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"La Lumière d'Orion", de Valerio Evangelisti

Publié le par Nébal

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EVANGELISTI (Valerio), La Lumière d'Orion, traduit de l'italien par Jacques Barbéri, [s,l,], La Volte, [2007] 2014, 329 p.

 

 

 

Et hop ! Un nouveau Nicolas Eymerich. Le huitième, dans l'ordre. Je ne pouvais bien évidemment pas passer à côté, vous savez combien j'apprécie la série des aventures de ce salopard d'inquisiteur. Cependant, je ne suis pas à l'heure actuelle dans les meilleures conditions pour lire et a fortiori chroniquer ces romans... Et, je ne vous le cacherai pas, si je garde de La Lumière d'Orion le souvenir d'un bon divertissement, à la hauteur des critères de la saga, je défaille quand vient le moment de passer aux détails...

 

 

 

Qu'en dire ? Tout d'abord, que nous trouvons dans ce roman les principes habituels de la série : l'histoire, unique, se déroule donc sur trois époques, qui viennent éclairer chacune sous un angle différent la trame à laquelle se retrouve confronté l'inquisiteur Nicolas Eymerich. Je ne peux hélas m'avancer beaucoup plus en la matière, ayant largement oublié les implications fondamentales de ces trois branches de l'histoire...

 

 

 

Le gros de l'intrigue, cependant, se déroule en 1366, et pour l'essentiel à Constantinople. Un cadre de choix pour une enquête d'Eymerich, qui lui permet de se confronter à une chrétienté autre, en proie aux assauts de l'Islam. Mais c'est surtout une hérésie chrétienne qui va justifier l'intervention de l'inquisiteur, hérésie illustrée par une fresque inspirée par le poète Pétrarque...

 

 

 

Le reste de l'intrigue se déroule en deux temps : « Par-delà les siècles », en Irak, des soldats qui n'ont plus rien d'humain s'affrontent autour des colonnes de Ninive. Au XXIe siècle, de son côté, dans l'Union des États Américains, le professeur Frullifer envisage de faire sauter Bételgeuse pour générer l'arme suprême...

 

 

 

Bref : l'inquisiteur Nicolas Eymerich a du pain sur la planche, ça, pas de doute. Problème : je ne me souviens plus comment il s'y prend au juste... La seule chose que je peux dire de La Lumière d'Orion, c'est qu'il s'agit d'un bon divertissement : à ce compte-là, c'est donc un digne épisode de la série Nicolas Eymerich. Certes, il ne se montre pas stupéfiant d'originalité, mais bon, c'est le jeu : les amateurs de la série seront en terrain connu. On appréciera toujours autant l'astuce dont fait preuve l'auteur (un peu moins ses jugements à l'emporte-pièce : Nicolas Eymerich est un beau salaud, oui, mais je tends à penser que le personnage aurait été plus intéressant s'il avait eu la complexité de son modèle historique).

 

 

 

Autrement, La Lumière d'Orion, pour autant que je m'en souvienne, vaut surtout pour le joli cadre byzantin ; occasion de choix de plonger l'inquisiteur Nicolas Eymerich dans un univers déconcertant, d'autant plus qu'il se montre en fin de compte proche, mais seulement par certains aspects, de l'Europe occidentale qu'arpente plus classiquement le père Nicolas.

 

 

 

Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, je ne dispose pas d'assez de matière pour livrer une chronique véritablement complète, argumentée et solide de La Lumière d'Orion... Un roman correct, un épisode à la hauteur des autres. Je suis franchement désolé, mais je ne peux pas en dire plus...

 

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"La Question", de Henri Alleg

Publié le par Nébal

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ALLEG (Henri), La Question, suivi de La Torture au cœur de la Républiquepar Jean-Pierre Rioux, Paris, Minuit, coll. Double, [1958, 1961, 2008] 2010, 92 p.

 

 

 

Un tout petit livre, mais qui fut d'une certaine importance. « Al'instar de J'accuse, ce livre minuscule a cheminé longtemps », pour reprendre la formule de Jean-Pierre Rioux. Et il a ainsi contribué à faire connaître une de ces vérités que l'on préfère généralement cacher, à savoir l'usage de la torture en Algérie au cours des « événements », usage répandu et même systématique. Au nom de la raison d'Etat, les militaires ont ainsi torturé selon bien des procédés – la « gégenne » n'est que le plus connu –, et ce petit livre en témoigne.

