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"Frères lointains", de Clifford D. Simak

Publié le par Nébal

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SIMAK (Clifford D.), Frères lointains, ouvrage proposé et publié sous la direction de Pierre-Paul Durastanti, traduit de l’américain par Pierre-Paul Durastanti et Lorris Murail, avant-propos de Pierre-Paul Durastanti, postface de Philippe Boulier, Saint Mammès, Le Bélial’, [1943, 1951, 1956-1957, 1963, 1977-1978] 2011, 340 p.

 

Après Voisins d’ailleurs, Frères lointains est le deuxième recueil de Clifford D. Simak (enfin, cinq, depuis hier) (pardon) concocté par Pierre-Paul Durastanti au Bélial’. Y en aura-t-il un troisième ? J’espère bien ! Parce que ce travail d’exhumation, mêlant inédits et nouvelles traductions, est une merveilleuse occasion de prendre conscience du talent de nouvelliste de l’auteur du fantabuleux Demain les chiens (pour ne citer que son œuvre la plus célèbre de par chez nous). Or, ainsi que le note Philippe Boulier dans sa passionnante postface, savante et pertinente étude de l’ensemble de l’œuvre simakienne, se procurer des nouvelles de Simak, aujourd’hui, n’est guère évident… Et, à vrai dire, même pour ce qui est des romans, si l’on excepte l’omnibus qui lui a été consacré, on ne trouvera pas forcément grand-chose non plus. Ce qui, comme de bien entendu, est fondamentalement injuste. Aussi, rendons grâces, mes frères, aux gens bien derrière ce nouveau recueil : ils le méritent.

 

Frères lointains, qui s’étend sur pas loin de 40 ans de carrière, est peut-être pour cette raison un peu moins cohérent, à mes yeux en tout cas, que son fort sympathique prédécesseur. Il n’en est pas moins une illustration supplémentaire des thèmes chers à Simak, voire de ses obsessions. Ne pas se fier à la couverture gnangnan (que je trouve pour le coup fort inappropriée) : si l’on retrouve, ici encore, des extraterrestres « gentils », ou du moins avec lesquels une cohabitation pacifique est possible, ce qui est classique chez Simak – et relativement original par rapport aux autres auteurs de, disons, ses première et deuxième périodes –, l’accent me semble cette fois devoir être mis sur l’humain, dans ce qu’il a de plus admirable comme dans ses pires défauts, dont l’arrogance (version coloniale) n’est pas le moindre. Aussi les rapports avec l’autre, en dépit de la bonne volonté d’en face, peuvent-ils être malgré tout conflictuels… Mais il est aussi des textes où l’homme – un vieillard, le plus souvent – se retrouve seul, face à lui-même, ou presque, pour des petits bijoux d’introspection apaisée.

 

Mais ce qui frappe surtout dans ce recueil, c’est – pardon du lieu commun – l’imagination débridée de Simak, qui l’amène à élaborer des nouvelles d’une densité impressionnante, pour ne pas dire délirante. Encore un beau témoignage d’une SF « à l’ancienne », qui savait multiplier les idées géniales à chaque page, bien loin des « nécessaires » pavetons contemporains (eh, je rends compte de ma lecture d’un Simak, je peux bien faire le réac’, un tout petit peu…).

 

Essayons de voir dans le détail ce qu’il en est. Passé le bref avant-propos de Pierre-Paul Durastanti, le recueil s’ouvre sur « Le Frère » ; la nouvelle touche d’abord par son charmant portrait d’un vieil écrivain de romans du terroir, dans lequel on reconnaîtra sans trop de peine l’auteur himself. Mais on n’est pas au bout de nos surprises dans ce texte qui annonce la couleur, question densité… C’est bourré d’idées, presque trop, mais en définitive tout à fait savoureux.

 

« La Planète des Reflets » inaugure le thème central de la colonisation, et de l’arrogance humaine qui va de pair. Difficile, ici, d’établir la communication avec ces « reflets », qui semblent se contenter de suivre les humains de leur choix dans leurs activités quotidiennes sans qu’il soit jamais possible d’entamer le dialogue… La chute est délicieuse, et la nouvelle tout à fait efficace.

 

Suit « Mondes sans fins », une novella qui tranche sur le reste du recueil. En, effet ce texte de SF paranoïaque, dickien avant l’heure (impossible de ne pas penser à Total Recall, avec ces dormeurs embarqués dans un Rêve artificiel), semble a priori bien loin des thématiques propres à Simak. Il n’en reste pas moins que ce délire complotiste filant à toute allure se lit avec un plaisir constant (malgré quelques bizarreries : ainsi, pour Simak, un monde dénué de la notion de profit est un cauchemar… bon…). Comme quoi, l’auteur avait plus d’une corde à son arc, pour ceux qui en douteraient.

 

Avec « Tête de pont », on retrouve, si ce n’est l’ambiance, du moins les thématiques de « La Planète des Reflets » : arrogance des colonisateurs humains, une fois de plus, si sûrs d’eux-mêmes, a fortiori devant les « primitifs » d’en face… qui les préviennent, pourtant : « Vous ne repartirez jamais. […] Vous allez mourir ici. » Quelle blague ! Les humains ont tout prévu, non ? Bah non, comme dirait DSK. Très chouette nouvelle, encore une fois.

 

On passe alors à « L’Ogre », la plus vieille nouvelle de ce recueil. J’ai une tendresse particulière pour ce texte particulièrement farfelu, rempli d’idées jusqu’à la gueule, et d’une surprenante poésie burlesque. Là encore, le colonisateur humain se retrouve confronté à une altérité qu’il ne comprend (largement) pas : il faut dire que, sur cette planète, ce sont les végétaux qui sont les êtres conscients… D’où un véritable festival de créatures étranges, drôles et poétiques. Délicieux.

 

« À l’écoute », sans être mauvaise, m’a par contre laissé un arrière-goût d’inachevé. Si l’idée de base est excellente – il s’agit ici pour des télépathes de communiquer, et donc d’échanger, avec des extraterrestres à l’autre bout de l’univers –, elle me semble déboucher sur une conclusion un peu mollassonne. Bon, rien de grave, en même temps.

 

Mais on y préfèrera largement les deux derniers textes, éminemment simakiens. « Nouveau Départ » nous présente un professeur de droit à la retraite, et, pour ainsi dire, en bout de course, qui vient s’offrir une dernière partie de pêche avant de filer à l’hospice. Mais il trouvera dans une étrange maison une séduisante alternative à ce bien triste programme… Très belle nouvelle, qui ne manque pas de faire penser, dans un sens, à Au carrefour des étoiles.

 

Reste enfin le très court « Dernier Acte », sur lequel je ne saurais guère m’étendre de crainte de tout gâcher (enfin, en même temps, le titre, hein…). On ne saurait rêver plus belle conclusion pour le recueil que cette nouvelle apaisée, aigre-douce, profondément touchante.

 

Vous l’aurez compris, Frères lointains est un recueil de la plus belle eau, idéal pour découvrir Simak, et qui satisfera à n’en pas douter les amateurs de Voisins d’ailleurs. Une conclusion s’impose : un troisième tome ! et plus vite que ça ! Non mais.

