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Avaler du sable, d'Antônio Xerxenesky

Publié le par Nébal

Avaler du sable, d'Antônio Xerxenesky

XERXENESKY (Antônio), Avaler du sable, traduit du portugais (Brésil) par Mélanie Fusaro, Paris, Asphalte, 2015, 192 p.

 

Ma chronique, rédigée pour Bifrost, se trouve directement sur le blog du Bélial’, dans la rubrique Objectif Runes en plus : ici.

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Warhammer 40,000 : Codex : Tyranides

Publié le par Nébal

Warhammer 40,000 : Codex : Tyranides

Warhammer 40,000 : Codex : Tyranides, Games Workshop, 2012, 105 p.

 

Bon, j’ai donc lu il y a peu  Warhammer 40,000.Et bien que n’ayant encore aucune certitude de me lancer dans ledit « hobby », j’ai voulu fouiner un peu du côté des différentes armées en prenant des Codex. Le premier s’est imposé tout seul, et il s’agit donc du Codex : Tyranides, parce que les Tyranides (nommés ainsi d’après une planète impériale qu’ils ont ravagée – ce qui fut l’occasion de les découvrir…), ce sont un peu mes chouchous. Créatures insectoïdes soumises à l’Esprit de la Ruche… Tout ça fleure bon Alien.

 

Mon premier contact avec les Tyranides, j’en ai déjà parlé (ici), c’était dans le vieux jeu de plateau Space Crusade : certes, il opposait essentiellement des Space Marines et des Orks, mais il y avait aussi, dans ces Space Hulks errants, quelques Genestealers, comme on disait alors (Génovores aujourd’hui), qui erraient dans les conduits d’aération et foutaient un gros bordel. J’aimais bien, forcément (et la découverte de l’avant-garde de ces créatures dans les Space Hulks est rapportée dans la chronologie figurant dans ce Codex, bien avant l’invasion de Tyran). Plus tard, je les ai retrouvés de temps à autre en lisant White Dwarf (et je me souviens encore d’un puissant rapport de bataille les opposant aux Eldars). La singularité de ces troupes, et la beauté éloquente des figurines – rien à voir avec toutes les autres –, me titillait déjà à l’époque… Rien que de très normal, donc, à ce que ce soit la première armée à laquelle je jette aujourd’hui un coup d’œil (d’autant que constituer une armée de base paraît relativement facile en ce qui les concerne, dans la mesure où on en trouve dans une boîte de base, Shield of Baal : Deathstorm – qui les oppose aux Blood Angels –, que l’on peut semble-t-il compléter avec une grosse boîte de nuée).

 

Le Codex débute par le background, tout à fait fascinant. Sont ainsi mises en avant des caractéristiques particulières des Tyranides. La plus fondamentale est probablement que, à l’instar du Capitaine Flam, les Tyranides ne sont pas de notre galaxie… Ce qui les différencie pas mal des autres Xenos rencontrés régulièrement par l’Imperium de l’Humanité… Les Tyranides ont en effet migré, pour des raisons inconnues – est-ce qu’ils y avaient tout ravagé ? est-ce qu’ils ont été chassés par des créatures pires encore ? –, d’une lointaine galaxie, entreprenant un voyage fantastique de plusieurs milliers d’années dans le vide spatial. Ils ont ainsi constitué des flottes-ruches, qui n’ont abordé que depuis très peu de temps, en différentes vagues qui ne sont peut-être que des avant-gardes, les frontières de la galaxie impériale ; personne ne sait combien de Tyranides sont encore en transit, et il y a sans doute de quoi baliser…

 

Les Tyranides, par ailleurs, sont donc dirigés par l’Esprit de la Ruche (si j’ai bien tout compris commun à l’ensemble des flottes-ruches). Ce sont autrement, pour la plupart, des créatures livrées à leurs instincts (préservation, prédation ou nutrition, il y a des règles à ce sujet), ce qui implique, pour pouvoir véritablement les diriger lors d’opérations militaires, d’établir un solide réseau de « créatures synapses », plus conscientes et intelligentes, qui sont autant de relais de l’Esprit de la Ruche. Ce qui ne nie pas forcément toute individualité, même si c’est largement le cas : on trouve ainsi quelques (rares) personnages dans l’armée tyranide, le plus important étant probablement celui que l’on a surnommé le Maître des Essaims, qui ne cesse de mourir et ressusciter, toujours plus riche des stratégies de l’adversaire, et donc à même de faire évoluer ses troupes à une vitesse inconcevable…

 

L’Ombre dans le Warp projetée par les flottes-ruches, en outre, coupe les communications des astropathes, et laisse bien souvent les mondes en proie à l’assaut d’une flotte-ruche isolés jusqu’à ce qu’il soit trop tard…

 

Les Tyranides, à bien des égards, sont peut-être la pire menace pesant sur la galaxie (même si le jeu accorde une place essentielle au Chaos, certes). Et ce en raison de leurs étranges motivations : les Tyranides ne se battent pas au nom d’une idéologie, ou pour accroître leur espace vital, ou en raison de vieilles haines… Toutes ces motivations sont « bonnes » pour les humains et les autres Xenos, mais les Tyranides n’ont pour leur part qu’un seul objectif : se nourrir. Quand ils attaquent un monde, c’est afin de l’assimiler complètement, en en absorbant toute la vie…

 

Et tout ça, c’est cool, trouvé-je.

