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"Die Farbe", de Huan Vu

Publié le par Nébal

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Titre original : Die Farbe.

Réalisateur : Huan Vu.

Année : 2010.

Pays : Allemagne.

Genre : Fantastique / Science-fiction / Horreur.

Durée : 85 min.

Acteurs principaux : Marco Leibnitz, Michael Kausch, Erik Rastetter, Ingo Heise…

 

Adapter l’œuvre de H.P. Lovecraft au cinéma est un exercice particulièrement délicat, et bien rares sont ceux qui sont parvenus à obtenir un résultat correct ce faisant ; finalement, si l’on excepte les films qui n’ont qu’une inspiration lovecraftienne, lesquels peuvent être tout à fait réussis (par exemple, The Thing ou L’Antre de la folie, tous deux de John Carpenter), et tout en accordant le bénéfice du doute aux rigolos Re-Animator de Stuart Gordon et Dagon de Brian Yuzna (en fait une adaptation du « Cauchemar d’Innsmouth »), je n’ai véritablement trouvé mon bonheur en la matière qu’avec les films pourtant très « amateurs » des joyeux drilles de la HPLHS (voyez mon compte rendu de The Whisperer In Darkness).

 

Mais j’avais entendu dire plutôt du bien de Die Farbe, adaptation teutonne de « La Couleur tombée du ciel », qu’un aimable citoyen a bien voulu me prêter. Pari risqué, cependant : « La Couleur tombée du ciel », très certainement une des plus belles réussites de Lovecraft, me paraissait à la base un texte particulièrement difficile à adapter, en ce qu’il repose énormément sur une ambiance magistrale, qui suinte avec délices du papier, mais qu’on pouvait douter de retrouver sur pellicule… Mais bon, fallait bien voir, hein.

 

Nous sommes au milieu des années 1970 : Jonathan Davis, un jeune Américain d’Arkham, Massachusetts, se rend en Allemagne, dans une région paumée près de la frontière française, pour y retrouver la trace de son disparu de père, qui y avait été en garnison à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Là, il tombe sur le fermier Pierske, qui se souvient d’avoir vu son père à cette époque… et se met à lui conter l’étrange histoire survenue à ses voisins les Gärtener, après qu’une météorite des plus mystérieuses s’est écrasée non loin de leur ferme, suscitant moult événements déconcertants…

 

Pas besoin d’en dire vraiment plus ici, vous avez reconnu la nouvelle originale (avec les noms germanisés). L’adaptation est ensuite assez fidèle, en dehors de quelques manipulations justifiées par le contexte, dont on peut se demander si elles étaient vraiment nécessaires. Reconnaissons cependant que le riche matériau lovecraftien est plutôt bien employé dans ce cadre-là, qui vaut bien les recoins les plus bouseux de la Nouvelle-Angleterre.

 

Maintenant, s’agit-il d’une bonne adaptation ? J’imagine que cela dépend de ce qu’on en attend… Mais j’avoue, au sortir du visionnage, avoir un sentiment plutôt mitigé. L’impression, en fait, que si le film tient la route – et il tient relativement la route –, cela vient du fait que le texte source est excellent, et que le scénario lui fait passer la frontière des arts avec une certaine astuce. Mais le film, hélas, me paraît dénué de qualités qui lui soient propres…

 

Dès les premières images, en effet, quelques fâcheux défauts font leur apparition, et ne lâcheront plus le spectateur tout au long du métrage : la réalisation est plus ou moins inspirée (même si certaines scènes d’horreur sont plus que correctes – quand elles ne sont pas gâchées par de vilains effets spéciaux numériques…), la photographie plutôt dégueulasse, et la direction d’acteurs franchement approximative (le cabotin Pierske – surtout dans sa version « jeune » –, Nahum Gärtener et son épouse étant heureusement ceux qui s’en tirent le mieux, mais c’est un mieux tout relatif).

 

Tout cela, en fait, renforce l’impression générale d’amateurisme de ce film. À l’évidence, Die Farbe est un film de fans, sincèrement intéressés par le matériau original pour le transporter à l’écran avec un minimum de bonheur, mais pas forcément très compétents pour autant, et flirtant parfois – bien malgré eux sans doute – avec le mauvais goût… Et, à ce compte-là, j’avoue préférer le « mythoscope » autrement plus ludique des productions de la HPLHS ; certes, Die Farbe est probablement l’adaptation de Lovecraft la plus « sérieuse » que j’aie jamais vue. Un bon point pour ce film, assurément. Je ne le qualifierais d’ailleurs pas de mauvais… Mais je maintiens : si Die Farbe se regarde, c’est parce que « La Couleur tombée du ciel » est une nouvelle excellente.

 

Sentiment mitigé, donc. Et je ne peux que regretter une fois de plus l’absence, à l’heure actuelle, d’une adaptation de Lovecraft véritablement réussie ET professionnelle.

 

Bon, alors, quelqu’un les fait, ces Montagnes hallucinées ?

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Rencontre avec Yves & Ada Rémy à bord du Zéro de Conduite

Publié le par Nébal

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Quand Nébal faisait mumuse avec un tracker

Publié le par Nébal

Quand j’étais jeune et innocent, parallèlement aux divers groupes auxquels je participais en tant que bassiste, et par la suite également, je m’amusais à composer des trucs divers et variés sur un tracker tout con (c’était bien avant que je m’essaye à Cubase ou Reason ou que j’aie un clavier Midi…). La nostalgie s’est emparée de moi (une fois de plus), et j’ai eu l’idée saugrenue de faire écouter aux plus masochistes d’entre vous ce que ça pouvait donner. C’est d’un intérêt très variable, il y a du « sérieux » et du franchement débile, enfin, bref… Hop.