 

 

 

Il a dès lors une importance double : c'est d'une part une pièce à conviction, qui affirme la réalité de la torture en Algérie ; c'est d'autre part l'occasion de s'interroger sur ce qui est censé « justifier » la torture dans un Etat de droit démocratique. « Censé », oui, car la torture constitue bien vite une aporie dans l'Etat de droit : son emploi par la République entre en violation nécessaire avec les principes qu'elle est supposée défendre. Dès lors, la torture constitue bel et bien un mode d'investigation illégitime et qui ne saurait aboutir à la détermination de la vérité. Elle détruit d'elle-même les éléments de preuve qu'elle prétend mettre en évidence. Elle est contre-productive, et rabaisse le tortionnaire au niveau d'une brute sans âme, d'une antithèse de l'Etat de droit.

 

 

 

Ceci n'est pas neuf, non, certainement pas. Mais le petit livre d'Henri Alleg constitue bel et bien une singulière et tragique mise en évidence de ces principes, qu'on ne cessera jamais d'avoir besoin de ressasser.

 

 

 

Et peut-être encore plus de nos jours, triste époque où la raison d'Etat ressurgit, et où de sinistres individus endossent l'uniforme adéquat pour légitimer l'emploi de la torture contre les « terroristes ». Aux yeux de ces lamentables individus, la fin justifie les moyens, et tous les moyens sont bons. Oui, ils en arrivent à croire que l'on peut défendre une cause, quelle qu'elle soit, avec des méthodes barbares ; loin de considérer que l'on est avili par l'emploi de la torture, ils confèrent aux bourreaux un blanc-seing...

 

 

 

Et puis il y a la presse. La presse, qui s'empare malgré tout de ces actes barbares, et qui, sous la plume d'un Henri Alleg, dénonce : oui, la France torture... Mais il ne faut pas le dire. On n'a pas le droit. On n'a pas le droit d'assimiler ainsi les soldats français à l'occupant nazi, et les terroristes du FLN aux Résistants...

 

 

 

Alors on saisit, on interdit. Mais a-t-on jamais empêché la vérité de faire son chemin ? Aujourd'hui, La Question est encore réimprimée, et chez les éditions (résistantes) de Minuit. Même si on a voulu faire taire Alleg et ses camarades, La Question est encore réimprimée. Il s'en trouve sans doute encore pour s'en plaindre. Mais peu importe : en témoignage vivant, La Question demeure, qui rappelle à point nommé combien la France, à vouloir défendre ses intérêts, peut déchoir si l'on confie la défense de ses intérêts à n'importe qui.

 

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"Terminus radieux", d'Antoine Volodine

Publié le par Nébal

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VOLODINE (Antoine), Terminus radieux, Paris, Seuil, coll. Fiction & Cie, 2014, 616 p.

 

 

 

Et hop, voilà le dernier Antoine Volodine. Et il gagne le prix Médicis, en plus. Oui, un roman d'Antoine Volodine. Autant dire un roman de science-fiction, au fond, même s'il n'est pas certain que l'auteur revendiquerait cette appartenance, lui qui n'est plus publié en science-fiction depuis fort longtemps.

 

 

 

Peu importe. C'était là un roman à côté duquel je ne comptais pas passer. Et même si je n'ai pas pu assister à la rencontre avec l'auteur à la librairie Charybde, je me suis empressé de me procurer cet ultime opus et d'en faire la lecture. Et il est temps, maintenant, d'en faire le bilan.

 

 

 

 

 

 

Et celui-ci ne sera pas uniquement élogieux. Je trouve en effet des choses à reprocher à ce pavé extrêmement ambitieux. Et je ne sais pas s'il méritait vraiment le Médicis. Une chose me paraît certaine, en tout cas : Terminus radieux est nettement moins bon que Des anges mineurs ou Bardo or not Bardo. Ce qui n'en fait pas un mauvais roman pour autant, hein. Non... Mais il va m'être difficile de le juger à sa juste valeur et de lui décerner la récompense qu'il mérite, et pas une autre...

