"Femme qui écoute", de Tony Hillerman
HILLERMAN (Tony), Femme qui écoute, [Listening Woman], traduit de l’américain par Danièle et Pierre Bondil, Paris, Rivages, coll. Noir, [1978, 1988] 1989, 252 p.
Allez, hop, ça faisait longtemps : un petit polar navajo signé Tony Hillerman. En l’occurrence, Femme qui écoute est la troisième enquête du lieutenant Joe Leaphorn.
Celui-ci, un jour, manque de se faire écraser par un chauffard qui en voulait de toute évidence à sa peau. Bien que ce ne soit pas tout à fait dans les règles, il décide d’enquêter là-dessus, et compte bien retrouver la trace du chauffard, qu’il suspecte d’avoir des choses à cacher. Aussi se débrouille-t-il pour éviter de participer au gardiennage de scouts dans la région, tout en rouvrant de vieux dossiers en guise de prétexte. Deux l’intéressent tout particulièrement : un hélicoptère qui a disparu après un vol, et la mort de Hosteen Tso et Anna Atcitty, tous deux assassinés lors d’une cérémonie impliquant Margaret Cigaret, une femme-qui-écoute, hélas aveugle.
En chemin, Joe Leaphorn va rencontrer beaucoup de coïncidences. Et ça lui pose problème ; ça ne correspond pas à sa vision du monde, profondément navajo, et qui insiste sur l’harmonie. Il s’agit donc de trouver les liens entre tous ces événements. Joe Leaphorn y parviendra, bien sûr, mais à ses risques et périls…
Le roman est un peu lent au démarrage, mais on finit par y retrouver tout ce qui fait le charme des polars navajos de Tony Hillerman, jusqu’à une conclusion très réussie. Il n’en reste pas moins que Femme qui écoute est jusque-là le livre qui m’a le moins convaincu de la part de cet auteur qu’on a pu connaître particulièrement enthousiasmant (ainsi avec le volume précédent, le très bon Là où dansent les morts). De là à vous dire pourquoi, c’est une autre paire de manches. Peut-être le jeu des coïncidences est-il un peu trop artificiel pour que l’on y croie ?
Une raison, sans doute, tient au style. C’était déjà plus ou moins le cas dans les précédents romans de Tony Hillerman que j’ai pu lire, mais c’était cette fois particulièrement criant. Cela vient-il du texte original ou bien de la traduction ? Je ne saurais le dire avec exactitude ; toujours est-il que le résultat est un tantinet lourdingue, et c’est dommage.
Parce que, pour le reste, c’est quand même dans l’ensemble fort intéressant. La dimension ethnologique est toujours aussi présente et passionnante, et Tony Hillerman fait des miracles en matière d’action et de suspense.
Au final, Femme qui écoute laisse donc un sentiment mitigé ; le bon et le moins bon alternent régulièrement, jusqu’à une conclusion explosive et fort réussie. Mais cette dernière bonne impression ne suffit pas à effacer les défauts incontestables des pages précédentes. Ce qui ne m’empêchera bien évidemment pas de continuer à lire les polars navajos de Tony Hillerman : c’est quand même ma came.
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