"Légende", de David Gemmell
GEMMELL (David), Légende, [Legend], traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Alain Névant, Paris, Bragelonne – Milady, [1984, 2000, 2008] 2009, 511 p.
Ah ben voilà un bouquin dont au sujet duquel que pour en rendre compte, ben qu’il me fallait au moins les 30 points de QI supplémentaires qu’on m’a généreusement offerts pour la Nouwël, tiens !
Que je vous explique.
Légende, premier roman de David Gemmell, et fondateur du « cycle Drenaï », n’a rien à voir avec le film éponyme de Ridley Scott. Ici, on ne fait pas dans la fantasy pour fillettes, avec Tom Cruise et autres nabots. Nan. Ici, fantasy-BASTON ! Avec MUSCLES ! Et COUILLES !
BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!
…
Reprenons plus calmement.
Nébal, de temps à autre, aime bien l’heroic fantasy où c’est qu’on tranche des têtes, et notamment la sword’n’sorcery bien barbare. Nébal adorer « Conan », adorer « Kane ». Aussi, un jour ou l’autre, je devais nécessairement me taper du David Gemmell. C’était fatal. La curiosité a bien fini par l’emporter, et c’est tout naturellement que Légende (sous-titré « l’ultime combat ! », comme un fantabuleux nanar) a trouvé sa place dans mon cycle de lectures festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses. Une expérience.
Résumons la chose (ça ira vite). Légende, c’est d’abord et avant tout Druss. Que c’est lui, la Légende. Pour vous le présenter rapidement, disons qu’il s’agit d’une sorte de Cohen le Barbare en moins sympathique (mais pas moins rigolo), avec une touche de John Rambo. Vieux guerrier arthritique qui a quasiment pris sa retraite là haut sur la montagne, il attend la mort. Et il va bien trouver une occasion de précipiter les événements, et de ressortir sa bonne vieille hache.
En effet, Ulric, Khan des Nadirs fourbes (ils ont des yeux bridés ; c’est pas parce qu’on s’appelle Ulric qu’on ne peut pas avoir des yeux bridés, arrêtez tout de suite), a réussi à fédérer les tribus des steppes, et avance avec une armée de 500 000 hommes sur la forteresse de Dros Delnoch (pas de doute, on est bien dans un roman de fantasy), qui garde l’entrée de l’Empire drenaï (ou de ce qu’il en reste). La Dros n’abrite que quelques milliers de soldats, pour la plupart des fermiers inexpérimentés. Autant dire qu’ils vont se faire méchamment écraser la gueule.
Sauf que Druss rapplique. Et Druss avoir MUSCLES ! Et COUILLES !
BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!
…
Pardon.
N’empêche que voilà : Légende, c’est grosso merdo 300 pages de préparatifs (avec Druss, mais aussi une multitude d’autres figures, même si l’on en retiendra surtout le voleur berserk Rek, sa compagne Virae, et les Trente, templiers menés par un albinos – tiens, original…), et 200 pages de baston. Ça charcle sévère. « Quand Conan rejoint Fort Alamo », nous dit-on. Oui, certes, pourquoi pas. Mais, pour ma part, j’aurais plutôt envie de comparer Légende à 300 : en effet, comme 300, Légende est sacrément crétin, passablement jouissif, et un peu facho quand même. Certes, à la différence de 300 (je parle bien entendu de la chouette BD de Frank Miller, pas du navet « réalisé » par ce tâcheron de Zach Snyder), Légende sacrifie à peu près tout sur l’autel de la seule efficacité. Le roman n’a rien d’original, n’est certainement pas subtil, n’a rien de beau, est écrit de manière purement utilitariste (avec plein de dialogues) et traduit à l’arrache, construit de manière contestable, les personnages y sont des clichés sur pattes (même si Druss ne manque pas de charisme, reconnaissons-le), les situations sont vues et revues… Et pourtant, ça marche.
Zarbi.
Mais, oui, le fait est qu’on se prend d’enthousiasme pour Druss et ses potes, et qu’on s’imagine bien beugler à son tour sur les six murailles de Dros Delnoch. On ressent chaleureusement l’atmosphère si gay friendly de franche camaraderie virile qui règne dans les casernements, odeur de vestiaire incluse. « Ma-cho, ma-cho man ! » D’ailleurs, tant qu’on y est, on notera au passage le caractère fondamentalement navrant des (très rares ; seulement deux parmi les principaux) personnages féminins du roman, qui n’ont guère d’alternatives : ce sont des salopes et/ou des infirmières. Mais bon, passons ; après tout, par définition, même psychopathes, elles manquent de MUSCLES ! Et de COUILLES !
BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!
…
Aheum.
Efficacité, donc. Parce que oui, David Gemmell, à défaut d’autre chose, sait aller à l’essentiel et emporter son lecteur. Le fait est que ça marche, et que j’ai dans l’ensemble pris beaucoup de plaisir à suivre le siège de Dros Delnoch. En tout cas, je ne me suis pas ennuyé un seul instant, et c’est déjà pas mal.
…
Cependant…
[SPOILER !]
… il faut bien reconnaître que la fin gâche un peu tout, tant elle est ridicule, lamentable, pathétique, invraisemblable et conne. Si j’étais aussi macho que ses personnages, je dirais volontiers que David Gemmell, pour le coup, n’en a pas eu, de COUILLES !
BEUA…
…
Non, pas cette fois, justement.
Et c’est sacrément dommage. Parce que sans ça, Légende, si l’on n’en fera pas un roman exceptionnel, serait vraiment un divertissement plus qu’honorable, et même tout à fait correct.
Bon, n’exagérons rien : dans la mesure où ce ne sont que les vingt ou trente dernières pages qui sont vraiment à chier, on peut dire, allez, soyons bon prince, que Légende est bel et bien un divertissement plus qu’honorable, et même tout à fait correct. Je ne vais pas bouder mon plaisir déviant. Et j’ajouterais même que ça m’a donné envie, comme ça, à l’occasion, de lire d’autres bouquins de David Gemmell. Pourquoi pas, hein ? Après tout, de temps en temps, ça fait du bien, un peu de MUSCLES ! Et de COUILLES !
BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!
…
BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!
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