"Animositisomina", de Ministry
MINISTRY, Animositisomina.
Tracklist :
01 – Animosity
02 – Unsung
03 – Piss
04 – Lockbox
05 – Broken
06 – The Light Pours Out Of Me
07 – Shove
08 – Impossible
09 – Stolen
10 – Leper
…
Je suis bien embêté, là.
…
Je viens tout juste de vous dire que Dark Side Of The Spoon était à mes oreilles le dernier « très grand » album de Ministry, et c’est une chose dont j’étais persuadé depuis des années.
…
Mais ça faisait aussi des années que je n’avais pas écouté Animositisomina, qui m’avait laissé un souvenir assez mitigé. Or j’avais envie de le chroniquer malgré tout, puisqu’il s’agissait de la dernière collaboration entre Al Jourgensen et Paul Barker, et donc du dernier album du « vrai » Ministry. Je l’ai donc réécouté. Et, ma foi, ben, c’était pas si mal que ça… Pas mal du tout, même… Meilleur que dans mon souvenir, en tout cas. Est-ce moi qui ai changé ? L’album s’est-il bonifié avec le temps ? Est-ce rétrospectivement qu’il semble meilleur, après les albums de Jourgensen seul ? Je ne sais pas. Mais le fait est que j’ai pris beaucoup de plaisir à le réécouter, et que, si je continue de lui préférer Filth Pig et Dark Side Of The Spoon (sans parler, bien sûr, de The Land Of rape And Honey, The Mind Is A Terrible Thing To Taste et Psalm 69…), il est largement remonté dans mon estime, bien au-dessus des albums de Jourgensen, The Last Sucker inclus.
Et puis, je dois le confesser, réécouter cet album a réveillé quelques agréables souvenirs… Animositisomina, à l’époque, s’est fait quelque peu attendre (le groupe a dû quitter Warner entre-temps), et a marqué le grand retour de Ministry sur scène (après une interdiction due à une sanction pénale, si je ne m’abuse…). C’est ainsi que j’ai pu voir pour la première fois Ministry en concert, à Paris, à l’Élysée-Montmartre, lors de la tournée ayant suivi l’enregistrement de cet album. Ah, nostalgie… Le groupe entamait alors sa croisade anti-George W. Bush (qui allait prendre des proportions démentielles avec les albums de Jourgensen seul), et je me souviens des premières images dudit président apparaissant derrière le groupe tandis que résonnaient les premiers accords furibards du très violent « Animosity » (ouvrant le concert en lieu et place du classique « Psalm 69 ») : énorme pogo instantané, gros mouvement vers le devant de la scène, et c’était parti pour un concert épique et merveilleux, le meilleur de ma courte vie… Rhaaaaaa…
Hélas, après, ce fut le départ (prévisible) de Paul Barker… Mais ceci est une autre histoire. Pour le moment, restons-en à Animositisomina, un album qu’il est donc vach’ment mieux que ce que je m’en souvenais. Un album, en tout cas – mais ça je m’en souvenais très bien – qui délaissait largement les expérimentations et les audaces de Filth Pig et Dark Side Of The Spoon (c’est sans doute cela qui m’en avait donné une mauvaise image…) pour retourner à quelque chose de beaucoup plus direct, cru, et, autant le dire, souvent metal – même si on n’en est pas encore, loin de là, aux albums à-la-Slayer de Jourgensen : Ministry garde un son et une personnalité qui lui sont propres sur cet album. Cela se ressent aussi au niveau du son, bien plus direct que sur les deux précédents albums.
Ministry a toujours eu un don remarquable pour introduire ses albums, et Animositisomina ne déroge pas à la règle avec le très violent « Animosity » : comme dit plus haut, en live, ça fait des ravages… mais déjà, en album, ça marche très bien aussi. C’est un archétype du bourrin selon Ministry, c’est-à-dire du faussement bourrin, plus complexe au fond qu’il n’y paraît au premier abord, notamment sur le plan rythmique. Excellent.
