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Gérard Abdaloff te parle d'Umezu Kazuo

Publié le par Nébal

Gérard Abdaloff te parle d'Umezu Kazuo

Parce qu’on lui a fait un pont d’or (forcément) et qu'on lui a promis un nouveau fauteuil (à roulettes) pour balbutier de la merde dans un micro, ce connard de Gérard Abdaloff a refait un saut à la Salle 101 (de sinistre mémoire).

 

Ses victimes ? Les (excellentes) BD d’Umezu Kazuo publiées au Lézard Noir, soit La Maison aux insectes, Le Vœu maudit, La Femme serpent, et plus particulièrement Je suis Shingo (tomes 1, 2 et 3).

 

C’est vraiment un enfoiré qui pue. Vous pouvez en juger par vous-mêmes en écoutant cette émission dégénérée ici. Plus précisément de 12,42 jusqu'à 30,40.

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Yuko, de Ryôichi Ikegami

Publié le par Nébal

Yuko, de Ryôichi Ikegami

IKEGAMI Ryôichi, Yuko – Extraits de littérature japonaise, [Ikegami Ryôichi jisenshu Yuko 池上 遼一自選集], traduction [et] adaptation [du japonais par] Patrick Honoré, Paris, Delcourt – Tonkam, [2010] 2016, 448 p.

Ikegami Ryôichi est un dessinateur (surtout) assez singulier dans le monde du manga – au style très personnel, souvent très réaliste aussi, bien éloigné des codes généralement associés au registre. On le connaît essentiellement pour des œuvres « adultes » (seinen est une catégorie peut-être trop restrictive ?), et, en France, plus particulièrement pour Crying Freeman, BD scénarisée par Koike Kazuo – qui a fait partie des premières traductions populaires de manga en France, du temps de la revue Kameha de Glénat. Mais c’est surtout, donc, un dessinateur – généralement associé à un scénariste (et, en fait de revue, c'est à nouveau Atom qui m'a amené à faire l'acquisition de ce volume).

 

Le cas de Yuko – Extraits de littérature japonaise n’en est que plus particulier… et peut-être un peu trompeur ? En effet, nous avons ici bien plus de Yuko que d’Extraits de littérature japonaise… De fait, les éditions Tonkam avaient publié en 1999 un recueil intitulé Nouvelles de littérature japonaise (traduction de Kindai Nihon bungaku meisaku-sen 近代日本文学名作選), dans lequel Ikegami Ryôichi, grand amateur de cette littérature, adaptait cinq nouvelles japonaises classiques, datant pour l’essentiel du début du XXe siècle, et notamment de l’ère Taishô. Mais seulement trois de ces histoires ont été reprises pour les présents Extraits de littérature japonaise – les adaptations d’Akutagawa Ryûnosuke, Kikuchi Kan et Izumi Kyôka ; celles d’Edogawa Ranpo (hélas ?) et de Yamamoto Shûgorô sont donc passées à la trappe, pour une raison qui m’est inconnue. Je le regrette d’autant plus que, pour être franc, c’était cette dimension de ce recueil qui m’attirait le plus – et, après lecture, les trois adaptations qui demeurent sont probablement les récits qui m’ont le plus parlé dans ce gros volume.

 

Or ils n’en représentent qu’une petite part : le plus gros du recueil porte sur des nouvelles (au nombre de neuf, dont une en deux parties) dont Ikegami Ryôichi est à la fois le dessinateur et le scénariste – chose rare, donc. Ce sont par ailleurs des récits où le sexe est souvent au premier plan, avec une dimension perverse voire malsaine assez clairement revendiquée, pour un résultat étonnamment cru même sans être à proprement parler pornographique. Je ne suis pas un père-la-pudeur, en matière de BD du moins (...), mais je suppose qu’il vaut mieux préciser que ce recueil est, selon la formule souvent un brin ridicule, « réservé à un public averti ».

 

Ceci étant, nous avons là un très bel objet, bien édité, et qui met en valeur le dessin si particulier d’Ikegami Ryôichi ; à vrai dire, c’est même un recueil de toute beauté au plan graphique, et, décidément, fort de sa singularité, même si, parfois, on peut avancer que ça se répète un peu (dans le dessin peut-être, dans le scénario sans doute). Ikegami Ryôichi livre bel et bien un travail graphique admirable, et la précision de ses décors comme la beauté presque palpable de ses personnages, hommes ou (surtout) femmes (pour le coup) dont il restitue le corps avec une délectation presque maniaque, ne peuvent qu’emporter l’adhésion du lecteur.

