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"Endymion", de Dan Simmons

Publié le par Nébal

Endymion.jpg

 

SIMMONS (Dan), Endymion, [Endymion], traduit de l’américain par Guy Abadia, suivi d’Endymion de John Keats, préface de Gérard Klein, Paris, Robert Laffont, coll. Ailleurs & Demain, [1995-1996] 2012, [édition numérique]

 

(Des avantages de l’édition numérique : je n’ai pas eu à m’infliger ni à infliger aux autres au cours de ma lecture cette hideuse couverture de l’inénarrable Jackie P. Et c’est pas rien.)

 

J’en aurai mis, du temps, avant de lire ce troisième tome des « Cantos d’Hypérion ». Des années (et des années) après avoir lu (et relu) l’excellentissime Hypérion et le moins bon mais néanmoins très bon La Chute d’Hypérion. Faut dire que ça se tenait tout seul, et n’appelait pas nécessairement une suite. Mais surtout, si j’ai retardé ma lecture d’Endymion (encore un titre emprunté à Keats ; à noter que le poème en question figure en annexe du roman, très bonne initiative dont je ne saurais hélas dire grand-chose de plus, en raison de mon exécration de la polésie – vous êtes peut-être au courant…), si j’ai retardé ma lecture d’Endymion, donc, c’est en bonne partie à cause de la relative mauvaise réputation de ce titre, qui paraissait faire l’unanimité contre lui. Mais la curiosité a fini par l’emporter – associée à mon enthousiasme kindlien –, et j’ai donc entamé la lecture de ce pavé (car pavé il y a).

 

Nous sommes pas loin de 300 ans après les événements cataclysmiques de La Chute d’Hypérion. La majeure partie de l’humanité est dominée par l’Église catholique régénérée et son bras armé, la Pax. Il faut dire que la découverte du cruciforme sur Hypérion a permis de rendre très concrets les espoirs de résurrection… Mais il en est cependant quelques-uns qui n’ont pas embrassé la croix tel, sur Hypérion, le jeune Raul Endymion. Ce qui tombe plutôt mal, dans la mesure où il est condamné à mort pour avoir tué un gros con de chasseur plus ou moins par accident. Mais le vieux – très vieux – poète Martin Silenus, un des fameux pèlerins des Tombeaux du Temps, lui sauve la peau. À charge pour lui de retrouver, accompagner et protéger la petite Énée, la fille de Brawne Lamia et du cybride de Keats, qui s’était il y a bien longtemps réfugiée dans le Sphinx, mais ne va pas tarder à en sortir. Or l’Église et la Pax voient en elle une abomination et une menace. Il y a donc du boulot pour (ce petit con de) Raul Endymion, assisté de l’androïde A. Bettik et du vaisseau du Consul. Boulot d’autant plus compliqué que la jeune fille est quelque peu entêtée, et décide de se lancer, là, comme ça, dans l’exploration de ce qui reste du Thétys, le fleuve qui coulait autrefois entre les mondes grâce aux portes Distrans depuis tombées hors d’usage. Et vogue le radeau !

 

Parallèlement – mais, au passage, ça ne s’emmanche pas toujours très bien –, nous accompagnons également les soldats de la Pax lancés à la poursuite de nos héros, à savoir le père-capitaine de Soya, jésuite et commandant de vaisseau-torche revêtu d’une autorité démentielle du fait d’un disque papal en sa possession, et ses trois gardes du corps. Mais, pour passer d’un monde à l’autre à bord de leur vaisseau ultra-perfectionné le Raphaël, ces adeptes du cruciforme n’ont d’autre choix que de se lancer dans un perpétuel et douloureux cycle de mort et de résurrection… Autant le dire de suite, cependant : en dépit de la richesse et de la densité des mondes traversés par Raul Endymion, Énée et A. Bettik, on prend très vite beaucoup plus de plaisir dans les chapitres consacrés à de Soya et compagnie, personnages bien mieux campés et autrement complexes, dont le sort nous émeut bien davantage que celui de nos héros.

 

C’est là une des faiblesses du roman. Ce n’est pas la seule. L’essentiel, le pire dans tout ça, c’est que c’est long. Atrocement long. Beaucoup trop long. Entendons-nous bien, Dan Simmons n’est pas un manchot ni un imbécile, et ça tourne à plein régime dans son cerveau : les idées sont là, nombreuses et bonnes, qui font d’Endymion une fresque riche de détails superbement composés. Aussi ne serai-je pas aussi sévère que beaucoup concernant ce troisième tome des « Cantos d’Hypérion » : non, Endymion, c’est pas si pire. C’est même plutôt pas mal.

 

Mais c’est long.

 

Atrocement long.

 

Beaucoup trop long.

 

Aussi s’ennuie-t-on régulièrement, malgré les efforts de l’auteur, au long de ces pages. Le lecteur est pris d’une irrésistible envie d’accélérer la cadence – ce qui entre en contradiction avec la lenteur certes nécessaire du périple sur le Thétys : fail – et compte les pages qui restent avant la fin (ou, sur son Kindle, a les yeux rivés sur le pourcentage). Et c’est quand même sacrément dommage. Parce qu’il y a malgré tout bien des choses intéressantes dans Endymion. Objectivement, ce n’est pas un mauvais roman. Il est certes bien inférieur à La Chute d’Hypérion, qui était lui-même bien inférieur à Hypérion. Mais cet ennui frappe en dépit de la bonne volonté du lecteur (or, dès qu’il s’agit de – ce gros con talentueux de – Dan Simmons, je suis clairement bon public, ainsi que vous avez pu le constater à plusieurs reprises dans ces lieux interlopes), lecteur qui rame autant que les principaux protagonistes ; on ne va pas pousser le vice jusqu’à y voir un effet d’identification, hein : c’est clairement, à cet égard, un échec. Regrettable, donc, mais indéniable.

 

Dommage. Ça ne m’empêchera pas de lire un jour prochain le quatrième et dernier tome, L’Éveil d’Endymion, mais j’avoue craindre que les défauts de ce roman-ci y réapparaissent, peut-être en pire étant donné la jusqu’à présent constante baisse de qualité du cycle au fil des volumes. Bon, on verra bien ; et je ne manquerai pas de vous tenir au courant, bien entendu.

CITRIQ

Commenter cet article

A
Bah c'est fait pour être lent, c'est comme ça...<br /> En revanche, l'Eveil devrait plus te plaire, c'est plus dense, il se passe plus de choses, c'est plus dans le style de La Chute (en mieux même je trouve).
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N
<br /> <br /> Cool, alors.<br /> <br /> <br /> <br />
E
On est loin, très loin d'Hypérion quand même...
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N
<br /> <br /> Oui...<br /> <br /> <br /> <br />
P
C'est vrai que c'est long, mais je pense que la meilleur façon de le lire, c'est de le faire comme si c'était un carnet de voyage.<br /> <br /> Pour La Chute d'Hypérion, je n'ai pas eu la même impression. Certes, il n'y a plus cette structure qui a fait - en partie - sa renommée, mais il y a toujours ses fascinants mystères et sa lumière<br /> baroque envoûtante.
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N
<br /> <br /> Alors certes tu ne dis pas forcément des conneries, là, mais juste parce que c'est toi : dégage. Loin.<br /> <br /> <br /> <br />