Pub copinage : "La Bible et le Coran"
La Bible et le Coran. De Moïse à Jésus et Mahomet. Les plus grands textes, Paris, Le Nouvel Observateur / CNRS Éditions, coll. L’Anthologie du savoir, 2010, 780 p.
Hop.
La Bible et le Coran. De Moïse à Jésus et Mahomet. Les plus grands textes, Paris, Le Nouvel Observateur / CNRS Éditions, coll. L’Anthologie du savoir, 2010, 780 p.
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God Of War: Ghost Of Sparta(PSP)
LE TRUC AVEC LES SPARTIATES C’EST QUE C’EST PAS FACILE DE SE RETENIR DE HURLER ! MAIS BON, UN COMPTE RENDU ENTIER COMME ÇA, ÇA RISQUERAIT D’ÊTRE FATIGUANT, ALORS JE VAIS FAIRE UN EFFORT !
Broumf.
Adonc. En temps normal, mes habitudes de joueur me portent plutôt vers des jeux un tantinet, euh, « cérébraux ». Des jeux de stratégie, de gestion, des jeux de rôles… Des jeux où l’on prend le temps de réfléchir à ses actes, et où l’on essaye de faire fonctionner un minimum ses neurones.
En temps normal.
Mais des fois, une bonne grosse bourrinade, y’a pas, ça fait du bien. Ça défoule. Et là, les God Of War se posent là. Ne serait-ce que parce que ce sont des jeux à la réalisation et à la prise en main exemplaires.
Je n’ai pas pratiqué les consoles de salon depuis ma vieille Megadrive (c’est dire si ça remonte), et ne peux donc parler en connaissance de cause des fameuses consoles next gen. Mais, de temps à autre, je m’accorde une petite pause sur ma PSP, achat que je ne regrette pas, ma foi. Et, parmi les titres qui m’avaient collé une grosse baffe sur la portable de Sony, il y avait le kolossal God Of War: Chains Of Olympus, spécialement développé par Ready At Dawn pour ladite console. Un jeu phénoménal, d’une plastique extraordinaire ; je n’en revenais tout simplement pas que quelque chose d’aussi beau puisse tourner (qui plus est sans le moindre temps de chargement, défaut pourtant récurrent de la PSP) sur une si petite machine. C’était tout simplement bluffant. Alors, certes, le, aheum, « scénario » était con comme la pluie, et le jeu, en mode « mortel », se finissait en quelques heures à peine, mais quel plaisir ! Jubilatoire de la première à la dernière seconde.
Las, la rumeur disait que Ready At Dawn ne développerait pas d’autres titres sur PSP, et qu’il n’était donc pas envisageable d’attendre un nouvel opus de la saga de Kratos. Snif…
Et puis, voilà quelques mois de ça – il faut dire que je ne me tiens pas du tout au courant de l’actualité des jeux vidéos –, j’ai appris à peu près en même temps qu’allaient sortir en gros dans les mêmes eaux deux titres qui me faisaient saliver d’avance : Patapon 3 (c’est pour très bientôt, je vous en causerai peut-être ; voilà un autre exemple, dans un tout autre genre, de jeu con et jouissif)… et God Of War: Ghost Of Sparta. Oui, un nouveau God Of War. Et visiblement en grande pompe, puisque – à ce que j’ai cru comprendre – destiné à accompagner le lancement de la nouvelle version de la PSP.
Wha.
Évidemment, dès que j’ai eu un peu de sous de côté (c’est-à-dire pas tout de suite…), je me suis jeté sur la bête. Et, évidemment, dès que j’ai eu un peu de temps libre (c’est-à-dire encore moins tout de suite…), je me suis empressé d’y jouer.
Ayé, fini (en mode « mortel », hein ; le reste, ça sera pour plus tard). L’heure est au bilan.
