"Les Lunes de Borée", de Brian Lumley
LUMLEY (Brian), Les Lunes de Borée, [In the Moons of Borea], traduit de l’anglais par France-Marie Watkins, Paris, Albin Michel, coll. Super-Fiction, [1978] 1980, 249 p.
« Néb… »
Oui, je sais, faut qu’on parle, c’est à propos de mon idée débile de passer mes vacances à enchaîner les lectures festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses, ça pose problème, notamment pour ce qui est du très mauvais « cycle de Titus Crow », mais rassure-toi, même les meilleures choses ont une fin, et, si les pires peuvent sembler interminables (et dans « interminables », il y a « minables »), quoi qu’il en soit, ayé, avec Les Lunes de Borée, c’est fini (enfin, en français en tout cas, je ne sais pas si Lumley en a commis d’autres en anglais, mais bon, faut pas pousser mémé dans les yeux singulièrement carminés d’Ithaqua…). Content ?
« Oui. Ouf. »
C’est bien ce qui me semblait. Mais ta gueule quand même.
« Oh ! »
Si.
Avant de commencer véritablement ce compte-rendu, je souhaiterais tout d’abord rendre hommage à la collection Super-Fiction, que j’ai découverte grâce à ce cycle, et qui osait. Y a pas d’autre mot. Cette fois, j’avoue avoir été notamment charmé par cette couverture encore une fois du meilleur goût, centrée comme il se doit sur un cul féminin. Du beau travail.
Ceci étant, passé le contenant, il faut bien parler du contenu. Les Lunes de Borée rassemble les deux trames précédentes : cette fois, nous retrouvons bien Henri-Laurent de Marigny, contrairement à ce qui était indiqué sur la couverture du Démon du Vent. L’occultiste est toujours en route pour Elysia à bord de l’horloge temporelle de Titus Crow (qui n’apparaîtra par contre pas en personne dans ce roman). Las, on lui avait prédit bien des difficultés, et ça se vérifie : suite à un accident (lire : un grossier artifice de narration), Marigny se retrouve sur Borée. Et croise aussitôt (ça tombe bien) Hank Silberhutte, le héros du Démon du Vent. Ce qui tombe moins bien, c’est que les Enfants du Vent lui chourent immédiatement son horloge en forme de cercueil, ce qui bloque notre héros sur la planète gelée d’Ithaqua. Et le Grand Ancien, que faut pas le prendre pour un con, décide de planquer l’horloge sur les Lunes de Borée. Mouhaha.
Comment y accéder et retrouver l’engin ? Rien de plus simple : il suffit de demander à Armandra, la fille d’Ithaqua et épouse attentionnée du Seigneur de Guerre du Plateau, de créer un tourbillon de 30 000 kilomètres, et d’user en prime un peu de la cape volante, pour que Marigny et Silberhutte se retrouvent sur la première Lune, Numinos, habitée par des Vikings déportés là par le très concupiscent Ithaqua. Et c’est alors que débute véritablement l’aventure épique et apothéosesque, qui s’achèvera comme de bien entendu sur l’autre Lune, Dromos, avec ses sinistres et antédiluviens Prêtres des Glaces.
Bon.
C’est vraiment n’importe quoi.
Du concentré de nawak du début à la fin, qui fait beaucoup (mais alors beaucoup) de bruit pour pas grand-chose. Si j’ai été très (très) bon public pour le nanardesque Démon du Vent, je dois bien reconnaître que ces Lunes de Borée, à sempiternellement pousser le bouchon trop loin, donnent plutôt dans le naveteux. Certes, les scènes et répliques ridicules ne manquent toujours pas, et il y a à l’occasion de quoi bien se marrer dans cette purge indicible. Mais dans l’ensemble, on se fait quand même surtout chier, malgré tous les efforts de Lumley pour imposer à son histoire grotesque un rythme haletant. Mais voilà : tout cela se révèle vain, tant le matériau de base est pathétique.
De même que Le Démon du Vent, et malgré Ithaqua et les Prêtres des Glaces, Les Lunes de Borée n’a à peu près rien de lovecraftien. Ce n’est donc toujours pas le nanar cthuloïde que j’attendais… Finalement, ce qui doit s’en rapprocher le plus, c’est donc en définitive Le Réveil de Cthulhu, pourtant le tome le moins pire du cycle… Bon, tant pis.
On relèvera, bien sûr, la plume toujours aussi abjecte de l’auteur, et la traduction toujours aussi singulièrement carminée de France-Marie Watkins.
Et voilà. Pas grand-chose de plus à dire : Les Lunes de Borée est juste un très mauvais roman de gare. Quant au cycle dans son ensemble, ben, je crois que vous avez compris, non ? Allez, tirons un trait sur cette expérience.
« Pervers. »
Oui. D’ailleurs, je vais à nouveau me ridiculiser en lisant du David Gemmell. Allez, hop, et beuarh.
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