COIL, The Remote Viewer.
Tracklist :
CD 01
01 – Remote Viewing 1
02 – Remote Viewing 2
03 – Remote Viewing 3
CD 02
01 – Remote Viewing 4
02 – Remote Viewing 5
The Remote Viewer est une des plus récentes productions du légendaire groupe Coil, et même la dernière, dans un sens, le premier disque étant paru à l’origine en 2002, et le second en 2006, soit deux ans après le décès de Jhonn Balance ayant entraîné la disparition du groupe. Et c’est peut-être un des albums les plus fascinants de Coil, tant Balance et son compère échappé de Throbbing Gristle Peter Christopherson, assistés de leur petite troupe, y font preuve d’une inventivité sans pareille.
Coil a toujours été un groupe difficile à cerner, alternant entre des morceaux chantés relativement mélodiques et abordables (comme leur célèbre reprise de « Tainted Love »), et des albums conceptuels très divers, largement expérimentaux, parfois rebutants, aux méthodes de composition toutes plus frappadingues les unes que les autres, et où le génie semble rencontrer plus qu’à son tour le pur et simple délire sous acide et le foutage de gueule pseudo-ésotérique…
Ici, c’est clairement dans cette deuxième catégorie que nous nous trouvons. Et tant mieux, parce que c’est une franche réussite. Si « Remote Viewing 2 » fait partie des compositions les plus abstraites de Coil, succession de glitches sur fond ambient, portée par une très discrète rythmique industrielle (ce qui peut rappeler le « side-project » de Coil dénommé ELpH, par exemple sur l’album Worship The Glitch), les autres morceaux sont plus directement évocateurs, et notamment les sublimes « Remote Viewing 1 » et « Remote Viewing 3 » avoisinant chacun les 20 minutes. On pense parfois à certains groupes de Krautrock ici, comme Can ou, peut-être plus encore, Ash Ra Tempel. Mais il y a indéniablement quelque chose de plus ; Coil développe ici une musique à la croisée des chemins, empruntant à l’ambiant, à l’indus, au progressif et au néofolk, pour un résultat qui touche directement au cœur et à la tête.
Sur ces longues compositions, sombres et répétitives, souvent fondées sur un bourdon, viennent progressivement se superposer d’étranges sonorités évoquant un orgue abâtardi avec une flûte démente, un khène ou un melodica sous acide, en somme, et… ben… quelque chose comme une cornemuse électronique, peut être… Derrière, c’est aussi une orgie de glitches et de bleeps plus ou moins industriels, qui apporte une touche supplémentaire de malaise écartant définitivement la fausse classification type « new age » que pourraient oser avancer les mauvaises langues bouffies de préjugés. Et puis, il y a la rythmique, à la fois tribale et industrielle, soufflant le chaud et le froid, et portant avec délice une basse discrète et ronde qui achève de transporter l’auditeur dans un ailleurs tant désiré. De temps à autre, une légère esquisse de guitare ou de claviers plus traditionnels vient apporter la touche finale au tableau de maître. Le travail du son est admirable, comme souvent chez Coil, et toutes les possibilités les plus avant-gardistes de la musique électronique sont ici employées à bon escient. Ainsi, notamment, sur « Remote Viewing 4 » et « Remote Viewing 5 », qui prolongent le rêve visionnaire, en une sorte d’audacieuse variation sur les thèmes du premier disque, certainement pas stérile, mais bien au contraire étonnement enrichissante.
Un album remarquable, à écouter et à ré-écouter.
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