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"Pourquoi je ne suis pas chrétien", de Bertrand Russell

Publié le par Nébal

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RUSSELL (Bertrand), Pourquoi je ne suis pas chrétien et autres textes, [Why I Am Not A Christian, And Other Essays On Religion And Related Subjects], traduit de l’anglais par Guy Le Clech, préface de Normand Baillargeon, postface de Paul Edwards, Montréal, Pauvert – Lux, coll. Instinct de liberté, [1957, 1964] 2011, 199 p.

 

Il y a quelque temps de cela, tandis que je furetais dans le salon L’Autre Livre, j’ai été notamment attiré par le stand de l’éditeur québécois d’obédience anarchiste/libertaire Lux, dont la production me semblait parfois fort intéressante. Je me suis donc livré à quelques emplettes, dont cet éloquent Pourquoi je ne suis pas chrétien du philosophe et mathématicien Bertrand Russell. Je dois confesser une fois de plus que mes connaissances en matière de philosophie contemporaine sont pour le moins limitées, aussi ne savais-je somme toute pas grand-chose du bonhomme, même si j’en avais bien évidemment entendu parler et le savais humaniste et libre-penseur. Raison suffisante, sans doute, pour vouloir en apprendre davantage, d’autant que le thème m’intéressait tout particulièrement.

 

Je suis en effet à la recherche, depuis pas mal de temps maintenant, de l’ouvrage à même de consolider mes convictions pour l’heure faiblement étayées en matière de religion. Aussi peut-il être utile, chers lecteurs, de vous toucher deux mots à ce sujet (eh : c’est mon blog, après tout…). S’il est deux penseurs qui sont déterminants à mes yeux en la matière, ce sont à n’en pas douter Protagoras et Lucrèce (oui, ça remonte un peu…). C’est pourquoi – et la question est abordée dans la préface de cet ouvrage – je préfère me qualifier d’agnostique plutôt que d’athée. Il me semble en effet – j’ai conscience que cet argument est employé à tort et à travers par des fondamentalistes religieux, mais cela ne l’invalide pas pour autant à mon sens – que l’athéisme est lui aussi une foi, par nature indémontrable (même si, ce qui nous ramène immédiatement à Bertrand Russell, ce n’est probablement pas à l’athée d’avancer des preuves en faveur de la non-existence de Dieu, mais au religieux d’en apporter quant à Son existence : c’est l’argument célèbre, mais très brièvement évoqué ici, de la « théière cosmique »). J’accepterais volontiers, cependant, le qualificatif d’athée : le fait est que je ne crois en aucun dieu ; mais il me semble que c’est en ayant conscience du caractère de conviction de ce postulat. Je préfère donc le qualificatif d’agnostique, qui (et Russell semble l’admettre lui-même dans un extrait en préface) me semble plus porteur sur le plan philosophique. Disons donc que je suis un agnostique tendant vers l’athéisme ; je puis être plus précis sur certains points : si je ne me sens pas en mesure de nier frontalement l’existence de Dieu (trop de choses m’en empêchent, pour citer Protagoras), je nie par contre la nécessité du culte qui doit lui être rendu, de même que je nie sa bonté supposée, ou encore la Providence (et il me semble possible, ici, de déployer un argumentaire en ce sens ; mais ce n’est probablement pas le lieu de le faire).

 

Et je suis donc en quête d’un ouvrage qui saurait étayer, voire affirmer mes convictions, ou au contraire les bouleverser. J’ai pas mal lu en la matière (surtout des classiques, cela dit), sans rencontrer encore cet ouvrage. Et j’ai eu, hélas, notamment dans le microcosme de la science-fiction, l’occasion de lire bien des bêtises sur ce sujet, les intégristes de l’athéisme me semblant potentiellement aussi néfastes que ceux des (autres) religions. Alors c’est parfois amusant – après tout, je suis un grand admirateur de Sade, dont l’athéisme militant était particulièrement blasphématoire, et donc puéril –, mais le plus souvent guère constructif, le « débat » (aha) se limitant vite à des invectives lancées de part et d’autre, et à une fâcheuse tendance à ne prêcher que pour sa chapelle, si j’ose dire. J’espérais trouver auprès de Bertrand Russell les fondements d’une libre pensée, au moins agnostique, et tant qu’à faire athée, un peu plus solide que cela ; autant le dire de suite, ce ne fut pas le cas, et ma quête semble donc devoir se poursuivre…

 

Ce tout petit ouvrage, outre la préface de Normand Baillargeon et la longue postface de Paul Edwards (édifiante, sur une polémique suscitée par la nomination de Russell à un poste de professeur à New York : les attendus du jugement rendu en sa défaveur sont tout simplement hallucinants…), contient trois brefs textes, très faciles d’accès – cela relève largement, et dans un sens je le regrette un peu, de la vulgarisation : « Pourquoi je ne suis pas chrétien », « La Religion a-t-elle contribué à la civilisation ? » et « Ce que je crois ».

 

Il s’en dégage un tableau de la pensée de Russell en matière de religion et sujets connexes, ce qui n’exclut pas quelques redites. Il ne me semble pas utile, dans le cadre de ce compte rendu, de reprendre point par point ces trois articles. On peut toutefois en relever quelques traits particulièrement saillants. Notons tout d’abord, même si c’est une évidence, que le titre générique ne doit pas nous tromper : si le discours de Russell s’appuie essentiellement sur le christianisme, sa critique est bel et bien valable pour toutes les religions (parmi lesquelles il fait d’ailleurs figurer le communisme…). En réfutant, avec une aisance remarquable, les arguments traditionnellement avancés en faveur de l’existence de Dieu et de la nécessité de la religion, le philosophe tient bien un discours à portée générale, dépassant le seul champ du christianisme. Il se montre moins convaincant sur d’autres points (il tend ainsi à user lui aussi de cette vieille scie, qui m’a toujours paru inefficace et douteuse, de la remise en cause de l’existence historique du Christ), mais son discours n’en est pas moins à l’occasion fort pertinent : sa diatribe contre l’enfer dans l’enseignement des évangiles vaut le détour.

 

Et c’est bien sur le plan éthique qu’il se montre le plus séduisant ; sa critique de la religion, sous cet angle, me paraît parfois excessive (notamment dans le deuxième texte, qui résume les apports positifs de la religion au calendrier, en somme ; une blague n’est pas un argument, et il me semble que la religion, si elle a traîné avec elle son cortège d’horreurs, a pu aussi générer le sublime) ; mais il devient plus intéressant quand il expose ce qui constitue en fin de compte sa « religion » (le terme a fait un peu grincer des dents, mais c’est bien de cela qu’il s’agit ; le préfacier préfère cependant, avec d’autres, le terme de « piété » ; pour ma part, « religiosité » ne me paraîtrait pas forcément inapproprié, mais je rejette avec Normand Baillargeon « spiritualité »). Il expose alors une éthique humaniste, dans tous les sens du terme, fondée sur l’amour et le savoir (les deux ensemble, l’un sans l’autre pouvant conduire au pire). Si sa croyance n’est pas exempte à l’occasion d’un certain scientisme qui m’empêche d’y adhérer pleinement, le fait est que Bertrand Russell a ici des choses fort intéressantes à dire, notamment, par exemple, en ce qui concerne la sexualité ou encore l’éducation.