 

 

 

Nous sommes toujours dans le cadre habituel des romans post-exotiques d'Antoine Volodine. Plus précisément, le cadre se détermine ici en rapport avec une Deuxième Union soviétique. « Terminus radieux » (ouh le joli nom) est un kolkhoze. Àsa tête, un certain Solovieï. Juste en dessous, ses trois filles. En dessous, des larbins divers, plus ou moins hauts placés dans la société. Tout ce petit monde est peu ou prou immortel. Et ces gens-là vivent dans la taïga pendant des siècles, émaillés d'accidents nucléaires.

 

 

 

Un cadre paradisiaque, n'est-il pas ? De quoi passer une éternité réjouissante, en bonne compagnie et dans le sain respect des vertus et principes du socialisme. Ou presque... Car à la vérité, tout ce beau monde ne s'entend pas forcément très bien. Il y a des rivalités entre générations, entre sexes et entre castes. Et ces gens constituent peu ou prou un festin pour les corbeaux...

 

 

 

Il y en a, des choses, dans Terminus radieux. Beaucoup. Trop, en ce qui me concerne... Et je ne saurais véritablement en dresser ici la liste exhaustive. Roman total, Terminus radieux balaye une multitude de thèmes, de l'utopie soviétique à la création littéraire, en passant par l'immortalité et l'atome. L'action se déroule sur plusieurs siècles, qui voient s'assembler et se déchirer des communautés de pionniers aux relations ambiguës. Savoir ce qu'ils veulent, au juste, et ce dont ils rêvent ? Veulent-ils tous la même chose, d'ailleurs, et la veulent-ils continuellement, sur la durée ? C'est à vrai dire peu probable. L'expérience de « Terminus radieux » est bien plus probablement destinée à mettre en évidence les failles et les lacunes de cet Homme rouge éternel, les défaillances de son rêve toujours reconduit. Immortels ou morts-vivants, ils végètent dans une nature hostile. Le kolkhoze en vient à constituer une fin en soi, un horizon indépassable.

 

 

 

On pourrait continuer ainsi longtemps, en agitant telles des marionnettes les divers protagonistes, plus ou moins humains. Mais résumer Terminus radieux serait absurde. Il faut le vivre.

 

 

 

Non, ce n'est pas le meilleur Volodine. Non, il ne méritait peut-être pas le Médicis, à moins de considérer que celui-ci récompense une œuvre globale et non un titre particulier. Mais cela reste une expérience à vivre, qui ne saurait laisser indifférent.

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"Jeremiah Johnson", de Raymond W. Thorp & Robert Bunker

Publié le par Nébal

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THORP (Raymond W.) & BUNKER (Robert), Jeremiah Johnson. Le Mangeur de Foie, [Crow Killer], traduit de l'anglais par Frédéric Cotton, préface de Xavier Daverat, Toulouse, Anacharsis, coll. Famagouste, série « Au plus proche du Far West », [1958, 1969] 2014, 279 p.

 

 

 

Bon, je vais tâcher de revenir sur cette énième lecture western, due aux très recommandables éditions Anacharsis, dont j'ai déjà évoqué en ces pages plusieurs des publications de la série « Au plus proche du Far West ». Celle-ci, comme les précédentes, a le cul entre deux chaises, hésitant entre l'histoire et la fiction. Mais la tentation est grande, ici, de dire une fois de plus : « Print the legend ! » Avouez : le montagnard revêche, à poil dans la neige, qui a pour seule arme et pour seules victuailles la jambe coupée d'un Indien de ses ennemis, ça a une certaine gueule ! On est là en plein dans une certaine forme de mythe du western, et il n'y a rien d'étonnant à ce que ce l'histoire de cette vendetta brutale ait inspiré un fameux film à Sydney Pollack avec Robert Redford dans le rôle-titre, « aux antipodes duNature Writingclassique : c'est une ode à la sauvagerie brute. »

 

 

 

Hélas, je manque de souvenirs me permettant de revenir sur cette légende en lui faisant honneur... J'ai conservé quelques éléments importants, et notamment le fond de vendetta du héros Jeremiah Johnson contre les Indiens Crows ; la suspicion de cannibalisme, bien sûr, est également présente, témoignant tant de la méchanceté que de la sauvagerie du principal protagoniste de cette histoire.

