"The Chronology Out of Time", de Peter Cannon
CANNON (Peter), The Chronology Out of Time : Dates in the Fiction of H.P. Lovecraft, West Warwick, Necronomicon Press, 1986, 33 p.
Tout est dans le titre, ou presque : dans ce tout petit fascicule édité par Necronomicon Press, Peter Cannon entreprend de lister toutes les dates précises données par Lovecraft dans ses œuvres de fiction (sélection d’ailleurs relativement arbitraire, puisqu’on y trouve, en sus des textes purement lovecraftiens, quelques « révisions », mais pas toutes).
On peut certes douter de la pertinence d’une telle entreprise, notamment en ce que le corpus lovecraftien, et ce malgré les affirmations du principal intéressé et la construction plus ou moins légitime du « Mythe de Cthulhu » par Derleth, n’a probablement pas l’unité de, disons, l’œuvre d’un Tolkien, pour laquelle ce travail coule de source. Mais on avouera que c’est tout de même amusant, et assez tentant (votre serviteur serait bien le dernier à prétendre le contraire, lui qui a tendance à faire des chronologies partout).
Cela dit, il n’y a sans doute que peu d’enseignements à tirer de cette Chronology Out of Time (référence, bien sûr, à « The Shadow Out of Time », c’est-à-dire « Dans l’abîme du temps » de par chez nous).
Notons déjà, cependant, qu’elle se limite à l’ère lovecraftienne « moderne », débutant – de manière passablement arbitraire là aussi – avec Abdul Alhazred, aux alentours de l’an 700 ; tant pis pour les très nombreuses allusions de Lovecraft à un passé antédiluvien, que ce soit dans ses textes les plus « réalistes » ou dans ses fictions dites « dunsaniennes » (voir Les Contrées du Rêve ; mais S.T. Joshi, dans I Am Providence, se montre très critique quant au caractère censément « onirique » de ces récits, et sans doute à bon droit), mais il est vrai que leur nature floue ne facilite pas les choses.
On pourra relever, par contre, l’importance relative de certaines époques : ainsi, on pourra constater sans véritable surprise le goût de Lovecraft pour le XVIIIe siècle et son rejet de l’époque victorienne avec tout ce qu’elle implique ; on s’accordera également à conférer une place significative à la chute de la météorite de « La Couleur tombée du ciel », inaugurant véritablement l’ère « contemporaine » de Lovecraft ; on notera l’importance du printemps et de l’été dans la fiction lovecraftienne (peut-être à mettre en rapport avec ses voyages, se situant généralement à cette période ?) ; enfin, et sans grande surprise là aussi, on qualifiera avec Fritz Leiber l’année 1928 de « grande année » lovecraftienne, tant les événements qui s’y produisent sont nombreux et significatifs – rien d’étonnant à ce qu’elle soit le point de départ par défaut du jeu de rôle L’Appel de Cthulhu, et plus particulièrement le mois de septembre (voir notamment les deux histoires parallèles que sont « L’Abomination de Dunwich » et « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », mais on peut rajouter à cette liste, par exemple, « La Maison de la sorcière », ou encore le point culminant de « L’Affaire Charles Dexter Ward », texte par ailleurs très riche en dates).
Pas grand-chose de plus à dire… On peut donc douter de la pertinence de ce petit ouvrage, mais il est assurément amusant, et pourra se révéler utile aux exégètes les plus maniaques, et peut-être davantage encore aux rôlistes désireux d’ancrer leurs scénarios en plein dans l’univers lovecraftien.
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