"La Quête des héros perdus", de David Gemmell
GEMMELL (David), La Quête des héros perdus, [Quest for Lost Heroes], traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Alain Névant, Paris, Bragelonne – Milady, [1990, 2003] 2011, 413 p.
C’est Nouwël ! Et, chez Nébal, qui dit Nouwël dit Gemmell.
BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!
…
Mais là, pour le coup, pas tant que ça, en fait.
C’est un peu décevant.
Mais ça ne fait aucun doute : La Quête des héros perdus est loin d’être le roman le plus beuarhesque du cycle « Drenaï ». Oh, je vous rassure, ça se frite tout du long pour un oui pour un non, et on y retrouve bien des traits typiques de la production BCF de David Gemmell, des héros nécessairement vieillissants à la fin toute naze (mais là, je dois dire qu’il s’est surpassé, ce type était décidément incapable de conclure un bouquin de manière satisfaisante). N’empêche, tout au long de la lecture de cette Quête des héros perdus, j’ai balancé entre deux opinions : 1°) Celui-là est VRAIMENT nul ; 2°) Mais en même temps, avec tout autre auteur que Gemmell derrière le clavier, ça aurait pu donner quelque chose de… ou pas.
…
Mmmh.
Probablement « ou pas ».
‘fin bon, n’allons pas trop vite en BEUA… besogne. Et commençons par résumer la chose.
La Quête des héros perdus se déroule en gros une génération après Le Roi sur le Seuil. Tenaka Khan a bâti un empire nadir sans pareil, et s’est enfin emparé de Dros Delnoch. Il n’a connu qu’une seule défaite, en territoire gothir, à Bel-azar, où il a dû affronter un quintet de héros ‘ach’ment balaises : Charéos le Maître d’Armes, héritier caché du Comte de Bronze ; Beltzer le géant à la hache (comme d’hab’) ; les deux archers (potentiellement pédés) Finn et Maggrig ; et Okas, l’Homme Tatoué aux mystérieux pouvoirs. Il les a même rencontrés, un soir, mais les a épargnés. C’est que ce sont les fantômes-à-venir…
Mais le roman débute bien après la bataille de Bel-azar, alors que c’est Jungir Khan, le fils de Tenaka, qui règne sur les Nadirs. Charéos a repris son boulot de maître d’armes auprès du comte de Talgithir. Mais, un jour, le héros de Bel-azar punit le fils du comte pour son arrogance, et le paternel le prend mal. Très mal. Charéos n’a d’autre choix que de s’exiler.
En route, il tombe sur Kiall, un jeune couillon de bouseux romantique, dont le village a été pillé par les Nadrens, qui se sont emparés des femmes pour les vendre comme esclaves. Parmi elles, Ravenna, la belle de Kiall. Enfin, façon de parler : elle ne l’aime pas (ça aussi, ça arrive souvent, chez Gemmell)… Mais Kiall est amoureux jusqu’au bout du gland, et a juré, ce qui est bien entendu absurde, de la délivrer. Et parce que Charéos est un peu con et n’a rien d’autre à foutre, il décide, là, comme ça, sans raison, de lui venir en aide.
Bien évidemment, très vite, la Volonté de la Source va faire que l’ancien groupe des héros de Bel-azar va se reconstituer. Et sans véritable raison, donc (à part peut-être la nostalgie de leurs anciens actes héroïques, notamment pour Beltzer), ils se mettent tous à aider Kiall dans sa quête absurde.
Mais, bien évidemment là encore, la Source voit plus loin, et la quête des héros perdus va prendre une tournure un peu plus grandiose (mais pas moins absurde) que de simplement partir à la rescousse d’une pouffiasse de fermière…
Vous aurez compris que ce roman, étant dû à la plume de David Gemmell, est très bête. Mais il aurait pu ne pas l’être totalement. Ce groupe de héros vieillissants, en effet, aurait pu fournir le prétexte d’une intéressante étude de caractères ; lancés dans une quête débile, et bien moins impressionnante et « nécessaire » que leurs anciens exploits, les héros perdus auraient pu, oui, constituer de bons personnages, et leur périple être propice à une réflexion un peu plus astucieuse que d’habitude sur la vanité de l’héroïsme et le temps qui passe… Mais on est chez Gemmell ; alors la psychologie des personnages, hein… Non, je vous rassure, nous sommes bien en présence d’archétypes en carton, tout justes bons, en dehors de la baston, à balancer des lieux communs pseudo-philosophiques et des vannes pourries, et la réflexion n’est pas vraiment de mise dans cet énième bourrinade au canevas décidément bien répétitif. Il s’agit de se latter contre le monde entier, de trancher des bras et des têtes, de hurler BEUAAAAAAAAAAAAAARH, et de sauver la princesse. Banal.
Et du coup frustrant, à plus d’un titre. Car si Gemmell nous prive dans La Quête des héros perdus de toute « profondeur » (mais ça on pouvait s’y attendre…), il nous prive également de ce pour quoi il est le plus doué (relativement s‘entend), à savoir les grosses scènes de bataille bien beuarhesques. On reste ici à l’échelle du petit groupe. Alors forcément…
Bon, après, même si c’est objectivement « pas très bon », voire « encore plus mauvais que d’habitude », je me suis quand même amusé à cette lecture couillonne (je suis décidément très bon public, des fois, mais je m’en rends compte, alors ça m’excuse presque). Il y a de l’action en permanence, justifiée par rien, mais c’est pas grave. Ça fuse, et ça divertit. C’est idiot, mais efficace. C’est du Gemmell, quoi.
Même si le « beuarh » est cette fois discret.
Prochain épisode : Les Guerriers de l’hiver.
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