 

 

 

Mais que puis-je dire au-delà ?

 

 

 

J'ai lu ce livre hors normes il y a un petit moment déjà et, si je me souviens l'avoir apprécié, notamment pour son outrance, les éléments essentiels qui m'auraient permis d'en faire une chronique valable m'ont fui depuis bien trop longtemps...

 

 

 

Je vais donc devoir me contenter de ceci : faites-moi confiance, ce Jeremiah Johnsonest à la hauteur de sa légende. Aussi répugnant que drôle...

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"Dondog", d'Antoine Volodine

Publié le par Nébal

Dondog

 

 

VOLODINE (Antoine), Dondog, Paris, Seuil, coll. Points, [2002] 2003, 365 p.

 

Poursuite de l'exploration du corpus volodinien. Après les brillants Des anges mineurs et Bardo or not Bardo, qui m'ont plus que convaincu, je passe à ce Dondogque l'on m'a de même très fortement recommandé. Ou plutôt je suis passé à ce Dondog. Je l'ai en effet lu il y a quelque temps de cela, et il m'a de même fait forte impression, même si probablement un poil moins que les deux titres précités. Pour dire les choses, du temps s'est écoulé depuis ma lecture de Dondog... et je crains de n'en avoir quasiment rien retenu. D'où un poil en dessous des deux autres. Bon cela dit. Bon d'une manière très volodinienne, si j'ose dire, qui tient du choc esthétique vaguement primaire.

 

Essayons donc d'en retracer les grandes lignes. Il y a ici une histoire de blatte, d'Untermensch. Dondog est un moins que rien. Il a été enfermé dans un camp (forcément, un camp), il en sort. Avec trois noms en tête, trois noms qui pulsent pour une vengeance. Avec une aide chamanique, Dondog saura leur faire un sort. En attendant, Dondog arpentera un pays noir « sans temps ni espace ». Un pays que nous ne connaissons pas vraiment, ou peut-être que si. Oui, tout est familier d'une certaine manière. On y reconnaît une sorte d'univers soviétique (on ne parle pas encore, sauf erreur, de deuxième Union soviétique). Au-delà, on manque de certitudes. On dispose d'impressions, de sentiments, d'archétypes. On baigne dans l'univers volodinien, ou, au-delà, post-exotique. De là à dire qu'il y a bel et bien une histoire à suivre... Peut-être. Je ne sais plus. Sur le moment, peut-être...

 

Vous comprendrez bien que, dans ces conditions, je ne peux pas me livrer à un compte rendu honnête et utile.

 

J'essayerai de me montrer plus loquace pour Terminus radieux, mais ça s'annonce pas évident là non plus...

 

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"Souviens-moi", d'Yves Pagès

Publié le par Nébal

 

 

 

 

 

 

 

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PAGÈS (Yves), Souviens-moi, [s.l.], L'Olivier, 2014, 107 p.

 

 

 

Oui, j'ai toujours du mal à chroniquer en ce moment.

 

 

 

A fortioriquand l'objet de la chronique a cette gueule-là.

 

 

 

Disons-le tout net : n'eut été une certaine soirée en Charybde, il va de soi que je n'aurais jamais fait l'acquisition de ce petit machin sans forme. Mais la rencontre m'a fait croire que cette chose pourrait être intéressante. Je n'ose imaginer dans quel état d'esprit je me trouvais alors... Résultat : j'ai acquis Souviens-moi, et j'ai poussé le vice jusqu'à le lire il y a peu. J'ai du mal, cependant, à retrouver l'état de passion qui avait pu être mien au début de cette lecture de ce « livre d'amnésie sélective ». Du mal à retrouver mon enthousiasme, qui a bien dû être réel à un moment ou à un autre. Du mal, en somme, à comprendre pourquoi je me suis infligé ce pensumgratuit (ou qui pourrait se le permettre, plutôt que de coûter 14 €).

 

 

 

Je ne comprends pas, disons-le, comment j'ai pu croire ne serait-ce qu'un instant qu'il y aurait quelque chose d'intéressant dans cette centaine de pages.

