"SYR 1: Anagrama", de Sonic Youth
SONIC YOUTH, SYR 1: Anagrama
Tracklist :
01 – Anagrama
02 – Improvisation ajoutée
03 – Tremens
04 – Mieux : de corrosion
Avec SYR 1: Anagrama, nous entamons enfin – après Washing Machine – la série des Sonic Youth Records, enregistrements expérimentaux et essentiellement instrumentaux du groupe sortis sur son propre label, avec une identité visuelle bien caractéristique (chaque album étant en outre placé sous le signe d’une langue généralement étrangère, ici le français).
Mais, en fait d’expérimentation, il n’est pas grand chose à craindre de ce premier EP fort bref et somme toute très abordable qu’est Anagrama (la tradition veut en effet qu’on les désigne par le nom de leur première piste, sauf indication contraire). Il s’agit là d’un EP purement instrumental, certes, mais sans rien de véritablement rebutant pour autant. Pas de quoi fouetter un fan en tout cas. D’autant que le groupe, contrairement à ce qui sera le plus souvent le cas par la suite, y œuvre seul, sans l’aide d’un quelconque expérimentateur fou…
On ouvre donc les hostilités avec « Anagrama », instrumental de près de dix minutes qui imprime sa marque à l’ensemble de l’EP. Un morceau d’un Sonic Youth en grande forme, travaillant dans une veine assez psychédélique et lumineuse, pouvant parfois évoquer un Pink Floyd des premières heures, trouvé-je, à la « Interstellar Overdrive » en plus posé, disons.
« Improvisation ajoutée », comme son nom l’indique, est largement une pièce supplémentaire de léger nawak (pas bien méchant) venant se coller à « Anagrama ». Pas grand chose de plus à en dire, ça s’écoute sans déplaisir, mais ça ne dure pas bien longtemps ; disons que cela fait surtout office de transition, non seulement entre « Anagrama » et « Tremens », mais aussi, plus loin, en annonçant la seule pièce véritablement expérimentale de l’album, « Mieux : de corrosion ».
« Tremens » marque considérablement plus les esprits, sur une durée pourtant comparable, et surprend par son côté chaloupé, presque trip-hop. Un bel instrumental, à nouveau, avec un joli travail du son, et une belle ambiance.
Et l’EP s’achève enfin sur le seul titre qui mérite le qualificatif « d’expérimental », « Mieux : de corrosion », qui n’est pas sans évoquer une sorte de croisement barbare et nécessairement sale entre Sonic Youth et Throbbing Gristle, avec même une très légère touche métallique. Le titre est à lui seul tout un programme, faut dire ; et c’est effectivement du côté de la musique industrielle que, pour notre plus grand bonheur, le groupe verse ici. Mais rien d’insurmontable en tout cas.
Non, décidément, ce SYR 1: Anagrama est tout sauf redoutable. C’est un EP sympathique, qui, pour appartenir à la série des Sonic Youth Records, n’a rien ou presque d’expérimental.
Suite des opérations, en ce qui me concerne en tout cas, avec SYR 3: Invito Al Ĉielo. Et là, ça se corse déjà un peu plus…
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