"Goo", de Sonic Youth
SONIC YOUTH, Goo
Tracklist :
01 – Dirty Boots
02 – Tunic (Song For Karen)
03 – Mary-Christ
04 – Kool Thing
05 – Mote
06 – My Friend Goo
07 – Disappearer
08 – Mildred Pierce
09 – Cinderella’s Big Score
10 – Scooter + Jinx
11 – Titanium Exposé
Avec Goo, le sixième album de Sonic Youth après Confusion Is Sex, Bad Moon Rising, EVOL, Sister et Daydream Nation, on atteint une phase de l’histoire du groupe très particulière en ce qui me concerne. C’est en effet avec Goo et l’album suivant Dirty que j’ai découvert Sonic Youth, vers treize, quatorze ans, et ne m’en suis jamais remis. Aussi ces deux albums ont-ils une importance spéciale dans mon cœur, et figurent-ils bien parmi mes favoris du groupe. Peu m’importent les dénégations un tantinet snob de ceux qui viennent se plaindre de ce que le groupe, en signant alors chez Geffen et en « profitant » de la vague grunge, ait réalisé ses plus gros succès commerciaux : inutile de se pincer le nez, en ce qui me concerne en tout cas, Sonic Youth n’a pas mis de l’eau dans son vin sur Goo et Dirty. Ce sont simplement des albums qui se sont retrouvés incroyablement en phase avec leur époque.
Goo, en particulier, premier album du groupe chez Geffen donc, m’a toujours fait l’effet d’une petite merveille, bien plus flagrante qu’un Daydream Nation. Les morceaux géniaux s’enchaînent les uns après les autres, comme on aura l’occasion de le voir, dans une parfaite unité de ton et de son qui en fait bien à mes oreilles une des plus grandes réussites du groupe.
On notera au passage qu’en 1991 est sortie une vidéo reprenant l’intégralité des titres de l’album, ce qui explique qu’il existe un clip pour chacun d’entre eux. Je n’ai toutefois pas toujours retenu ce dernier dans les liens qui vont suivre, soit que je ne l’ai pas trouvé (…), soit que le son était vraiment trop naze pour que l’on puisse apprécier le morceau…
L’album s’ouvre sur l’excellent « Dirty Boots », dont l’amusante vidéo taquine la vague grunge. Le morceau, en tout cas, est un modèle d’écriture et d’efficacité, qui joue aux montagnes russes avec un talent inégalé pour les montées tout en finesse.
Suit une pure merveille, incontestablement un des meilleurs morceaux de Sonic Youth, tous albums confondus : « Tunic (Song For Karen) », dédié à Karen Carpenter, batteuse et chanteuse morte d’anorexie. Là encore un modèle d’écriture, et la voix de Kim Gordon par-dessus est riche d’émotions. Un bijou, une des plus grandes réussites du groupe.
Après quoi, avec « Mary-Christ », on change radicalement d’atmosphère : une petite pochade complètement débile et rigolote à souhait. Certes pas du grand Sonic Youth, mais on s’amuse bien… On notera que le morceau se finit étrangement sur une amorce de « Kool Thing », semble-t-il parce que les deux titres étaient à l’origine destinés à être enchaînés, mais que la prise originelle n’a pas été conservée…
« Kool Thing », donc, single avec en guest star Chuck D de Public Enemy. Un morceau efficace et bien écrit, avec une basse qui sait groover si nécessaire. Pas le sommet de l’album, cela dit, même si ça rentre dans le crâne avec une facilité déconcertante.
J’y préfère largement le morceau suivant, le plus long de l’album, « Mote », chanté par Lee Ranaldo, qui figure lui aussi à mon sens parmi les meilleurs compositions du groupe tous albums confondus. Tout d’abord un superbe morceau pop avec une sempiternelle guitare dissonante en fond et un refrain d’une grande efficacité, le morceau, déjà génial comme ça, s’achève en outre sur un merveilleux finale ambient-noise garantissant plusieurs minutes de bonheur cacophonique inégalé. Pas exactement ce que j’appelle du commerce, moi. Mais du grand art, bien.
Changement de registre avec « My Friend Goo », morceau autrement court et largement plus débile. Sympa, rentre-dans-le-crâne, mais rien d’exceptionnel.
On y préférera « Disappearer », à nouveau chanté par Lee Ranaldo, beau morceau pop aux superbes passages instrumentaux qui contient en outre une très belle montée, digne de figurer dans les anthologies. Très bon.
« Mildred Pierce » tient à bien des égards de la sale blague. Ce morceau qui commence comme une power pop tout ce qu’il y a de correct (si ce n’est d’original…) s’achève dans un joyeux bordel quasi grindcore, et hop, fini. Aha.
Et l’on passe à « Cinderella’s Big Score », bien plus sérieux et subtil dans sa composition. Du concentré de Sonic Youth, pas forcément grand chose de plus à dire sur ce morceau très sympathique, sans être transcendant.
Pas grand chose non plus à dire sur « Scooter + Jinx », dont le titre est assez éloquent en soi : du bruit…
Et l’album de s’achever sur « Titanium Exposé » : un morceau hésitant entre sérieux et blague, assez difficile à saisir du coup. C’est assez bon, mais sans vraiment marquer les esprits ; on est en tout cas loin des sommets de l’album tels que « Tunic (Song For Karen) » et « Mote ».
Mais le bilan est clair : n’en déplaise aux esprits chagrins, je préfère pour ma part largement Goo à Daydream Nation ; et cet album par lequel j’ai découvert Sonic Youth, après des centaines d'écoutes, reste encore aujourd’hui un de ceux que je préfère du groupe sur l’ensemble de sa longue carrière.
Et, autant le dire de suite, il en va de même pour Dirty, notre prochaine étape dans cette rétrospective Sonic Youth.
Commenter cet article