 

Blop : je crois que c’est le dernier morceau (inachevé, bien sûr) que j’ai fait sur le tracker ; ça se sent, je crois, et je continue de bien aimer ce trip hop.  

 

Breaking : juste un break, donc, je n’ai jamais réussi à construire un morceau autour, et l’ai toujours regretté…

 

Chic Freak : un morceau disco complètement stupide et d’un mauvais goût certain… mais c’est en le faisant que j’ai eu l’idée d’Esteem ; ça me fait toujours rire, mais j’ai un humour pathétique. Contient un sample de C’est arrivé près de chez vous.

 

 

 

City : un de mes premiers morceaux. C’est tout con, mais alors vraiment tout con, mais pas si pire, trouvé-je…

 

Damaged : ça aussi, c’est du vieux… Au départ, je crois que, saisi par la mégalomanie, j’ai voulu tenter de faire un truc à la Aphex Twin – c’est évidemment foireux. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’en fait je voulais faire du breakcore sans savoir que ça existait. La première partie est probablement à jeter, mais j’aime bien le dub mélancolique de la fin (même si la basse sonne comme une merde).

 

Esteem : une tentative de faire dans le metal indus mâtiné de dub. Je continue de bien aimer l’intro et le riff… Contient des samples de Daria.

 

Forever : un morceau electro-indus que j’avais écrit quand j’étais vraiment très déprimé… Je l’ai testé à plusieurs tempos, celui-ci est le moins pire, je pense. J’en ai sabré la voix pour épargner votre santé mentale. Contient un sample (très trafiqué…) de Fear Factory.

 

Forever (D-ve rmx) : le citoyen D-ve m’a donc fait l’honneur d’un remix métallique pour ce morceau ; la voix est restée, du coup…

 

Hymn : un morceau stupide, très big beat (et notamment Fatboy Slim, je suppose). Contient des samples de Daria et de Sacré Graal.

 

I Think I Need Some Help : une tentative de disco-punk de très mauvais goût, mais qui me faisait bien marrer. Contient des samples de Punish Yourself.

 

Indochine 2003 : tiens, y a la date, là, du coup… Un morceau idiot, « hommage » tant à Indochine qu’à John Carpenter.

 

Movie : je suis incapable de qualifier ce truc, mais il avait plu à certains ; je continue de bien aimer.

 

Nice Stoned Werewolf Surfing In The Clouds Of The Outer Space : particulièrement crétin, celui-ci. Contient des samples d’un film de loup-garou que je sais plus lequel c’est, ainsi que de Morrowind.

 

Not At All : une tentative de metal indus ; l’intro fait très Rammstein, je sais…

 

Schizophrenia : mon seul morceau de commande, pour un film du citoyen Captain Spaulding. J’aime bien la rythmique (voire la basse, des fois). Contient des samples de Massacre à la tronçonneuse… et de Bugs Bunny.

 

Sometimes : un de mes premiers morceaux, trip hop mélancolique tout bête.

 

Squeele : une intro industrielle. Contient un sample de Délivrance.

 

Test : une intro qui n’a débouché sur rien… Contient un sample du Rocky Horror Picture Show.

 

This Chainsaw Was Designed Especially For You : une berceuse, à l’évidence. Contient des samples de Massacre à la tronçonneuse.

  

Workinprogress : une tentative plus pop que d’habitude. Le refrain est à chier, le reste correct, je crois. J’aime bien l’accélération finale.

 

Allez-y, jetez-moi des cailloux.

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"Le Dit de Sargas", de Régis Antoine Jaulin

Publié le par Nébal

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JAULIN (Régis Antoine), Le Dit de Sargas. Mythes et légendes des Mille-Plateaux, illustrations de Lionel Richerand, Saint-Laurent d’Oingt, Mnémos, coll. Ourobores, 2013, 143 p.

 

J’ai toujours été fasciné par l’idée même de création d’univers, ce qui explique mon intérêt tant pour la mythologie que pour les littératures de l’imaginaire ou encore le jeu de rôle. La très recommandable collection « Ourobores » des éditions Mnémos me fait dès lors régulièrement de l’œil – voyez notamment mes comptes rendus de Kadath, ou encore de La Vallée de l’éternel retour d’Ursula K. Le Guin – et je ne pouvais pas passer à côté de cet intrigant petit ouvrage de Régis Antoine Jaulin, joliment illustré par Lionel Richerand (même si, sur ce dernier point, j’aurais sans doute préféré un peu plus de matière).

 

L’auteur, scénariste de son état (et qui a œuvré dans le jeu de rôle), nous livre en effet ici un court récit mythologique puissant, à la fois genèse et apocalypse, puisant énormément mais avec astuce et finalement originalité dans les fonds mythologiques préexistants : même si l’on sent avant tout une prédominance  indienne – le Mahabharatha est justement cité en quatrième de couverture –, on relèvera également des éléments grecs, bibliques, etc. Ah, et en parlant de la quatrième de couverture, sans doute ne faut-il pas attacher trop d’importance au lien établi avec le Silmarillion de J.R.R. Tolkien, qui est d’une tout autre ampleur et puise avant tout dans les sagas (c’est seulement avec l’Ainulindalë que la comparaison est pertinente).