 

La composition de cette anthologie est un peu étrange, dans la mesure où elle opère à reculons : les histoires les plus récentes précèdent systématiquement les plus anciennes – nous commençons ainsi avec « Elle s’appelait Yuko », qui date de 1999, et nous finissons avec « Source profonde », qui date de 1991 (et toutes ces nouvelles ont été pré-publiées dans la même revue, Big Comic) ; les trois adaptations littéraires se suivent, mais ne sont pas autrement distinguées dans cet agencement général du recueil (elles datent de 1995 à 1997 – enfin, de 1997 à 1995, donc – bref, on se comprend…). Il est d’ailleurs à noter qu’il existe au Japon un second recueil du même tonneau, qui, en toute logique, comprend des récits antérieurs à ceux ici compilés (je ne sais pas ce qu’il en est pour les adaptations « oubliées » d’Edogawa Ranpo et de Yamamoto Shûgorô).

 

Rien, donc, ne distingue vraiment ici les trois Extraits de littérature japonaise de l’ensemble Yuko, mais, dans la mesure où c’est ce qui m’a avant tout attiré dans ce recueil, il me paraît sensé de commencer par là – d’autant que c’est donc ce qui m’a le plus emballé après lecture, et probablement aussi ce qu’il y a de plus subtil dans cet ensemble. Noter un autre point commun, non négligeable : ces trois histoires adoptent un cadre historique, plus ou moins défini, qui tranche sur les récits contemporains qui les précèdent dans le recueil (il y en a par contre deux autres cas dans les récits qui concluent l’anthologie). Je connaissais déjà une de ces histoires : en effet, sous le titre « L’Enfer », nous avons droit ici à une adaptation en bande dessinée de la fameuse et géniale nouvelle d’Akutagawa Ryûnosuke traduite sous le nom de « Figures infernales », dans l’excellent recueil Rashômon et autres contes. Adapter pareil chef-d’œuvre était forcément casse-gueule, mais Ikegami Ryôichi s’en tire remarquablement bien, et ceci alors même qu’il commet (à mon sens…) une « erreur » en « montrant » le paravent créé par le peintre au spectacle de la mort ignoble de sa propre fille ; la nouvelle est superbe, l’adaptation très réussie – et, même si le sexe n’est pas vraiment (?) de la partie, le ton très rude et malsain de cet épisode entre en résonance, de manière pertinente, avec le contenu plus érotisant de l’ensemble du recueil. Cela vaut, globalement, pour les deux autres adaptations, et d'abord « Le Donjon », d’après Izumi Kyôka, qui bénéficie également d’une certaine approche épique cette fois absente du reste du recueil, mais dont le fantastique plus ou moins appuyé suscite également des échos dans le reste de Yuko – avec à mon sens davantage de réussite, d’ailleurs, que dans « Le Serpent », par exemple. La troisième adaptation, de Kikuchi Kan, est « Un amour de Tôjûrô », une vraie merveille, qui atteint en cruauté, mais à sa manière bien particulière, purement psychologique, les sommets de « L’Enfer », ce qui n’avait rien d’évident. Vraiment, ces trois adaptations sont admirables, et je n’en regrette que davantage l’absence des deux autres adaptations originelles (en m’avouant très curieux, notamment, de ce que pouvait bien donner celle d’Edogawa Ranpo, maintenant que j’ai appris à apprécier cet auteur séminal ; j'aurais probablement été tenté de comparer avec les adaptations signées Maruo Suehiro, comme L'Île panorama et surtout La Chenille...).

 