 

L’ouvrage est donc pertinent, oui, et parfois intéressant. À l’heure du retour en force du religieux sous sa forme la plus répugnante, il pourrait même, abstraitement, être considéré comme salutaire… s’il n’avait ce fâcheux défaut évoqué plus haut, consistant à ne prêcher que des convaincus. Pourquoi je ne suis pas chrétien n’a en rien modifié mes opinions sur la question religieuse, et je suis à peu près certain qu’aucun croyant, de quelque obédience qu’il se revendique, n’y trouvera véritablement de quoi remettre en cause sa foi.

 

Je ne regrette donc pas ma lecture, mais ne peux m’empêcher de trouver ce petit ouvrage un peu vain, finalement. Et je dois donc poursuivre ma quête…

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"Mais qui a tué Harry ?", de Jack Trevor Story

Publié le par Nébal

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STORY (Jack Trevor), Mais qui a tué Harry ?, [The Trouble With Harry], traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Rossi, Paris, Cambourakis, [2012] 2013, 156 p.

 

Au milieu de mes lectures baxtériennes, j’ai voulu m’accorder une petite pause – et ainsi renouer avec ce blog délaissé, je vous prie encore une fois de bien vouloir m’en excuser –, le temps de cette délicieuse friandise qu’est Mais qui a tué Harry ? de Jack Trevor Story (le livre date de 1949, la traduction de 1956). Un bouquin très court, mais sacrément réjouissant, je vais d’ores et déjà briser le suspense, si j’ose dire. En effet, on pouvait se douter que ça serait bien, à en juger par la fameuse adaptation qu’en fit naguère Alfred Hitchcock himself ; un film qui détonne un peu dans la carrière de Hitch, et n’a semble-t-il pas remporté un grand succès sur le moment, mais qui n’en est pas moins une sacrée réussite, sur tous les plans. Même si ça fait un bail que je ne l’ai pas vu, j’en garde un excellent souvenir. Aussi, quand, il y a quelque temps de cela – mais pas tant que ça non plus –, j’ai croisé cette récente parution de Cambourakis dans une de mes librairies de prédilection, ni une, ni deux, hop, j’ai pris et, à terme, j’ai lu.

 

Nous sommes en Angleterre, dans le charmant et bucolique trou paumé à base de bungalows qu’est Sparrowswick (au passage, je me souviens encore des merveilleux décors sylvestres du film, qui ont sans surprise imprégné ma lecture…). Un endroit idéal pour tirer le lapin, flâner en chantonnant, ou encore partir à la chasse aux papillons, et probablement prendre le thé chez la voisine sur le coup de cinq heures. Mais voilà : il y a Harry, et Harry pose problème.

 

Le problème, c’est qu’il est mort.

 

Le Capitaine, qui jouait du fusil dans les environs, craint l’accident de chasse, et est bien embarrassé (on le serait à moins). Il l’est d’autant plus que toute la petite communauté semble s’être donné rendez-vous là où est étendu le cadavre d’Harry. Mais, étrangement, cela ne semble pas rajouter tant que ça au problème… Les gens – couple adultère, mari jaloux, digne vieille dame, gamin terrible, jeune mère, artiste en vadrouille, vagabond de passage, obsédé du papillon… – passent, voient le macchabée ou tombent littéralement dessus, mais n’y prêtent pas plus attention que ça, semble-t-il. Voire se félicitent de ce que Harry soit mort.

 

Mais il n’est pas encore enterré.

 

L’enterrer. Voilà qui pourrait être une bonne idée, pense le Capitaine. Mais peut-être pas tant que ça… D’autant qu’il est bien possible que la mort de Harry ne soit pas le résultat d’une de ses balles perdues. C’est que la charmante communauté so british a son lot de secrets, qui seront révélés en leur temps, du simple fait de l’horizontalité de Harry…

 

Et c’est ainsi tout un petit monde qui passe et repasse auprès du cadavre, l’enterre, le déterre, l’enterre à nouveau, l’exhume au cas où, se demande si, mais peut-être que non, et…

 

Bref. Harry pose problème.

 

Sur ce postulat délicieusement simple, Jack Trevor Story brode un court roman littéralement à mourir de rire (pardon). Mais qui a tué Harry ? est en effet un petit bijou de vaudeville fleurant bon l’humour noir et l’absurde, avec un peu de grivoiserie en prime, enchaînant sans faillir gags qui ont de quoi laisser pantois et bons mots qui mériteraient tous la citation. Un vrai régal, entre comédie policière et comédie de mœurs, où chaque page recèle de quoi éclater de rire. Les personnages, tous plus merveilleusement campés et flegmatiques les uns que les autres, s’attirent inévitablement la sympathie du lecteur, qui sourit jusqu’aux oreilles de la première à la dernière page, quand il ne succombe pas à l’hilarité pure et simple, irrépressible et salutaire.

 

Illustration éloquente de la possibilité de rire de tout, même de la mort, en passant par les petits travers et les mesquineries de nos semblables, Mais qui a tué Harry ? est un vrai bonheur, dont je recommande chaudement la lecture à tous, que vous ayez vu ou pas le film d’Hitchcock (que je vous recommande aussi, cela dit) ; peu importe en effet de connaître déjà l’histoire, la plume (bien servie par la traduction de Jean-Baptiste Rossi, plus connu sous le nom de Sébastien Japrisot), l’astuce et – bien entendu – l’humour de Jack Trevor Story font mouche à coup sûr.

 

Allez, je retourne auprès de Stephen Baxter. Mais cette petite pause m’a fait un bien fou : pile poil ce qu’il me fallait.

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"Mordre le bouclier", de Justine Niogret

Publié le par Nébal

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NIOGRET (Justine), Mordre le bouclier, postface de Jean-Philippe Jaworski, Saint Laurent d’Oingt, Mnémos, coll. Icares, 2011, 221 p.

 

L’expérience  Chien du heaume ayant été dans l’ensemble largement satisfaisante, je ne pouvais pas faire l’impasse sur sa suite, Mordre le bouclier (d’autant que je suis censé causer bientôt de Gueule de Truie et que je voulais au préalable approfondir ma connaissance de l’œuvre de Justine Niogret). Ce n’est pourtant pas sans une légère appréhension que j’ai abordé ce second tome, dans la mesure où les quelques échos que j’avais pu en avoir étaient assez généralement négatifs ; peut-être pas au point d’en faire un mauvais bouquin, non, mais l’idée dominante était celle d’une nette baisse de qualité entre les deux tomes, voire, pour employer un abominable vocabulaire rugbystique, d’un essai pas transformé, en somme. Mais bon : comme d’hab’, j’ai voulu me forger ma propre opinion. Je n’ai donc peut-être pas lu Mordre le bouclier sans quelques préventions, mais j’ai essayé de m’en dégager autant que possible. Sans peut-être y parvenir totalement, mais vous verrez par vous-mêmes.