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"Pathfinder Univers : Cadre de campagne : la mer Intérieure"

Publié le par Nébal

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Pathfinder Univers : Cadre de campagne : la mer Intérieure

 

Après avoir examiné les deux volumineux livres de règles que sont le Manuel des joueurs et le Manuel des joueurs, règles avancées pour Pathfinder, il est bien temps d’envisager un peu le background officiel pour ce jeu de rôle de fantasy autrement « générique ». Et le background officiel pour Pathfinder, ça veut dire le monde de Golarion. Le présent supplément, assez épais lui aussi (il remplace et enrichit l’Atlas et, en VO, le Campaign Setting), se concentre sur la région dite de la mer Intérieure (grosso merdo, notre Méditerranée), ce qui englobe deux continents, l’Avistan (« l’Europe ») et le nord du Garund (« l’Afrique du Nord »). Et autant le dire d’emblée : si Golarion, ou en tout cas la région de la mer Intérieure, ne brille pas forcément par l’originalité, les auteurs ont allègrement compensé ce trait par la richesse et la densité d’information. Ce qui nous vaut un supplément d’une qualité franchement exceptionnelle (en plus d’être beau – tout en couleurs, accompagné d’une carte également en couleurs – et rédigé dans un français correct, mirac’).

 

On commence classiquement par s’intéresser aux Races. Les six races non humaines se voient enfin offrir un peu de background, tandis que les humains sont décrits à travers douze ethnies différentes. C’est très bien fait, et tout à fait intéressant.

 

On passe ensuite directement au plat de résistance, avec le volumineux chapitre consacré à la mer Intérieure. Un peu d’histoire, tout d’abord : nous est ainsi présentée l’époque de jeu, l’Âge des Prophéties perdues, qui a débuté avec la mort du dieu Aroden (alors qu’une prophétie annonçait son retour), suivie de violents cataclysmes dont deux manifestations particulièrement brutales furent l’apparition de la Plaie du Monde, au nord de l’Avistan, et celle d’un ouragan permanent, l’Œil d’Abendégo, à l’ouest du Garund. Une chronologie générale suit, et l’on passe alors à la description de la région de la mer Intérieure, découpée en une quarantaine de provinces, d’Absalom, la ville au centre du monde, à la Varisie, sauvage région frontalière. Chaque description de province occupe quatre pages, et commence par un petit encadré précisant l’alignement global de la province, sa capitale, ses principales villes, son dirigeant, son type de gouvernement, les langues qui y sont parlées et les religions qui y sont pratiquées. Suivent une présentation générale, quelques mots sur l’histoire et le gouvernement de la province, et enfin l’atlas, accompagné bien évidemment d’une carte précise de la région. C’est remarquablement bien fait et bourré d’idées, et ça se lit avec un plaisir constant. Le chapitre s’achève avec des annexes non négligeables : sont d’abord succinctement envisagés les continents au-delà de la mer Intérieure… mais aussi les autres planètes du système solaire (!) et, pour finir, les anciens empires disparus.

 

On passe alors à un chapitre consacré à la religion, lui aussi assez volumineux. Sont d’abord décrites en détail les vingt divinités principales (alignement, domaines, arme de prédilection, lieux de culte et nationalité, puis description) ; mais ce n’est pas fini : on envisage ensuite les autres dieux, les demi-dieux extérieurs (archidiables, seigneurs démons, Aînés, seigneurs élémentaires, seigneurs empyréens et Cavaliers), puis les défunts, les imposteurs et les oubliés (Grand Anciens inside !), presque tous dotés de caractéristiques semblables à celles des divinités principales. On envisage ensuite quatre philosophies (diabolisme, prophéties de Kalistrade, verte religion et voie du murmure), avant de se pencher sur le Grand Au-delà, avec une « cartographie » de la sphère intérieure et de la sphère extérieure. Fascinant.

 

Le quatrième chapitre envisage plusieurs aspects de la vie quotidienne dans la région de la mer Intérieure. Sont ainsi détaillés le calendrier, la météorologie et le climat, les langues, le commerce, la société, la faune, la flore, et enfin la technologie (où l’on met l’accent sur les créatures mécaniques, les armes à feu, la technologie numérienne – issue d’un vaisseau spatial qui s’est écrasé… – et la presse à imprimer).

 

On passe ensuite à la description de plusieurs factions de la mer Intérieure : Chevaliers de l’Aigle, Chevaliers Infernaux, Consortium de l’Aspis, Mantes rouges, Société des Éclaireurs.

 

Le chapitre six, « l’aventure », comprend pour sa part des données techniques. Nous avons tout d’abord droit à quatre nouvelles Classes de prestige (Assassin des Mantes rouges, Chevalier infernal, Liseuse de tourment, Templier déchu). Suivent de nouveaux dons, de nouveaux équipements, de nouveaux sorts (sans liste, hélas) et de nouveaux objets magiques.

 

Et le volume de s’achever sur un bref bestiaire, décrivant quelques vilaines bébêtes propres à la région de la mer Intérieure : Aluum, Aquatique, Calikang, Charau-ka, Diable de Pointesable, Dragon épineux, Filles d’Urgathoa, Stryx, et Fléau des arbres.

 

Ce qui fait pas loin de 320 pages bourrées jusqu’à la gueule d’informations et d’idées d’aventures. Répétons-le donc encore une fois : le Cadre de campagne : la mer Intérieure est un supplément d’une qualité exceptionnelle, sur lequel devraient se ruer tous les amateurs de Pathfinder. L’univers ici présenté est d’une richesse rare, on est à vrai dire devant une sorte de type-idéal de cadre de campagne (si j’ose m’exprimer ainsi). Bref, c’est du lourd, et c’est du bon. Pas forcément hyper original, mais après tout ce n’est pas ce que l’on demande à Pathfinder – et encore, je dis ça, mais il y a de quoi sortir allègrement des clichés de l’heroic fantasy dans ces pages… Ça déborde, vous dis-je, et on en a assurément pour son argent.

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Des critiques "négatives" et toutes ces sortes de choses

Publié le par Nébal

(Je reprends ici en substance quelques messages postés sur le forum d’ActuSF lors d’un *aheum* débat récent. Non que je prétende y inventer la poudre, et j’ai bien conscience d’enfoncer un certain nombre de portes ouvertes, mais comme le sujet m’intéresse…)

 

Bien que ne revendiquant pas pour ma part le statut de « critique » (ça veut dire quoi ? je précise cependant à l’intention des spécieux que revendiquer de ne pas être un critique et ne pas revendiquer être un critique, ce n’est pas tout à fait la même chose, ce qui, à mon sens, fait que je ne me contredis pas dans les lignes qui suivent…), et préférant toujours parler de comptes rendus pour ce que je fais sur mon blog (ce qui ne relève pas intégralement de l'enculage de mouches), je suis plus qu'agacé par le quasi-consensus (à mes yeux, en tout cas) autour d’un discours « anti-critique » qu'on a pu lire notamment ces derniers temps sur le forum d’ActuSF, qui devient décidément de plus en plus un forum d'auteurs (qui réclament de la politesse en se montrant particulièrement agressifs, qui plus est), où les autres n'ont plus qu'à fermer leur gueule, quitte à se laisser humilier en direct.