Mais le reste du recueil (un peu plus des deux tiers) est donc consacré à des histoires scénarisées par Ikegami Ryôichi. Je suppose qu’on peut les diviser en deux groupes – séparés par les trois adaptations, de manière approximative, hein ; mais peut-être parce que la lecture, entre-temps, des trois adaptations, change le regard du lecteur sur le reste ? Le début du recueil est à vrai dire très surprenant – car c’est là que sont concentrés les récits les plus frontalement érotiques, avec un goût marqué de la perversion, sadomasochisme, fétichisme, bondage ; même si, à chaque récit, le sentiment redoutable d’avoir affaire à la plus terrible des cruautés dépasse largement les seuls jeux sexuels déviants. « Elle s’appelait Yuko », qui est non seulement le récit donnant son titre au recueil, mais aussi le plus récent de l’ensemble, est à mon sens le plus réussi dans ce registre, car il parvient remarquablement à faire l’équilibriste en étant en permanence sur la corde raide, mais aussi en « synthétisant » d’une certaine manière l’ensemble du recueil, par sa tension redoutable, sa beauté graphique contrastant avec la hideur morale du propos, mais aussi en proposant des échos singuliers aux récits qui suivent – antérieurs, donc, et cela inclut de toute évidence « L’Enfer ». Chose appréciable également, dans ce registre tout périlleux, Ikegami Ryôichi parvient à éviter l’écueil du machisme (il n’y parvient pas toujours dans les autres récits), en dessinant un portrait fascinant de femme forte jusque dans son exploitation, dont le charisme et la détermination écrasent littéralement la figure pathétique du mangaka désargenté qui lui est tout d’abord associée. Une vraie réussite, clairement. Les récits suivants (ou précédents, donc…) sont souvent assez proches dans l’esprit, mais avec des degrés de réussite variables : les fantasmes malsains de « La Cité maléfique » remuent à défaut de toujours convaincre, ce qui est toujours bon à prendre, mais pas totalement satisfaisant ; « Fleur noyée » anticipait joliment « Elle s’appelait Yuko », avec un même couple dysfonctionnel, mais l’accent narratif est cette fois mis sur l’homme passablement lamentable – le résultat est très convaincant. J’ai été moins convaincu par « L’Anneau » et surtout « Le Serpent », récit en deux parties dont j’ai l’impression qu’il a été plébiscité, à parcourir les critiques du recueil sur le ouèbe ; je les trouve inutilement tordus, et – surtout ? – un peu puérils, dans leur fixette fétichiste, même si c’est sans doute à propos dans le cadre du « Serpent », focalisé sur les fantasmes les plus moites (et convenus ?) d’un lycéen en pleine crise. En tout cas, ces deux récits m’ont bien moins parlé que ceux précédemment cités, à la fois plus subtils et plus outranciers dans leur perversion affichée.

 

Après les trois adaptations, il reste encore quatre récits scénarisés par Ikegami Ryôichi, généralement plus courts que les précédents. « Tu m’as touché en rêve » n’aurait pas dépareillé dans la première partie du recueil – en tant que récit contemporain jouant sur les fantasmes les moins avouables ; une dimension traitée sur un mode plus humoristique, ai-je l’impression, mais qui a encore quelque chose de la relative puérilité du « Serpent », aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que cette histoire ne m’ait guère plu davantage – mais peut-être bénéficie-t-elle malgré tout d’une certaine ambiguïté morale, qui lui serait profitable ? Notamment concernant le machisme sous-jacent, cette fois – que faut-il penser de cette douloureuse scène d’attouchements dans les transports en commun (chikan), ou plutôt de ce qu’en déduit le personnage point de vue, et qui est si fondamental dans le récit ? Mais « Mémoire de la peau », histoire plus condensée et globalement plus subtile, m’a bien davantage parlé – et surtout les deux ultimes récits du recueil, très brefs et dénués de dialogues, qui renouent avec les cadres historiques des trois adaptations, avec une dimension poétique plus appuyée : « Feu follet » ne joue pas de la carte de l’érotisme, mais « Source profonde » bel et bien ; ces deux dernières nouvelles, très fortes, et joliment épurées, emportent l’adhésion.

 

Tout ne m’a donc pas plu dans Yuko – Extraits de littérature japonaise, et peut-être bien parce que je m’étais fait une image erronée de ce recueil. Cependant, il m’a plus d'une fois surpris, ce qui est généralement appréciable – et certains de ces récits, très érotiques, toujours un brin pervers, parfois malsains, ne m’ont certainement pas laissés indifférent. Seulement, certaines de ces nouvelles m’ont paru moins convaincantes, et peut-être même un peu nuisibles à l’ensemble, car mettant en avant, délibérément ou pas, une certaine répétition un peu regrettable. Le bilan demeure cependant positif, largement – et ceci même sans prendre en compte le dessin, lequel justifie assurément qu’on s’y arrête, à lui seul : le trait d’Ikegami Ryôichi est vraiment admirable. Demeure ce vague regret de ce que la partie Yuko domine autant sur la partie Extraits de littérature japonaise… Mais, au fond, cela n’a rien de rédhibitoire, je suppose.

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (16)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (16)

Seizième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici.

 

Cette séance-ci est la dernière… du moins d’une première partie de la campagne. On va s’arrêter là pour l’heure, on verra si, un jour, on joue la suite ou pas – il y a du matériel si jamais, essentiellement dans… The Great Northwest.

 

Les inspirations essentielles pour cette séance se trouvent cependant toujours dans le scénario Coffin Rock et la campagne Stone Cold Dead, le tout largement retravaillé de manière plus personnelle. Ceci étant, cette dernière séance a consisté essentiellement en un grand combat final – on s’était arrêté en plein milieu dans la séance 15...

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Lozen, la chamane apache ; et Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero.