 

Nous sommes quelques mois après la fin des événements rapportés dans    Chien du heaume. Sauf que ça ne va pas sans poser un petit problème temporel. En effet, rappelez-vous (ou pas), la quatrième de couverture (…) de ce premier roman, plus il est vrai que le roman en lui-même mais ça paraissait coller, en situait l’action durant le haut Moyen-Âge ; or, ici, nous disposons d’un repère temporel (relativement) précis : nous sommes après une croisade, et probablement la première (encore que son déroulement puisse paraître différent de ce qui s’est produit dans notre univers, puisque c’est l’idée de l’échec qui domine). Ce qui fait tout de même une sacrée différence (et ce, même si la thématique du passage d’un monde païen à un monde chrétien reste très présente dans Mordre le bouclier, mais d’une manière moins frontale que dans Chien du heaume). Que faut-il en déduire ? Que la quatrième de couverture du premier tome racontait des bêtises (ça serait pas une première, notamment chez Mnémos) ? Que Justine Niogret s’en fout un peu (pas impossible, son Moyen-Âge ayant quelque chose de fondamentalement abstrait, de toute façon, et l’anachronisme, ou si l’on préfère l’achronisme – pardon – ne semblant pas la rebuter) ? Point ne le sais. Mais j’avoue que ça m’a un peu perturbé. Bon. Tant pis.

 

Conservons donc le seul repère temporel qui ne laisse aucun doute, celui faisant le lien entre les deux histoires : nous sommes donc (re) quelques mois après Chien du heaume. Chien, qui n’a pu mener sa quête à bien, est dans un sale état, dans la mesure où elle s’est bousillé les doigts lors de son retour épique au castel de broe (ce qui n’est pas très cool pour une mercenaire jouant de la hache). Le forgeron Regehir essaye tant bien que mal de réparer les choses à l’aide d’une griffe de fer, mais on ne peut pas dire que la joie règne dans la demeure de Bruec. Notre héroïne sombre un peu dans la dépression. Aussi la guerrière Bréhyr va-t-elle essayer de rebooster Chien en lui offrant l’opportunité (un peu tardive…) de découvrir enfin son « véritable » nom. Ce qui, disons-le tout de suite, sera très vite expédié (un peu trop facilement, sans doute, après les atermoiements du premier tome, mais il faut dire que ce second volume s’étend sur une période autrement resserrée et bon, admettons). En échange – parce que rien n’est tout à fait gratuit, faut pas déconner, non plus –, elle engage Chien dans sa longue quête de vengeance, qui touche presque à son terme : ne reste plus à buter qu’un seul enfant de putain, un porte-étendard retour de la croisade (donc).

 

Et c’est ainsi que nos deux guerrières, plutôt que de courir le pays dans tous les sens, s’en vont (tout simplement) attendre le petit salopiaud dans une forteresse en ruine, genre il est obligé de passer par-là. Elles rencontreront en chemin un étrange duo de combattants, le chevalier et ex-croisé avec une jambe en moins Saint Roses, et l’arbalétrière qu’on appelle la Petite (ou la Garce), ce qui fait beaucoup de femmes en armes, tout de même (Justine Niogret fucke la parité, mais pas comme à l’UMP).

 

Et en attendant (donc), nos quatre héros papotent.

 

Beaucoup.

 

Trop.

 

Ça philosophaille dur, et ça s’interroge avec plus ou moins de bonheur sur le sens de la vie (alors que la réponse est toute simple : c’est par-là) (pardon).

 

Bon.

 

Si les préventions évoquées plus haut et cette petite présentation ne vous rebutent pas, et que vous avez donc envie de vous faire le livre, tout va bien : vous pourrez en lire une analyse très pertinente dans la postface (et non « préface », damnée quatrième de couverture) de Jean-Philippe Jaworski, qui a quand même la classe, et vous explique tout très bien comme il faut. Je ne saurais prétendre faire mieux, ouh-là non, et ne pense de toute façon pas que ce soit mon rôle que d’analyser ici Mordre le bouclier. Ça tombe bien, je vais ainsi éviter de vous livrer de fâcheuses révélations.

 

Parlons donc simplement, au risque de faire jaser les cons, de pur ressenti, de plaisir de lecture. Et là, le constat est sans appel : ça reste bien voire très bien écrit, Mordre le bouclier (même si, une fois de plus, une couche supplémentaire de relecture n’aurait pas été de trop, histoire de décoquiller la chose et de sabrer dans les répétitions – je ne compte pas les « enfançons » et autre variantes sur le même terme, notamment au début du roman, pour m’en tenir à un unique exemple). Sur la forme, donc, pas grand-chose à redire.

 

Sur le fond, finalement, ça va aussi : ce n’est pas bête, non (même si bon, le sens de la vie, hein, bon), et si on a un peu l’impression, à l’occasion, d’un auteur qui expédie les choses laissées en plan dans le surprimé premier tome (outre l’épisode du nom sus-mentionné, la conclusion est à cet égard éloquente), il reste néanmoins amplement de quoi faire frétiller le neurone (ou les neurones, pour ceux qui ont de la chance).

 

N’empêche que je me suis pas mal emmerdé, moi. Parce que ça tchatche, ça tchatche, et ça n’en finit pas ; le roman est court, certes, mais il fait dans la lecture dilatée. Amateurs d’action frénétique, passez votre chemin, ce roman n’est de toute évidence pas pour vous. Amateurs de fantasy échevelée, vous pouvez également faire l’impasse, la surnature brille peut-être encore plus par son absence que dans Chien du heaume (hors substrat mythologique, voyez Jaworski). Les autres, j’espère que vous aimez les longs monologues ; sinon, ouste.

 

Reste quoi ? Ben, un roman bizarre, au cadre plus abstrait tu meurs ; un roman de l’attente, peut-être, variation niogrétique sur Le Rivage des Syrtes ou Le Désert des Tartares (mais du coup, à la comparaison…) : En attendant le salopard avec son étendard. Pourquoi pas, hein ? Sauf que les personnages de Mordre le bouclier ont l’ennui communicatif, et leur manque de motivation (notamment celui de Chien, qui a ici un rôle autrement secondaire que dans le premier volume) déteint sur le lecteur. Qui baille régulièrement. Et qui, au final, a quand même un peu l’impression de s’être fait avoir. Doublement : versant positif (ou ce qui en tient lieu), il admirera in fine, grâce au sieur Jaworski notamment, l’habileté du propos ; versant négatif, il pourra quand même trouver que bon, tout ça pour ça, hein, bon.

 

À la toute fin du bouquin, Justine Niogret confie qu’elle espère avoir livré « un bon peigne ». Je ne remets pas en cause sa sincérité (même si…). Hélas, j’ai l’impression qu’elle a un peu foiré son coup. On m’avait prévenu, hein (ce qui a peut-être déteint sur mon appréciation, je ne le nie pas) ; mais effectivement, ce Mordre le bouclier ne me paraît vraiment pas à la hauteur de Chien du heaume. Et me laisse au final un arrière-goût désagréable en bouche, celui d’un livre publié (écrit ?) trop vite, peut-être ; ambitieux à sa manière, mais raté ; et en définitive profondément anecdotique.

