"Vestiges", de Laurence Suhner
SUHNER (Laurence), Vestiges, Nantes, L’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 2012, 575 p.
Vestiges est le premier roman de Laurence Suhner. Enfin… pas tout à fait. Plus exactement, Vestiges est le premier tome d’une trilogie (mais pourquoi, bordel ?), intitulée « QuanTika » (c’est quoi ce nom ?). La quatrième de couverture nous promet « un planet opera somptueux, une plongée archéologique envoûtante ». Mazette, c’est que ça doit être bien, alors.
Dans quelques siècles. Nous sommes sur Gemma, une planète glacée, et la plus lointaine colonie humaine. Mais ce qui singularise vraiment ladite planète, ce sont les vestiges qu’y ont laissé les « Bâtisseurs », une civilisation extraterrestre disparue (ou bien…?) ; ainsi cet immense artefact en orbite, dont on n’a jamais pu percer les secrets. Mais une équipe de scientifiques triée sur le volet met bientôt à jour, sous une épaisse couche de glace, d’autres vestiges des Bâtisseurs ; ils se lancent en secret dans l’exploration de ces ruines sans pareille, qui pourraient expliquer bien des choses, et notamment les étranges phénomènes physiques constatés par les chercheurs d’une petite base, non loin de là. Mais cela n’ira pas sans susciter des convoitises, notamment de la part de la Milice, gardienne de l’ordre autoproclamée face aux menées de plus en plus ambitieuses des « Enfants de Gemma », un groupe écologiste et nationaliste d’un genre nouveau.
Alors voilà. Un planet opera, donc. Mais avec un Big Dumb Object. Et qui louche plus qu’à son tour sur la hard science. Sans négliger pour autant la dimension humaine et sociale, a priori. Voilà qui est particulièrement alléchant. S’agit maintenant de tenir les promesses…
Et là ça coince un peu. Enfin, en tout cas, ça a coincé pour moi. Pour deux raisons essentiellement (plus ou moins les mêmes que pour Tau Zéro, tiens) : le style, et les personnages.
Disons-le franchement, au moins au début du roman, c’est passablement atroce. Du genre écrit avec les pieds, mais tant qu’à faire les deux dans le même sabot. On ne compte pas les lieux communs et autres formulations malhabiles. De même que l’on peut se montrer sceptique devant les changements incessants de personnages, toute une kyrielle, et qui ont tous le fameux dictionnaire de Flaubert sous le bras pour plomber inévitablement leurs dialogues, au mieux purement utilitaires, au pire d’une naïveté confondante.
Du coup, sur environ 200 ou 300 pages, je me suis plutôt fait chier, personnellement. Et puis – miracle ! – ça s’améliore, et on finit par se prendre au jeu (à mesure que les scientifiques avancent dans leur exploration des vestiges, ce n’est certainement pas un hasard). On peut en déduire que l’exposition, trop longue, est mal gérée. C’est en tout cas mon intime conviction. Et, du coup, je ne saurais véritablement recommander la lecture de ce roman bancal, qui fourmille certes de bonnes idées, mais ne sait pas toujours les exploiter avec l’adresse qui en ferait une vraie réussite. Pas certain de lire la suite… on verra bien. Reste un premier roman bourré de défauts, mais pas totalement raté non plus ; vu la pénurie de SF ambitieuse de par chez nous, on pourra peut-être s’en contenter… ou pas.
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