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"Mimosa", de Vincent Gessler

Publié le par Nébal

Mimosa.jpg

 

GESSLER (Vincent), Mimosa, Nantes, L’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 2012, 342 p.

 

Vincent Gessler est à l’évidence un être exceptionnel – et je ne dis pas ça seulement parce qu’il n’est même pas français. Non, voyez plutôt : après avoir tout raflé avec son premier roman, le post-apocalyptique Cygnis, que, bien évidemment, votre serviteur n’a toujours pas trouvé l’occasion de lire alors que bon, voilà qu’il impose pour la deuxième fois à L’Atalante un roman avec une couverture qui ne pique pas les yeux, ce qui, en ces temps difficiles, relève du tour de force.

 

Mimosa, donc. C’est mimi. Sauf que sous ce titre, et pour son deuxième pavé dans la mare, Vincent Gessler nous prodigue pour le coup un récit cyberpunk (ou post-cyberpunk, si vous y tenez) survitaminé et pyrotechnique, même que ça pète dans tous les coins. Tendez l’oreille :

 

BOUM !

 

TAKATAKATAKATAKATAKATAKATAKATAK !

 

PAN ! PAN !

 

PIOU !

 

« Aaaargh ! »

 

Eh oui.

 

Nous sommes en Amérique du Sud, à Santa Anna, dans un futur proche, mais pas trop quand même. La mode, en ce temps-là, c’est de devenir le sosie d’une personnalité, réelle ou fictive, jusqu’à l’incarner. C’est ainsi que joueront un rôle non négligeable dans ce roman des personnages aussi divers qu’Ed Harris, Crocodile Dundee, Jésus de Nazareth, Gary Coleman, Lambert Wilson, et bien d’autres encore que je vous laisserai découvrir.

 

Mais Tessa ne suit pas cette mode. Elle n’entend être qu’elle-même (non mais oh). À la tête de l’agence Two Guns Company & Associates, elle fait son boulot de détective privée, et remonte une piste qui sent bon le mimosa (moi, je sais pas si ça sent bon, j’ai le nez bouché) et le bon krovi rouge rouge des familles.

 

Sauf que les choses ne sont pas aussi simples. L’enquête se mue en traque, pouis en guerre des gangs, puis en guerre tout court.

 

BOUM !

 

Voilà. Et Tessa de se retrouver au milieu de tout ça, car elle aura l’occasion, entre deux coups de feu, d’en apprendre long sur son passé. Ce qui peut dire bien des choses, en ces temps de clonage et de reconstruction mémorielle.

 

Mimosa, c’est explosif, donc. Allez, encore une fois :

 

BOUM !

 

Mais c’est aussi et avant tout un roman survolté et efficace, pas hyper original mais suffisamment malin pour que ça ne pose pas de problème, et qui se lit d’une traite. Écrit avec une plume plus qu’honnête, doté de personnages bien campés en dépit de leur nécessaire superficialité de façade (et bonjour les pléonasmes), Mimosa convainc sans peine, et c’est avec plaisir que l’on suit les pérégrinations de Tessa et de ses petits camarades.

 

Plaisir : voilà le maître-mot de Mimosa. On sent à maintes reprises que l’auteur s’est fait plaisir en l’écrivant, et qu’il entend bien communiquer ce plaisir au lecteur (ce qui, vous l’avouerez, est gentil de sa part). Seulement c’est là tout à la fois la force et la faiblesse du roman. Disons-le franchement : si l’on joue volontiers le jeu des références et allusions fortement geek et plus ou moins cryptiques, si l’on s’amuse tout d’abord de cette tendance au name dropping et aux private jokes (if je dare m’exprimer ainsi), au bout d’un moment, ça devient quand même un peu lourd. À trop solliciter la connivence du lecteur, Vincent Gessler se retrouve parfois dans l’embarrassante situation d’un énergumène qui multiplie les « wink wink nudge nudge » à grands coups de clins d’œil crispés et de coudes dans les reins. Ce qui est un peu énervant.

 

Mais bon : ça n’enlève rien à l’essentiel, et, oui, globalement, Mimosa est un roman réussi, palpitant et bien foutu. Mais il a ses excès difficilement pardonnables, telles ces annexes en fin d’ouvrage, pour le coup vraiment trop potaches, et on se dispensera allègrement. Alors voilà, petite déception, du coup, même si ça n’a rien de dramatique ; mais j’en attends un peu plus de Cygnis, qu’il va bien falloir que je me décide à lire un jour. Parce que, dans Mimosa, il y a à boire et à manger. En quantité certes. Et, oui, comme c’est Nébal qui vous le dit, vous pouvez en déduire qu’un con fait des rations helvétiques.

 

(Désolé.)

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