On passera très rapidement sur le « scénario », comme d’habitude passablement pourri (même si peut-être un poil moins que celui de Chains Of Olympus), et qui malmène allègrement tant la mythologie que l’histoire grecques (mais bon, on n’est pas là pour un cours, on est là pour botter des culs). Kratos, le Fantôme de Sparte, toujours obsédé par le meurtre qu’il a lui-même commis de sa femme et de sa fille – ce sont leurs cendres qui donnent perpétuellement à sa peau ce teint si charmant –, est devenu le dieu de la guerre après avoir massacré sa vilaine petite gueule à Arès. Mais son passé recèle encore bien des mystères. Voilà que des visions de sa mère l’appellent en Atlantide, le royaume de Poséidon. Souvenirs, souvenirs : Kratos avait un frère, Deimos, qui fut enlevé par les Olympiens, craignant l’oracle annonçant leur perte de la main de ce Spartiate « marqué », et qui fut ensuite remis à Thanatos, le dieu de la mort. Le reste coule de source…
Ah, et, à propos de couler, vous vous demandiez pourquoi l’Atlantide avait été submergée ? Ben maintenant vous le savez : c’est que Kratos (c’est-à-dire vous) est passé par là… Autant dire que ce soft nous promet du grand spectacle.
Oh, là, oui.
En fait, je crois même que les développeurs de Ready At Dawn ont réussi l’impossible : Ghost Of Sparta me paraît encore plus beau, encore plus sidérant que Chains Of Olympus. Pourtant, y’avait du boulot… Mais les séquences belles à pleurer abondent dans ce jeu qui se veut avant tout un grand spectacle, une grosse baffe visuelle et sonore. Les séquences « navales », notamment, m’ont tout particulièrement bluffé, mais le reste est à la hauteur. Un exemple valant sans doute mieux qu’un long discours, voici une vidéo des (en gros) quinze premières minutes de jeu ; vous avouerez qu’on en prend plein les mirettes, et que c’est assez stupéfiant de voir un tel rendu sur une console portable…
Voilà pour le spectacle. Rien que pour ça, Ghost Of Sparta vaut le coup. Mais le jeu ? Ici, je serais plus réservé, même si moins sévère que beaucoup (le jeu ayant été beaucoup attendu, il a un peu déçu, semble-t-il…). Rassurez-vous : si le soft, là encore, se finit assez rapidement en mode « mortel » (quoique moins vite que Chains Of Olympus, j’ai l’impression), il procure quelques heures de plaisir intense ; on s’éclate toujours autant à tataner du sac de sang, à trancher, éviscérer, décapiter, démembrer, désosser, j’en passe et des meilleurs (oui les pitinenfants : c’est assez gore, ça va vous plaire). Cela dit, le jeu se montre tout de même incomparablement moins riche que son prédécesseur : en effet, les énigmes sont beaucoup, mais alors beaucoup moins nombreuses (et compliquées ; déjà qu’il n’y en avait pas des masses et qu’elles n’étaient pas bien dures…), le jeu se focalisant vraiment sur l’action à tout crin, et, parallèlement – chose très regrettable, j’ai trouvé, et plutôt étonnante –, les événements contextuels (les « mini-jeux », si vous préférez) sont eux aussi beaucoup plus rares. Par contre, bizarrement, seul le côté le plus agaçant de ces événements a été conservé : à savoir qu’il se trouve de très nombreuses occasions où vous risquez de crever connement, pour ne pas avoir appuyé sur le bon bouton au bon moment… Ce qui, à la longue, peut s’avérer pénible.
Un jeu moyen, donc, mais on lui pardonne beaucoup, tant il reste fun, et, surtout, beau. Finalement, j’ai pour ma part pris le parti d’envisager les God Of War comme des sortes de « films interactifs » : la qualité exemplaire de leur réalisation ne rend pas cette désignation trop saugrenue, et l’on prend autant de plaisir à simplement regarder qu’à « jouer ». Aussi, peu m’importent, finalement, la relative brièveté du soft, et, même si je les regrette un peu – parce que cela participait indéniablement du spectacle dans Chains Of Olympus – les lacunes évoquées au paragraphe précédent.
En conclusion, je conseillerais donc ce jeu à ceux qui ont, comme moi, adoré Chains Of Olympus, et suggérerais aux néophytes de commencer par ce premier titre avant de tenter Ghost Of Sparta, si c’est bien la dimension la plus ludique qui les intéresse. Mais Ghost Of Sparta reste une acquisition tout à fait recommandable, qui défoule et en met plein la vue. Bref, ce qu’on attend d’un God Of War.
BON, SUR CE, JE VAIS ARRACHER QUELQUES TÊTES !
SIMAK (Clifford D.), Dans le torrent des siècles, [Time And Again], traduit de l’américain par Georges H. Gallet, Paris, J’ai lu, coll. Science-fiction, [1951, 1973] 1975, 312 p.
