"Détectives et bandits scientifiques", de Marie-François Goron & Emile Gautier
GORON (Marie-François) & GAUTIER (Émile), Détectives et bandits scientifiques, Encino, Black Coat Press, coll. Rivière Blanche – Baskerville, [1902] 2012, 311 p.
Hop, suite et fin de « Fleur de bagne », après De Cayenne à la place Vendôme et Pirates cosmopolites.
Nous retrouvons donc Rozen, alias le baron de Saint-Magloire, toujours au sommet de sa puissance... mais les signes annonciateurs de la chute commencent à se multiplier. Serré de près par le chef de la Sûreté Cardec et le bon docteur Lemoine, Rozen en vient à commettre des erreurs, et de nouveaux crimes : il en vient ainsi à tenter d'assassiner sa femme au radium ! Et la propriété d'Auteuil, où travaille le digne Sokoloff, fait l'objet d'une surveillance aérienne, depuis un étrange prototype d'avion... Le masque va bientôt tomber, à n'en pas douter. Et le traître Rozen pourrait avoir à subir le courroux des compagnons anarchistes.
S'il est une chose qui frappe dans ce troisième et ultime tome, c'est l'importance de la science, authentique comme merveilleuse, qui est ici bien plus présente que dans les deux volumes précédents. Chaque chapitre, ou presque, est propice à la description d'une nouvelle machine ou d'un nouveau procédé. Cela pourrait devenir lourd de didactisme, mais c'est la plupart du temps tout à fait charmant, voire enthousiasmant.
Au-delà, l'intrigue reste de qualité, et toujours servie par des personnages hauts en couleurs, Saint-Magloire en tête. Quelques scènes font particulièrement mouche, ainsi celle, d'anthologie, qui voit Cardec et Lemoine démasquer Rozen en usant des méthodes d'anthropométrie de Bertillon.
En somme, voilà toujours une lecture fort agréable et distrayante, et ce troisième tome ne fait à cet égard que confirmer tout le bien que je pensais déjà des deux premiers.
Notons pour finir que le volume se conclut une fois de plus sur des appendices fort intéressants, dus cette fois à la plume de Gautier : tout d'abord, de passionnants souvenirs de prison, extraits des Archives de l'anthopologie criminelle et des sciences pénales ; un texte édifiant, et sans doute toujours d'actualité pour une bonne part. Suivent également trois chroniques scientifiques, qui ne sont pas sans rapport avec l'intrigue du roman.
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Reste cependant un problème, et de taille.
Je ne vous cacherai pas que, si j'ai lu et apprécié cette trilogie rocambolesque, c'est parce que j'ai pu bénéficier de services de presse. Il est fort probable que je serais passé à côté autrement, tout simplement en raison de son coût prohibitif : à 20 € le volume, cela fait 60 € au total ! Tout de même... Non, ce roman ne les vaut pas, et rares sont les livres qui le valent. Aussi, je ne saurais en conseiller l'achat, quand bien même j'en ai fort apprécié la lecture... J'ai cru comprendre, toutefois, qu'une édition numérique était prévue, peut-être sous forme d'intégrale : là, j'imagine que le coût ne serait plus aussi dramatiquement élevé. Alors à bon entendeur...
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