Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

"Les Domestiques", de Michael Marshall Smith

Publié le par Nébal

 

MARSHALL SMITH (Michael), Les Domestiques, [The Servants], traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Julien Simon, Paris, Bragelonne – Milady, [2007] 2009, 285 p.

 

Ayant lu pas mal de pavés ces derniers temps, j’ai eu envie, pour changer un peu, de lire quelque chose de léger. Déambulant dans les rayonnages, j’ai été attiré par ces Domestiques, ou, plus précisément, par le nom de l’auteur, à propos duquel des sources bien informées m’avaient dit beaucoup de bien, notamment pour son recueil de nouvelles intitulé L’Homme qui dessinait des chats. J’avais envie de me faire un peu de fantastique léger – ça faisait longtemps –, alors pourquoi pas celui-ci ? Allez, hop.

 

Nous sommes de nos jours, à Brighton. Mark est un gamin de onze ans, qui se fait grave chier. Il fait un temps dégueulasse, le skateboard se révèle un loisir diablement compliqué, et l’ambiance à la maison est désastreuse. La mère de Mark est toujours trop fatiguée pour faire quoi que ce soit. Et puis il y a David, le beau-père de Mark. Pas son vrai père, hein, attention ! Un intrus. Qui manipule sa mère, l’enferme dans sa quasi-catatonie ; et qui déteste à l’évidence Mark, qui le lui rend bien.

 

Un jour, Mark fait la rencontre de la vieille dame qui habite au rez-de-chaussée de la maison de David. Une vieille comme il y en a plein, gentille, discrète. Un peu anachronique. Elle fait découvrir au gamin les quartiers des domestiques, là où s’agitait au temps jadis toute une foule de serviteurs zélés, employés par les Londoniens oisifs de l’étage. C’était il y a longtemps, bien sûr.

 

Mais plus tard, alors que Mark arpente les salles crasseuses en solitaire, l’animation ressurgit. Les domestiques d’antan – le majordome, la gouvernante, la cuisinière, la plongeuse et la femme de chambre – ressurgissent comme si de rien n’était, et s’activent au son des clochettes de l’étage. Et « Maître Mark » de se demander s’il ne s’agit que d’un rêve, ou bien…

 

Vous l’aurez compris, le canevas n’est pas exactement ce qu’il y a de plus original, et il se dégage de ces Domestiques une impression de déjà-vu ou déjà-lu (chez Stephen King, probablement). Pourtant, on se laisse assez facilement emporter par la plume très « professionnelle » de Michael Marshall Smith, qui sait à l’évidence instaurer une ambiance (un bémol, pourtant – mais peut-être cela vient-il de la traduction, autrement irréprochable ? – : Mark ne s’exprime pas toujours comme un gamin de onze ans…). Et, dans cette trame convenue, si l’on voit dans l’ensemble très bien où l’auteur nous conduit, il sait néanmoins nous réserver quelques menues surprises de temps à autre…

 

Le plus intéressant, cependant, est ailleurs, dans les relations entre Mark et David. Si le roman est écrit à la troisième personne, c’est cependant selon le point de vue de l’enfant. Et sa cruauté à l’égard de son beau-père est tout à fait saisissante. Mais quand le gamin se met à comprendre – bien après le lecteur, bien sûr… – le pourquoi du comment, cela nous vaut quelques jolies pages, pour le moins émouvantes, et qui évitent de verser excessivement dans le sirupeux (même si, parfois, on se dit qu’on n’est pas loin d’une « Histoire fantastique » filmée par Spielberg ou Zemeckis, certes…).

Au final, un roman – que j’aurais envie de qualifier de « jeunesse », même si cela n’est revendiqué nulle part – assez correct, certainement pas transcendant, passablement convenu, mais qui se lit vite et sans déplaisir. Ni plus, ni moins. Certainement pas indispensable, mais suffisamment « bien fait » et – parfois – poignant pour que le lecteur désœuvré ne regrette pas son acquisition… Maintenant, je ne peux pas dire que ces Domestiques m’ont vraiment donné envie de lire davantage de Michael Marshall Smith. Cela dit, je tenterais bien un jour L’Homme qui dessinait des chats… en en espérant davantage, tout de même.

CITRIQ

Commenter cet article

U
J'en ai lu un trentaine de pages et ça m'a gavé.<br /> Dommage, j'avais apprécié "Avance rapide".
Répondre
R
J'en ai lu 50 pages, 3 jours plus tard je ne me souvenais plus du tout de quoi ca parlait et je n'ai guère envie de le reprendre. <br /> Mais n'hésite pas pour "l'homme qui dessinait des chats", c'est un excellent recueil, avec certains textes absolument magnifiques. Rien à voir avec ces domestiques.
Répondre
N
<br /> Oui, je peux comprendre ce sentiment, d'autant que la mise en place est sans doute trop longue... Et je ne doute pas que d'ici quelques jours, il ne me restera pas grand chose de cette lecture.<br /> <br /> Mais je tenterai probablement un jour L'Homme qui dessinait des chats.<br /> <br /> <br />