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CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

Publié le par Nébal

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

Huitième – et dernière ! – séance du scénario pour L’Appel de Cthulhu intitulé « Au-delà des limites », issu du supplément Les Secrets de San Francisco.

 

Vous trouverez les éléments préparatoires (contexte et PJ) ici, et la première séance . La précédente séance se trouve quant à elle .

 

Le joueur incarnant Bobby Traven, le détective privé, était absent. Étaient donc présents les joueurs incarnant Eunice Bessler, l’actrice ; Gordon Gore, le dilettante ; Trevor Pierce, le journaliste d’investigation ; Veronica Sutton, la psychiatre ; et Zeng Ju, le domestique.

I : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 21H30 – MANOIR GORE, 109 CLAY STREET, NOB HILL, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

[I-1 : Veronica Sutton, Gordon Gore, Zeng Ju, Trevor Pierce : Bobby Traven ; Hadley Barrow] Veronica Sutton, après avoir rédigé son testament et s’être une dernière fois occupé de ses chats, retourne au manoir Gore, où sont restés les autres. Gordon Gore est dans un état d’esprit proche de celui de la psychiatre. À ce stade, les victimes de la Noire Démence, à savoir Zeng Ju, Trevor Pierce et Bobby Traven, n’ont quasiment plus aucune perception du monde réel – mais, là où ils se trouvent, ils ne distinguent rien non plus, sinon eux-mêmes ; seulement de ces masses grisâtres, plus ou moins sphériques, et agitées d’un mouvement permanent, imprévisible… La psychiatre les examine, et son diagnostic confirme celui du Dr Hadley Barrow : en dehors des taches noires caractéristiques, les malades ne présentent pas de symptôme physique – ils ne sont pas encore sous-alimentés, bien sûr, et leurs organes sensoriels fonctionnent parfaitement ; cependant, ils ne « reçoivent » rien de ce monde-ci.

 

[I-2 : Zeng Ju, Veronica Sutton, Trevor Pierce, Gordon Gore, Eunice Bessler : Bobby Traven] Ou presque ! Car quelques échos peuvent exceptionnellement leur permettre de franchir la barrière entre les mondes… Et Zeng Ju, même avec un temps de latence, a perçu qu’on lui attrapait la main (le Dr Sutton en train de l’examiner) ; aveugle et comme sourd, il crie : « Vous m’avez touché ! Quelqu’un m’a touché ! » Ce qui fait sursauter tous les autres… La force de volonté non négligeable de Zeng Ju lui permet, pour un temps, de percevoir suffisamment de choses de ce monde pour tenter d’avoir un semblant de conversation – même très étrange… Et il aperçoit une silhouette très indistincte, sans doute celle de la psychiatre. Zeng Ju, affolé, essaye de décrire ses perceptions – des deux mondes ; et qu’il peut communiquer beaucoup plus facilement avec Trevor Pierce et Bobby Traven… lesquels n’entendent pas Veronica – qui, elle, comme Gordon Gore et Eunice Bessler, entend très bien Zeng Ju s’adresser à ses amis malades ! La scène est très déconcertante pour tout le monde…

 

[I-3 : Zeng Ju, Veronica Sutton : Bobby Traven] Mais Bobby Traven – qui, aux yeux des autres, donnait l’impression de s’être assis au milieu du salon du manoir Gore –, comprend que Zeng Ju parle avec Veronica Sutton ; lui ne voit pas et n’entend pas cette dernière, mais comprend que, s’il parle, elle l’entendra – ainsi que les autres à ses côtés ! Il se lève, et, les yeux dans le vague, sans voir son interlocutrice, il crie : « Il ne faut pas nous laisser ici ! Conduisez-nous au Tenderloin, c’est le seul endroit où nous pouvons entrevoir quelque chose ! » En effet, le détective avait déduit ceci lors de sa dernière virée dans le quartier des restaurants français – il a toujours en tête l’image de ce vol de moineaux… Zeng Ju pense qu’il a raison – il enjoint la psychiatre à faire ce que suggère le détective. Elle approuve – et le domestique rapporte ses paroles à Bobby (puisque ce dernier n’entend pas Veronica, mais seulement les victimes de la Noire Démence).

 

[I-4 : Veronica Sutton, Gordon Gore, Eunice Bessler : Harold Colbert, Jonathan Colbert, Andy McKenzie] Veronica Sutton décide donc d’accompagner les trois malades dans le Tenderloin. Gordon Gore se propose de venir également avec eux (il conduira la voiture – faire pénétrer les infectés dans le véhicule est une expérience très désagréable pour eux, qui se sentent palpés et dirigés sans avoir la moindre emprise sur ce qui se produit…), tandis que Eunice Bessler, de sa propre initiative, va attendre au manoir Gore le retour du Pr Harold Colbert, parti chercher un couteau de métal pur afin d’exécuter le rituel d’invocation du « Fantôme-qui-marche ». Ils conviennent d’un point de rendez-vous dans le Tenderloin : devant l’immeuble où se trouve le dernier appartement loué par Jonathan Colbert et Andy McKenzie, au 250 Geary Street.

 

II : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 22H30 – RUES DU TENDERLOIN, ENVIRONS DU 250 GEARY STREET, TENDERLOIN, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

[II-1 : Gordon Gore, Veronica Sutton, Zeng Ju, Trevor Pierce : Bobby Traven] Gordon Gore conduit donc Veronica Sutton, et les malades Zeng Ju, Trevor Pierce et Bobby Traven dans le Tenderloin ; le dilettante passe par des petites rues et se gare non loin du 250 Geary Street. Et les perceptions des trois victimes de la Noire Démence changent progressivement : au fur et à mesure qu’ils pénètrent dans le quartier, les masses informes grisâtres tendent à se muer en bâtiments, en personnes (essentiellement des clochards, les autres personnes contaminées…), etc. Il y a comme des « sautes » brutales d’une perception à l’autre, et l’ensemble demeure relativement vague, mais, pour eux, c’est un changement considérable par rapport au manoir Gore – et qui a quelque chose d’un peu rassurant (pas trop non plus…). Mais ils savent que le monde dans lequel ils se trouvent ne correspond pas parfaitement à la « véritable » San Francisco.

 

[II-2 : Trevor Pierce, Zeng Ju, Veronica Sutton, Gordon Gore : Eunice Bessler, Harold Colbert] Trevor Pierce s’en fait l’écho – et Zeng Ju tente à nouveau de susciter un contact avec Veronica Sutton pour décrire ce qu’ils voient, avec succès. La psychiatre demande si quelque chose attire plus particulièrement leur attention : le domestique chinois détaille les environs, et remarque que, non loin, les clochards affectés par la Noire Démence forment comme un attroupement, bien plus important que tout autre ; il tend la main pour indiquer cette direction, et Veronica comme Gordon Gore constatent qu’ils voient eux aussi, dans le « vrai » monde, cet attroupement, dans un terrain vague à bâtir – mais avec cette conviction étrange que, si Zeng Ju ne le leur avait pas indiqué, ils n’y auraient pas pris garde. Dans les deux mondes, les clochards ont l’air hagard – certains sont debout, tanguant d’un pied sur l’autre, tandis que d’autres sont assis contre un mur ou une palissade ; leur absence totale de mouvement fait craindre un moment qu’ils soient morts, mais ce n’est pas le cas. Ils n’ont pas l’air menaçant, en tout cas – question que se posait Trevor. La scène n’en est pas moins perturbante, quel que soit le monde où l’on se trouve – ainsi avec cette femme, à quatre pattes, qui lape une flaque d’eau… Veronica saisit la main de Zeng Ju, et ils s’avancent lentement dans cette direction. Gordon Gore préfère rester devant le 250 Geary Street, anxieux de ce que Eunice Bessler et Harold Colbert les rejoignent. Trevor, lui, voyant Zeng Ju s’éloigner, décide de le suivre – mais son mouvement précipité était malvenu : il a heurté un homme de la « vraie » San Francisco, qu’il ne distinguait absolument pas… Il comprend que, dans son état, courir n’est pas une très bonne idée.

 

[II-3 : Veronica Sutton, Zeng Ju, Gordon Gore : Parker Biggs] Parmi les clochards, Veronica Sutton, aux aguets, remarque quelqu’un qu’elle avait déjà croisé – même si ses vêtements en très sale état, déchirés çà et là, et son attitude générale, n’ont plus grand-chose à voir : c’est Parker Biggs, le très violent propriétaire et gérant du Petit Prince… Les taches noires sur ses bras ne laissent aucun doute sur sa condition. Par réflexe, Veronica tire Zeng Ju en arrière par la manche – le domestique, ne voyant pas pourquoi, et qui ne contrôle pas très bien le niveau de sa voix, lui demande bien trop fort ce qui se passe ; ce qui attire l’attention de certains des clochards. Biggs également relève la tête, mais il a les yeux dans le vague – pourtant, il tend à se tourner vers Zeng Ju, et ses yeux, cette fois, s’écarquillent (le domestique chinois également le voit). Le truand semble le reconnaître – et lui imputer la responsabilité de son état, de sa voix sourde et égarée. Il se lève, difficilement – plusieurs clochards le suivent, sans bien comprendre ce qu’il se passe ; il prétend que les investigateurs se sont rendus au Petit Prince dans le seul but de le contaminer. « Faites-moi sortir d’ici… et je tirerai un trait sur toute cette affaire… sinon… » Il se montre menaçant. Zeng Ju crie à Mme Sutton qu’il vaut mieux s’écarter – il ne pourra pas se défendre contre Biggs et la quinzaine de clochards qui le suivent. Veronica recule précipitamment en tirant le domestique chinois par la manche. Mais sa mauvaise jambe lui fait mal – elle tombe presque à genoux… et appelle Gordon Gore à l’aide ! Toutefois, mettre un peu de distance entre les clochards et eux suffit à écarter leur menace – c’est comme s’ils les oubliaient…

 

[II-4 : Veronica Sutton, Gordon Gore : Clarisse Whitman] Cependant, en guettant ses poursuivants, Veronica Sutton remarque un clochard… ou plutôt une clocharde – et reconnaît Clarisse Whitman ! Mais la jeune fille de bonne famille est dans un état pitoyable… Hagarde, constellée de taches noires et de salissures, décoiffée, les vêtements autrefois luxueux réduits à des haillons… La psychiatre l’indique à Gordon Gore.

 

 

III : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 23 H – MANOIR GORE, 109 CLAY STREET, NOB HILL, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

[III-1 : Eunice Bessler : Harold Colbert, Jonathan Colbert] Au manoir Gore, sur Nob Hill, Eunice Bessler attend le retour du Pr Harold ColbertJonathan Colbert est à ses côtés. Le professeur revient enfin – et finalement plus tôt que ce qu’il pensait : il avait parlé d’aller chercher un couteau de métal pur à la Collection Zebulon Pharr, mais cela aurait demandé beaucoup trop de temps… Il a finalement décidé de chercher dans sa propre collection (il vit lui aussi à Nob Hill, mais a sans doute fait d’autres choses entre-temps), et il en revient avec une dague de cuivre d’origine égyptienne : qu’importe si elle provient d’une tout autre culture, il est convaincu qu’elle fera l’affaire pour le rituel. Eunice lui explique la situation – il leur faut rejoindre les autres au plus tôt dans le Tenderloin ! Les Colbert père et fils montent avec Eunice dans un taxi…

 

IV : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 23 H – RUES DU TENDERLOIN, ENVIRONS DU 250 GEARY STREET, TENDERLOIN, SAN FRANCISCO / LE ROYAUME – OÙ LE TEMPS ET L’ESPACE NE SIGNIFIENT RIEN… OU TOUT

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

[IV-1 : Gordon Gore, Veronica Sutton, Zeng Ju] Gordon Gore est persuadé qu’il y a une raison pour que les victimes de la Noire Démence se rassemblent ainsi dans ce terrain vague ; à ses yeux, il ne présente rien de particulier – il note seulement qu’il y a un projet de construction à cet endroit, le permis de construire a été délivré, mais les travaux n’ont pas commencé. Mais qu’en est-il selon les perceptions des malades ? Veronica Sutton parvient à maintenir un vague contact avec Zeng Ju, dont les perceptions de cet autre monde s’affinent de plus en plus. Or, dans son état, attirer son attention sur quelque chose, d’une certaine manière, autorise cette chose à exister véritablement. La confrontation de leurs ressentis permet au domestique de comprendre que la vieille bâtisse qui se trouve au fond du terrain vague (à moins qu’elle ne change de place ?) est invisible à ses amis ; mais cette maison fluctue – c’est comme si elle changeait d’apparence en permanence… Mais elle est là, oui – et les autres ne la voient pas, qu’importe les efforts de Zeng Ju pour la leur indiquer. Les descriptions hésitantes du domestique laissent supposer qu’il s’agit d’un bâtiment antérieur au tremblement de terre de 1906.

 

[IV-2 : Zeng Ju, Gordon Gore, Trevor Pierce, Veronica Sutton : Harold Colbert, Trevor Pierce, Parker Biggs, Clarisse Whitman] Zeng Ju est attiré par cette maison – tandis que Gordon Gore préférerait attendre l’arrivée du Pr Colbert. Le domestique chinois, inconscient de l’effet qu’il produit dans le monde « réel », hurle : « Il faut aller voir la maison ! IL FAUT ALLER VOIR LA MAISON ! » Trevor Pierce et Bobby Traven le suivent, ils ressentent la même attirance. Veronica et Gordon n’ont pas vraiment le choix… Un « sixième sens » semble maintenant bénéficier aux malades, qui leur permet d’éviter de heurter ce qu’ils ne voient pas, dans le monde « réel ». Mais il y a foule devant l’entrée de la maison… Ni Parker Biggs ni Clarisse Whitman ne semblent en faire partie.

 

[IV-3 : Zeng Ju] En jouant des épaules, Zeng Ju parvient sur le perron de la maison – ce qui ne fait aucune différence pour les autres ; mais lui distingue l’intérieur de la bâtisse, et la foule y est encore plus concentrée. La décoration de la maison est instable, mais, globalement, c’est son état le plus « luxueux » qui l’emporte ; il y a un étage… Le domestique chinois se précipite vers les escaliers. Et quand il monte…

 

[IV-4 : Veronica Sutton, Gordon Gore : Trevor Pierce, Bobby Traven, Zeng Ju] … Non, ce n’est pas comme s’il se mettait à monter en l’air, ou à disparaître aux yeux de Veronica Sutton et de Gordon Gore, c’est plutôt… comme s’il n’avait de toute façon jamais été là. Ils n’ont pas véritablement oublié sa présence, ils savent qu’ils ont accompagné quelqu’un qui n’est plus là, mais leurs perceptions les empêchent d’envisager les choses autrement – ils savent que quelque chose cloche, mais impossible de dire quoi… Il en va bientôt de même concernant Trevor Pierce et Bobby Traven, qui suivent Zeng Ju à l’étage. Veronica et Gordon se retrouvent seuls… au milieu de la foule des clochards qui n’a pas dépassé le perron – ils sont une bonne trentaine.

 

[IV-5 : Veronica Sutton, Gordon Gore : Clarisse Whitman, Parker Biggs] Toutefois, Veronica Sutton remarque à nouveau Clarisse Whitman… tandis que Gordon Gore est bousculé par Parker Biggs – et une dizaine d’infectés à sa suite ! C’est qu’ils sentent qu’il y a quelque chose, qu’ils ne voient pas… et ils cherchent à le saisir ! Il est renversé par terre, piétiné, palpé de partout par des gens désespérés d’entrer en contact avec quelqu'un, quelque chose… Il sait, avec une conviction absolue, qu’il est maintenant contaminé par la Noire Démence !

 

[IV-6 : Trevor Pierce, Zeng Ju : Bobby Traven] La maison est décidément l’endroit le plus concret de tout San Francisco pour les victimes de la Noire Démence. Chaque pièce croule sous les malades – qui ne font pas spécialement attention aux nouveaux arrivants. Mais il y a un peu moins de monde à l’étage. Bobby Traven est attiré par une chambre – une pièce vide, exceptionnellement. Trevor Pierce et Zeng Ju le suivent à l’intérieur. C’est une chambre bourgeoise, assez vaste, avec une cheminée. Mais, en se rendant à la fenêtre, tous voient un spectacle très étrange, inédit pour eux – comme une grande colonne fluctuante, qui fait des kilomètres de hauteur… Un peu comme un unique pilier soutenant la voûte du monde entier, formé par la rencontre d’une stalagmite et d’une stalactite, de proportions ahurissantes – tout autour gravitent les sphères mouvantes, davantage qu’ailleurs, dans une grisaille pesante… Bobby est fasciné, absorbé dans la contemplation de ce spectacle impensable. Il était impossible de voir cela ailleurs qu’à cette fenêtre – alors qu’une masse aussi colossale aurait dû être visible depuis le terrain vague, notamment. Zeng Ju essaye de déterminer la localisation « dans San Francisco » de ce phénomène, mais pas moyen – ça ne colle pas. Et cette colline paraît bien plus démesurée que toutes celles de la ville « réelle ». Par contre, il peut repérer la direction approximative de ce « tourbillon ».

 

[IV-7 : Veronica Sutton, Gordon Gore] « À San Francisco », Veronica Sutton, qui a assisté au triste sort de Gordon Gore, fait de son mieux pour y échapper – mais elle est à son tour bousculée, même si dans des proportions bien moindres que le dilettante. Le résultat est cependant le même – un faux mouvement la fait tomber dans la boue…

 

[IV-8 : Eunice Bessler, Gordon Gore, Veronica Sutton : Harold Colbert, Jonathan Colbert ; Andy McKenzie] C’est à ce moment qu’arrivent à proximité du terrain vague Eunice Bessler, Harold Colbert et Jonathan Colbert. Eunice est stupéfaite par la scène du terrain vague, elle ne sait pas comment réagir… Elle panique ! Mais Jonathan Colbert lui pose la main sur l’épaule alors qu’elle allait se précipiter sur son amant Gordon Gore ainsi que sur Veronica Sutton : « N’y allez pas. C’est foutu pour eux. » Eunice est désespérée : n’y a-t-il donc rien à faire ? Harold Colbert seconde son fils : « Si : le rituel. Mais je vous l’ai dit, Mademoiselle : pour ceux qui ont été contaminés, il est trop tard. Ils ne guériront pas. » Eunice se débat, mais le professeur insiste : « Non, écoutez-moi ! Pour que le rituel fonctionne, il faut que quelqu’un passe de son plein gré dans ce… ce "royaume", et en revienne. Cela ne marchera pas avec quelqu’un de contaminé par la Noire Démence – qui fait pénétrer dans cet autre monde d’une autre manière, une manière… non conforme. » Eunice est désespérée, mais n’a plus la force de lutter : les Colbert la ramènent en arrière tandis qu’elle sanglote… Jonathan Colbert propose de se retirer dans l’appartement qu’il louait avec Andy McKenzie, juste à côté – pour y exécuter le rituel, si c’est encore possible… et utile. Il ne doute pas que les policiers ont fouillé l’appartement, mais pénétrer à l’intérieur ne sera pas un problème – la porte ferme mal. Le professeur acquiesce : ils emmènent Eunice avec eux.

 

[IV-9 : Zeng Ju, Trevor Pierce] Zeng Ju veut sortir de la maison, pour voir s’il peut déterminer la direction du « pilier ».  Trevor Pierce est sceptique – mais le domestique ne se laisse pas retenir. Tandis qu’il redescend, le journaliste jette un œil aux autres chambres à l’étage ; l’une d’entre elles est parfaitement opposée à la première – et pourtant, depuis la fenêtre, il voit à nouveau ce « pilier »… car il a la conviction, même si c’est impossible, qu’il s’agit bien du même phénomène, et pas d’un autre qui lui ressemblerait.

 

[IV-10 : Zeng Ju : Clarisse Whitman, Trevor Pierce, Bobby Traven] Zeng Ju, de retour en bas – dans ce rez-de-chaussée bondé –, sort tant bien que mal de la maison, et cherche à repérer le « tourbillon ». Mais il ne le voit pas – il le devrait, en toute logique, mais il demeure invisible. Le domestique chinois grogne sous le coup de la frustration… mais il sent le contact d’une main sur son épaule. Il se retourne – et reconnaît Clarisse Whitman. Elle lui susurre à l’oreille, très doucement : « Chuuuuuut… Du calme… » Est-elle ici depuis longtemps ? « Dans le Royaume ? Je ne sais pas… si cela fait deux secondes... ou cinq millénaires… » Zeng Ju l’interroge sur la « colonne » ; l’a-t-elle vue ? Oui – des endroits depuis lesquels on peut la voir. « Il y a un… code, vous savez… Des endroits… qui sont… bien placés, en face de… de la structure du monde... On me l’a appris, ce code… Mais il y en a qui disent que c’est un piège… Mais on me l’a appris… C’est… De l’entrée principale, tout droit, 345 pas. À gauche, 213 pas. À droite, 905 pas. À droite, 34 pas. À gauche, 120 pas. En bas, 400 pas. S’arrêter. Tourner à gauche. Contempler. Vous croyez que c’est un piège, vous aussi ? » Zeng Ju n’y comprend rien : l’entrée principale ? « Oui. De la maison. C’est à ça qu’elle sert. En tout cas, c’est ce que nous a dit le vieil Indien. Ce n’est qu’un point de départ – de référence. Il en faut un. Ça aussi, le chaman nous l’a expliqué. » Zeng Ju entend vérifier cela tout de suite – mais Clarisse a peur, elle crie quand le domestique la presse… Mais il appelle Trevor et Bobby : « Je crois que j’ai une piste ! » Le journaliste le rejoint en bas.... mais pas le détective, qui reste abîmé dans la contemplation du vortex.