 

 

 

Cette chronique tiendra donc de l'avertissement : gardez vos pépettes ! Et circulez, il n'y a rien à voir. Ne perdez donc pas votre précieux temps à la lecture de cette inutilité. S'il ne s'agit que de mettre en évidence le mécanisme de l'oubli, nul besoin de cette démonstration pour le coup bien trop longue. Souviens-moi est un livre inutile.

 

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"Griffintown", de Marie Hélène Poitras

Publié le par Nébal

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POITRAS (Marie Hélène), Griffintown, Paris, Libella – Phébus, coll. Littérature française, [2012] 2014, 171 p.

 

Bon, vous le savez déjà, que j'ai du mal à chroniquer, en ce moment. Ca n'a rien à voir avec le choix du bouquin. Maintenant, il est vrai que si le bouquin est, euh, disons « improbable », ça n'arrange rien à l'affaire. Et c'est bien le cas de figure que soulève Griffintown, roman qui a par ailleurs reçu le prix France-Québec 2013. Oui, c'est un roman pour le moins improbable, et je me suis pas mal demandé pourquoi j'en avais avait fait l'acquisition. La vraie raison se trouve probablement dans l'abus du mot « western »... Quoi qu'il en soit, je l'ai lu. Et ma foi, ce n'était pas si pire. C'était même plutôt bien écrit. Et il s'y passait des choses, ce qui est quand même dingue. Oui, des choses : du vrai crime ! Les protagonistes ne se contentent pas de se promener dans la lignée de leurs chevaux. Non, il y a de la vengeance dans l'air...

 

Il ne me paraît pas opportun de détailler ici tout ce qui se produit dans ces quelques dizaines de pages. Ce serait un moyen finalement assez sûr de leur faire perdre tout intérêt. Contentons-nous donc de dire qu'il se passe des choses, qu'on s'attache aux pas de plusieurs personnages et que l'on arpente avec eux le pavé de Griffintown. La peinture est belle, riche de détails, Le microcosme qui y est dépeint est vivant.

 

Que dire de plus, maintenant ? Là, je sèche... Comme vous le savez, j'ai en ce moment bien des difficultés à rédiger mes chroniques ; celle-ci est encore un peu pire que d'habitude... Elle demande à être abordée avec moult précautions, et je ne me sens pas de taille... Aussi vais-je botter en touche. Griffintown, voilà, c'est pas passionnant, mais on s'y emmerde pas trop non plus. Et puis c'est plutôt bien écrit... Le paysage comme les protagonistes sont vivants, et ce n'était mine de rien pas si facile à obtenir.

 

Et je ne me sens aucune légitimité pour en dire davantage...

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"Stoner Road", de Julien Heylbroeck

Publié le par Nébal

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HEYLBROECK (Julien), Stoner Road, Chambéry, ActuSF, coll. Les 3 Souhaits, 2014, 331 p.

 

 

 

Ah ! Le stoner ! En voilà un genre musical qu'il est bien, et je ne parle pas seulement pour les groupes les plus emblématiques de cette mouvance, comme Kyuss ou Queens of the Stone Age. Avouons-le : le Nébal prise tout particulièrement ces compositions éthérées reposant sur des guitares énormes, et, s'il a passé l'âge de se défoncer la gueule avec des gros joints, il continue d'apprécier ce bon vieux rock lourd et gras au possible. Aussi, l'idée de consacrer un roman fantastique à cet univers musical m'a pas mal séduit, et je n'ai pas tardé à faire l'acquisition de ce Stoner Road signé Julien Heylbroeck.

 

 

 

Bon, j'ai vite déchanté...

 

 

 

Me reste maintenant à vous expliquer pourquoi vous pouvez très légitimement faire l'impasse sur ce bousin écrit avec les pieds.

 

 

 

Posons un brin l'histoire, tout d'abord. Nous faisons la connaissance de Josh Gallows, alias Doc Défonce. Le bonhomme écume les generator parties dans le désert californien. Et il compte bien remettre la main sur Ofelia, sa chica. Ce qui ne s'annonce pourtant pas si facile... Il va néanmoins obtenir une aide inattendue en la personne de Luke Lee, un redneck qui parcourt également ces fêtes, à la recherche de sa sœur. Ce duo improbable va ainsi se lancer sur la piste d'un groupe de stoner mexicain, qui pue la divinité aztèque...

