
Le ridicule ne tue pas ? Ben on va voir… Ce qui suit, à l’origine, était une commande (je n’ai pas pu l’achever à temps, pour diverses raisons), et était censément « érotique ». Perso, je trouvais que le porno, c’était plus rigolo. Et puis j’aime beaucoup Sade, alors… Sachant en outre que l’exercice est fort délicat, je voulais savoir si j’en étais capable ; c’est que le risque est grand, à écrire des scènes de boules, de sombrer dans le ridicule achevé… Bien évidemment, je ne sais toujours pas ce que ça vaut. J’ai fait tourner cette nouvelle auprès de plusieurs lecteurs (que je remercie tous), et les retours ont été très divers ; il y a eu à peu près autant de positif que de négatif… Je vous laisse donc juges. N’hésitez pas à me jeter des cailloux le cas échéant.
Il fallait qu’ils soient quatre, bien entendu.
Pour les deux premiers, pas de problème : Dieter et Michel se connaissent depuis des années, et ont sans doute développé ensemble le projet. Probable que c’est le publicitaire belge qui a le premier soulevé l’idée ; après tout, le bonhomme n’est pas sans culture, là où je n’imagine pas vraiment Dieter lire autre chose que ses webjournaux financiers. Michel Debruijn se pique même d’être un poète, mais, bon… disons que ses cours de marketing et son réel talent pour vendre de la soupe aux chômeurs n’en ont pas exactement fait un Baudelaire.
Ce type n’a de toute façon aucun goût. Même pour ce qui est des femmes. Avec son pognon, ce con pourrait avoir ce qui se fait de mieux, mais non, non, lui, y veut des grosses, des truies, comme lui, quoi. Monsieur aime carrer sa petite queue flasque dans des gros culs. Venez pas me sortir des trucs genre « callipyges », tout ça. Non, quand je dis « gros culs », c’est : « gros culs ». Et même des très gros culs. Genre à s’y noyer, à crever étouffé dans les bourrelets. Quand il nique, du coup, c’est à peu près aussi bandant qu’une partouze d’hippopotames, en plus bruyant et spongieux. Ça fait blob huileux.
Les goûts, les couleurs, d’accord. N’empêche, jamais compris ce que Dieter pouvait trouver à ce blaireau. Parce que, faut pas croire, à l’intérieur, c’est pas mieux. Sorti de ses séances de brainstorming, il est d’un con… Non, je vois pas.
Dieter, quand même, c’est autre chose. Ce type m’épate, franchement. La classe ultime, toujours, en costard dans les soirées branchouilles mais-prenez-donc-un-muffin, ou à poil en train de limer, pareil. Pourtant, je peux vous dire qu’un mec à poil, ça perd vite de son charisme, hein, j’en ai assez vus, je peux témoigner. Mais lui, non. Même à plus de cinquante piges. La classe ultime. Toujours. Même quand il balance la purée, il a pas l’air d’un con, et ça, c’est une performance. Non, y a pas : la rigueur germanique, c’est peut-être une idée reçue, mais, avec lui, ça colle.
Mais, faut dire, je suis peut-être pas objectif : ce type m’a toujours fasciné. Mais arrêtez vos conneries, je sais que vous, c’est pareil. Putain, DIETER GLASS, merde ! Le requin de la finance le plus vorace qu’on ait jamais vu. L’homme le plus pété de thune depuis que la thune existe. Sa gueule de star en photo partout, au volant d’une caisse à tomber, et/ou en train de tripoter la plus sublime pétasse tout juste majeure du moment, comme ça, tranquille. Et toi, tout pouilleux dans ton clapier pourri, tu vois ça et tu baves. C’est tout. Tu peux rien faire d’autre. Même pas gueuler que c’est trop injuste, parce qu’au fond de toi, tu sais que c’est ça, la justice.
Mais là… Putain, quand son régiment est arrivé sur la station… Honnêtement, ça faisait des années que j’avais pas eu une gaule pareille. Ses pisteurs avaient ramassé aux quatre coins du système ce qui se fait de plus bandant. De toutes les couleurs, de toutes les tailles, de tous les âges. Des jambes interminables, solides, galbées. Des seins parfaits, des gros bien ronds bien durs aux petits tétons qui pointent à peine, en passant par les intermédiaires qui fondent dans la main. Des culs bien fermes, bien relevés, des petits qu’on pète, d’autres plus, comment, ouais, voluptueux, voilà, des où on s’agrippe de toutes ses forces, et qui semblent en redemander toujours plus, des culs faits pour baiser, quoi. Et une anthologie de jolies chattes, des blondes, des brunes, des rousses, des touffues, des rasées, des menues, des béantes, mais bien roses, bien ciselées ; je m’y voyais déjà, dans ces vagins moites et dévoreurs, tout confort, raide comme jamais ; et malaxant du clito fébrile, lapant et mordillant à même les lèvres rougies…
Mais après Dieter, bien sûr. À tout seigneur tout honneur.
Le troisième, ça a été un peu plus délicat, mais ils ont fini par dénicher un beau spécimen. Ah ! Le Général Wu. Alors lui… Bon, vu de loin, c’est jamais qu’un pédé cuir SM de plus. Une petite moustache ridicule, un peu nabot, tout sec. Un cliché sur pattes. Mais le truc c’est qu’il a poussé le cliché vraiment très loin. Surtout lors des « événements taiwanais », comme ils disent. Fallait le voir, commandant son Usine à Taipei, massacrant tout stoïque l’élite du Guomindang avec des raffinements de cruauté bien à la manière des Niaks. Et il a personnellement défoncé le cul de chacune de ses victimes avant ça. Enfin, non, j’exagère : les mecs seulement. Ce type déteste les femmes. Loin de l’exciter, elles le répugnent, et lui font un peu peur, je crois. Enfin, en tout cas, sa bite fait pas la fière devant une beauté à poil, ça, je peux vous le dire. Un peu comme une anti-érection. Alors il se contente de les massacrer. Mais faut voir comment ! Une imagination sidérante, des fantasmes pas croyables. Dans la station, du coup, il a souvent fait le metteur en scène ; Michel pouvait bien gueuler, déçu d’avoir perdu son rôle, les autres avaient de toute façon compris qui était le génie dans cette histoire.
Faut dire, là, il disposait en plus des gadgets de Richard, alors qu’à Taipei, fallait faire dans l’artisanal.
Richard… cet abruti…
Bon, là, faut que je vous explique. Ils en étaient à trois, il en manquait plus qu’un. Indispensable, à en croire Michel. D’après lui, la logique aurait voulu qu’on choisisse le dernier parmi les religieux. Alors ils ont cherché, au Vatican comme à La Mecque, au Texas et au Tibet. Mais rien de bien chouette. C’est qu’on en était plus au XVIIIe, là. Depuis la grosse réaction fondamentaliste de 2001-2030, les fanatiques pullulaient, pour qui le cul c’était le mal. Mais je veux dire, pas qui se contentaient de le prétendre, hein, comme ceux d’avant : non, ces cons-là le pensaient vraiment, et trouvaient Dieu en ne baisant pas. Je vous jure. Impensable de les ramener sur la station, qu’est-ce qu’ils auraient bien pu y foutre… Littéralement… Ouais, vous me direz, y avait des exceptions. Bien sûr. Mais rien que du banal chiant à mourir. Des curés pédos qui s’assumaient pas, des mollahs à la tête des commandos « mariant » les dissidentes du Califat salafiste d’Asie centrale, des gourous néo-babs partouzeurs… Nan, pas moyen de ramener ces types-là dans la station. Question d’amour propre.