 

[IV-11 : Gordon Gore, Veronica Sutton : Parker Biggs] Pour quelque raison inconnue, les clochards ont finalement lâché Gordon Gore et Veronica Sutton – qui sont convaincus d’avoir été contaminés. Ils ne voient pas la maison pour autant… Et ils entendent un grand éclat de rire derrière eux, très gras : c’est Parker Biggs, qui pointe du doigt le dilettante. Il a quelque chose d’enfantin dans son rire : « C’est bien fait ! Ah ah ! Comme les autres, maintenant ! Ah ah ! » Mais son visage se ferme progressivement, et il s’assied contre une palissade du terrain vague. Gordon demeure pantois… Veronica, résignée, attrape le dilettante par le bras : « Venez, Gordon. Il n’y a plus rien à faire ici. » Ils s’éloignent lentement…

 

V : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 23H30 – APPARTEMENT 302, 250 GEARY STREET, TENDERLOIN, SAN FRANCISCO / LE ROYAUME – OÙ LE TEMPS ET L’ESPACE NE SIGNIFIENT RIEN… OU TOUT

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

[V-1 : Eunice Bessler : Jonathan Colbert, Harold Colbert ; Andy McKenzie] Eunice Bessler a suivi Jonathan Colbert dans l’appartement qu’il louait avec Andy McKenzie. Il est exactement dans l’état où ils l’avaient laissé – avec la porte qui fermait mal. Le Pr Colbert a besoin de reprendre ses esprits, il s’assied sur un canapé en piteux état. Eunice dit qu’elle aurait bien besoin d’un petit remontant – Jonathan sait que « ce crétin de McKenzie » gardait toujours une bouteille « d’un truc dégueulasse » sous son matelas, les flics n’ont visiblement pas très bien fouillé, il va chercher ça – et s’en sert une copieuse rasade au passage.

 

[V-2 : Eunice Bessler : Harold Colbert, Jonathan Colbert ; Pedro Maldonado] Que faire maintenant ? Eunice se tourne vers le Pr Colbert – qui a sorti la dague de cuivre égyptienne, et la contemple. Il le répète : seuls ceux qui ne sont pas contaminés par la Noire Démence peuvent exécuter le rituel décrit par Pedro Maldonado dans Mythes des chamans du grizzli rumsens. Le cas de Jonathan étant particulier, lui qui a fait office de « porteur sain », seuls Eunice et le professeur peuvent encore le faire. Par ailleurs, il faut procéder en deux temps : y aller de son plein gré… et trouver comment en revenir. Périr là-bas… Le rituel ne serait pas accompli jusqu’au bout – et il serait donc inefficace.

 

[V-3 : Eunice Bessler : Harold Colbert] Eunice, très émue, très triste, se porte volontaire : « Le cinéma… Je ne serai jamais une grande actrice, de toute façon… Le parlant... Ma famille ? La communauté ? Allons… » Elle a bien conscience de ce que cela implique ? Oui… Le Pr Colbert acquiesce enfin. Exécuter le rituel va bien lui demander une heure – et il aurait besoin d’un peu de son sang… Il est certain que le rituel fera venir un « Fantôme-qui-marche », et il a bon espoir de le contrôler ; mais, une fois qu'elle sera passée dans l’autre monde… Il ne sait rien de ce qui pourrait se passer là-bas. Par ailleurs, ces créatures sont essentiellement… « stupides. Il faut leur donner un ordre – un ordre simple, et pas ambigu, six, sept mots au plus. » Il commence à exécuter les gestes très incongrus réclamés par le rituel – mais l’actrice n’a certainement aucune envie d’en rire.

 

[V-4 : Trevor Pierce, Zeng Ju : Clarisse Whitman] « De l’autre côté », dans le Royaume, qui n’est maintenant plus « parasité » par les sensations du « vrai » San Francisco, Trevor Pierce et Zeng Ju demandent à Clarisse Whitman de les accompagner en suivant ce « code ». Elle se révèle d'humeur changeante : finalement, elle est d’accord – les ramenant à l’entrée principale de la maison, elle récite : « De l’entrée principale, tout droit, 345 pas. » Et, derrière elle, tous les autres infectés reprennent en chœur : « TOUT DROIT, 345 PAS. » Puis Clarisse entame la marche, en mesurant bien ses pas, et en comptant à chaque fois, sur un ton très monotone et qui a en même temps quelque chose d’un peu enfantin : « Un… Deux… Trois… Quatre… » Les clochards ne les suivent pas.

 

[V-5 : Veronica Sutton, Gordon Gore, Eunice Bessler : Harold Colbert] Veronica Sutton et Gordon Gore, affligés par ce qui vient de leur arriver, avaient d’abord erré un peu aléatoirement… Mais ils se reprennent enfin – et reviennent vers le 250 Geary Street. Ils montent à l’étage, où ils entendent l’étrange mélopée du Pr Colbert ; ils toquent à la porte, et Eunice Bessler va leur ouvrir. Ils savent tous à quoi s’en tenir… Consciente de son rôle à jouer dans le rituel, Eunice retient son impulsion de se jeter dans les bras de son amant. Gordon, de toute façon, lui intime de ne pas le toucher : il est contaminé – il n’y a aucun doute… Mais s’ils peuvent leur venir en aide… Probablement pas – d’autant qu’il ne faut pas interrompre le Pr Colbert, il l’a clairement signifié à Eunice.

 

[V-6 : Clarisse Whitman] Dans le Royaume, Clarisse Whitman continue de guider les autres. À voix haute : « À droite, 905 pas. Un… deux… trois… »

 

 

 

 

[V-7 : Eunice Bessler : Harold Colbert] Dans l’appartement, la mélopée du Pr Colbert s’interrompt enfin ; il s’assied sur le canapé, en faisant signe à Eunice Bessler de s’asseoir à côté de lui. Il lui tend la dague – elle servira à l’identifier comme le « maître » du « Fantôme-qui-marche » qui va apparaître. Eunice accepte – mais aimerait savoir à quoi s’attendre : à quoi ressemblera cette créature ? « Sans doute pas à un vieux drap avec deux trous pour les yeux… » Effectivement. Mais la décrire n’a rien d’évident… Elle est humanoïde, et bipède, dans une certaine mesure ; mais d’autres éléments relèvent plutôt du poisson, d’autres de l’insecte, tout cela mélangé… Le trait le plus caractéristique, ce sont ses membres très longs, et qui, pour les bras, s’achèvent en doigts ou griffes totalement disproportionnés. « Je suppose qu’en comparaison, Max Schreck, dans le Nosferatu de Murnau, est un modèle de beauté ? » L’actrice arrache un sourire au très las Pr Colbert ; « Oui, je suppose. Je n’aurais pas pensé à présenter les choses ainsi… » Mais, après un silence pesant, le Pr Colbert ajoute : « J’ai un peu modifié le rituel. Je… Je vais vous accompagner là-bas. Je… Je ne pouvais pas me contenter de vous envoyer seule affronter pareil péril. Mais c’est bien vous qui aurez le contrôle sur le "Fantôme-qui-marche". Quant à la suite… Il faudra trouver comment revenir. Impossible d’en savoir davantage à l’avance – seulement que l’on ne pourra pas, sur place, invoquer un autre Vagabond dimensionnel, cela ne fonctionnera pas. Je n’en sais pas plus que vous, à ce stade. Mais revenir est la condition cruciale pour fermer ce "vortex". Au moins temporairement. » Eunice est prête. Le Pr Colbert explique qu’il leur faut attendre, pas bien longtemps : le « Fantôme-qui-marche » sera bientôt là.

 

[V-8 : Eunice Bessler : Harold Colbert ; l’Esprit de Pebble Hill] Quelques minutes très pesantes défilent en effet. Puis, sans effets spéciaux particuliers, là où il n’y avait rien, il y a maintenant la hideuse créature décrite par le Pr Colbert. Elle n’émet pas le moindre bruit. Elle ne bouge presque pas – seuls ses longs bras ballants se déplacent, tandis que ses doigts très fins sont comme agités de léger soubresauts. Elle fixe ceux qui l’ont appelée. Harold Colbert se tourne vers Eunice Bessler et lui adresse un signe du menton. L’actrice reprend son souffle… mais elle ne sait pas quel ordre donner. « C’est un voyageur – il faut lui donner une destination ! » Mais l’actrice est pétrifiée… et le « Fantôme-qui-marche » s’approche d’elle, il la renifle… Le Pr Colbert sait qu’il faut faire vite ; il arrache la dague de cuivre des mains de Eunice, s’entaille la paume de la main, et, en fixant de ses yeux la créature, dans un soupir : « Emmène-nous voir l’Esprit de Pebble Hill. » Le « Fantôme-qui-marche » saisit le Pr Colbert de son bras gauche, et Eunice Bessler de son bras droit : il les plaque tous deux contre son corps, son cuir visqueux et ruisselant d’une sécrétion à l’odeur presque insoutenable – l’actrice a brièvement en tête l’image d’une mère serrant contre sa poitrine de fragiles nourrissons à allaiter… D’un seul coup, tout se fige autour d’elle. Le temps se dilate… Ils disparaissent.

 

VI : AU CŒUR DU ROYAUME

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

[VI-1 : Eunice Bessler : Harold Colbert] Eunice Bessler et Harold Colbert… volent ? Dans les bras du Vagabond Dimensionnel... Ils ont rejoint ce monde grisâtre et mouvant – et, passé un temps d’acclimatation d’une durée indéterminée, oui, ils ont le sentiment d’être quelque part dans le « ciel », et que ce gris un peu plus sombre loin, très loin en dessous d’eux, comme à des kilomètres, des milliers de kilomètres, doit être quelque chose comme un « sol »… C’est infiniment loin – et pourtant l’actrice distingue finalement comme des points noirs, minuscules, et les identifie enfin comme étant des humains… Des prisonniers dérisoires d’un monde morne dont ils ne pourront jamais s’échapper. Le contrôle sur le « Fantôme-qui-marche » ne durera pas éternellement, il faut trouver un endroit où « atterrir » ! D’autant que l’actrice perçoit, tout près d’elle, le souffle haché du Pr Colbert – un vieil homme au bord de la syncope… Il lui est impossible de prononcer un mot. Eunice balaye des yeux le paysage… quand elle se retrouve à un de ces endroits très précis qui permettent de voir le « pilier » colossal (des centaines de kilomètres de hauteur ?) qui soutient ce monde ; elle comprend que c’est là leur destination, et donne mentalement l’ordre au « Fantôme-qui-marche » de les déposer au plus près. La créature obéit. Elle suit l’itinéraire précis qui fait que le « vortex » ne disparaît plus sous leurs yeux. Elle se déplace à une vitesse ahurissante...

 

[VI-2 : Zeng Ju, Trevor Pierce : Clarisse Whitman] Pendant ce temps, Zeng Ju et Trevor Pierce suivent toujours leur guide Clarisse Whitman. Ils en arrivent à ce moment étrange du « code » qui leur indique d’aller « en bas ». Et, subitement, tandis que Clarisse compte le premier pas dans cette direction, c’est comme si le monde s’inclinait de 90° : oui, ils prennent la direction d’ « en bas », avec la sensation de marcher sur un mur… et, paradoxalement, c’est alors qu’ils empruntent cette direction invraisemblable qu’ils prennent toute la mesure du « pilier » jaillissant vers le ciel ! C’est une sensation particulièrement déconcertante… Les perspectives, l’orientation, l’équilibre – tout est faussé, et incompréhensible. Ils suivent cependant toujours leur guide : « Trois cent quatre-vingt-seize… Trois cent quatre-vingt-dix-sept… Trois cent quatre-vingt-dix-huit… Trois cent quatre-vingt-dix-neuf… Quatre cents. S’arrêter. Tourner à gauche. » Et là, le « pilier », qui avait disparu quelque temps, réapparaît brusquement… et ils sont exactement à sa base.

 

[VI-3 : Trevor Pierce, Zeng Ju : le chaman du grizzli, Clarisse Whitman ; Yog-Sothoth] Mais ils n’y sont pas tout seuls… À quelque distance, impossible à déterminer précisément, se trouve un vieil homme – avec une peau d’ours sur la tête. Trevor Pierce reconnaît aussitôt en lui « l’homme du tableau »… Zeng Ju n’a jamais vu ledit tableau, mais qu’importe : il part dans cette direction. Derrière, Clarisse Whitman, de son timbre enfantin : « Vous savez, c’est lui qui m’a appris les indications. Vous croyez que c’est un piège ? » Mais le domestique chinois ne craint plus les pièges… La jeune fille, cependant, ne s’attarde pas – elle laisse là ses compagnons de route, et repart qui sait où. Mais Zeng Ju n’y prête pas attention : il s’avance d’un pas déterminé vers le chaman, dont il devient possible de discerner les traits – il a un air un peu narquois… Il a aussi un couteau de cuivre passé à sa ceinture. Zeng Ju l’interpelle. Dans un anglais très approximatif et haché, le vieil Indien dit : « Vous n’arriverez pas. Vous ne faites pas changer. J’ai fait changer. Vous êtes une nourriture pour le Dieu. Il ne fait pas attention. Rien. Jamais attention. Offrandes, c’est l’attention à moi. Votre monde mort. Le monde est maintenant toujours Yog-Sothoth. » Zeng Ju enrage : il ne se laissera pas faire ! L’Indien devrait le redouter ! Mais ce n’est de toute évidence pas le cas.

 

[VI-4 : Eunice Bessler, Zeng Ju : Harold Colbert, le chaman du grizzli] C’est alors qu’arrivent, dans les bras du « Fantôme-qui-marche », Eunice Bessler et le Pr Harold Colbert. La créature les dépose toutefois… de l’autre côté du chaman, par rapport à leurs amis contaminés. Et le vieil Indien les a vus. Zeng Ju aussi ! Il n’en revient pas… Mais les traits du chaman se sont durcis : à la différence des victimes de la Noire Démence, l’actrice et le vieux professeur représentent une potentielle menace pour ses plans – il s’avance vers eux, le couteau de cuivre en main…

 

[VI-5 : Eunice Bessler, Zeng Ju, Trevor Pierce : Harold Colbert, le chaman du grizzli] Le Pr Colbert est dans un triste état. Eunice Bessler lui reprend la dague égyptienne – le « Fantôme-qui-marche » émet un sifflement… puis se jette sur le professeur ! Et il se met à dévorer ses entrailles… L’actrice brandit sa dague – terrifiée par le Vagabond dimensionnel et par l’Indien ; elle n’est certes pas en mesure d’intimider ni l’un, ni l’autre… Le chaman semble déterminé à la tuer de ses mains. Zeng Ju réalise que ses armes ne l’ont pas suivi dans le Royaume… Peu importe : il vaincra l’Indien à mains nues ! Il court dans sa direction – avec une célérité qui surprend tout le monde ! Trevor Pierce, lui, ne pense qu’à une chose : partir d’ici ! Il est obnubilé par la dague de Eunice, qu’il réclame à grands cris… Mais autour d’eux, les sphères gravitant autour du pilier commencent à changer d’aspect : elles tendent à s’agglomérer, constituant comme des bras, ou des tentacules, d’une longueur et d’une épaisseur cyclopéennes, et qui s’abattent aléatoirement çà et là – qui se trouverait dessous serait immédiatement écrasé ! Le chaman, lui, continue d’avancer vers les nouveaux arrivants – sa vitesse est stupéfiante, au point où le pourtant très véloce Zeng Ju ne peut que suspecter quelque chose de surnaturel… Eunice Bessler, terrifiée, veut fuir le chaman – mais elle est bien plus lente que lui… Il est déjà presque à côté d’elle ! Zeng Ju fait appel à toutes ses ressources : il le rattrape, et parvient in extremis à l’atteindre d’un coup de pied – les dégâts sont plus ou moins importants, mais, surtout, il a pris l’Indien par surprise, qui est contraint de s’arrêter dans sa course, et ne parvient pas à planter son couteau dans le corps de Eunice. Trevor Pierce en profite pour se rapprocher de l’actrice, en hurlant : « La dague ! Il faut invoquer le fantôme ! » Les tentacules s’abattent autour d’eux, sans pour l’heure leur faire de dégâts… Zeng Ju, lui, assène un nouveau coup inattendu au chaman : l’adversaire encaisse bien, mais le domestique lui fait mal, à force ! Eunice, qui est toujours à portée du couteau de l’Indien, recherche le soutien de Trevor – lequel lui crie de lui lancer la dague égyptienne. Mais le chaman a pesé la menace constituée par Zeng Ju, et se retourne vers lui – ses traits sont déformés par la rage, au point où il n’a plus grand-chose d’humain ; il porte un vicieux coup de couteau contre le domestique chinois… qui parvient à l’esquiver ! Mais un immense tentacule s’abat juste à côté de lui – il a failli être écrasé… Eunice affolée donne la dague à Trevor, qui ne cessait de la réclamer. Mais Zeng Ju se concentre sur le chaman du grizzli – un nouveau coup imprévu renverse l’Indien, sonné, qui lâche son couteau ! Trevor a la dague de Eunice en main – il semble à peine réaliser qu’il n’a clairement pas le temps d’invoquer un « Fantôme-qui-marche » dans ces circonstances… Le journaliste indécis plante finalement le couteau dans la poitrine du chaman du grizzli – tandis qu’un tentacule s’abat... qui broie impitoyablement l’héroïque Zeng Ju ! Trevor fixe la dague dans ses mains, l’air ahuri – Eunice également, qui se souvient un peu tard de tout ce que lui avait dit feu le Pr Colbert : l’importance de revenir pour accomplir vraiment le rituel, le fait qu’une victime de la Noire Démence n’est pas en mesure de le faire, et qu’une nouvelle invocation d’un Vagabond dimensionnel ne serait pas non plus efficace en pareil endroit… Ses regrets ne durent guère : elle aussi meurt écrasée par un des « bras » jaillissant du vortex.

 

[VI-6 : Trevor Pierce] Le journaliste Trevor Pierce se retrouve seul – avec tout le poids de l’erreur qu’il a commise. Ses amis sont morts. Et les tentacules ne lui feront pas la grâce de l’achever rapidement : victime de la Noire Démence, incapable d’accomplir quoi que ce soit, il réalise peu à peu que le Royaume… est désormais et à jamais son monde. Son désir ardent de fuir ne s’accomplira…

 

Jamais.

 

ÉPILOGUE

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

À San Francisco, Gordon Gore et Veronica Sutton, dans les jours qui suivent la disparition de leurs amis, ne tardent guère à constater qu’ils présentent tous les symptômes de la contamination par la Noire Démence. Ce n’est pas une surprise pour eux… Mais, contrairement aux autres victimes de cette maladie, ils disposent de quelques connaissances quant à ce qu’elle implique : ils savent que, pour survivre, il leur faut rester dans le Tenderloin. Ils se plient à cette exigence. Leur train de vie confortable, ou même bien plus que ça, n’est bientôt plus qu’un souvenir, puis n’est plus rien du tout ; le dilettante et la psychiatre sont réduits à la condition de clochards – pour un temps, ils perçoivent cette descente aux enfers, et en souffrent ; bientôt, ils n’y prêtent plus la moindre attention : le fait est accompli.

 

Ils étaient des personnalités, à San Francisco : le richissime et fantasque playboy, la psychiatre militante aux idées bien arrêtées… Pendant un temps, sans doute s’est-on interrogé sur leur disparition ? Un temps très bref : tous deux avaient rédigé leurs testaments avant de se livrer à cette ultime virée dans le Tenderloin, après tout. Et qui aurait bien pu penser à les trouver dans ce quartier malfamé ? Eux-mêmes, à vrai dire, n’ont pas cherché à se manifester comme étant toujours en vie – même malades. Quelle qu’en soit la raison – la honte, peut-être ? Le désespoir ? Qu’importe : on les oublie bientôt, ils n’étaient que « de passage sur cette terre ». Ils ont un nouveau rôle social : celui de clochards – on les ignore en conséquence. On ne les voit pas ramper dans les flaques d’eaux, fouiller désespérément dans les poubelles… Peut-être ne voulaient-ils pas qu’on les voie ainsi ? Comme si leur opinion avait la moindre importance… Non. Le monde se désintéresse d’eux – il y a tant de choses plus importantes.