 

Dès lors, pour nous conter son histoire, qui consiste essentiellement en un dialogue entre l’homme Baten-Kaïtos, Celui Qui Dit, et le monstre Sargas, figure de mémoire archaïque et anomalie dans le cours du temps, Régis Antoine Jaulin use d’un style archaïsant et passablement hermétique au premier abord. Voyez plutôt (premier paragraphe du Mahasutra) :

 

« Depuis mille quatre cent trois étoiles, Furud est Yupa du Kamaradjhia. Il en est le pilier et la lumière. Son extase et sa retraite éclairent le peuple de son royaume au prix de son absence : depuis mille quatre cent trois étoiles, Furud n’a pas vu sa femme. Son frère, Baten-Kaïtos, en a la charge. Et depuis mille quatre cent trois étoiles, Baten-Kaïtos veille sur la belle Alhena. »

 

Pas évident, dans un premier temps : on est noyé sous les concepts et les personnages… Mais je déconseillerais pour ma part de recourir immédiatement aux glossaires en fin d’ouvrage, qui en disent trop : mieux vaut donc les lire à la fin, pour éclairer ce qui pourrait encore avoir besoin de l’être, et, en attendant, se laisser porter par la plume délicieusement surannée de Régis Antoine Jaulin (même si l’on peut peut-être, à mon sens tout du moins, relever ici ou là quelques – rares – soucis de registre, c’est dans l’ensemble tout à fait convaincant et sonne authentique).

 

La mythologie traite en principe des rapports entre les hommes et le divin, et Le Dit de Sargas ne déroge pas à la règle. Mais [SPOILER ?] ce que le récit a de particulièrement fort, et qui en fait donc à la fois une genèse et une apocalypse, c’est que, non content de placer les femmes et les hommes au centre de la création, il conte essentiellement l’histoire de la révolte des humains contre les dieux, qui en viennent à mourir et déserter le monde fracassé, dès lors les Mille-Plateaux (je ne sais pas s’il y a véritablement du Deleuze là-dedans ou si c’est une coïncidence, ma culture philosophique est trop maigre…). Une révolte qui réussit : cette mythologie a dès lors quelque chose d’impie qui est particulièrement réjouissant… quand bien même le tableau de l’univers qui en résulte a quelque chose de tragique, avec ses végétaux qui ne sont plus que le triste reflet de ce qu’ils étaient, ses animaux qui ne sont plus que fantômes, et son absence éloquente de soleil. Tragique, en effet, est le récit que fait Sargas à Baren-Kaïtos : bien loin de narrer la création d’un monde parfait, du meilleur des mondes possibles, le monstre appuie là où ça fait mal, sur les drames que connaissent les dieux, les animaux, les femmes et les hommes. La vie naît ici du fratricide et donc de la mort (« Le Yug est ! »), et c’est bien cette inquiétude perpétuelle de la mort et du sort de l’âtmâ qui définit le rapport de l’homme au divin. Les dieux et les héros vivent, se battent et meurent, dans un univers vacillant, probablement plus le fruit du hasard que d’un quelconque « intelligent design »… Une mythologie antithéiste sinon à proprement parler athée, donc (telle est du moins ma lecture) ; mais le portrait de l’homme qui s’en dégage n’est guère flatteur pour autant…

 

En une centaine de pages, portées par un souffle indéniable, Régis Antoine Jaulin démontre ainsi ses grands talents tant de conteur que de créateur d’univers. Le Dit de Sargas est aussi passionnant qu’intelligent, et d’une très grande richesse, d’une très grande densité. On n’en fera peut-être pas un chef-d’œuvre, mais tout de même plus qu’une simple curiosité. Ce petit ouvrage a en tout cas parfaitement sa place parmi les autres « Ourobores », et confirme la très grande qualité de cette collection originale et qui a décidément tout pour me plaire.

 

EDIT : Gérard Abdaloff en cause dans la Salle 101, ici. 

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"Confessions d'un compositeur / A Composer's Confessions", de John Cage

Publié le par Nébal

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CAGE (John), Confessions d’un compositeur / A Composer’s Confessions, [A Composer’s Confessions], traduit de l’anglais par Élise Patton, Paris, Allia, [1948, 1992, 2011-2012] 2013, 49 + 43 p.

 

Je plaide coupable : je n’y connais à peu près rien en matière de musique « savante » contemporaine, et n’ai quasiment jamais fait l’effort d’en écouter. Ce qui ne m’empêche pas de m’y intéresser sous un angle théorique, notamment en ce qu’elle a pu influencer considérablement des groupes et artistes « populaires » que j’apprécie tout particulièrement (en l’espèce, on pourra citer sans grand risque d’erreur Brian Eno, Throbbing Gristle, Einstürzende Neubauten ou encore Sonic Youth). Il y a de ça, ouf, au moins, un citoyen musicologue m’avait d’ailleurs prêté un ouvrage sur la question, que j’avais trouvé tout à fait passionnant (sur le plan théorique, donc), en dépit de mes lacunes en matière de composition et de technique musicales. Et, dans cet ouvrage, si je ne me sentais guère proche de certains compositeurs (notamment l’approche très mathématique de la musique dodécaphonique ou d’un Xenakis), d’autres me parlaient davantage.

 

Et parmi eux John Cage. Autant le dire de suite : je n’ai à peu près rien écouté de John Cage (à part, bien sûr, 4’33), et je doute que sa musique me parle totalement. Mais, là encore, c’est sous un angle théorique que j’entends l’approcher, et je trouve cela tout à fait passionnant. D’où l’acquisition et la lecture de ce petit ouvrage récemment paru chez Allia (où je m’étais également procuré il y a peu L’Art des bruits de Luigi Russolo – la parenté entre les deux est une évidence, et John Cage renvoie directement au manifeste futuriste dans ces Confessions). Ce fut pour moi l’occasion de remettre en cause certaines idées reçues sur le compositeur, d’ailleurs : j’ai ainsi appris, contrairement au souvenir que j’en avais gardé, que sa musique également avait de très fortes et très complexes bases mathématiques. Mais, pour le reste, j’ai retrouvé le « défricheur » qui m’avait tant séduit par son approche résolument inventive de la musique contemporaine ; et si ce texte – présenté ici en version bilingue – n’a pas le caractère révolutionnaire et indispensable de L’Art des bruits, il s’inscrit néanmoins dans sa filiation, et se révèle d’une lecture fort instructive.