 

Bon, allez, je passe à Gueule de Truie (on change de registre, a priori).

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"Lionel J. et les PD du cul", de David Snug

Publié le par Nébal

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SNUG (David), Lionel J. Et les PD du cul, [s.l.], Marwanny Comix, 2013, [n.p.]

 

Bon, aujourd’hui, on va faire bref, avec cette succulente friandise (de bon goût), qui était juste ce qu’il me fallait pour me changer un peu les idées (encore une fois désolé pour la raréfaction des articles sur ce blog mais voilà : boulot, boulot…).

 

Lionel J. et les PD du cul. Je ne pouvais pas décemment passer à côté d’un titre pareil, vous le comprendrez aisément. D’autant que ça me rappelait des souvenirs de fanzineux (nostalgie…). Et accessoirement, bien que ça n’ait rien à voir a priori avec Les Requins Marteaux, le titre comme le graphisme ont également rappelé à mon bon souvenir quelques barres de rire choppées à la lecture de Ferraille.

 

Nous avons donc un chat, qui parle, a des fringues, et a la flemme d’aller à l’école. Bon. Jusqu’ici, tout va bien. Sauf qu’il tombe sur Lionel Jospin (ou plutôt, c’est Lionel Jospin qui tombe sur lui). Et Lionel Jospin, c’est quand même la classe incarnée. Même si c’est un gros loser qui s’est retiré de la vie politique après s’être pris sa méga-branlée et vivote désormais dans une grotte où il bouffe des cadavres de chauves-souris. Aussi a-t-il un peu peur qu’on se foute de sa gueule en ville, même si c’est la classe incarnée. Il n’accepte donc de sortir de la forêt en compagnie du chat qu’affublé d’un sac sur la tête, à la Elephant Man (ou Bob le Moche).

 

Las, nos deux héros rencontrent bien vite des RACAILLES. De minables petits crétins de sous-peura fumeurs de oinj’. Des JEUNES. Des DÉLINQUANTS. Qui se mettent en tête que le type avec le sac sur la tronche doit être une star, et probablement Snoop Doggy Dog (ou alors Cypress Hill, mais non c’est pas possible d’abord).

 

Et c’est ainsi, après quelques tours et détours, qu’on en arrivera à la formation du groupe de hip-hop Lionel J. et les PD du cul, du genre à clasher sévère Booba, Rohff, La Fouine ou encore Morsay et autres génies de la rime riche.

 

Diantre.

 

Bon, on va pas s’étendre sur le sujet, hein (d’autant que ça se lit très vite). Pour faire simple : c’est à crever de rire. Aussi stupide et absurde qu’hilarant. Lionel Jospin, faut dire, c’est quand même la classe incarnée (mais ça, je crois que je l’ai déjà dit), et ça fait bien plaisir de le revoir. Et les hip-hopeux sont pas mal dans leur genre, aussi. Du coup, cette courte BD enchaîne répliques délicieuses et rebondissements grotesques, jusqu’à un final épique.

 

Et puis il y a le dessin. Franchement très chouette, ai-je trouvé. Rien de révolutionnaire, on est bien dans la lignée de Ferraille et compagnie, donc, mais vraiment très chouette ; d’autant que le graphisme est bien mis en valeur par la mise en page très aérée et « grand format », et par des couleurs splendides (si).

 

Alors voilà. On n’en fera pas la plus grande BD de tous les temps, hein. Mais peu importe : à la lecture de Lionel J. et les PD du cul, je me suis marré comme c’est pas permis (enfin, si, ça l’est, et ça devrait arriver plus souvent, même que). Et bordel, ça fait du bien. Du coup, je vais peut-être surveiller plus attentivement les publications de Marwanny Comix en général et de David Snug en particulier (je plaide coupable, je ne connaissais ni l’un ni l’autre).

 

Parce que c’est la classe.

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"La Voie du fantôme", de Tony Hillerman

Publié le par Nébal

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HILLERMAN (Tony), La Voie du fantôme, [The Ghostway], traduction [de l’américain] de Danièle et Pierre Bondil, Paris, Rivages, coll. Noir, [1984, 1987] 1990, 252 p.

 

Et hop, un polar navajo de Tony Hillerman de plus. Dans La Voie du fantôme (titre évoquant, comme souvent, un rite guérisseur), nous retrouvons avec plaisir le jeune Jim Chee, plus que jamais partagé entre le monde des Blancs et celui du Peuple : doit-il intégrer le FBI, comme le lui « suggère » fortement sa compagne Mary Landon ? ou bien doit-il continuer d’apprendre les rites navajos pour devenir un yataalii, et éviter ainsi que la culture héritée du Peuple Sacré ne disparaisse ? Cruel dilemme qui traverse l’ensemble du roman, et prend ici une tournure inattendue, comme on aura bientôt l’occasion de le voir.

 

Une altercation, en plein jour, dans Shiprock, se solde par un mort et un blessé qui a pris la fuite. Jim Chee, au service de la police tribale navajo, assiste le FBI, particulièrement intéressé par cette affaire ; il faut dire que ce fait-divers sordide pourrait avoir un lien avec la mort d’un agent fédéral, il y a peu, à Los Angeles… Aussi Chee, comme souvent, se voit-il relégué à un rôle de larbin des fédéraux, qui ne veulent surtout pas que la police tribale navajo se mêle plus avant de cette enquête. Mais Chee, on le sait, est curieux… Or, quand on retrouve le cadavre du fugitif, un Navajo de L.A., près du hogan d’un vieil Indien orthodoxe, Chee ne manque pas de trouver le tableau quelque peu déconcertant : en apparence, les rites ont été respectés, mais il y a quelque chose d’étrange, qui coince, sans qu’il sache trop quoi…

 

Parallèlement, la petite-fille dudit vieillard fait une fugue. Et ça, c’est bien du ressort de la police tribale navajo. Bien entendu, les deux affaires se révèlent liées, très vite… Un véritable imbroglio familial apparaît, qui justifie une enquête approfondie. Mais pas seulement dans la juridiction de Jim Chee : en effet, et c’est là la grande originalité de ce roman, notre enquêteur va prendre sur son temps libre pour aller fouiner à Los Angeles, auprès notamment des Navajos « exilés » dans la grande ville, dans la misère la plus noire. Toute la complexité de l’affaire apparaît au fur et à mesure, riche en suspicions plus ou moins fondées et énigmes en apparence insolubles… et Chee doit en outre faire face à un redoutable tueur à gages, un taré survivaliste (pléonasme).