 

Très vite, à vrai dire : un mois et demi après leur contamination, c’est le Krach de Wall Street. Peut-être Gordon en a-t-il de vagues échos – la une d’un journal oublié, ironiquement passée « de l’autre côté »… Probablement ne sait-il même plus ce que tout cela signifie, de toute façon. Peut-être la population des clochards du Tenderloin s’accroît-elle, en conséquence ? Peut-être – mais cela n’intéresse personne ; au mieux, cela en effraie quelques-uns… Moins toutefois que des financiers hypothétiques se jetant du haut des buildings – des gens qui comptent, ou qui comptaient… Le temps passe – on les oublie à leur tour.

 

La Noire Démence s’avère pourtant avoir un effet singulier – dont Gordon et Veronica n’ont pas vraiment conscience : tant qu’ils restent dans le Tenderloin, c’est comme si la maladie… les avait rendus immortels. Ils sont faibles, pourtant : sous-alimentés, transis par le froid… Mais le Tenderloin, d’une certaine manière, les protège. Oui, ils sont immortels… mais ils ne sont même pas en mesure de peser combien cette immortalité est absurde. Des années passent – des décennies, des siècles si ça se trouve. Ils ne savent rien de l’évolution du monde autour d’eux – ils s’en désintéressent, comme ce monde se désintéresse d’eux.

 

Ils n’ont même pas conscience de ce que, progressivement, le monde entier... devient le Tenderloin. Le chaman du grizzli est mort – mais le passage reste ouvert, et les ultimes germes de la Noire Démence ont leur propre immortalité ; d’une certaine manière, Veronica et Gordon, quelques autres aussi peut-être, sont les garants de cette pérennité. Elle continue donc d’affecter toujours davantage de victimes – de ces pauvres hères dont on détourne instinctivement le regard, « par pudeur » disent certains. On les ignore – jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne pour les ignorer.

 

Parce que tout le monde est devenu comme eux.

 

De temps en temps – qui sait, avec des dizaines d’années d’écart à chaque fois, si ça se trouve ? – Gordon Gore croise Parker Biggs dans les ruelles du Tenderloin, aux portes du Royaume. Le temps qui passe ne l’affecte pas davantage – et n’affecte pas non plus son comportement. Après des années, le gangster reconnaît encore celui qui fut une des plus grandes fortunes de San Francisco – et, toujours, il le pointe alors du doigt, en ricanant comme un méchant petit garçon : « Toi aussi, ah ah ! Comme les autres ! »

 

THE END

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (08)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (08)

Huitième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici. L’enregistrement de la séance est disponible .

 

C’est un épisode charnière de la partie, où se mêlent les éléments issus de la campagne Stone Cold Dead et du scénario Coffin Rock ; jusqu’à présent, la première l’emportait, et c’est peut-être toujours le cas, mais elle est de plus en plus modifiée selon mes envies personnelles ; concernant Coffin Rock, c’est surtout le principe du scénario qui est ici développé, mais certaines scènes en sont directement issues de manière plus concrète.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », l’élue ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez l'enregistrement de la séance ci-dessous.

I : UN HAVRE DANS LA BOUE

 

[I-1 : Nicholas, Rafaela : Mr Fong, Mrs Duvall] De retour des sources, les PJ vont jeter un œil à la blanchisserie de Mr Fong, où ils ont incité pas mal de monde à se réfugier, sachant que c’était le bâtiment le plus sûr de la ville. Ce faisant, ils savent qu’ils ont sauvé des vies, et en nombre. Tout le monde ne les a pas écoutés, mais il y a bien 200 personnes de rassemblées dans l’usine – maussades, fatiguées, effrayées ; et la rumeur ne laisse aucun doute : un certain nombre de ces réfugiés ont vu des proches mourir. Nicholas s’intéresse plus particulièrement aux enfants qu’ils avaient sauvé de l’école en flammes – ils vont « bien », du moins ceux qui ont pu ainsi retrouver leurs parents… mais l’institutrice, Mrs Duvall, est très affectée : elle est à genoux, priant sans cesse en sanglotant ; elle n’est certes pas la seule ici à avoir ce genre de réflexe religieux, même si on peut supposer que les plus bigots ont plutôt cherché refuge dans l’église, un bâtiment pas forcément très adapté pour cela – et à l’autre bout de la ville. Quoi qu’il en soit, Nicholas entend raisonner l’institutrice : les enfants ont besoin d’elle ! Rafaela veut l’appuyer de ses Miracles, en contribuant au sermon… Mais Mrs Duvall est hors d’atteinte pour l’heure. Cependant, d’autres qui étaient dans son état sont bel et bien inspirés, et prennent sur eux de ne plus seulement se perdre dans leurs prières, pour aider concrètement ceux qui, dans la blanchisserie, ont besoin de réconfort. Nicholas sait les coordonner de manière efficace : ses sermons incongrus portent leurs fruits, son aura d’autorité y participant dans une égale mesure ; le personnage intrigue, mais, dans ces circonstances, les gens sont portés à lui accorder une certaine confiance.

 

[I-2 : Rafaela : Mr Fong] Mais Rafaela songe au long terme. Cela fait partie, croit-elle, de la mission que la Vierge de Guadalupe lui a attribuée : il faut s’assurer que ce bâtiment sera toujours en mesure d’abriter la population de Crimson Bay, en cas de nouveau cataclysme… ou de menace démoniaque d’un autre ordre. Rafie va donc Sanctifier la blanchisserie – un Miracle qui demande du temps, il lui faudra bien une semaine d’efforts et de prières pour y parvenir…

 

[Note : la joueuse incarnant Rafie sait qu’elle devra s’absenter pour les séances qui viennent ; cette idée permet donc de conserver un rôle à son personnage en son absence, sans trop sombrer dans les ambiguïtés du PJ temporairement PNJ.]

 

Il lui faut tout d’abord obtenir l’accord du propriétaire des lieux, Mr Fong. Elle se rend à son bureau de la mezzanine… et décide de tout lâcher d’emblée : usant de son Miracle de Compréhension des langues, elle s’adresse à l’entrepreneur chinois dans un mandarin parfait – et même avec l’accent de son petit village natal ! Quitte ou double… Mais cela fonctionne. Stupéfait, Mr Fong est d’autant plus disposé à croire que Rafie dispose bel et bien de pouvoirs surnaturels, et l’élue le convainc sans peine de la laisser faire ; il aurait envoyé balader quiconque lui aurait fait cette requête, en temps normal, mais il a confiance en Rafie – il n’est pas chrétien, mais constate (et « accepte » assez facilement, en fait…) que Rafie a des facultés particulières, et il croit que sa blanchisserie aurait tout à y gagner, puisque ces Miracles sont bien réels ; que Rafie fasse ce qu’elle a à faire, il va prévenir ses hommes de la laisser travailler.

 

II : UNE VILLE MEURTRIE

 

[II-1 : Danny, Warren : Josh Newcombe, Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent, Tom Jenkins] De leur côté, Danny et Warren ne souhaitent pas s’attarder plus longtemps dans la blanchisserie. Le premier veut jeter un œil à ce qui se passe en ville, maintenant que la pluie est un peu moins forte, tandis que le second veut retourner au Washington. Ce qui leur permet de faire un bout de chemin ensemble. La ville est ravagée par les coulées de boue – et la prédiction de Josh Newcombe, qui avait parié qu’il y aurait dans la grande rue, devant le Gold Digger, une crevasse de bien 80 cm de large, s’est vérifiée. Quelques citoyens cependant, constatant que la pluie se calmait, et les coulées de boue avec, ont entrepris de poser des planches en travers des rues pour faciliter un peu le passage – car avancer dans la boue serait autrement bien trop fatiguant. Mais nombre de maisons ont été affectées – certaines par les coulées de boue, d’autres par des incendies : il y a eu plusieurs foyers, assez nombreux, mais, par chance, ils ne se sont que rarement communiqués d’un bâtiment à l’autre. Entre Chinatown et le Washington, les bâtiments les plus notables, incluant la maison de Gamblin’ Joe Wallace, le bureau du shérif Russell Drent, le Gold Digger et enfin le Washington lui-même, ont globalement bien résisté. L’atelier du maréchal-ferrant Tom Jenkins a davantage souffert, même si les dégâts restent raisonnables. Mais, à errer ainsi dans les rues, Danny et Warren ont par contre aperçu plusieurs cadavres – des gens qui se sont noyés dans la boue, des grands brûlés, des gens qui sont tombés d’un étage ou deux dans les pires conditions…

 

[II-2 : Warren : Mrs Jansen ; Mr Jansen, Richard Lightgow, Jon Brims] Warren s’arrête donc au Washington, qui a plutôt bien résisté au cataclysme, même si son accès est un peu compliqué. Le savant fou redoute les pillages… mais le tableau qui s’offre à lui quand il pénètre dans la salle de restaurant est tellement incongru qu’il dissipe aussitôt cette crainte : Mrs Jansen est installée derrière son comptoir, et tricote tranquillement, pas le moins du monde affectée par ce qui s’est produit en ville… Warren se félicite de ce qu’elle aille bien – et Mr Jansen ? Levant à peine les yeux de son tricot, elle dit qu’elle ne sait pas où il est : « Quelque part en ville, sans doute, il ne va pas tarder à revenir. » Warren n’insiste pas : il retourne dans sa chambre, où il s’assure de ce que sa petite réserve de roche fantôme est toujours là, et c’est bien le cas ; il en a besoin pour recharger son bras mécanique Roselyne, auquel il a beaucoup fait appel ces dernières heures – il lui faudra faire quelques réparations, en outre. Il se munit du nécessaire, et retourne en ville : il entend prendre des nouvelles de ses amis le Dr Lightgow et le croque-mort Jon Brims – mais c’est à l’autre bout de la ville, et la traverser s’annonce épuisant.

 

[II-3 : Danny : Jeff Liston, Denis O’Hara] Danny, lui, continue d’explorer la ville, pour juger de son état général, et plus particulièrement de l’état de certains bâtiments clefs. Le Red Bear, son endroit préféré en ville, n’a pas été vraiment atteint ; en fait, Jeff Liston est dehors, occupé à poser de ces planches qui doivent faciliter la circulation. Rassuré, Danny ne s’attarde pas davantage. Dans la partie sud de la ville, les dégâts des incendies sont un peu plus prononcés que de l’autre côté de la rue principale. L’école a entièrement brûlé ; tout près, l’église a globalement tenu, même si son clocher, touché par la foudre, s’est effondré – par chance, le reste de l’édifice n’a pas trop souffert. Danny entend du bruit et voit de la lumière, il y a du monde à l’intérieur, facile une centaine de personnes ; il y jette un œil et une oreille : le père O’Hara se livre à un prêche enflammé devant ses ouailles, qui prient avec ardeur. Danny ne s’attarde pas là non plus.

 

[II-4 : Warren : Jon Brims ; Richard Lightgow] Pendant ce temps, Warren s’est rendu, avec difficultés, à la clinique du Dr Lightgow, qui abrite également l’entreprise de pompes funèbres de Jon Brims. Repérant de la lumière dans l’atelier de ce dernier, Warren s’y rend. Le croque-mort, l’air stoïque, travaille sur des cercueils d’une qualité un peu moindre que ce que le savant fou l’avait vu créer lors d’une précédente visite – c’est que Brims a bien conscience de ce qu’il va y avoir sous peu beaucoup de demande, et, dans ces circonstances, il ne peut pas s’appliquer autant qu’il le voudrait… Le croque-mort explique que Richard Lightgow n’est pas dans sa clinique – il ne dit pas où il se trouve, mais assure Warren que le docteur va bien ; simplement, il lui faudra un peu de temps pour « se reprendre », un ou deux jours…

 

[II-5 : Warren : Lilly Brown ; Richard Lightgow] Warren se rend tout de même à la clinique pour gagner son atelier afin d’effectuer les réparations nécessaires sur Roselyne. Effectivement, le Dr Lightgow n’est pas là… et son absence se fait cruellement sentir, parce que nombre de patients, blessés d’une manière ou d’une autre durant la tempête, fatigués, traumatisés, auraient grand besoin de ses services ! L’infirmière, Ms Lilly Brown, est débordée… Warren, après avoir travaillé sur son bras mécanique (avec succès), offre de lui apporter son aide – même si son absence totale de connaissances en médecine fait qu’il n’est pas d’un grand secours. Au bout d’une heure, Lightgow n’est toujours pas réapparu, et Warren jette l’éponge : il retourne auprès des autres.

 

III : NOIRS SECRETS

 

[III-1 : Danny : Shane Aterton, Jeff Liston, Russell Drent] Danny suppose que ce sont les conditions idéales pour se livrer à une petite enquête qui lui tenait à cœur : il se rend à l’adresse de Shane Aterton, dans la partie sud-ouest de la ville – adresse qu’il avait obtenue auprès de Jeff Liston. Il ne sera pas difficile de pénétrer à l’intérieur – et, avec ce qui s’est passé, le bagarreur n’a pas vraiment à craindre les regards indiscrets. Il cherche des preuves – liées au meurtre de Chinatown, notamment. Il n’a pas besoin de chercher bien loin – et cela concerne également le vol dans le bureau du shérif : une cagoule passablement explicite, et un petit Derringer posé simplement sur le bureau (pas le genre d’arme qu’on associe à une brute comme Shane Aterton, mais elle correspond par contre à l’arme employée sur un des adjoints lors du vol). Danny, dans un autre registre, tombe aussi sur des photos pornographiques, rangées dans un tiroir, et qui figurent des jeunes femmes aux traits asiatiques dans des mises en scène très sadiques (il en prend une). Ceci mis à part, ce sont autant de preuves suffisantes pour déterminer avec assurance la culpabilité de feu l’adjoint du shérif, au moins dans le vol… Danny laisse tout cela sur place, et prend soin de refermer aussi naturellement que possible la porte d’entrée derrière lui : il lui faut parler de tout cela à Russell Drent

 

[III-2 : Danny, Beatrice, Nicholas, Warren : Russell Drent, Shane Aterton] Mais d’abord avec ses camarades, que Danny retrouve à la blanchisserie : il entend attirer le shérif Russell Drent sur place, en fait – mais il faut assurer ses arrières, il n’a pas confiance… Et, oui, il faudra bien « s’occuper de lui » ! Danny se rendra seul au bureau du shérif, tandis que les autres prendront place dans les environs de la maison de Shane Aterton. Ce qu’ils font – Beatrice à l’intérieur, Nicholas et Warren à l’extérieur, tous aux aguets.

 

[III-3 : Danny : Russell Drent, Glenn Cabott] Danny se rend donc au bureau du shérif Russell Drent. Dans les environs, les adjoints s’affairent à rendre la grande rue praticable. Le shérif est à l’intérieur – il a repris son air dur habituel, le sourire a quitté ses lèvres. Danny lui dit avoir fait des découvertes concernant le meurtre de Chinatown, mais aussi le vol du pactole du grand tournoi de poker. Drent soupire : « Ça peut pas attendre un peu ? On est plutôt occupés, là… » Il faut assurer la sécurité de la ville, des pillages sont à craindre, il a déjà envoyé des adjoints patrouiller – ce que devrait faire Danny également. Mais le bagarreur insiste : ses preuves sont chaudes… Il a trouvé une arme du crime, une cagoule, d’autres choses encore concernant ces deux affaires. Pourquoi ne lui a-t-il pas amené tout ça ? Eh bien, la confiance ne règne pas entre eux, en ce moment… Et pour respecter les procédures… « Putain, tu me fais chier avec ton légalisme à la con… Cabott, suis-le, va voir ce qu’il a dégoté de si important, et reviens vite, on a à faire ! » L’adjoint massif approche de Danny, prêt à l’accompagner – Drent se désintéresse du bagarreur, qui n’insiste pas davantage.

 

[III-4 : Danny : Glenn Cabott ; Shane Aterton] En chemin, Danny discute avec Cabott. Il cherche à comprendre ses liens avec Drent, ainsi qu’avec Aterton. Et parle aussi des « dérapages », comme celui de la communauté des anciens esclaves… Mais Cabott, bougon, répète toujours que « rien n’a jamais dérapé ». Il se demande si Danny a bien trouvé quelque chose d’intéressant… D’autant que le bagarreur reste évasif quant à leur destination ; en fait, il cherche à déterminer les réactions de l’adjoint quand il comprendra qu’ils se rendent chez Shane Aterton. Mais Cabott reste impénétrable tout le long du chemin. Bien sûr, une fois sur place, il sait qu’il s’agit de la résidence de feu son collègue… « Tu pouvais pas te contenter de le buter, faut que t’en rajoutes maintenant qu’il est mort ? » Eh bien, c’est là qu’a abouti son enquête… Ils rentrent à l’intérieur.

 

[III-5 : Danny : Glenn Cabott ; Shane Aterton, Russell Drent, les cousins Sannington] Danny avait laissé les choses en l’état, et montre à Cabott tout ce qu’il a trouvé – des éléments qui ne laissent guère de place au doute… Il n’est visiblement pas surpris ; et, s’il avait commencé par avancer que tout ça ne prouvait rien, il n’a pas pu achever sa phrase. Cabott est coincé – les questions de Danny l’agacent. Il essaie de minimiser : Danny a trouvé son coupable, et il est mort, très bien. Mais le bagarreur le reprend aussitôt : il reste deux coupables à identifier… Par ailleurs, cela innocente les anciens esclaves – et là Cabott lui-même a eu sa part, en trouvant « comme par hasard » l’argent volé, avec un de ses adjoints… Puisque c’est bien Aterton qui l’avait volé, comment se fait-il qu’il l’ait trouvé là-bas ? « J’en sais rien ; c’est toi le grand enquêteur… » Danny l’interroge sur son emploi du temps – et Cabott n’aime pas ces insinuations ; Drent non plus… Cabott ramasse un sac, et y fourre les pièces à conviction. Mais, avant qu’il ne parte, Danny lui pose sa main sur l’épaule : oui, il va enquêter sur ses conneries… Cabott dégage la main du bagarreur. Il a l’air… déçu ? Danny paraissait bien plus obéissant à la ferme des Sannington

 

[III-6 : Danny, Beatrice : Glenn Cabott ; Russell Drent] Danny excédé lui colle une patate en pleine face ! Cabott, pris par surprise, est sonné… mais il réalise que Beatrice est là, qui vient de sortir de sa cachette, arme au poing ; il porte la main à son holster… mais la huckster est plus rapide : elle ventile et abat pour le compte l’adjoint Glenn Cabott… Il n’est pas encore mort, mais ça ne va pas tarder : il s’est pris une balle dans le bide et s’écroule, se noyant dans son sang. Beatrice réfléchit déjà à une mise en scène pour assurer qu’ils ont agi en état de légitime défense… Cabott meurt tandis que Danny l’assure que Drent aussi y passera…

 

[III-7 : Nicholas, Warren, Danny, Beatrice : Glenn Cabott, Russell Drent] Dehors, Nicholas et Warren ont entendu les coups de feu, et se sont précipités à l’intérieur – mais Cabott rend son dernier souffle au moment où ils retrouvent Danny et Beatrice. Danny ramasse les preuves – il aurait aimé davantage de discrétion... Mais s’ils veulent jouer la carte de la légitime défense, il leur faut de toute façon revoir Drent. Toutefois, il sait très bien que c’est un coup à ce que tout le bureau du shérif les traque pour les éliminer ! Danny demande à Nicholas de lui balancer une pêche, pour rendre la légitime défense plus crédible… et le faux prêtre y va un peu fort ! Le bagarreur s’en souviendra…

IV : DES VISITEURS

 

[IV-1 : Danny, Nicholas : Shane Aterton, « La Tempête Rouge »] Mais une surprise attend les PJ quand ils sortent de la maison de Shane Aterton : juste devant l’entrée se tient… un homme ? Aux traits horriblement cadavériques, très fins, trop à vrai dire… D’une carrure très maigre, l’homme est revêtu d’une sorte de long imperméable noir (d’une certaine élégance, étrangement), et porte vissé sur le crâne un chapeau orné d’une plume. Il les observe sans un mot – sensation étrange… car ils ont la conviction que ces yeux qui les fixent sont morts ! Danny s’approche – en dépit des avertissements de Nicholas, qui, affolé, dégaine un pistolet qu’il braque sur l’inconnu… Danny parle de la fusillade, avançant qu’il n’y a plus rien à craindre – il est adjoint du shérif, et… L’étranger avance lentement pour pénétrer dans la maison, il ne tient pas compte des protestations de Danny – et son aura inquiétante, si son comportement n’est pas ouvertement menaçant, suffit à nouer les tripes du bagarreur et à inciter Nicholas à s’écarter de son chemin… tandis que le faux prêtre songe à cette « Tempête Rouge » qui est sa Némésis. Le bagarreur, en même temps, conscient de sa sensation de peur, réagit paradoxalement : il aurait bien trop honte d’admettre être terrifié – une poussée d’adrénaline l’incite à ne pas se laisser faire ! Nicholas hurle que c’est « un mort qui marche »… et il retient Danny. Le visiteur ne leur accorde pas la moindre attention, et pénètre à l’intérieur.