 

Ce texte – publié initialement en 1948 – est bien loin de couvrir toute la carrière musicale de John Cage : à l’époque, il n’avait d’ailleurs pas encore « composé » son fameux 4’33 (il en annonce le projet dans les dernières pages, sous le titre A Silent Prayer). Mais les bases sont déjà là.

 

Si Cage s’est mis au piano assez jeune, il n’était de son propre aveu guère doué, et ne s’est tourné que tardivement vers la composition : on le voit d’abord chercher sa place dans des domaines artistiques aussi divers que la peinture ou l’architecture (ce qui est en soi révélateur, je suppose). Puis il franchit le pas ; il commence par faire une musique très mathématisée (donc), plus complexe encore que la musique dodécaphonique. Problème : celle-ci n’est pas forcément très « agréable » à écouter… Et si les bases mathématiques restent présentes tout au long des compositions exposées dans ces Confessions, il n’en reste pas moins que c’est en approchant les choses sous un angle différent que John Cage va se créer une place. Et, dans la lignée de L’Art des bruits, nous le verrons ainsi s’essayer à des compositions pour percussions seules, ou utiliser des radios dans ses compositions, voire les manipulations rendues possibles par le studio pour ses enregistrements. Plus tard, il y aura bien sûr le fameux « piano préparé » qui restera dans cette même optique. Sa musique tendra ainsi à faire usage d’une large gamme de sons, que l’on ne considérait pas « musicaux » en tant que tels jusqu’alors, mais qui le deviennent par le biais de la composition et de l’ordonnancement (même si j’imagine que 4’33, en tant que symbole ultime de « l’œuvre ouverte » – l’ouvrage éponyme d’Umberto Eco m’avait également été prêté, en même temps, par le citoyen musicologue évoqué plus haut –, témoigne d’une part de plus en plus importante de l’improvisation et du hasard dans la musique de John Cage).

 

L’approche de John Cage, dans ces différents aspects, me paraît des plus pertinentes et enrichissantes ; le caractère très novateur de ses « paysages imaginaires », etc., ne saurait faire de doute, et témoigne à mon sens de ce que la musique « savante » contemporaine peut produire de plus intéressant (du moins sur le plan théorique ; j’avoue parfois douter que le résultat soit « agréable » à l’écoute, mais…).

 

Mais il y a aussi un arrière-plan non négligeable dans la musique de John Cage, qui est sa portée « spirituelle » ; le compositeur y revient sans cesse, et semble y voir le cœur de sa musique, et, idéalement sans doute, de la « bonne » musique en général ; ce n’est sans doute pas un hasard, à cet égard, si 4’33 était donc désigné ici comme étant une « prière ».

 

On adhèrera ou pas à ces différentes conceptions de la musique. Peu importe : l’honnêteté implique d’admettre, d’une manière ou d’une autre, l’importance fondamentale de John Cage dans l’histoire de la musique contemporaine, et son rôle de pionnier, que ce soit dans la composition à proprement parler, dans l’usage d’instruments ou de sonorités incongrus, dans les techniques d’enregistrement, etc. J’apprécie tout particulièrement son ouverture d’esprit et son engouement pour les musiques orientales, le jazz, le bruit et les percussions, qui ont influencé son œuvre ; j’apprécie de même sa volonté de ne pas se contenter d’une musique « savante » réservée aux plus reclus et hermétiques des esthètes, mais de livrer ses compositions au public.

 

Aussi ai-je trouvé ce tout petit ouvrage fort instructif. Certes, il n’a pas le caractère indispensable – car séminal – de L’Art des bruits. Il est néanmoins éclairant et d’une lecture agréable. Alors – qui sait ? – peut-être un jour vais-je franchir le pas, et écouter « vraiment » du John Cage…

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"Mariage à l'égyptienne", de Sylvie Miller & Philippe Ward

Publié le par Nébal

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MILLER (Sylvie) & WARD (Philippe), Mariage à l’égyptienne, Rennes, Critic, coll. Fantasy, série Lasser, 2013, 306 p.

 

Mariage à l’égytienne, deuxième tome des aventures de Jean-Philippe Lasser, détective des dieux, est sorti presque immédiatement après Un privé sur le Nil, mais il s’agit cette fois pleinement d’un roman, et non d’un assemblage plus ou moins habile de nouvelles, comme c’était le cas pour le précédent volume. Sa lecture reste néanmoins très probablement un préalable indispensable, dans la mesure où l’univers cartoonesque élaboré par le « Noir Duo » repose en bonne partie sur un ensemble de personnages secondaires apparus dans le tome inaugural et qui refont tous ou presque leur apparition ici (de manière parfois un peu forcée, d’ailleurs).

 

Le roman débute – sans surprise – sur les chapeaux de roue, au bar de l’hôtel Sheramon, où Lasser sirote un whisky au milieu des murmures des pachas. C’est à nouveau la déesse Isis qui vient l’embaucher pour une enquête qu’il ne peut pas refuser : il s’agit pour lui de retrouver en l’espace d’une semaine environ Aglaé, une des filles de Zeus, afin qu’elle épouse comme prévu Horus, fils d’Isis, opération de rapprochement entre les panthéons grec et égyptien qui n’est pas du goût de tout le monde, loin s’en faut.

 

Lasser se rend donc à Alexandrie pour entamer son enquête, au volant d’une superbe voiture – cadeau divin –, mais manque se planter sur la route du fait de la très séduisante Médée, « journaliste » grecque qui lui colle aux basques… et s’avère être en fait une concurrente au service de Zeus. Lasser, qui est également embauché par Seth dans le cadre de cette enquête afin d’établir son innocence – il est évidemment le premier suspect –, a donc fort à faire, pressé qu’il est de toutes parts. Heureusement pour lui, ce loser achevé ne manque pas d’amis prêts à lui venir en aide… d’autant qu’il s’agit de faire la nique aux Grecs.