Y’en a un pour lequel ils ont hésité, quand même. Un curé de Loudun persuadé d’être la réincarnation d’Urbain Grandier, ça ne s’invente pas. Un néo-caïnite fourreur de nonnes, avec beaucoup d’imagination. Un type plutôt sympa, je dois dire. Mais complètement malade, aussi. Au début, quand Dieter l’a approché, ça s’annonçait plutôt bien. Mais peu de temps après, alors qu’on se préparait tous pour le projet, ce dingue s’est mis en tête que l’histoire devait « se répéter ». Et tout ça a fini dans une grande orgie planifiée par ses soins, trois jours de baise non-stop dans le couvent, et à la fin ses adoratrices, sur ses ordres, l’ont torturé, lui éclatant les membres à la masse, lui perçant la langue, puis le brûlant encore vivant. La Mère sup’ n’a pas pu s’empêcher de mettre son grain de sel, une touche de grec : alors qu’il était cuit à point mais encore conscient, elles l’ont sorti du bûcher, l’ont déchiqueté façon bacchantes, et l’ont bouffé. Mais ça, vous en avez entendu causer, ça a fait du bruit, à l’époque.
N’empêche, c’était la merde. Ils commençaient à désespérer de trouver leur dernier comparse. Dieter, à la limite, se disait que trois libertins, ça pouvait le faire, mais non, non, Michel n’en démordait pas, il fallait que ce soit quatre. Et comme Dieter n’a jamais rien pu refuser à Michel… Mais là, le Général – qui, mine de rien, connaissait lui aussi ses classiques – a fait une remarque déterminante. Il a dit, et on pouvait pas vraiment lui donner tort, qu’il n’y avait pas de raison pour que le dernier soit un religieux au sens strict. Qu’on pouvait adapter. Et là, un peu perfide, il a noté que ça avait de toute façon déjà été fait, vu que, parmi les trois déjà sélectionnés, si l’on trouvait bien un financier et un militaire, le parlementaire avait été remplacé par un publicitaire (suivez son regard…), autrement dit une variante moderne du, euh, « manieur de mots », je crois qu’il a dit. Là, le Belge pouvait pas rétorquer grand chose. L’idée, quoi, c’était que la religion à son tour pouvait être adaptée. Debruijn a fait remarquer que le Général, qui avait réussi le tour de force d’être un coco fanatique dans la Chine du XXIIe siècle, pouvait rentrer dans cette catégorie, alors, mais l’autre, loin d’être blessé, se contenta de sourire, « voilà, c’est ça ». Mais, ayant déjà pris le rôle du militaire, et constituant en outre – ainsi que son camarade belge l’avait si brillamment démontré à l’instant – une exception, il suggérait d’aller voir ailleurs.
Bref, fallait déterminer la religion du XXIIe. Évidemment, tout le monde a répondu d’abord le fric, mais là, c’était le même souci, rapport à Dieter. Alors Dieter a proposé le cul. Logique, après tout. Mais fallait trouver quelqu’un tirant son pouvoir du cul. Pour Dieter, ça ne pouvait être qu’une femme. Là, c’est Wu qui a opposé son veto. Mais Michel n’était pas emballé non plus, ça s’éloignait trop de la source… Le Général a alors dit : la science. L’idée a plu ; après tout, après la crise fonda, on était en plein néo-positivisme, avec des réseaux et des nanos partout et, alors qu’on n’osait même plus y croire quelques décennies plus tôt, des vaisseaux habités et des colonies à travers tout le système. Bien vu, mon Général.
Donc, fallait trouver : 1°) un homme ; 2°) sans scrupules ; 3°) représentant la science et/ou la technologie ; 4°) doté d’un immense pouvoir ; 5°) et hyper chaud de la bite.
C’est comme ça qu’on en est arrivé à Richard.
Eh ouais. Richard Campbell. Qui d’autre ? Ça me scie un peu que vous ayez pas tilté plus tôt… Et que les autres n’y aient pas pensé de suite. Enfin, non, d’ailleurs. Ça, je peux comprendre. Le truc, c’est que vous, moi, les petits, on connaît Richard Campbell que par la façade, on voit le génie de l’informatique et de la RV, l’inventeur de la quasi-totalité des systèmes d’exploitation employés de nos jours et des interfaces homme-machine. Eux, par contre, avaient été amenés à le connaître déjà plus intimement, et se doutaient qu’il risquait d’y avoir un problème. Ils ont pesé avantages et inconvénients, ont débattu pendant plusieurs mois, puis sont allés le voir dans son Xanadu lunaire. Je ne sais pas exactement ce qui s’y est dit, je n’étais pas avec eux alors, mais déjà sur la station, à préparer le séjour. Du coup, j’étais sur place quand Richard est arrivé avec son régiment.
Vingt-quatre petites Japonaises à couettes, entre huit et seize ans, dans des uniforme d’écolières. Terrorisées, en larmes. Pêchées direct dans les bidonvilles coréens où s’étaient réfugiés les rares survivants de la Submersion du Japon, et rhabillées par ses soins, comme dans ses fantasmes de sale gosse élevé aux vieux mangas de cul. Dans son genre, ça aurait pu être un esthète, et c’est après tout ce que ses plus fameuses inventions, les tout public et les autres, laissaient croire. Le problème, c’est que son discours collait pas. Ce type était capable de conceptualiser la perversion, de l’enrichir et de la sublimer par ses inventions, mais ça l’empêchait pas, par ailleurs, d’être qu’un gros con de bouffeur de chattes basique, un obsédé lambda, « sans finesse » (Debruijn), « sans classe » (Glass), « sans dignité » (Wu). En tout cas dès l’instant que c’était sa bite à lui qu’était en jeu.
Impressionnant, le contraste. Quand les autres ont débarqué avec leurs régiments, c’était toujours un spectacle… beau, à sa manière. Même le Belge avec ses truies. Y’avait toujours quelque chose de… de surréaliste, de dantesque, dans ces troupes apeurées marchant au pas, encadrées par les fouteurs en uniforme, le fouet à la main, au son du Requiem de Mozart (ouais, perso, je trouve que c’était un peu abusé, là, mais bon…). Là, non. Le problème, c’était pas les filles, à croquer, malgré leur uniforme à la con. Et les fouteurs non plus, on connaissait notre rôle. Mais l’Angliche avait remplacé Mozart par une j-pop infecte, aussi vieille que ses mangas moisis. Et, là où les trois autres étaient restés stoïques durant la procession, lui, déjà, ne tenait plus en place. Il bavait, sautait partout, échappant rires gras et borborygmes obscènes. Ridicule, avec sa dégaine de rock-star à l’ancienne vaguement bedonnante.