 

[IV-2 : Nicholas, Danny : Glenn Cabott, « La Tempête Rouge »] Là, le mystérieux personnage contemple un instant le cadavre de Glenn Cabott, qu’il retourne enfin, d’un seul bras – témoignage éloquent de ce que sa force est surhumaine, et en tout cas bien plus remarquable que ce que son apparence pourrait laisser croire. Il s’agenouille – et ouvre la bouche, qui s’écarte de manière monstrueuse ! C’est comme s’il aspirait quelque chose… Puis il se redresse. Nicholas retient toujours Danny, cherchant à le raisonner : il ne peut rien faire contre pareille créature ! Mais le mort se retourne vers eux – et... leur parle, d’une voix insupportablement caverneuse : « Ce n’est qu’un mort de plus, dans la tempête… N’agissez pas stupidement. Vous pouvez être utiles, ici. » Nicholas enrage – il est persuadé qu’il s’agit de la « Tempête Rouge »… Il a dit le mot « tempête », après tout !

 

[IV-3 : Danny, Nicholas, Beatrice, Warren : Glenn Cabott] Le mort a dit ce qu’il avait à dire. Il sort de la maison, sans que personne ose se mettre sur son passage, et prend la direction du sud, comme pour sortir de la ville. Danny et Nicholas le suivent – mais en restant à quelque distance. L’inconnu poursuit son chemin d’un pas lent. Beatrice était restée en retrait, elle ne sait pas comment réagir – et Warren ? Pas davantage, même s'il est intrigué... Les rues sont désertes, il n’y a personne aux fenêtres : ils sont seuls avec le mort. Celui-ci franchit les limites de la ville et continue son chemin – il passe à bonne distance de la gare, qui se trouve sur sa droite. Puis, au bout de 200 m environ, il s’arrête subitement – et ceux qui le suivent font de même. Mais, d’un seul coup, il disparaît en s’enfonçant dans la boue ! Plus une trace de lui – même quand Nicholas va jeter un œil à l’endroit où le mort s’est enfoncé dans le sol meuble… qui ne présente absolument rien de spécial. Beatrice a toutefois sa petite idée de ce qu’il a fait avec le cadavre de Cabott – de toute évidence, il a ôté la puce qui lui avait été greffée par les sbires des barons du rail

 

[IV-4 : Nicholas, Danny, Beatrice : Russell Drent] Mais Nicholas remarque quelque chose : il a entendu – et les autres aussi, maintenant qu’il le mentionne – sonner la cloche de l’église. Est-ce qu’il s’y passerait quelque chose ? Il compte s’y rendre aussitôt. Mais Danny et Beatrice ont autre chose en tête : il faut confronter Russell Drent

 

 

[IV-5 : Nicholas : Denis O’Hara ; Danny] Nicholas ne les a pas attendus : il a pris seul la direction de l’église. Sur place, il constate le même tableau entrevu quelques heures plus tôt par Danny – dont le fait troublant que le clocher a entièrement brûlé… Pourtant, la cloche a sonné ! Nicholas est très méfiant… Il s’approche de l’église – où il y a foule : peut-être dans les 200 personnes, maintenant, qui prient avec ferveur tandis que le père Denis O’Hara leur adresse un sermon qui n’a absolument plus rien à voir avec ce que les PJ avaient pu associer au personnage, débonnaire et ouvert – c’est un prêche virulent, chargé de menaces d’une éternité en enfer pour les pécheurs incapables de se repentir ! La foule réagit avec passion – sanglots et cris ponctuent le terrifiant sermon, des fidèles se roulent par terre… Et les yeux du prêtre brillent d’une folie inquiétante. Nicholas s’esquive, perturbé – il va tâcher de retrouver les autres…

 

[IV-6 : Danny, Beatrice, Warren : Russell Drent ; Glenn Cabott, Shane Aterton, Cordell] Danny, Beatrice et Warren, quant à eux, ont pris la direction du bureau du shérif – ils ont emporté les preuves, mais laissé le cadavre de Glenn Cabott chez Shane Aterton. Le savant fou, plus stoïque que les autres, remarque aussitôt que « quelque chose ne va pas ». Il y a un attroupement devant le bureau du shérif – et dix adjoints montent la garde devant, armés de Winchesters. Mais les adjoints comme les civils ne prêtent aucune attention aux PJ : ils ont tous les yeux fixés ailleurs… sur un étrange individu qui progresse très lentement dans la grande rue défoncée par les coulées de boue, en direction du bureau de Drent. C’est un homme noir, de toute évidence – mais ses vêtements sont en lambeaux, et il porte une cagoule noire qui lui dissimule intégralement le visage. Et Danny a bien vite la conviction que c’est à nouveau « un mort qui marche » ! Ses cicatrices deviennent visibles, et son mouvement est inhumain, empreint d’une rigidité effrayante… En fait, à l’observer avec plus d’attention, il comprend qu’il s’agit de l’ancien esclave abattu froidement par Aterton lors du raid sur la communauté de Cordell… Tout doute disparaît alors que l’homme s’arrête enfin devant le bureau du shérif, et ôte sa cagoule : il a le front explosé par un impact de balle quasiment à bout portant – c’est bien la victime de l’adjoint sadique… Danny s’écarte – et emmène Warren fasciné en arrière. Le mort effraye les adjoints, mais ils n’osent pas tirer, si certains le braquent de leurs carabines. Drent sort nonchalamment du bureau – et c’est alors que l’ancien esclave prend la parole, d’une voix grave au possible : « Les morts reviendront de l’enfer tourmenter les vivants. Les morts reviendront dévorer le cœur des coupables. Vous êtes tous coupables. Et vous allez tous payer. » À peine a-t-il fini de dire ces mots que Russell Drent, après avoir haussé les épaules, dégaine son pistolet et loge aussitôt une balle dans ce qui restait du crâne du mort – lequel s’effondre en arrière. Après quoi le shérif retourne à l’intérieur – les adjoints et la foule des badauds, stupéfaits, ne savent absolument pas comment réagir… Danny maugrée que c’est ce qui arrive, quand on fait porter le chapeau à des innocents des crimes qu’on a soi-même commis… Et il pénètre dans le bureau à son tour ; ses collègues hésitent d’abord à le laisser passer, ainsi que Beatrice et Warren, mais la voix de Drent se fait entendre : « Laissez-les entrer. »

 

V : MORTS OU VIFS

 

[V-1 : Danny : Russell Drent ; Glenn Cabott, Shane Aterton] À l’intérieur, Drent s’est assis à son bureau. Danny pose brutalement le sac de pièces à conviction dessus. Où est Cabott ? Ces preuves ne lui ont pas plu, il a essayé de l’éliminer… Il devait être de mèche avec Aterton, puisque c’est là-bas qu’ils ont trouvé toutes les preuves ? Le bagarreur et Beatrice, qui scrutent les réactions de leur supérieur, réalisent… qu’il a peur. Il essaie, à son habitude, de maintenir une façade stoïque et froide, mais ce qui vient de se passer dans la grande rue l’a affecté bien plus qu’il ne le prétend… Aterton ? Cabott ? À ce stade, il n’en a plus rien à foutre…

 

[V-2 : Warren, Danny, Beatrice : Russell Drent ; Shane Aterton, Glenn Cabott] Mais Warren intervient, avec sa naïveté habituelle : Aterton, Cabott, le mort-vivant… Ils ont leurs trois coupables, non ? Les autres sont éberlués, ils ne comprennent pas ce que veut dire le savant fou : « Eh bien, le mort, dehors, il avait cette cagoule noire, c’est que ça doit être leur complice, non ? » Drent comprend ce que « Mr Woodington » avance – et rebondit là-dessus, mais dans un discours semi incohérent, et visiblement paniqué : « Oui, voilà, c’est ça ! Il a raison… Le troisième coupable était cet homme… Et… c’est bien un homme de… de la communauté des anciens esclaves, donc nous… nous avons bien fait, et… Oui, c’était bien là-bas que se trouvait le coupable, et… » Danny cherche à l’interrompre, mais n’y parvient pas ; Warren, par contre, surenchérit : si Shane Aterton a abattu cet homme, c’est parce que c’était son complice, il voulait effacer les traces, sans doute… Le shérif abonde, avec comme une forme de reconnaissance soulagée : « Exactement ! Voilà… Oui, c’est bien ce qui… C’est bien comme ça que les choses se sont passées… » Beatrice ne mange pas de ce pain-là : les anciens esclaves avaient été prévenus du raid, pourquoi auraient-ils gardé l’argent aussi en évidence ? Cette fois, c’est Danny qui rebondit : c’est que c’est Cabott qui l’avait apporté n’est-ce pas ? Drent acquiesce sans vraiment peser la part d’insinuation dans l’interruption de Danny – qui avance aussi que son « bon travail » mériterait bien une promotion… Le shérif se ressert un troisième verre – il boit beaucoup, en ce moment… Drent fait glisser la bouteille dans la direction de Danny : « Trinquons ensemble ! Oui… À… à l’avenir de Crimson Bay… Maintenant que les mauvais éléments… ont été éliminés… » Warren se demande quand même à haute voix avec quoi le shérif a pactisé…

 

[V-3 : Beatrice, Warren, Danny : Russell Drent] Mais le shérif ne faisait plus attention à lui – depuis quelques minutes, il semble fixer avec une attention soutenue, et inquiète, les affiches des personnes recherchées, collées contre le mur de son bureau. Il est maintenant totalement figé. Par réflexe, Beatrice, Warren et Danny regardent dans la même direction… Danny ne remarque rien de particulier, mais il n’en va pas de même pour ses camarades : tous deux voient leurs propres visages sur les affiches – avec en dessous la mention « MORT OU VIF »… à ceci près que « OU VIF » est barré d’un trait de peinture rouge ! Mais cela va au-delà : tandis que Warren s’approche de l’affiche le représentant (avec comme chef d’accusation principale « CHARLATAN »), car il se demande si la peinture est fraîche et veut la toucher du doigt, son portrait se met à s’animer sous ses yeux : une cicatrice apparaît sur son front, et c’est comme si une main invisible, après cela, ôtait le sommet du crâne, pour faire apparaître le cerveau du savant fou ; confronté à cette représentation incongrue de son pire cauchemar (les opérations de trépanation ou lobotomie sur sa propre personne), Warren ressent une violente douleur dans son torse – il est passé à deux doigts de l’attaque cardiaque ! Et il lui faut se poser sur une chaise et reprendre son souffle – dans la crainte que cela ne soit pas suffisant et que le cœur lâche…

 

[V-4 : Beatrice, Warren, Danny : Russell Drent] Quant à Beatrice, elle voit quelque chose du même ordre la concernant – avec toute une litanie d’infractions, mais « PROSTITUTION », se dégage de la liste. Elle encaisse cependant bien mieux le choc que Warren, et se tourne aussitôt vers le shérif, en le menaçant de son arme : qu’est-ce qu’il a fait ? Qu’est-il en train de se passer ? Mais Drent ne fait pas vraiment attention à elle : les yeux vissés sur les affiches, il est pris d’un fou rire : « Ah ah ah ! Non… Non, non… ça ne va pas se passer comme ça ! Ah ! Non, je ne serai… Je ne serai pas pendu… Non, pas pendu, ah, jamais, ça n’arrivera pas ! Je ne finirai pas pendu ! Ah ah ! C’est depuis que vous êtes arrivés en ville… Vous avez foutu la merde dans ma ville… Mais, moi, pendu ? Ah ! Non, jamais, je ne serai pas pendu, vous voulez me faire… me faire peur, mais, non ! Non, vous n’arriverez à rien, et je ne serai pas pendu… pas pendu… » Le shérif reprend la bouteille qu’il avait tendue à Danny et boit au goulot.

 

[V-5 : Danny, Beatrice : Russell Drent] Danny, qui ne comprend pas bien ce qui se passe – pour lui les affiches sont parfaitement normales –, va, à la suggestion de Beatrice, chercher des adjoints dehors pour qu’ils s’occupent de Drent, qui succombe visiblement à une sorte de crise de folie furieuse. Danny prend en main les opérations – il faut garder le shérif sous surveillance, dans un endroit plus approprié. Beatrice avance que Danny pourrait tout aussi bien récupérer son étoile de shérif… Les adjoints n’y prêtent pas attention, mais s’occupent de leur chef. Beatrice les suit, histoire de voir comment ils s’y prennent.

 

VI : PASSER PAR LA MORGUE

 

[VI-1 : Danny, Warren : Richard Lightgow] Quand la situation se calme, Danny ressort – il y a toujours des badauds, figés dans une sorte de transe… à ceci près que certains semblent faire des préparatifs pour quitter la ville, chargeant des bagages dans des charrettes, qui ne sont clairement pas en mesure d’aller bien loin, au vu de l’état de la ville et des routes depuis les coulées de boue… Le cadavre de l’ancien esclave est toujours étendu au milieu de la rue ; Danny s’empare d’une bâche pour le recouvrir, et fait en sorte qu’on le transporte à la morgue. À l’intérieur, Warren reprend son souffle ; il manipule Roselyne, et se concentrer ainsi lui permet de se calmer – la douleur dans sa poitrine cesse peu à peu ; mais il sait que ça n’est pas passé loin. Toutefois, s’il faut amener le cadavre à la clinique du Dr Lightgow, eh bien, c’est dans ses cordes : Roselyne est tout indiquée pour cela – et il aurait bien besoin de discuter un peu avec son ami…

 

[VI-2 : Warren : Jon Brims ; Richard Lightgow] Warren ne passe pas exactement inaperçu… Mais il parvient sans peine à la clinique, et va voir Jon Brims dans son atelier. Le croque-mort est un peu surpris par ce spectacle – et Warren ajoute : « C’est un nouveau client, qui vient du bureau du shérif ! Mais il est un peu particulier – c’est la deuxième fois qu’il meurt… Vous avez déjà vu ça ? » Brims est sceptique – mais n’insiste pas, quand il constate qu’il y a deux impacts de balles mortels au front du cadavre. Il manipule un trousseau de clefs, qui lui permet d’ouvrir la porte de la morgue – laquelle relie la clinique du Dr Lightgow à sa propre entreprise de pompes funèbres. Warren persiste : « Ça vous est déjà arrivé ? Vous avez déjà vu ça ? » Le croque-morts lâche, dans un soupir, que... oui, ça a pu lui arriver – dans une autre vie. Mais il ne s’étend pas là-dessus : il lâche aussitôt qu’il a entendu du bruit dans la clinique, le Dr Lightgow est sans doute revenu. Lui, il va s’occuper du cadavre.

 

[VI-3 : Warren : Richard Lightgow, Lilly Brown ; Jon Brims] Le savant fou obéit à l’ordre indirect de Jon Brims et le laisse à son travail ; il passe dans la clinique, où le Dr Lightgow est effectivement revenu, et a beaucoup de travail – son infirmière Ms Lilly Brown est visiblement épuisée, mais elle doit encore l’assister. Cependant, Warren remarque que le docteur est visiblement en train de planer… Il n’a aucune idée de la cause, mais le constat demeure : il est défoncé. Warren n’ose pas le déranger dans ces conditions… Il rejoint les autres.

VII : MEURTRE IMPOSTURE HÉRÉSIE

 

[VII-1 : Rafaela, Nicholas, Danny] Rafie ne peut rien faire de plus pour aujourd’hui à la blanchisserie – elle aussi rejoint les autres, en même temps que Nicholas revient de l’église : la moitié de la ville est folle, à l’en croire… À peine a-t-il prononcé ces mots que la cloche sonne – Danny comprend, comme Nicholas avant lui, que ça n’est tout simplement pas possible, le clocher a été détruit ! Mais le son se fait entendre, et vient indubitablement de l’église… La pluie redevient plus forte – Danny dit aux adjoints qui font le pied de grue devant le bureau de rentrer se mettre à l’abri…

 

[VII-2 : Warren, Danny, Beatrice : Russell Drent] Warren revient à son tour. Maintenant qu’il a pleinement récupéré, il entend parler de ce qu’il a vu sur l’affiche. Il ne comprend pas ! Pourquoi est-il recherché ? Lui, un charlatan ? Danny ne voit absolument pas de quoi parle le savant fou… Lequel pointe les affiches : ça se voit, pourtant ! Mais Beatrice, peut-être parce qu’elle est une huckster, comprend un peu mieux ce qui s’est passé : de manière générale, ces affiches n’ont rien de spécial – chacun n’a vu que l’affiche qui lui était proprement destinée : Warren, elle-même, le shérif Drent… Tout ça ne saurait être expliqué par la science ; cela relève de la magie…

 

[VII-3 : Danny, Nicholas, Warren] Danny et Nicholas regardent les affiches, après ces explications : pour le coup, Danny ne voit toujours rien de spécial… mais Nicholas voit bien une affiche à son nom : les chefs d’accusation sont variés, « MEURTRE », « IMPOSTURE », « HÉRÉSIE », etc. Mais des taches rouges se mettent à apparaître un peu partout sur l’affiche, de plus en plus nombreuses, au point où c’est comme si son portrait se noyait dans le sang en hurlant… mais c’est bientôt le vrai Nicholas qui se met à hurler ! Pris d’une crise de panique, il sort précipitamment du bureau du shérif, et court dans la grande rue impraticable, chutant sans cesse dans la boue… Il prend sans y penser la direction du Washington. Warren se lance à ses trousses…

 

[VII-4 : Nicholas : Mrs Jansen] Au bout de 200 m d’une course acharnée, Nicholas commence à reprendre ses esprits – mais la terreur demeure. Il a besoin de calme, et de prière ! Il retourne au Washington, où Mrs Jansen est toujours à tricoter derrière le comptoir, et monte sans un mot dans sa chambre. Là, il s’agenouille devant sa croix, Christina, et se met à prier…

 

VIII : ÊTRE À LA HAUTEUR ?

 

[VIII-1 : Danny, Beatrice : Shane Aterton] Au bureau du shérif, Danny et Beatrice discutent de leurs options. La huckster n’a pas forcément envie de venir en aide à une ville où tout le monde pète un câble… Danny n’est pas d’accord. Mais une menace surnaturelle pèse-t-elle sur eux ? Le truc des affiches semble aller dans ce sens… mais le comportement du mort chez Shane Aterton les laisse perplexes : il n’était pas à proprement parler hostile… Il semblait dire qu’ils avaient une utilité, ici ? Beatrice suppose que, tant qu’ils sont utiles, on ne s’en prendra pas vraiment à eux…

 

[VIII-2 : Danny, Beatrice, Russell Drent] Mais Danny aimerait en savoir plus sur ce que le shérif Russell Drent a vu quand il a regardé les affiches… Il se rend dans la petite pièce où plusieurs adjoints gardent le shérif, toujours pris d’une crise de fou rire. On lui a ôté sa bouteille (et ses armes, bien sûr), mais il ne tient pas en place – riant sans cesse, il se débat, et trois adjoints ne sont pas de trop pour le maintenir assis sur une chaise. Beatrice lui intime de reprendre ses esprits, sans succès. Elle n’obtient que de nouveaux : « Non, non, je ne finirai pas pendu ! Ah ah ! » Beatrice dit aux adjoints de faire une pause – Danny et lui vont s’occuper du shérif, ça va aller… Mais deux des adjoints refusent de sortir ; ils sont effrayés, mais aussi loyaux, et méfiants. Beatrice aurait aimé qu’ils dégagent – mais tant pis : elle use de son Pouvoir de Pressentiment sur Drent lui-même. Il est tellement obsédé par l’affiche que c’est tout ce que peut voir ainsi la huckster : c’est le même type d’affiche qu’ils ont vues, et celle-ci représente sans l’ombre d’un doute Russell Drent, avec toute une litanie de chefs d’accusation : « MEURTRE », « CORRUPTION », « CAMBRIOLAGE »… La liste est infinie : tous les crimes y passent. Mais, surtout, le portrait de Drent s’anime : une corde apparaît autour de son cou, et le visage oscille dans un mouvement de balancier, très lent – les yeux sont morts, et un étrange et inquiétant sourire défigure la face de Drent. Mais, à force de regarder ainsi… l’image change à nouveau – et c’est à nouveau elle-même que Beatrice voit, même si le Pressentiment a été appliqué à Drent ! Et la liste de ses crimes a changé : n’apparaît plus maintenant que « PROSTITUTION » sans cesse répété, « PROSTITUTION », « PROSTITUTION », « PROSTITUTION », une centaine, un millier de fois… La huckster encaisse à nouveau, mais ça commence à faire beaucoup ! Elle sort de la pièce – en demandant aux adjoints d’administrer au shérif de quoi le faire dormir ; l’un d’entre eux dépêche une jeune recrue : « Va au Blue Lotus, et ramène un truc pour le calmer… »

 

IX : CUISINE FAMILIALE

 

[IX-1 : Nicholas, Beatrice, Danny : Mrs Jansen, Mr Jansen] Tous décident alors de se retrouver au Washington – où Nicholas se trouve déjà, qui a récupéré de sa frayeur. Le même spectacle attend tous les PJ : Mrs Jansen, imperturbable, qui tricote derrière son comptoir. Mais ils remarquent autre chose : il y a une odeur qui plane, dans le restaurant – une odeur de pourriture… Beatrice interpelle Mrs Jansen : elle ne sent pas… quelque chose ? Mais à peine a-t-elle posé cette question qu’apparaît dans son dos Mr Jansen, qui arrive dans la salle depuis l’extérieur : « Toute cette humidité ! Mais nous avons aéré les chambres, ça ne devrait pas poser de problème… » Il panique visiblement, et les incite fortement (et maladroitement) à se retirer dans leurs chambres… Beatrice s’en rend bien compte, mais impossible d’obtenir une explication valable de l’hôtelier : « Toutes ces choses, en ville, il y a bien de quoi affecter un honnête homme… » Beatrice lui rappelle que Danny et elle sont des adjoints du shérif : si jamais il craint quelque chose… Mais non, rien ! Par contre, dîner dans la salle de restaurant… Il va plutôt leur apporter une petite collation dans leurs chambres – qu’ils s’y rendent, ça ne tardera pas ! Le temps de se mettre aux fourneaux… Beatrice y renâcle, mais le bonhomme, affolé, est intraitable – et obtient l’appui de Danny, qui a faim. Très bien !