 

Un roman étrange, et peut-être un peu bancal, que cette Voie du fantôme, notamment, donc, dans la mesure où Tony Hillerman y délaisse temporairement le cadre habituel de ses polars pour tenter de se livrer à une enquête urbaine à bien des égards plus « traditionnelle ». Ce qu’il fait avec plus ou moins de talent, surtout, sans doute, si on le compare à ses confrères plus habitués au genre (mais là je manque d’éléments pour trancher). Cela dit, la thématique de ces Navajos « exilés » ne manque pas d’intérêt, et l’auteur sait nous concocter quelques jolies scènes urbaines (notamment, même si elle arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, la première apparition du tueur à gages, riche en suspense, ou encore l’interrogatoire laborieux d’un vieillard ayant beaucoup de mal à s’exprimer, dans un mouroir à pauv… une maison de retraite).

 

Pourtant, sans trop de surprise peut-être, le véritable intérêt du roman est ailleurs, et bel et bien dans la réserve navajo, ou du moins dans leurs rites. On avouera que le début du roman n’est pas très convaincant (mais j’ai l’impression que c’est assez récurrent chez Tony Hillerman), et que le lecteur ne commence véritablement à s’intéresser à tout ça qu’avec le détour par Los Angeles. Mais ce qui fait la force de La Voie du fantôme – une force toute relative, hein, on est quand même loin du brio de  Là où dansent les morts ou  Le Vent sombre –, c’est probablement l’intrication très forte de la dimension ethnologique coutumière de l’auteur à l’enquête à proprement parler. C’est une étrangeté brisant « l’harmonie » chère aux Navajos qui met la puce à l’oreille de Jim Chee, et c’est en définitive la connaissance – ou pas – des rites issus du Peuple Sacré qui déterminera la tournure de l’enquête, plus encore que d’habitude. Ce qui, bien entendu, s’accorde à merveille avec le caractère d’homme déchiré entre deux mondes de notre enquêteur.

 

La Voie du fantôme m’a donc laissé un sentiment mitigé : après une introduction un peu longuette, le roman ne manque pas d’intérêt, mais, assis le cul entre deux chaises, se montre plus ou moins adroit. Le fond est indéniablement intéressant, mais, par contre, et ce n’est certes pas là une particularité de ce roman, la forme pèche… En dehors de quelques jolies scènes de suspense, pour lesquelles Tony Hillerman est décidément très doué, on peine régulièrement devant la plume de l’auteur, sans doute guère fameuse à l’origine (on ne compte pas les brèves digressions factuelles sans intérêt), mais très probablement desservie par une traduction qui me paraît décidément calamiteuse. C’est vrai, bien entendu, de tous les romans de Tony Hillerman que j’ai lus jusqu’à présent, mais là, je dois dire que ce fut à l’occasion la proverbiale goutte qui fait déborder le vase… Franchement, tout ceci mériterait sans doute d’être revu, ou du moins dépoussiéré. Cela ne m’a pas empêché de prendre du plaisir à la lecture de La Voie du fantôme – le fond l’emportant en définitive – mais bon, merde, quoi.

 

Un roman correct, sans plus, donc. Tony Hillerman a fait bien mieux, sans doute. Mais ça se lit avec un certain plaisir, je ne prétendrai pas le contraire. Et je vais bien évidemment continuer sur cette lancée, en espérant toutefois davantage de la suite, qui devrait enfin réunir Jim Chee et Joe Leaphorn.

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"Chien du heaume", de Justine Niogret

Publié le par Nébal

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NIOGRET (Justine), Chien du heaume, Paris, Mnémos, coll. Icares, 2009, 216 p.

 

Ayé ! J’ai enfin lu Chien du heaume de Justine Niogret ! J’aurai mis le temps, pour un bouquin acheté à sa sortie… Et je dois confesser que ma lecture (tardive) fut en outre quelque peu laborieuse. Mais n’en déduisez rien quant à la qualité dudit premier roman : c’est que, de manière générale, j’ai un peu de mal à lire en ce moment… D’où un rythme moins soutenu dans la rédaction de ce blog interlope, et je vous prie de bien vouloir m’en excuser.

 

Mais revenons à Chien du heaume, qui est quand même nettement plus intéressant que ma petite vie pathétique. Un premier roman, disais-je (il y avait eu auparavant un recueil de nouvelles, dont je ne sais absolument rien), coup d’essai qui fut perçu par beaucoup comme un coup de maître : ledit livre a accumulé distinctions et critiques élogieuses. Bon, d’accord, les prix, c’est de la merde (le plus souvent), et tout ça. Mais reconnaissons que tous ces avis flatteurs plaçaient la barre assez haut. Aussi espérais-je beaucoup de ce livre. Mes attentes ont-elles été comblées ? Eh bien, dans l’ensemble, oui. Mais c’est le genre de « oui » qui suppose un « mais ».

 

N’allons cependant pas trop vite en besogne, et commençons par nous poser une question de classification (donc une question particulièrement stupide) : Chien du heaume, est-ce, comme on l’a dit et comme la collection le laisse entendre, de l’imaginaire, et plus précisément de la fantasy ? Personnellement, j’aurais tendance à dire que non : ce roman, qui prend place (a priori) durant le haut Moyen Âge français, ne contient qu’un très léger élément de surnature, tellement léger qu’il en devient presque anecdotique, ou, plus exactement, semble parfaitement cohérent avec une trame de roman historique mettant en avant le réalisme. Certes, il y a bien, dans ce cadre, un élément d’atmosphère assez typique d’une certaine fantasy : le passage du monde païen au monde chrétien (je ne vous fais pas de dessin) (non, mais non, je dessine mal, en plus). Alors, oui, si l’on y tient vraiment, admettons ; mais j’ai quand même plutôt lu Chien du heaume comme un roman historique. Et, chose vraiment très rare : comme un bon roman historique. Et peut-être se serait-il plus vendu sous cette étiquette, mais bon, hein, on n’est pas des épiciers, non plus.

 

En tout cas, une chose est certaine : malgré la putain de grosse hache de la couverture et la neige qui y tombe à gros flocons, on est quand même très loin ici d’un David Gemmell (ouf). Comment dire… C’est comme qui dirait plus subtil. Et c’est assurément mieux écrit.

 

Le haut Moyen Âge français, donc (grosso merdo ; un pinailleur pourrait faire la fine bouche devant deux ou trois anachronismes, mais bon, hein, bon). Chien du heaume, c’est une mercenaire, qui parcourt le pays en quête de batailles. Chose absolument impensable pour une héroïne de fantasy barbare : ce n’est même pas une bonnasse, et son armure ne se réduit pas à un string de cuir. Ce qui est bien, déjà.

 

En quête de batailles, disais-je ? Oui, mais pas que. En fait, Chien du heaume est surtout en quête de son nom. De son vrai nom, pas du sobriquet qu’elle utilise au quotidien. Quête des origines (oui, maintenant que j’y pense, ça aussi c’est assez fantasy, mais bon, hein, bon), pour laquelle la guerrière ne dispose que de bien peu d’indices : pour l’essentiel, sa putain de grosse hache aux serpents, héritage de son (salaud de) père, qu’elle a (malencontreusement) tué alors qu’elle était toute jeunette (et elle n’a jamais connu sa mère).