 

 

 

Bon, ce pitch est débile, aucun doute là-dessus. Il peut néanmoins fournir le prétexte à un divertissement honnête,.. Ou il le pourrait, avec un peu plus d'application. Je prise volontiers les séries B idiotes qui ne prêtent qu'à rire, et Stoner Road ne manque pas d'ingrédients pour constituer un divertissement décent. Il est même quelques passages où l'on rit volontiers avec le roman. Trop rares, cependant... Et le récit est bien trop souvent bâclé : la forme est plutôt calamiteuse, la trame ne tient pas la route, les personnages sont lamentables, les gags sont trop souvent consternants...

 

 

 

Tout cela manque d'application. Au final, on se retrouve avec un bouquin ni fait ni à faire, laborieux, poussif... Si l'idée de consacrer un roman fantastique au stoner n'est en soi pas mauvaise, sa mise en œuvre ne se montre vraiment pas convaincante.

 

 

 

Dès lors, il ne reste plus grand chose à sauver dans ce ratage énorme qui ne se montre vraiment pas à la hauteur du projet.

 

 

 

Et, bon, en ce moment, je n'y arrive pas : je ne vois pas comment m'étendre sur le sujet, il va donc falloir me faire confiance ; ce bouquin est très dispensable, et ne satisfera vraisemblablement ni les amateurs de fantastique, ni ceux de stoner...

 

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"Le Rêve du mouvement perpétuel", de Dexter Palmer

Publié le par Nébal

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PALMER (Dexter), Le Rêve du mouvement perpétuel, [The Dream of Perpetual Motion], traduit de l'anglais (États-Unis) par Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre, Albi, Passage du Nord-Ouest, [2010] 2014, 461 p.

 

 

 

Bon, une fois de plus, je préviens : en ce moment, ce n'est pas la grande forme, je ne garantis pas d'être en mesure de livrer une critique convenable de ce Rêve du mouvement perpétuel, d'autant que je ne suis pas sûr de l'avoir apprécié à sa juste valeur. Broumf... Bon, on va essayer quand même, hein.

 

 

 

Nous sommes donc à Xéroville. Et à Xéroville, l'esthétique est largement rétrofuturiste, façon steampunk. Ladite ville est sous la férule du génial et fou Prospero Taligent ; mais si ce personnage doit son nom à La Tempête de Shakespeare, il sort pourtant tout droit d'un bouquin de Verne ou de Wells. Très bel ersatz de savant fou, ce Prospero-là domine l'assistance de son brillant. Et, dans cette assistance, un certain Harold Winslow, que nous suivrons au fil des principales étapes de sa vie, en commençant par son invitation à l'anniversaire de Miranda, la fille du génial Prospero. Ce n'est que le commencement des mémoires de Winslow, qui aura bien malgré lui un poste de témoin privilégié.

 

 

 

Nous suivrons ainsi, de décennie en décennie, notre petit bonhomme, mais aussi la fille inaccessible du génial savant. Ces deux points de mire conféreront un semblant d'humanité aux masses travailleuses telles qu'elles nous sont décrites par le menu dans ce Rêve du mouvement perpétuel. Tout y est très daté, mais c'est sans doute en même temps cet aspect qui permet à ce qui est ici décrit de bénéficier d'une sorte d'exemption d'âge. Et cette Xéroville évoque ainsi bien des constructions théoriques de technocraties, en tant que telles hors d'âge.

 

 

 

Rien d'étonnant, dès lors, à ce que la cité se pare d'oripeaux tour à tour glorieux et funestes, dignes de rêves épiques comme de terrifiants cauchemars. Ce XXe siècle parallèle synthétise le nôtre, il en exprime l'essence même, sous la forme d'une dictature de savant. A dimension shakespearienne, donc.

 

 

 

Cette dimension, bien entendu, m'a échappé, je ne prétendrai pas le contraire. Je pense à vrai dire que les conditions présentes ont fait que je suis passé à côté de l'essentiel du propos politique de l'auteur... Et je suis bien embêté, du coup, pour rédiger cette notule idiote.