 

Je ne suis originellement pas revenu sur l'histoire de la comparaison et des prix littéraires, mais, ici, je peux me le permettre. Les habitués du forum se souviennent de la bronca qui avait suivi la comparaison par un internaute de Rêves de Gloire et de D’or et d’émeraude… chose qui m’a paru bien hypocrite, pour le coup. La comparaison est un réflexe naturel et bien légitime, et il ne me paraissait pas inopportun, a fortiori sur un site organisant un prix de l’uchronie, de comparer deux uchronies de parution récente. Ce qui nous amène aux prix littéraires, dont l’essence même est la comparaison. N’y a-t-il pas comme une contradiction à s’élever furieusement contre un critique qui compare deux livres, d’une part, et d’autre part à participer ou à faire l’éloge de prix littéraires, qui ne fonctionnent que sur ce principe, et de manière sans doute bien plus arbitraire ? Il me semble bien que si… Et je dirais même que, pour ma part, si la comparaison effectuée par un critique ne me choque en rien, celle qui est impliquée par l’attribution d’un prix littéraire, que l’on sait parasitée par bien des éléments dont le copinage n’est pas le moindre, me paraît bien plus contestable. Mais j’avoue une certaine méfiance à l’égard de ces prix… et, dans un sens, ce sont les prix « négatifs » tels que les Razzies, revendiquant hautement leur mauvaise foi, qui me paraissent souvent, peut-être pas les plus pertinents – surtout ces derniers temps – mais en tout cas, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, les plus « honnêtes ».

 

Ce qui nous amène au point essentiel de mon propos, à savoir les critiques dites « négatives ». En dépit de ce que certains ont pu affirmer, il y a bien eu sur le forum d’ActuSF une condamnation de principe des critiques « négatives » (et pas seulement des critiques « agressives »). Ce qui me paraît absurde au plus haut degré. Je ne vois pas en quoi dire du bien d'un livre serait plus légitime que d'en dire du mal. Je dirais même que la fonction du critique (si tant est que le critique ait une fonction…) implique de faire les deux, et de noter aussi ce qui cloche dans un bouquin par ailleurs globalement bon. C'est son boulot. Sinon, c'est de l'hypocrisie.

 

Les critiques « agressives » ? Ben, désolé, mais quand un bouquin est merdique, y a pas forcément 36 000 moyens de le dire. J'ai moi-même (en dépit de ce que l’on peut penser) rarement commis de telles critiques (ou de tels comptes rendus). Mais je ne regrette pas un instant celles (ou ceux) que j'ai pu faire. Et qu'on ne vienne pas me parler « d'ego fragile » ou de « sensibilité de l'auteur » : quand on publie, on s'expose. C'est l'jeu ma pôv' Lucette. Si on n’est pas capable d'accepter ce simple fait, mieux vaut changer de métier.

 

Sur le microcosme et le copinage, je pouffe. Je ne vois pas en quoi le fait que tel bouquin ait été publié par un « copain » ou par un « ennemi » devrait faire la moindre différence dans une critique. S'il peut être nécessaire de temps à autre de clarifier les choses sous cet angle (ce que j'avais fait, à titre d'exemple, en rendant compte de ma lecture de Rêves de Gloire) pour que le lecteur dispose de tous les éléments pour juger, ça ne doit pas non plus parasiter complètement l'activité critique. Désolé, mais si un « ami » a fait un bouquin mauvais, je le dirai. Si un « ennemi » a fait un bon bouquin, je le dirai aussi. Cela peut certes trouer le cul, mais c’est une question d’honnêteté. Il n'y a que dans le cas où j'ai moi-même « participé », à mon maigre niveau, à la sortie d'un bouquin que je me refuserai d'en dire du bien ou du mal (je parle alors très précisément de « pub copinage », et là, par contre, ça me paraît la moindre des choses). Tout le reste n'est, encore une fois, qu'hypocrisie. Bordel, c'est si compliqué que ça de faire preuve d'honnêteté ?

 

Un mot sur les SP, tant qu'on y est. Le mot magique ! Qu'est-ce que ça peut foutre que le bouquin que l'on chronique soit un SP ou pas ? Là encore, c'est honnêteté contre hypocrisie. Et, quant à moi, en dépit de certaines accusations, je précise qu'il est très rare que je reçoive des SP (c'est généralement le cas pour mes critiques dans Bifrost, ça l'était aussi du temps du Cafard, mais, sur mon blog, c'est vraiment exceptionnel). Je ne vois pas, à titre personnel, ce que cela change, dans la mesure où je rends compte de ma lecture d'un SP de la même manière que je le ferais pour tout autre bouquin payé avec mes sous à moi (la très grande majorité, donc).

 

Enfin, je n'interviendrai pas dans les querelles personnelles dont ce forum est coutumier, je n'en ai rien à foutre. Mais ça me semble bien montrer que les auteurs (on pourrait mettre un grand « H ») n'ont vraiment pas besoin des critiques pour se tamponner la gueule. Des querelles de bac à sable comme celles auxquelles on a pu assister ici et ailleurs, ça figure parmi les traits les plus détestables du fandom.

 

Une précision supplémentaire : je n'ai jamais prétendu imposer ma vision des choses à qui que ce soit. J'ai pris le parti de rendre compte de tout ce que je lisais ; bon, c'est un choix, par nature très contestable. Je refuse simplement que l'on vienne me dire (à moi, je, me, myself, I), ou à d'autres qui partagent mon point de vue, « C'est mal de faire des critiques négatives », ou « C'est mal de faire des critiques agressives », ou « C'est mal de critiquer dans tel ou tel sens les copains/ennemis », ou « C'est mal de chroniquer des SP ». C'est là qu'il y a une généralisation abusive. Maintenant, si d'autres ont des principes différents, tant mieux pour eux. Chacun sa manière de faire, je ne prétends pas détenir la Vérité Révélée, ou avoir une mission « d'éducation ».

 

Dernier point, concernant le « sérieux » des critiques ou comptes rendus. La question a été agitée ici ou ailleurs, et ne me paraît pas totalement étrangère à ce *aheum* débat. Pour ma part, et j’espère que l’on ne m’accusera pas pour autant de trop me prendre au sérieux, je n’adhère pas à l’idée selon laquelle ce que l’on écrit sur les blogs ne prêterait pas à conséquence, que ce soit au nom du fun ou de l’amateurisme ou de ce que vous voudrez. J'aborde (ou du moins j’essaye…) mes comptes rendus sur mon blog et mes critiques sur d'autres supports de la même manière et avec le même sérieux (en tout cas, j'en ai l'impression). La différence, c'est l'implication du « je », qui ne passe pas dans une critique, alors que je me sens libre d'en user et abuser sur mon blog (paske c'est chez moi et j'y fais tout qu'est-ce que j'veux, d'abord). Aussi, que l’on « critique les critiques » (ou, tout autant et pour les mêmes raisons, les comptes rendus, etc.) me paraît bien évidemment légitime. C’est la critique « systématique » qui me hérisse.