 

En chemin, elle fera notamment la connaissance de Bruec, alias Sanglier, un chevalier qui demeure dans le castel de broe. Plutôt sympathique, pour un guerrier dans ce monde de brutes. Et qui fait tout son possible pour l’aider. Autre figure notable rencontrée par Chien au cours de ses pérégrinations : le forgeron Regehir (on parle beaucoup de forge dans le roman) (la quatrième de couverture nous apprend d’ailleurs que Justine Niogret n’a pas seulement le deuxième plus beau des prénoms féminins, mais qu’elle pratique aussi la forge et l’équitation) (chacun ses hobbys) (j’adore les quatrièmes de couverture de Mnémos) (j’aime bien les parenthèses, aussi) (chacun ses hobbys).

 

Sur ces bases, pas grand-chose de plus à dire : l’intrigue est pour le moins minimaliste, le cadre relativement abstrait. Chien du heaume, en fait, est à mes yeux surtout un roman d’ambiance. Et c’est à cet égard une belle réussite. On y croit, à ces personnages, et à ce monde changeant et sauvage (mais qui ne se limite pas, heureusement, aux clichés généralement véhiculés sur le haut Moyen Âge). Et on y croit surtout du fait de la très jolie plume de Justine Niogret, qui fait dans le médiévalisant, chose fort dangereuse, mais elle s’en sort remarquablement bien. Oje !

 

Chien du heaume, Sanglier et Regehir sont en outre des personnages fort bien campés et tout à fait attachants, tandis que l’auteur nous prodigue aussi de beaux portraits de salopards finis. On s’attache à toutes ces figures, finalement plus nuancées qu’il n’y paraît, on partage leurs inquiétudes et douleurs, et on prend ses aises (autant que faire se peut) dans le castel de broe.

 

Une belle réussite, donc. Sur le plan formel, c’est indéniable (même si une ou deux couches de relecture supplémentaires auraient pu être utiles pour décoquiller la chose et sabrer quelques répétitions intempestives), et tout à fait remarquable pour un premier roman. Sur le fond, c’est pas mal du tout aussi, même si peut-être un peu trop minimaliste, donc.

 

Cependant, on peut bien se demander, avec le recul, si Chien du heaume méritait tant d’éloges et de récompenses… Personnellement, même si j’ai beaucoup aimé ce livre, et si je lui reconnais une qualité bien supérieure aux tombereaux ineptes de sous-fantasy française et au-delà, je n’en suis pas persuadé. On s’enflamme vite, dans le landernau de l’imaginaire. Et peut-être un peu trop, des fois… En même temps, je dis ça, je me suis moi-même largement enflammé pour un Jaworski, par exemple ; mais justement, tiens : je trouve ce dernier, dans ce registre, plus convaincant. Plus à l’aise pour ce qui est de divertir, en tout cas. Justine Niogret a peut-être (ici, en tout cas) davantage d’ambition, mais, tout en remplissant parfaitement son contrat, elle me paraît juste un cran en-dessous. Ceci dit, il ne sert sans doute pas à grand-chose de comparer ces deux auteurs, qui ont chacun leur univers, leur plume et leurs procédés… Et ce sont bien, tous les deux, des auteurs, justement, et non des faiseurs ; et ça, ça fait du bien, bordel.

 

Allez : à suivre avec Mordre le bouclier.

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"SYR 9 : Simon Werner a disparu", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, SYR 9 : Simon Werner a disparu

 

Tracklist :

 

01 – Thème de Jérémie

02 – Alice et Simon

03 – Les Anges au piano

04 – Chez Yves (Alice et Clara)

05 – Jean-Baptiste à la fenêtre

06 – Thème de Laetitia

07 – Escapades

08 – La Cabane au Zodiac

09 – Dans les bois / M. Rabier

10 – Jean-Baptiste et Laetitia

11 – Thème de Simon

12 – Au café

13 – Thème d’Alice

 

Il y a pas mal de temps de cela, je m’étais engagé, comme ça, dans une rétrospective de l’ensemble de la discographie du phénoménal groupe qu’est Sonic Youth. Bon, bien évidemment, je ne l’ai jamais terminée… C’est qu’ils ont été productifs, les bougres, en une trentaine d’années de carrière ! Je vous rassure (ou pas), je ne compte pas reprendre ce projet et le mener à terme, si tant est qu’une telle chose soit possible. Cependant, j’ai récemment fait l’acquisition de trois disques soniques qui manquaient à ma collection, et j’ai été tellement séduit par l’un d’entre eux que je ne peux résister à l’envie de vous en toucher deux mots. Il s’agit donc de Simon Werner a disparu, bande originale (pardon : « original enregistrement sonore ») du film éponyme de Fabrice Gobert (a priori une sorte de thriller adolescent ; je n’en sais pas plus, ou si peu, mais il paraît que c’est pas mal) (et pourtant, c’est un film français) (dingue, ça).

 

Simon Werner a disparu constitue donc le neuvième titre de la série des Sonic Youth Records (SYR), mais, disons-le tout net, cette classification peut paraître contestable eu égard aux précédents titres de la série (la plupart du moins) : on est très loin ici de l’expérimentation sauvage de, par exemple, SYR 8 (avec Merzbow ; excellentissime, celui-ci) ou SYR 6 (dont j’ai fait l’acquisition en même temps que cette BO, et qui est de même tout à fait recommandable), sans parler de SYR 4 (que là c’était trop pour ma pauvre petite gueule…). Non : si SYR 9 n’est pas un album de Sonic Youth comme les autres (essentiellement du fait de son caractère purement instrumental), on ne le qualifiera pas pour autant d’album expérimental.

 

Ceci étant, si cet album est plus « normal » et immédiatement accrocheur que les autres Sonic Youth Records, il n’en est pas moins tout à fait séduisant, et, bien loin de toute « compromission », constitue une très belle pièce de musique instrumentale. En fait, j’aurais même envie pour ma part, après seulement quelques écoutes, de le hisser au rang des meilleures productions de nos plus si jeunes gens néanmoins toujours assez soniques, finalement ; beau témoignage de la créativité sans cesse renouvelée des plus illustres vétérans de la no wave et de la noisy pop.

 

Pourtant, les quelques critiques que j’ai pu en lire sont loin d’être très enthousiastes… On a accusé Sonic Youth de se répéter, de faire dans la B-side de luxe, de chercher (comme si c’était encore nécessaire) à en rajouter dans l’affichette arty en collaborant à un film frrrrrrrançais (ce qui n’est pas une première pour le groupe, qui avait déjà travaillé avec Assayas), de se perdre dans une triste impasse en dissociant autant albums expérimentaux et albums « normaux » (critique d’autant plus improbable que Simon Werner a disparu semble justement, à sa mesure, faire le raccord entre les productions « classiques » du groupe et les SYR)…

 

Ben je suis pas d’accord avec tout ça. Si l’on excepte (donc) le superbe SYR 8, improvisation live de près d’une heure avec Merzbow, cela faisait un bout de temps qu’un disque de Sonic Youth, SYR ou pas, ne m’avait pas autant parlé. Non que les derniers albums du groupe soient franchement mauvais, hein (à part peut-être Rather Ripped, le seul album de Sonic Youth à m’avoir laissé totalement froid) ; seulement, ça faisait un bail que je n’avais pas entendu de leur part quelque chose d’aussi bluffant que – allez, choisissons-en un – le long « Thème d’Alice » qui clôt l’album. Peut-être depuis Washing Machine, en fait (même si je n’irais pas jusqu’à dire que c’est aussi bon que « The Diamond Sea », qui reste sans doute mon morceau préféré du groupe, il faut savoir raison conserver).

