Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

"La faune de l'espace", d'A.E. Van Vogt

Publié le par Nébal

La-faune-de-l-espace.jpg


VAN VOGT (A.E.), La Faune de l’espace
, traduit de l’américain par Jean Rosenthal, Paris, Gallimard – J’ai lu, coll. Science-fiction, [1939, 1943, 1950, 1952, 1971] 2003, 308 p.
 
A.E. Van Vogt est généralement considéré comme un des plus brillants auteurs de la SF américaine de « l’âge d’or », aux côtés d’Isaac Asimov, Robert Heinlein, Clifford Simak et Theodore Sturgeon. Mais j’étais passé complètement à côté de la plupart (tous sauf Asimov, à vrai dire) lors de ma première période de dévotion à la SF – aka mon adolescence boutonneuse. Or l’on dit souvent que ces auteurs gagnent à être découverts jeune… Je sais pas. Je relis toujours Asimov avec plaisir, j’ai découvert très récemment Heinlein, que j’aime bien, de même pour Simak et Sturgeon, ce dernier m’ayant plus particulièrement intéressé. Quant à Van Vogt…
 
Il y a de cela un an ou deux, j’entame ma redécouverte de la SF… avec la quasi-intégrale de Philip K. Dick. Et je lis, par-ci par-là, diverses références notant la forte influence de Van Vogt sur ses textes, notamment parmi les plus anciens (et en premier lieu Loterie solaire). Pourquoi pas, donc, aborder la lecture de ce précurseur à mon auteur fétiche ? Je me rends dans ma libraire préférée, et saisis un exemplaire du Monde du non-A, premier volume du célèbre « cycle du non-A » ; et là, que vois-je ? « Traduit par Boris Vian ». Ah ouais, tiens, bon, d’accord. Raison de plus, non ? Je prends, et les deux volumes suivants (Les joueurs du non-A et La fin du non-A) dans la foulée. J’entame la lecture ; voui, c’est plutôt sympa jusque-là, très dickien avant Dick, effectivement ; pas très bien écrit, ceci dit, mais bon… Et là, c’est le drame : passées les premières pages plutôt attrayantes, on se retrouve bien vite dans un nawak space op’ bourrin, stupide et prétentieux, largement incompréhensible, écrit avec les pieds, et, pour ainsi dire, chiant comme la pluie. Humf, peut-être était-ce une réaction thalamique ; vite, la « pause » ; zen, j’entame le deuxième : pareil. Je dois vraiment être très thalamique… Obstiné, j’essaye le troisième (bien plus récent, et pas traduit par Vian cette fois) : c’est un peu plus rigolo, mais quand même… Pas convaincu, mais alors vraiment pas du tout. J’essaye son autre classique, A la poursuite des Slans : je parviens à la fin sans trop souffrir, mais c’est quand même pas top… J’en arrive à la conclusion que Van Vogt, ben c’est pas pour moi, quoi…
 
Et puis, récemment, navigant sur le forum du Cafard cosmique, je tombe sur un débat « pour ou contre Van Vogt » et un compte-rendu élogieux de La faune de l’espace. Je regarde un peu, sans vraiment intervenir ; visiblement, la communauté SF est assez divisée sur le Monsieur, qui a ses idolâtres et ses contempteurs. Je suis intrigué, quand même, et je veux bien redonner une chance à papy Alfred Elton ; d’où l’achat (toujours dans ma librairie préférée) de La faune de l’espace, et, dans la foulée (parce que je suis particulièrement stupide / masochiste / courageux / de bonne volonté, rayez les mentions inutiles), son autre « grand titre », Les marchands d’armes (c’est-à-dire, en un volume en poche, Les armureries d’Isher et Les fabricants d’armes).
 