 

Maintenant, si d’autres ont un point de vue différent à faire partager, qu’ils n’hésitent pas : ils sont les bienvenus.

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"Le Roman politique", de Laurence Sterne

Publié le par Nébal

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STERNE (Laurence), Le Roman politique, [A Political Romance], préfacé et traduit de l’anglais par Serge Soupel, Paris, Cent Pages, coll. Cosaques, [1968, 1984] 2003, 60 p.

 

On doit au pasteur Laurence Sterne le plus fou, le plus drôle, le plus inventif, le plus extraordinaire des romans, à savoir La Vie et les opinions de Tristram Shandy (à lire de préférence dans la superbe édition publiée par… Tristram). Mon admiration pour cette fantabuleuse, euh, « chose » n’a pas de limites (lisez Tristram Shandy, c’est un ordre). Aussi, quand je suis tombé par hasard (bon, un hasard sans doute manipulé par un salaud de libraire… SALAUD !) sur ce minuscule ouvrage qu’est Le Roman politique, et qui correspondait semble-t-il à l’entrée de Sterne en littérature, quelques sermons et articles exceptés, il va de soi que je n’ai pu résister et que j’ai acquis la bête, tagada tagada.

 

Le Roman politique, si l’on met à part les dédicaces et lettres qui l’accompagnent, est constitué pour l’essentiel de deux parties : un bref récit sous une forme épistolaire, et une « clef », à savoir un débat pour le moins farfelu sur l’interprétation à donner à ce récit (et c’est à mon sens surtout là que l’on voit Sterne préparer Tristram Shandy, même si d’autres traits d’écriture se retrouvent dès le départ : l’usage abusif des tirets – le fameux tiret shandéen inclus –, les phrases interminables, le jeu sur les italiques et gothiques, etc.).

 

Le récit (le « roman politique » à proprement parler) nous montre les pathétiques activités d’un dénommé Trim pour s’emparer d’une capote et d’une culotte. La « clef », quant à elle, rapporte que l’ouvrage en question a été trouvé par une société politique et littéraire anglaise, qui s’empresse aussitôt de débattre du sens à donner à ce qui ne peut être qu’une allégorie. C’est dans cette partie franchement délirante que l’on trouve surtout les bases de l’humour si particulier de Tristram Shandy – et c’est donc sans surprise la plus intéressante.

 

La préface de Serge Soupel nous éclaire sur le véritable sens à donner à cette histoire obscure de capote et de culotte – sens qui n’apparaît bien évidemment pas dans la « clef » (à peine est-il sous-entendu à un moment du débat), mais qui était limpide pour les contemporains et concitoyens de Sterne. Le Roman politique est en effet un pamphlet, qui donne une bien triste image des affaires ecclésiastiques d’Angleterre, à l’occasion d’une dispute entre plus ou moins honorables hommes d’Église pour obtenir des charges (grassement rémunérées, comme de bien entendu). Trim correspond à un sinistre arriviste du nom de Topham, et tous les autres personnages sont des représentations sur un mode trivial de personnalités d’York, connaissances, amis et protecteurs de Sterne, qui s’en donne à cœur joie.

 

Alors, évidemment, tout ceci nécessite des explications pour le lecteur d’aujourd’hui, lequel, avouons-le, ne trouvera sans doute guère d’intérêt à ce récit qu’on devine cependant vigoureux dans la caricature, outre les traits d’écriture annonçant Tristram Shandy. Aussi est-ce surtout la « clef » qui retiendra notre attention ; et là, c’est un vrai bonheur : Sterne, dans un exposé jubilatoire, multiplie les interprétations toutes plus saugrenues les unes que les autres de ce qui ne peut être, c’est considéré comme acquis, qu’un « roman politique ». Le lecteur complice, qui sait ce qu’il en est, s’amuse vraiment dans ces pages délirantes, critiques acerbes des interprétations littéraires. Ce qui donne évidemment à réfléchir, et constitue un sévère avertissement pour les exégètes en tout genre, votre serviteur inclus.

 

C’est là ce qui constitue à mon sens le principal intérêt de ce Roman politique. Pour le reste, si les arrivistes n’ont certes pas disparu de notre bonne vieille planète entre-temps, il va néanmoins de soi que le contexte précis de cette affaire nous est bien éloigné, et que l’on n’en rira donc pas autant qu’un habitant de York au milieu du XVIIIe siècle, qui pouvait, lui, sans peine deviner qui se cachait derrière tel ou tel personnage.

 

C’est pourquoi je ne puis véritablement recommander la lecture de ce tout petit ouvrage qu’est Le Roman politique. Disons que c’est une curiosité, qui pourra ravir les amateurs de Sterne, mais guère plus. On note par contre avec plaisir tout ce qui y annonce Tristram Shandy. Eh oui : on en revient toujours là… Alors, au risque de me répéter (…), je ne peux guère me servir de ce petit compte rendu que pour vous encourager (chaudement, oui) à lire ce monument qu’est La Vie et les opinions de Tristram Shandy (chez Tristram, hein). Lisez cette merveille, et plus vite que ça ! Je ne vois pas comment vous pourriez le regretter.

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"L'Homme qui mangeait la mort", de Borislav Pekic

Publié le par Nébal

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PEKIĆ (Borislav), L’Homme qui mangeait la mort, [« Čovek koji je jeo smrt », in Novi Jerusalim], traduit du serbo-croate par Mireille Robin, Marseille, Agone, coll. Marginales, [1988] 2005, 92 p.

 

Salauds de libraires ! SALAUDS ! Comme si je n’avais pas déjà assez de trucs à lire, il faut en plus qu’ils me tendent des embuscades ! Ainsi avec cette nouvelle de Borislav Pekić, dont je n’avais jamais entendu parler ni d’Ève ni d’Adam, mais dont le titre m’a suffisamment intrigué pour que je jette un œil à la quatrième de couverture. Geste fatal ! En dépit d’un prix prohibitif (oui, parce que 12 € quand même, pour une nouvelle de 73 pages, en fait, puisque les 20 dernières sont occupées par un extrait d’une autre œuvre du même auteur…), je n’ai pu résister, et me suis emparé de la chose.

 

 

Bon, d’accord, je ne le regrette pas, mais quand même : SALAUDS !

 

L’Homme qui mangeait la mort emprunte un cadre qui m’est cher : la Révolution française, et plus particulièrement la Terreur. Il s’agit de la chronique (évidemment romanesque, même si l’ouvrage prend l’aspect d’une enquête historique « fondée sur des sources inédites », mais de toute façon insuffisantes pour s’exprimer sans l’aide de l’imagination de l’écrivain) d’un « presque anonyme », d’une petite figure de l’Histoire, dans cette brève période qui connut tant de géants, et, sous cet angle, je n’ai pu m’empêcher d’établir un rapprochement avec le bien plus récent mais formidable Les Onze de Pierre Michon.