 

[IX-2 : Nicholas, Danny, Beatrice : Mr Jansen ; Shane Aterton, père Davis] Les PJ se rassemblent dans une chambre. Tout cela est bien louche : cette odeur… et depuis quand est-ce Mr Jansen qui fait la cuisine et le service ? Pour l’heure, ils ont plusieurs informations à partager – et Nicholas est visiblement très affecté par le spectacle de ce mort-vivant qu’ils ont croisé chez Shane Aterton… Les autres l’invitent à s’expliquer. Le faux prêtre prend sa respiration, et s’exécute. Il avait dans les quatorze ans… Il vivait dans un petit orphelinat, dirigé par le père Davis. Nicholas était un garnement – mais plutôt gentil, au fond. Un soir, il s’était fait la belle – ça lui arrivait régulièrement, et il revenait toujours. Mais cette fois, quand il est revenu, l’orphelinat était dévasté, comme par le passage d’une tempête. Pire : tous ses camarades, dix-sept enfants, étaient morts – leurs cadavres déchiquetés et répandus çà et là… Et la tempête recommençait – une tempête rouge, qui menaçait ouvertement le petit Nicholas ! Mais c’est alors que le père Davis s’est jeté en travers pour pousser l’orphelin hors de la trajectoire du phénomène… Le corps du père s’est élevé dans les airs – et la tempête lui a comme arraché la peau, centimètre carré par centimètre carré… Une torture infinie, sous les yeux de Nicholas : réduit à l’état d’écorché, le père Davis a cependant trouvé la force de s’adresser une dernière fois à son pupille : « Chacun porte sa croix. Ne t’en veux pas. » Et il a rendu son dernier soupir. Jetant un œil à l’intérieur de la tempête, Nicholas a distingué la silhouette d’un homme – qui lui tournait le dos et s’en allait… et la tempête a disparu. Nicholas est convaincu que cet homme et le mort-vivant croisé chez Aterton sont la même créature – surgie de son passé. « Danny, quand je te dis que tu ne peux rien faire contre lui, tu ne peux rien faire contre lui ! Mais moi je l’aurai – je me vengerai... Dix-sept enfants et le père Davis… Il va payer ! Et je comprendrai enfin pourquoi il a fait ça ! Quitte à y laisser la vie – mais je serai le dernier à périr par sa faute. » Beatrice est sceptique : comment peut-il être sûr qu’il s’agit bien de la même créature ? Nicholas n’a que le mot de « tempête » à la bouche… « Il va y avoir des morts dans cette ville. » Mais lui sait ce qu’il a à faire.

 

[IX-3 : Beatrice : Mr Jansen ; Mrs Jansen] On toque à la porte : c’est Mr Jansen qui leur apporte leurs repas. C’est de toute évidence lui, et non son épouse, qui a fait la cuisine. Beatrice demande si Mrs Jansen est souffrante – oh, juste un peu affectée par les derniers événements, ce sont des choses qui lui arrivent… « J’espère que cela vous conviendra quand même ? » Oui, oui… Il s’en va sans plus attendre.

 

[IX-4 : Rafaela, Nicholas : Shane Aterton] Rafaela réfléchit à la description qu’on lui a faite du mort-vivant, et au récit de Nicholas. Elle a une certaine expérience des choses étranges… et la Vierge de Guadalupe, en quelques occasions, l’a amenée à prendre en compte l’existence de ces étranges créatures que l’on appelle les Déterrés. Pour elle, il ne fait aucun doute que c’est cela qu’ils ont vu chez Shane Aterton. Elle n’en sait pas beaucoup plus – quelques choses, cependant : un Déterré n’est pas un vulgaire mort-vivant, c’est un être pensant, et fort de son individualité ; mais justement : il y a plusieurs Déterrés, rien ne garantit que ce soit le même que celui de l’histoire de Nicholas… Au moins sont-ils d’accord pour les envisager comme de redoutables et démoniaques créatures, vomies sur Terre depuis l’enfer.

 

[IX-5 : Beatrice : Mr Jansen, Mrs Jansen] Beatrice a cependant des préoccupations plus immédiates : le comportement des Jansen est tout de même très suspect… Elle descend l’escalier – seule, en utilisant son Pouvoir d’Augmentation de Trait pour améliorer sa Discrétion. Elle avance, et distingue les paroles de Mr Jansen : « Oh, ma chérie, ma chérie ! Ce n’est vraiment pas le moment… » Il a l’air assez affolé. « Tu sais combien je regrette tout ça… Je t’en prie, fais un petit effort, les choses vont se tasser, tout va bien se passer… Le shérif va reprendre les choses en main, Crimson Bay redeviendra comme avant… Ah ! Ici, il y a un petit… Un instant, je vais réparer ça. » Beatrice descend quelques marches de plus, elle voit maintenant la scène :Mrs Jansen est assise sur une chaise, immobile ; Mr Jansen, devant elle, s’active, passant des cotons sur le visage de son épouse – une sorte de maquillage. Beatrice remonte discrètement à l’étage : elle est maintenant convaincue que Mrs Jansen est morte – mais depuis pas mal de temps, si ça se trouve !

 

[IX-6 : Rafaela, Nicholas, Beatrice, Danny : Mrs Jansen ; Mr Jansen] La nouvelle laisse les autres perplexes… Rafie ne pense pas qu’elle soit une Déterrée, mais… Soudain un cri se fait entendre ! Un cri d’homme, celui de Mr Jansen… La discrétion n’est plus de mise : les PJ dévalent tous l’escalier – et tombent sur une scène horrible : Mr Jansen est allongé sur le dos, mort, et Mrs Jansen se repaît de ses entrailles ! Des lambeaux de peau se sont détachés de son visage, elle saigne de multiples endroits, mais ça ne l’interrompt en rien dans son festin cannibale. Nicholas et Beatrice, par réflexe, dégainent. Mais Mrs Jansen réagit avant eux : le sang et les entrailles de son époux dégoulinent de son visage, mais elle affiche en même temps comme un sourire extatique – et se précipite sur Danny ! Nicholas a ses deux pistolets fétiches, le Père et le Fils, en mains, et vise la tête – mais rate son coup ; il récite une prière d’exorcisme en même temps… Rafaela use d’un Miracle d’Aveuglement sur Mrs Jansen – sans être bien certaine que cela soit très efficace sur une morte-vivante. Danny, lui, a recours à son gourdin, et atteint Mrs Jansen, sans lui faire trop de dégâts. Mais Beatrice vide son chargeur – et abat l’hôtelière d’une ultime balle en pleine tête ; elle s’effondre en souriant sur le cadavre éviscéré de son époux… Et Rafaela sort son rasoir – pour que ces monstres ne reviennent pas, à ce qu’on lui a dit, il faut leur couper la tête…

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (07)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (07)

Septième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici. L'enregistrement de la séance est disponible .

 

À ce stade, presque tout provient encore de la campagne Stone Cold Dead, mais je commence à y mettre quelques éléments de « The Winter War » et de Coffin Rock également, qui vont progressivement gagner en importance.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », l’élue (mais sa joueuse a dû partir un peu avant la fin de la séance) ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez ci-dessous l'enregistrement de la séance.

I : BRÛLE

 

[I-1 : Warren, Nicholas, Danny, Beatrice : Russell Drent ; Cordell, Shane Aterton] Warren et Nicholas, depuis Crimson Bay, ont perçu les coups de feu en provenance de la communauté des anciens esclaves, et, inquiets, y retournent – Danny et Beatrice sont toujours sur place. Warren et Nicholas ne peuvent cependant arriver qu’une fois que l’affaire est jouée : le hameau brûle – un ordre du shérif Russell Drent qu’il a été aisé d’exécuter. Les anciens esclaves, que leur chef Cordell, dépité, a dissuadé de riposter, ont quitté les lieux sans que les adjoints du shérif ne se préoccupent de les en empêcher – ils se sont contentés de rassembler les sacs contenant le pactole du tournoi sur la petite place au milieu de la communauté. Drent contemple les flammes sans un mot – il refuse de partir tant que le hameau n’est pas réduit en cendres. Danny, dès lors persuadé de ce que tout cela était un coup monté dès le départ, sait qu’il l’a vu « disposer » du corps inconscient de Shane Aterton, mais le shérif ne lui a pas fait la moindre remarque à ce sujet.

 

[I-2 : Danny : Russell Drent ; Shane Aterton, Gamblin’ Joe Wallace] Danny s’approche cependant de Drent – et ne mâche pas ses mots. Justice est faite ? En brûlant tout un village sans s'embarrasser de trier les coupables, et alors même que l’argent volé a été retrouvé ? Drent reste stoïque – et signale qu’il a vu Danny s’occuper de Shane Aterton : il n’a pas de leçons à lui donner. Le shérif n’a aucune envie de débattre – mais que son adjoint vertueux note ceci : des voleurs, dans tout autre ville, on les aurait pendus ; lui s’est contenté de leur dire d’aller voir ailleurs – ça n’est pas si « disproportionné ». Il y a eu un mort, mais, comme Danny est bien placé pour le savoir, le coupable a été puni : justice a été faite, oui. Danny laisse entendre qu’il a bien compris qu’il s’agissait d’un coup monté – et suspecte que le shérif a agi motivé par son racisme ; il en parlera à Wallace ! Mais Drent s’en moque : « Faites. » Danny rejoint ses amis, et retourne en ville avec eux.

 

[I-3 : Beatrice, Warren, Nicholas, Danny : Russell Drent] Beatrice, qui a accueilli Warren et Nicholas, discute avec eux de ce qui s’est passé. Tous sont également convaincus qu’il s’agissait d’un coup monté, que l’argent n’avait jamais disparu… et que Drent est pourri jusqu’à l’os ; Warren, un peu naïf, ne comprend pas forcément tout le tableau, mais ses camarades l’éclairent à ce propos. Ils rentrent à Crimson Bay avec Danny.

 

II : RÉVÉLATION TARDIVE

 

[II-1 : Rafaela : Gamblin’ Joe Wallace ; Russell Drent, Mike Paltron] Mais Rafaela était restée en ville – elle ne sait pas ce qui s’est passé exactement à la communauté des anciens esclaves, mais qu’importe, elle voulait déjà parler de tout cela avec Gamblin’ Joe Wallace. Le maire de Crimson Bay se trouve toujours au Gold Digger, qui reprend peu à peu une activité normale – Wallace a toutefois déserté la grande salle pour s’installer dans son bureau à l’étage. Rafie toque à la porte – à plusieurs reprises avant que le maire ne réagisse, il est visiblement saoul et au bout du rouleau ; son bureau est jonché de bouteilles vides. Rafie explique qu’elle a rendu son étoile à Drent, et pourquoi ; mais elle ajoute sans l'ombre d'une hésitation qu’elle s’est aussitôt rendue à la communauté des anciens esclaves pour les prévenir de l’arrivée imminente du shérif (elle ne mentionne pas ses camarades qui l’avaient accompagnée)… La parole du seul « témoin », Mike Paltron, n’était pas fiable – et le shérif et ses adjoints étant plutôt nerveux, elle a fait en sorte que les femmes et les enfants, au moins, ne soient pas sur place quand ils parviendraient à la communauté des anciens esclaves. Le racisme de Drent est pour elle une certitude – et elle confie à Wallace que, ce que le shérif a fait pour les anciens esclaves, il pourrait le faire également pour Chinatown, ce qui concernerait bien plus immédiatement Crimson Bay et les intérêts de Wallace dans la région.

 

[II-2 : Rafaela : Gamblin’ Joe Wallace ; Russell Drent] Le maire dodeline de la tête… Rafie a bien fait ; c’est une décision qu’il aurait peut-être dû prendre lui-même… Mais elle comprend qu’il était pieds et poings liés par le shérif ; simplement, elle insiste sur le fait que la violence n’est pas toujours la solution ! Mais Wallace est ivre, et sombre. Pour lui, cette affaire a fait office de révélation : pendant des années, il avait cru que Crimson Bay était sa ville ; maintenant, il a compris que c’était celle de Russell Drent. Tout ce temps. Rafie l’incite à reprendre les choses en mains, mais le maire n’y croit visiblement plus. Il ouvre une nouvelle bouteille de whisky – Rafie lui dit qu’il ne trouvera pas la solution dans la boisson, mais il n’en tient pas compte, et boit au goulot.

 

III : BLANCHIR

 

[III-1 : Danny, Beatrice, Warren, Nicholas : Mr Fong, Mr Shou] Danny, Beatrice, Warren et Nicholas, de retour, passent par Chinatown. Danny, aiguillé par Warren, souhaite parler à Mr Fong, le patron de la blanchisserie, et semble-t-il de Chinatown de manière générale (Danny songeait d’abord à Mr Shou, le patron du White Tiger – mais ce sinistre individu répugne à tous). Le savant fou guide les autres vers la blanchisserie ; il y était déjà venu, le garde le reconnaît, et, après un bref temps d’hésitation, il les laisse entrer dans l’usine à proprement parler – le bureau de Mr Fong est à la mezzanine, ce qui permet de surveiller toute l’usine.

 

[III-2 : Danny : Mr Fong ; Russell Drent] Mr Fong est bien dans son bureau. Il accueille les PJ, un peu perplexe – ils l’interrompent dans son travail, mais il n’a rien à refuser aux adjoints du shérif Russell Drent. Mais justement ! Danny lui résume la situation – et lâche sans plus de précautions qu’ils sont convaincus que tout cela était un coup monté, et ce dès la découverte du cadavre derrière le White Tiger, ce qui implique directement Chinatown : il s’agissait de tout mettre sur le dos des Chinois – Drent est foncièrement raciste, il s’en prendra à Mr Fong et aux siens dès que possible ! Fong relève que Danny lui dénonce ses collègues et supérieurs – le shérif n’appréciera pas… Mais, surtout, le patron de la blanchisserie assure Danny qu’il se trompe : Chinatown n’a rien à craindre de Russell Drent. Il n’en dit pas plus… Mais Fong avance à demi-mots qu’il croit deviner que Danny, à l’entendre, envisage de remplacer l’actuel shérif ? Un peu gêné, le bagarreur dit que ça n’est pas (pour l’heure ?) dans ses intentions, mais qu’il compte bien déloger Drent au plus tôt, oui. En homme d’affaires, Mr Fong ne peut pas se permettre de critiquer l’ambition – mais il recommande à l’adjoint zélé de se montrer plus prudent à l’avenir ; il le remercie de ses confidences – mais elles pourraient lui attirer des ennuis, ailleurs dans Crimson BayFong n’est pas un joueur, par ailleurs : s’il doit parier sur un cheval, à terme, ce sera sur celui dont il sait qu’il l’emportera…

 

[III-3 : Warren, Danny : Mr Fong ; Mr Shou] Mais Warren intervient, naïvement, devant Fong : il y avait cette affaire avec Mr Shou… Doivent-ils encore enquêter, alors ? Le patron du White Tiger semblait croire que quelqu’un voulait le piéger… Mr Fong a un vague sourire : « Vous devriez décidément vous montrer plus prudents… » Mais il prend bonne note de tout ça, et remercie l’adjoint Danny. Ils sortent.

 

[III-4 : Beatrice : Russell Drent] Dehors, Beatrice est sur le point d’exploser : personne ne va donc faire quoi que ce soit dans cette ville ? Elle ne s’y éternisera pas, si Drent reste en place et continue ses magouilles ! Ses amis l’incitent au calme – d’habitude, par la force des choses, la huckster dissimule bien mieux ses émotions… Par chance, les adjoints ne patrouillent pas dans Chinatown, mais le Chinois massif à la chemise rouge sang est toujours là à les observer, à distance…

 

IV : NOUVELLE RÉVÉLATION TARDIVE

 

[IV-1 : Rafaela, Danny, Beatrice : Gamblin’ Joe Wallace ; Russell Drent] Les PJ se retrouvent au Gold Digger, où ils font le point sur la situation. Le constat est navrant, et Rafie confirme que Wallace, bourré, déprimé, ne fera absolument rien. Danny entend bien lui secouer les puces : il monte à l’étage, frappe au bureau du maire, et entre sans attendre de réponse. Wallace est dans un état encore pire : « Trinquons ! Trinquons au succès du grand tournoi de poker de Crimson Bay ! » Danny lui suggère plutôt de trinquer « à la reprise de cette ville ». Wallace sait bien que « tout le monde est au courant, maintenant »… Peut-être ont-ils toujours su… Danny s’empare de la bouteille du maire. Il ne va pas lui faire de sermon, ça ne sert à rien – mais il lui faut agir ! Il faut déloger Drent de sa position : il a détruit un village entier sur un prétexte ; l’argent n’avait jamais été volé, il l’avait dès le départ en sa possession ! Beatrice, qui avait suivi discrètement Danny, ajoute que le shérif a fait tuer ses propres adjoints, pour accomplir son plan… Danny confirme : Drent a volé l’argent de Wallace, c’est lui qui a anéanti le tournoi de poker. La huckster prend le relais : peut-être le maire a-t-il toujours été un homme de paille, ce qu’il ne cesse de répéter, mais ça n’est pas important – ce qui compte, c’est ce qu’il va faire maintenant. « Boire une autre bouteille ? Tirer des plans sur la comète : les transports maritimes et ferroviaires… Oh, et l’usine : il faut prier pour que la guerre reprenne ! Mais ça ne serait pas très chrétien… » Danny s'énerve : non ! Il faut prendre les armes, et virer Drent et ses hommes – mais ils se comptent par dizaines, note Wallace… « On peut pas demander aux braves gens de cette ville de faire la révolution simplement parce que le shérif se montre un petit peu méchant... En fait, ils aiment que ça se passe comme ça – Drent assure la sécurité dans la ville, c’est tout ce qu’ils veulent. Ils en ont peur, mais c’est une peur qu’ils acceptent, qu’ils apprécient, même. »

 

[IV-2 : Beatrice, Danny : Gamblin’ Joe Wallace ; Russell Drent, Kang, Cordell] Le maire paye le salaire du shérif – mais ce dernier n’en a visiblement pas besoin, et il va lui rendre l’argent du tournoi, retrouvé « quelques heures après le départ des joueurs, c’est fâcheux »… Car Drent a sans doute trouvé quelqu’un d’autre pour le financer ; on peut lui reprocher beaucoup de choses, mais c’est clairement quelqu’un d’intelligent ; il ne se serait pas lancé dans un truc pareil sans avoir des appuis – et pas seulement une milice à ses ordres, mais quelque chose au-dessus de lui. Beatrice lui demande s’il a quelqu’un en tête. Possible… Danny le presse d’en dire plus. Le maire s'explique un peu : la clef, c’est la communauté des anciens esclaves. Drent, raciste ? Wallace ne le pense pas : c’est un homme pragmatique. Il se trouve que c’était des Noirs, là-bas… Oui, ça a sans doute facilité les choses, mais des Blancs ou des Chinois, ça n’aurait pas forcément posé beaucoup plus de problèmes, croit-il. Quand on regarde une carte de la région, finalement, ça n’est pas bien mystérieux… On veut étendre le réseau de chemin de fer ? Il faut un endroit approprié pour ça – la Iron Dragon de Kang ne peut pas se satisfaire du semblant d’axe qui passe par Crimson Bay, ultime reliquat d’une petite compagnie bientôt asphyxiée par les barons du rail. La clef des négociations, c’était ce terrain. Wallace est un homme d’affaires, mais réglo – et il savait que Cordell était le propriétaire légitime de ces terres ; Drent le savait aussi, Wallace le lui avait confié… Peut-être le shérif l’a-t-il trouvé trop « mou », et a-t-il décidé d’agir de manière plus radicale « pour le salut de Crimson Bay : imaginez tout l’argent de la Iron Dragon qui affluerait dans les caisses de la ville ! » Eh oui : Danny et ses amis n’ont pas seulement affaire à un shérif un peu rude et à sa milice d’une vingtaine d’hommes au moins ; derrière, il y a un baron du rail… Ils veulent toujours faire leur petite révolution ? « Plus que jamais », l’assure aussitôt Beatrice – qui est obsédée par les barons du rail et les « puces » qu’ils mettent dans la tête des gens… Il ne veut rien faire ? Il méritera ce qui lui arrivera. Les PJ sortent – Danny s’est emparé d’une bouteille de Wallace, qui ne réagit pas, il en a d’autres…

V : PRENDRE LE POULS DE LA VILLE

 

[V-1 : Warren, Danny, Beatrice, Nicholas, Rafaela : Richard Lightgow, Jon Brims, Josh Newcombe, Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace, Jeff Liston, Denis O’Hara] Dehors, Crimson Bay a repris des couleurs. Il fait un temps magnifique, le soleil est éclatant – la pluie de ces derniers jours n’est plus qu’un mauvais souvenir. Les gens sourient, l’air un peu béat... Les soucis de tout un chacun semblent s’être envolés. Tout va bien… Warren décide d'organiser un repas dans la soirée, au Washington, avec le médecin Richard Lightgow, son ami l’entrepreneur de pompes funèbres Jon Brims, et peut-être également le journaliste Josh Newcombe, du Crimson Post – il est curieux de ce qu’ils pensent tous de Drent, mais aussi de Wallace (dont le tableau de l’économie de la ville ne l’a pas laissé indifférent : le maire a sans doute raison, Crimson Bay disparaîtra sans le soutien de la Iron Dragon). Danny et Beatrice, eux, ont bien besoin de boire quelque chose, et prennent la direction du Red Bear – l’avis de Jeff Liston les intéresse également. Quant aux dévots Nicholas et Rafie, ils se rendent à l’église du père Denis O’Hara.