 

 

 

Alors quoi ? Oui, Le Rêve du mouvement perpétuel est un bon roman dans son genre, utopique ou contre-utopique. Il ne brille certes pas essentiellement par l'humanité et le sentiment, mais dans l'élaboration rationnelle d'un régime idéal à faire peur.

 

 

 

Et il est probablement un peu long, ou alors c'est moi...

 

 

 

 

 

 

J'ai honte.

 

 

 

Promis, je vais tâcher de m'appliquer davantage dans les jours qui viennent...

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"L'Océan au bout du chemin", de Neil Gaiman

Publié le par Nébal

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GAIMAN (Neil), L'Océan au bout du chemin, [The Ocean at the End of the Lane], traduit de l'anglais par Patrick Marcel, Vauvert, Au Diable Vauvert, [2013] 2014, 314 p.

 

 

 

Bon, je ne vous apprends rien : je suis un petit fan de Neil Gaiman. Je suis très preneur de tout ce qu'il peut bien faire, tous arts confondus (même si je tends à penser qu'il ne fera jamais mieux que Sandman). Ce qui n'exclut pas quelques ratés, Tout relatifs, parfois : American Gods m'a ainsi paru nettement moins bon que ce qu'on disait ; mais Anansi Boys, ouep, c'était bien une fausse note. Pourquoi cette introduction ? Je vous rassure tout de suite : L'Océan au bout du chemin, qui arrive en France auréolé d'une belle réputation, n'est certes pas si mauvais que ça ; il est cependant moins époustouflant que ce qu'on a bien voulu en dire. Mais je ne suis pas certain de trouver les mots justes pour en faire la critique, j'ai de grosses difficultés pour ce faire en ce moment... Et, après tout, vous pouvez très légitimement ignorer mon avis façon fine bouche. J'ai hésité avant de me lancer dans la rédaction de ce compte rendu... et ne suis pas sûr d'être capable de me montrer pertinent. Mais bon : essayons...

 

 

 

Il apparaît très tôt que nous sommes dans du Neil Gaiman pur jus ; ce qui, après tout, peut suffire à satisfaire les fans, et ils sont nombreux. Mais je crois que c'est là ce qui me gêne dans ce roman ; trop de « fan service » ; l'auteur se laisse aller à faire ce pour quoi il est le plus doué, et cela passe notamment par ce jeune homme qui revient sur les lieux de son enfance à l'occasion de funérailles. Le regard rétrospectif de l'adulte sur l'enfant est admirablement bien géré, et le roman à n'en pas douter émouvant. Mais c'est hélas façon presse-bouton ; tout cela donne une impression de facilité plus ou moins navrante.

 

 

 

Alors, oui, on y est en plein. L'évocation de l'enfance est adroite, le surnaturel s'y mêle comme de juste, et on a la petite larme qui perce. Mais aussi une fâcheuse impression de déjà-lu... et de déjà-lu sous la plume de Gaiman. L'Océan au bout du chemin n'est que cela : une variation. Virtuose, mais fainéante. A la limite, c'est dans son caractère d'épure qu'elle se montre la plus fascinante ; le récit y est déconstruit jusqu'à ce que n'y figurent plus que les éléments essentiels. Tout superflu est exclu du récit.

 

 

 

Aussi, succomber à L'Océan au bout du chemin, c'est se porter volontaire pour un spectacle de prestidigitation singulier, où l'épate est écartée et où le tour de magie est réduit à sa plus simple expression. On est censé se faire manipuler, avec le sourire, et en redemander encore. Mais, pour une fois, je n'y arrive pas totalement... J'ai vu un truc. D'une manière ou d'une autre, j'ai vu l'artifice. Je romps dès lors le pacte et refuse de me laisser instrumentaliser. C'est le tour de trop, celui qui annihile l'illusion, à être ainsi exécuté de manière paresseuse, en ayant la certitude de récolter les applaudissements.

 

 

 

Et, en définitive, c'est bien cette perfection qui m'agace un tantinet ; je n'ai pas envie de jouer le jeu de la paresse d'un auteur qui n'a certes plus rien à prouver, mais bon, hein, bon. Là, c'est tout de même un peu trop fort...

 

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