 

« L’Homme qui mangeait la mort », c’est le citoyen Jean-Louis Popier, greffier du Tribunal révolutionnaire, qui enregistre jour après jour les condamnations à mort réclamées par le peuple en la personne de l’accusateur public Fouquier-Tinville. La tradition orale contre-révolutionnaire s’est emparée du personnage, a cherché à en faire un ennemi de la Révolution, mais sans doute ne s’agit-il là que de légendes et d’exagération envers ce « saint homme », que l’on a voulu faire agir dès les Massacres de Septembre, par exemple. La vérité, à en croire son biographe, est tout autre, et la « sainteté » de Jean-Louis Popier présente un caractère d’ambiguïté qui ne le rend que plus fascinant dans son héroïsme discret. Jean-Louis Popier, effectivement, mangeait la mort ; entendre que, suite à une méprise, puis intentionnellement, il a, chaque jour de son activité au Tribunal révolutionnaire, dissimulé puis mangé le nom d’un « ennemi du peuple » envoyé à la guillotine, comme il y en avait alors des charretées entières au quotidien. Ainsi, discrètement, en s’emparant d’un simple nom sur une liste, il sauvait un homme ou une femme de « la machine qui met les têtes à bas ».

 

Ce qui n’est pas si simple. Il y a, bien sûr, le danger d’être pris sur le fait, ce qui équivaudrait à l’expédier lui-même place de la Révolution. Mais aussi : comment choisir le nom ? Dans le premier cas, c’est par erreur qu’il a sauvé une fileuse qui voulait un bon rouet (on avait entendu : un bon roi). Mais il a ensuite mangé la mort intentionnellement. Et chaque décision était un crève-cœur : de même que Fouquier-Tinville, ou peut-être plus encore que Robespierre, « l’Incorruptible » auquel il se met à ressembler de plus en plus jour après jour, il a le pouvoir de décider de la vie ou de la mort de tout un chacun. Mais il faut, pour cela, que son activité reste discrète : un nom par jour, pas plus. Et ce nom ne peut pas être celui d’un révolutionnaire, si célèbre que sa disparition des registres ne saurait passer inaperçue : tant pis pour les Girondins, pour Hébert, pour Danton, le créateur de ce Tribunal révolutionnaire avant de devenir le chef des « Indulgents »… Mais il y a les autres, toute cette foule de ci-devant et de petites gens ; ceux-là, il est possible de les sauver. Mais les accusations sont trop vagues pour se faire une idée de qui doit être sauvé… d’autant qu’en sauver un, c’est par nature en condamner un autre ; d’où ces saisissants cauchemars, quand Popier, qui n’a jamais vu la guillotine, se la figure sous la forme d’un gigantesque rouet. Faut-il laisser faire le hasard ? l’inspiration ? mener une enquête (discrète, bien sûr) ? Faut-il sauver Rigout le cordonnier ou Rigout le voleur ? Oui, il y a bien là de quoi avoir des maux d’estomac… jusqu’à la fin, inéluctable.

 

L’Homme qui mangeait la mort, nouvelle forte, intelligente et sensible, est un vrai petit bijou. D’une plume délicate et sûre, Borislav Pekić y dresse l’extraordinaire portrait d’un héros de l’ombre, discret et presque anonyme, comme l’Histoire en a connu tant, au milieu des ordures, mais qu’elle s’empresse d’oublier. Si le cadre de la Terreur est superbement utilisé (en dépit de quelques petites maladresses, du moins j’ai l’impression), il va de soi que cette chronique a quelque chose d’intemporel, d’anhistorique, et l’on ne peut que penser, à sa lecture, aux héros inconnus d’autres périodes sanglantes, qui, par un geste, une décision vite destinée à sombrer dans l’oubli, ont sauvé des vies. Sous cet angle, c’est un hommage superbe et vibrant.

 

Mais c’est aussi une petite merveille d’écriture, astucieusement construite, palpitante de la première à la dernière page, et d’un style tout à fait délicieux, mettant en abîme l’enquête et le roman historiques, dans une synthèse adroite et réjouissante. Texte d’une profonde humanité, L’Homme qui mangeait la mort ne saurait laisser indifférent, et séduit sous tous les angles.

 

Alors oui, 12 €, certes… Mais je ne les regrette pas. Et peut-être, un de ces jours, vais-je essayer de lire d’autres œuvres de Borislav Pekić, comme La Toison d’or. On verra bien…

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"Je m'habillerai de nuit", de Terry Pratchett

Publié le par Nébal

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PRATCHETT (Terry), Je m’habillerai de nuit, [I Shall Wear Midnight], illustrations de Paul Kidby, traduit de l'anglais par Patrick Couton, Nantes, L'Atalante, coll. La Dentelle du cygne, [2010] 2011, 441 p.

 

Parallèlement à son cycle « classique » des « Annales du Disque-monde » (dont le dernier titre en date est le finalement plutôt pas mal Allez les mages !), Terry Pratchett poursuit avec Je m’habillerai de nuit sa série (plus ou moins, mais de moins en moins) « jeunesse » ayant pour principaux protagonistes la jeune sorcière Tiphaine Patraque (désormais âgée de seize ans) et les inénarrables Nac mac Feegle (miyards !).

 

Et, autant le dire de suite, ça ne lui réussit pas vraiment. J’avais beaucoup aimé Les Ch’tits Hommes libres, bien aimé Un Chapeau de ciel, pas aimé L’Hiverrier ; je n’ai pas aimé non plus Je m’habillerai de nuit. Seulement il paraît que l’on n’a pas le droit de dire du mal des livres. Vous ne me verrez donc pas écrire ici que ce roman est une sombre merde.

 

 

Enfin, « sombre », je peux, ça ? Le fait est que Je m’habillerai de nuit, à la différence du Pratchett le plus conventionnel, n’est pas un roman où l’on se marre vraiment. On ne s’y marre même pas du tout, ce qui constitue en soi un problème déjà non négligeable. Mais l’atmosphère, de manière générale, est plus sombre que d’habitude, comme si, en gagnant en maturité, Tiphaine Patraque devenait plus sérieuse, et ses aventures itou. Mais si Pratchett est très doué pour infuser du sérieux dans un roman humoristique – ce qu’il a maintes fois démontré –, il n’a à mon sens guère de talent dès lors qu’il évacue l’humour. Oh, certes, il ne l’évacue pas totalement dans ce dernier roman… Seulement, il tombe systématiquement à plat. Et c’est bien triste.

 

Du coup, il ne reste pas grand-chose pour sauver Je m’habillerai de nuit. On pourrait bien évidemment, outre l’humour, se contenter d’une bonne histoire. Mais on la cherchera en vain dans ce roman au tissu narratif très relâché. La mise en place est affreusement longue, et on se demande pendant un bon moment où veut en venir l’auteur. Puis, finalement, quelque chose se dessine, une trame toute riquiqui, et franchement pas satisfaisante. Qui se conclut mollement sur un triste « tout ça pour ça », avec happy end interminable à la clé.

 

Enfin, essayons quand même d’en dire quelques mots… Tiphaine Patraque, donc, a désormais seize ans ; elle est bien loin, la petite fille des Ch’tits Hommes libres. C’est maintenant une sorcière accomplie, qui se coltine un boulot de sorcière, à savoir tout le sale boulot. Inlassablement ou presque. La « ch’tite michante sorcieure jaeyante » des Nac mac Feegle n’est pas exactement aux 35 heures. D’où une loooooooongue exposition où nous suivons Tiphaine dans son quotidien et ce qu’il a de plus sordide. Avec quelques événements-clés (où ça ne rigole pas), dont le passage à tabac et l’avortement qui en résulte d’une fille par son père, la tentative de suicide de ce dernier (…), et la mort du baron. Aha ? Non, pas vraiment. Mais l’histoire ne se dessine toujours pas.

