SCHEER (K.-H.) et DARLTON (Clark), L’arche des aïeux, traduit et adapté de l’allemand par Ferdinand Piesen, [Paris], Fleuve noir, coll. Space, série Perry Rhodan (n° 42), [1977] 1996, 185 p.
Où l’on retrouve « la plus grande saga de science-fiction du monde », avec ce 42ème volume de « Perry Rhodan ». Je ne m’étendrai pas sur la présentation de la saga, déjà effectuée dans l’article sur Les métamorphes de Moluk. C’est du roman de gare, voui, de la SF couillonne et un tantinet gamine, et ça ne prétend pas être autre chose.
Alors, c’est quoi donc, cette Arche des aïeux ? Comme le titre le laisse entendre, c’est une histoire de « vaisseau-monde » qui va nous être ici contée. Depuis des millénaires, une gigantesque sphère traverse lentement l’espace. Sa destination comme son origine sont inconnues, y compris des hommes qui l’habitent. Ceux-ci, dénués de toute identité (on les désigne par leur fonction, suivie d’un numéro), sont contraints à une vie brève et dure, toute entière vouée au travail. Quand vient le moment, ou plus tôt si l’on pose trop de questions, chacun disparaît dans le convertisseur, du plus misérable ouvrier au commandant lui-même. Les robots gardiens y veillent. Mais ces hommes, qui n’ont jamais vu le ciel, qui n’ont jamais foulé le sol d’une planète, en viennent à se poser des questions troublantes : pourquoi sont-ils là ? Quel est au juste le sens de cet énigmatique voyage ? Pourquoi ne laisse-t-on pas faire la nature, et expédie-t-on des hommes en pleine forme dans le convertisseur parce que « c’est le moment » ? Pourquoi ne peut-on même pas se poser des questions métaphysiques ?
On le voit, l’atmosphère du roman, si elle est loin d’être inintéressante, n’est guère originale. La base est la même que celle de bons nombres d’histoires de « vaisseaux-mondes », et, pour ma part, je n’ai pu m’empêcher de penser notamment aux Orphelins du ciel de Robert A. Heinlein, en beaucoup moins pénétrant et inventif comme de bien entendu.
Mais cela ne s’arrête pas là, bien sûr. La révolution est inévitable. Et le mystère s’épaissit quand un mécanicien découvre, par hasard, une zone auparavant inaccessible du vaisseau, gardée par de nombreux robots, et abritant les corps cryogénisés de centaines d’individus. Seraient-ce leurs ancêtres ? Pourquoi sont-ils là ? Les occupants actuels du vaisseau ne seraient-ils que des pions manipulés par leurs aïeux endormis ?
Histoire d’en rajouter un peu, la sphère croise bientôt la route d’un vaisseau terrien. Et son équipage également se pose des questions : que fait ici ce gigantesque croiseur arkonide ? Et pourquoi avance-t-il, et depuis fort longtemps semble-t-il, à cette vitesse d’escargot, alors qu’il dispose a priori de propulseurs hyperspatiaux en parfait état de marche ? C’est l’occasion de rencontrer un personnage très attachant, l’Emir, un mulot mutant, parlant, télépathe, télékinésiste, téléporteur et très farceur, qui compte bien percer ce mystère.
Je n’en dirai pas plus, si ce n’est que le deuxième épisode se situe là encore dans la continuité immédiate du premier, et que, si Perry Rhodan et même Atlan y font leur apparition, c’est encore le mulot que l’on prend le plus plaisir à suivre.
Pour un roman de gare, c’est plutôt le haut de gamme, même si l’on y préférera bien sûr les originaux (Les orphelins du ciel, dernier volet de « l’Histoire du futur » d’Heinlein déjà évoqué précédemment, est à ce titre une lecture indispensable). Un sympathique Perry Rhodan, assez entraînant. On regrettera juste une idéologie qui pue vraiment du zboub, mais sur laquelle je ne peux rien dire de plus, histoire de ne pas dévoiler le fin mot de l’histoire. Dommage…
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