 

Le livre, après avoir décrit les assauts des différentes flottes-ruches (avec régulièrement des Space Marines héroïques qui survivent de justesse, des alliances temporaires improbables et des sacrifices terribles, dont un Exterminatus de masse décrété par un inquisiteur aux abois…), donne comme de juste les caractéristiques des différentes unités tyranides (après de belles photographies, indispensables, détaillant les couleurs des différentes flottes-ruches). Tout cela m’a donné l’impression de créatures passablement coriaces, et riches de stratégies variées (même si peut-être un peu centrées sur la mêlée ?), et subtilement différentes de celles qui s’appliquent pour les autres races ; d’autant que l’on se retrouve assez facilement dans une opposition entre des troupes « petites » jouant pas mal sur l’effet de masse, et d’autres nettement plus imposantes, et pour le coup assez variées, à même de provoquer des ravages à elles seules. Les Tyranides sont riches en surprises, et les figurines les représentant sont souvent de toute beauté (dégoulinante et chitineuse).

 

Et tout cela donne donc bien envie de s’y mettre, dois-je dire… Mais bon : on verra. En attendant, je vais continuer d’éplucher quelques Codex. Le prochain, comme de juste étant donné l’existence de la boîte Shield of Baal : Deathstorm, sera celui consacré aux Blood Angels.

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Chasse royale, de Jean-Philippe Jaworski

Publié le par Nébal

Chasse royale, de Jean-Philippe Jaworski

JAWORSKI (Jean-Philippe), Chasse royale, Lyon, Les Moutons électriques, coll. La Bibliothèque voltaïque, 2015, 282 p.

 

Je suis bon client, quand même. Mais bon, c’est du Jaworski, aussi ; et j’avais adoré le premier tome de cette nouvelle série, Même pas mort. « Série », oui ; on va éviter dorénavant de dire « trilogie »… Car le livre dont je vais vous entretenir aujourd’hui, Chasse royale, n’est pas le deuxième volet d’une trilogie, comme annoncé à l’origine… mais la première partie de ce deuxième volet. Et je dois dire que ça m’a un peu pété les couilles. Même si je l’ai acheté quand même, lu et aimé. Ça sent la margoulinade de plus de la part d’un éditeur capitalisant sur son auteur bankable ; la sortie en parallèle, dans la collection « Hélios », du Sentiment du fer, recueil de nouvelles du même auteur s’affichant fièrement comme « inédit » alors que les textes le composant avaient été publiés auparavant (mais l’absence de table des matières – ! – rend délicat d’en juger), renforce cette impression. La politique des Moutons me gave un peu, ces derniers temps ; en l’espèce, l’hypocrisie consistant à dire « oui mais euh c’est parce qu’on n’aurait pas pu sortir le livre complet parce que trop gros », de la part de ceux qui avaient sorti Gagner la guerre, du même Jaworski, il y a quelques années de ça (avec des rééditions luxueuses à la clef…), m’a un poil énervé. Mais je suis bon client… J’ai donc acheté ce livre incomplet – et, autant le dire, j’ai effectivement eu une sensation de « trop peu » arrivé à la fin, même si celle-ci se tient en tant que telle. Je ne regrette pas mon achat ni ma lecture… Mais je n’ai plus envie, aujourd’hui, de louer les Moutons comme je le faisais jadis, parce que j’en ai marre qu’on se foute de ma gueule de lecteur-consommateur. Mais bon : je réserve ma vraie colère pour le crowdfunding à venir du premier tiers de la deuxième moitié du deuxième volume, hein…

 

Bon…

 

Nous retrouvons donc Bellovèse, qui poursuit le récit de ses mémoires à un ami grec. Au début du roman (enfin, de cette première partie…), Bellovèse accompagne le meurtrier de son père, son oncle le haut roi de la Celtique Ambigat, à une cérémonie en territoire carnute, témoignant du passage à l’été. La troupe assez conséquente du haut roi – qui comprend notamment le frère de Bellovèse, Ségovèse, et leur mentor Sumarios – est ralentie par une chasse impromptue, un beau cerf improbable surgissant sur leur chemin, animal rusé qui les perd dans une forêt aux lugures découvertes… Ce prologue fait sens, et participe de l’exposition d’une belle brochette de personnages, qui se verra complétée dans la ville d’Autricon.

