"In Case You Didn't Feel Like Showing Up (Live)" (VHS), de Ministry
MINISTRY, In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live) (VHS).
Tracklist :
01 – Breathe
02 – The Missing
03 – Deity
04 – So What
05 – Burning Inside
06 – Thieves
07 – Stigmata
08 – Spoken Speach (The Pledge Of Allegiance)
09 – The Land Of Rape And Honey
Oh et puis zob. Je ne pensais pas faire d’article aujourd’hui, mais tout compte fait, j’en ai envie. Sur une bonne vieille VHS à laquelle je suis tout particulièrement attaché depuis ma crise d’adolescence.
(D’ailleurs, aparté exhibitionniste, c’est à cause de cette VHS que s’est manifestée extérieurement ma crise d’adolescence : j’ai voulu avoir la même coupe que Jourgensen ; du coup, du jour au lendemain, au bahut, ma réputation est passée de « premier de la classe petit bourgeois » à « néo-nazi sataniste profanateur de sépultures » (1) Authentique.)
Et parce que j’entendais bien vous le prouver, là, que Ministry avait été le plus grand groupe du monde, à l’époque glorieuse des trois albums The Land Of Rape And Honey, The Mind Is A Terrible Thing To Taste et Psalm 69. La meilleure démonstration en restera à jamais cette cassette vidéo live – que je vous en ai assez bassiné avec, d’ailleurs –, enregistrée sur les tournées ayant suivi l’enregistrement des deux premiers de ces trois albums.
Et attention, je parle bien de la VHS, pas du CD, qui est incomplet : il y manque trois pistes, et pas des moindres…
Pour autant que je sache, cette VHS n’a jamais été rééditée en DVD. Et c’est bien dommage, car c’est sans conteste le meilleur enregistrement live de Ministry (bien meilleur que le néanmoins fort recommandable Sphinctour dont je vous parlerai peut-être un de ces quatre). Ici, on a vraiment le grand Ministry de la grande époque. Celui qui joue à deux batteries, derrière une putain de grille. Celui qui joue devant un public composite, un tiers electro-indus, un tiers punk, un tiers métalleux. Celui qui enchaîne les grands titres sans faille, sans jamais vraiment ralentir le rythme. Ministry à son sommet.
Mais deux choses d’ordre général méritent d’être mentionnées avant que l’on s’attaque au vif du sujet. Tout d’abord se pose la question de la censure. La jaquette que je vous ai mise en guise d’illustration, et qui est bien celle de ma VHS, est une jaquette européenne, différente de l’américaine, qui imposait elle – c’était alors une nouveauté – le fameux « parental advisory ». Ministry – de même que le side-project Revolting Cocks – était à la pointe du combat contre cette législation. Aussi, sur la jaquette américaine – un tantinet plus « gore » (si j’ose dire, aha, puisque c’est à Tipper Gore, l’épouse de Al, que l’on doit cette législation – eh oui…) –, le « parental advisory » était entouré de sigles invitant à le découper, et le groupe avait publié à côté son propre avertissement, que je vais m’empresser de reproduire ici :
« WARNING FROM MINISTRY: READ THIS FIRST! This parental advisory warning has been forced upon the artist by groups hostile to First Amendment Rights. If you feel your First Amendment Rights are being infringed upon, as the band does, please cut along the dotted line and remove this section of the cover art. Send the removed section, along with a letter supporting your First Amendment Rights, to your congressional representatives and/or local legislators. We must not be intimidated by these right wing factions. Please support your local anti-censorship organization or, better yet, start your own! JUST SAY NO TO CENSORSHIP! »
Voilà au moins qui a le mérite d’être clair. Et qui explique la litanie de « fuck, fuck, fuck » concluant « Stigmata », laquelle n’épargne bien entendu pas Tipper Gore…
Le second point qui mérite d’être développé concerne la réalisation de la VHS. Hélas, je ne vais pas disposer de toutes les vidéos, et, à l’occasion, il va falloir se contenter de fichiers audio tirés du CD… Mais bon, on va faire avec ce qu’on a. Mais, comme vous allez dans l’ensemble pouvoir le constater, la réalisation obéit à une logique progressive : au début, tout est filmé de manière très sobre, comme un concert normal ; puis, au fur et à mesure que l’on avance dans la vidéo, les effets visuels parasites deviennent de plus en plus importants, jusqu’à envahir totalement l’écran dans les derniers morceaux. Et mine de rien, c’est assez intéressant…
Allez, commençons. Visuellement sobre, donc. Mais pour ce qui est du son, on fait tout de suite dans le lourd, très lourd… avec une piste insupportablement absente du CD ! J’ai nommé « Breathe », avec sa fameuse introduction à deux batteries... Et ça serait quand même dommage de rater ça ! Une mise en bouche toute en puissance pour un concert qui promet d’être monstrueux ; ça sent déjà la sueur et l’usine… miam… Qu’on se le dise, les dieux du metal indus sont dans la place, et ils ne sont pas contents !