Vous trouverez également l'enregistrement de la séance dans la vidéo ci-dessous.

I : À MORT !

 

[I-1 : Lozen, Nicholas, Danny, Beatrice : Warren ; le Maître] Les PJ sont en plein combat contre une horde de zombies – les serviteurs du Maître, dont ils supposent qu’il reste caché dans une caverne au-delà, aménagée en une sorte de temple. La situation est critique : Warren semble condamné, tandis que Lozen est en très fâcheuse posture, et Nicholas guère mieux – car il est gêné dans ses mouvements par les morts-vivants et les diables de poussière rouge qui l’assaillent. Danny, qui a foncé en première ligne, ne tient que du fait de sa forte carrure, mais il est cerné de part en part – seule Beatrice, à ce stade, semble en relative sécurité, ayant usé de son Pouvoir de Téléportation pour se soustraire à ses ennemis en se déplaçant instantanément à l’entrée de la clairière ; cependant, elle constate que d’autres morts-vivants sortent sans cesse des fourrés, y compris derrière elle…

 

[I-2 : Lozen, Beatrice, Nicholas, Danny] Lozen profite de ce qu’un diable de poussière rouge a tenté de suivre Beatrice pour faire appel aux esprits et se soigner quelque peu – elle ne parvient cependant pas à se désengager des zombies… Mais la huckster, à son habitude, ventile dans son dos – elle fait le ménage, dans l’ensemble, mais commence à s’inquiéter pour ses munitions, elle en a une consommation soutenue ! Et ses cylindres déjà préparés ne sont bien vite plus qu’un lointain souvenir... Cependant, à force, elle dégage ainsi le champ pour que Nicholas et la chamane respirent un peu. Le pistolero est enfin en mesure de faire parler la poudre ! Et l’Indienne, même un peu sceptique, constate que son arc n’est pas inutile dans ces circonstances... Les PJ ont cependant une mauvaise surprise : un loup-garou a surgi de la caverne et s’avance dans leur direction en contournant la cohue par le nord ! Et c’est maintenant Beatrice qui devient la cible prioritaire des zombies – à l’exception bien sûr de ceux qui sont engagés dans une impasse avec Dannylequel décide de forcer la situation en se précipitant de lui-même dans un diable de poussière rouge ! La tempête affecte aussi les morts-vivants à sa suite… Et Nicholas croit entendre des coups de feu en provenance de l’est – et constate que les zombies ne semblent plus affluer de cette direction ? Mais il a bien vite une autre préoccupation : le loup-garou l’attaque ! Et, d’un unique coup de griffe très vicieux, il éventre le faux prêtre, lui provoquant une grave déchirure qui l’amène aux portes de l’agonie…

 

[I-3 : Danny, Beatrice, Lozen, Nicholas] La situation redevient critique, le répit a été très bref, et Danny en a bien conscience : il parvient à se désengager des zombies qui le cernaient, et va se réfugier dans le bosquet immédiatement au sud – praticable pour lui, sans doute bien moins pour ses adversaires morts-vivants. Beatrice se replie elle aussi, et tente de retrouver le bagarreur – mais le loup-garou les a repérés et les suit ; Danny échappe de justesse à ses attaques ! Il brise sa lampe contre un tronc dans l’espoir d’y mettre le feu (en vain), et file sur le côté, vers l’est… Lozen a pu gagner la lisière de la forêt, mais ses mouvements sont gênés. Beatrice veut les téléporter tous les trois hors de portée du loup-garou et des zombies, mais, pour cela, elle est contrainte de « tenter le diable »et subit de plein fouet le Contrecoup ; ce n’est qu’après avoir « parié » qu’elle réalise qu’elle se trouve dans un environnement où les Manitous règnent sans partage ! Elle parvient à téléporter ses amis plus loin au sud… mais elle tombe aussitôt inconsciente, le cerveau frit ou peu s’en faut. [En termes de mécanique, elle a perdu un dé d’Arcane de manière permanente…] Le loup-garou est cependant toujours en mesure de les suivre, même s’ils ont gagné du temps ; le bosquet est assez dense, de quoi gêner les déplacements d’une créature aussi massive que le lycanthrope, mais la bête sauvage est en même temps habituée à ce genre d’environnement… Ils ont quelques tours de répit, à mettre à bon usage – tandis que Nicholas, seul dans la clairière, à terre, entouré de zombies, est dans une situation extrêmement périlleuse !