 

Et c’est là que les véritables problèmes surgiront, en fait une résurgence de haines et rivalités anciennes, de la vieille guerre des Sangliers, issue de conflits dans la désignation du grand druide, guerre au cours de laquelle Ambigat avait vaincu et tué le père de Bellovèse et Ségovèse… Or, s’il est de toute évidence déconseillé de se mêler des affaires des druides, celles-ci se compliquent en l’espèce par tout un réseau d’allégences politiques branlantes, et par des liens familiaux tissés dans cette complexe trame ; tous les « héros » des divers rois que l’on rencontre à Autricon semblent liés les uns aux autres, et souvent par le sang…

 

La position de Bellovèse est particulièrement ambiguë, lui qui se montre fidèle à Ambigat, quand on voudrait voir en lui le meneur, si ça se trouve, de la dissidence, en raison de la fidélité jugée plus importante encore envers son défunt père… Le conflit, cependant, surgira bel et bien, et opposera les amis de la veille dans une furie guerrière absurde, riches en hauts faits « héroïques » qui sont autant de viles trahisons, envisagées sous un autre angle. Bellovèse choisira de rester fidèle au haut roi… ce qui l’éloignera notamment de son frère.

 

Il incarne ainsi une sorte de rébellion plus ou moins consciente, pourtant. Mais pas une rébellion envers le haut roi, ou envers son père, d’ailleurs : une rébellion à l’égard des dieux, des cruels dieux celtiques qui manipulent rois et héros, lesquels ne sont que des pions entre leurs mains… Mais Bellovèse a de la ressource, tout de même. Il aura amplement l’occasion de le démontrer… et de retourner ainsi, si ça se trouve, dans les griffes du destin et des dieux, prompts à s’accaparer ses faits et tirer parti des retournements de situations.

 

Un goût de trop peu, indéniablement… Cette première partie a bien une certaine unité, la « fin » en est acceptable en tant que telle, mais – peut-être à cause des conditions de cette publication, certes – j’en aurais bien repris davantage… L’arrivée très tardive du surnaturel dans ce roman autrement assez « réaliste » a pu jouer en ce sens, également – encore que ce soit assez courant chez l’auteur.

 

Par ailleurs, quitte à lister les « défauts », j’avoue avoir été un brin gêné par les dialogues dans Chasse royale : si leur côté « familier » voire « vulgaire » se défend amplement au vu des personnages braillards et agressifs, il n’en reste pas moins qu’ils font souvent tache par rapport aux descriptions et récits, assez sophistiqués pour leur part et en tout cas délicieux ; ce contraste, sans doute voulu, est parfois un peu trop brutal à mon goût…

 

Mais si ces remarques m’ont paru nécessaires, il n’en reste pas moins que mon sentiment au sortir de Chasse royale est tout à fait positif. Je n’ai probablement pas été aussi bluffé par ce deuxième volet que par l’excellent Même pas mort, mais c’est avec un grand plaisir que je me suis replongé dans les complexes troubles politiques de cette Celtique fantasmée. Le roman, en outre, a un côté très visuel, et les scènes d’action – assez nombreuses, d’ailleurs – sont étrangement mais efficacement rythmées, suscitant de forts tableaux sans jamais lasser. Le fond, intelligent et sensible, bénéficie de cette forme astucieuse, pour conférer à Chasse royale un parfum d’authenticité remarquable, une certaine puissance évocatrice plutôt rare dans nos littératures de l’imaginaire. C’est le talent de Jaworski, talent autorisant le lecteur-consommateur à céder aux aléas de la publication même les moins justifiables pour avoir sa dose de vraie pertinence dans le genre…

 

Bon, ben, à suivre, donc…

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La Galaxie en flammes, de Ben Counter

Publié le par Nébal

La Galaxie en flammes, de Ben Counter

COUNTER (Ben), La Galaxie en flammes, [Galaxy in Flames], traduit de l’anglais par Julien Drouet, Nottingham, Black Library, coll. The Horus Heresy, [2006-2007] 2014, 414 p.

 

La Galaxie en flammes est le troisième tome de la série « L’Hérésie d’Horus », posant les bases de l’univers flamboyant de Warhammer 40,000. Il est dû à un troisième auteur, Ben Counter prenant le relais de Dan Abnett et Graham McNeill, pour apporter – du moins j’en ai l’impression – un semblant de conclusion à une première étape du cycle. En effet, l’hérésie se manifeste ici bien plus qu’auparavant – dans le premier tome, c’était tout juste si l’on pouvait déceler chez le Maître de Guerre Horus une pointe d’arrogance dans les dernières pages, et, dans le second, si le personnage devenait beaucoup plus détestable, cela n’avait cependant pas encore grand-chose à voir avec les atrocités que ce salaud commet ici, d’autant que la soumission aux Puissances de la Ruine commence à y être timidement évoquée, qui transforme la rébellion déjà honteuse en hérésie à proprement parler…

 

C’est d’ailleurs à la fois l’atout et la limite de ce troisième volume : les manigances d’Horus y prennent des proportions apocalyptiques, génératrices de tableaux épiques qui font leur petit effet (takata-boum !), mais, dans un sens, cela va tellement loin que l’on a un peu de mal à y croire, outre que les camps des « gentils » et des « méchants » y sont plus limpides qu’auparavant…

 

