"And All That Could Have Been", de Nine Inch Nails
NINE INCH NAILS, And All That Could Have Been.
Tracklist :
CD 01 (Live)
01 – Terrible Lie
02 – Sin
03 – March Of The Pigs
04 – Piggy
05 – The Frail
06 – The Wretched
07 – Gave Up
08 – The Great Below
09 – The Mark Has Been Made
10 – Wish
11 – Suck
12 – Closer
13 – Head Like A Hole
14 – The Day The World Went Away
15 – Starfuckers, Inc.
16 – Hurt
CD 02 (Still)
01 – Somehting I Can Never Have
02 – Adrift And At Peace
03 – The Fragile
04 – The Becoming
05 – Gone, stille
06 – The Day The World Went Away
07 – And All That Could Have Been
08 – The Persistence Of Loss
09 – Leaving Hope
Après le très décevant (pour ne pas dire lamentable) Things Falling Apart, nous poursuivons notre rétrospective Nine Inch Nails avec du gros, du lourd, et du bien plus intéressant : le double album And All That Could Have Been, composé d’un premier CD live, et d’un second CD intitulé Still et comprenant reprises et inédits enregistrés dans des versions « quasi acoustiques ». Autant dire qu’And All That Could Have Been est un album riche, aux facettes multiples, et probablement la meilleure porte d’entrée pour s’initier à Nine Inch Nails, dont on pourra apprécier tout autant la furie du live que les morceaux les plus calmes.
Mais commençons donc par le live, enregistré sur la tournée de The Fragile, mais qui a le bon goût de ne pas se limiter aux seuls titres de cet album, mais au contraire d’envisager toute la carrière du « groupe » (ce qui en fait à la fois un live et un « best of »). Sur les seize pistes de ce premier disque (73 minutes, tout de même !), on en compte trois de Pretty Hate Machine, trois de Broken, quatre de The Downward Spiral et six de The Fragile, ce qui donne un résultat assez équilibré, et, là encore, riche de facettes multiples.
Ainsi, dès la première piste, loin de s’assurer le soutien du public avec un tube récent, Nine Inch Nails se risque à ressortir un vieux machin pour fidèles inconditionnels, en l’occurrence « Terrible Lie », mais avec beaucoup d’efficacité. Où l’on se rend compte – ainsi que je l’avais souligné en traitant de Pretty Hate Machine – que ce morceau pouvait aisément voir son son (…) modernisé pour sonner de manière tout à fait contemporaine. Dont acte, et ça marche plutôt très bien.
La prise de risque me semble plus grande pour le morceau suivant, « Sin », qui me paraît avoir moins bien vieilli, même s’il est bien évidemment punkifié (et un brin accéléré, je crois) à l’occasion de ce passage au live. Ça sent quand même ses années 1980, et ne convainc qu’à moitié…
Mais arrive alors le premier grand moment de ce live, avec une version d’anthologie du génial « March Of The Pigs », qui en rajoute une couche dans le punk hystérique, avec un finale tout simplement apocalyptique. Réjouissant au possible, et proche de la perfection.
On calme ensuite un peu le jeu, mais de manière fort logique, avec le très sympathique « Piggy », et sa rythmique toujours aussi efficace (si la voix de Trentounet, par contre, est un peu cassée… mais c’est qu’il prend un bain de foule, aussi !). Très bon, bien sûr.
On continue ensuite de calmer le jeu, encore un peu plus, avec « The Frail », qui introduit aux morceaux de The Fragile.
Mais, comme sur l’album, ce joli petit morceau à la mélodie toute conne se veut surtout une transition vers « The Wretched ». Un morceau correct, sans plus ; ce n’est pas désagréable, non, mais la suite nous réserve de bien meilleurs extraits de The Fragile.
Mais, en attendant, l’album atteint un deuxième pic, avec une version d’anthologie (re) de « Gave Up », plus nerveuse et plus punk que jamais. Un vrai bonheur, qui marque le début d’une phase du concert où le groupe se montre particulièrement en forme, dans tous les genres qu’il est amené à aborder.
En témoigne immédiatement après le on ne peut plus différent « The Great Below », très planant, et superbement interprété. Quand la batterie se met de la partie, c’en devient tout simplement jouissif.
L’album live reste au sommet sur le morceau suivant, l’excellent instrumental « The Mark Has Been Made », tout en puissance. Très efficace, et nettement plus marquant que sur l’album, où il était déjà très bon, pourtant.
Et d’enchaîner illico sur le génialissime « Wish ». Que dire ? C’est évidemment grandiose, et d’une efficacité à tomber raide sur le cul. « Wish » a toujours été un des meilleurs morceaux de Nine Inch Nails, et un tube idéal ; ce n’était certainement pas ce live qui allait en apporter la preuve du contraire… Superbe finale, au passage.