 

Et puis, petit à petit, Pratchett introduit dans son récit le personnage du Rusé, sorte de fantôme d’inquisiteur – avec un ersatz de Malleus Maleficarum – qui veut beaucoup de mal aux sorcières, et répand sur son passage la haine à leur encontre, haine se soldant éventuellement par un joli bûcher. Le Rusé en a après toutes les sorcières, mais, allez savoir pourquoi (oui, on le saura), il en a particulièrement après Tiphaine Patraque ; qui devra donc s’en débarrasser comme toute sorcière digne de ce nom, c’est-à-dire seule (malgré l’assistance épisodique sous forme de guest stars de toute une flopée de consœurs).

 

Et.

 

Voilà.

 

C’est maigre. Et ça ne fait définitivement pas un roman. Du moins, pas un roman du Disque-monde. À la limite, on pourrait y voir le prétexte à une chronique de la vie paysanne, avec lourd message sur la condition des femmes dedans. Sans doute. Mais ça n’est guère convaincant. Non, Pratchett, ici, n’y arrive tout simplement pas. Et le résultat est un roman bancal et qui donne une certaine impression de bâclage.

 

C’est d’autant plus dommage que, dans l’ensemble, les personnages sont toujours aussi intéressants. Du moins les héros, Tiphaine Patraque et les Nac mac Feegle (qui, allez, arrachent bien de temps en temps un maigre sourire au lecteur). Pour les autres, ça coince déjà un peu plus (même si une « retrouvaille », dans tout ce gâchis, fait quelque peu plaisir, mais chut, je ne voudrais pas enlever à ce roman un de ses rares moments intéressants) ; on notera tout de même Madame Proust, de Pipo, la sorcière d’Ankh-Morpork…

 

Mais bon. Au long de ces 440 pages (oui, parce qu’en plus, dans cette série, Pratchett fait de plus en plus dans le volume), on s’ennuie ferme. Ça tire méchamment à la ligne, ça ne fait pas rire, ça n’éveille que rarement l’intérêt défaillant du lecteur. Bref, c’est mauvais.

 

 

Mais ça, je n’ai pas le droit de l’écrire. Disons donc que vous n’avez rien lu. Et que Je m’habillerai de nuit est un roman de Terry Pratchett, dont vous trouverez aisément la quatrième de couverture sur le ouèbe. Et comme ça, on sera tous bien mieux avancés.

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"Machiavel entre politique et histoire", d'Eugenio Garin

Publié le par Nébal

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GARIN (Eugenio), Machiavel entre politique et histoire, [Machiavelli fra politica e storia], traduit de l’italien par Filippo Del Lucchese & Frédéric Gabriel, Paris, Allia, [1992-1993] 2006, 109 p.

 

Aujourd’hui, à mon grand regret, je vais être obligé de faire très bref. En effet, ce petit ouvrage s’intéressant notamment aux influences de Machiavel et à son rapport à l’histoire à travers deux articles, « Machiavel et Polybe » et « Les Histoires florentines », m’est largement passé au-dessus de la tête.

 

Sans être moi-même un grand lecteur de Machiavel – je n’ai fait que lire (et relire, et re-relire, etc.) Le Prince, et quelques morceaux choisis des Discours sur la première Décade de Tite-Live et de L’Art de la guerre –, je pensais néanmoins avoir assez de bases pour aborder l’essai d’Eugenio Garin, spécialiste des études renaissantes. J’avais tort… En effet, il me semble que, pour vraiment retirer quelque chose de cet ouvrage, des connaissances superficielles sur le sujet sont insuffisantes : il faut être passablement calé en exégèse machiavélienne (en italien, tant qu’à faire…) et en historiographie de la période, notamment florentine comme de bien entendu. Ce qui est donc loin d’être mon cas.

 

Aussi n’ai-je finalement pas grand chose à dire de ce petit livre bien plus complexe et pointu qu’il n’y paraît… Quelques vagues pistes, néanmoins : on y situe Machiavel, surtout envisagé en tant qu’historien, au milieu de ses influences, antiques (Polybe au premier chef) comme contemporaines (les historiens humanistes, notamment florentins – et de s’interroger sur l’appartenance ou non de Machiavel à ce courant, en concluant semble-t-il par la négative). On s’interroge également, dans la lignée de l’auteur grec, sur la permanence des choses et de la nature humaine, dans le cycle des régimes politiques, l’anacyklosis, dont le rappel ouvre les Discours. On s’attarde sur les Histoires florentines, ouvrage sans doute méconnu par rapport aux autres œuvres du corpus machiavélien, mais dont l’importance est ici réévaluée. On envisage avec minutie et érudition leur élaboration, et leur sens, avec cette idée fondamentale, « réflexion plus générale sur le métier d’historien : celui qui écrit l’histoire accomplit nécessairement, consciemment ou non, un acte politique ».

 

 

Voilà. J’en suis vraiment le premier désolé, mais je ne peux guère en dire plus. J’avoue honteusement avoir été bien souvent largué par ce petit essai très précis, et ne peux prétendre en tirer davantage d’enseignements. À réserver à mon sens, peut-être pas aux « spécialistes » de Machiavel pour autant, mais à ceux qui ont tout de même des connaissances relatives à ce sujet dépassant les lieux communs de l’enseignement en histoire des idées politiques et en science politique. Je pensais que c’était mon cas : j’avais tort. Vaincu, le Nébal.

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"Rafael, derniers jours", de Gregory Mcdonald

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MCDONALD (Gregory), Rafael, derniers jours, [The Brave], traduit de l’américain par Jean-François Merle, Paris, 10/18, coll. Domaine policier, [1991, 1996, 2005] 2009, 190 p.

 

Une fois n’est pas coutume, voici un livre que j’ai acheté et lu sur les bons conseils d’un précieux libraire (Monsieur X., que ton nom soit sanctifié, etc.). Un roman court mais éprouvant comme je les aime. Et qui n’a rien d’un policier en dépit de la collection : on fait ici dans le roman social, mais avec une profonde intelligence et une empathie rare.

 

Le point de départ est très fort, tout en étant à dire vrai un peu improbable (mais on s’en fout). Rafael est un jeune américain paumé ; aussi accepte-t-il le « travail » qu’entend lui confier un mystérieux individu : tourner – volontairement – dans un snuff movie. Dans un chapitre terrible de froideur, le « scénario » lui est conté par le menu : actes de torture ignobles et, en définitive, la mort. Vraiment. Mais Rafael accepte, contre quelques jours de sursis et trente mille dollars pour sa femme et ses trois gosses.