Tout repose en effet sur le regroupement de quatre légions – du jamais vu – pour se lancer à l’assaut du monde séditieux d’Isstvan III. Mais c’est qu’Horus a une idée derrière la tête, bien au-delà de la simple reconquête d’un monde qui a basculé dans la sédition anti-impériale (pas la sienne, certes…). En effet, cet assaut cataclysmique sera surtout pour lui l’occasion d’une massive et effroyable « Nuit des Longs Couteaux » ; l’assaut permettra de faire le tri entre les Space Marines rénégats qui marchent dans les pas du Maître de Guerre, et les loyalistes qui gardent leur fidélité à l’Empereur sur Terra…

 

Parmi ces derniers, on retrouve bien sûr Loken, personnage central des deux premiers volumes, mais aussi son camarade Torgaddon ; ce sont les deux membres du Mournival qui s’étaient (un peu trop tard…) opposés à la guérison mystique d’Horus dans un temple de Davin ; face à eux, Abaddon et Aximand ont pris le parti du Maître de Guerre, et l’affrontement fraternel deviendra ici inéluctable.

 

Un autre membre de l’Astartes est à mentionner, et c’est Saul Tarvitz, des Emperor’s Children, qui accomplit ici des exploits d’un héroïsme aussi bluffant qu’improbable ; c’est à vrai dire probablement la figure la plus admirable dans toute cette histoire vibrant de fureur et de haine, riche en explosions et massacres…

 

Restent enfin les commémorateurs et autres civils – ceux qui ont survécu à la purge du deuxième volume… – rassemblés autour de la « Sainte » Euphrati Keeler, dont la gloire se répand dans la flotte depuis qu’elle a manifesté des pouvoirs mystiques semble-t-il en provenance directe de l’Empereur lui-même, dont le culte se diffuse progressivement – plus que jamais interdit, cependant, Horus y voyant désormais une opposition directe à son autorité. Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’une nouvelle purge soit engagée, parallèlement à celle, dantesque, que subissent les légionnaires de l’Astartes dans les combats traîtres d’Isstvan III…

 

La Galaxie en flammes résonne ainsi des accusations de traîtrise et de rébellion, dans tous les sens, chaque camp accusant l’autre, dans les termes les plus vifs, de sédition. Un brin de machiavélisme en prime dans les rangs des partisans d’Horus « justifie » les pires atrocités… et l’on se retrouve dès lors pris dans une intrigue bien plus manichéenne qu’auparavant. Loken, Tarvitz, Euphrati Keeler, etc., sont des héros unilatéraux ; en face, on ne trouve plus que de l’ordure, des brutes assoiffées de sang, d’Angron à Abaddon, des adeptes fanatiques du Chaos tel Erebus, ou encore de lamentables soldats frustrés dans leurs ambitions, qui entendent bien profiter du changement de donne pour gagner les galons qu’ils sont persuadés de mériter, à l’instar du pathétique Lucius, jadis proche camarade de Tarvitz, mais dont il figure désormais l’envers le plus sordide.

 

Plus takata-boum que jamais, ce troisième volume riche en explosions et bastons titanesques remplit son objectif de divertissement passablement brutal, en se montrant du coup moins « subtil » (oui, le terme est un peu fort…) que les deux précédents. Cela reste cependant une honnête bourrinade, qu’on lit sans déplaisir, voire avec une sorte de fascination perverse devant les avanies infligées par le Maître de Guerre aux « gentils » de l’histoire…

 

Suite des opérations : La Fuite de l’Eisenstein, de James Swallow.

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Accelerando, de Charles Stross

Publié le par Nébal

Accelerando, de Charles Stross

STROSS (Charles), Accelerando, [Accelerando], traduit de l’anglais par Jean Bonnefoy, [?], Piranha, coll. Incertains Futurs, [2005] 2015, 560 p.

 

Ma chronique se trouvera dans le prochain Bifrost

 

Mais, en attendant, vous pouvez déjà entendre Gérard Abdaloff en causer ici.

 

EDIT : La critique de Bifrost est en ligne, ici.

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Le Royaume de Lankhmar, de Fritz Leiber

Publié le par Nébal

Le Royaume de Lankhmar, de Fritz Leiber

LEIBER (Fritz), Le Royaume de Lankhmar, [The Swords of Lankhmar], traduit de l’américain par Jacques de Tersac, Paris, Temps Futurs – Pocket, coll. Science-fiction, [1968, 1982] 1987, 316 p.

 

Cinquième volume du « cycle des Épées », Le Royaume de Lankhmar est (relativement) le plus long, et c’en est par ailleurs, sauf erreur, le seul roman. Et peut-être est-ce tant mieux, car, autant le dire de suite, je n’ai pas été très convaincu, cette fois ; j’ai même un peu peiné à la lecture de cette aventure trop longue et plutôt ennuyeuse…

 

Pourtant, ça commençait plutôt bien. Au tout début, nous retrouvons (évidemment) Fafhrd et le Souricier Gris, mais ils sont cette fois bien vite aux ordres de Glipkerio Kistomerces, le dirigeant de Lankhmar (notons au passage que, s’il y a décidément beaucoup de Lankhmar dans Ankh-Morpork, Glipkerio Kistomerces, un peu couillon, est par contre aux antipodes du Patricien Vétérini, autrement charismatique). Et, comme souvent finalement, ils ne tardent pas à prendre une fois de plus la mer : ils ont en effet été chargés d’escorter une volumineuse cargaison de grain, occupant plusieurs bons navires, à destination du seigneur Movarl-des-Huit-Cités : les cargaisons précédentes ont en effet disparu corps et biens pour une raison inconnue…

