"Les Lames du Cardinal", de Pierre Pevel
PEVEL (Pierre), Les Lames du Cardinal, Paris, Gallimard, coll. Folio Science-fiction – Fantasy, [2007] 2013, 396 p.
Une fois n’est pas coutume, c’est essentiellement la curiosité rôlistique qui m’a amené à lire Les Lames du Cardinal de Pierre Pevel, premier tome de la trilogie éponyme. Sans-Détour vient en effet tout juste d’en sortir une adaptation, qui, à vue de nez, m’a l’air plutôt alléchante. Et sans être un grand amateur de romans de cape et d’épée – à vrai dire, à part bien sûr, mais il y a très longtemps, Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, modèle évident du présent ouvrage, je n’en ai pas lu des masses –, j’avais un a priori plutôt favorable sur le mélange de ce genre avec la fantasy. Mais j’ai tout naturellement voulu d’abord lire les romans ayant inspiré le jeu avant de me lancer dans son éventuelle acquisition (onéreuse comme de juste).
Or Les Lames du Cardinal sont en cours de réédition chez Folio Science-fiction (la série « Fantasy » avec son odieux cachet de cire) après avoir été publiées originellement chez Bragelonne, et l’éditeur de poche en a fait un véritable événement, avec cette étrange jaquette affichant fièrement des récompenses plus ou moins glorieuses – dont une étrangere, tout de même… Ça commençait à faire beaucoup, mais il ne faut pas vendre la peau du Breton avant de l’avoir torturé, etc. Bon. J’achète le premier tome, histoire de.
Et là j’ai déjà un fameux souci pour le présenter, ce premier tome. En effet, passé les généralités – nous sommes en France à l’époque de Richelieu, il y a des tensions avec l’Espagne, et il y a des dragons –, difficile de résumer ce roman qui prend terriblement son temps pour se mettre en place. À peu de choses près, « l’histoire » (un bien grand mot) des Lames du Cardinal ne commence qu’à la moitié du livre environ. C’est dire si ça traîne. D’ici là, on subit bon gré mal gré la reconstitution desdites Lames, une sorte d’équipe de super agents secrets au service du Cardinal, commandés par le capitaine La Fargue. On suit donc une kyrielle de personnages, hélas tous plus ternes les uns que les autres, et accumulant les clichés (avec une mention pour l’inévitable truculent Gascon). Il y a des gentils. Il y a des méchants. Il y a des traîtres. Des faux et des vrais. Mais on s’emmerde.
Et à vrai dire, ça ne s’arrange guère une fois terminée cette looongue mise en place… Difficile de se prendre de passion pour cette intrigue vague et mollassonne, accumulant rebondissement prévisibles et révélations qui tombent à plat, avec une accélération finale qui en rajoute dans le ratage. Une entrée en matière plutôt douloureuse, donc, pour cette trilogie…
Et, du coup, je ne comprends pas. Je ne comprends pas ce qui peut bien « justifier » le succès de cette série (au-delà du malentendu évoqué plus haut et dont j’ai été victime). Ce roman est en effet plein de vide. Il n’a rien pour lui. Les personnages sont nuls, l’intrigue nulle, la construction plus qu’à son tour critiquable, le style insipide et saturé de mauvais traits didactiques évoquant tant un mauvais roman historique qu’un mauvais roman jeunesse. Alors quoi ?
Je me suis senti floué.
Du coup, je doute de me taper la suite, si elle doit être du même niveau. Quant au jeu de rôle… On va dire que tant pis ?
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