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"Terminus radieux", d'Antoine Volodine

Publié le par Nébal

Terminus-radieux.jpg

 

 

 

VOLODINE (Antoine), Terminus radieux, Paris, Seuil, coll. Fiction & Cie, 2014, 616 p.

 

 

 

Et hop, voilà le dernier Antoine Volodine. Et il gagne le prix Médicis, en plus. Oui, un roman d'Antoine Volodine. Autant dire un roman de science-fiction, au fond, même s'il n'est pas certain que l'auteur revendiquerait cette appartenance, lui qui n'est plus publié en science-fiction depuis fort longtemps.

 

 

 

Peu importe. C'était là un roman à côté duquel je ne comptais pas passer. Et même si je n'ai pas pu assister à la rencontre avec l'auteur à la librairie Charybde, je me suis empressé de me procurer cet ultime opus et d'en faire la lecture. Et il est temps, maintenant, d'en faire le bilan.

 

 

 

 

 

 

Et celui-ci ne sera pas uniquement élogieux. Je trouve en effet des choses à reprocher à ce pavé extrêmement ambitieux. Et je ne sais pas s'il méritait vraiment le Médicis. Une chose me paraît certaine, en tout cas : Terminus radieux est nettement moins bon que Des anges mineurs ou Bardo or not Bardo. Ce qui n'en fait pas un mauvais roman pour autant, hein. Non... Mais il va m'être difficile de le juger à sa juste valeur et de lui décerner la récompense qu'il mérite, et pas une autre...

 

 

 

Nous sommes toujours dans le cadre habituel des romans post-exotiques d'Antoine Volodine. Plus précisément, le cadre se détermine ici en rapport avec une Deuxième Union soviétique. « Terminus radieux » (ouh le joli nom) est un kolkhoze. Àsa tête, un certain Solovieï. Juste en dessous, ses trois filles. En dessous, des larbins divers, plus ou moins hauts placés dans la société. Tout ce petit monde est peu ou prou immortel. Et ces gens-là vivent dans la taïga pendant des siècles, émaillés d'accidents nucléaires.

 

 

 

Un cadre paradisiaque, n'est-il pas ? De quoi passer une éternité réjouissante, en bonne compagnie et dans le sain respect des vertus et principes du socialisme. Ou presque... Car à la vérité, tout ce beau monde ne s'entend pas forcément très bien. Il y a des rivalités entre générations, entre sexes et entre castes. Et ces gens constituent peu ou prou un festin pour les corbeaux...

 

 

 

Il y en a, des choses, dans Terminus radieux. Beaucoup. Trop, en ce qui me concerne... Et je ne saurais véritablement en dresser ici la liste exhaustive. Roman total, Terminus radieux balaye une multitude de thèmes, de l'utopie soviétique à la création littéraire, en passant par l'immortalité et l'atome. L'action se déroule sur plusieurs siècles, qui voient s'assembler et se déchirer des communautés de pionniers aux relations ambiguës. Savoir ce qu'ils veulent, au juste, et ce dont ils rêvent ? Veulent-ils tous la même chose, d'ailleurs, et la veulent-ils continuellement, sur la durée ? C'est à vrai dire peu probable. L'expérience de « Terminus radieux » est bien plus probablement destinée à mettre en évidence les failles et les lacunes de cet Homme rouge éternel, les défaillances de son rêve toujours reconduit. Immortels ou morts-vivants, ils végètent dans une nature hostile. Le kolkhoze en vient à constituer une fin en soi, un horizon indépassable.

 

 

 

On pourrait continuer ainsi longtemps, en agitant telles des marionnettes les divers protagonistes, plus ou moins humains. Mais résumer Terminus radieux serait absurde. Il faut le vivre.

 

 

 

Non, ce n'est pas le meilleur Volodine. Non, il ne méritait peut-être pas le Médicis, à moins de considérer que celui-ci récompense une œuvre globale et non un titre particulier. Mais cela reste une expérience à vivre, qui ne saurait laisser indifférent.

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Z
Quand on voit les médiocres qui obtiennent un prix littéraire (Alexandre Jardin a eu le Fémina en 1988), on se demande pourquoi Volodine devrait en être privé. J'ai découvert ce dernier avec<br /> Terminus radieux, et j'ai été impressionné. Je compte en lire d'autres, et s'ils sont meilleurs, je m'attends à l'éblouissement !
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