 

Les amateurs d’Un privé sur le Nil seront probablement emballés par Mariage à l’égyptienne, qui en reproduit les principaux personnages et gimmicks. Et, oui, le fait est que tout cela est fort sympathique. À condition d’accepter de poser son cerveau un moment, on peut effectivement passer un bon moment devant ce divertissement honnête et sans prétention.

 

Pourtant, objectivement, ce n’est sans doute pas très bon. Si les bons points du premier volume ont été repris, les mauvais ont également fait le voyage : on retrouve donc à nouveau quelques soucis de cohérence, notamment, et le moins que l’on puisse dire est que l’enquête ne casse pas des briques (on peut même trouver l’intrigue, ou plus exactement sa résolution, totalement invraisemblable, ce qui est tout de même un tantinet gênant…). Tout cela est en effet un peu trop simple, voire simplet, pour pleinement convaincre. Et si les rebondissements abondent, le rythme du roman étant même frénétique – tout va très vite, et sans doute trop vite –, il s’en dégage néanmoins une regrettable impression de facilité, à tous les niveaux : Lasser, pourtant un loser, surmonte toutes ses épreuves les doigts dans le nez, et on a quand même un peu l’impression d’un roman en roue libre, peut-être un peu baclé…

 

Et c’est dommage. Parce qu’il y a sans doute ici matière à faire bien mieux, de quoi passer du simplement « sympathique » au réellement enthousiasmant, voire jubilatoire. L’univers, les personnages, les gimmicks, tout cela pourrait être exploité plus à fond, pour livrer davantage que ces enquêtes plutôt mal fichues, qui se lisent certes sans déplaisir, mais sans grand plaisir non plus.

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"Un anarchiste", de Joseph Conrad

Publié le par Nébal

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CONRAD (Joseph), Un anarchiste. Un conte désespéré, [An Anarchist. A Desperate Tale], traduction de l’anglais, notes et postface par Pierre-Julien Brunet, [s.l.], Fayard – Mille et Une Nuits, [1906, 1908] 2013, 61 p.

 

Je poursuis petit à petit ma découverte de l’œuvre de Joseph Conrad. Après Au cœur des ténèbres, Jeunesse et Le Duel, voici donc une intrigante nouvelle « française » parue initialement aux États-Unis en 1906, et trouvant son inspiration tant dans des faits réels que dans la littérature préexistante (voir la postface, éclairante, à ce sujet). Un texte longtemps considéré « mineur », semble-t-il, mais qui se révèle bien vite d’une richesse indéniable, d’une densité tout à fait remarquable.

 

Nous sommes sur une île au large de l’Amérique du Sud, appartenant à la compagnie (« multinationale », déjà ? c’est ce qu’on nous dit, en tout cas, et il est vrai qu’il y a de ça) B.O.S., qui fabrique de « l’extrait de viande ». Le narrateur – amateur de papillons – y fait la rencontre d’un singulier personnage, un mécanicien que le répugnant maître des lieux s’empresse de qualifier comme étant « un anarchiste de Barcelone ». Celui-ci a beau être de Paris, il répète sans cesse – à la manière d’un Bartleby, ai-je cru comprendre – « Je ne nie rien ».

 

Tant pis pour Barcelone. Mais, un anarchiste ? C’est à voir. Et le narrateur, se liant avec ledit personnage, aura de quoi réfléchir à ce sujet. En effet, celui qui porte ce stigmate d’infamie – et c’est là le cœur du problème – s’est semble-t-il contenté de brailler un « Vive l’anarchie ! » dans un café parigot quand il avait un coup de trop dans le nez… C’était, alors, amplement suffisant (Conrad écrit peu après la grande vague de terrorisme anarchiste en France, et sa répression – « lois scélérates », etc.). Ce cri séditieux lui vaut une condamnation, et de mauvaises fréquentations – les « anarchistes » ou prétendus tels, qui ne sont bien souvent que des canailles (voir la « reprise ») –, ce qui l’amène finalement à la Guyane : oui, notre « anarchiste » est un forçat évadé, de toute évidence. Et il va raconter son histoire « désespérée » au narrateur (la construction du récit est à cet égard remarquable).

 

Un anarchiste n’est pas vraiment un récit sur l’anarchisme ou sur sa répression, même si ces dimensions entrent en jeu. Ce qui intéresse avant tout Joseph Conrad ici, et le lecteur par la même occasion, c’est de s’interroger sur l’aliénation d’un individu, dans tous les sens du terme ; et, parallèlement, sur la notion de liberté. Le stigmate – l’étiquetage – ruine la vie de « l’anarchiste », qui, pour avoir un peu trop bu en une unique occasion, passe du statut de mécanicien bien intégré à la société de son temps à celui de paria, de voyou, puis de bagnard, avant de se retrouver esclave du propriétaire de l’île, par le seul jeu de l’étiquette qui lui colle définitivement à la peau. Ce « conte désespéré » est ainsi celui d’une descente aux enfers, ne laissant aucune échappatoire. C’est aussi, en même temps, une réflexion habile sur le sens des mots, sur leur pouvoir, et on peut probablement y voir une mise en abyme de la création littéraire.

 

En une quarantaine de pages, Conrad brasse ainsi une multitude de thèmes, sans que la nouvelle ne perde de son unité ou de sa cohérence pour autant. Le récit est d’une construction exemplaire, aussi poignant que perturbant, et d’une intelligence admirable. Conte philosophique mâtiné d’aventure exotique, tristement visionnaire et par là même toujours d’actualité, Un anarchiste ne m’a certes pas fait l’effet d’un texte « mineur » ; et si je n’irais pas jusqu’à crier au chef-d’œuvre, j’admire néanmoins la pertinence du propos comme l’adresse de l’écriture. Très intéressant.