On enchaîne sur « Unsung », un morceau un peu schizophrène, qui mélange un très très bon « couplet » industriel et un « refrain » metal nettement moins convaincant (j’emploie les termes faute de mieux, hein…). Ça s’écoute quand même plutôt bien dans l’ensemble.
« Piss » est par contre un morceau purement metal, qui fait pas mal penser à du bon vieux Black Sabbath. Mais c’est hélas assez anecdotique (à la différence de la fameuse et excellente reprise de « Supernaut » – perso, je la connaissais uniquement avec un son plus crade, bizarre… – par 1000 Homo DJs, c’est-à-dire en gros Ministry plus un certain Trent Reznor…).
Ne serait-ce que sur le plan de la rythmique, « Lockbox » est déjà plus intéressant. Joli refrain, mais sinon, c’est assez moyen...
« Broken » également fait dans le médiocre (ah ben voilà, je me souviens maintenant du pourquoi de mon souvenir mitigé concernant cet album : ce triste enchaînement de trois titres vraiment anecdotiques, au mieux, dès la première moitié de l’album…). Le cul entre deux chaises, le morceau oscille entre du mauvais metal, et de la pop pas terrible. Raté.
Suit une bizarrerie, puisque Ministry se livre une fois de plus, après l’horreur (à mon goût en tout cas) « Lay Lady Lay », au périlleux exercice de la reprise pop, cette fois avec « The Light Pours Out Of Me » de Magazine. Le problème, cette fois, est que le groupe ne s’éloigne guère de l’original (euphémisme), et ne prend donc pas trop de risques… Mais le morceau est bon, et ça sonne bien, alors admettons… C’est une reprise sans grand intérêt en tant que telle, mais elle a au moins le mérite de ne pas faire saigner les oreilles. Après les trois médiocrités « Piss », « Lockbox » et « Broken », ça passe même franchement bien.
Heureusement, c’est à partir de là que les choses s’améliorent vraiment, dès « Shove », avec son excellente rythmique basse/batterie, et son refrain très efficace. Un morceau à la fois planant et brutal, comme Ministry sait nous en mitonner à l’occasion.
Suit le très bon « Impossible ». Là encore, on ne fait pas vraiment dans le 4/4… Très chouette rythmique, donc, avec de beaux breaks à l’occasion, et régulièrement de quoi faire du boucan, sans que le morceau ne puisse être aisément cantonné dans un genre. Une composition assez originale, unique en son genre, et très efficace : du vrai rock industriel, en somme, bruitiste et trippant, au finale joliment cacophonique.
On pourra garder l’étiquette de rock industriel pour « Stolen », le refrain sonnant finalement plus noisy que metal. De la belle ouvrage, en tout cas, qui vrille délicieusement le crâne. Et la démonstration que cette seconde moitié de l’album est bien meilleure que la première…
Et s’il en fallait une preuve définitive, on l’aura avec le dernier morceau, l’instrumental « Leper », qui – même quand je n’estimais guère cet album – figurait parmi mes morceaux préférés de Ministry. Une longue pièce très répétitive et très glauque, débutant sur un superbe riff de basse accompagnée de bruitages ambient/indus et d’instruments aux sonorités orientales, avant que les grosses guitares ne se mettent de la partie, avec une rythmique à l’avenant. Tout simplement parfait. Le coup de grâce.
Et, hélas, celui qui devait sceller la fin de la collaboration entre Al Jourgensen et Paul Barker au sein de Ministry, du fait du départ de ce dernier (cela devait bien finir par arriver...). C’est donc ainsi que prit fin le « vrai » Ministry, qui avait débuté avec Twitch, le Ministry antérieur et postérieur étant le projet du seul Jourgensen, bien moins intéressant à mon sens. (Comme quoi, on aurait sans doute tort de tout attribuer à Jourgensen dans Ministry, c’est du moins ce que l’histoire semble avoir démontré…)
Sur ce, chers amis, je vais conclure ma mini-rétrospective Ministry en faisant un flash-back (si j’ose dire…), et remonter à The Land Of Rape And Honey ; et je m’arrêterai là pour cette fois.
Commenter cet article