 

C’est qu’il y en a, quoi qu’on ait pu en dire, des bonnes choses dans cette bande originale. Une composition qui forme un tout, rythmée par des leitmotivs et autres thèmes récurrents, traversée d’explosions guitaristiques rafraîchissantes rappelant les meilleures heures du groupe, et émaillée d’ambiances tout en nuances, mi lumineuses, mi glauques, constituant au final une fort belle assise pour un film. Sans rien connaître de la réalisation de Fabrice Gobert, et en préférant faire l’impasse sur les quelques photographies (peu engageantes) qui ornent ce SYR 9 (couverture mise à part, que j’aime beaucoup), j’ai des images plein la tête à l’écoute de cette bande originale, je sens l’histoire se déployer, faite de rappels et de résurgences soudaines, tantôt apaisée, tantôt angoissante. J’y retrouve avec beaucoup de plaisir le son du groupe à son meilleur, qui ose parfois se livrer à quelques innovations bienvenues (si le piano n’est pas une première, son usage est quand même très limité dans la discographie sonicyouthesque), et oscille avec grâce entre pop léchée et illustration sonore juste un poil plus déviante (mais le poil qu’il faut, celui qui fait toute la différence).

 

Paradoxalement (ou pas), cet album respire la liberté dans sa forme la plus ludique ; on y sent les Sonic Youth enjoués, libérés du carcan de la mélodie pop comme de celui, non moins contraignant, de l’expérimentation à tout crin. On y retrouve, du coup, à mon sens tout du moins, une spontanéité qui faisait souvent défaut dans les plus récentes productions du groupe, généralement trop « ceci » ou trop « cela ». Ici, ben, on a Sonic Youth, quoi ; un groupe libre, donc, qui n’en fait qu’à sa tête pour notre plus grand plaisir (et sans doute aussi le sien). Simon Werner a disparu a en effet quelque chose du pied de nez (pour ne pas dire du gros « fuck ») majestueux à l’égard des règles que le groupe s’est lui-même fixées depuis une quinzaine d’années, à plus ou moins bon droit, et, du coup, des attentes les plus intégristes de certains fans, qui ne sauraient concevoir Sonic Youth que sous son versant pop ou que sous son versant expérimental. Aussi, en n’étant pas véritablement (donc) un Sonic Youth Record, et pas davantage un album « normal », Simon Werner a disparu a quelque chose de la salutaire bouffée d’oxygène, trouvé-je.

 

Finalement, c’est encore comme ça que je les préfère, les Sonic Youth. Et sans cracher pour autant sur ce qu’ils ont fait depuis Washing Machine, je maintiens : cela faisait longtemps qu’un enregistrement de Thurston Moore, Lee Ranaldo, Kim Gordon et Steve Shelley (avec aussi Jim O’Rourke) ne m’avais pas autant parlé, à quelques exceptions près. Aussi, bien loin de faire la fine bouche comme semble-t-il un certain nombre de personnes, je vais laisser s’exprimer le petit fanboy en moi, et vous recommander chaudement ce Simon Werner a disparu.

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Rencontre avec Percival Everett à Charybde (31/01/2013)

Publié le par Nébal

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"La Tour des damnés", de Brian Aldiss

Publié le par Nébal

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ALDISS (Brian), La Tour des damnés, [Total Environment], traduction [de l’anglais par] Guy Abadia, Congé-sur-Orne, Le Passager clandestin, coll. Dyschroniques, [1968, 1972] 2013, 106 p.

 

Hop, comme je ramais un peu sur mes lectures, ce qui m’empêchait de tenir ce blog interlope à jour, je me suis accordé une petite pause avec un récit très bref. La toute nouvelle collection « Dyschroniques » du Passager clandestin réédite en effet nouvelles et novellas plus ou moins anciennes, dans un format tout riquiqui. Ce qui ne va pas sans poser problème : on pourrait en effet jaser sur le prix de la chose, surtout pour des textes certes difficilement trouvables (mais ce n’est pas impossible) qui ne sont en outre pas retraduits. Mais quand on aime…

 

Parmi les premiers titres de la collection, deux m’ont fait de l’œil : en premier lieu, Un logique nommé Joe de Murray Leinster (mais je l’ai déjà dans ma commode de chevet, dans l’anthologie si bien nommée Demain les puces) ; en second lieu, cette Tour des damnés de Brian Aldiss, dont le postulat n’est pas sans évoquer l’excellent roman (plus tardif) de J.G. Ballard I.G.H., même si l’approche comme le propos sont en fin de compte différents. Il s’agit en effet d’un texte bien de son époque, témoignant de la crainte obsédante de la surpopulation (sous cet angle, on penserait peut-être plutôt en priorité à Soleil Vert ou à Tous à Zanzibar, entre autres).

 

En 1975, 1500 couples de moins de vingt ans, volontaires, sont enfermés dans une immense tour à Delhi. 25 ans plus tard, la population de la Tour atteint les 75 000 personnes… Dans cet habitat unique en son genre, véritable enfer concentrationnaire coupé de l’extérieur, caractérisé par une promiscuité difficilement concevable, les humains subissent de plein fouet les conséquences de leurs conditions de vie : c’est comme si le temps s’accélérait, la puberté comme le processus de sénescence commençant bien plus tôt ; mais il est une autre conséquence qui intéresse bien davantage les observateurs extérieurs : la Tour est en effet une gigantesque expérience de sociologie appliquée, visant à mettre en évidence le développement, dans certaines conditions, de capacités de perception extra-sensorielle…

 

À l’intérieur de la Tour, nous suivons tout d’abord le destin sordide de la famille de Gita et Shamim, du neuvième niveau (sur dix ; chaque niveau comprend cinq étages), notamment à travers l’enlèvement de la vieille prématurée Malti, fille de Shamim, par le répugnant Narayan, qui la vend comme esclave au puissant Patel, seigneur du niveau supérieur. Ce récit alterne avec un rapport de Thomas Dixit, employé du CERGAFD (Centre ethnographique de recherches sur les groupes à forte densité) qui dirige l’expérience de l’extérieur, sur les conditions de vie dans la Tour.

 

Dixit, à la double ascendance indienne et anglaise, est horrifié par l’expérience, et entend bien faire fermer la Tour. Une occasion lui en sera peut-être offerte, quand il se fera volontaire pour infiltrer la Tour, et établir un rapport sur le développement ou non de ces capacités de perception extra-sensorielle si désirées. Mais, pour les habitants de la Tour, Dixit est nécessairement un « espion »… et ils comptent bien lui faire entendre qu’ils sont maîtres de leur destin, et qu’ils aiment leur monde si particulier.