À un moment, il s’est approché de moi – il m’avait reconnu, tu parles –, m’a saisi par l’épaule, et m’a braillé à l’oreille : « Moi j’les aime comme ça tu vois les petites putes avec des petits trous des tout petits trous faut qu’elles soient étroites hein qu’elles soient étroites des petites fentes moites qui coincent des petites fentes parfumées bien étroites surtout hein et que ça leur fasse mal ces putes qu’elles pleurent qu’elles piaillent qu’elles couinent les petites salopes les bouffeuses de bites ah ça leur fait mal hein mais en fait elles aiment ça les chiennes et moi moi avec mon mandrin énorme je les perfore je les ruine je les éventre je leur arrache la chatte je leur fouille les intestins de mon gros gland bien rouge bien luisant qu’elles ont poli hein avec leurs mignonnes petites langues bien roses bien humides de salopes mais surtout faut qu’elles soient étroites les chiennes des moules bien fines des petits trous du cul bien lisses et vierges faut qu’elles soient vierges parce c’est encore plus étroit comme ça et ça leur fait encore plus mal les petites putes mais plus elles en chient et plus je jouis et plus je les fais jouir en même temps parce qu’elles aiment ça les salopes avec leurs petits trous. »
J’ai rien répondu. Mais j’ai compris subitement qui m’avait écrit mes dialogues pendant toutes ces années.
En tout cas, il a pas pu se retenir plus longtemps. Il a chopé la première qui passait – treize ans, je dirais, joli petit cul, grands yeux mouillants de bourgeoise opérée –, et l’a plaquée cash contre le tarmac. Les autres, avant, avaient joué le jeu, en attendant le début des festivités, putain… Mais lui, non. Il a ordonné aux trois fouteurs les plus proches de la maintenir à quatre pattes, et m’a dit d’approcher : « Vazy Vinz’ profite je veux qu’elle te suce qu’elle suce le grand Vinz’ qu’elle engloutisse ton énorme bite de nègre. » Il a saisi la main droite de la gamine et l’a ramenée sur ma queue, l’obligeant à me caresser à travers le fin tissu synthétique de mon fute. Je vais pas vous mentir : j’ai durci radical. Mais bon, ça faisait trois mois qu’on préparait le séjour sans fourrer, aussi. J’ai failli exploser d’entrée, oui !
Et il continuait : « Allez pute défroque le nègre défroque le grand Vinz’ et suce-le suce sa grosse bite de nègre. » La fille chialait, mais elle pouvait difficilement faire autre chose qu’obéir. Elle a défait ma braguette, et s’est mise à me branler maladroitement. « Pompe-le pompe pute salope ! » Il la prit par le menton, lui ouvrit la bouche de force, tordant ses lèvres dans un rictus bandant, et la précipita sur ma queue. « Suce suce suce suce ! » Pas habile, la môme, mais quelque part tant mieux, ça me changeait des hardeuses. J’étouffais ses sanglots de mon pénis, ses larmes ruisselaient sur mes couilles ; on ne l’entendait plus vraiment gémir avec l’autre con qui hurlait à côté : « Ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiis vazy comme ça petite pute bouffe la bite du nègre hein tu aimes ça avoue salope oh putain je vais te défoncer la chatte je vais te faire jouir pétasse ramoner ta petite chatte de salooooooope. »
Il en pouvait plus. Il a jeté son blouson en cuir dans un râle, a réussi par miracle à se dézipper tout seul, révélant un calbute à l’hygiène douteuse, à peine bosselé, et en dégainant bientôt une petite zigounette maronnasse et mollassonne. « Puteputeputepute ! » Après, il a arraché la petite culotte de la gamine, lui a tout d’abord calé un doigt, lui martyrisant la moule de sa main brutale, et ensuite l’a pénétrée dans un hurlement. C’était pas grand chose, mais, la fille, ça lui a quand même fait comme un choc, ouais. Dans un réflexe, elle s’est dégagée de ma bite et a poussé un cri de pure douleur. Richard, les yeux exorbités, l’attrapa par les cheveux et la repoussa violemment contre mon gland : « SUCE-LE SALE PUTE ! » Elle me reprit dans sa bouche, tandis que l’autre ahuri, beuglant et suant, lui retroussait sa jupette bleue pour mieux exhiber son charmant petit cul, qu’il saisit bien vite à pleine mains. « PUTESALOPEPUTEPUTESALOPE ! » Le pouce gauche triturant son petit anus rose et rond, il la fessait sauvagement de la main droite en hurlant. Très vite, après un crescendo expédié virant dans un aigu ridicule, il retint son souffle, se tut l’espace d’une seconde puis explosa dans un « RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! » interminable, les yeux exorbités, avant de s’effondrer, la queue à l’air déjà méchamment ramollie. La fille saignait. Elle avait arrêté de me sucer. Elle pleurait, gémissait, de douleur, de honte, de peur. Campbell étant perdu dans son monde, ne prêtant plus attention à rien, je remis mon pantalon et la relevai, la faisant réintégrer les rangs. Ses « copines » étaient terrifiées.
On attendit quelques minutes. Puis il éclata de rire, toujours couché sur le tarmac : « Putain les mecs comment ça va être trop bien ! »
Abruti.
En plus, ce type avait un sens de l’humour déplorable (eh, c’était un informaticien, à la base). Je ne l’ai appris que plus tard, mais il avait tanné les autres pour que la station soit sur Uranus, vous voyez le topo… Les autres ont refusé, bien sûr. La station devait se trouver sur Vénus.
Il y avait la symbolique, déjà. Mais l’essentiel était probablement la vitesse de rotation très faible : la planète met environ 243 jours terrestres pour tourner sur elle-même, en sens rétrograde, alors qu’elle ne met que 224,7 jours terrestres pour tourner autour du Soleil. Une journée vénusienne est donc plus longue qu’une année vénusienne. Et, plus généralement, une journée vénusienne, c’est long. Très long. Du coup, 120 journées vénusiennes équivalent à environ 29 160 journées terrestres, soit environ 80 années terrestres. Nos richissimes libertins disposant des techniques de rajeunissement cellulaire les plus efficaces mettant l’immortalité à leur portée, et étant en mesure de renouveler régulièrement leur cheptel, ils disposaient ainsi d’une véritable utopie sexuelle hors du temps, une retraite idéale dont le Divin Marquis lui-même n’eut pas osé rêver.
Plus précisément, ils décidèrent d’installer la station dans l’hémisphère nord, à l’est du plateau d’Ishtar Terra, sur les contreforts du mont Maxwell, préférant la symbolique sumérienne du mariage sacré d’Inanna à la redondance du plateau équatorial d’Aphrodite Terra. Ben oui.
Restait à nommer la station. On proposa bien entendu Silling (et Richard, bêtement, Sodome), mais Michel eut une autre suggestion : Anadyomène. Le communiquant sut trouver les mots pour convaincre, jouant tant sur l’image de la déesse-planète jaillissant au milieu des flots de merde, de sperme et de sang, que sur la fameuse rime de Rimbaud : la station se devait d’être « belle hideusement d’un ulcère à l’anus ». Ça a plu.
Bon, évidemment, dans ces conditions, il a fallu procéder à quelques adaptations. Si le règlement draconien de Silling a été repris à peu près mot pour mot, les patrons s’étaient déjà entendus pour se libérer de la structure progressive en quatre étapes : vous voyez un type comme Richard patienter 20 ans pour fourrer sa prochaine collégienne ? Même pas la peine d’y penser. Alors ils ont décidé d’adopter un plan sur dix jours terrestres, procédant par accumulation, et renouvelé 2916 fois :
1er jour : purs spectacles, sans attouchements ; l’onanisme est autorisé d’office, néanmoins, de même que le masochisme solitaire.