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"Waylander II", de David Gemmell

Publié le par Nébal

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GEMMELL (David), Waylander II : Dans le royaume du loup, [Waylander II – In The Realm Of The Wolf], traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Alain Névant, Paris, Bragelonne – Milady, [1992, 2000, 2004] 2010, 443 p.

 

Ben voui. J’étais en Dordogne, j’avais fini les « Livres de sang » de Clive Barker, et je me suis dit : Dordogne = David Gemmell = BEUAAAAAAAAAAAAARH. Alors j’ai lu Waylander II : Dans le royaume du loup, suite de Waylander (ah bon ?), faisant partie, plus largement, du cycle « Drenaï ».

 

 

Par les couilles de Shemak (comme aime à jurer un des personnages du roman), quelle purge ! Certes, c’est du Gemmell, alors je ne m’attendais pas exactement à un chef-d’œuvre, mais j’espérais du moins une bourrinade divertissante (BEUAAAAAAAAAAAARH, quoi). Mais non. Non, là c’était vraiment pas possible. Je crois que c’est le pire Gemmell que j’ai lu (oui, je sais, je dis ça presque à chaque fois, mais, pour le coup…). Entendez par-là que ce roman absolument dénué d’originalité reproduit tous les défauts des précédents en les accentuant. Tout y passe, absolument tout.

 

Mais voyez plutôt. Nous sommes une dizaine d’années après Waylander. L’assassin devenu gentil, de son vrai nom Dakeyras, vit avec sa fille (adoptive) Miriel dans un trou perdu de Drenaï. Son épouse Danyal est morte cinq ans plus tôt, et il la pleure toujours, bouhouhou. Mais il va être contraint de sortir de sa réserve quand un contrat va être placé sur sa tête : la Guilde des assassins s’est vu confier pour mission d’abattre Waylander par un mystérieux commanditaire, et la prime est conséquente. Aussi, tout un tas de vilains se ruent sur les traces de notre héros et de sa fille ; seulement voilà, les deux savent ach’ment bien se battre (même si la petite est amenée à prendre des leçons d’un ex-gladiateur bourru), et massacrent tous ceux qui approchent… ou s’en font des alliés, tout compte fait, hop, comme ça, fastoche.

 

Mais la meilleure défense, c’est l’attaque, hein. Alors Waylander, Miriel et leurs petits amis sortent de leur trou perdu et, suite à un imbroglio politique pour le moins confus et riche en coïncidences qui tombent super bien, se retrouvent – comme d’hab’ – impliqués dans une trame plus complexe, qui les dépasse nécessairement, mais dans laquelle ils auront un sacré rôle à jouer, parce que bon. Et puis il faut bien des grosses scènes de bataille, après tout, sinon ça ne serait pas du Gemmell… Alors hop : de se rendre chez les Nadirs.

 

Tous les clichés sont là, du héros nécessairement vieillissant (y en a même deux, tant qu’à faire) à la conclusion forcément bâclée, en passant par les amitiés improbables, la philosophie de comptoir, les méchants très très méchants, les Trente, les « il n’était pas vraiment mort, en fait » et le siège intenable. Plus un peu de cul pour la forme.

 

Et le résultat est parfaitement navrant. David Gemmell, dans le cycle « Drenaï » tout du moins, écrit toujours la même chose, et là ça ne passe tout simplement pas, tant le caractère artificiel de l’intrigue saute aux yeux. Alors, non, pas de BEUAAAAAAAAAAAAAAARH : juste un mauvais roman, chiant comme la pluie, mal écrit, encore plus mal construit, absolument dénué du moindre intérêt. Faut vraiment que j’arrête de perdre mon temps avec ça, moi ; au début, c’était rigolo, mais là ça devient pénible…

 

Beuarh mon cul, tiens.

CITRIQ

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Black Mambo

Publié le par Nébal

 

 

Quand j'étais jeune et insouciant (j'étais à la fac, mais je ne sais plus en quelle année au juste), j'avais passé une annonce complètement débile pour tenter de monter un groupe (débile) plus ou moins dans la mouvance disco-punk. Un guitariste et une chanteuse avaient répondu (j'ai hélas oublié leurs noms...). L'expérience a vite pris l'eau, essentiellement par ma faute, et on a juste eu le temps d'enregistrer ça sur mon PC (le guitariste et votre serviteur).

 

Nostalgie...

 

Entre 17 et 25 ans en gros, j'avais aussi écrit pas mal de morceaux, dans des genres très variés, sur un tracker tout con. Je les ai toujours. S'il y en a parmi vous que ça intéresse (je n'y crois pas trop, mais bon...), je les chargerai peut-être un de ces jours.

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Quinze... non, TRENTE films de fantastique et/ou d'horreur qui éviscèrent ta meuf

Publié le par Nébal

Chose promise, chose due. Sauf que, quand j’ai commencé à élaborer cette liste, je me suis retrouvé confronté à une fâcheuse difficulté. C’est que fantastique et horreur ne sont pas synonymes, quand bien même ils se recoupent largement… Il est des films fantastiques qui ne sont pas des films d’horreur, et inversement. Une difficulté supplémentaire tient au caractère « flou » de la notion de fantastique, l’ambiguïté en étant souvent caractéristique. D’où ce choix, finalement, de livrer deux listes de quinze films : la première comprend des films où l’élément fantastique (voire SF, mais je n’ai pas repris les films de ce genre que j’avais déjà cités dans mon précédent article) est prédominant ; la seconde se consacre aux films d’horreur non fantastiques (et là c’est la distinction avec le thriller qui peut poser problème, parfois…). Du coup, ces deux listes sont passablement arbitraires (enfin, plus que prévu, quoi). Mais bon. Hop.