 

Si le texte de Brian Aldiss ne brille guère par la forme, et si l’on peut trouver quelque peu superflu ce prétexte science-fictif daté sur la perception extra-sensorielle, il n’en est pas moins intéressant à bien des égards. La Tour, sorte d’arche stellaire immobile (et là on pense tout naturellement à  Croisière sans escale), est un « environnement total » propice à bien des réflexions. D’une part, il y a bien évidemment l’inhumanité du procédé, de cette expérience sociologique en grandeur-nature, dans un cadre qui nous paraît tout naturellement infernal, témoignant non seulement de la thématique obsédante de la surpopulation, mais aussi des pires cauchemars dystopiques à la 1984, sur le contrôle de la population et sa surveillance par une entité extérieure mal définie. De quoi susciter une indignation bien légitime.

 

Mais le propos de Brian Aldiss se révèle en définitive plus subtil. D’autre part, en effet – et l’on s’éloigne ici clairement de l’atmosphère de guerre ouverte d’I.G.H. –, domine l’idée, chez les habitants de la Tour, que ce monde, aussi horrible puisse-t-il paraître vu de l’extérieur, est leur monde, et mérite en tant que tel, avec ses « défauts », d’être protégé contre toute incursion malvenue du CERGAFD. Aussi, et dans la mesure où la novella se situe en Inde, est-on amené à questionner l’hypocrisie de l’occidental bon teint (façon de parler), entre voyeurisme instrumentalisant et charité mal placée ; de la difficulté de faire le bonheur des autres malgré eux, de l’inanité d’un humanitarisme à bonne conscience qui néglige les besoins réels et les envies des populations concernées pour imposer sa vision incontestable de ce qui est juste et bon…

 

Pas mal du tout, donc, cette Tour des damnés. C’est un peu cher (8 €, tout de même), mais, pour une lecture vite expédiée, ça n’en est pas moins extrêmement riche et pertinent. La novella de Brian Aldiss est en effet bien plus subtile que ce que l’on pourrait croire à s’en tenir à son postulat ; témoignage d’une science-fiction idéale, à maints égards, qui savait, sur un format bref, sans tirer à la ligne, poser les questions les plus pertinentes et amener le lecteur à s’interroger sur son monde. Ce qui fait du bien, tout de même.

 

EDIT : Public chéri, Gérard Abdaloff en parle ici.

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"Nouvelles en trois lignes", de Félix Fénéon

Publié le par Nébal

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FÉNÉON (Félix), Nouvelles en trois lignes, préface d’Arthur Bernard, Grenoble, Cent Pages, coll. Cosaques, [1906] 2009, [XXIV] + 432 p.

 

Le nom de Félix Fénéon ne m’était pas inconnu quand  Jérôme Noirez, libraire d’un soir, a présenté (avec brio) ce singulier ouvrage dans sa sélection à Charybde. Il faut dire que le citoyen  Planchapain, du temps de nos études respectives, était assez fasciné par le bonhomme, et m’en avait longuement parlé… J’en avais retenu pour l’essentiel qu’il s’agissait d’un critique d’art, voire du critique d’art par excellence, et qu’il était vigoureusement anarchiste, d’aucuns disaient même poseur de bombes (il a eu quelques petits ennuis avec la justice, qui n’ont pas peu contribué à sa notoriété).

 

Mais j’étais loin de me douter que Félix Fénéon avait été « simple » journaliste, notamment à un poste en apparence particulièrement inoffensif et d’un intérêt douteux : en 1906, en effet, il collabore au Matin, journal pas vraiment connu pour son progressisme, et rédige à cet effet ces Nouvelles en trois lignes (il y en a 1210 dans le recueil). Le terme « nouvelles » est ici ambigu : en effet, à l’origine, il ne s’agit guère que de rédiger des brèves, rapportant à l’arrache des faits-divers tout droits sortis du caniveau (par le biais d’agences de presse ou de dépêches particulières) ; mais, avec Fénéon, on passe de « l’information » (oui, dans un cas comme celui-là, je pense que les guillemets s’imposent) à la littérature, tant l’auteur peaufine ses petits textes avec toute l’attention d’un grand styliste, voire d’un pouète.

 

Mais ce qui caractérise véritablement ces Nouvelles en trois lignes, et rend leur publication dans Le Matin étonnante (ou pas…), c’est leur fonction de subversion très marquée. Dans un sens, Fénéon, ici, pratique déjà l’adage plus tardif : « Don’t fight the media, become the media! » Tranquillement installé à son poste de journaleux de bas-étage, il infuse ses brèves d’un contenu… ben, oui, anarchiste. Il stigmatise impitoyablement tout ce qui le répugne, avec quelques cibles de choix, comme l’armée, le parti clérical (nous sommes au lendemain de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, et celle-ci a du mal à passer), les patrons, les politiques, etc. L’air de rien, comme ça, en passant, au détour d’un fait-divers en apparence anodin, mais qui se retrouve transfiguré par l’intention de celui qui le rapporte et sa prose assassine.

 

Cela dit, la première chose que l’on remarque à la lecture de ces faits d’armes journalistiques, c’est une sorte de fascination jubilatoire pour le sordide et le macabre. On a l’impression que Fénéon se délecte à rapporter en style lapidaire le plus atroce et le plus navrant. Notamment, on ne compte pas les suicides dans ces 1210 brèves, pas plus que les crimes passionnels, et, évidemment, tout ce qui fait le contenu habituel de ce genre de rubriques : accidents mortels, agressions, rixes, vols, etc. Ce qui nous dresse un tableau de l’époque assez édifiant (surtout pour les imbéciles qui trouvent notre époque particulièrement criminogène et anxiogène).

 

Et puis il y a l’humour, bien sûr. Un humour noir, impitoyable, qui frappe au détour de la brève ignoble, et suscite un éclat de rire aussi incontrôlable que mesquin. Dans sa présentation, Jérôme Noirez, au travers d’extraits savamment choisis, a particulièrement insisté sur cette dimension. Ce fut pour le moins efficace et convaincant (pas un hasard si, comme beaucoup de ceux qui étaient présents ce soir-là, je me suis illico jeté sur la bête) (je parle du livre, pas de Jérôme Noirez). Mais avouons que l’auteur de, entre autres,  Féerie pour les ténèbres en a du coup peut-être rajouté une couche… Si l’on rit régulièrement à la lecture de ces Nouvelles en trois lignes, ce n’est toutefois pas systématique, loin de là ; l’indignation, l’écœurement, quand ce n’est pas, hélas et malgré tout, l’indifférence (il est des fois où, après tout, un fait-divers n’est rien de plus), sont autrement plus prégnants.

 

Reste un livre assez unique en son genre, idéal pour le métro ou le trône, qui recèle derrière son apparente banalité des trésors de littérature, de subversion et donc, parfois, d’humour noir. Cela méritait bien effectivement qu’on en parle, et qu’on en fasse la propagande (même si, pour ma part, je ne suis pas certain de pouvoir recommander ces Nouvelles en trois lignes à n’importe qui). Alors merci, encore une fois, pour cette étonnante découverte.

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