jours (1)

Publié le par Nébal

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