"Disco Flesh : Warp 99", de Punish Yourself
PUNISH YOURSELF, Disco Flesh : Warp 99.
Tracklist :
01 – Radio Jazz 99
02 – (Let’s Build) A Station In Space
03 – Sexy
04 – Suck My T.V.
05 – Blast Off Siddharta Junkie
06 – No One To Talk With
07 – Atomic Alarm Broadcast
08 – Night Of The Hunter
09 – Enter Me Now
10 – Criminal
11 – Old Brother Left Hand
12 – Night-Club
13 – Enter Me Now (Collapse Remix)
14 – Night-Club (The Dead Sexy Inc. Remix)
Tiens, j’ai envie de faire dans le local, là. Dans le toulousaing. Mais pas compromettant pour autant. Parce que, messieurs dames, ce Disco Flesh : Warp 99, deuxième album de Punish Yourself, est bel et bien à mes oreilles un grand, un très grand album. C’est celui par lequel j’ai découvert le groupe, et cela reste encore aujourd’hui, en ce qui me concerne, ce qu’ils ont fait de mieux. Les sentiments, me direz-vous… Oui, mais non : si la production et l’écriture sont incomparablement supérieures au premier Feuer Tanz System, il y a ici une patate, une spontanéité, que nos chers cyberpunks fluorescents n’ont que trop rarement retrouvé par la suite (même si, allez, il y eut bien quelques exceptions). Non, je maintiens : ce deuxième album reste à mon avis le meilleur du groupe.
C’est semble-t-il l’album qui a fait connaître Punish Yourself à un large public, au-delà de la seule scène locale, et il aurait été aujourd’hui réédité dans le double album Crypt 1996-2002. Aussi, vous savez ce qu’il vous reste à faire… Je crains, par contre, de ne pas pouvoir vous en fournir beaucoup d’extraits, ça manque un peu sur Youtube. Faudra faire sans… Et on avouera aussi que le meilleur moyen de découvrir Punish Yourself reste le live… ou du moins que c’était le cas à l’époque, je dois dire que ça fait un bail que je ne les ai pas vus.
Adonc, Punish Yourself. À l’époque de l’enregistrement, cinq membres : Miss Z, P.FX, vx 69, Bud et P-RLO. Tout peinturlurés de matières fluorescentes sur scène, ils trahissent leur engouement pour Ministry en jouant à leur tour derrière une grille (qui, généralement, ne fait pas long feu…). Et on sent, oui, que ces gens-là ont beaucoup écouté Ministry dans leur jeunesse, et sans doute aussi KMFDM. Et probablement Nine Inch Nails et Marilyn Manson, période pré-soupe. Et d’autres choses encore, qui vont des Stooges à la techno hardcore en passant par Skinny Puppy. Et ils ont fusionné tout ça pour obtenir un son bien à eux, référencé certes, quelque part entre metal indus et techno-punk. Un son qui fait des ravages, en particulier sur ce deuxième album à la production ma foi fort bien léchée pour un petit produit de la scène locale.
Quant au programme affiché, il est clair et net : sexe, drogues et rock’n’roll, avec en prime une bonne grosse louche de cinéma (bis essentiellement, mais pas que, comme on aura l’occasion de le voir).
On passera rapidement sur l’inévitable intro « Radio Jazz 99 », de toute façon très brève, pour passer de suite aux choses sérieuses.
Et les choses sérieuses, c’est un gros tube d’entrée de jeu, avec « (Let’s Build) A Station In Space »… « to fuck by zero gravity », bien sûr. Un véritable hymne du genre, simple et efficace. À l’époque, quand je faisais découvrir l’album à mes potes, je faisais un test : je mettais la piste sans les prévenir, et j’observais ; résultat des courses : 100 % de headbanging dès que les grosses guitares déboulent. Ce qu’on appelle une belle réussite. (NB : sur l’édition originale de Disco Flesh : Warp 99, il est fait mention d’une « plage-rom video clip » pour ce morceau, mais elle n’a à ma connaissance jamais existé ; je ne sais pas si cette erreur a été corrigée sur Crypt 1996-2002, ni si le clip correspond au lien que je vous ai donné… dont le son est par ailleurs un peu pourrave, et vous m’en voyez désolé.)
On enchaîne sur « Sexy », morceau qui s’ouvre sur un sample d’Atomic Café, et se montre bien plus lent et autrement plus calme (si l’on excepte son réjouissant finale au riff en béton armé) ; on pense beaucoup à Nine Inch Nails (la bonne époque) ou à Marilyn Manson (période pré-soupe, disais-je). Assez puissant, et efficace.
Avec « Suck My T.V. » (le bien nommé) et son introduction hilarante, on ré-accélère le rythme, pour un morceau qui tatane bien là où ça fait mal, et se montre on ne peut plus explicite. On pense cette fois beaucoup à KMFDM. On notera un très beau passage technoïde sur le tard, avant un dernier refrain furibond.