2ème jour : scatophilie, urophilie, etc. Il fut décidé d’un commun accord que ça serait plus amusant en apesanteur. Le Justine resta en orbite autour de Vénus à cet effet.
3ème jour : masturbations collectives, etc. Ah, et zoophilie, aussi.
4ème jour : fellations, etc.
5ème jour : pénétration vaginale (y compris pour le Général, qui a pris sur lui ; mais j’y reviendrai).
6ème jour : pénétration anale.
7ème jour : pratiques sadiques n’entraînant pas de véritables séquelles.
8ème jour : pratiques sadiques entraînant des blessures légères.
9ème jour : pratiques sadiques entraînant des blessures graves (amputation, énucléation, émasculation, etc.).
10ème jour : pratiques sadiques entraînant la mort.
Il va de soi que le dixième jour était celui où siégeait le Tribunal. Ce rythme accéléré impliquait en outre de renouveler régulièrement le cheptel. Il fut donc décidé que les quatre régiments seraient intégralement dissous et remplacés tous les cent jours terrestres, aux bons soins des agents des libertins à travers le système. Le centième jour, après l’arrivée du cargo de « renforts », tout le monde se rendrait donc sur le Justine pour une gigantesque orgie s’achevant inévitablement dans un bain de sang.
Par ailleurs, en dépit des protestations (inévitables) de Michel, il fut décidé que l’on se passerait des dissertations philosophiques entrecoupant nécessairement les expériences sexuelles, afin de s’en tenir à l’essentiel. Mais on choisit tout de même d’avoir recours aux conteuses sadiennes, chargées de divertir par leurs récits les libertins exténués et de veiller à la conduite du cheptel : on choisit à cet effet trois « duègnes », des Françaises, ramassées non pas dans des bordels mais dans les rédactions des principaux webmagazines féminins de Paris, et un garde-chiourme pour les éphèbes du Général (un séminariste espagnol ; finalement, il y eut donc bien un religieux sur Anadyomène). Ceux-là, de même que les fouteurs et les divers domestiques (cuisiniers, médecins, pilotes, etc.), bénéficiaient également du Traitement. En principe.
Une dernière précision sur le calendrier : comme je l’ai déjà dit, il procédait par accumulation. Euh… prenons par exemple le cinquième jour : les libertins pouvaient monter des spectacles, branler et se branler, sucer et se faire sucer, accéder au Justine, etc., jusqu’à la pénétration vaginale incluse, la « nouveauté » du jour. Mais les activités des jours suivants leur étaient interdites, et entraînaient des châtiments (de type 7 et 8 uniquement, bien entendu). Dans l’ensemble, ils se plièrent volontiers à cette règle pimentant le jeu, même si Richard (évidemment…) eut un peu de mal, mais j’y reviendrai. Le problème, cependant, est que ce calendrier était largement hétérosexuel. Trois des convives étaient en effet essentiellement hétéro, mais le dernier était « purement » homo, et les cheptels avaient été constitués en conséquence : trois régiments féminins, et un masculin (et non un vaste troupeau mixte, comme dans le bouquin). Néanmoins, il y avait les fouteurs. Il fut donc décidé que l’orientation sexuelle n’influerait pas sur le calendrier, chacun des libertins pouvant adopter alternativement ou (et ce fut ce qui arriva très vite) en même temps une sexualité hétéro et/ou homo. Le Général y compris. C’était évidemment le cinquième jour qui posait problème, dans son cas : mais, en échange d’une priorité dans l’usage des fouteurs, le Général valida le règlement, et, à l’occasion, il fut bien amené à baiser des femmes, pour la forme.
Le premier jour, on a tout d’abord procédé aux cérémonies de mariage. Dieter a épousé Kate, la fille de Richard ; 15 ans, métisse nippo-anglaise, assez jolie, complètement conne ; avec un père pareil, tu m’étonnes… Richard, lui, a épousé la fille de Michel, Pauline ; une fille superbe, étrangement à l’opposé de son gras du bide de père ; limite anorexique, en fait : à voir ses poignets, on aurait cru une Palestinienne tout juste libérée d’un camp de concentration ; mais très jolie : 16 ans, beaux yeux verts, belle rousse à bouclettes très miam, avec des petits seins bien fermes ; elle tirait la gueule, par contre : là encore, tu m’étonnes… Mais bon, en dehors de la lune de miel, on pouvait se douter que Campbell ne la malmènerait pas trop, il avait des préférences bien établies. Wu avait adopté une fille pour l’occasion ; destinée à Michel, donc bien grasse : Peï, Chinoise velue suintante, 32 ans, répugnante. Quant à Wu, ben, il a épousé le fils de Dieter, Hans : 14 ans, grand blond assez barraque ; il allait prendre cher, celui-là.
L’après-midi, visite guidée (par Michel, bien sûr) d’Anadyomène. On est parti de la grande salle, là où auraient lieu la plupart des réjouissances. Décor baroque cliché au possible, saturé de dorures et de tapisseries, des coussins partout, une estrade centrale pour les conteuses. Depuis la salle, on accédait aux quatre alcôves des libertins, que chacun avait décoré à sa manière : Richard avec ses putains de posters holo extraits d’hentai ou figurant des starlettes d’une antique j-pop, Wu avec des estampes et une fausse cheminée, Michel façon salle de torture médiévale (re-tu m’étonnes), Dieter sobre et classe, blanc-gris, rien qui dépasse.
Après, on est passés dans la médiathèque, en fait aussi grande que la « grande » salle. Même si Anadyomène avait pour but de retourner aux vraies sensations, on y trouvait des trésors impressionnants, en guise de stimulants et d’inspirations, disons : une collection exhaustive ou presque de littérature et de bande-dessinée érotique et pornographique, avec quelques merveilles dans le tas ; tout Sade notamment, bien sûr, avec une belle collec’ de manuscrits originaux, dont celui des 120 Journées de Sodome, sous forme de bande minuscule, déroulée dans un grand panneau mural. Des films, aussi ; des vieux, des holos, des RealPorn™… En fait, seul le catalogue informatisé était cette fois directement accessible, à cause de la masse des documents disponibles ; mais il y avait tout un assortiment de robots pour aller chercher dans les réserves ce qu’on désirait. Côté musique, plein de choses simplement connotées, mais aussi une palanquée d’enregistrements de Sex Muzak™, cette variante de la musique concrète qui avait eu tant de succès auprès des « pervers socialement corrects » du milieu du XXIe ; beaucoup de merde dans le tas, mais quelques trucs intéressants, aussi. Et enfin des jeux vidéos et autres programmes divers et variés, dont bien sûr les créations RV ésotériques de Campbell, qui ont beaucoup fait pour sa fortune, toute la série des Gonzo™ : le GonzoGonzo™ de base, et tous les modules, BabyGonzo™, BoboGonzo™, BozoGonzo™ (dingue le nombre de types qui fantasment sur les clowns), BuboGonzo™, GarboGonzo™, GoboGonzo™, GozzoGonzo™ (très imaginatif, celui-là, impressionnant), HoboGonzo™, HomoGonzo™, HypnoGonzo™, JesuGonzo™, MaoGonzo™ (spécial Wu, celui-là), MasoGonzo™, MondoGonzo™, NaziGonzo™, NegroGonzo™, PedoGonzo™, SadoGonzo™, ScatoGonzo™, ZooGonzo™, j’en passe et des meilleurs… dont DomsoGonzo™, qu’est-ce que vous croyez !