Les deux morceaux suivants (désolé, je n’ai pas trouvé de vidéos…) sont (hélas ? ou tant mieux ?) les moins intéressants de la vidéo, les très punk « The Missing » et « Deity », tous deux tirés de The Land Of Rape And Honey. Cela dit, tout est relatif, et il y a amplement de quoi pogoter là-dessus… Mais Ministry nous réserve bien mieux pour la suite, alors autant économiser un peu nos forces.
Parce que ce qui suit, messieurs dames, ce qui suit… ce qui suit, c’est un pur chef-d’œuvre, rien de moins. Une version d’anthologie de « So What » à deux batteries (NB : comme le morceau est long, ça coupe un peu abruptement ; du coup, je vous remets la piste audio : ça coupe aussi avant la fin, mais plus tard et moins brutalement…). Très franchement, si vous restez de marbre devant cette vidéo, alors je crois que je ne peux rien faire pour vous. Et que personne ne peut rien faire pour vous. Désolé.
(Non, je n’en fais pas trop. Je dis juste la Vérité.)
Suit le tubesque « Burning Inside » (que là je m’étonne franchement de ne pas avoir trouvé de vidéo…). Pas grand chose de plus à dire par rapport à ce que je vous en avais dit en traitant de The Mind Is A Terrible Thing To Taste, si ce n’est que c’est encore meilleur en live : on est là devant la quintessence de Ministry ; compo faussement simple au riff en béton armé, rythmique impitoyable, et c’est parti mon kiki. Que du bonheur.
Et on continue dans le gros qui tâche et ne fait pas dans le détail avec une version particulièrement nerveuse du déjà très furibard à la base « Thieves ». Ça s’excite sur scène comme dans le public, et – oh – comme on aimerait y être… FUCK ART, LET’S KILL ! Comme le proclame si bien le T-shirt d’un membre du groupe.
Mais ce qui suit, messieurs dames, ce qui suit… ce qui suit, c’est un pur chef-d’œuvre, rien de moins. (C’est pratique, le copier-coller.) Nan, sans déc’, ce qui suit, c’est, à mes oreilles, le point culminant de l’album. ZE version de « Stigmata ». Le morceau parfait, là, comme ça, à la croisée des chemins. Un seul riff, tout en crescendo, jusqu’à son finale apocalyptique, explosion de « fuck » machin, « fuck » bidule, « fuck » tout et n’importe quoi, et ça défoule, putain, ça fait un bien fou, fuck fuck fuck fuck fuck FUCK !
Et c’est ici que s’achève le CD.
…
Mais pas la VHS, aha ! Celle-ci nous réserve encore « deux pistes », avec un éminent invité surprise en la personne de Jello Biafra, le charismatique ex-chanteur des Dead Kennedys, qui, avec Al Jourgensen et Paul Barker de Ministry, avait formé le groupe Lard (c’est bien, Lard, d’ailleurs ; faudra que je vous en cause, de Lard, tiens…). Celui-ci vient tout d’abord nous tenir un discours halluciné, sa propre version du « Pledge Of Allegiance » (pas moyen d’en trouver une vidéo, ‘fin je crois…).
Puis il se contente de faire le couillon, parodiant le salut nazi et marchant au pas de l’oie, tandis que Ministry interprète en guise de rappel, laissant tomber les guitares pour une fois, « The Land Of Rape And Honey ». Ça s’amuse beaucoup, sur scène. Et ça fait un beau clou du spectacle.
Bref : si on peut allègrement se passer de cet étrange CD amputé, cette vidéo est indispensable à tout fan de Ministry qui se respecte. Du coup, j’aimerais bien la revoir en DVD, moi, un de ces jours… Parce que pour le moment, en-dehors de Sphinctour, je crois qu’on peut aller se brosser… Or, c’est là, dans In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live), que se trouve le grand Ministry. La politique stupide des majors visant à supprimer de Youtube ou de Dailymotion ces extraits-vidéos est d’autant plus aberrante. Mais, au moins temporairement, vous pourrez profiter de quelques-uns, alors ne vous gênez pas…
Et à bientôt pour une nouvelle chronique, musicale ou pas, de Ministry ou non. On verra bien, ma bonne dame. Au jour le jour. Ou plus tard. C’est selon.
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