 

Bien des suppositions sont faites quant aux raisons de ces disparitions – et l’on peut un temps suspecter l’activité de dragons, il y en a même un qui a été dressé par… un Allemand (ils sont partout). Mais la vraie raison est ailleurs, ce que l’on devine très tôt dans la mesure où, parmi les passagers de la petite flotte lankhmarienne, se trouve la belle Hisvet, accompagnée de sa servante Frix, et, surtout, de douze rats blancs étonnament intelligents, capables de bien des prouesses. Ce qui rappelle bien sûr la légende sur les treize rats à même de commander à tous les rats – légende qui se décline pour tous les animaux, treize chats, treize chiens, treize chevaux, etc. Des rats sur un bateau chargé de grain, de toute façon ? Oui, on se doute qu’Hisvet – fille d’Hisvin, le plus grand marchand de grain de Lankhmar… – a quelque rôle à jouer dans cette histoire.

 

Et, à terme, nos héros devront faire face à une tétanisante invasion de rats, bien destinés à prendre le pouvoir à Lankhmar, et bientôt dans le monde entier… Même si, d’ici là, Fafhrd et le Souricier Gris se seront une fois de plus séparé, seul le second – qui n’a jamais aussi bien porté son nom – se trouvant tout d’abord dans la métropole, en attendant le retour providentiel de son comparse barbare. Et, dans l’ombre, les deux doivent faire appel (ou bien est-ce l’inverse ?) à la magie de Sheelba et Ningauble…

 

On l’aura compris à la lecture de ce bref résumé : Le Royaume de Lankhmar, en dépit des nombreux drames causés par les rats aussi voraces qu’ambitieux, s’inscrit clairement dans le registre le plus léger, et même humoristique, du cycle. Au début, tout cela marche plutôt bien… mais l’histoire, hélas, se traîne en longueur, et j’ai fini par renâcler à la lecture de ce roman, comme jamais auparavant dans les nouvelles (parfois fort longues, pourtant) composant les quatre premiers volumes du « cycle des Épées ». À force de répétitions, en effet, le récit lasse ; et ce d’autant plus qu’il est assez largement prévisible. Si l’on s’amuse bien, au tout début, devant les avanies du Souricier Gris confronté à la bêtise politique de Glipkerio Kistomerces et à la fourberie menaçante des rats de Lankhmar, ça ne dure pas éternellement, et l’on en vient à tourner les pages dans une accumulation de soupirs…

 

Une dimension du roman m’a plus particulièrement ennuyé, et c’est la libido exacerbée de nos deux héros. Certes, cela n’a rien de neuf : Fafhrd et le Souricier Gris ont régulièrement été présentés comme des coureurs de jupons ; dans l’avant-propos du premier volume, Fritz Leiber lui-même expliquait l’importance relative du sexe dans son cycle riche de fantasmes, ce qui me paraissait probablement exagéré jusqu’à présent. Mais, ici, les minauderies d’Hisvet et de Frix m’ont vite ennuyé, la drague façon « gros lourds » de Fafhrd et du Souricier Gris plus encore ; et quand ce dernier s’en est allé chercher l’amour chez les rattes (inévitablement ?) et le premier chez les vampires transparents avec l’étonnante Kreeshkra, c’est la lassitude qui l’a emporté chez moi…

 

Il y a bien des bonnes choses malgré tout dans ce roman : la Plaie Ratière de Lankhmar offre quelques beaux tableaux cauchemardesques, et l’humour de l’ensemble, parfois, fait mouche. Mais pas assez souvent, sans doute… Et, au final, Le Royaume de Lankhmar m’a fait l’effet d’un roman médiocre, étirant plus que de raison une histoire assez quelconque, qui aurait peut-être pu, en concentré, livrer une nouvelle ou novella correcte, mais qui ne tient pas la route dans ce format sans doute guère approprié au cycle. Bon, tant pis…

 

Prochaine étape : La Magie des glaces.

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Warhammer 40,000

Publié le par Nébal

Warhammer 40,000

Warhammer 40,000, Games Workshop, 2014, 3 vol., [n.p.] + 127 p. + 208 p.

 

J’imagine que c’était fatal : quand je me suis lancé dans la série « L’Hérésie d’Horus » (voyez mon compte rendu sur L’Ascension d’Horus, où je causais de mon rapport aux jeux de Games Workshop), j’ai immédiatement ou presque été pris de l’envie de rejeter un œil au jeu Warhammer 40,000 – sans me faire trop d’illusions sur la possibilité d’y jouer effectivement (même si, peut-être, dans un centre Games Workshop… Bon, on verra).