On reste ensuite sur Broken, mais en calmant un peu le jeu, avec « Suck » (plutôt une surprise, d’ailleurs) ; ça groove bien, ça marche plutôt pas mal…
Un tube, ensuite, l’inévitable « Closer », toujours aussi… eh bien… aussi. Une très bonne version, en tout cas, très efficace et entraînante. Superbe finale. Et qui offre une transition parfaite pour la suite.
C’est-à-dire, en l’occurrence, pour le vénérable « Head Like A Hole », lequel démontre, à l’instar de « Terrible Lie », qu’il a plutôt bien vieilli, ou plus exactement qu’on l’a bien fait vieillir. Toujours très bon.
On reprend ensuite avec « The Day The World Went Away », un bien beau morceau, mais qui manque peut-être en live de la puissance conférée par la production en studio... et se révèle du coup un peu fade en concert, étrangement. Pas désagréable, mais un peu décevant…
Ce n’est pas le cas de la suite, encore une version d’anthologie (oui, je sais, je me répète), cette fois du rigolo « Starfuckers, Inc. », plus furibond que jamais, notamment sur son finale à sa taper la tête contre les murs (ou les gens ; ça marche aussi).
Enfin, le concert se conclut classiquement sur l’inévitable et magnifique « Hurt », repris en chœur par le public… et qui s’achève bien sûr sur ces trois superbes notes saturées.
Au final, And All That Could Have Been est bien un excellent album live, bien digne de Nine Inch Nails et du statut quasi légendaire du projet de Trent Reznor. Mais And All That Could Have Been, ce n’est pas que ça : c’est aussi Still, un album semi acoustique, reposant essentiellement sur le piano, qu’il s’agit de décortiquer maintenant.
Tout commence sans trop de surprises par une reprise attendue du fameux « Something I Can Never Have » de Pretty Hate Machine, au piano (surtout) et à la guitare sèche (à peine) ; pas de synthés, pas de rythmique industrielle (ce que pour ma part je ne peux m’empêcher de trouver un peu frustrant…) ; mais c’est néanmoins une jolie version de ce classique entre les classiques.
Suit « Adrift And At Peace », une nouvelle composition instrumentale de Trent Reznor, essentiellement basée sur le piano. Tout bête, et agréable…
Après quoi l’on passe à « The Fragile », tiré de l’album éponyme. Je n’en aimais déjà pas la version originale, je n’en aime pas davantage cette version semi acoustique, où le piano se voit secondé par un peu de basse et quelques effets par-ci par-là, et, surtout, une batterie et une guitare électrique pour le finale, déjà un peu plus correct… Mais désolé, dans l’ensemble ça ne passe toujours pas…
Passons donc à « The Becoming », à l’origine un morceau assez moyen de The Downward Spiral ; cette fois il y a carrément une boite à rythmes, et un chouia de synthés ; pour le coup, en fait d’acoustique… Pour le reste, c’est une fois de plus le piano qui domine. Et c’est pas terrible…
On y préfèrera largement « Gone, Still », nouvelle petite composition instrumentale de Trent Reznor, délicieusement angoissante (même si là aussi les synthés sont de la partie).
Puis vient « The Day The World Went Away », extrait de The Fragile. Une fois de plus, le piano domine, mais la batterie et la basse sont également de la partie. Sympathique, allez…
La suite est entièrement inédite. Nous avons tout d’abord « And All That Could Have Been », morceau co-écrit par Trent Reznor et Danny Lohner. Boîtes à rythmes, synthés et guitares électriques relativisent décidément l’aspect « acoustique » de Still… Le résultat est un morceau correct, sans plus.
Les deux dernières pistes sont l’œuvre de Reznor seul. « The Persistence Of Loss », tout d’abord, est un joli petit instrumental dans la lignée des précédents, mais avec plus de finesse dans la composition et de réussite dans le résultat. Tout à fait recommandable.
Mais le vrai chef-d’œuvre reste à venir, avec « Leaving Hope », encore un instrumental (quand je vous dis que c’est pour ça que Reznor est le plus doué !), mais bien plus long et complexe, et de toute beauté. Là encore, le caractère « acoustique » est très relatif, mais peu importe : c’est très clairement LA piste majeure de Still.
Au final, avec And All That Could Have Been, nous avons donc un excellent album live, et un album « semi acoustique » très inégal mais comportant deux, trois pièces de toute beauté. Ce qui à mon sens confirme bien ce que j’écrivais en introduction : c’est probablement là l’album idéal pour découvrir Nine Inch Nails sous ses multiples facettes, tantôt violentes, tantôt douces, tantôt expérimentales, tantôt apaisées. Un album idéal, qui saura ravir tant les fans de longue date que les néophytes ; ce qui est assez rare pour être signalé… d’autant que c’en est sans doute le dernier exemple en date dans la discographie de Nine Inch Nails.
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