Ah ouais, mais c’est vrai, je me suis pas présenté. Enfin, faut dire, je sais pas si c’est nécessaire. Quelque part, on doit être intimes ; en fait, y a même beaucoup de chances pour que je vous ai déjà fait le cul. C’est que j’en ai pété, des culs, des milliers, des millions, même. On a dit de moi que j’étais la plus grande star du porno depuis que le porno existait ; enfin, la plus grande star masculine, en tout cas, ça relativise.
Bon, donc, Vincent Domso. Ouais, c’est un nom de merde, mais c’est pas moi qui l’ai choisi. Dans l’industrie du porno, on a toujours fait preuve d’un goût douteux pour les jeux de mots les plus pathétiques, c’est pas moi qui vais vous l’apprendre. À l’origine, j’étais juste Vincent Laffont. Un paumé comme y’en a plein, trop pauvre pour étudier, trop noir pour bosser. C’est pour ça que j’ai commencé à me vendre, bien sûr. J’en étais pas spécialement fier, mais j’avais pas le choix. Et les bourgeoises et les bourgeois payaient bien, ça leur plaisait bien, de se faire un bamboula ; à l’époque, ça avait quelque chose d’un peu pervers, mais juste un peu. C’est comme ça qu’après quelques années je me suis mis au porno. On m’avait filé des contacts, j’étais plutôt beau gosse, barraque et bien membré. Vu qu’on me demandait jamais que d’être une bite sur pattes, le reste n’avait aucune espèce d’importance. Au début, j’étais juste dans des machins amateurs anonymes, vous savez, une chambre ou une piscine, et vas-y, fourre. Oral, vaginal, anal, éjac’ faciale. Répétitif.
Je ne comptais déjà plus mes scènes quand Campbell m’a repéré ; et ça, ça a été ma chance ; parce que du coup, j’ai été le premier fouteur RealPorn™. Et ça a été le début de la gloire. Tout à coup, je n’étais plus une bite entrevue en gros plan, mais Vincent Domso, le grand Vinz’, le gode ultime, l’amant idéal, toujours au top, le colosse noir interactif, tantôt soumis comme un esclave, tantôt dominateur ; doux et tendre ou violent et brutal, selon les programmes : à vous de choisir. Vous êtes Domso, ou vous vous faites baiser par Domso : c’est vous qui voyez, vous pouvez même changer de sexe. J’étais la star masculine des trois premiers RealPorn™ : le romantique Pour vous, Mesdames, le soumis en costume Je t’appartiens, le brutal Domso t’encule. Les trois ont envahi les foyers du monde entier en même temps, et rencontré un immense succès ; c’était plus le cybersexe à la papa, là, avec les combinaisons inconfortables et les sensations que seul un puceau ou un nostalgique pouvait comparer à la baise. Non, là, d’un seul coup, c’était du vrai sexe. C’est comme ça que je me suis fait le monde : les femmes au foyer délaissées, les gamines rêveuses, les homos refoulés, les assumés en manque, tous, tous, tous ; et, bien sûr, y en a eu plein pour me défoncer le cul par procuration, pour me fouetter, me battre, me tuer, même. Mais moi, je m’en portais pas plus mal, j’avais de la thune, je faisais des plateaux holoTV… Pouvais pas me plaindre. Ça a continué comme ça une dizaine d’années, avec une trentaine de titres par an. Vers la fin, je faisais même dans le « prestige », voire dans le « vrai cinéma », mais bon, ça n’a pas vraiment marché. La relève était là et, si j’avais participé aux premiers Gonzo™ qui ont sonné le glas du boulard traditionnel, si j’en avais même un à mon nom, le public a ensuite voulu passer à autre chose.
Alors, quand Dieter m’a contacté pour servir de fouteur sur Anadyomène, je n’avais pas grand chose à perdre. Et puis, après tout, on me proposait de faire ce pour quoi j’étais le meilleur… la seule chose que je savais faire…
… J’en étais où, là ? Ah, ouais, la visite.
…
Bon, honnêtement, j’ai aucune envie de vous faire le détail des installations, et j’imagine que Michel, de son côté, s’en occupera très bien. Je vais en rester au plus intéressant. Et après la grande salle et la médiathèque, ça veut dire le Justine. Un vaisseau comme un autre, en apparence. Mais sa particularité, c’était d’avoir sa propre « grande salle », totalement hermétique et coupée du reste du vaisseau, spécifiquement prévue pour des orgies en apesanteur. Évidemment, dès le deuxième jour, les libertins s’en sont donnés à cœur joie, flottant hilares au milieu des sphères de pisse et de sperme agitées de vaguelettes, et des étrons mousseux résultant d’une alimentation spécialement étudiée.
Mais ce ne fut qu’au terme du premier cycle que le Justine fut véritablement étrenné. Sur les instructions de Michel, Richard avait concocté des bonbons anisés à base de poudre de cantharide : il s’agissait de faire une variante outrancière et en apesanteur de l’affaire de Marseille. Certaines de ces gélules, d’un coloris rouge, étaient destinées aux libertins, à leurs conjoints et aux fouteurs ; faiblement dosées, elles n’avaient qu’un léger effet aphrodisiaque. Mais les autres, les noires, destinées aux régiments à éliminer, étaient volontairement surdosées. Les effets ne tardèrent pas à se manifester : tous furent pris d’affreuses douleurs abdominales et de vomissements, certains émettant des urines sanglantes ; les gitons de Wu étaient atteints d’un priapisme pathologique et douloureux, l’urètre irrité et le gland gonflé. L’orgie ne fut qu’une longue suite de hurlements et de pleurs. Puis certains commencèrent à mourir de la surdose. Ceux-là avaient de la chance : les survivants se virent appliquer sur l’ensemble du corps des reliquats de la poudre de cantharide qui leur brûlèrent la peau et les yeux dans une constellation d’ampoules. Après quoi les cadavres furent évacués dans l’espace, « nouveaux satellites morbides de la cruelle Vénus » (c’est de Michel, hein).
C’est alors que, Pauline et moi, on a baisé pour la première fois. Je l’avais remarquée qui me zyeutait, pendant l’orgie ; délaissée par son crétin de mari qui s’amusait à pénétrer par à-coups les sphères de pisse sanguinolente et les plaques de vomi semi-liquide, tout en pétrissant le cul de sa fille, occupée à déféquer sur Michel, qui se faisait sucer par Wu, etc. , etc. Moi, j’enculais une gamine du régiment de Dieter, alors qu’il lui entaillait les seins à chaque gémissement ; elle gémissait beaucoup. Je niquais professionnellement, sans y prendre le moindre plaisir, mes yeux vagabondant à travers le délire qui m’entourait. Et puis je me suis fixé sur Pauline, qui me regardait, les yeux pétillants, voltigeant près du plafond. Elle se caressa les lèvres de l’index, mima un « chut » complice, puis entreprit de se masturber, sans me quitter des yeux, miaulant doucement son plaisir solitaire. Elle plongea soudain dans ma direction et me dégagea de la gamine (Dieter ne tarda pas à prendre le relais, jouissant dans son cul tout en lui enfonçant les yeux dans leurs orbites sanglantes).