 

[V-2 : Warren : Richard Lightgow, Josh Newcombe ; Jon Brims] Warren va donc à la clinique du Dr Lightgow pour l’inviter ainsi que Jon Brims au repas du soir, et mentionne qu’il va proposer également à Josh Newcombe de se joindre à eux ; mais, à peine a-t-il eu le temps de le dire... que le journaliste entre dans le cabinet, vêtu d’un grand manteau, et affichant un regard inquiet de conspirateur ! Il chuchote à l’oreille de Warren : « Psst ! J’ai votre édition spéciale ! Je vous avais dit que je vous la livrerais en personne ! » Il tend un exemplaire de son journal au savant fou… sauf qu’il ne s’agit pas d’un imprimé – sans doute le journaliste n’avait-il toujours pas accès à sa machine, car « l’édition spéciale » en question est un exemplaire bien mince et entièrement manuscrit, au crayon ! Newcombe s’en va aussitôt, sans un mot de plus – Warren a à peine le temps de l’interpeller (« Soyez discret, bon sang ! Je représente la presse libre qui lutte contre l’oppression ! Si l’on sait que je suis ici, cela pourrait très mal tourner… ») : le savant fou l’invite au repas du soir – et garantit que sa protection sera assurée. Le journaliste acquiesce rapidement et s’éclipse. Warren retourne au Washington, et y lit son « édition spéciale »…

 

La Sainte Résurrection des Morts parodiée par d’Impies Charlatans !

 

Un billet d’humeur signé Josh Newcombe

 

Christ mort et ressuscité nous en a fait la Sainte Promesse : nous vivrons pour l’Éternité quand viendra le Jugement. D’ici là, cependant, nous ne pouvons que constater qu’il se trouve en notre sein de bien impudents et sinistres personnages, qui prétendent exercer des Miracles en lieu et place du Saint Fils de Dieu.

 

Leurs Voies sont multiples, si toutes mensongères : d’aucuns prétendent que leur Science Impie saura perpétuer les corps au-delà du terme fixé à notre vie, de toute éternité, par Dieu le Père. Même en admettant que ces féroces et cruels émules de l’Odieux Docteur Frankenstein pourraient bel et bien accomplir leurs Sombres Promesses, le fait demeure : ils entendent préserver les corps, mais qu’en est-il de l’Âme ? Ils ne sauraient la réduire en équations, et n’en tiennent donc même pas compte ! Quelle promesse est-ce là, sinon une preuve supplémentaire des ravages que l’Odieux Matérialisme suscite chez les Mécréants, au péril même de ce qui en fait des hommes ?

 

Mais ces méprisables personnages qui s’honorent du titre de Savants, lequel ne devrait jamais être autre chose qu’un Stigmate d’Infamie, ne sont pas seuls à proférer pareilles sottises. On dit qu’il est chez les Nègres des Îles de Sataniques Hommes-Médecines qui dérobent au Seigneur les corps fraîchement enterrés pour s’en faire des Légions de serviteurs. Certains, dit-on, auraient même le secret d’une poudre qui, projetée à la face d’un de nos semblables, le plongerait tout aussitôt dans un sordide comas, sans plus jamais d’espoir d’en sortir ! Quoi de plus tragique que le destin de ces « Zompés » privés de la Gloire de la Résurrection pour n’en exhiber que la plus grotesque et scandaleuse des Caricatures ?

 

L’Union doit agir ! La Résurrection des Morts n’appartient qu’à Christ Notre Sauveur ! Ceux qui la moquent sont les pires des Hérétiques, et la plus grave des menaces qui pèsent sur notre Communauté de Fidèles…

 

Josh Newcombe

 

[V-3 : Warren : Nicholas, Rafaela ; Josh Newcombe] Warren n’en revient pas de tant de bigoterie – qui plus est anti-scientifique ! Il n’y avait pas pris garde – mais, en y réfléchissant, Josh Newcombe avait bien, en quelques occasions, exprimé des idées religieuses, par exemple quand il s’en était pris au « faux prêtre » Nicholas… Le savant fou regrette maintenant de l’avoir invité ! Il avait fait en sorte que Nicholas ne les rejoigne pas, au vu de son différend avec le journaliste, mais, tout compte fait… Il réalise cependant que Nicholas lui-même... est parti à l’église ! Ce qui ne fait pas vraiment son affaire… Des grenouilles de bénitier partout ! Ce qu’il accepte chez Rafie, avec sans doute une certaine part de sentiment de culpabilité, il le tolère bien moins chez les autres… Il prend toutefois sur lui, et rejoint ses amis croyants ; il explique à Nicholas que, tout compte fait, eh bien… Cessant de bafouiller, il leur laisse son « édition spéciale », et retourne sans plus attendre au Washington. Là-bas, il décide de griffonner un message : « Lieu compromis. Attendre instructions. Rentrez chez vous. » Il le confie à un gamin, avec une pièce, pour qu’il le livre à Josh Newcombe

 

[V-4 : Nicholas, Rafaela : Denis O’Hara ; Russell Drent, Josh Newcombe] En attendant, à l’église justement, tandis que Rafaela prie, Nicholas échange quelques mots avec le père O’Hara, toujours aussi rougeaud, et qui le taquine sur son statut ambigu de « prêtre ». Nicholas cherche à connaître son sentiment concernant Drent, mais les circonvolutions de son discours ne laissent guère de doute : il ne dira rien et ne fera rien contre le shérif. La richesse de Crimson Bay l’intéresse bien plus que sa liberté (qui est « plutôt un truc de catholiques »)… La discussion s’envenime progressivement, même si elle procède par citations bibliques parfois très approximatives – Nicholas accuse le père O’Hara de « fuir ». Mais non : il est très content de sa place, de sa résidence, de ses ouailles... Quand Nicholas pose sa main sur l’épaule du père O’Hara, ce dernier se crispe et affiche un regard noir : « Veuillez ôter cette main, "mon père"… » Nicholas s’exécute – mais il ne laisse pas là le pasteur ; obtenant de discuter dans un cadre davantage privé, il présente le shérif Drent comme étant un véritable démon, parlant de l’œil de Caïn, etc. Ce que le père O’Hara trouve bien mélodramatique. Mais quand Nicholas pose à nouveau sa main sur son épaule, il la dégage d’un geste brusque, et saisit son interlocuteur par le bras – et il a de la poigne… D’un ton sec et menaçant, avec le regard sombre et dur associé, il exige que Nicholas s’en aille, sous-entendant qu’il ne veut plus le revoir dans son église… Rafaela n’a pas suivi tous les échanges, mais suffisamment pour se faire une opinion du pasteur de Crimson Bay. Nicholas et elle s’en vont – le premier annonçant que « l’œil de Caïn se met en route »… Quant à Newcombe, après avoir lu le « journal », ils sont partagés ; pour Nicholas, il n’a aucune importance – mais Rafie a noté qu’il avait raison pour la pieuvre, peut-être y a-t-il bien quelque chose… Elle n’a certes pas oublié les avertissements de la Vierge de Guadalupe ! Pour cette raison, l’article portant sur les morts ressuscités ne la fait pas rire, loin de là…

 

[V-5 : Beatrice, Danny : Jeff Liston ; Russell Drent, Shane Aterton] Pendant ce temps, au Red Bear, Beatrice discute avec Jeff Liston tandis que Danny furieux se contente de boire. Que faut-il penser de Drent ? L’ex-trappeur n’en est pas bien sûr : Shane Aterton (dont il ne sait pas qu’il est mort) est un connard, ça, oui ; Drent… C’est l’employeur du connard – ce qui ne joue pas en sa faveur. Au-delà… Il fait peur à pas mal de gens, oui. Beatrice informe Liston que, concernant Shane Aterton, il faut désormais en parler au passé. « Il a eu chaud », ajoute laconiquement Danny, plongé dans sa mauvaise bière... Beatrice explique au tenancier du Red Bear ce qui s’est passé à la communauté des anciens esclaves. Ils sont remontés contre le shérif… Liston s’assied à leur table, avec une bouteille d’un affreux whisky ; ils ont son oreille. Comme le dit Beatrice elle-même, il ne veut pas foutre le bordel en ville si ça doit nuire aux habitants ; il ne va pas les suivre dans une tentative précoce de « coup d’État » qui ferait plus de mal que de bien… Mais il se tiendra au courant.

 

[V-6 : Warren, Nicholas : Richard Lightgow, Jon Brims ; Josh Newcombe, Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace, Edgard Tomlick, Mortimer Stelias, Cordell, Mr Fong, Mr Shou] Le soir, Warren reçoit ses invités Richard Lightgow et Jon Brims au Washington (dont Nicholas a étudié les sorties, etc. – il pourrait y avoir du grabuge qui rendrait ce savoir utile, très prochainement...) ; le savant fou regrette qu’il n’y ait pas de poulpe au dîner… En attendant qu'on les serve, les invités expliquent qu’ils ont vu le Gold Digger bondé – tous les hommes du shérif y fêtent ce qui s’est passé à la communauté des anciens esclaves… Quant à Newcombe, Warren a reçu ce message sibyllin : « Ne peux assister à kermesse. Tendinite. » Ils en discutent : finalement, le savant fou est bien obligé de reconnaître que Lightgow avait raison concernant le journaliste… La discussion (à table dans une salle privée) tourne bientôt et assez ouvertement autour de Russell Drent, et de ce que les compagnons en pensent. Lightgow ne fait guère qu’exprimer le sentiment général à Crimson Bay : il fait peur aux habitants, mais la ville est sûre… Bien sûr, on pourrait tenir un débat philosophique sur la liberté contre la sécurité… Et Brims ? Le croque-mort, essentiellement mutique, réfléchit un bon moment… puis répond – et tient un discours incroyablement long pour qui le connaît si taiseux habituellement ! En fait, au point où son ami le Dr Lightgow lui-même est stupéfait… Le croque-mort ne fait pas confiance à Drent ; le coup monté contre la communauté ne le surprend pas, hélas… Oui, l’économie de la ville dépend sans doute du ralliement au réseau de la Iron Dragon ; sinon, à moins qu’on ne trouve un filon de roche fantôme dans les collines… Mais la communauté ? Pour tous les habitants de Crimson Bay, les anciens esclaves s’étaient établis illégalement là-bas – mais c’est faux : Brims fait partie des rares personnes à le savoir, avec Wallace et Drent, peut-être quelques rares autres, comme, probablement, le banquier Edgard Tomlick… Avant l’arrivée de Wallace, il y avait un autre grand propriétaire dans le coin – un type du nom de Mortimer Stelias. Riche comme Crésus, mais progressiste – abolitionniste, quoi, et depuis un bail. C’est lui qui avait fait venir à Crimson Bay les anciens esclaves, pour certains exfiltrés par le Underground Railroad ; il leur donnait du travail, mais salarié, dans des conditions qui n’avaient rien à voir avec celles qu’ils connaissaient dans le Sud – ou dans les îles, d’ailleurs. Cordell était son jardinier, par exemple. Et quand il a senti la mort approcher, il a vendu le terrain audit Cordell, pour un dollar symbolique – à charge pour lui d’accueillir les autres anciens esclaves, qu’ils aient un endroit où vivre en paix, libres et sereins... Du coup, les anciens esclaves, via Cordell, étaient (et sont toujours) légalement les propriétaires de la communauté et des terres environnantes. Wallace est bien l’homme « réglo » qu’il prétend être : en sous-main, discrètement, il n’a cessé de proposer à Cordell de racheter ces terres – et pour une belle somme ; mais l’ex-jardinier a toujours refusé, ç’aurait été une marque de mépris pour son ex-employeur et bienfaiteur… Drent n’a de toute évidence pas les scrupules de Wallace ; si les occupants du terrain avaient été des Blancs, il aurait peut-être été davantage embarrassé – mais avec des Noirs… En fait, le shérif lui-même, à cet égard, n’a pas spécialement besoin d’être raciste, il suffit bien que les habitants de Crimson Bay le soient, de manière plus ou moins avouée. Mais Chinatown ? Non, ce n’est pas la même chose : c’est une ville dans la ville, mais pas aussi isolée que ses maîtres le prétendent ; ils sont liés aux triades de Shan Fan, et peut-être même à d’autre au-delà du Pacifique ; c’est ce qui explique leur lien avec Wallace – les triades fournissent la poudre pour son usine de munitions. Maintenant, ils ne forment pas nécessairement un bloc uni – les triades rivalisent entre elles, et pas à fleurets mouchetés... À Chinatown, d’ailleurs, le vrai pouvoir n’est pas celui que l’on montre : Fong ? Ou même Shou ? Des façades… Le vrai pouvoir est dans l’ombre – et bien plus redoutable. Quoi qu’il en soit, ils n’ont probablement pas grand-chose à craindre de la part de Drent – qui en est lui-même parfaitement conscient. Sous les yeux du Dr Lightgow, qui n’en revient toujours pas de ce que son vieil ami se soit montré aussi loquace, Warren remercie chaleureusement Jon Brims pour toutes ces précieuses informations ; le croque-mort explique qu’il a pris soin, avant de parler, d’étudier leur petit groupe tout récemment arrivé en ville : des électrons libres, sans attache, et qui semblent parfois faire preuve de sens moral, « même à géométrie variable ». Leur liberté... Eh bien, il y a un revers à cette médaille : ils ne connaissent pas la ville. Et ils ont besoin de ce genre d’informations pour agir utilement – c’est pourquoi le croque-mort s’est montré aussi disert. A-t-il des conseils à leur donner ? Non – il s’est retiré comme entrepreneur de pompes funèbres ici pour ne plus avoir à prendre ce genre de décisions ; maintenant, s’il trouve quelqu’un qui en vaut la peine, il fournit des informations – et ça s’arrête là. La suite du repas est plus détendue – Warren et Lightgow échangent sur leurs prothèses, qu’ils vont bientôt pouvoir tester. Le savant fou enthousiaste se voit déjà produire tout cela en série, au lieu des munitions, dans l’usine de Wallace ! Le docteur est plus sceptique : « Il y a sans doute un lien entre les deux, mais les munitions se vendent quand même beaucoup mieux que les prothèses… » Mais il n’est pas un homme d’affaires. Warren compte bien en parler à Wallace, quand le maire se sera un peu repris… Avant son départ, Warren suggère enfin à Brims, s’il lui est difficile de parler, de coucher ce qu’il sait sur le papier – et il pourrait bien avoir convaincu le croque-mort de le faire !

VI : APRÈS LE BEAU TEMPS, LA PLUIE

 

[VI-1 : Rafaela, Beatrice : Josh Newcombe ; Samantha Goggins] Le lendemain matin, le temps est encore plus beau que la veille – il fait très bon, l’été connaît comme un dernier sursaut alors que l’automne approche. Rafaela, accompagnée par Beatrice, rend visite à Josh Newcombe, qui travaille cette fois à composer l’édition « normale » du Crimson Post. L’élue souhaite lui parler de son article sur les morts-vivants… « Chut ! Pas si fort ! » C’était une édition très spéciale… Normalement, il aurait d’abord dû faire d'abord son édition spéciale météorologique, mais : impossible ! Alors il s’était contenté de ce billet d’humeur, bien malgré lui… Les morts-vivants sont sans doute un sujet un peu moins exaltant que le climat, mais, que voulez-vous… Beatrice lui demande ce dont il comptait parler, dans cette édition impossible à réaliser – la météorologie, vraiment ? « Oui ! La tempête qui s’annonce… » Mais il fait un temps magnifique ! « Ne vous y trompez pas : les nuages viendront de l’océan d’ici quelques heures à peine, et il va y avoir des pluies diluviennes. Vous voyez, la grande rue, devant le Gold Digger ? Dix dollars que la crevasse à cet endroit fera dans les… mmmh, 80 cm de large, d’ici à… allez, six ou sept heures au plus. » Mais comment peut-il se montrer aussi précis ? « Un journaliste ne révèle pas ses sources ! » Il n’invente donc rien ? Bien sûr que non, pour qui le prennent-ils ! Certes, sa plume est portée sur l’emphase, mais cela fait partie des règles de l’art, comme il voit les choses. Les informations n’en sont pas moins exactes ! D’ailleurs, ils feraient bien de se munir d’imperméables et de bottes bien épaisses… À la boutique de Samantha Goggins, par exemple (« une très bonne informatrice »). Et sur quoi porte son édition du jour ? Il ne révélera rien ! Les cousins cannibales, peut-être ? « Non, c’est déjà du passé… Et une menace mineure, avouons-le. Même s’il y avait moyen de faire une série sur le cannibalisme, oui, c’est un sujet pittoresque dans cette région. » Rafaela comme Beatrice ne voient absolument pas où il veut en venir… « Les wendigos, bien sûr ! C’est du folklore peau-rouge, mais pas des bêtises pour une fois, il y a des témoignages très solides – des vrais témoignages, de Blancs… Ils disent que les hommes qui succombent au cannibalisme, particulièrement dans les très rigoureux hivers qui frappent immanquablement l’Oregon, se changent en ces grandes créatures hirsutes et proprement démoniaques… » Il n’en dira pas plus : il protège ses sources ! Et il a du travail, la liberté de la presse n’attend pas.

 

[La joueuse incarnant Rafaela a dû s’absenter après cette scène.]

 

[VI-2 : Danny, Beatrice : Russell Drent, Glenn Cabott ; Shane Aterton, Jeff Liston] Danny et Beatrice sont toujours officiellement des adjoints du shérif Russell Drent… On ne les a pas mandés, et ils se disputent d’ailleurs concernant ce qu’il faut faire – Beatrice veut agir tout de suite, Danny préfère laisser passer deux, trois jours… dans l’espoir notamment que les adjoints surnuméraires engagés pour le tournoi arrivent au terme de leur contrat. Mais ils veulent savoir ce que Drent mijote, ou compte faire d’eux, et se rendent à son bureau. Quand ils pénètrent à l’intérieur, ils sont aussitôt frappés par le large sourire qu’affiche le shérif, dont ils n’avaient connu jusqu’alors qu’un visage bien plus fermé… Glenn Cabott a semble-t-il récupéré les attributions de Shane Aterton, par ailleurs. Drent se montre très sarcastique pour les « justiciers », qui n’ont pas fait la fête avec eux au Gold Digger… « Vous préférez boire chez Liston, à ce que l’on m’a dit ; pas un établissement de grand standing… » Quoi qu’il en soit, ils doivent toujours régler l’affaire du meurtre de Chinatown : « On ne peut pas laisser un crime impuni… » Danny répond sèchement qu’ils y veilleront...

