Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

"La Chartreuse de Parme", de Stendhal

Publié le par Nébal

La-Chartreuse-de-Parme.jpg

 

STENDHAL, La Chartreuse de Parme, [s.l.], Ebooks libres et gratuits, [1839, 2003] 2011, [édition numérique]

 

J’ai déjà eu l’occasion, à plusieurs reprises, d’attirer votre attention sur la perfiditude des libraires. Sale engeance ! Ces gens-là – ces parasites devrais-je dire –, non content de sucer votre argent durement gagné, en profitent pour vous imposer leurs goûts ineptes, et souvent réactionnaires. En voici un témoignage pour le moins éloquent. Le coupable, que nous ne désignerons charitablement que par les lettres H.R., n’avait eu de cesse de proclamer son amour viscéral et sans doute quelque peu contre-nature pour La Chartreuse de Parme, célèbre roman de Stendhal, l’homme qui a inspiré à Jeanne Mas son plus fameux tube (et ça n’est pas rien). Ce H.R. avait poussé le perfidisme jusqu’à prendre plusieurs exemplaires de La Chartreuse de Parme, les ornant d’un sinistre bandeau publicitaire évidemment mensonger, et osant, si je ne m’abuse, le superlatif : H.R. cherchait à nous faire croire, nous autres pauvres innocents, que ledit roman de Stendhal était le plus grand roman de la littérature française, alors que tous les gens de bon goût savent que, en fait, il s’agit de L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, non mais oh, hein, bon. Las ! Le perfidesque personnage a réussi son coup, dans la mesure où il a titillé ma curiosité (malsaine, oui) ; j’ai en effet déboursé la mirifique somme de 0 € pour me procurer La Chartreuse de Parme (ailleurs que dans l’antre infâme dudit H.R.), et j’ai poussé le vice, ou la bêtise, jusqu’à lire la chose, alors que j’aurais très bien pu faire semblant (d’abord).

 

La Chartreuse de Parme nous narre la vie et les œuvres de Fabrice del Dongo, de sa conception à sa fin (dans la Chartreuse de Parme, donc ; oh comment que j’ai « spoilé » ! Oui, je suis vil, moi aussi). Je dois reconnaître que le début du roman est indéniablement brillant, avec l’enfance de Fabrice et, surtout, son engagement maladroit dans l’épopée napoléonienne, quand l’Ogre corse revient de l’île d’Elbe pour aller se prendre une branlée à Waterloo. Un véritable régal (même si L’Éducation sentimentale, c’est mieux).

 

Hélas, en ce qui me concerne, la suite n’est pas du même tonneau. Mais là j’imagine – et H.R. serait sans doute le premier à le prétendre – que je n’aurais plus qu’à fermer ma gueule. Qui suis-je en effet pour oser critiquer Stendhal, l’homme qui a inspiré à Jeanne Mas son plus fameux tube (et ça n’est pas rien) ?

 

Un con.

 

(C’est écrit là-haut.)

 

Je vais me gêner, tiens.

 

La scène prend place dans une Italie passablement fantasmée (ce qui est bien pratique). Nous y suivons les intrigues et amours de Fabrice, qui bénéficie de la protection de sa tante, la Sanseverina (cette salope). Le gros morceau, c’est surtout quand Fabrice est emprisonné dans la tour Farnèse (pour une complexe histoire mêlant amûr et complots), et qu’il en profite pour séduire la belle et naïve (même si pas tant que ça ; salope) Clélia Conti, la fille du gouverneur Fabio Conti, rien que ça, qui facilite son évasion, à l’instar de la Sanseverina. Puis nous voyons Fabrice, qui s’est tourné vers la carrière ecclésiastique, devenir coadjuteur de l’archevêque Landriani, et un prédicateur renommé, tout ça rien que pour emballer la Clélia Conti, qui a pourtant fait le vœu à la Madone de ne plus jamais voir Fabrice (le verbe « voir » est à souligner ; salope). Je vous passe les détails jusqu’à la fin du roman, un tantinet précipitée tout de même.

 

Le livre est dédié « to the happy few », ce qui est quand même la classe. N’empêche, il m’a déçu (je ne suis donc pas des « happy few », rho ben merde, alors). Je suis désolé, H.R., mon cher, mon ami, mais le cœur du roman – dont on a parfois souligné le caractère balzacien, ça explique tout – ne me paraît pas tenir les promesses de ses brillants premiers chapitres. Certes, je n’irais pas jusqu’à dire que La Chartreuse de Parme est un mauvais roman, ne poussons pas mémé dans les orties, et Stendhal pas davantage, même si H.R., c’est tentant (et Balzac, n’en parlons pas). Non, loin de là, La Chartreuse de Parme, c’est quand même au pire pas mal du tout, et ça contient bon nombre de pages tout à fait réjouissantes, notamment celles où l’humour de l’auteur, à tendance délicieusement cynique, s’affiche le plus volontiers. On ne s’ennuie certes pas à la lecture de ce roman, qui est indéniablement bon (même si je lui ai personnellement préféré, et de loin, celui qui a inspiré à Jeanne Mas son plus fameux tube – et ça n’est pas rien). Il me semble pourtant possible de relever ici ou là (surtout là, d’ailleurs) quelques défauts de construction (si), et j’avouerais que les amûrs de Fabrice del Dongo, je m’en bats un peu les couilles (romantiquement s’entend). Dommage : le début, qu’est-ce que c’est bien !

 

Mais voilà : au final, ben, un peu bof, quand même. H.R., tu m’as menti ! Salaud ! Rembourse-moi ! Et prends cinq exemplaires de L’Éducation sentimentale, non mais oh !

Commenter cet article

N
Les libraires sont fourbes... Mais moins que les banquiers. :)<br /> <br /> Et puis Stendhal c'est grand.
Répondre
N
<br /> <br /> Moins que Flaubert.<br /> <br /> <br /> <br />
T
Comment dire, camarade ?<br /> <br /> MWAHAHAHAHAHA...
Répondre
G
C'est certes bien inférieur à La Partreuse de charme, version érotique du même opus, longtemps confiné dans l'Enfer de la Nationale et que bizarrement personne n'a eu l'idée de rééditer en notre<br /> temps de tolérance et de lubricité.
Répondre