 

C’est que Rafael n’a pas d’avenir. Illettré, alcoolique, chômeur, il porte sur lui la misère la plus noire que puissent engendrer les États-Unis. Rafael, s’il est un peu simplet, comprend bien que, pour lui, tout est foutu. D’ailleurs, le producteur du film le lui a dit : un an de plus, et il n’en aurait pas voulu. Alors Rafael accepte d’endurer la souffrance et de mourir sur un écran. Et il quitte le bureau du producteur avec quelques billets en poche, qu’il va s’empresser, non pas de boire, étrangement, mais d’utiliser pour faire des cadeaux à sa femme et à ses enfants.

 

Nous vivrons donc avec lui ses derniers jours sur cette terre de malheur. Jusqu’au jeudi fatidique, celui où il devra « faire son boulot ». Et c’est en le suivant que nous découvrons le quotidien de Morgantown, un bidonville coincé entre Big Dry Lake et une décharge. C’est là que Rafael et sa petite famille (sur)vivent, entourés de leurs semblables. Et c’est là que réside en définitive l’horreur dans ce court roman, qui a judicieusement évacué dès les premières pages tout ce qui aurait pu faire craindre la gratuité. La véritable horreur, ici, ne réside donc pas dans le snuff movie. Elle est d’ordre social : une plongée dans le quart-monde américain dans ce qu’il a de plus sordide.

 

Le moins que l’on puisse dire est que cette virée chez les plus pauvres des pauvres fait son petit effet. Sans jamais abuser du pathos, sans jamais verser dans la gratuité (donc), Gregory Mcdonald nous fait vivre littéralement les derniers jours de Rafael au milieu des siens, et c’est terrible. On en vient presque à comprendre le choix de Rafael, tant l’horizon est sempiternellement bouché sur Morgantown. Ici, les gens n’ont guère que deux moyens pour tenir : l’alcool, et ce qu’ils peuvent dénicher dans la décharge ; mais celle-ci est maintenant gardée par un type armé jusqu’aux dents… À terme : rien. Le vide. Pas d’avenir. Rafael ne cesse de le répéter à sa petite famille : il faut partir d’ici, quitter Morgantown. Mais pour aller où ? Et pour faire quoi ? Et comment ? Ils n’ont pas le moindre argent… Aussi Rafael garde-t-il précieusement le « contrat » qu’il a signé avec le producteur, cette promesse d’un avenir meilleur pour les siens. Et de garder le secret sur son « travail », qui lui a permis d’acheter tous ces merveilleux cadeaux : deux robes pour Rita (qui n’a jamais eu de robe neuve de sa vie), et, pour les enfants, un synthétiseur, un jeu de médecin et un gant de base-ball. Pourquoi ? Il est trop petit, et de toute façon personne ne joue au base-ball à Morgantown… Pour plus tard. Ailleurs.

 

La tendresse et la naïveté de Rafael emportent l’adhésion. On se prend très vite d’attachement pour ce personnage incroyablement humain, au quotidien sinistre. Et le snuff movie passe tout aussi rapidement au second plan, à la fois menace et espoir de rédemption. C’est qu’il y a quelque chose de christique en Rafael, destiné à se sacrifier pour les autres, et connaissant, entre-temps, la douleur et la trahison. Superbe personnage, donc, touchant directement au cœur.

 

Et puis il y a Morgantown. En contrepoint du snuff movie vaguement mythique, le bidonville est d’une effroyable réalité. De temps en temps, on a peine à croire qu’un endroit pareil existe dans la première économie du monde, mais tout doute disparaît bien vite à chaque fois. On sait que Morgantown existe. On le sent dans ses veines. On voit cette décharge, entourée de déchets humains saouls du matin au soir, consanguins, analphabètes, pouilleux, Affreux, sales et méchants (l’humour en moins…).

 

Aussi, derrière le récit des derniers jours de Rafael, pointe un impitoyable réquisitoire, un acte d’accusation cinglant et dur, dénonçant à l’Amérique sa face cachée qu’elle prend bien soin de déguiser, d’ignorer, de mépriser. Mais à la lecture de Rafael, derniers jours, on ne peut plus se dissimuler l’existence de Morgantown et de ceux qui y végètent. Et, évidemment, le lecteur français est amené à transposer cette cruelle réalité…

 

Le prétexte est bien loin : reste un roman poignant et profondément déprimant, social au sens le plus noble, tout sauf les abominations boboïsantes qu’on nous inflige parfois sous cet intitulé. Une réalité crue, mais décrite sans complaisance, à auteur d’homme. Un récit d’une humanité rare, qui ne saurait laisser indifférent. Une plume sobre et juste, élégante et digne dans son minimalisme. Un très bon roman, en somme, qui sait adroitement éviter tous les écueils propres à son sujet, et convainc à chaque page. À lire.

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"R.U.R.", de Karel Capek

Publié le par Nébal

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ČAPEK (Karel), R.U.R. Rossum’s Universal Robots, traduit du tchèque par Jan Rubeš, préface de Brigitte Munier, Paris, Éditions de l’Aube – La Différence, coll. Minos, [1920, 1997] 2011, 219 p.

 

R.U.R. de Karel Čapek fait partie de ces œuvres que l’on « connaît » sans les avoir lues. Ce nom résonne tout particulièrement aux oreilles des amateurs de science-fiction. C’est en effet dans cette pièce de 1920 qu’est apparu pour la première fois le terme « robot » (robota signifiant « corvée » en tchèque), quand bien même le concept avait précédé le mot servant à le désigner, tout naturellement (il n’est que de songer à Frankenstein ou, pour citer deux œuvres dont j’avais traité, L’Ève future et Ignis – sans même parler du golem, création juive tchèque qui a très probablement infusé dans le texte)… C’est à bien des égards ce fait qui a valu à la pièce de Karel Čapek de rentrer dans l’histoire. Mais, quand je suis tombé sur cette toute récente réédition, il va de soi que je me suis jeté dessus histoire d’en savoir un peu plus…

 

R.U.R. (pour Rossum’s Universal Robots) est une pièce en un prologue et trois actes. Le prologue, de tonalité plutôt comique (en principe, en tout cas…) à l’inverse de ce qui suit, précède le premier et le deuxième actes de dix ans jour pour jour, tandis que le dernier acte se situe quelques mois plus tard (on ne fait donc pas vraiment ici dans l’unité de temps).

 

Un savant nommé Rossum a découvert le secret de la vie artificielle. Son successeur a perfectionné le procédé pour créer des « humains » artificiels, les fameux robots, « machines capables de penser qui s’imposent comme une force de travail extraordinairement peu coûteuse, productive et sans prétentions ». La société Rossum’s Universal Robots les produit par milliers, et les robots viennent bientôt remplacer les humains dans la plupart des tâches pénibles – voire toutes.

