"Traum. Philip K. Dick, le martyr onirique", d'Aurélien Lemant
LEMANT (Aurélien), Traum. Philip K. Dick, le martyr onirique, [s.l.], Le Feu Sacré, 2012, 112 p.
Tiens ? Encore un petit bouquin sur Philip K. Dick ! Y a pas, ça doit être la saison...
N'empêche que cet essai, le premier de son auteur, part avec un double handicap pour le moins sévère : déjà, Aurélien Lemant est, dans la Vraie Vie, un théâtreux : aïe. Ensuite et surtout, ce Traum se paye quand même un sous-titre qui pue violemment le paté, et fait craindre le pire. Martyr onirique ? Diantre ! Et pourquoi pas prophète dianétique, hein ? Ça s'est déjà vu... Bon, heureusement, cette dimension n'est pas trop marquée dans ce petit ouvrage, et je me demande même où ils sont allés pêcher cette notion de martyre, les gens du Feu Sacré. Mais passons.
Aurélien Lemant, sous couvert de nous parler de Philip K. Dick et de ses textes, nous parle en fait de plein de trucs, mais surtout du rêve, du doute et de la folie. C'est pas moi qui le dis, c'est la quatrième de couverture (qui parle en plus d'essai poétique ; troisième handicap ?). Dedans, ça fourmille, et on saute régulièrement du coq à l'âne (le pauvre).
Je ne suis pas complètement armé pour vous en faire à mon tour le rapport, dois-je dire ; parce que si je connais bien Dick et son œuvre, il me manque des connaissances sur les autres trucs abordés par l'auteur. Lequel, par exemple, consacre d'assez longs développements à Inception de Nolan, film qui paraît certes très dickien, mais que je n'ai pas vu (et pour cause). Je ne peux donc pas dire grand-chose quant à la pertinence de ces pages, même si elles m'ont paru un rien pédantes ; ce que je peux dire par contre, c'est que pour le reste, Aurélien Lemant fait preuve d'une capacité étonnante à enfoncer les portes ouvertes ; aussi n'ai-je pas retiré des masses d'éléments de la première partie de cet essai, en dehors de quelques considérations un brin fumeuses sur le rêve lucide ou dirigé, jusqu'à ce scoop international : Aurélien Lemant fait pour sa part des rêves ennuyeux. Diantre. J'en suis navré pour lui, mais à vrai dire je m'en tamponne surtout un peu le coquillard. Idée, quand même : nous sommes tous des schizophrènes. Re-diantre.
Suivent pas mal de développements fondés sur Julian Jaynes qui m'ont paru cette fois très fumeux, puis sur des coïncidences dont il est absolument impossible de tirer le moindre enseignement. L'auteur nous parle d'Antonin Artaud, de Salvador Dalí, de Van Gogh, et si tout cela est certes fort édifiant, on n'en retire une fois de plus rien du tout.
Et il en ira de même jusqu'à la fin (orgasmique et marioncotillardesque) de ce petit essai, qui essaye sans doute de nous dire quelque chose, mais n'y parvient pas vraiment. Vous allez dire qu'en fait c'est moi qui suis simplement trop con pour y avoir compris quoi que ce soit. Possible. Mais bon : en attendant, je suis bien obligé de vous livrer mon ressenti.
Et domine l'impression d'un livre inutile, enthousiaste mais approximatif quand il n'est pas tout simplement faux, passionné mais pas passionnant, faussement profond et plus que dispensable. Personnellement, je réserverais mes 10 € pour autre chose que ce truc certes joli, mais qui ne sert à rien.
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Allez, un bon point tout de même : l'auteur tourne pas mal autour des Clans de la lune alphane, roman que l'on dit souvent mineur, mais qui fait partie de mes Dick préférés, et que je trouve, de même qu'Aurélien Lemant, beaucoup plus riche que ce que l'on en dit régulièrement. Ça ne rachète pas tout, mais c'est déjà ça...
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