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"La Prière d'Audubon", de Kôtarô Isaka

Publié le par Nébal

La-Priere-d-Audubon.jpg

 

ISAKA (Kôtarô), La Prière d’Audubon, [Audubon no Inori (A Prayer)], traduit du japonais par Corinne Atlan, Arles, Philippe Picquier, [2000] 2011, 440 p.

 

 

Ouin.

 

 

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin !

 

 

J’y arrive pus. Je suis devenu impuissant du blog. Désolé de commencer ce compte rendu miteux en chouinant, mais une fois n’est pas coutume, et je vous dois des explications sur mon retard au chroniquage. Voilà, c’est dit : j’y arrive pus. J’ai de plus en plus de mal à écrire (ça se voyait, de toute façon), et même lire, à la limite… Aussi ai-je pensé remettre ce blog en mode « interruption momentanée des programmes », comme ça m’était arrivé il y a quelque temps de ça, et il n’est pas impossible que je m’y résigne dans les jours à venir. En même temps, j’ai pas grand-chose d’autre à quoi me raccrocher, et ça m’ennuie franchement… Alors on verra bien. En attendant, je vais essayer malgré tout – je dis bien : essayer – de vous causer de mes dernières lectures.

 

Donc : La Prière d’Audubon de Kôtarô Isaka. Un roman étrange, d’un jeune auteur nippon que l’on place d’ores et déjà dans la filiation de Haruki Murakami (que, bordel, je n’ai toujours pas lu, et ça peut pas durer). Chaudement recommandé par quelques connaissances, et doté d’une quatrième de couverture suffisamment intrigante et alléchante pour que je tente l’expérience.

 

Notre héros se nomme Itô, et c’est un informaticien.

 

… Non, mais, partez pas, y en a des biens…

 

Bon, donc, Itô. Il a démissionné de son boulot il y a quelques mois de ça, brisé son couple par la même occasion, et, depuis, il a fait une connerie qui l’a placé entre les vilaines pattes d’un flic psychopathe. Heureusement pour lui (et pour nous), Itô a pu s’échapper… et il a trouvé refuge sur une île bien mystérieuse, sans trop savoir comment. Une île qui s’est refermée sur elle-même et a rompu quasiment tout contact avec l’extérieur depuis près de 150 ans, à l’époque même (Meiji) où le Japon mettait fin au shogunat et s’ouvrait enfin sur le monde. Seul un bâteau fait de temps à autre la liaison entre l’île et le reste du Japon, mais Itô n’est que le deuxième étranger à être débarqué sur l’île depuis sa « fermeture ». Et il pourrait avoir un rôle à jouer dans une prophétie…

 

Mais nous n’en sommes pas encore là. Pour le moment, Itô se voit confié à un guide, enthousiaste mais un peu bizarre, qui lui fait découvrir tous les (nombreuses) bizarreries de l’île. On ne les citera pas toutes, et on se contentera d’évoquer la plus singulière : Yûgo, un épouvantail parlant et visionnaire. Itô lie amitié avec Yûgo, mais, hélas, cela ne sera que pour une courte durée : on retrouve bientôt l’épouvantail démembré, ce qui s’apparente bel et bien à un meurtre… Et Itô de se mettre en chasse pour essayer de trouver le coupable.

 

La Prière d’Audubon prend ainsi l’apparence d’un policier dilletante et doux-dingue, gentiment barré, et porté par une plume confondante de naïveté (mais qui n’en est pas moins délicieuse). On suit avec beaucoup de plaisir Itô dans son périple insulaire, auprès des habitants si étranges de cette île plus qu’étrange. Il y a là toute une galerie de personnages hauts en couleurs, et le roman fourmille de bonnes idées. D’une grande richesse, La Prière d’Audubon part un peu dans tous les sens, mais sans jamais perdre de vue sa trame essentielle. Car tout, ici, semble lié au reste, et le moindre événement prend des allures d’indice permettant à terme d’identifier le coupable du meurtre de Yûgo, ainsi que de répondre aux nombreuses questions qu’il suscite ; une, notamment, revient sans cesse : si Yûgo pouvait prévoir le futur, alors pourquoi n’a-t-il pas prévu sa mort, ou du moins n’en a-t-il parlé à personne ? Cela a-t-il un rapport avec l’arrivée d’Itô sur l’île, d’ailleurs ?

 

Je n’en dirai évidemment pas plus ici (je crois de toute façon en être incapable…). Je ne peux guère, à mon tour, que vous recommander ce roman joliment fou et enthousiasmant. Pour ce premier livre traduit en français, le moins que l’on puisse dire est que Kôtarô Isaka a réussi son coup à tous points de vue. Le voyage dans cette île étrange est aussi fascinant que dépaysant, souvent drôle, et toujours astucieux. Bien ouéj’.

 

 

Je m’en veux de ne pas être capable de faire mieux que ça, ce roman le mériterait assurément. Enfin bon, on verra bien dans les jours à venir ce qu’il en sera…

CITRIQ

Commenter cet article

G
Je viens de lire ce livre et de découvrir votre blog par la même occasion. Deux chouettes découvertes!
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N
<br /> <br /> Ben merci, alors.<br /> <br /> <br /> <br />
V
Je serais désolé à mon tour de me voir privé de tes excellentes recensions...
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C
En tout cas ta chronique donne envie de lire le livre...<br /> <br /> Et la filiation à Murakami Haruki m'intrigue.<br /> <br /> PS : je me demande vraiment si le sieur Murakami te plairait...
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