 

[I-4 : Danny, Beatrice : Russell Drent] Danny prend Beatrice sur son épaule, et fuit vers l’est – le sentier qui leur a donné accès au sommet de la colline ; il distingue une silhouette – un homme avec un grand manteau et un chapeau, qui a une carabine en main : il pense qu’il s’agit de Russell Drent ! Impression qui se confirme bientôt. Le shérif a l’air stoïque, et épaule tranquillement, genou à terre, abattant à chaque tir un zombie à distance. Danny le rejoint – il ne pensait jamais dire ça un jour, mais il est content de le revoir ! Drent acquiesce – mais il ne veut pas faire le ménage dans le vide, il va falloir qu’ils se battent eux aussi… Ce que comptait bien faire le bagarreur, qui dépose Beatrice inconsciente avant de retourner dans la mêlée.

 

[I-5 : Lozen : Laughs At Darkness ; Fedor] Mais Lozen, quant à elle, est attirée vers le sud – où elle sent la présence d’un esprit de la nature, et puissant… qui lui rend aussitôt sa pleine capacité en Médecine tribale. Quelque chose bouge, là-bas, et de bonne taille… Elle s’approche, intriguée, et reconnaît bientôt la silhouette de Laughs At Darkness – mais le chaman est accompagné d’un ours colossal, le plus gros grizzli que Lozen ait jamais vu ! Le vieil Indien est toujours aussi aimable : « Va peut-être falloir y retourner, j’vais pas faire tout l’boulot à vot’ place comme d’habitude... » Lozen est séchée – mais Laughs At Darkness ne lui laisse pas le temps de protester : « Bon, on va s’occuper de ce putain d’loup-garou – mais toi et tes copains, faut y aller sur Fedor ! » Et il progresse, avec l’ours, sans plus attendre. Lozen, d’abord indécise – et pas bien certaine de ce que le chaman attend véritablement d’elle – longe la clairière par le sud, à la lisière du bosquet, pour s’approcher de la caverne où doit se trouver le Maître. Elle entend les échos du combat entre l’ours et le loup-garou… et, clairement, c’est le premier qui l’emporte ; il sort bientôt dans la clairière, la mâchoire et les griffes barbouillées de sang – tandis que le chaman suit à distance Lozen.

[I-6 : Danny, Nicholas, Beatrice : Russell Drent ; Warren] Danny retourne dans la clairière en courant – par l’est. Il constate que Nicholas n’a pas repris ses esprits… et que des zombies s’approchent lentement de lui pour le dévorer, après avoir éviscéré Warren ! Heureusement, le shérif Russell Drent assiste le bagarreur de loin, avec sa carabine. Danny fait le vide autour de lui, et atteint le corps inanimé de Nicholas – il n’a pas subi d’autres blessures, mais il n’en est pas moins à l’agonie : il faut l’évacuer ! Danny s’en empare, et le ramène dans la direction de Drent, aux côtés de Beatrice qui revient progressivement à elle, très affaiblie cependant. Le bagarreur ne connaît absolument rien en médecine, mais, en improvisant à la rude, il parvient à stabiliser Nicholas ; les zombies étant maintenant moins nombreux, Drent offre de s’occuper de soigner le faux prêtre – et Danny retourne dans la mêlée, non sans laisser son colt et ses munitions à la huckster..

 

[I-7 : Lozen, Danny, Nicholas : Fedor, Russell Drent] Lozen continue de progresser vers la caverne, à la lisière du bosquet ; quelques zombies lui barrent le passage, qui vacillent sur l’escalier. La chamane aperçoit un vieil homme noir, aux cheveux blancs, qui sort du temple. Derrière elle, l’ours fait des ravages dans les rangs des morts-vivants. Danny en profite pour traverser la clairière dans la direction de la caverne – et il renverse et neutralise le vieil homme noir ; au fond de la grotte, il distingue un autre homme noir, plus jeune, correspondant à la description du Maître qu’on leur avait faite à Coffin Rockc’est bien Fedor, de la communauté des anciens esclaves de Crimson Bay. À l’arrière, les soins de Drent s’avèrent efficaces : Nicholas est toujours dans un sale état, mais conscient et capable de se mouvoir – il s’avance lentement dans la direction du temple, mu par une force intérieure, et le shérif ne proteste pas : le faux prêtre fait ce qu’il veut. Beatrice aussi a récupéré – et avance en faisant feu sur Fedor. Ce dernier rugit : « Imbéciles ! Vous ne pouvez pas me blesser ! » Mais la huckster le touche, pourtant – et il en est stupéfait ! Il a à peine le temps de constater qu’une balle s’est logée dans sa poitrine, qu’une autre balle l’atteint en plein front – et il s’effondre ! Beatrice achève de vider son chargeur dans le cadavre du prêtre vaudou, qui conserve dans la mort cet air éberlué : il était totalement convaincu d’être intouchable… Les zombies s’effondrent aussitôt, inanimés – et le vieil homme noir pleure.

