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"Fantasy Black Channel", de Late Of The Pier

Publié le par Nébal

Fantasy-Black-Channel.jpg

 

LATE OF THE PIER, Fantasy black channel.

 

Tracklist :

 

CD 01 (Album) :

01 – Hot Tent Blues

02 – Broken

03 – Space And The Woods

04 – The Bears Are Coming

05 – Random Firl

06 – Heartbeat

07 – Whitesnake

08 – VW

09 – Focker

10 – The Enemy Are The Future

11 – Mad Dogs And Englishmen

12 – Bathroom Gurgle / (Ghost track :) No Time

 

CD 02 (Bonus Tracks) :

01 – Very Wav

02 – Focker (Rolmops Remix)

03 – The Bears Are Coming (Emperor Machine Remix)

 

Chose promise, chose due. Après la déprime et l’hystérie de Venetian Snares, voilà que je vous cause du deuxième album qui m’a accompagné lors de mes deux derniers séjours en clinique, et le moins que l’on puisse dire est que l’on joue ici dans une tout autre catégorie. Late Of The Pier est en effet de ces groupes de pop anglaise (pour faire simple) que j’affectionne d’autant plus qu’ils se montrent crétins et enthousiasmants. Et ici, dans le genre, c’est pas mal du tout, comme j’espère vous le démontrer.

 

Adonc, Late Of The Pier est un groupe formé « officiellement » en 2001, mais de manière plus réaliste en 2005, et composé de quatre jeunes couillons britanniques : Samuel Eastgate aka Samuel Dust, Andrew Faley alias Francis Dudley Dance, Sam Potter dit Jack Paradise, et enfin Ross Dawson ou Red Dog Consuela. Quatre jeunes couillons d’Anglais, donc, élevés au post-punk et à la new wave, et qui ont vu sur scène des groupes tels que Bloc Party, Franz Ferdinand ou les Scissor Sisters. Et ça se sent dans leur musique.

 

Comment la qualifier, dès lors ? Devant ce déferlement de synthétiseurs et l’énergie dégagée par leur musique, et la chronologie faisant en outre mal les choses, la presse anglaise s’est empressée de comparer Late Of The Pier aux Klaxons, et, elle qui raffole des étiquettes à la con, ne s’est donc bien évidemment pas gênée pour parler de « nu-rave ». Yeurk. Pour ma part, je m’inscris en faux, d’autant plus que je n’ai pas vraiment (voire pas du tout) accroché aux Klaxons, alors que Late Of The Pier m’a immédiatement parlé ; alors on pourrait peut-être s’en tenir tout simplement aux vieilles étiquettes, celles de pop anglaise, de synth-pop, ou de post-punk, voire de disco-punk ou dance-punk, éventuellement (même si les aspects pop l’emportent largement sur les aspects punk, à quelques rares exceptions près)… Mais après tout, hein, et une fois de plus, on s’en cogne un peu… et de toute façon, je vais vous laisser quelques liens pour pouvoir en juger par vous-mêmes.

 

Il est en tout cas une chose de certaine, qui explique à mes yeux le succès de Late Of The Pier et de leur premier « véritable » album Fantasy Black Channel : c’est son côté « album de pop à l’ancienne » ; j’entends par-là qu’il s’agit d’une véritable compilation de singles tous plus efficaces les uns que les autres, déjà bien rodés, et non d’un album construit autour d’une ou deux pistes bien efficaces, avec une dizaine de déchets pour combler et atteindre péniblement la durée d’un LP. Là, non : sur l’album, si tout n’est pas extraordinaire – et je dirais même, ne nous emballons pas après tout – si rien n’est extraordinaire (ça ne révolutionne rien, hein), tout est cependant au moins bon, au mieux très bon, voire excellent. Rien à jeter, ce qui est déjà pas mal (je parle de l’album, hein ; pour ce qui est des bonus, on aura l’occasion d’y revenir…). Les membres du groupe qualifient eux-mêmes leur album tantôt comme le « best of des cinq dernières années » ou comme « le best of de notre enfance » ou encore comme « le best of de Late Of The Pier qui essaie d’écrire des chansons ». C’est exactement ça, mais moi, pour le coup, je trouve ça plutôt positif, surtout dans la mesure où l’album reste cohérent et homogène du début à la fin, que ce soit dans les compositions ou dans la production.

 

Décortiquons donc. On ne s’attardera pas sur « Hot Tent Blues », simple petite introduction, qui ne fait que préparer le terrain à « Broken ». Un morceau sympathique et efficace, mais pas encore totalement convaincant ; en effet, avec un son moins électronique, c’est le genre de morceaux que l’on s’attendrait à trouver sur n’importe quel album d’un bon groupe de pop anglaise récent, disons par exemple Franz Ferdinand. Late Of The Pier livre donc ici un morceau correct, mais sans révéler pleinement son potentiel.