 

Le prologue nous explique comment ces événements ont eu lieu, à l’occasion de la visite du siège de Rossum’s Universal Robots par la belle Hélène Glory, plus qu’inquiète au sujet de ces robots qui déboulent sur le monde. Mais elle y rencontre Harry Domin, le directeur de R.U.R., qui s’empresse de la rassurer… et de la séduire, malgré la concurrence des principaux de ses associés. La tonalité de ce prologue est très enjouée, et le ton est clairement celui de la comédie, limite burlesque, même si, on l’avouera, sur le papier en tout cas, ça ne prête pas vraiment à rire…

 

La suite de la pièce est par contre clairement tragique (de plus en plus, à vrai dire). Dix ans plus tard, jour pour jour, alors que Domin et ses associés célèbrent l’anniversaire de la venue d’Hélène au siège de la R.U.R., les robots sont partout. Et les nouvelles se font rares depuis qu’une rébellion des robots a éclaté au Havre… Bientôt, il n’y aura cependant plus aucun doute : les robots, qui ont été formés à la guerre par les humains, lesquels ont de leur côté sombré dans l’oisiveté la plus totale, se sont lancés dans l’extermination de l’humanité entière – parce qu’ils se considèrent comme plus parfaits et ne veulent plus être commandés. Il leur manque cependant une chose pour que leur triomphe soit complet, une chose qui se trouve au siège de la R.U.R. : le secret de la vie artificielle…

 

La pièce de Karel Čapek est clairement une œuvre morale… et, du coup, on y retrouve un petit peu les mêmes problèmes que pour La Ville enchantée, dont je vous avais entretenu récemment.

 

Le thème de la révolte des robots, depuis, est devenu un véritable lieu commun (citons, au hasard, Terminator ; même si, déjà, auparavant, on pouvait parler de « syndrome de Frankenstein » et, une fois de plus, la légende du golem est un prédécesseur à ne pas négliger). Mais, entre-temps, nous avons également eu Isaac Asimov et ses robots positroniques obéissant aux fameuses « trois lois », largement destinées à prévenir une telle révolte et à annihiler la peur que les humains pourraient ressentir pour ces créatures artificielles tellement parfaites. Mais, ici, on en est bien loin, quand bien même il n’est pas toujours facile, pour le lecteur de SF, de faire l’impasse sur cette célèbre idée. Aussi, aujourd’hui plus encore qu’à sa parution sans doute, la révolte des robots dans R.U.R. relève à maints égards de la fable.

 

On pourrait y voir, de loin, une thématique sociale, sur l’exploitation des travailleurs. Mais ce n’est en fait pas vraiment marqué dans le texte (il y a bien quelques passages qui envisagent la question sous cet angle, mais ils sont finalement assez rares), vécu par des humains apeurés qui regrettent l’existence des robots (enfin, pas tous, d’ailleurs : Domin, malgré tout, incarnation d’un certain positivisme, affirme qu’il recommencerait si c’était à refaire). Aussi le fond de la pièce est-il avant tout moral, voire religieux (au travers de deux personnages essentiellement, l’un burlesque – Nounou –, l’autre tragique – Alquist, qui sera le héros du dernier acte). Les robots sont une manifestation de l’hybris des hommes, qui ont joué à être des dieux. En créant les robots, si parfaits, et en venant d’une certaine manière à les doter d’une âme, ils ont eux-mêmes fait l’étalage de leur anachronisme et de leur inutilité. Ce dépassement se traduit dans la pièce par une chute drastique du nombre des naissances : l’humanité étant de toute façon vouée à disparaître, ne se reproduit plus… Et tout cela, à bien des égards, donne l’impression d’une certaine justice divine, impitoyable : l’homme, en étant chassé du jardin d’Éden, a été condamné par Dieu à gagner son pain à la sueur de son front, et la femme à enfanter dans la douleur ; les hommes comme les femmes ne satisfaisant plus à ces conditions sont « de trop », et destinés à être remplacés par les robots, chez qui on trouvera bien un nouvel Adam, une nouvelle Ève…

 

Et c’est là que ça coince. Disons-le : si la pièce n’est pas totalement inintéressante aujourd’hui, notamment en raison de sa structure et de l’atmosphère d’horreur apocalyptique qui l’imprègne, et si on ne saurait bien évidemment lui ôter son caractère séminal, il n’en reste pas moins que tout ce discours moraliste voire religieux énerve régulièrement. L’éloge acharné du travail, notamment manuel (voyez Alquist), m’a fait grincer des dents, moi qui tiens plutôt du Droit à la paresse de Lafargue… Et cette « justice » divine me paraît donc foncièrement injuste : je ne me reconnais pas dans la critique de l’oisiveté, et pas davantage dans celle de la science-hybris, même si, je ne le cacherai pas, il est des apprentis-sorciers pour me faire peur. Aussi, à mes yeux en tout cas – mais peut-être cela provient-il justement du caractère séminal de l’œuvre –, le discours moral de R.U.R. a terriblement mal vieilli, et en rend la lecture aujourd’hui un tantinet pénible.

 

La pièce de Karel Čapek ne présente donc à mon sens d’intérêt que pour les plus curieux, et les exégètes de la science-fiction. Fade sur le plan littéraire, agaçante et datée sur le plan moral, elle n’a qu’un intérêt limité aujourd’hui. Je n’en regrette pas la lecture, mais ne saurais véritablement la recommander.

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"Ulysse et Magellan...", de Mauricio Obregon

Publié le par Nébal

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OBREGÓN (Mauricio), Ulysse et Magellan… Les premiers navigateurs, [Beyond the Edge of the Sea], traduit de l’anglais (américain) par Marianne Saint Amand, postface d’Isabelle Autissier, Paris, Autrement, coll. Passions complices, [2001] 2003, 127 p.

 

Bien qu’étant moi-même casanier à faire peur, j’ai toujours été passionné par les récits des grands voyageurs, explorateurs et découvreurs. Ce qui a longtemps voulu dire avant tout navigateurs. D’où ma lecture de ce petit ouvrage au sale titre (Magellan n’y est quasiment pas envisagé, et relève clairement du hors-sujet…), qui retrace, entre histoire et mythe, l’épopée des premiers navigateurs, notamment grecs et polynésiens, puis arabes et vikings (on s’arrête en fait avec Erik le Rouge et consorts). Et si l’auteur abuse un peu du « moi je » et avance parfois un peu légèrement (dans cet ouvrage en tout cas) des hypothèses qu’on pourrait trouver hasardeuses, il sait néanmoins clairement de quoi il parle. Ce qui promet un voyage des plus enthousiasmants.

 

L’ouvrage, en dépit des apparences, n’est pas forcément d’un accès très aisé, et les premiers chapitres, consacrés en parallèle aux navigateurs grecs et polynésiens et aux techniques qu’ils employaient, sont parfois délicats. On commence tout d’abord par envisager quelques mythes fondateurs, puis les vents et le repérage aux étoiles, et enfin les bateaux utilisés. Il faut parfois s’accrocher un peu, mais c’est tout à fait intéressant.

 

Le cœur du livre réside néanmoins dans la reconstitution minutieuse (et curieusement « historique ») de deux grands voyages mythiques : vers l’Orient, celui de Jason et des Argonautes ; vers l’Occident, celui d’Ulysse. Les données géographiques pointues abondent, qui tendent à inscrire ces deux voyages dans l’histoire. Le résultat est cependant franchement passionnant.

 

Et il en va de même pour la suite, consacrée donc – mais moins en détail – aux navigateurs arabes tournés vers l’Est et aux navigateurs vikings tournés vers l’ouest.

 

 

Et, euh, je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus, désolé… Un petit ouvrage curieux, instructif et amusant, voilà…

 

Bon…

 

Passons à autre chose…

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