Pauline me repoussa contre une paroi, passa ses mains sur mon torse ruisselant, puis descendit lentement sur mon sexe, qu’elle branla avec tendresse. Ce n’était déjà plus la même chose ; à l’instant où ses doigts frôlèrent ma queue, un plaisir comme je n’en avais pas ressenti depuis des années m’envahit. Dans un réflexe, je l’incitais à me masturber plus frénétiquement, dévoré par le désir, mais elle m’immobilisait et continuait avec une lenteur infinie et délicieuse. Puis elle me prit délicatement dans sa bouche, sa langue parcourant mon gland, agitée de mouvements subtils. Quand elle m’engloutit enfin, je faillis jouir illico. Mais elle se retira aussitôt dans un sourire, et comprima fermement mon sexe à la base du gland. Une douleur mêlée de plaisir me paralysa pendant quelques secondes qui me parurent des siècles.
Sans desserrer son emprise, elle remonta lentement contre mon torse, qu’elle excita de la pointe sensible de ses petits seins. Elle évita tout d’abord mes brutales tentatives de baisers, se contentant de me caresser les joues de ses boucles rousses. Ses cuisses étonnement galbées montaient et descendaient contre mes reins, tandis qu’elle frottait mon gland encore douloureux contre son pubis. Je parcourais son corps si délicat, si frêle, de mes mains qui ne m’avaient jamais paru aussi grossières, me délectant de ses discrets gémissements, du contact infime de nos poitrines, du parfum entêtant de sa crinière qui ondoyait sous mes yeux. Nos lèvres s’unirent enfin dans un mouvement synchrone d’une infinie lenteur, d’une infinie douceur. D’une soudaine impulsion contre la paroi, elle se rehaussa quelque peu, puis redescendit lentement sur ma queue. Je la pénétrai comme dans un rêve, et m’abandonnai à ses volontés, au langoureux frémissement de ses hanches. De ses doigts arachnéens, elle guida mes mains sur sa poitrine menue, sur sa taille de guêpe, sur ses fesses fermes et autoritaires. Elle se cabra dans un ralenti effarant, les yeux clos et les lèvres fines plissées par la jouissance, et saisit mon crane chauve qu’elle ramena contre ses seins. Nous accélérâmes indiciblement nos délicats va-et-vient, et ses gémissements se firent plus sonores, plus exigeants, plus voraces, jusqu’à éclater, terribles, dans une extase commune, une jouissance dévastatrice, un râle blanc.
Pauline…
C’était la première fois. Certainement pas la dernière. On a remis ça dès qu’on a pu, variant les expériences, et c’était toujours neuf, toujours beau, toujours fort. Putain, pour un peu, j’aurais presque cru que c’était l’amour.
Mais bon, y’avait Richard. Et ce con foutait le bordel. Il était incapable de jouer le jeu, de se plier aux règles savamment élaborées par Michel, sans parler de l’atmosphère souhaitée par les trois autres libertins. Chaque jour, il fallait qu’il fasse une connerie : déjà, il tenait à fourrer tous les jours, obligé ; on pouvait user de toutes les sanctions à son encontre, rien à faire, la zigounette à monsieur réclamait sa dose de pilou-pilou.
Et puis des trucs plus gênants : un J3, BLAM ! il explose une de ses putes d’une charge dans le vagin (« Juste pour voir… ») ; une autre fois, on l’a retrouvé, le lendemain de l’arrivée des « renforts » (!), avec déjà six cadavres dans son alcôve – il les avait tuées au gode-perceuse.
Invariablement, son « régiment » ne tenait pas jusqu’au bout. Alors il demandait des « prêts » ; quand c’était pour une petite baise, comme ça, en passant, les autres n’y voyaient pas d’inconvénients, bien sûr… de toute façon, on n’avait jamais été trop regardant à cet égard. Mais quand Richard commença à leur rendre des macchabées en parlant de les « rembourser » plus tard, ils finirent par considérer que trop, c’était trop, et que, décidément, ils avaient misé sur le mauvais cheval.
Un soir, après l’orgie, Dieter vint me trouver dans la salle de repos des fouteurs. Visage de marbre, yeux froids et perçants. Il me fixa un moment, s’approcha de moi lentement, me saisit par l’épaule, et, dans un murmure, au creux de mon oreille :
— Vincent. Choisis trois de mes hommes. De confiance. Puis rejoins-moi à mon bureau. » Il raffermit sa prise. « Discrètement. »
Une caresse, une tape amicale, et il s’en alla.
J’étais pour le moins perplexe. Jamais auparavant Dieter ne s’était comporté de la sorte. Oh, il n’était pas rare qu’un libertin vienne réclamer les services d’un ou de plusieurs fouteurs, mais pourquoi faire tant de mystères ? Ce n’était pas dans les habitudes du bonhomme. Mais j’avais l’obéissance dans le sang. J’attendis quelques instants, puis fis part de ces instructions à trois types que je savais fiables et discrets – leurs noms importent peu.
Nous nous rendîmes dans le bureau de Dieter à travers les couloirs déserts d’Anadyomène. Quand j’ouvris la porte, surprise : Dieter était en compagnie de Michel et de Wu. Il nous fit signe d’entrer et de fermer la porte derrière nous. Tandis que les libertins, en peignoir de soie, sirotaient une liqueur, nous nous mîmes spontanément au garde-à-vous. Et, comme par hasard, ce fut Wu qui prit la parole :
— Messieurs, nous avons un problème. Un grave problème.
Il nous expliqua, sans couper les cheveux en quatre, qu’ils en avaient plein le cul de Campbell, et qu’ils avaient décidé de s’en débarrasser. Tout simplement. Nous, on devait s’emparer du gazier, discretos, l’embarquer à bord de la navette, nous rendre dans le Justine, et participer à son « juste châtiment ».
Campbell lui-même avait installé dans Anadyomène un système de caméras qui nous permit de surveiller sa chambre, et d’attendre le moment adéquat pour nous y pointer. Ce gros con ronflait la bave aux lèvres, affalé sur son pieux, tandis que Pauline, encore éveillée, était affalée dans un coin de la pièce. Je lui fis « chut » de la main, et elle me regarda, l’air étonnée, mais sans moufter. Tous les quatre, nous nous installâmes autour du lit. Puis, au top, chacun s’empara, qui d’un bras, qui d’une jambe. Campbell se réveilla aussitôt. Et – on peut lui reconnaître ça – il comprit très vite ce qui lui arrivait. « NON ! NON ! NON, ARRÊTEZ, LES MECS, DÉCONNEZ PAS, ARRÊTEZ, JE FERAI TOUT CE QUE VOUS VOUDREZ, ARRÊTEZ, PROMIS, ARRÊTEZ, JE FERAI TOUT CE QUE VOUS VOUDREZ, JE FERAI PLUS DE CONNERIES, ARRÊTEZ, MERDE, JE ME TIENDRAI À CARREAU OH MERDE PUTAIN NON FAITES PAS ÇA LES GARS NON FAITES PAS ÇA JE VOUS EN PRIE ARRÊTEZ JE VOUS JURE… »
Ad nauseam. Tout le temps qu’on trimballait ce gros con dans les couloirs jusqu’à la navette. Il se débattait, se tortillait comme une véritable anguille, mais rien à faire : nous quatre, on était plutôt du genre colosses, et on tenait bien notre bestiau. Qui n’avait de toute façon nulle part où aller.