 

On commence par les films fantastiques à proprement parler.

 

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Les Autres, d’Alejandro Amenabar

On pense très fort au Tour d’écrou dans ce très beau film d’Alejandro Amenabar, à la photographie somptueuse. Et Nicole Kidman y est tout simplement exceptionnelle. Un magnifique film fantastique « à l’ancienne », par certains côtés, doté d’une très chouette ambiance. Quant au scénario, il est remarquablement bien ficelé (oui, je me suis fait avoir, je plaide coupable). Irréprochable.

 

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Candyman, de Bernard Rose

J’adore cette adaptation de Clive Barker (voyez ici), qui figure probablement parmi les premiers films d’horreur que j’ai vus (et m’avait alors passablement traumatisé). Bien réalisé, correctement interprété, mais surtout magnifiquement écrit et nettement plus subtil qu’il n’y paraît (et accessoirement accompagné d’une très chouette partition de Philip Glass), Candyman reste à mes yeux un film culte.

 

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Dark Water, de Hideo Nakata

Si je ne devais en retenir qu’un seul, ce serait probablement celui-ci. Le chef-d’œuvre de Hideo Nakata, qui brode à partir d’une nouvelle très anodine de Koji Suzuki un film très personnel, film d’auteur assurément, mais non moins flippant pour autant. Excellente bande originale de Kenji Kawai (forcément) pour ce film aussi émouvant qu’effrayant. Un chef-d’œuvre.

 

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The Descent, de Neil Marshall

Probablement le meilleur survival fantastique de ces dernières années, The Descent est un film finalement assez original et en tout cas très fort. L’ambiance est remarquable (les claustrophobes apprécieront), et le film moins couillon qu’il n’y paraît. Une sacrée réussite.

 

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Dracula, de Francis Ford Coppola

On pourrait dire bien du mal du film de Coppola, critiquer par exemple sa mégalomanie, la romance un peu niaise, la lourde parabole sur le sida… Mais je m’en fous : ce film, c’est le sommet de l’imagerie gothique. Chaque plan est d’une beauté plastique incomparable, Gary Oldman est excellent, la bande originale de Wojceh Kilar marque durablement… Un film que j’ai vu et revu des dizaines de fois, jusqu’à l’overdose à vrai dire (et le doubler intégralement avec des potes était une très mauvaise idée…).

 

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L’Exorciste, de William Friedkin

« Le film le plus terrifiant de tous les temps » ? Certainement pas. Mais un vrai jalon dans l’histoire du cinéma fantastique, qui a rarement connu un tel succès, à tous points de vue. Le film de Friedkin a sans doute un peu vieilli, mais il reste encore aujourd’hui très fort, très efficace.

 

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Fog, de John Carpenter

Un de mes Carpenter préférés… même si j’ai pu constater qu’il ne faisait pas le même effet sur tout le monde, quelques amis à moi y ayant vu un gros nanar. Mais moi, j’adore. Superbe ambiance, exellente musique, un film que je trouve très efficace et que je ne me lasse pas de revoir.

 

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Kwaïdan, de Masaki Kobayashi

J’en cause en détail ici.

 

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La Maison du diable, de Robert Wise

On préfèrera le titre original, The Haunting. Fantastique ou pas ? Eh eh… c’est ambigu, justement. Mais c’est bel et bien un chef-d’œuvre, très moderne dans son approche. Le film de maison hantée par excellence, indémodable.

 

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Le Masque du démon, de Mario Bava

J’en cause en détail ici.

 

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La Nuit des morts-vivants, de George A. Romero

J’en cause en détail ici.

 

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Ring, de Hideo Nakata

Un des très rares films d’horreur à m’avoir fait cauchemarder… et aucun autre n’a été aussi traumatisant pour moi, à vrai dire. Cette adaptation de Koji Suzuki n’est pas parfaite, elle a un fort côté « série B », mais je la trouve d’une efficacité incomparable. Chef-d’œuvre de la J-Horror, pour le meilleur et pour le pire, Ring comprend nombre de séquences extrêmement fortes. Et la musique de Kenji Kawai est délicieusement brrrrrrrrrrrrrrr…

 

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Rosemary’s Baby, de Roman Polanski

Ambigu, là encore, mais tellement bon… Superbe adaptation du roman d’Ira Levin, sommet du fantastique psychologique, magnifiquement interprété et réalisé, un des plus grands chefs-d’œuvre de Roman Polanski.

 

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Shining, de Stanley Kubrick

Kubrick. Alors forcément… Peu m’importe que Stephen King n’ait pas reconnu son roman dans cette adaptation : c’est un film génial, évidemment d’une beauté plastique exceptionnelle, et très efficace. Mention spéciale pour l’interprétation de Jack Nicholson, qui cabotine comme un taré, mais c’est ça qu’est bon.

 

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Zombie, de George A. Romero

Dawn Of The Dead… Quand je l’ai vu pour la première fois, j’étais jeune et ignorant, et m’attendais à un petit nanar (jetez-moi des cailloux dessus) ; mais j’ai très vite compris (la superbe introduction y étant pour beaucoup) que j’étais complètement à côté de la plaque. Chef-d’œuvre du film de zombie, dont il constitue sans doute le type-idéal, Zombie est un film brillant, intelligent (même si Romero ne présente pas exactement son message politique et social avec le dos de la cuillère, mais plutôt à la faucille et au marteau), qui n’a jamais été égalé.

 

Passons maintenant aux films d’horreur non fantastiques

 

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Black Christmas, de Bob Clark

Le premier véritable slasher… et, à mon sens, c’est encore aujourd’hui le meilleur. Halloween (voir plus bas) en est un pompage intégral. Mais ce qui est fabuleux, dans le film de Bob Clark, c’est qu’on a l’impression qu’il pulvérise les codes en même temps qu’il les instaure… Un film qui gagnerait à être beaucoup plus connu.

