"Is This Desire?", de PJ Harvey
PJ HARVEY, Is This Desire?
Tracklist :
01 – Angelene
02 – The Sky Lit Up
03 – The Wind
04 – My Beautiful Leah
05 – A Perfect Day Elise
06 – Catherine
07 – Electric Light
08 – The Garden
09 – Joy
10 – The River
11 – No Girl So Sweet
12 – Is This Desire?
Chose promise, chose due, je vais donc vous entretenir aujourd’hui de Is This Desire?, à mes oreilles le deuxième meilleur album de PJ Harvey. Je ne vous cacherai pas cependant que je le mets loin derrière cet incomparable chef-d’œuvre qu’est To Bring You My Love. Mais, ainsi que je vous l’ai dit la dernière fois, cet album-ci est en ce qui me concerne rien de moins qu’un des plus grands chefs-d’œuvre de tous les temps de la mort de la galaxie. Dans ces conditions, faire moins bien n’a rien de déshonorant, ni a fortiori d’étonnant. Et, avec Is This Desire?, ce qui est tout à fait remarquable, c’est que miss Polly Jean Harvey, certes a fait moins bien, mais a néanmoins fait très bien, et, prenant des risques, dans une voie très différente, où le succès n’était pas garanti. À en croire Wikipédouille, l’album aurait d’ailleurs été mal accueilli à sa sortie, mais, honnêtement, je n’en ai pas le souvenir, je crois qu’ils ont un peu fumé la moquette, là… ‘fin bon, pas grave.
L’important, c’est que, pour être moins bon que To Bring You My Love, Is This Desire? n’en est pas moins un très très bon album, bien digne du talent de la géniale PJ, qui nous en révèle ici bien des facettes parfois insoupçonnées. Et c’est à nouveau un album superbement produit (quoique j’y préfère largement pour ma part la patte unique, glauque et poisseuse, du précédent, mais bon…), et qui s’autorise cette fois plus franchement quelques escapades électroniques, vers un trip-hop à la Tricky première manière (quand Mr Quaye avait du talent, en somme), voire vers un indus décomplexé (si), ce qui n’est évidemment pas pour me déplaire, vous pensez bien…
Mais nous n’en sommes pas encore là. L’album s’ouvre tout en douceur avec « Angelene », jolie petite ballade pop aux agréables rondeurs de basse et au piano discret mais inspiré (comme souvent sur l’album, où cet instrument est assez récurrent, à la différence du précédent), secondé par un orgue faisant la transition avec To Bring You My Love.
Puis on passe au court et nerveux « The Sky Lit Up », un morceau pêchu relativement noisy, fort sympathique, même si sans doute trop bref pour qu’on puisse en dire plus.
Avec « The Wind », on est en plein dans ces morceaux versant dans le trip-hop à la Tricky que j’évoquais en introduction. Rythmique chaloupée, basse ronde, chant alternant entre le chuchoté et des aigus fragiles pouvant d’ailleurs parfois évoquer Martina Topley Bird… Très efficace.
Suit « My Beautiful Leah » (NB : on s’en cogne de la vidéo…), un morceau indéfinissable, sorte de trip-hop industriel bizarre, mais une vraie réussite en tout cas, avec une belle ambiance saturée et glauque. Original et fort. Jusqu’ici, je sais pas vous, mais moi je trouve que cet album, déjà bon au premier morceau, s’améliore de piste en piste…
Mais le niveau redescend un peu, à mes oreilles en tout cas, avec le bien plus conventionnel « A Perfect Day Elise », dont seule la rythmique garde quelque chose de l’originalité électronisante de ce qui précède ; pour le reste, c’est un morceau pop finalement assez classique, et sans doute un peu décevant. Pas désagréable, cela dit, mais on s’attendait à mieux ; disons que j’ai toujours trouvé que ça sentait un peu trop le single pour être honnête.
On retourne à quelque chose de moins « facile » (façon de parler, oui, oui…) avec « Catherine », un morceau tout en douceur et retenue. Autrement intéressant à mon sens. Jolie mélodie minimaliste, et belle production.
Suit un de mes morceaux préférés de l’album, le superbement glauque et cinématographique « Electric Light », porté par une basse ronde angoissante comme c’est pas permis, avec un chant à l’avenant. Tout l’art du faussement simple déployé dans cette courte merveille d’écriture. J’adore.
Puis l’on enchaîne sur une autre merveille avec le très beau « The Garden », avec une chouette rythmique basse-batterie, mais qui vaut surtout pour son refrain, de toute beauté, avec son piano minimaliste, ses douces nappes et son chant fragile.
Et là… J’enrage, je désespoire, je vieillessennemie ! Mon morceau préféré de l’album, « Joy », est bien évidemment le seul que je ne trouve ni sur Youtube, ni sur Dailymotion… Alors oui, j’en ai bien trouvé des versions « live », mais franchement, les gens, ça n’a rien à voir… Parce que ce morceau, sur l’album, est un authentique bijou industriel (si), sans guitares ou quoi que ce soit de conventionnel, sur lequel braille la dame de Dorset. Du coup, ce que j’ai trouvé qui s’en rapproche le plus, c’est ce remix. Va falloir faire avec, les gens… Mais oh ! Doux BRUIT ! Que ce morceau est bon ! Merci, Miss Harvey.
Bon. On se calme les nerfs avec le très beau « The River », et sa douce mélodie au piano, bien secondée par une basse inspirée. Planant et efficace. Miam.
« No Girl So Sweet » remonte brièvement le volume sonore, en miroir à « The Sky Lit Up ». Ce n’est pas mauvais, mais avouons quand même que, comparativement à la plupart des jolies choses qu’on a entendues jusqu’à présent, c’est un bon cran en-dessous… On ne s’y attardera donc guère.
Et l’on conclura donc l’album sur « Is This Desire? », un très beau morceau, très planant, avec là encore un refrain de toute beauté. La meilleure des conclusions pour un excellent album, décidément.
Is This Desire? n’a pas le génie ni, probablement, l’unité de ton caractéristiques de To Bring You My Love. Ça n’en est pas moins un album brillant, bourré d’idées et de prises de risques, audacieux et riche, débordant de talent, bref : excellent. Le deuxième meilleur album de PJ Harvey à mes oreilles, donc. Autant dire qu’il est indispensable.
Suite des opérations musicales ? Ben, je sais pas. D’un côté, j’ai un peu la flemme… De l’autre, je me ferais bien une petite rétrospective Sonic Youth… Boah, on verra bien.
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