"Lovecraft Studies", no. 7
Lovecraft Studies, no. 7 (vol. II, no. 2), West Warwick, Necronomicon Press, Fall 1982, 39 p.
Bon, je voulais me mettre aux fanzines lovecraftiens américains (j’ai quelques Lovecraft Studies et une énorme pile de Crypt of Cthulhu), mais un petit contretemps m’oblige à réviser mon programme de lecture et à remettre ça à plus tard. Mais j’aurai quand même eu le temps de lire cette septième livraison de Lovecraft Studies (avec S.T. Joshi pour rédacteur en chef). Au programme, quatre articles, et quatre recensions critiques.
Ralph E. Vaughan ouvre le numéro avec « The Old Man and the Sea. The Ocean and Life as Viewed by H.P. Lovecraft ». On sait que Lovecraft détestait la mer et les choses qui venaient de la mer, tout en ressentant une certaine fascination pour elle (voyez au passage mon compte rendu de The Night Ocean), et cet article revient sur cette relation ambiguë (surtout de la part d’un homme qui a beaucoup fréquenté les ports de la côte Est). Hélas, il n’y a à mon sens pas grand-chose d’intéressant à retirer de cet article, qui aligne les lieux communs, et s’adonne à une distinction plutôt spécieuse à mes yeux entre Atlantique et Pacifique. Dommage, il y avait sans doute mieux à dire.
On passe alors à « The Lord of R’lyeh » de Matthew H. Onderdonk, un article publié pour la première fois en 1945. Et c’est à vrai dire là le principal intérêt de cette communication, qui vise à mettre en lumière la singularité de l’œuvre lovecraftienne en insistant sur son rationalisme et sur le matérialisme mécaniste de l’auteur, d’où la distinction entre le « supernatural » antérieur et le « supernormal » propre à Lovecraft. Tout cela est très juste, et l’article, à n’en pas douter, fut une étape importante dans l’exégèse lovecraftienne. Mais c’est d’un intérêt historique avant tout, donc.
Robert M. Price, ensuite, dans « The Lovecraft-Derleth Connection », prend à revers la critique lovecraftienne, généralement très sévère à l’encontre d’August Derleth, pour tenter de montrer que bon nombre des éléments du « Mythe de Derleth » se trouvaient déjà dans le « Mythe de Lovecraft ». C’est audacieux et assez intéressant… mais hélas (?) pas vraiment convaincant, et S.T. Joshi ne manque pas de le montrer dans un post-scriptum (notamment en ce que l’article, sans surprise, évacue la dimension chrétienne du « Mythe de Derleth », une aberration par rapport au « Mythe de Lovecraft », et ne traite pas davantage du bête aspect « élémentaire » du panthéon derlethien).
Reste enfin « Lovecraft and the Mainstream Literature of His Day » de Peter Cannon, article qui m’a largement dépassé du fait de ma méconnaissance (bon, autant le dire : de mon ignorance…) de la littérature « générale » anglo-saxonne de l’entre-deux-guerres. On notera cependant les parallèles établis avec la vie de F. Scott Fitzgerald et l’œuvre de William Faulkner, et, en poésie, la relation ambiguë à T.S. Eliot (et notamment à The Waste Land, que Lovecraft avait tout d’abord sévèrement reçu et même parodié – « Waste Paper »).
On passe alors aux recensions critiques. La première, due à la plume de Greg Costikyan, m’a tout particulièrement intéressé, puisqu’elle concerne la première édition du jeu de rôle Call of Cthulhu (voyez ici pour une édition plus récente). Le jeu de rôle en était encore à ses débuts (Donjons & Dragons était tout jeune), d’où l’explication de ce qu’est un jeu de rôle ; le système est ensuite brièvement analysé. Mais ce qui importe avant tout est la singularité déjà perceptible de ce jeu révolutionnaire… même si le critique craint que les parties, dans un esprit Donj’, ne se limitent à une succession de combats. Heureusement, l’évolution de la pratique rôlistique et des mentalités a (dans l’ensemble…) rendu cette crainte infondée. Quoi qu’il en soit, le jeu est globalement bien, voire très bien reçu, et c’est tant mieux : il a joué un tel rôle (aha) dans la popularisation de Lovecraft…
Restent une critique de As It Is Written de Clark Ashton Smith par S.T. Joshi (plutôt positive), de Danse macabre de Stephen King par Sam Gafford (plutôt négative), et enfin du Reader’s Guide to H.P. Lovecraft de S.T. Joshi (c’est-à-dire, pour l’essentiel, Clefs pour Lovecraft) par Donald R. Burleson (très positive, même si Joshi lui-même se sent forcé d’intervenir pour mettre en lumière les défauts de son propre ouvrage…).
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