Alors, alors, ça donne quoi, La faune de l’espace ? Ben, déjà, comme pas mal de trucs de Van Vogt, c’est plus ou moins un fix-up, semble-t-il, c’est-à-dire un roman formé de différents textes reliés entre eux, plus ou moins à la va-comme-je-te-pousse, des fois. Ici, le lien, c’est la mission du « Fureteur », un « vaisseau cosmique terrien » (dixit la quatrième de couv’) sillonnant l’espace pour une mission d’exploration de plusieurs années, avec à son bord pléthore de scientifiques en tout genre. On comprend mieux, du coup, le titre original, The Voyage Of The Space Beagle. Mais ça rappelle aussi autre chose, non ? Allez, un petit effort… « L’espace. L’ultime frontière… » Ouais. Il y a effectivement fort à parier que Gene Roddenberry, quand il a créé la série Star Trek, avait lu et adulé La faune de l’espace, parce que ça y ressemble pas mal, quand même. Ce qui, à vrai dire, n’est pas forcément rassurant ; parce que si Star Trek, à l’occasion, ça peut être assez sympa à visionner, sous une forme romanesque, ça peut par contre vite devenir lourd… Mais bon, baste les a priori.
 
Le principal héros du roman s’appelle Grosvenor, et c’est le nexialiste du vaisseau. Un nexialiste ? Qu’est-ce que c’est donc que cette chose ? Eh bien, un nexialiste, c’est un spécialiste… du nexialisme ; c’est-à-dire d’une « science fictive » ou d’une « pseudo-science » (selon que l’on est gentil ou méchant), comme Van Vogt, semble-t-il, les appréciait particulièrement, celle-ci consistant semble-t-il en une forme d’encyclopédisme, de polymathie recoupant les diverses branches de la science ; bon, c’est un peu vague… On n’est pas avare en procès d’intention, parfois, à l’encontre de AEVV ; certains, qui ne lui ont pas pardonné son intérêt avoué, fut un temps, pour la « dianétique » de L. Ron Hubbard, ont voulu y voir quelque chose de très louche dans ce goût-là… Mais c’est peu probable : le roman est de toutes façons antérieur à La Dianétique. Et à vrai dire, perso, je m’en fous un peu… Plus gênant, le nexialisme, en dépit de ce que Grosvenor prétend lui-même, a des accents un peu faf, des fois… Mais bon. Pas grave. C’est pas aussi agaçant, de toutes façons, que la « conception cyclique de l’histoire » de « l’archéologue » Korita, qui est lui carrément à baffer…
 
Grosvenor, Korita, et tous les autres scientifiques du « Fureteur » (parmi lesquels on accordera une place particulière à Kent, chef des chimistes, politicard ambitieux et le pire ennemi de Grosvenor et du nexialisme), se retrouvent ainsi embringués dans un long voyage dans de lointaines galaxies, à la recherche de faune ou de civilisations extraterrestres. Et c’est ainsi que l’on va voir se succéder quatre récits de rencontres, très inégaux. Le premier, avec Zorl, est assez correct ; le deuxième est chiant comme c’est pas permis ; le troisième, avec Ixtl, est de très loin le moment le plus intéressant du roman (on l’a souvent noté, mais c’est très vrai : ici, Van Vogt préfigure pas mal Alien de Ridley Scott) ; le quatrième aurait pu être bien, mais est perturbé par un délire politique agaçant, et s’achève en queue de poisson.
 
Alors, VV remonterait-il dans mon estime ? On s’en doute : non, pas du tout. Même si la lecture en est moins pénible que celle du « non-A » (encore heureux !), La faune de l’espace est quand même franchement médiocre, pour rester poli, sur le plan de l’écriture. Les personnages sont totalement creux, et le peu de relief qui leur est donné à l’occasion les rend presque invariablement antipathiques : impossible de s’y attacher. Les intrigues, si l’on excepte celle avec Ixtl, donc, sont généralement mollassonnes et peu divertissantes. Pas ou peu d’intérêt scientifique a priori, et les quelques réflexions d’ordre philosophique ou social sont le plus souvent risibles, quand elles ne sont pas plus ou moins nauséabondes.
 

Bref, on s’en passera…

CITRIQ

Commenter cet article