 

À vrai dire, cela faisait de toute façon longtemps que j’avais envie de me relancer dans un wargame à figurines, ou du moins un jeu tactique. J’avais essayé vaguement X-Wing, mais sans être très convaincu (d’autant qu’il est abominablement cher, encore plus que Warhammer 40,000, et sans en avoir la beauté…). J’avais fureté ici ou là en quête d’autres jeux… Mais j’ai finalement jeté mon dévolu sur ce gros machin très populaire, dont j’ai toujours apprécié l’univers.

 

Même si celui-ci a pas mal changé depuis mes vieux souvenirs, j’en ai l’impression tout du moins : le Chaos est ici central, dans son opposition aux innombrables forces de l’Imperium de l’Humanité ; les extra-terrestres à proprement parler, les Xenos, à commencer par les Orks et les Eldars, mais aussi mes chouchous les Tyranides extra-galactiques, prennent beaucoup moins de place dans le background (je note par contre deux factions xenos dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, les Nécrons et l’Empire Tau). Bon, pas bien grave, il y a de toute façon amplement de quoi faire… Et si je dois commencer à monter une armée (on verra, donc), il y a bien des chances pour que ce soit des Tyranides (j’ai vu qu’une boite de base les opposait aux Blood Angels…).

 

Cet ensemble de base sous forme de coffret comprend trois très beaux livres à couverture rigide. Le premier, Une galaxie en guerre, vise à présenter au mieux, et en long et en large, le « hobby » Warhammer 40,000, puisque telle est l’expression consacrée. On insiste en effet ici sur les trois dimensions de ce hobby : le jeu, certes, mais aussi la collection et la peinture (chose pour laquelle je n’ai jamais été doué, c’est rien de le dire… mais bon : là encore, on verra…). À bien des égards, il s’agit d’un outil promotionnel, mais remarquablement bien fait, et qui présente les différentes factions – avec des historiques – à grand renfort de somptueuses photographies de corps d’armée minutieusement peints. Ça en jette vraiment, et donne d’autant plus envie de se lancer dans la chose – même si, là encore, la peinture maison risque d’être moins convaincante…

 

Le deuxième livre, Dark Millenium – cette fois illustré par des dessins, non des photos –, présente le background du jeu, et est comme de juste tout à fait fascinant. Et fascisant, oui : à vrai dire, l’Empire humain de 10 000 ans est encore pire que ce que l’on pouvait croire, et on peut légitimement avoir du mal à considérer ses forces comme étant les « gentils » dans cet univers – même si le Chaos est probablement pire, et les Xenos pas vraiment meilleurs… Un vrai régal, en tout cas, qui introduit bien tout en donnant l’envie d’en savoir encore davantage – et donc de se précipiter sur les Codex

 

Le troisième livre, enfin – c’est le plus gros –, contient Les Règles du jeu, et est là encore abondamment et joliment illustré (photographies essentiellement). Il contient tout le nécessaire pour se lancer dans une partie, encore que de façon abstraite puisqu’il n’y a pas les caractéristiques des différentes figurines (se reporter pour cela aux différents Codex). Les règles de base sont – relativement à la complexité globale du jeu – assez simples et claires, même si certains points méritent sans doute qu’on s’y attarde. On note également un gros chapitre consacré aux différents types d’unités, et s’attardant notamment sur les différentes sortes de véhicules. La fin de l’ouvrage s’intéresse quant à elle aux nombreuses règles spéciales, qui font de chaque unité ou presque quelque chose de résolument unique. Il faut sans doute, avant de se lancer dans une partie, synthétiser tout cela et élaborer des fiches récapitulatives pour ses différentes unités, bien sûr ; mais l’essentiel est bien que l’on a envie de s’y mettre très vite, et de lancer ses figurines à la conquête de la galaxie…

 

Ce coffret warhammer 40,000 remplit donc parfaitement son objectif. Très beau, il fait sacrément envie, en sachant mettre en lumière tout ce qui fait la spécificité enthousiasmante de ce « hobby ». Je ne sais pas encore si je vais m’y mettre véritablement, mais je vais en tout cas en lire davantage. Prochaine étape, du coup : le Codex : Tyranides

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Onze Rêves de suie, de Manuela Draeger

Publié le par Nébal

Onze Rêves de suie, de Manuela Draeger

DRAEGER (Manuela), Onze Rêves de suie, [s.l.], Éditions de l’Olivier, 2010, 196 p.

 

Figure atypique du post-exotisme (pour ne pas dire énième avatar d’Antoine Volodine…), Manuela Draeger a longtemps livré des œuvres pour la jeunesse à l’École des Loisirs (et j’avoue être un peu curieux de ce que ça peut donner…). Onze Rêves de suie, cependant, est un roman « adulte », paru aux Éditions de l’Olivier. Et si ses « héros » sont pour l’essentiel des enfants, il n’a effectivement pas grand-chose à voir avec le cœur de cible habituel du pseudonyme – et de même pour ce qui est des contes le parsémant, d’ailleurs. À vrai dire, l’alias mis à part, on est bien ici en plein dans l’univers de Volodine, et ceux qui – comme moi – n’ont peu ou prou tâté du post-exotisme que via cette figure tutélaire (ma seule exception jusqu’ici était les Slogans de Maria Soudaïeva), ne seront pas dépaysés.

