"With Teeth", de Nine Inch Nails
NINE INCH NAILS, With Teeth.
Tracklist :
01 – All The Love In The World
02 – You Know What You Are?
03 – The Collector
04 – The Hand That Feeds
05 – Love Is Not Enough
06 – Every Day Is Exactly The Same
07 – With Teeth
08 – Only
09 – Getting Smaller
10 – Sunspots
11 – The Line Begins To Blur
12 – Beside You In Time
13 – Right Where It Belongs
14 – Home
À l’origine, chaque parution d’un album de Nine Inch Nails était une bonne nouvelle, et même un événement. Hélas, après The Fragile – je précise que je m’en tiens aux albums stricto sensu –, ce ne fut plus le cas, la faute à ce With Teeth terriblement décevant, facile, formaté, bref, indigne du talent de Trent Reznor. Autant le dire tout de suite, c’est probablement le moins bon des albums de Nine Inch Nails (je dis « probablement », car je n’ai pas encore eu le courage d’écouter The Slip, mais ça va viendre…) ; tout n’y est pas à jeter, il y a même deux ou trois très bonnes pistes, mais le reste est, pas forcément mauvais, mais tristement fade et formaté. Tout cela manque d’audace, d’énergie, d’envie, d’inventivité… bref, de tout ce qui faisait de Nine Inch Nails une entreprise géniale jusqu’alors. On cherche désespérément les petites pointes de génie en touillant au fond de la soupe, et on n’en trouve quasiment pas. Et c’est triste à pleurer.
Pourtant, ça ne commence pas si mal… Si l’introduction, pardon, le couplet de « All The Love In The World » donne l’impression d’avoir déjà été entendu cent fois chez Nine Inch Nails même, le reste du morceau n’est franchement pas dégueu, et la fin est même très correcte, quand une rythmique d’abord limite house et le piano viennent prendre le relais. Pas trop mal, ça va encore.
« You Know What You Are? » fait dans le nerveux, et ce sera assez rare sur cet album finalement très sage et poppy. Mais ça ne prend pas, monsieur Reznor, on a déjà entendu ça, et en mieux. Vous pouvez bien vous égosiller et gagner votre « parental advisory », ça ne change pas grand chose… Le morceau est moyen. Tristement moyen.
Pour « The Collector », on ne dira plus moyen, mais médiocre. Malgré la rythmique, le morceau est insipide au possible, et déjà entendu cent fois. On passe.
À « The Hand That Feeds », qui se montre déjà plus entraînant, mais sent un peu trop le commerce pour être honnête. En définitive, on hésite entre le correct et le moyen là aussi… mais ce morceau aura malgré tout le bon goût de donner lieu à un excellent remix (mais là, chut, je vous en parlerai lors de mon prochain compte rendu NINien…).
Suit « Love Is Not Enough »... et le même constat terrible se prolonge : fade, mou du gland, et déjà entendu en mieux… On est triste pour Trentounet. Parce que là, du coup, j’ai envie de dire que c’est carrément nul.
Avec « Every Day Is Exactly The Same » (dont on aura l’occasion de reparler), on retrouve un single correct, mais pas transcendant. Disons que ça s’écoute, mais sans toucher ni au cœur, ni plus haut, ni plus bas, contrairement au meilleur Nine Inch Nails. Reste un morceau pop relativement correct, allez. Soyons bon prince, sur cet album, on ne peut guère se montrer trop exigeant…
La preuve en est, immédiatement, le mauvais « With Teeth » : rien d’étonnant à ce qu’il ait donné son titre à l’album, diraient les mauvaises langues… La rythmique, une fois de plus, n’est pas inintéressante, mais le morceau est quand même chiant comme la pluie, le passage calme relevant même de l’auto-parodie…
On se réveille un peu avec « Only », morceau sur lequel souffle même un certain vent disco-punk pas désagréable. Mais je cite le refrain : « There is no you, there is only me. » Au passé, ç’aurait semblé plus authentique... On est quand même dans ce que l’album produit de moins pire (il y aura bien du meilleur vers la fin, heureusement…).
Trentounet réessaye de s’énerver mollement sur « Getting Smaller », sans que cela ne trompe personne. Très moyen. Là, pour le coup, le titre est très juste (désolé).
On continue de s’ennuyer ferme sur le mou du genou (oui, varions un peu) « Sunspots », qui, pour reprendre le « Nothing can stop me now » de « Piggy », se montre incroyablement fade. M’enfin, Trent, qu’est-ce qui t’arrive ?
« The Line Begins To Blur » remonte sacrément le niveau, avec sa chouette rythmique industrielle… du moins jusqu’à ce refrain d’un goût douteux. Mais bon, si l’on fait l’impasse là-dessus, le reste est pas mal du tout.
Puis – aaaaaaaaah, enfin ! – arrive avec « Beside You In Time » le premier très bon, voire excellent morceau de With Teeth. Un morceau très planant, avec son kick discret et étonnamment rapide et ses nappes superposées de synthés et de guitares, très bien vu. Bon, il aura fallu attendre douze pistes, mais ça y est, on le tient : enfin un vrai morceau digne de Nine Inch Nails ! Puis, quand ça s’énerve un chouia sur la fin, pour une fois, ça le fait bien. Aaaaaaah ; c’est qu’on n’y croyait plus…
La suite, avec « Right Where It Belongs », est également une réussite, dans la catégorie « Nine Inch Nails calme avec ch’tite mélodie toute conne ». Joli travail du son, au passage ; on regrettera juste ce bref passage « faux live » assez grotesque… Dommage, il y avait là matière à un excellent morceau, mais en l’état, ça reste très bon… a fortiori si l’on compare au reste de l’album.
Et l’album de se conclure sur « Home » (une « bonus track » pour la version européenne de l’album, ai-je cru comprendre : la piste précédente faisait à l’évidence une conclusion idéale…). Anodin et dispensable.
Le bilan est cruel. Sur quatorze pistes, deux seulement sont très bonnes et bien dignes de Nine Inch Nails, trois autres étant correctes et écoutables, le reste oscillant entre le moyen et le médiocre moins, voire, si l’on est mal luné, le carrément nul. Et je note au passage que cet album ne comporte pas le moindre instrumental. Or… mais je me répète, je sais. Et, à propos de se répéter, j’en reviens là où j’avais commencé (et vive le copier-coller) : ce With Teeth est terriblement décevant, facile, formaté, bref, indigne du talent de Trent Reznor. Il est à mon sens probablement le plus mauvais album de Nine Inch Nails (du moins de ceux que j’ai écoutés ; encore une fois, je ne peux pas me prononcer pour The Slip…). À bon entendeur, salut.
Commenter cet article