Et puis il y avait Pauline. Elle a eu un temps de retard, puis s’est mise à nous suivre, une couverture sur les épaules ; elle s’est précipitée à mes côtés, et n’a cessé dès lors de me harceler de questions : « Où est-ce que vous l’emmenez ? Vincent ? Vincent, s’il te plait, dis-moi ! Où est-ce que vous l’emmenez ? Qu’est-ce que vous allez lui faire ? Je… Je peux venir ? Je peux venir avec vous ? Je peux le faire souffrir ce gros fils de PUTE ? S’il te plait ! Laissez-moi venir avec vous ! Où est-ce que vous l’emmenez ? Je veux venir avec vous, je veux voir crever ce gros PORC, cette MERDE, cette RACLURE ! » Elle ne s’interrompait que pour lui cracher à la gueule.
J’en avais plein les oreilles, putain.
Dieter, Michel et Wu nous attendaient, stoïques, devant la passerelle de la navette. Ils nous firent signe d’embarquer Campbell, ce que nous fîmes promptement et sans ménagement. Pauline se tourna alors vers eux, se jetant successivement dans les bras de chacun, mais elle se vit refuser l’accès à bord. « C’est une affaire d’hommes », finit par lui dire son père d’un air d’autorité qui ne lui allait guère. Elle lui jeta un œil noir, mais ne dit rien, et s’en retourna. Les trois libertins prirent place à bord du vaisseau, aux côtés de Campbell hurlant, maintenu de force dans ses sangles, et nous décollâmes pour l’orbite de Vénus, tandis que Wu donnait par radio des instructions pour maîtriser les hommes de Campbell, juste au cas où.
Ce dernier hurlait toujours de plus belle lors du rendez-vous avec le Justine. Et il n’en avait pas fini. Ses trois comparses lui avaient mitonné un joyeux programme ; ils prirent cependant la peine de le bâillonner, le temps de lui lire rapidement les motifs de sa condamnation et la sentence de mort qui s’ensuivait (ce fut bien entendu Michel qui s’en chargea), mais voulurent par la suite se délecter de ses cris de terreur et de souffrance mêlées.
Cela commença gentiment par un viol collectif, chaque fouteur et chaque libertin y passant tour à tour. Il s’agissait plus, dans les circonstances, d’une humiliation que d’autre chose ; d’ailleurs, ils ne tardèrent pas à lui chier dessus pour conclure cette première étape du supplice. Wu marqua ensuite Campbell au fer rouge, puis Michel le fouetta sur le cul, en le sodomisant à nouveau pour la peine, avant de le fouetter sur les jambes puis sur le torse ; Dieter se mit alors à inciser la victime avec un scalpel, et lui « agrandit » ainsi l’anus et la bouche.
Ils laissèrent alors retomber Campbell pantelant, sanglotant, le bâillonnèrent à nouveau, et Michel reprit la parole :
— Nous venons de nous livrer sur ta personne à une petite adaptation de la première étape du supplice dit « de l’enfer », qui conclut les récits de la quatrième partie des Cent Vingt Journées de Sodome. Las, ce supplice particulièrement raffiné exige normalement la, hum, « participation » de quinze victimes… et tu es seul. Nous avons hésité. Pour l’étape suivante, nous aurions pu inventer nous-mêmes un supplice, bien sûr ; ou tirer au sort une des propositions du Divin Marquis… mais il nous a semblé, en définitive, que le plus judicieux était encore de te laisser choisir. » Il chaussa ses lunettes, et s’empara d’un exemplaire du célèbre ouvrage, qui ne le quittait jamais ; il retrouva presque instantanément la page voulue, s’éclaircit la voix, et entama la lecture :
« Le premier supplice est une roue sur laquelle est la fille – c’est de toi qu’il s’agit, Richard –, et qui tourne sans cesse en effleurant un cercle garni de lames de rasoir où la malheureuse s’égratigne et se coupe en tous les sens à chaque tour ; mais comme elle n’est qu’effleurée, elle tourne au moins deux heures avant que de mourir.
« Le 2. La fille est couchée à deux pouces d’une plaque rouge qui la fond lentement.
« 3. Elle est fixée par le croupion sur une pièce de fer brûlant, et chacun de ses membres contourné dans une dislocation épouvantable.
« 4. Les quatre membres attachés à quatre ressorts qui s’éloignent peu à peu et les tiraillent lentement, jusqu’à ce qu’enfin ils se détachent et que le tronc tombe dans un brasier.
« 5. Une cloche de fer rouge lui sert de bonnet sans appuyer, de manière que sa cervelle fond lentement et que sa tête grille en détail.
« 6. Elle est dans une cuve d’huile bouillante enchaînée.
« 7. Exposée droite à une machine qui lui lance six fois par minute un trait piquant dans le corps, et toujours à une place nouvelle ; la machine ne s’arrête que quand elle en est couverte. Quelle imagination, mes amis ! Concevoir ceci, à la veille de la Révolution ? Quel génie !
« 8. Les pieds dans une fournaise ; et une masse de plomb sur sa tête l’abaisse peu à peu, à mesure qu’elle se brûle.
« 9. Son bourreau la pique à tout instant avec un fer rouge ; elle est liée devant lui ; il blesse ainsi peu à peu tout le corps en détail. Moui, classique…
« 10. Elle est enchaînée sous un pilier à un globe de verre, et vingt serpents affamés la dévorent en détail toute vive.
« 11. Elle est pendue par une main avec deux boulets de canon aux pieds ; si elle tombe, c’est dans une fournaise.
« 12. Elle est empalée par la bouche, les pieds en l’air ; un déluge de flammèches ardentes lui tombe à tout instant sur le corps.
« 13. Ah, j’aime beaucoup celui-ci : Les nerfs retirés du corps et liés à des cordons qui les allongent ; et, pendant ce temps-là, on les larde avec des pointes de fer brûlantes.
« 14. Tour à tour tenaillée et fouettée sur le con – on s’arrangera – et le cul avec des martinets de fer à molettes d’acier rouge, et, de temps en temps, égratignée avec des ongles de fer ardents.
« Et enfin 15. Elle est empoisonnée d’une drogue qui lui brûle et lui déchire les entrailles, qui lui donne des convulsions épouvantables, lui fait pousser des hurlements affreux, et ne doit la faire mourir que la dernière ; ce supplice est un des plus terribles. Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences, hein, Richard », conclut Michel en refermant d’un coup sec son Sade.
— Quant à la suite, elle ne concerne que nous », glissa Wu.
— Fais ton choix », ajouta Dieter, d’un air étrangement compatissant. « Tu as tout le temps du retour sur Anadyomène pour cela. Mais attention, Richard, choisis, et choisis bien : si, une fois là-bas, tu ne nous donnes pas de réponse, tu tâteras tour à tour des quinze supplices. »
Michel se pencha sur la masse informe et gémissante de l’informaticien, lui donna son exemplaire de Sade ouvert à la bonne page, lui ébouriffa les cheveux et retourna s’asseoir avec les autres.
