"Broken", de Nine Inch Nails
NINE INCH NAILS, Broken.
Tracklist :
01 – Pinion
02 – Wish
03 – Last
04 – Help Me I Am In Hell
05 – Happiness In Slavery
06 – Gave Up
...
98 – [Ghost track : Physical]
99 – [Ghost track : Suck]
Quoi de plus normal, après une mini-rétrospective Ministry, que de parler de Nine Inch Nails ? Certes, les puristes pourraient alors me reprocher de ne pas commencer par le commencement, c’est-à-dire Pretty Hate Machine – ce qui, en outre, ferait un bon enchaînement avec The Land Of Rape And Honey. Seulement voilà : comme j’ai déjà eu l’occasion de m’en expliquer, je n’ai jamais été très fan de ce premier enregistrement de Nine Inch Nails, qui me paraît pour le coup avoir vraiment pris un coup de vieux. Cela dit, j'en parlerai peut-être un jour, hein...
Non, pour moi, le grand Nine Inch Nails commence avec l’excellent EP suivant, Broken, plus violent, plus metal, et sur lequel l’influence de Ministry se fait donc encore plus sentir, dans un sens, ce qui n’empêche pourtant pas Trent Reznor de développer un son qui lui est propre, et qui lui restera caractéristique dans les meilleures de ses productions ultérieures. C’est également ici que se met véritablement en place la machine Nine Inch Nails, débarrassée de son envahissant ancien label (il y a de la rancune dans l'air...), et qui s’autorise bien des facéties, comme par exemple d’enchaîner à chaque fois un album « normal » et un album de remixes (en l’occurrence le bien nommé Fixed, pas dégueu du tout, mais plus difficilement abordable – Coil et Fœtus, rien que ça, obligent).
Et puis, autre particularité notable, il y a le « Broken Movie », qui explique qu’il y a des vidéos pour la plupart des titres qui suivent, y compris les plus courts…
Ben, justement, tiens, c’est le cas de « Pinion », petit instrumental d’introduction, sur lequel il n’y a pas grand chose d’autre à dire…
Par contre, après, il y a « Wish »… Et là, de suite, on bascule dans l’immense Nine Inch Nails, avec un des singles les plus efficaces jamais écrits par Trent Reznor. Un morceau très violent, plus punk que metal, qui rentre dans la tête immédiatement, et n’en ressort plus jamais. Et, surtout, un morceau avec une patte unique, immédiatement reconnaissable, et une production à l’avenant. Du très très grand art, Nine Inch Nails à son sommet.
C’est beaucoup moins vrai du morceau suivant, « Last », pas désagréable, mais plus classiquement metal, et nettement moins original. Le refrain ressort par contre la carte electro-indus à la Pretty Hate Machine avec un peu de décalage, et la sauce prend plus ou moins bien… Un morceau un peu schizophrène, donc, dont on appréciera par contre le chouette finale.
Suit un bref et sympathique instrumental de transition, « Help Me I Am In Hell », avec une de ces petites mélodies toutes simples dont Reznor a le secret. Très bien vu, et parfait pour amener à la suite.
Or, la suite, c’est, après « Wish », un nouveau single parfait, et, autant le dire, un nouveau chef-d’œuvre, à savoir « Happiness In Slavery » (NB : attention, le clip peut éventuellement choquer les âmes sensibles… éventuellement…). Un excellent morceau alternant passages indus bruitistes, d’autres plus groovy (si), d’autres carrément metal, et tout cela fusionne à merveille, sans que le morceau ne donne pour autant une impression de patchwork. Impressionnant… On admirera notamment le superbe passage d’indus rythmique au milieu du morceau. Et, là encore, un finale apocalyptique et tout simplement parfait. De la très belle ouvrage.
Et suit une autre petite merveille, très punk à nouveau, avec l’hystérique « Gave Up » (NB : il existe une deuxième version du clip, un tantinet gore ; je ne l’ai pas retrouvée… Mais on notera parmi les figurants, ici, à la guitare et aux chœurs, un certain Marilyn Manson…). Un morceau très speed et si bon, à se taper la tête contre les murs. Là encore, symbiose parfaite de l’électronique et des guitares.
Et, à en croire le dos de l’album (joli digipack, comme souvent chez Nine Inch Nails), les choses s’arrêtent là.
…
Sauf que non, aha !
Si les pistes 7 à 97 sont silencieuses, les deux dernières sont des « ghost tracks ».
On trouve tout d’abord « Physical », reprise du « Physical (You’re so) » de Adam & The Ants. Bon, ça s’écoute, mais, très honnêtement, ça ne casse pas des briques (enfin, plus que l’original, certes, mais pas beaucoup plus, quoi…).
Puis il y a le très bon « Suck », et là, c’est un peu plus compliqué – je ne vais pas m’étendre sur la qualité du morceau, vous êtes bien capables d’en juger pas vous-mêmes. « Suck » était à l’origine un morceau de Pigface – groupe, dont je vous avais déjà parlé, fondé par Bill Rieflin, et qui était à l’origine un cover-band de Ministry, mais qui a ensuite enregistré ses propres morceaux ; mais sa particularité était d’avoir un line-up variable, qui a un temps compris, entre autres, Trent Reznor. À cette époque, Pigface avait écrit « Suck » (je n’ai pas trouvée la version studio sur le ouèbe, mais il en existe une multitude d’enregistrements live : en voici par exemple un, avec Trent Reznor et oGre de Skinny Puppy, autre membre aléatoire du groupe…) : le morceau, sur l’album Gub, était crédité comme ayant été écrit par Martin Atkins, William Rieflin, Paul Barker et Trent Reznor ; or, en tout petits caractères, sur Broken, on peut lire que la piste « 8 » est de « Trent Reznor / Pigface ». Autant dire que « Pigface » n’a pas apprécié…
Mais peu importe. Ce qui compte vraiment, c’est la qualité exemplaire de ce mini-album, dont trois des quatre « vrais » titres sont des singles à tomber par terre. Le grand Nine Inch Nails est apparu, et il va faire des ravages.
Suite des opérations ? Non, pas Fixed… J’aurais pu, hein, mais je préfère m’en tenir aux « vrais » albums. Alors autant partir illico sur l’excellent The Downward Spiral…
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