 

[I-8 : Danny, Nicholas : Fedor, Laughs At Darkness, la Tempête Rouge/Ahpuk] Mais le corps de Fedor est bientôt secoué de violents spasmes. Laughs At Darkness, accompagné de l’ours, s’approche de la dépouille. Danny s’inquiète de la scène, mais le chaman lui dit d’appeler leur copain Nicholas, lequel approche, intrigué. Le chaman lui dit qu’il a sans doute mérité « qu’on lui laisse ça »… Le cadavre de Fedor se fend en deux par le milieu et en surgit une énorme créature démoniaque, environnée d’un tourbillon de poussière rouge : le pistolero reconnaît sans l’ombre d’un doute la Tempête Rouge de son enfance – emporté par la rage, il se précipite dans sa direction en dégainant ses armes, mais le chaman ajoute : « Il vous manque juste une petite chose. » Il se tourne vers le manitou, et, avec un sourire carnassier, prononce son nom : « Ahpuk ! » Ce qui permet à Nicholas de le blesser. Ahpuk n’est pas un combattant, c’est un manipulateur ; son nom révélé, face à la rage indomptable du faux prêtre, il ne peut rien faire – et se dissout bientôt dans le vide, criblé de balles… Nicholas ne se fait pas d’illusions : il n’a pas tué pareille créature, ce n’est pas dans ses moyens – mais il l’a bannie, pour un temps indéterminé : le mieux qu’il pouvait faire.

II : LE JOUR SE LÈVE

 

[II-1 : Danny, Lozen : Laughs At Darkness, Fedor, Tacheene, Ahpuk] Les PJ subissent alors une sensation très étrange : c’est comme si leur corps avait été « retourné » ou « inversé » brutalement, ils ont senti les organes se déplacer dans leur corps – rien de plus, cela dit, et la sensation disparaît bientôt. Le soleil se lève – à l’est, forcément, mais l’est n’est plus dans la même direction, c’est comme si le monde avait fait un virage à 180 degrés, tandis que la nuit éternelle autour de Coffin Rock se dissipe enfin. Laughs At Darkness s’approche de la dépouille éventrée de Fedor, et l’ours se met à la dévorer – tandis que le vieil homme noir pleure, désespéré, convaincu que le prêtre vaudou avait eu raison de déchaîner sa colère sur Crimson Bay, ce qui répugne à Danny : justifier la mort de tant d’hommes, de femmes, d’enfants ? Lozen réclame des explications au chaman : que s’est-il passé au juste ? Ils étaient passés dans ce qu’on appelle les Terres Mortes ; en l’espèce, un piège, un enfer conçu spécialement pour eux, pour leur faire peur au point de les paralyser, d’empêcher qu’ils agissent ; mais grâce à leurs actions, Tacheene (il indique l’ours de la tête) a pu récupérer son pouvoir – avec son aide, ils ont ainsi pu vaincre Ahpuk, et rendre ce « territoire » à la Terre qu’ils connaissaient. C’était une sorte de miroir… Ils sont retournés « du bon côté des montagnes », s’ils comptent retourner à Crimson Bay. Car leur tâche n’est pas tout à fait terminée : les manitous se nourrissent de la peur, et c’est pourquoi ils la répandent partout ; mais ils ont montré qu’on peut vaincre ce mal. Il ne suffit pas de l’avoir fait – il faut que cela se sache, il faudra raconter tout cela. Les gens riront peut-être – ils parleront de délires d’ivrognes ; mais, même ainsi, ils feront reculer la peur – et c’est tout ce qui compte. Laughs At Darkness les remercie – il caresse l’ours, et ils disparaissent tout deux progressivement.

 

[II-2 : Nicholas, Danny, Beatrice : Warren] Nicholas et Danny entendent bien ramener le corps de Warren (Beatrice ne s’était pas privée de récupérer la roche fantôme que gardait le savant fou sur lui…), et, un peu déconcertés par le changement d’orientation, les PJ reprennent la route de Coffin Rock… si c’est bien cela ? Car ils sont bel et bien passés de l’autre côté des montagnes – et supposent qu’au nord-ouest devrait se trouver Crimson Bay. Impression bientôt confirmée : Coffin Rock n’est plus, mais ils reconnaissent à sa place les bâtiments abandonnés de la mine de San Lorenzo Point. À partir de là, s’orienter n’est plus un problème. Ils en ont bien pour deux jours de voyage...