 

Nous sommes donc quelque part dans une Europe de l’Est fantasmée, naturellement post-soviétique – après la Première Union soviétique, mais aussi après la Deuxième, alors bon. Dans la grisaille des ghettos bétonnés, les pogroms à l’encontre des Ybürs sont encore assez fréquents. Nos héros sont des enfants, donc ; ou des adolescents, à la limite. Ils vivent dans un orphelinat, tassés les uns sur les autres, au milieu d’un bloc urbain borgne. Parmi leurs occupations fétiches – en-dehors de l’école imposée et pas toujours au mieux –, il y a les contes que leur narre la Mémé Holgolde, qui entend bien faire leur éducation prolétarienne au travers des histoires désabusées de l’éléphante Marta Ashkarot – qui erre inlassablement dans un monde quasi vidé de ses habitants hominidés. Et puis il y a la Bolcho Pride, interdite comme de juste – les autorités persécutent la doxa marxiste jusque dans ses épanchements les plus festifs, sachant bien qu’ils n’ont rien d’innocents –, mais à laquelle participent tous les enfants, chaque année, avec leurs costumes amoureusement préparés, à la mesure de leurs slogans.

 

Cette année, pourtant, la Bolcho Pride se passe mal ; à vrai dire, elle est même catastrophique… Les enfants ont en effet eu l’idée saugrenue de pénétrer dans un bâtiment interdit, bientôt dévoré par les flammes. Et ils n’en sortiront pas vivants. Cette incendie fatal a en même temps quelque chose d’une apothéose, ou d’une apocalypse peut-être (au sens originel de révélation) : les enfants, les victimes, en viennent à s’unir dans une entité collective, où les souvenirs de chacun sont revécus par tous, dans un état de conscience altéré. Et autant le dire de suite : à mon sens, le premier chapitre, à moins qu’il ne s’agisse de la première nouvelle, d’Onze Rêves de suie, fait partie des plus belles pages du post-exotisme (ou du moins de celles dont j’ai pu me régaler…).

 

Par la suite, on alterne ainsi ces souvenirs des enfants – souvent tragiques, et empruntant la voix d’Imayo Özbeg (primus inter pares ?) – et les contes de la Mémé Holgolde sur l’éléphante Marta Ashkarot. Ces contes sont pour le moins déstabilisants, de par leur côté contemplatif autant que désabusé notamment (ils ne ressemblent en rien à ce que l’on a pour habitude de qualifier de « contes »), teinté d’une sorte d’humour noir, à froid, évoquant là encore des paysages d’apocalypse (mais au sens plus moderne, cette fois, de fin d’un monde).

 

J’avoue cependant que ce sont bien les chapitres consacrés aux enfants et à leurs souvenirs qui m’ont le plus séduit dans Onze Rêves de suie, tant ils abondent en images fortes et personnages marquants en dépit de leur anonymat ou de leur banalité apparente. Ainsi, après avoir été exclus de l’école, de l’odyssée d’Imayo Özbeg et Rita Mirvrakis dans la longue rue interdite des Vincents-Sanchaise, en quête d’une tante inconnue et peut-être morte (si tant est qu’elle ait jamais existé), alors que la guerre frappe de nouveau sans prévenir, sous la forme de bombardements aléatoires.

 

Dans ces pages précieuses, la langue si poétique à sa manière d’Antoine Vo… pardon, de Manuela Draeger élabore de puissants tableaux riches en émotions et d’une plume sonore lorgnant vers la perfection, au-delà des contraintes formelles que l’on devine ici ou là – par exemple, des répétitions rythmant la narration d’une musicalité implacable.

 

Et c’est ainsi que l’on tourne les pages d’Onze Rêves de suie avec une délectation empreinte de fascination morbide, où l’espoir d’un monde plus juste, cet espoir porté par les enfants sur le point de disparaître dans les flammes, subsiste contre vents et marées, contre les diktats des puissants et la bêtise des miliciens ; espoir infime, presque systématiquement contredit par un sens de l’histoire qui n’a décidément pas grand-chose de marxiste et ne semble offrir pour consolation que le silence des tombes à venir, espoir qui reste là cependant. Contre le fil de la plume, ménageant le chaud et le froid. N’en déplaise à Marta Ashkarot ?

 

« — Bah, dit l’éléphante. C’est qu’une légende. Il n’y a plus personne dans la région depuis belle lurette. Plus de révolutionnaires, plus de résistantes héroïques, plus rien.

 

« — Sois pas défaitiste, dit Irina Wu. Autrefois, les défaitistes, on les collait au mur.

 

« — Il y a même plus de murs, fit remarquer l’éléphante.

 

« — Si c’est que ça, on les reconstruira, promit Irina Wu. »

 

Un livre aussi étonnant que beau, donc. Profondément touchant dans son authentique poésie, générateur d’images fortes, tantôt déprimant, tantôt enthousiasmant, toujours juste. Manuela Draeger confirme ainsi son importance dans le courant du post-exotisme. Va falloir que je creuse tout ça…

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Tables rondes de la Necronomi'Con lyonnaise (4 et 5 juillet 2015)

Publié le par Nébal

Tables rondes de la Necronomi'Con lyonnaise (4 et 5 juillet 2015)

Les 4 et 5 juillet derniers, c’était la Necronomi’Con, à Lyon, première convention autour de Lovecraft en France, et c’était bien sympathique, ma foi.