 

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Calvaire, de Fabrice du Welz

Le premier long-métrage du belge Fabrice du Welz est probablement le meilleur survival non fantastique de ces dernières années. Remarquablement réalisé, il bénéficie en outre de l’interprétation extraordinaire de Jackie Berroyer, qu’on n’attendait pas vraiment dans ce genre de film. J’aime vraiment beaucoup.

 

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Cannibal Holocaust, de Ruggero Deodato

Le film de cannibale ultime, et probablement le seul qui présente un intérêt, à vrai dire ; c’est que, derrière la provocation mondo, les séquences de snuff animalier, etc., le film de Ruggero Deodato porte en lui une vraie réflexion, et se montre très astucieux. Et puis, bien sûr, c’est un film qui m’a mis remarquablement mal à l’aise… Et j’adore la musique à contre-emploi.

 

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Les Dents de la mer, de Steven Spielberg

Ce film, qu’on présente souvent comme le premier blockbuster de l’histoire du cinéma, reste inégalé dans son genre. Authentiquement flippant, et même étrangement gore pour un film au tel succès populaire, c’est à coup sûr un des meilleurs films de Steven Spielberg, et il n’a pas pris une ride.

 

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La Dernière Maison sur la gauche, de Wes Craven

Wes Craven m’a toujours fait l’effet d’un réalisateur surestimé, mais j’aime beaucoup ses premiers films. J’ai hésité avec La Colline a des yeux, mais c’est finalement La Dernière Maison sur la gauche qui a intégré cette liste ; parce que ce film emblématique du rape and revenge est incroyablement malsain, et m’a mis terriblement mal à l’aise. Aussi peut-on fermer les yeux sur les nombreux défauts du film (techniques ou scénaristiques) : malgré tout, il fait indéniablement son effet.

 

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Duel, de Steven Spielberg

Le premier film de Steven Spielberg (un téléfilm à l’origine), et probablement toujours son meilleur. Pitch diabolique (merci monsieur Matheson), dont on se demande bien comment il est possible de faire un film entier avec ; mais Spielberg y parvient avec brio. Indispensable.

 

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Freaks, de Tod Browning

Oui, je sais, Freaks n’est sans doute pas à proprement parler un film d’horreur – sauf à la fin, bien sûr –, mais il use de ses codes avec maestria. Là encore, le film, dans son principe même, a de quoi mettre mal à l’aise. Pourtant, il sait adroitement éviter les écueils du pathos comme du voyeurisme, ou plus exactement l’excès dans ces deux risques. Très fort.

 

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Halloween, de John Carpenter

Un pompage, donc (voir plus haut), mais c’est quand même le slasher de référence. Un des meilleurs Carpenter, avec tous les atouts dont il est capable. Et un des méchants les plus énigmatiques du cinéma de genre (d’ailleurs, son côté « intuable » lorgne vers le fantastique, mais il m’a quand même semblé plus approprié de le mettre dans cette seconde liste).

 

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Martin, de George A. Romero

La plus intelligente des variations sur le vampire. Le film de Romero, injustement méconnu, est beau et fort à bien des égards. Pour ma part, j’adore, et je ne m’en lasse pas.

 

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Massacre à la tronçonneuse, de Tobe Hooper

J’ai mis beaucoup de temps avant d’apprécier Massacre à la tronçonneuse. Au premier visionnage (sur une bande pourrie…), j’ai même été sacrément déçu, d’autant que je m’attendais à de l’ultra-violence, alors qu’en fait non pas du tout. Mais, aujourd’hui, je reconnais pleinement les qualités de ce film séminal ; Tobe Hooper n’a jamais, par la suite, atteint ne serait-ce que la cheville de ce coup d’essai, coup de maître (sauf peut-être avec le rigolo Crocodile de la mort).

 

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May, de Lucky McKee

Un premier long-métrage époustouflant, et une preuve supplémentaire qu’un film de genre peut parfaitement être un film d’auteur. La réalisation est irréprochable, et l’interprétation bluffante. Parmi les meilleures surprises du cinéma d’horreur récent.

 

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Misery, de Rob Reiner

Pas sûr que ce soit un film d’horreur – on parlerait sans doute plus justement de thriller –, mais je ne me sentais pas de faire cette liste sans y inclure ce petit bijou d’adaptation de Stephen King. Intelligent, angoissant comme c’est pas permis, le film de Rob Reiner bénéficie en outre d’une excellente interprétation, Kathy Bates en tête.

 

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Psychose, d’Alfred Hitchcock

Là encore, c’est sans doute plus un thriller qu’un film d’horreur à proprement parler, même si Hitch en use des codes, notamment par le choix du noir et blanc et des décors. Mais il me paraissait indispensable de le faire figurer ici, tant ce film est de toute évidence l’ancêtre du giallo comme du slasher. Un chef-d’œuvre, bien sûr ; et mention spéciale à l’époustouflante musique de Bernard Herrmann.

 

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Saw, de James Wan

Eh oui, Saw. Je ne parle que du premier, hein, pas des guignolades qui ont suivi… Mais celui-ci m’avait vraiment plu, à sa sortie. Je l’avais trouvé assez original, et avais beaucoup apprécié son sadisme. Une série B de qualité, inventive et astucieuse. Probablement pas un chef-d’œuvre, mais il me semblait néanmoins avoir sa place ici.

 

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Les Yeux sans visage, de Georges Franju

Est-ce un film d’horreur ? Il y a un peu de ça, tout de même (pour l’époque, c’est même étrangement teinté de gore)… Très beau, en tout cas. Un film qui marque durablement. Et pourtant, il est français… dingue, ça…

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