 

[VI-3 : Warren, Nicholas : Gamblin’ Joe Wallace, Slim Jim Carrighan] Un peu plus tard, Warren souhaite parler à Gamblin’ Joe Wallace – il est accompagné de Nicholas. Au Gold Digger, Slim Jim Carrighan les informe que le maire s’est retiré chez lui – la grande maison très luxueuse un peu plus à l’est, qui fait plus ou moins office de mairie du seul fait que tout le monde sait que Wallace est le maire… Tandis que le domestique chinois les fait patienter dehors, le temps d’informer son employeur de leur visite, ils constatent que de gros nuages noirs sont apparus au large – une immense muraille qui tend à se rapprocher de la ville, et bien trop vite… Wallace est fatigué, mais a un peu décuvé ; il se morfond devant son petit-déjeuner, qu’il n’a pas touché, depuis des heures probablement… Warren lui parle de son projet concernant les prothèses – de quoi permettre un regain de moral ! Le maire dit qu’il en prend bonne note, mais il faudra sans doute le lui rappeler, il risque d’oublier tout ça et de ne rien faire du tout…

 

[VI-4 : Nicholas : Mr Fong] Mais quand les PJ sortent, ils constatent que la tempête a progressé bien plus vite qu’ils ne le pensaient : la luminosité a drastiquement changé, c’est presque comme s’il faisait nuit – il ne pleut pas, mais le tonnerre gronde, tout proche, et très menaçant… L'orage ne va plus tarder à s'abattre sur la ville ; un très gros orage... Nicholas comprend vite que Crimson Bay pourrait faire les frais de coulées de boue se ruant depuis les collines alentour, notamment… Par ailleurs, il faut prendre en compte le risque d’incendie : toute la ville est en bois, à l’exception de quelques rares bâtiments plus massifs – il pense aussitôt à la blanchisserie de Mr Fong. Les PJ se retrouvent tous au Washington. Nicholas est catégorique : il faut partir ! Les autres sont sceptiques, même s’ils ont bien perçu le changement de luminosité… Et le tonnerre gronde, tandis que la cloche de l’église se met à sonner… Ils sortent, et prennent la direction de la blanchisserie. Mais les éclairs frappent maintenant la ville ! En plusieurs endroits, des incendies se déclarent…

 

[VI-5 : Danny, Beatrice, Rafaela, Nicholas, Warren : Mrs Duvall] La foule se met à hurler, prise de panique – et la rumeur circule bientôt : l’école est touchée, le feu a pris ! Il y a les gamins qui sont coincés à l’intérieur, avec leur institutrice, Mrs Duvall ! Les PJ étaient prêts à suivre Nicholas à la blanchisserie, mais c’est maintenant hors de question : Danny, Beatrice et Rafie se dirigent comme un seul homme dans la direction de l’école, à côté de l’église, dont la cloche ne cesse de sonner… Le faux prêtre et Warren sont un peu moins déterminés, mais suivent tout de même. L’école est bien en flammes – ne laissant aucune issue aux enfants et à leur institutrice, prisonniers du bâtiment. Warren use de son bras mécanique Roselyne pour déblayer le passage, et fait des miracles – il a peut-être ouvert un couloir ! Mais les occupants sont coincés plus loin, sous la menace du feu et de la fumée. Danny se colle un mouchoir sur le nez et se jette à l’intérieur de l’école – tandis que Nicholas, après avoir cherché en vain un accès alternatif, humidifie ses vêtements dans un abreuvoir à proximité pour suivre Danny. Beatrice également pénètre à l’intérieur, usant de son Pouvoir de Déflexion sur elle-même pour se protéger des flammes et des débris qui s’effondrent sans cesse à l’intérieur – Danny a en fait évité de justesse une poutre tandis qu’il essayait de se repérer dans la fumée. Le bagarreur et la huckster parviennent cependant à localiser les enfants – avec leur institutrice qui s’est jetée à terre pour prier en sanglotant ; Beatrice la saisit par le col pour l’entraîner, mais il y a une vingtaine d’enfants, certains n’ont pas six ans, et ils sont terrifiés, en larmes… Danny en soulève sous ses bras, et invite quelques autres à monter sur son dos – sa force et sa vigueur le lui permettent. Warren parvient à garder le passage libre à l’aide de son bras mécanique, et Nicholas rejoint les autres à l’intérieur pour évacuer les enfants. Cela demande un peu de temps, mais ils ont su se coordonner pour évacuer tout le monde, sous les yeux ébahis des habitants qui acclament les héros.

 

[VI-6 : Nicholas, Beatrice : Rafaela, Mr Fong] D’autres incendies se sont déclarés en ville… mais ce n’est plus la principale menace : la pluie se met enfin à tomber, diluvienne ! L’intuition de Nicholas se confirme : les coulées de boue menacent, et les rues éventrées deviendront très vite impraticables… Ils guident les enfants et les habitants qu’ils croisent vers la blanchisserie, l’endroit le plus sûr de la ville – s’il s’en est trouvé pour préférer se réfugier dans l’église, sous l’œil de Dieu… Un très mauvais choix ! Mais les PJ parviennent à en convaincre un certain nombre de les suivre – et leur sauvent ainsi la vie ? Beatrice et Rafie usent de leurs Pouvoirs en chemin pour protéger tout le monde ; parvenir à la blanchisserie est épuisant… Mais c’est bien la meilleure solution – et Mr Fong comme ses employés ne font pas de difficultés pour accueillir les réfugiés.

 

[VI-7 : Nicholas, Warren, Beatrice, Danny : Gamblin’ Joe Wallace, Rafaela] Cependant, à proximité de la blanchisserie, Nicholas a repéré trois hommes qui descendaient tant bien que mal de la colline immédiatement au nord ; il les entend réclamer de l’aide – il faut prévenir Mr Wallace ! Le problème concerne les puits aménagés sur la colline, et qui alimentent Crimson Bay en eau potable – la tempête va détruire les installations, les auvents et poulies tout particulièrement, ce qui risque de poser des problèmes d’approvisionnement, voire d’entraîner une contamination de l’eau par les coulées de boue, ou pire ! Il faut consolider les installations, de toute urgence ! Les PJ n’hésitent pas un seul instant, et aident les trois employés à charger une charrette avec le matériel nécessaire pour des réparations d’urgence. Problème : le sentier sur la colline est déjà dans un tel état qu’il est inenvisageable d’y faire passer des chevaux ; d’une manière ou d’une autre, il faudra que les hommes eux-mêmes déplacent la charrette et son précieux chargement, ce sur plus de 300 m, sous la pluie battante, et en faisant l’ascension d’une colline rendue traîtresse par les coulées de boue ! Tous s’y mettent : Roselyne s’avère à nouveau d’une aide précieuse, tandis que Beatrice use de son Pouvoir d’Augmentation de Trait sur Danny, pour accroître sa Force (Rafie fait de même sur d’autres à l’aide de ses Miracles, qu’elle ne peut toutefois pas maintenir – mais elle passe de l’un à l’autre, fonction des circonstances). Tant bien que mal, guidés par Nicholas qui se concentre sur l’identification des meilleurs passages à emprunter, ils parviennent ainsi à progresser, lentement (mais peut-être moins lentement qu’ils ne le redoutaient, ils se débrouillent très bien !), jusqu’aux sources.

 

[VI-8 : Nicholas, Warren, Danny, Beatrice : Rafaela ; Josh Newcombe] Sur place, effectivement, les installations sont sur le point de s’écrouler – il faut s’en occuper illico ! Mais Nicholas, aux aguets, croit aussi distinguer plusieurs silhouettes, impossible d’en dire plus, qui fuient en direction du nord… Des saboteurs ? Warren trouve à employer ses talents d’ingénieur pour guider les réparations d’urgence – et use à nouveau de Roselyne pour décharger le matériel (mais ses réserves s’amenuisent – le bras mécanique, après cela, ne fonctionnera plus tant qu’il ne sera pas réalimenté en roche fantôme, et il faudra sans doute effectuer quelques réparations d’appoint ; c’est que le savant fou l’a utilisé au maximum de ses capacités…). Mais Nicholas est inquiet : ces silhouettes… Il fouille les environs – dans des conditions terribles, mais sa paranoïa lui est d’un précieux secours : il aurait été impossible de repérer pareille chose normalement, pourtant le faux prêtre remarque que, à proximité de chacun des trois puits, il se trouve des amas… de pattes de poulet tranchées ? Qu’il indique à Rafaela ; celle-ci suspecte une magie noire, mais n’en sait pas plus… Ils dispersent les pattes tranchées à tout hasard, en redoutant le pire… Les autres aident aux réparations – la force et l’endurance de Danny lui permettent de transporter le matériel où on en a besoin, tandis que Beatrice s’applique du mieux qu’elle peut à suivre les instructions de Warren, propulsé par la force des choses au rang de contremaître. Les consolidations devraient être efficaces – les puits sont protégés pour l’heure. Mais, sous cette pluie battante, ils ne peuvent pas s’attarder... Une fois à peu près sûrs d’avoir fait tout ce qu’il était possible de faire pour consolider les puits, ils reprennent la direction de Crimson Bay. Le retour est à peine moins difficile que l’aller, même sans s’embarrasser de la charrette… Ils constatent par ailleurs que d’autres incendies sont toujours en cours – même si le déluge devrait en venir à bout sans autre intervention ; par contre, il y a d’autant plus de fumée… et l’orage est tel que les PJ ont l’impression d’être en pleine nuit, alors qu’il est environ midi. Ils regagnent la ville sous le coup d’une panique apocalyptique… Pourtant, leurs conseils de se réfugier dans la blanchisserie, après quelques hésitations, ont été massivement suivis – ils ont à l’évidence sauvé des vies, et beaucoup… Mais il y a eu des pertes, c'est certain, impossibles à chiffrer pour l’heure. La pluie, si elle reste violente, perd toutefois un peu en intensité, dès lors – mais la ville est ravagée, et les rues sont largement impraticables (Josh Newcombe a d’ailleurs remporté son pari…).

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (06)

Publié le par Nébal

Illustration tirée du supplément *Stone Cold Dead*

Illustration tirée du supplément *Stone Cold Dead*

Sixième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici. L'enregistrement de la séance est disponible .

 

À ce stade, presque tout provient de la campagne Stone Cold Dead.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », l’élue ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez dans la vidéo ci-dessous l'enregistrement de la séance.

I : PIÈCE À CONVICTION

 

[I-1 : Danny, Beatrice : Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace] Danny a renoncé à faire son rapport au shérif Russell Drent concernant les événements survenus dans le port – le shérif est visiblement en train de se faire passer un sérieux savon par Gamblin’ Joe Wallace, ce n’est vraiment pas le moment… Danny ne s’attarde donc pas – car il a bien mieux à faire : il a récupéré un foulard sur un des trois cadavres retrouvés dans le bureau du shérif, et souhaite le confier à Beatrice ; car il a vu la huckster tirer de précieux enseignements simplement à manipuler tel ou tel indice…

 

[I-2 : Beatrice, Danny] Beatrice fait donc usage de son Pouvoir de Pressentiment sur le foulard. La vision est perturbante – comme souvent : Beatrice se retrouve en effet à voir par les yeux de la victime, alors qu’elle a déjà reçu la balle dans sa gorge et est en train de se vider de son sang ; elle est donc au niveau du sol, et voit essentiellement des pieds nus qui marchent dans une flaque de sang – des pieds blancs, même maculés de boue. La huckster n’est pas en mesure de diriger le regard fixe du mourant – et sa vision s’interrompt seulement quand l’adjoint meurt, emportant en enfer l’ultime image de ces pieds nus. Beatrice rapporte ce qu’elle a vu à Danny.

 

II : GUEULE DE BOIS

 

[II-1 : Nicholas, Danny, Rafaela, Beatrice : Russell Drent] Le lendemain, après une nuit guère réparatrice car lourde de tensions (Nicholas a veillé quelques heures à la fenêtre de sa chambre du Washington, voyant passer de temps à autres quelques adjoints qui patrouillaient), les adjoints Danny et Rafaela supposent qu’il est bien temps de s’entretenir avec Russell Drent de tout ce qui s’est passé la veille, ainsi que de ses instructions ; Beatrice décide de les accompagner. La ville ne va pas bien – d’une certaine manière, c’est palpable… Une sacrée gueule de bois. Mais Crimson Bay est tout de même active – d’autres adjoints s’occupent de conduire les 125 joueurs inscrits au tournoi à la sortie de la ville, ou à la gare, ou au port ; Danny et Rafaela n’ont pas été contactés à cet effet, mais ils se doutent que cela fera partie des tâches que leur confiera Drent.

 

[II-2 : Danny, Rafaela, Beatrice : Russell Drent] Le shérif est dans son bureau – il a visiblement passé une très mauvaise nuit ; ses traits sont marqués par la colère autant que la fatigue. Danny fait son rapport sur l’attaque de la pieuvre géante. Drent en avait eu quelques échos – le rapport est tardif, mais, effectivement, il n’avait vraiment pas envie qu’on le fasse chier avec ça hier au soir, Danny a bien fait d’attendre. Drent constate que Rafie est blessée : si son adjoint a besoin d’un congé, il ne s’y opposera pas, mais, en même temps, il a vraiment besoin de tout le monde en ce moment… Pas de problème ! Le shérif constate aussi la présence de Beatrice – que veut-elle ? Eh bien, s’il a besoin d’une aide supplémentaire, vu ce qu’il en est du tournoi… Il réfléchit – il n’a pas d’étoile à lui confier, il ne va pas en ramasser une sur le cadavre d’un de ses hommes, mais si elle veut aider, il ne va pas l’en empêcher, certainement pas. Silence, puis le shérif, évacuant l’idée du port, ordonne à ses désormais trois adjoints d’aller s’occuper du départ des joueurs à la gare.

 

III : FAKE NEWS

 

[III-1 : Nicholas, Warren : Josh Newcombe ; Danny, Rafaela] Pendant ce temps, Nicholas et Warren vont rendre une petite visite à Josh Newcombe, le rédacteur en chef du Crimson Post. Les bureaux ne payent pas de mine. Le journaliste est assis derrière une table, l’air colérique… et un peu affolé quand il voit Nicholas. Lequel s’étonne de ce que le journal n’ait encore rien dit de ce qui s’est passé la veille ? Le journaliste grogne que le faux prêtre s’y connaît pourtant en entraves à la liberté de la presse ! Un adjoint arrive par la porte de l’imprimerie, et s’installe sur un tabouret, sans un mot, tout sourire, tandis que Newcombe explique que, non, il n’y aura pas d’édition spéciale aujourd’hui – alors qu’il aurait dû y en avoir deux ! Le vol, oui, mais aussi la pieuvre – il avait raison ! Nicholas interrogerait bien le journaliste sur ce qui s’est produit au bureau du shérif, mais, indiquant l’adjoint, Newcombe se contente de répondre qu’on lui interdit d’en parler – avançant seulement que, parfois, la vérité est bien étrange… Nicholas sait qu’il n’en tirera pas davantage – mais, avant de partir, Warren souscrit un abonnement au Crimson Post, ce qui ravit Newcombe, qui offre de lui livrer les éditions spéciales en personne ! Du moins, d’ici trois ou quatre jours, le temps qu’on l’autorise à nouveau à faire son travail… Nicholas et Warren sortent – le scientifique suppose qu’il pourrait être intéressant d’en parler à Danny et Rafaela : peut-être l’un des deux pourrait-il être affecté à la surveillance du journaliste ?

IV : UN TÉMOIGNAGE CLEF

 

[IV-1 : Danny, Rafaela, Beatrice : Kang, Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace] Danny, Rafaela et Beatrice sont à la gare – un petit bâtiment dépendant d’une ligne très secondaire et qui se fera sans doute rapidement absorber par la Iron Dragon de Kang. Seuls deux trains passent chaque jour, un qui vient de Portland et l’autre de Shan Fan. Les voyageurs sont essentiellement des joueurs floués du tournoi de poker, mais il y a quelques autres personnes qui prennent le train pour des raisons qui leur sont propres. Un constat que fait Danny – qui n’en revient pas qu’on les laisse partir sans les fouiller ! Il prend sur lui d’ordonner la fouille des bagages de tous les gens sur le départ ; les autres adjoints sur place concèdent aisément qu’il a sans doute raison, et entreprennent de vérifier les affaires de tout le monde – ce qui n’est pas sans susciter quelques grognements indignés… d’autant que Beatrice, plus habile à convaincre que Danny, a emporté la décision par son bagout ; les joueurs qui ont perdu face à elle n’en sont que davantage agacés, percevant cela comme une humiliation ! Les adjoints s’en moquent, ils ont d’autres préoccupations. La politique de Drent et Wallace visant à évacuer en priorité les éventuels perturbateurs de l’ordre public est-elle vraiment pertinente en pareil cas ? Rafie elle-même dit que, si la décision lui avait appartenu, elle aurait bien au contraire bouclé la ville… Mais les fouilles ne révèlent rien de suspect. Les sarcasmes de Beatrice (« N’hésitez pas à revenir à Crimson Bay ») passent très mal, y compris auprès des autres adjoints… au point où Danny lui donne un coup d’épaule – qu’elle arrête ses conneries…

 

[IV-2 : Rafaela, Danny, Beatrice : Mike Paltron ; Tom Jenkins, Mrs Jenkins] Pendant la fouille, Rafaela est discrètement appelée par un homme qui a l’air nerveux, et se présente comme étant Mike Paltron – celui qui était supposé garder l’atelier de Tom Jenkins la veille, Mrs Jenkins en avait parlé. Ils s’éloignent un peu pour discuter en privé (mais à portée de vue de Danny et Beatrice). Paltron cherche ses mots, il est visiblement très embarrassé… Il explique qu’il ne se passe jamais rien à l’écurie – alors, oui, il a abandonné son poste vers 23 h pour aller boire un verre ou deux au Gold Digger, et assister au tournoi… Mais, en repartant, vers minuit, il dit avoir vu les hommes qui ont attaqué le bureau du shérif : ils étaient trois, avec des cagoules, et des sacs dans les bras. Paltron a entrevu un cadavre dans le bureau, et craint d’être lui aussi sur la liste des bandits, en tant que témoin gênant – il a passé le reste de la nuit à se cacher, sans oser retourner à l’atelier… Paltron insiste sur le fait qu’un des hommes était pieds nus – et il ajoute : « Y a vraiment que des négros pour faire un truc pareil... » Il est formel : les trois hommes étaient des Noirs, on le voyait aux jambes et aux bras.

 

[IV-3 : Rafaela, Danny, Beatrice : Mike Paltron] Rafaela appelle Danny et Beatrice – malgré Paltron, qui souhaiterait que son nom ne soit pas ébruité… Rafie rapporte le témoignage de l’apprenti maréchal-ferrant, que Danny interroge à nouveau pour obtenir davantage de détails : il s’était rendu dans la rue derrière le Gold Digger pour soulager un besoin naturel, les trois hommes sont partis par les ruelles au nord… Rafie insiste sur le fait que le témoin affirme que les coupables étaient des Noirs – Danny et Beatrice, qui savent ce qu’il en est grâce au Pressentiment de la huckster, n’en font pas état de quelque manière que ce soit, même involontairement. Paltron est terrorisé, mais les trois adjoints l’assurent qu’on saura le protéger contre ces brigands encagoulés…

 

[IV-4 : Danny, Nicholas, Warren, Rafaela, Beatrice : Shane Aterton, Mike Paltron ; Russell Drent, Tom Jenkins] Ils le conduisent au bureau du shérif, Danny ayant donné des ordres aux autres adjoints – car il a pu constater avoir acquis une certaine aura auprès des employés subalternes du bureau. Mais Drent est absent, c’est Shane Aterton qui tient l'office – il ne cesse de bâiller ; il lâche que le shérif est au Gold Digger. Danny s’y rend, avec Nicholas et Warren qui les ont rejoints, tandis que Rafie et Beatrice continuent d’interroger Paltron, en dehors de la présence d’Aterton. Il y a des hommes noirs en vile ? Pas en ville même… mais il y a la communauté des anciens esclaves, au nord-est de Crimson Bay, deux à trois kilomètres, par là. Ils viennent de temps en temps pour faire des courses ou vendre des produits de la ferme ; il y a eu quelques incidents, surtout avec les jeunes… D’habitude, ils ne se mélangent pas, heureusement. Pour Paltron, c’est là-bas qu’on trouvera les coupables. Il a rencontré des gens au Gold Digger, qui pourraient corroborer son témoignage ? Oui, sans doute – dont Mr Jenkins, qui, bien loin de le blâmer pour avoir abandonné son poste, lui a offert un verre ; il était saoul… Paltron a peur – cet interrogatoire, bien trop public à son goût, le plonge dans la panique… Rafie constate alors que Shane Aterton s’était approché sans qu’ils y prennent garde : il a sans doute entendu une partie de l’interrogatoire.

 

[IV-5 : Danny : Slim Jim Carrighan, Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent] Pendant ce temps, Danny se rend donc au Gold Digger – peu ou prou vide, et qui n’a pas fermé de la nuit. Slim Jim Carrighan est visiblement épuisé, de même pour Wallace, affalé sur une table au milieu de la pièce, l’air désespéré, et parfaitement saoul après avoir vidé quantité de verres de whisky. Russell Drent, lui, semble avoir récupéré un peu – ou du moins fait-il davantage illusion. Il s’étonne d’abord de ce que Danny ne soit pas à la gare, mais ce dernier explique qu’ils ont un témoin du vol… Drent se lève et les suit à son bureau.