III : THERE’S JUST ONE KIND OF MAN THAT YOU CAN TRUST THAT’S A DEAD MAN… OR A GRINGO LIKE ME

 

[III-1 : Nicholas : Warren, Rafaela Venegas de la Tore] Les PJ arrivent enfin à Crimson Bay. La ville est déserte – pas un bruit, pas un mouvement, sinon de quelques animaux épars, dont des chevaux en liberté. Il fait assez beau, un peu frais – les nuages de la tempête ont disparu, la mer est étale… Ils prennent la direction de la blanchisserie – dont les portes sont ouvertes. À l’intérieur, ils tombent enfin sur des humains – ou plutôt ce qu’il en reste… Des reliquats de scènes de cannibalisme, partout. Des corps éventrés, posés sur des tables auprès d’assiettes pour certains d’entre eux, d’autres simplement laissés là et dévorés comme l’a été Warren. Mais ce ne sont pas des zombies qui ont commis le massacre : ce sont des humains qui ont mangé d’autres humains. Parmi les cadavres se trouve celui de Rafie – qu’ils ne peuvent identifier qu’en raison de ses vêtements. Sur les parois, à l’intérieur, ils distinguent çà et là des traces de griffes – mais pas celles des zombies, quelque chose de plus volumineux, évoquant des bêtes sauvages particulièrement agressives. Nicholas va enterrer le cadavre de Rafie.

 

[III-2 : Danny, Beatrice, Nicholas : Josh Newcombe] Quand ils sortent de la blanchisserie, ils entendent une voix – celle de Josh Newcombe : « Excusez-moi ? » Le journaliste est souriant, et toujours aussi impeccable ; il tend un journal à Danny : « Votre édition spéciale ! » Le bagarreur lui jette un œil noir, et Beatrice le braque… ce qui le surprend : il ne fait que son travail ! Nicholas, qui haïssait littéralement le journaliste, dit cependant à ses amis de le laisser. Danny lui demande ce qu’il s’est passé ici. « Eh bien, tout figure dans ce journal. Vous savez, le bon journaliste ne s’attarde pas sur le passé, il précède l’information, et... » Danny se montre menaçant, il réclame des explications – il veut l’entendre, pas qu’on lui lise ses élucubrations. Newcombe est bien contraint de s’exécuter, mais son discours reprend le contenu de son ultime édition spéciale…

Le Dernier Numéro du Crimson Post...

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

Ainsi que l’a toujours proclamé la Sagesse Populaire, Elle qui ne se trompe Jamais, toutes les Bonnes Choses, même les Meilleures, ont une fin… Nous sommes au regret d’annoncer à Nos Fidèles Lecteurs que le présent numéro du Crimson Post sera le dernier. Non que notre soif d’Information se soit tarie, non que notre Sainte Croisade pour la Vérité nous apparaisse désormais vaine ! Cependant, la Rédaction se doit de reconnaître que la Bonne Ville de Crimson Bay n’abrite désormais plus assez de lecteurs pour que cette entreprise de presse demeure viable…

 

Nous avons frémi ensemble devant les Terreurs de ces derniers jours. Nous étions là quand le ci-devant maire « Gamblin’ » Joe Wallace, sur un coup de tête, a jailli dans les rues, soudainement libérées des morts-vivants étrangers qui nous étouffaient de leur intolérable promiscuité ; sa vieille Winchester en main, l’entrepreneur s’est alors précipité dans le bureau du shérif, le Preux Russell Drent, et l’a abattu d’une balle en pleine tête – triste fin pour l’excellent fonctionnaire de police qui, en ces temps troublés, avait pourtant su assurer l’unité de nos concitoyens dans un attentisme prudent et circonspect face aux manigances impies qui se tramaient dans la Blanchisserie… L’assassin, comme si son comportement n’était pas déjà suffisamment blasphématoire, a ensuite retourné sa propre arme contre lui-même – une dernière cartouche l’a expédié à jamais en Enfer, Là où était assurément sa place.

 

Dans les rues désormais désertes, nous avons erré, le Cœur Serré après cette Ultime Ignominie… Avions-nous alors perdu le Courage ? Certes non ! Nous ressaisissant sous le coup de l’Inspiration Divine, nous avons alors pris la direction de la Blanchisserie Diabolique. Là-bas, nous avons découvert un Bien Terrible Spectacle… Nul être vivant dans ces parages – même démoniaque. Seulement les cadavres innombrables des pauvres fous qui avaient cru pouvoir trouver un asile dans cette souillure perverse d’orientalisme, et n’y ont trouvé que la Mort. Devant nous s’entassaient les répugnants reliquats d’Odieux Festins Cannibales…

 