 

À mes yeux, ou plutôt mes oreilles, l’album commence véritablement avec « Space And The Woods » (N.B. : le clip est plus court que le morceau de l’album d’une minute environ : ça édite sévère et le thème principal revient beaucoup plus souvent ; pour ma part, je préfère largement la version de l’album…) ; si les paroles sont étrangement morbides, la musique est par contre joyeusement débile et enthousiasmante, avec des relents de ce que les années 1980 ont pu donner de pire, mais repris ici pour le meilleur. Un vrai tube de synth-pop, à l’efficacité redoutable.

 

Et on enchaîne immédiatement sur un deuxième tube, dans un genre tout à fait différent, avec « The Bears Are Coming », morceau très groovy, où l’électronique, plus moderne cette fois, prend résolument les devants, pour un résultat finalement très original et en définitive jubilatoire. À la première écoute, c’est sans conteste le morceau qui m’a le plus marqué, même si je suis revenu sur cette opinion depuis.

 

Suit « Random Firl », un morceau d’un cran inférieur, mais qui fait partie de ces ritournelles pop si efficaces qu’on se prend à les chantonner immédiatement, et qui donnent l’impression qu’on les a toujours connues. Pas si mal, donc...

 

Mais vous me permettrez d’y préférer le – à nouveau – tubesque « Heartbeat » (NB : clip édité pour cause de gros mots, grmbl...), avec son refrain irrésistiblement discoïde. Très efficace, et de quoi donner envie de remuer du popotin au plus coincé des paraplégiques.

 

Avec « Whitesnake », on passe clairement au moment le plus punkifié de l’album, et ça défoule agréablement, sans que la mélodie ne passe à la trappe pour autant. Du beau boulot.

 

Suit le bref instrumental « VW », qui sonne très Pixies. Fort sympathique. À en croire Wikipédouille, ce serait la plus ancienne composition du groupe, mais je n’en suis pas certain : je me demande s’il n’y a pas là une confusion avec « Very Wav » (voir plus bas)... ?

 

Et un tube de plus, un ! « Focker », ou la synth-pop à son meilleur ; le refrain est incroyablement entêtant, le tout d’une efficacité redoutable, et le final techno tout à fait appréciable.

 

« The Enemy Are The Future », ensuite, est tout d’abord un morceau rigolo, sans plus, mais dont la fin technoïde est des plus sympathiques, et rattrape un peu le reste ; dommage qu’elle s’achève aussi brutalement…

 

Quant à « Mad Dogs And Englishmen », c’est un bon morceau, pas de doute là-dessus, mais on peut lui adresser le même reproche qu’à « Broken » : on l’imaginerait aisément sur tout autre album de pop, et c’est un peu dommage…

 

Heureusement, en guise de conclusion, il y a bien mieux, avec le très bon, très rétro, très kitsch et très glam « Bathroom Gurgle » (NB : clip édité pour cause de gros mots, grmbl...), qui m’a personnellement beaucoup fait penser à David Bowie… et au Rocky Horror Picture Show. Si. Tout à fait réjouissant.

 

 

Enfin, quand je disais « conclusion », pas tout à fait, puisqu’il y a une ghost track, intitulée « No Time », petite ballade sans grand intérêt. On passe.

 

 

Et on fera de même en gros pour les bonus de l’édition limitée, parce qu’ils ne valent pas grand chose. Il y a tout d’abord « Very Wav » (au son très « démo »), que je soupçonne d’être la première composition du groupe, et dans laquelle on retrouve le thème de « Random Firl ». Plutôt chiant.

 

Suit une escroquerie pure, « Focker (Rolmops remix) », puisqu’il s’agit simplement de « Focker » passé à l’envers, ce qui donne le plus souvent une pure cacophonie sans intérêt. À l’époque de Madchester, les Stone Roses nous avaient déjà plus ou moins fait le coup, mais avec plus d’astuce et meilleur goût, tout de même…

 

Finalement, la seule chose à sauver de ces bonus, c’est « The Bears Are Coming (Emperor Machine Remix) », version techno/house de « The Bears Are Coming » de 9:22 min. C’est évidemment beaucoup moins percutant que l'original, mais la basse est sympa, et ça s’écoute…

 

 N’empêche que si l’on fait l’impasse sur ces quelques réserves finales, l’album, lui, est bel bien une réussite. Entendons-nous bien : ça ne révolutionne rien, et ça n’a rien d’indispensable. Mais c’est indéniablement efficace et enthousiasmant ; en tout cas, sur moi, ça a très bien marché. Bref, si vous cherchez de la pop anglaise légère et un minimum inventive, un brin couillonne et entraînante, chercher du côté de Late Of The Pier pourrait être une bonne idée…

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