"Smells Like Children", de Marilyn Manson
MARILYN MANSON, Smells Like Children.
Tracklist :
01 – The Hands Of Small Children
02 – Diary Of A Dope Fiend
03 – Shitty Chicken Gang Bang
04 – Kiddie Grinder (Remix)
05 – Sympathy For The Parents
06 – Sweet Dreams (Are Made Of This)
07 – Everlasting Cocksucker (Remix)
08 – Fuck Frankie
09 – I Put A Spell On You
10 – May Cause Discoloration Of The Urine Or Feces
11 – Scabs, Guns And Peanut Butter
12 – Dance Of The Dope Hats (Remix)
13 – White Trash (Remixed by Tony F. Wiggins)
14 – Dancing With The One-Legged...
15 – Rock’n’Roll Nigger
16 – [Ghost track : untitled]
Après Portrait Of An American Family, passons donc au deuxième album de Marilyn Manson, Smells Like Children. Enfin, « album », c’est vite dit… Sans doute influencé par l’expérience personnelle de Trent Reznor alternant albums et remix, qui produit toujours (enfin, co-produit avec Manson), il s’agit en fait d’un disque bâtard, mélangeant plusieurs types de pistes : il y a déjà les « pistes bleues » (généralement des « conversations » ou des bruitages indus/ambient, qui ne vont donc pas trop nous intéresser ici) et les « pistes blanches », celles-ci pouvant elles-mêmes être divisées en deux catégories, remix du premier album et reprises ; car, oui, déjà à l’époque, Manson faisait beaucoup de reprises : la différence, c’est qu’elles étaient bonnes, pas comme les abominations qu’il a livrées par paquets de douze depuis…
Quelques mots sur la formation, tant qu’on y est : outre le « révérend » Marilyn Manson, nous trouvons bien, cette fois, Twiggy Ramirez qui tient effectivement la basse, et son rôle va de plus en plus s’affirmer dans le groupe (même si on n’en est pas encore à Antichrist Superstar) ; Daisy Berkowitz est toujours à la guitare et Madonna Wayne Gacy aux claviers, mais Ginger Fish a remplacé Sara Lee Lucas à la batterie.
L’album s’ouvre sur une « piste bleue » (je ne signalerais que celles-ci), « The Hands Of Small Children », simple assemblage de bruitages dû à Manson et Gacy. On ne s’y attardera guère, ce n’est qu’une introduction…
La deuxième piste est autrement plus intéressante, et tient plus de la recréation que du remix : « Diary Of A Dope Fiend » revisite complètement « Dope Hat » avec beaucoup d’inventivité, pour en livrer une version bien plus lente et pour ainsi dire passablement dub, à mon sens bien meilleure que l’originale. Le morceau fait du coup beaucoup moins « rock’n’roll circus », et devient plus oppressant et bruitiste, mais c’est une vraie réussite, et un bel exemple de recréation intelligente.
« Piste bleue » à nouveau avec « Shitty Chicken Gang Bang », petite transition aux claviers. Rigolo…
Puis l’on passe à « Kiddie Grinder (Remix) », qui, comme son nom l’indique, est un remix « d’Organ Grinder » (par Charlie Clouser, compagnon de route de Nine Inch Nails, je suppose – je crois qu’il y a une faute dans le « livret »… si on peut parler de livret quand il n’y a qu’une feuille…). Pas terrible ; là encore, seul le refrain est vraiment à sauver… comme c’était déjà le cas dans l’original ! Certes, le morceau est plus speed et plus bruitiste, mais tout cela n’est guère passionnant quand même…
« Piste bleue » : « Sympathy For The Parents » ; c’est que Manson choquait déjà à l’époque, voyez-vous...
Suit le plus fameux morceau de cet « album » : la chouette reprise de « Sweet Dreams (Are Made Of This) » de Eurythmics (pour mémoire, l’original, c’était ça ; et, coming out… j’aime bien !). Certes, bien qu’éloigné de l’original, c’est parfois à la limite de la pop variétochisante, mais ça n’en est pas moins efficace. Et puis c’est sentimental, aussi, excusez-moi : avec mes potes, on la reprenait (ouep, une reprise de reprise… malin, hein ?), et c’était chouette… Moi, je continue de bien aimer, en tout cas.
Suit « Everlasting Cocksucker (Remix) », soit « Cake And Sodomy » revu et corrigé. Le problème, ici, est que je suis tellement fan du morceau original que toute entreprise de remix me paraît douteuse… Sans surprise, c’est très moyen.
« Piste bleue » : « Fuck Frankie ». Bon, ben, je crois que tout est dit...
Nouvelle reprise ensuite, et véritablement excellente : « I Put A Spell On You » de Screamin’ Jay Hawkins (voir ici pour l’original – immense, cela va de soi) ; une très bonne revisitation, qui sait ne pas trop coller à l’original, se montre glauque et bruitiste, et que Reznor et Lynch reprendront fort justement pour la B.O. de Lost Highway.
« Piste bleue », et looooooooooongue : « May Cause Discoloration Of The Urine Or Feces ». Ben, euh...
« Piste bleue » encore, mais plus rigolote : « Scabs, Guns And Peanut Butter », dû à Twiggy Ramirez, une sorte de country (?) en accéléré, qui fait une petite transition sympathique…
… Avant un nouveau remix de « Dope Hat » (décidément !), « Dance Of The Dope Hats (Remix) », dû à Dave Ogilvie, avec Joe Bishara et Anthony Valcic. Cette fois, on accélère le rythme… et c’est franchement pas terrible, et d’un goût très douteux. On y préfèrera largement « Diary Of A Dope Fiend »…
Suit une nouvelle « piste bleue », mais qui, pour le coup, aurait dû être « blanche » : « White Trash (Remixed By Tony F. Wiggins) », rigolote reprise acoustique et bipée de « Cake And Sodomy ». Amusant.
« Piste bleue », mais bien « bleue », cette fois : « Dancing With The One-Legged… ». Rien à en dire…
Autant sauter direct à la dernière reprise, le « Rock’n’Roll Nigger » de Patty Smith (voir l’original ici) : du punk, du punk, du punk. Ça défoule bien, et on n’en demandait pas davantage. Alors ça va.
Ne reste plus qu’une « ghost track » sans titre en deux temps, sans grand intérêt. Passons.
Au final, Smells Like Children, c’est comme les albums de remix de Nine Inch Nails, mais en pire : à réserver aux fans hardcore, mais alors vraiment hardcore. Ceux qui n’aiment que le Manson contemporain ne s’y retrouveront clairement pas : il faut aimer, et même beaucoup aimer Portrait Of An American Family, pour trouver de l’intérêt à Smells Like Children ; et, même là, on avouera qu’il est franchement dispensable. L’album ne vaut en effet véritablement que pour quatre titres sur seize pistes : les trois reprises, toutes de qualité, et « Diary Of A Dope Fiend » ; c’est « un peu » léger… De là à dire que c’est un album raté, il n’y a qu’un pas. À bon entendeur…
Suite (et fin) des opérations avec le plat de résistance : Antichrist Superstar. Et c’est là qu’on verra bien si le test est concluant ou pas.
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