Or les Sauvages, qui parfois ne se trompent pas totalement, quand bien même leur absence de Foi pour Christ Notre Sauveur les condamne Justement à l’Enfer Éternel, les Sauvages, disions-nous, nous ont de longue date informé du Sordide et Terrible Destin de ceux qui, dans cette belle mais cruelle région, succombent à l’appel de la bestialité et se nourrissent de la chair de leurs semblables… Ils deviennent des « WENDIGOS », tel est le terme barbare – d’horribles créatures hirsutes et griffues qui mutilent et tuent et se repaissent de la chair de l’Homme, dans un cycle sans fin…

 

S’étonnera-t-on, dès lors, que, dans cette région comme ailleurs, on ait fait état de manifestations de cet ordre impie ? À Seattle, tout particulièrement, dans l’État voisin de Washington, des sources parfaitement fiables ont mentionné à maintes reprises les horreurs cruelles commises par des spécimens particulièrement titanesques de « Big Foot »…

 

Ceci n’est en rien surprenant. Mais nous y voyons aussi un Message – mieux, un Signe Divin de la Marche à Suivre ! Que les lecteurs qui demeurent à Crimson Bay nous pardonnent, mais il nous faut continuer notre chemin – et c’est celui du Nord ! Le vent de l’hiver nous pousse dans le dos… et il reste bien des histoires à raconter.

 

Adieu, Chers Lecteurs – et que Christ vous garde dans la Nuit qui s’annonce ; avec l’assurance que le soleil se lèvera enfin !

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

[III-3 : Danny, Beatrice : Josh Newcombe] Josh Newcombe cherche à se dégager de l’emprise de « Mr. Cody », mais celui-ci, après un temps de réflexion, lui dit qu’ils auraient bien une histoire à raconter au journaliste. Il a rangé son matériel… mais il peut toujours prendre des notes sur son calepin ! Beatrice va se charger de raconter leur histoire – contre la garantie que le journaliste la publiera, et la publiera telle quelle, sans de ses déformations coutumières. La huckster lui raconte tout – même si en parlant de démons plutôt que de manitous ; mais le point important est que ces démons veulent répandre la peur… Et c’est pourquoi il faut diffuser cette histoire. Bien sûr, Beatrice se garde de dire qu’elle sait que ce n’est pas le Christ qui protège Newcombe, mais un manitou… En fait, elle joue le jeu du journaliste à cet égard. En dehors de ce genre de choses, sont récit est complet et exact, même si parfois confus ; elle sait que, çà et là, Newcombe risque de broder, mais elle pense l’avoir convaincu de raconter leur histoire sans trop en rajouter. Il va prendre la direction de Seattle, mais son nouveau journal comprendra sans doute le récit des PJ.

 

[III-4 : Beatrice, Danny : Josh Newcombe : Jeff Liston, Jon Brims, Mortimer Stelias, Laughs At Darkness] Mais Beatrice a une dernière question : absolument tout le monde a disparu dans cette ville ? Quelques adjoints ont survécu – qui ne comptaient pas s’attarder dans Crimson Bay : la ville-champignon est devenue une ville fantôme – ce qui n’est pas si rare… Josh Newcombe n’a pas de nouvelles de Jeff Liston ou des Red Suns, pas davantage concernant Jon Brims ou a fortiori Mortimer SteliasIl y a eu quelques survivants anonymes, oui – des gens qui s’étaient réfugiés dans leur cave, ce genre de choses… Ils sont partis discrètement, certains vers le nord, d’autres vers le sud, d’autres encore ont pris la mer, très calme depuis… Mais la ville est maintenant déserte ; Newcombe était le dernier à être resté – pour livrer son édition spéciale à « Mr. Cody »…

 

[III-5 : Beatrice, Danny, Nicholas, Lozen : Jeff Liston, Laughs At Darkness] Beatrice compte tout de même ratisser la ville – et, avec Danny, essayer de retrouver Liston ou les Indiens… Ils retrouvent ces derniers, mais ils n’ont pas de nouvelles de Liston – ou de Laughs At Darkness, d’ailleurs ; les Red Suns eux aussi comptent partir, de toute façon – vers le nord également… même si l’hiver approche, qui s’annonce particulièrement rigoureux. Beatrice choisit de les accompagner – elle offre à Danny de venir également, et le bagarreur accepte, soulagé d’une certaine manière. Quant à Nicholas et Lozen, ils partent de leur côté – ils se sont découvert une vocation commune de chasseurs de manitous ; le faux prêtre, si raciste il y a peu, est devenu curieux de la culture indienne, et des esprits de la nature...

 

FIN

 

(DE LA PREMIÈRE PARTIE ?)

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