Une fois n’est pas coutume, je vais ouvrir ce compte rendu sur une banalité : j’ai déjà eu maintes fois l’occasion de dire du bien de Clifford D. Simak. En multipliant ici ou là les allusions à son chef-d’œuvre Demain les chiens, notamment, mais aussi en traitant de manière plus approfondie de Voisins d’ailleurs ou Au carrefour des étoiles. J’ai aimé, chez cet auteur du soi-disant « âge-d’or-de-la-science-fiction™ », ses fameuses atmosphères bucoliques, son profond humanisme (encore que le terme ne soit pas forcément bien choisi, mais voir plus bas), son imagination débridée enfin.
Voilà sans doute ce qui a attiré sur moi l’attention de quelque prosélyte bien intentionné, le fort sympathique Soleil Vert pour ne pas le nommer. J’ai en effet croisé un jour (et d’autres) le bonhomme dans une excellente librairie parisienne que nous ne nommerons pas pour ne pas lui faire de publicité (mais qui se situe 8 rue Riesener dans le 12e arrondissement), et nous avons (entre autres) causé de Simak. Là, ledit Soleil Vert n’a cessé de me faire l’article de son roman Dans le torrent des siècles, que j’ai appris plus tard avoir été le premier « véritable » roman de l’auteur. Finalement, n’y tenant plus, et semblant désireux de connaître mon avis sur la bête, il m’a tout simplement offert ledit roman. Alors Nébal dit merci, et c’est bien la moindre des choses que de commencer par là.
Adonc, Dans le torrent des siècles. Ce roman, c’est tout d’abord un pitch formidable, que je m’en vais tâcher de vous présenter (ce qui ne s’annonce pas facile, le roman étant foisonnant comme peu le sont). Nous sommes plusieurs millénaires dans le futur. L’humanité a essaimé à travers la galaxie. Partout, sauf sur 61 du Cygne, pour une raison inconnue. On y a envoyé il y a vingt ans de cela Asher Sutton afin de percer ce mystère. Mais à l’évidence Asher Sutton est mort…
Mais un soir, Christopher Adams, une sorte de super chef de la sécurité, reçoit la visite d’un étrange individu prétendant venir du futur, et lui disant qu’Asher Sutton va rentrer ; mais ce n’est pas tout : il demande qu’on l’abatte à vue… car il ne faut pas qu’il écrive un certain livre.
Or peu de temps après, Asher Sutton revient effectivement sur Terre, dans un vaisseau endommagé, sans carburant, sans air, sans vivres. Comment a-t-il fait pour survivre ? Mais est-ce seulement lui ? Ou plus exactement s’agit-il encore d’un humain ? Car il se pourrait bien qu’Asher Sutton soit mort depuis longtemps, en fin de compte…
Quoi qu’il en soit, le bonhomme se retrouve au centre d’un très complexe affrontement opposant des factions mystérieuses à travers l’espace… et le temps. Et la clé de l’énigme pourrait bien se trouver quelques siècles dans l’avenir… ou par une après-midi ensoleillée de juillet 1977, dans une ferme du Wisconsin.
Alléchant, non ? Moi, des pitchs comme ça, j’en redemande volontiers. C’est énigmatique à souhait, à l’évidence d’une richesse et d’une densité extrême – époque heureuse où les romans de science-fiction se montraient d’une inventivité phénoménale, plutôt que de pratiquer le tirage à la ligne contemporain, rhalala c’était mieux avant (faut que je fasse gaffe, à force de lire Simak, je pourrais moi aussi tourner réac !) –, bref, tous les ingrédients semblent réunis pour donner un très bon, un très grand roman de SF.
Donc Dans le torrent des siècles est un très bon, un très grand roman de SF.
…
Sauf que je me suis fait chier comme un rat mort à le lire.
Non, plus, en fait, vu que le rat, lui, au moins, il est mort.
(Oui, je sais, je l’ai déjà faite, celle-là.)