De retour sur Anadyomène, Campbell, qui n’avait cessé de sangloter et de demander grâce, n’avait pu se résoudre à choisir.
Sa mort a été constatée par les médecins au treizième supplice. Les libertins jouirent tour à tour dans le cadavre ruisselant de sang, mutilé, brûlé… On n’y reconnaissait presque plus rien d’humain.
Il fallait qu’ils soient quatre.
Michel n’en démordait pas. Le problème restait donc posé.
Que faire ? Interrompre les festivités, retourner sur Terre, recommencer l’interminable quête d’un quatrième partenaire idéal ? Pour les libertins, c’était devenu impensable. Même Michel concédait ce point. On en était donc à une véritable impasse.
Le lendemain, l’ambiance était pour le moins morose dans la station. Les duègnes ne parvenaient pas à distraire les libertins, qui n’avaient pas non plus la tête à baiser. Le débat reprenait ; quand j’arrivais dans la grande salle, ils en étaient là :
— La religion ? Manuel ?
— Vous n’y pensez pas ! C’est un garde-chiourmes, rien d’autre !
— Quoi, alors ?
— Le cul.
— Le cul, oui, mais qui, comment, pourquoi ?
— …
Leurs regards se posèrent sur moi.
Merde.
Ce fut Wu qui le suggéra le premier :
— Domso.
— Domso ? » Michel.
— Domso… » Dieter.
— Domso ! Mais... mais il n’est pas de notre classe ! », lança Michel, visiblement tétanisé à l’idée que je puisse devenir son égal.
— Certes », concéda Dieter. « Mais tu avoueras qu’en fait de prince du cul, on trouveras difficilement mieux que notre cher Vincent Domso. Domso… oui, l’idée me paraît intéressante… Qu’en penses-tu, Vincent ? »
Merde.
Merde merde merde.
— Eh bien, monsieur… euh… messieurs… c’est-à-dire que… c’est un honneur, et… mais… je ne suis pas certain de… monsieur Debruijn a sans doute raison et…
— Ah !
— Je ne reconnais pas là le grand Vincent Domso », dit Wu.
Je baissais la tête, l’air coupable et affligé. Mais Wu reprit la parole :
— Mais je sais que le grand Vincent Domso est là, quelque part. Et ces questions de classe sociale ne sont d’aucune importance à mes yeux.
Merde.
Dieter prit à son tour la parole :
— Je suis d’accord avec le général. Pour être un homme d’argent, je n’en suis pas moins un homme qui s’est fait tout seul. Je sais reconnaître le talent où il se trouve. Nous cherchons un fouteur de talent ; Vincent Domso est le plus grand fouteur de tous les temps.
Michel ne put rien rétorquer : Dieter avait parlé. Tous trois se tournèrent à nouveau vers moi. Je sentis qu’ils attendaient de moi une réponse :
— Eh bien… messieurs… si telle est votre volonté… Je ne peux que m’incliner, mais… euh… j’ai tellement longtemps été confiné dans les rôles d’exécutant que je ne sais trop si la, euh, la prise de décision, eh bien… euh…
— Cela s’apprend, cher ami », me dit Dieter dans un grand sourire. « Et je crois que quelqu’un qui vous est cher pourrait à cet égard vous être d’un grand secours. »
Je le regardai d’un air éberlué. Il éclata de rire :
— Vous croyez sérieusement que nous n’avons pas remarqué votre petit jeu ? Il faut vous marier, mon ami ! Et votre très chère Pauline – il me fit un clin d’œil – est, eh bien, « disponible » depuis peu.
Il se tourna vers Michel.
— Et je sais de source sûre qu’il s’agit là d’une jeune fille intelligente et sans scrupules, parfaitement adaptée à votre situation.
Et, à moi :
— Sans compter qu’elle baise bien.
— Divinement, monsieur.
Michel s’interrogea :
— Mais… en fait de Domso… ne cherchez-vous pas à remplacer Richard par… par une sorte de… de « dyarchie », ce qui nous ferait cinq libertins au lieu de quatre ?
Et Wu :
— Je suis pour Domso. Mais n’est-ce pas là confier un rôle trop important à… une femme ? », dit-il d’un air dégoûté.
Dieter les foudroya du regard :
— Domso nous rejoint. Il épouse Pauline. Nous sommes quatre. L’affaire est réglée.
Et, effectivement, c’est ainsi que l’affaire fut réglée, et que votre serviteur prit place aux côtés de Dieter, Michel et Wu parmi les seigneurs d’Anadyomène.
Au début, ça m’a fait vraiment bizarre : commander les « régiments », choisir, prendre des initiatives, tout faire selon mon bon plaisir, et non plus selon les ordres d’un réal ou d’un patron… Non, franchement bizarre. Perturbant. Un peu effrayant, aussi. Tout d’abord, on ne peut pas dire que j’y ai vraiment pris du plaisir. Et puis c’est venu, petit à petit.
Grâce à Pauline, essentiellement. Elle était toujours là pour moi. Pour me guider, m’aider ; pas me donner des ordres, ni choisir à ma place, mais juste… je sais pas. Qu’elle soit là, ça changeait tout. Et puis, elle, au moins, elle avait de l’imagination. Moi, ça a jamais été trop mon truc ; mais alors elle… une vraie littéraire, pas comme son imposteur de paternel.
Je me souviens encore de la nuit de noces. Une pure nuit de jouissance ininterrompue. C’est con, hein, à la base, ça aurait dû être une nuit comme les autres, mais… Déjà, y avait… Vous savez… On était juste tous les deux, dans l’alcôve. Personne autour. Pas un bruit. Rien que nous deux, comme deux amoureux, ou deux amants qui prétendent l’être. Dans une lueur bleutée, très douce, diffuse. Et elle, très tendre… si tendre…
Vous savez, j’en n’ai jamais vraiment eu l’habitude, moi, de la tendresse. Dans le porno, c’est pas exactement ça qu’on est censé vendre au client. Et avec les autres meufs, déformation professionnelle oblige… pis c’était ce qu’elles attendaient du grand Vinz, de toute façon. Là… putain, là, c’était autre chose.
Déjà, tout le prélude. Ce qu’on zappe dans les films. Là, c’était long, si long. Et doux… de légères caresses, presque timides – il y a du jeu de rôle dans tout ça –, les lents mouvements des jambes, les cheveux qui s’égayent sur les poitrines, couvertes de baisers. Une mamelle saisie délicatement, la main redescendant lentement le long des hanches, tandis que la bouche vient se poser contre l’aréole, effleurée de la langue. Les gouttes de sueur qui perlent à la gorge, saisies au passage pour un tendre baiser dans le cou. Les soupirs, les gémissements, qui se perdent dans la nuit, qui se chuchotent à l’oreille, qui se murmurent comme autant de secrets. Et puis, peu à peu, les mouvements de l’amour qui se font synchrones, les mains qui s’égarent entre les cuisses, les caresses intimes, les délicieux frissons ; ses doigts qui viennent se poser sur mon sexe, délicatement, le frôlant à peine ; mes doigts qui taquinent s