"Sonic Death. Sonic Youth Live, Early Sonic", de Sonic Youth
SONIC YOUTH, Sonic Death. Sonic Youth Live, Early Sonic
Tracklist :
01 – Sides 1 & 2
Attention, album difficile en vue. Sonic Death est une vraie bizarrerie, qui n’est pas forcément à sa place ici, et qui, à vue de nez, ressemble plus à un pirate qu’à un album officiel. Mais c’en est pourtant bel et bien un… Il s’agit en fait à l’origine d’un enregistrement sur cassette diffusé en 1984, donc entre Kill Yr. Idols et Bad Moon Rising, par Thurston Moore sur son label Ecstatic Peace!, et contenant des enregistrements live de Sonic Youth entre 1981 et 1983, donc dans les toutes premières années du groupe, couvrant la période allant d’avant les enregistrements à Kill Yr. Idols en passant par Sonic Youth et Confusion Is Sex. Pourquoi n’en ai-je donc pas parlé après Confusion Is Sex et avant Bad Moon Rising ? À bien des égards, on aurait pu y voir la solution la plus logique. Seulement voilà : la cassette originale a été rééditée sous la forme d’un CD sur les labels SST et Blast First, et c’est de cette version dont je dispose (elle serait paraît-il épuisée ?) ; or celle-ci est sortie entre Daydream Nation et Goo. C’est pourquoi j’ai préféré respecter la chronologie des versions dont je dispose, et ne traiter de Sonic Death que maintenant, quand bien même cela nous impose de faire un retour en arrière.
Mais quel retour en arrière, et dans quelles conditions ! Le CD ne contient en effet qu’une seule piste de plus d’une heure, sobrement titrée « Sides 1 & 2 », sans aucune autre sorte d’indication. Le son, avouons-le d’emblée, est franchement pourrave, les morceaux à l’intérieur de la piste sont coupés n’importe comment, le groupe n’est même pas accordé, bref : c’est du grand n’importe quoi…
On peut néanmoins tenter de dresser une liste des éléments – fragmentaires – dont est composée cette unique piste (merci Wikipédouille) :
- « The Good And The Bad » (0:00 – 5:05) ;
- « She Is Not Alone (7:16 – 10:31) ;
- « The Good And The Bad » (12:21 – 17:02) ;
- « The World Looks Red » (17:02 – 19:15) ;
- « Confusion Is Next » (20:26 – 23:44) ;
- « Inhuman » (23:44 – 25:16) ;
- « Shaking Hell » (29:29 – 30:20) ;
- « Burning Spear » (30:21 – 33:39) ;
- « Brother James » (40:05 – 40:23) ;
- « Early American » (40:23 – 47:31) ;
- « Burning Spear » (47:32 – 48:43) ;
- « Kill Yr. Idols » (48:44 – 51:35) ;
- « Confusion Is Next » (51:36 – 53:05) ;
- « Kill Yr. Idols » (56:18 – 57:03) ;
- « Shaking Hell » (58:45 – 60:20) ;
- « (She’s In A) Bad Mood » (62:46 – 63:40).
Sur cette base, le groupe se livre à un véritable foutoir difficilement descriptible. Si vous avez trouvé Confusion Is Sex rude, sachez que Sonic Death, c’est pire : la No Wave dans toute sa splendeur, sans concession, impitoyable, fascinante de brutalité et d’austérité.
Mais le mieux est encore de vous en donner quelques extraits. Voyez (enfin, écoutez, plutôt…) par exemple ce bref passage « non identifié », en sachant que là, ils s’appliquent.
Plus parlante, sans doute, cette version de « The Good And The Bad » (la seconde de la liste, pas l’excellente introduction), qui en dit long sur la qualité de l’enregistrement, mais reste néanmoins tout à fait intéressante.
Des fois, on vire dans le délire le plus total, comme en témoigne cette version accélérée de « The World Looks Red ». Rigolo, mais, euh…
Un autre fragment non identifié pour la peine, tiens, histoire de revenir dans le glauque de la plus belle eau. Le son est pourri, et pourtant ça sonne bien. Remarquable.
Un petit coup de « Confusion Is Next », avec l’enregistrement qui fait n’importe quoi au début, pour le principe. C’est néanmoins très bon par la suite, malgré, là encore, un son de chiottes. On notera en particulier le finale dantesque et braillard.
Autre grand moment, « Burning Spear » (avec en introduction un animateur radio français qui me fait bougrement penser à Bernard Lenoir... ?). Le son est toujours aussi naze, mais la musique toujours aussi efficace.
Et on finira ce tour d’horizon sur une dernière piste non identifiée… à moins, vue la durée et la situation sur l’album, qu’il ne faille y voir « Early American » ? M’enfin bon, c’est quand même essentiellement du bruit. Avis aux amateurs.
Le bilan est donc assez clair : pour qui aime ou a fortiori adore Confusion Is Sex (quelqu’un comme moi, par exemple), Sonic Death est tout bonnement indispensable, ne serait-ce qu’à titre documentaire. Mais si vous êtes ne serait-ce qu’un tantinet rebutés par la période No Wave de Sonic Youth, fuyez, pauvres fous, fuyez ce disque insensé, cet objet sonore non identifié, cette galette sonique fatale grave. Parce que vous n’en sortiriez pas vivants… Un disque collector, on va dire, pour fans hardcore uniquement.
Prochain épisode : l'excellentissime Goo. Rien à voir ou peu s'en faut.
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