À cela essentiellement trois raisons : la première, et la plus flagrante, tient au style. Mondieumondieumondieu. C’est tout simplement ATROCE. Or, sans faire de Simak un grand styliste, je n’avais pas eu ce ressenti à la lecture de ses autres ouvrages, cités en tête de ce compte rendu ; donc, même si je n’exclus pas sa part de responsabilité – elle ne saurait faire de doute par endroits –, la faute en incombe probablement au traducteur, Georges H. Gallet, qui, m’est avis, a salopé le boulot. Et là, très franchement, c’était trop pour moi. Ado, j’aurais sans doute pu faire l’impasse là-dessus : c’était l’époque où, après tout, je n’attendais pas autre chose d’un livre qu’une bonne histoire – or l’histoire de Dans le torrent des siècles est dans l’ensemble très bonne (mais voir plus bas, cependant). Mais aujourd’hui, je ne peux plus. Nope. A pu possib’. Au risque de passer (une fois de plus) pour un traître à la Cause, je réclame de mes lectures science-fictionnelles un minimum de style ; et là, c’est peu de dire qu’on est très loin du compte : on est vraiment dans ce qui se faisait de pire en matière de traductions à l’arrache. Du coup, j’ai peiné, mais peiné sur ce livre, alors qu’il méritait sans doute bien mieux… Or, à ce que j’en ai vu sur la NooSFere, c’est toujours cette seule traduction qui est disponible aujourd’hui ; ben en voilà une qu’il serait bon de dépoussiérer…
La deuxième raison tient à l’histoire, et le pitch, dans toute sa richesse, vous en a peut-être déjà donné une idée : Dans le torrent des siècles est un « roman touffu à l’extrême, le plus vanvogtien de l'auteur (space opera doublé d’un time opera centré sur l’existence d’un super-héros qui, au départ, ne connaît ni l’étendue de ses pouvoirs ni le but ultime qui le motive inconsciemment) », pour reprendre les mots de Denis Philippe. Or vous savez dans quelle estime je tiens Van Vogt… Ben oui, difficile de prétendre le contraire : même si j’ai trouvé le pitch alléchant, il faudrait être le dernier des hypocrites (ou des aveugles) pour ne pas y voir des traits vanvogtiens. Et régulièrement, avec un frisson, je n’ai pu m’empêcher de penser au Monde des Ā, cet odieux machin « bâti » (?) sur un canevas finalement assez proche. Et, parfois, les reproches que j’adresse habituellement à Van Vogt m’ont semblé applicables à Simak dans ce roman : une certaine tendance au partage en couille, et, avouons-le, un côté super-héros à baffer chez Asher Sutton, qui fait plus qu’à son tour penser à Gilbert Gosseyn…
La troisième raison est propre à Simak. Et là, surprise : c’est son « humanisme » (en l’occurrence, ici, le terme n’est pas très bien choisi, sans doute, puisqu’il s’agit de dépasser l’humain et sa soi-disant « destinée manifeste » – le choix de ce dernier terme n’est bien évidemment pas innocent…) qui m’a saoulé. En temps normal, j’aime beaucoup l’humanisme simakien. Mais, cette fois, il en fait tout simplement trop, d’autant que le roman, en versant parfois dans la philosophie (de comptoir), tend à se montrer horriblement bavard. Ce qui nous vaut des pages et des pages de « réflexions » sur la « destinée » d’une niaiserie insupportable… que, si j’étais méchant, je dirais qu’un Bernard Werber pourrait les reprendre à son compte aujourd’hui ; heureusement que je ne suis pas méchant.
Reste quoi, alors ? Un pitch formidable, oui. Et, tout de même, quelques pages superbes – je ne parle bien évidemment pas du style, groumf… –, qui viennent remonter le niveau : sans véritable surprise, il s’agit essentiellement des scènes prenant place au XXe siècle, dans le Wisconsin rural cher au cœur de Simak. On ne fait pas exactement dans le progressiste, ici, tout cela sent fort le « retour à la terre » et peut donc asticoter les narines les plus sensibles, mais les faits sont là : c’est ici que Simak se montre à son meilleur.
Donc, tu m’en vois désolé, citoyen Soleil Vert, mais je ne peux pas prétendre avoir aimé Dans le torrent des siècles (même si je pense, encore une fois, que la traduction y est pour beaucoup). Je ne saurais donc non plus en recommander la lecture. Contemporain de ce roman, mieux vaut lire, et de loin, l’immense Demain les chiens. Il ne faudrait en effet pas rester sur une mauvaise impression à cause de Dans le torrent des siècles : je vais conclure sur une banalité, ainsi que j’ai commencé, mais Simak est bel et bien un grand auteur de « l’âge-d’or-de-la-science-fiction™ », et cette fausse note ne m’empêchera pas de poursuivre la découverte de son œuvre.