 

ActuSF a mis en ligne les enregistrements des tables rondes qui y ont eu lieu, vous trouverez ça ici.

 

(Pour ma part, je suis intervenu dans les deux dernières, sur le jeu de rôle et le cinéma.)

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L'Île des morts, de Mosdi & Sorel

Publié le par Nébal

L'Île des morts, de Mosdi & Sorel

MOSDI & SOREL, L’Île des morts, Grenoble, Vents d’Ouest, coll. Les Intégrales, 2009, 240 p.

 

Oui, c’était bien là une bande dessinée que je comptais lire depuis pas mal de temps. Parce que j’aime bien le graphisme de Sorel (surtout perçu à travers les couvertures qu’il avait réalisés pendant un temps pour le collection « Lunes d’encre » de Denoël), et parce que j’avais entendu dire que son contenu était passablement lovecraftien, ce qui s’est vérifié à la lecture du Guide des comics lovecraftiens de Patrice Allart, quand bien même il ne mentionnait cette œuvre qu’en passant. Aussi, quand je suis tombé sur cette intégrale à bas coût lors de la Necronomi’Con, tiens tiens, je me suis dit qu’il était bien temps de m’y mettre.

 

Tout part de la fascinante série de tableaux intitulés L’Île des morts et peints par Arnold Böcklin entre 1880 et 1886 – une bonne idée eu égard à la thématique. On s’excite beaucoup autour de ces tableaux, la rêverie morbide originale étant bientôt entachée de suspicions plus noires et dangereuses – pour ne pas dire indicibles, of course –, ainsi qu’un jeune peintre français vient à le découvrir assez rapidement, lui qui se retrouve plongé dans une sombre et complexe cabale.

 

Et…

 

Le problème, c’est que je ne peux pas vous raconter la suite, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Car je n’y ai rien panné, mais alors rien du tout.

 

Enfin, pas tout à fait… Je peux bien témoigner, au minimum, du contenu lovecraftien de la chose, indéniable et affiché – ne serait-ce qu’au travers d’une session d’invocation de Grands Anciens, mentionnant Cthulhu et R’lyeh, mais sans doute plus encore, au-delà de ce passage très voyant, par ces sortes de goules au Père Lachaise et, essentielle, la tentative d’un vieux sorcier pour revenir du monde des morts via ses descendants, à la Joseph Curwen dans L’Affaire Charles Dexter Ward ; et puis, bien sûr, il y a cette ambiance globale, à base de cultistes déments et de livres interdits… Sous cet angle, donc, le contrat est rempli…

 

Mais ça ne change rien à l’essentiel, qui est que je n’y ai rien panné ou presque. Et, du coup, que je me suis horriblement ennuyé à la lecture de cette bande dessinée qui avait tout pour me plaire, mais s’est avérée terriblement décevante.

 

Le graphisme de Sorel est beau, indéniablement, et d’une singularité digne de bien des éloges. L’Île des morts séduit l’œil, et c’est déjà pas mal. Il n’en reste pas moins que la construction, la mise en page, rendent l’action un peu (et même plus qu’un peu) fouillie. Certes, en faisant quelques petits efforts et en ménageant son attention, cela ne devrait pas être insurmontable…

 

Le scénario de Mosdi, cependant, n’arrange rien à l’affaire. Car lui aussi m’a paru extrêmement confus. On passe sans cesse du coq à l’âne, comme si l’on était contraint d’obéir à la logique alambiquée des rêves. Ce qui serait certes tout à fait à propos… mais foire ici, à mon sens en tout cas, en témoignant plus d’une certaine maladresse que de tout autre chose. On se perd dans les protagonistes, et on doit perpétuellement s’y reprendre à deux fois pour comprendre qui dit quoi et fait quoi, sans garantie d’y parvenir. Mais peut-être ne puis-je parler ici qu’en mon nom propre, certes : Nébal est un con…

 

Il y a cependant une chose qui me paraît aller bien au-delà de ma petite personne et de mes défaillances !! Et c’est le texte ! Car… oui ! le texte use et abuse de points d’exclamation ! Ils sont presque systématiques ! Et c’est pénible… très pénible !! Et ça n’arrange rien ! La bande dessinée en est d’autant plus illisible !!

 

Et, accessoirement, tout cela m’a paru assez arrogant et prétentieux, sans en avoir les moyens…

 

Reste quoi, du coup ? Un artbook de Guillaume Sorel, dans un sens. Car, oui, c’est joli. Que le graphisme soit un peu confus, si on aborde L’Île des morts pour le seul plaisir des yeux, ça ne pose finalement plus de problème… Mais en tant que bande dessinée, ça n’a pas marché à mes yeux, la dimension narrative étant ratée. Je me suis ennuyé tout du long (enfin, quand je ne pestais pas sur les points d’exclamation !), et ce fut une bien triste déception…

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