"La Submersion du Japon", de Sakyo Komatsu
KOMATSU (Sakyo), La Submersion du Japon, [Nihon Chinbotsu], édition adaptée et traduite par M. et Mme Shibata Masumi, Arles, Philippe Picquier, coll. Picquier poche, [1973, 1977, 1996, 2000] 2011, [édition numérique]
La science-fiction japonaise me rend curieux. Hélas, c’est pas évident d’en trouver de par chez nous. Mais s’il est un roman pour prétendre au titre de « classique » du genre, c’est probablement La Submersion du Japon de Sakyo Komatsu, qui me faisait de l’œil depuis pas mal de temps déjà.
La tectonique des plaques est une salope. Et elle pourrait bien, à terme, entraîner la disparition du Japon tout entier. C’est du moins le postulat de ce roman culte au Pays du Soleil Levant, qui nous invite à suivre plusieurs personnages confrontés à cet épineux problème. On en relèvera plus particulièrement trois : le pilote de bathyscaphe Onodera, le scientifique et spécialiste du volcanisme sous-marin Tadokoro, et enfin le mystérieux Watari, éminence grise qui semble tirer les ficelles de l’ensemble de la politique nippone. Ceux-ci, et bien d’autres, vont devoir ouvrir les yeux sur ce drame fou qu’est la disparition à terme de leur patrie.
Dès lors, tout s’enchaîne, avec un savoureux parfum de film-catastrophe des 70’s. Mais, disons-le tout net : si le succès de ce roman au Japon est fort compréhensible, tant son thème est prégnant, on ne saurait pour autant en faire une réussite. La forme pèche ; c’est rien de le dire, mais La Submersion du Japon est mal écrit (et/ou traduit ?). Et si on s’accroche, c’est au prix de bien des douleurs… Le roman est aussi maladroit que son thème est inquiétant et, des personnages plats au comportement parfois étrange au style général perclus de béquilles, on ne trouve pas grand-chose au final pour sauver le roman de Sakyo Komatsu. Une déception, du coup.
C’est d’autant plus regrettable que le thème est indéniablement fort ; aussi, de temps à autre, l’auteur touche juste malgré tout et parvient à faire vibrer une corde sensible. On ne saurait effectivement rester indifférent face au sort de ses compatriotes tel qu’il est décrit en ces pages ; cette « apocalypse partielle » suscite en effet bien des échos – les catastrophes ne manquent hélas pas qui, à terme, pourraient sonner le glas de l’archipel nippon.
Cependant, ainsi que j’ai déjà pu vous le faire entendre dans ces pages interlopes, c’est là un type de science-fiction que je ne peux tout simplement plus apprécier, et La Submersion du Japon n’atteint pas le niveau d’exigence que je me sens en droit de réclamer pour tout roman, quel qu’il soit. Aussi, si je ne regrette certainement pas de l’avoir lu – pour l’édification, si j’ose dire –, je ne saurais véritablement en conseiller la lecture. Dommage… mais les bonnes idées ne font pas tout, à mes yeux tout du moins.
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