« Blast Off Siddharta Junkie » joue longtemps dans une tout autre catégorie, plus electro-indus à la Skinny Puppy ou plus encore Front Line Assembly, voire EBM à la Front 242... mais c’est sans compter un finale dantesque qui fait rugir les guitares industrielles, avant d’être relayées par une basse groovy en diable. Sehr gut.
Avec « No One To Talk With », on en revient plus directement au bruit et à la vitesse, cette fois sur des rythmiques breakbeat du plus bel effet, et qui autorisent un très chouette intermède vraiment très très groovy. Surprenant, mais indéniablement miam. Une belle montée, une fausse fin, et ça repart de plus belle. Bien, bien, bien.
« Atomic Alarm Broadcast » n’est pas un morceau, mais un simple sample (simple sample, ça sonne, ça...) de transition, emprunté au fameux Duck and cover!, et autant dire encore une fois à Atomic Café.
Transition vers le très bourrin (et tout juste cinématographique ; on ne sait pas ce qu’en penserait Charles Laughton…) « Night Of The Hunter », réjouissante pochade qui va chasser sur les terres du hardcore le plus barbare. Très efficace, et, mazette, ça défoule.
Du coup, on calme un peu le jeu avec « Enter Me Now » (qui débute, si je ne m’abuse, sur un sample emprunté à Faster Pussycat! Kill! Kill!), et, je cite, « contient des éléments de Fucking Place, compo remontant à la première formation de P.Y. ». Sans doute rien d’étonnant, dès lors, à ce que ce morceau soit bien plus calme, en dépit de sa note d’intention (« Welcome to violence! »), que tout ce qui a précédé. On pense un peu à Skinny Puppy. Les riffs sont sympathiques, la cacophonie ambiante de même, mais le niveau baisse tout de même un petit peu…
Suit le plus speed « Criminal », dont la basse, je trouve, donne de faux airs de White Zombie période Astro-Creep 2000 (tiens, faudrait peut-être que je le chronique, celui-là…). Pour le reste, c’est un morceau assez punk basique, qui ne va pas chercher bien loin. De même que « Enter Me Now », il laisse un peu sur sa faim, après l’excellence des premiers titres de l’album. Ce n’est pas mauvais, non, mais pas génial non plus…
Heureusement, le niveau remonte par la suite, tout d’abord avec le très chouette instrumental « Old Brother Left Hand » (nouvelle référence à La Nuit du chasseur, dont la plus fameuse des scènes se retrouve samplée), big beat et groovy, presque neo-metal par certains côtés, mais, rassurez-vous, ne négligeant ni l’électronique saturée ni la cacophonie propres (non, sales !) au genre qui nous intéresse. Très efficace et bien vu.
Et l’album à proprement (non, salement !) parler de s’achever sur un « Night-Club » très bourrin, mêlant breakbeat et hardcore, comme une sorte de croisement bâtard et mal élevé entre Ministry, Slayer et Atari Teenage Riot. Jouissif.
Restent encore deux remix pour achever totalement la galette et les oreilles des voisins. Commençons par « Enter Me Now (Collapse Remix) », en rappelant que Collapse, c’était pas mal du tout. Bon, comme on l’a vu, le morceau choisi pour le remix n’est sans doute pas un des meilleurs de l’album, mais, après tout… On retrouve bien le côté tribal de Collapse, et ça, c’est bien. Le morceau est un peu plus sale, et ça, c’est bien aussi. Du coup, le remix est à n’en pas douter meilleur que l’original, mais on avouera qu’il ne laisse pas pour autant un souvenir impérissable.
Il en va tout autrement pour « Night-Club (The Dead Sexy Inc. Remix) » (sachant que The Dead Sexy Inc., c’est ehb de LT-NO – il faudra que je vous cause de Global Cut un de ces jours – et Steph de Prime Time Victim Show – et il faudra que je vous cause de Prime Time Victim Show un de ces jours) : là où l’original était une réjouissante bourrinade, le remix est une expérimentation imbitable et chiante, sans grand intérêt. On passe. Tant pis.
N’empêche que. En dépit de deux morceaux moyens sur le tard, et d’un remix inutile, Disco Flesh : Warp 99 est bel et bien un excellent album de metal indus ou de techno-punk (choisis ton camp, camarade… si tu juges ça vraiment nécessaire…). En ce qui me concerne, il n’a pas pris une ride, et reste le meilleur album du groupe.
…
Même si, quand je dis ça, je suis un peu de mauvaise foi.
Je m’explique : je n’avais pas du tout, mais alors pas du tout, aimé Gore Baby Gore. Et je n’ai donc pas cherché à écouter ce que le combo a fait par la suite. Si ça se trouve, le niveau est remonté… Mais comme il était déjà descendu d’un cran avec Sexplosive Locomotive pour dégringoler avec le suivant, j’avoue, moi le pessimiste de nature, ne plus y avoir cru, tout simplement. J’espère m’être trompé. Si quelqu’un peut me persuader de mon erreur, ma foi, je lui en serais grandement reconnaissant. Mais j’avoue : j’ai du mal à y croire…
Alors j’en reste à cet album-là. Une valeur sûre, comme on dit.