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"Le Démon du Vent", de Brian Lumley

Publié le par Nébal

Le-Demon-du-Vent.jpg

 

LUMLEY (Brian), Le Démon du Vent, [Spawn of the Winds], traduit de l’anglais par France-Marie Watkins, Paris, Albin Michel, coll. Super-Fiction, [1978] 1979, 218 p.

 

« Nébal ? »

 

Oui, je sais, faut qu’on parle, c’est à propos de mon idée débile de passer mes vacances à enchaîner les lectures festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses, ça pose problème, notamment pour ce qui est du très mauvais « cycle de Titus Crow », mais comme je te l’ai déjà dit ça constitue la pierre angulaire de cette session mauvais goût, et puis c’est presque fini, alors malgré toutes les pressions contraires et même si c’est très dangereux JE VAIS QUAND MÊME LE FAIRE, aussi ta gueule.

 

 « … »

 

Eh eh.

 

Donc, Le Démon du Vent (tiens, titre français fidèle, pour une fois…) de Brian Lumley, quatrième tome du « cycle de Titus Crow ». Même s’il faudrait sans doute l’appeler autrement, puisque Titus Crow n’y apparaît pas un seul instant (et Henri-Laurent de Marigny pas davantage, contrairement à ce que prétend la quatrième de couverture, qui en fait le héros du roman ; ils étaient décidément très très forts, chez Super-Fiction…). Les éditeurs proposent bien « cycle de Cthulhu », mais on a vu dans les précédents compes-rendus à quel point c’était abusé, et le dormeur de R’lyeh n’apparaît pas non plus dans ce roman. Que la vilaine DCC (Divinité du Cycle de Cthulhu, faut-il le rappeler), ici, c’est Ithaqua, comme le titre le laissait assez supposer.

 

Mais peu importe. Notre héros est cette fois, non pas Henri-Laurent de Marigny donc, mais bien Hank Silberhutte, télépathe au service de la Fondation Wilmarth vouée à l’éradication des DCC, et accessoirement texan jusqu’au bout des bottes de garçon vacher. Avec quelques autres membres de la Fondation, il a monté une expédition à destination du Grand Nord, afin d’en apprendre plus sur Ithaqua et éventuellement de lui défoncer sa vilaine gueule de Grand Ancien. Ben oui : on est dans une pseudo-lovecrafterie signée Brian Lumley, alors forcément ça bourrine, à tel point que…

 

« BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!! »

 

… Oui, voilà, c’est ce que j’allais dire, merci.

 

« Eh eh. »

 

Ta gueule. Donc, notre petite équipe très volontaire de s’embarquer à bord d’un avion, lequel abrite également une passagère clandestine : Tracy, la sœur de Hank, qui voulait lui faire une blague (si). Mais voilà : Ithaqua ne compte pas se laisser faire aussi facilement, et déporte les importuns en Borea, une dimension parallèle glaciaire balayée par les vents. Hank reste cependant en contact télépathique avec une Terrienne, Juanita Alvarez, et c’est au travers des restranscriptions de cette dernière que nous allons pour l’essentiel connaître les aventures épiques de Silberhutte et compagnie au pays d’Ithaqua, ravagé par une guerre millénaire opposant les Enfants du Vent, serviteurs écumants de bave du Grand Ancien, et le Peuple du Plateau, rebelle, et dirigé par… la fille d’Ithaqua, Armandra (si). Laquelle, bien évidemment, est amenée à connaître le grand amour avec notre super-héros, parce que sinon, ben, ça serait un peu décevant, quoi. Et Silberhutte et ses potes de prendre part à la guerre, ce qui explique largement le caractère de grosse bourrinade de ce roman qui n’a à peu près rien de lovecraftien (ce n’est donc toujours pas le nanar authentiquement cthuloïde que j’attends désespérément, groumf…).

 

 

Là, je crois qu’il me faut au préalable apporter quelques mauvaises raisons expliquant peut-être pourquoi mon jugement à l’encontre de ce roman a été potentiellement biaisé. Tout d’abord, à l’évidence, je suis à l’heure actuelle, par la force des choses dans un sens, très très bon public, et j’ai lu ces derniers jours des trucs tellement pathétiques que la moindre amélioration me paraît digne du prix Nobel de littérature (ou presque). Accessoirement, j’ai beaucoup fait dans la bourrinade, et ne m’en porte pas plus mal. En outre, je ne crache pas sur un bon petit nanar de temps en temps. Enfin, comme les plus attentifs d’entre vous l’auront peut-être remarqué en parcourant ce blog miteux, j’adoooOOOooore les récits polaires.

 

 

Tout cela explique sans doute en partie pourquoi j’ai passé un bon moment en lisant ce roman.

 

Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne le prétends sûrement pas « bon », même si j’affirme qu’il est nettement moins mauvais que les deux atrocités qui l’ont précédé dans le cycle. Non, ça reste mauvais. Mais – et cette fois ça me paraît encore plus vrai que pour Le Heaume maudit – sympathiquement mauvais. C’est en effet une grosse bisserie louchant sur la zèderie avec des grands moments de nanaritude, qui en font tout le sel. Avouons-le : tout ceci est parfaitement ridicule. Mais je ne me suis pas ennuyé un seul instant pour autant, et je me suis pas mal marré. Il y a en effet quelques beaux morceaux de nawak dans ce roman invraisemblable et bœuf comme c’est pas permis, de la première baston (à la fois effrayante et ridicule, ce qui relève de la performance ; mais oui, j’ai à la fois frémi et éclaté de rire devant cet assaut de l’avion des héros par des guerriers-loups des Enfants du Vent, où ça flingue à tout va, y compris avec la mitrailleuse qui avait précédement servi sur Ithaqua en personne, c’est vous dire le niveau) à la dernière, épique en diable, et qui se conclut par une sorte de délire consternant quelque part entre les Monty Python et Dragon Ball Z.

 

Et, de manière dingue, comme avec cette première scène de baston dont je viens de vous parler, il y a dans ce roman des passages qui, aussi hénaurmes soient-ils, ne manquent pas d’une certaine classe. Lumley parvient, avec ses effets spéciaux pourraves et son style abject (toujours aussi bien servi par la traduction exécrable de France-Marie Watkins, qui a rajouté « carmin » et « carminé » à son vocabulaire), à susciter malgré tout quelques images fortes. Et je dois dire que les héros observant depuis le blacon d’Armandra sur le Plateau le terrible Ithaque juché sur son autel pyramidal, ça ne manque pas d’une certaine classe, par exemple.

 

Un roman paradoxal, donc, mauvais mais on a lu pire (mais mauvais quand même, oui, oui, d’accord), et qui a pour lui d’être rigolo tout plein. De la sous-littérature populaire complètement conne, mais rafraîchissante (aha).

 

Suite et fin avec Les Lunes de Borée.

 

« Perv… »

 

Ta gueule.

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G
Comme disent les trapézistes:<br /> NE LISEZ PAS ÇA CHEZ VOUS !!!
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C
Ce Lumley a une mauvaise influence sur vous jeune homme!
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