 

[IV-6 : Nicholas, Warren, Rafaela, Danny, Beatrice : Russell Drent, Shane Aterton, Mike Paltron] Russell Drent, Shane Aterton (qui continue de bâiller et s’amuse en même temps visiblement à faire flipper un Mike Paltron aux abois), et les trois PJ adjoints pénètrent à l’intérieur du bureau, laissant Nicholas et Warren dehors. L’interrogatoire reprend : pourquoi Paltron ne s’est-il pas directement adressé au bureau du shérif ? Parce qu’il savait que l’adjoint Rafael s’était rendu à l’atelier de Tom Jenkins dans la nuit et y avait appris son nom… Il refait le même témoignage, en apportant quelques précisions : ils devaient avoir quatre ou cinq sacs en mains, il y en avait deux qui avaient des couteaux, il a bien entendu un coup de feu, rétrospectivement, mais très étouffé, et il n’avait pas compris sur le moment… Rafie ne cesse de le presser sur les heures qu’il a mentionnées, en lui tendant quelques pièges – dans lesquels Paltron ne tombe pas. Drent comprend ce petit jeu sans intervenir – Aterton trouve ça très amusant. Ce dernier dit enfin qu’ils vont garder Paltron, pour assurer sa sécurité, en posant une grosse patte sur l’épaule du témoin...

 

[IV-7 : Rafaela, Danny : Russell Drent ; Mike Paltron, Gamblin’ Joe Wallace] Pour Drent, ce témoignage change tout : ils ont maintenant des suspects, et ils peuvent agir. Rafie n’en est pas convaincu : c’est un témoignage bien flou, simplement dire que des Noirs avaient fait le coup ne permet pas de suspecter véritablement qui que ce soit… d’autant plus que c’est un témoignage unique, en tant que tel insuffisant. Drent la regarde, l’air amusé : « Sans déconner ? Testis unus, testis nullus… Il m’est arrivé d’entendre ça dans l’Est, mais alors j’aurais jamais cru que quelqu’un le ressortirait à Crimson Bay ! » Non, il ne va pas s’embarrasser de ces délicatesses procédurales : il va enquêter, c’est son boulot, on verra si le témoignage est confirmé ou pas. Rafael a un problème avec ça ? Danny intervient avant que sa camarade ne réponde : non, non, pas de problème… Mais Rafie ne lâche pas l’affaire : elle veut faire une enquête de voisinage – peut-être y a-t-il d’autres témoins qui, comme Paltron, ont eu peur de parler ? Le shérif ne s’y opposera pas – et concède que ça pourrait être utile ; quant à lui, il va discuter de ce témoignage avec Wallace, pour déterminer la suite des opérations.

 

[IV-8 : Beatrice, Danny : Shane Aterton, Mike Paltron] Au bureau du shérif, les sarcasmes de Beatrice ne font plus rire Aterton – qui devient agressif et lui dit de dégager… Elle sort – mais Danny, de son côté, fait le tour du bureau et parvient à attraper quelques mots de la conversation entre Aterton et Paltron : l’adjoint multiplie avec jubilation les insinuations, sur un ton menaçant – Paltron n’est pas allé le voir lui en premier ? Il s’en souviendra… Mais Danny n’entend pas de coups ou quoi que ce soit d’autre.

V : COMPLÉMENT D’ENQUÊTE

 

[V-1 : Rafaela : Mr Talbott] Rafaela compte travailler méthodiquement, et se rendre notamment dans les commerces du voisinage du bureau du shérif – ceux du moins dont les gérants vivent sans doute à l’étage. Elle se rend tout d’abord à l’épicerie de Mr Talbott. C’est un magasin général de base – beaucoup de choses à vendre, très diverses (dont « le meilleur café de Crimson Bay ! »), pas mal de matériaux de construction… Une réserve abrite du charbon et du bois, dont Mr Talbott fait régulièrement des livraisons à travers toute la ville. Le gérant est très aimable… mais n’a absolument rien à dire sur ce qui s’est passé la veille : il était au Gold Digger, « comme tout le monde ». Il est veuf, par ailleurs… Il n’y avait personne chez lui.

 

[V-2 : Nicholas, Warren : Mr Fong, Gamblin’ Joe Wallace] De leur côté, Nicholas et Warren se rendent à l’usine de munitions, au nord de la ville, à un peu moins de deux kilomètres de là. Il y a du trafic – par exemple pour livrer les blouses à nettoyer à la blanchisserie de Mr Fong. L’usine n’est pas entourée d’un grillage ou quoi que ce soit d’autre, mais deux hommes armés montent la garde à l’entrée. Warren se présente, déroulant ses diplômes : Mr Wallace a dû leur en parler ? Il devait venir pour jeter un œil aux machines… Un premier garde dit que Wallace n’a pas mentionné le scientifique, dont il se moque : « Ça doit êt’ parce que moi chuis jus' diplômé d’l’université d’mon cul... » Mais l’autre est plus conciliant : oui, le maire leur a parlé de « ce type avec le harnais dans le dos, avec ses bras mécaniques bizarres »… Mais, après ce qui s’est passé hier, ils n’ont aucune envie de prendre le moindre risque – si le savant peut revenir avec une autorisation de Wallace ? Ils jettent aussi un œil à Nicholas – le prêtre avec le chouette sermon comme quoi c’est bien d’aller aux putes. Elle est pas lourde, cette croix ? Nicholas tend à se montrer agressif… Mais le premier garde est trop bête pour comprendre vraiment qu’on se fout de sa gueule. L’autre sourit, mais sa position demeure : pas de visite sans un mot spécial de Wallace.

 

[V-3 : Rafaela : Samantha Goggins] Rafie poursuit son enquête de voisinage, et se rend à la boutique de Samantha Goggins. C’est une échoppe relativement petite vue de l’extérieur, mais très bien aménagée. Il s’agit surtout d’un commerce de vêtements, pour hommes et pour femmes, pour tous les usages, pour toutes les bourses. Les manières de la pimpante propriétaire, la soixantaine, laissent suggérer qu’elle a déjà fait sa vie et mis pas mal d’argent de côté ; elle aime son métier et fait preuve d’un goût très sûr. C’est aussi une redoutable commère, qui, après avoir servi le thé à Rafie, l’abreuve de ragots en tous genres faisant toujours intervenir le même groupe de cinq « sources », des petites vieilles curieuses et bigotes dans son genre. Mais impossible d’en tirer quoi que ce soit de concret ou a fortiori d’utile...

 

[V-4 : Danny, Beatrice : Tom Jenkins ; Mike Patron] Danny et Beatrice, quant à eux, se rendent à l’atelier de Tom Jenkins, le maréchal-ferrant, qui a visiblement une terrible gueule de bois : « Pas si fooooooort... » Il multiplie les promesses d’ivrogne : plus – jamais – ça… Danny l’interroge sur Mike Paltron, mais Jenkins ne saurait dire s’il l’a croisé au Gold Digger la veille. Il ne lui manque pas de chevaux, non… « Il y a toujours quelqu’un pour surveiller, vous savez... » Beatrice sourit – et en obtient l’adresse de Mike Paltron, dans la partie sud-ouest de la ville.

 

[V-5 : Nicholas, Warren : Richard Lightgow ; Josh Newcombe, Jon Brims] Accompagné de Nicholas, Warren, déçu par sa tentative infructueuse à l’usine de munitions, et tout autant au port (le cadavre de la pieuvre géante, s’il y en a un, a coulé, impossible de l’étudier – les hommes de la capitainerie sont maussades, suite à la mort d’un des leurs), se rend à son laboratoire dans la clinique du Dr Lightgow. Il ne dérange pas outre mesure ce dernier, mais évoque tout de même avec lui la justesse des « prédictions » de Josh Newcombe ; le docteur ne le prend pas au sérieux pour autant : « Même une horloge cassée indique la bonne heure deux fois par jour... » Mais ce n’est pas un mauvais bougre, certes. Et le docteur relève qu’un jour Jon Brims lui avait tenu un discours assez similaire – comme quoi le journaliste, parfois, « verrait » bien des choses qui s’avéraient étrangement fondées. L’inviter aux réunions de leur petit cercle ? Pourquoi pas… dès l’instant qu’il ne s’agit pas de se moquer de lui ! Warren rassure le médecin, ça n’est certes pas son intention. Après quoi le savant fou se rend donc dans l’atelier, où il travaille sur une idée qui lui trotte dans la tête depuis quelque temps : la conception d’un outil destiné à aveugler les adversaires – et de lunettes spéciales qui lui permettraient de ne pas en être affecté. Il entend mettre Nicholas à contribution – mais le faux prêtre est obsédé par l’idée d’une « machine à bénir »… Idée qui stupéfie le savant fou.

 

[V-6 : Danny, Beatrice : Jeff Liston ; Shane Aterton, Russell Drent] Nouvelle étape de l’enquête, du côté de Danny et Beatrice : le Red Bear, dont le patron Jeff Liston l’a un peu mauvaise – lui qui comptait avoir plein de clients en raison du tournoi de poker, et ce dès l’inauguration… Mais Danny aimerait surtout parler d’Aterton – il en obtient l’adresse, « pas un grand secret ». Mais Liston, qui devine les intentions de Danny, le met en garde : Aterton est un type dangereux… Mieux vaut réfléchir avant d’agir, hein ? Beatrice le comprend très bien – il fait visiblement peur à tout le monde en ville… La pique atteint Liston : il n’en a pas peur, lui, non ; il sait que, tout crétin qu’il soit, Aterton a tout de même un certain instinct de survie… Mais le quidam de Crimson Bay ne bénéficie pas de la carrure de l'ex-trappeur. Alors, oui, les gens ont peur de l'adjoint – mais comme ils ont peur de Drent, dans un style différent. Wallace n’a pas peur du shérif, non, il a décidé une bonne fois pour toutes de détourner les yeux des affaires de police dans sa ville, mais les autres… Justement : Beatrice a du mal à comprendre pourquoi Drent garde Aterton dans ses rangs. « Parce que c’est un molosse. Bien méchant. Prêt à faire toutes les crasses sans discuter, il est dénué de tout sens moral. Et c’est aussi un petit chef, trop con pour avoir de l’ambition. Mais les petits chefs, c’est souvent pire que les chefs. »

 

[V-7 : Warren : Jon Brims ; Richard Lightgow] Warren, qui a relevé les mots de Richard Lightgow, décide d’aller rendre une visite de courtoisie au croque-mort, Jon Brims – en plein travail, et appliqué : la famille de Warren a fait fortune dans la fabrication de cercueils, et le savant fou peut en juger, c’est du bon boulot. Il évoque le cas de Josh Newcombe, ce qui laisse le taciturne croque-mort indifférent…

VI : LA JUSTICE EN MARCHE

 

[VI-1 : Nicholas : Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent, Shane Aterton, Glenn Cabott, Mike Paltron, Denis O’Hara, Edgar Tomlick, Mike Jones ; Cordell] Alors que les PJ se réunissent, un messager réclame les trois adjoints (mais Nicholas s’invite dans le lot) : ils sont convoqués au Gold Digger. Le saloon est fermé à la clientèle, enfin, et gardé par des adjoints subalternes. Une réunion est en cours : parmi les présents, Gamblin’ Joe Wallace, le shérif Russell Drent et ses adjoints Shane Aterton et Glenn Cabott, le témoin Mike Paltron, et quelques notables de Crimson Bay, incluant le père Denis O’Hara et le banquier Edgar Tomlick ou encore Mike Jones, du relais de diligences. Wallace a l’air désespéré – mais Drent le presse d’agir, il a clairement de l’ascendant sur lui – et Aterton en rajoute : au bureau, ils ont plein de plaintes sur ces nègres qui foutent le bordel en ville, il est bien temps d’aller traiter le mal à la racine… Les PJ restent silencieux. Drent leur présente la communauté des anciens esclaves – et leur chef, un certain Cordell. « Shane a pas tort, y a des ennuis, des fois, avec ces types – les jeunes, surtout… En temps normal, ma politique, c’est la même que pour Chinatown : chacun ses oignons. Mais là, c’est comme s’ils avaient déclaré la guerre à la ville, en ruinant le tournoi, les ambitions de Mr Wallace... Le maire sait bien qu’il faut agir – avec célérité. » Wallace, soumis, acquiesce timidement, en se resservant un whisky.

 

[VI-2 : Rafaela, Beatrice, Danny, Nicholas : Russell Drent, Mike Paltron] Mais, pour Rafie (mise au courant de la vision de Beatrice), impossible de simplement acquiescer : elle y revient, ils n’ont qu’un seul témoignage, et des plus suspect – d’un homme qui s’avouait ivre au moment des faits. Ce qui fait rire DrentPaltron ne parlait que de deux ou trois pintes… Et il n’y a pas d’autre piste ! Il compte bien se rendre sur place pour enquêter. Ça lui pose un problème ? Danny, une fois de plus, cherche à prendre de vitesse sa camarade – mais elle ne se laisse pas faire : elle rend son étoile – ça sera sans elle. Le shérif prend l’étoile, et la fait voler dans les mains de Beatrice, qui se dit prête à partir. Ils ont une heure pour se préparer…

 

[VI-3 : Beatrice, Rafaela, Warren, Danny : Shane Aterton, Russell Drent, les cousins Sannington] Une heure que Beatrice (dont le pire cauchemar est de retomber dans l’esclavage) entend bien mettre à profit. Elle rattrape vite Rafie, qui était partie en claquant la porte : ils peuvent se rendre à la communauté des anciens esclaves avant le shérif et ses hommes ! Le temps d’attraper Warren... Le problème est que ça risque de ne pas être très discret. Qu’importe, en ce qui concerne Rafie ! Elle est prête à porter le chapeau, n’étant plus adjoint – Beatrice viendra avec son propre cheval, par une voie séparée, et rejoindra l’expédition ensuite. Danny reste en ville, lui, il n’en pense pas moins, mais ne doit pas compromettre sa position – il espère en même temps attirer les regards, qu’ils ne s’attardent pas sur l’absence de ses camarades… Lesquels prendront les ruelles de Chinatown, qui ne sont pas surveillées par les hommes du shérif (mais ils croisent le Chinois massif à la chemise rouge sang, qui semble les avoir repérés à l’instant même où ils ont pénétré dans le quartier) ; cela leur permet de quitter la ville loin au-dessus de son entrée Est, dont ils savent qu’elle est forcément gardée. En chemin, tandis qu’ils suivent la piste Rockwell, qui passe à proximité du cimetière de Crimson Bay, Beatrice échange aussi à propos d’Aterton et de Drent : elle n’a pas davantage confiance en ce dernier, qui a tout l’air d’être une crevure lui aussi… Pas question de le voir appliquer la « justice » comme il l’a fait à la ferme des cousins Sannington – ces derniers, au moins, leur culpabilité ne faisait aucun doute !

 

[VI-4 : Rafaela, Beatrice, Nicholas, Warren : Cordell ; Fedor] Ils arrivent bientôt à la communauté des anciens esclaves – un petit hameau d’une dizaine de maisons, à l’écart, dans un endroit assez bucolique, un peu encaissé. Des Noirs travaillent dans de petits champs ou des potagers, typiques d’une agriculture de subsistance ; ils sont un peu surpris par l’équipage des PJ, mais pas le moins du monde hostiles ou effrayés. Les nouveaux venus s’arrêtent au milieu du hameau, et Rafaela dit vouloir parler au responsable – on lui indique un certain Cordell, dans une maison un peu plus grande que les autres, mais sans rien d’ostentatoire. Cordell est un bel homme, doté d’un charisme certain. Rafie lui résume à gros traits la situation – ils ne savent pas grand-chose de ce qui s’est produit en ville dans la nuit ; simplement, ils ont eu de vagues échos d’un vol ? Rafaela confirme... et un témoignage les en accuse. Cordell se braque un peu, redoutant d’abord que les visiteurs soient venus pour les incriminer ! Mais Rafie explique qu’ils sont justement venus en avance parce qu’ils ne sont pas du tout persuadés de leur culpabilité – le chef de la communauté n’a aucun doute quant à lui, les siens sont innocents. Quoi qu’il en soit, les hommes du shérif arriveront d’ici une demi-heure... Cordell, plus confiant après ces explications, remercie Rafie pour son initiative, mais que faire dans un délai aussi court ? Se préparer à se défendre, dit Beatriceet Nicholas l’appuie : il s’y connaît en martyrs… Mais Cordell frémit à cette idée : prendre les armes ? « S’il le faut. » Un suicide, pour Cordell – le meilleur moyen d’envenimer encore les choses. Mais Warren a une autre suggestion : au moins, qu’ils profitent de ce délai pour mettre les femmes et les enfants à l’abri, de crainte que les choses ne dérapent… Ce qui convainc Cordell, qui dépêche un gamin pour qu’il aille avertir un certain Fedor, à charge pour ce dernier de mettre les femmes et les enfants en sécurité en dehors du hameau. Cordell est totalement démoralisé : il craint pour les siens, mais aussi pour ces gens qui ont pris sur eux de le prévenir – à un moment ou un autre, le shérif saura ce qu’il en est…

 

[VI-5 : Rafaela, Warren, Nicholas, Beatrice] Rafie, Warren et Nicholas retournent à Crimson Bay, en repassant par Chinatown. Beatrice, quant à elle, fait un détour, mais maîtrise assez bien son cheval pour retourner relativement discrètement en ville avant le départ de l’expédition.

 

[VI-6 : Danny : Mike Paltron] À Crimson Bay, pendant ce temps, Danny use de son ascendant pour que l’adjoint qui surveille Mike Paltron lui permette d’avoir une petite conversation en privé avec le témoin. Jouant de sa masse corporelle pour l'intimider, il lui demande s’il est bien certain de ce qu’il a raconté – que les coupables étaient des Noirs. Paltron, terrifié, le confirme – sûr et certain ! Danny le regarde droit dans les yeux – il a conscience de ce que ce témoignage pourrait avoir des conséquences très graves ? Qu'il sache qu'il en portera la responsabilité…

VII : PERQUISITION DANS LA COMMUNAUTÉ DES ANCIENS ESCLAVES

 

[VII-1 : Danny, Beatrice : Russell Drent, Shane Aterton, Glenn Cabott, Cordell] Outre Danny et Beatrice, participent à l’expédition le shérif Russell Drent, ses adjoints principaux Shane Aterton et Glenn Cabott, ainsi que sept autres adjoints subalternes ; ils sont tous à cheval. Danny prend soin de rester aux côtés d’Aterton. Ils empruntent le même itinéraire que les PJ auparavant. Dans la communauté, quand les adjoints arrivent, sont présents, dehors, Cordell et une quinzaine d’hommes.

 

[VII-2 : Danny : Russell Drent, Cordell, Shane Aterton] Drent descend de cheval et s’approche de Cordell. Sans préambule, et d’un ton très sec, il lui dit de rendre l’argent. Cordell est moins surpris qu’il n’aurait dû l’être, ayant été prévenu ; il proteste de son innocence… Mais Drent le coupe sans cesse : « Rends l’argent ! » Cordell persistant à vouloir « discuter d’un malentendu », le shérif donne l’ordre à ses hommes de fouiller partout. Tous descendent de cheval et s’attellent à la tâche (Danny reste à côté d’Aterton)… mais les anciens esclaves sont ulcérés, ils n’ont aucune envie de ce que l’on viole ainsi leur logis ! Et le ton monte – surtout du côté d’Aterton. Cordell veut croire qu’il est encore possible d’en discuter, mais, alors qu’il appelle ses hommes au calme, tournant le dos au shérif, celui-ci lui assène un violent coup de crosse sur la nuque ! Les esclaves stupéfaits lâchent un cri, et Aterton dégaine son pistolet : sans plus attendre, il abat d’une balle en pleine tête l’homme qui lui résistait !

 

[VII-3 : Beatrice, Danny : Russell Drent, Glen Cabott, Shane Aterton] Drent et Cabott ont l’air surpris… Mais il est bien tard pour les regrets ! C’est l’escalade. Les anciens esclaves saisissent ce qu’ils ont sous la main – des instruments agricoles essentiellement – pour tenter de résister aux hommes du shérif. Cabott se sert de ses poings, et étale un ancien esclave pour le compte. Beatrice hurle à Drent de maîtriser ses hommes – et tente de s’interposer face à Aterton, sur lequel se précipite Danny, qui le plaque contre un mur en hurlant à tout le monde d'arrêter les conneries. Mais les anciens esclaves, choqués, n’ont plus envie de discuter eux non plus – plusieurs s’avancent sur Drent, d’autres sur Cabott, tandis que certains cherchent à mettre Cordell en sécurité ; un autre se penche sur le cadavre de la victime d’Aterton, en sanglotant… Beatrice continue les appels au calme – mais n’en sort pas moins son revolver. Danny fait lâcher son arme à Aterton, et rugit : sa voix puissante fige les combattants alentour. Mais, de l’autre côté de la place, Cabott assomme un autre ancien esclave d’un coup de gourdin. Drent réagit enfin : les mains écartées en signe de paix, même brandissant un revolver, il dit à tout le monde de se calmer. Il veut fouiller le village, c’est tout ! Les adjoints obéissent – mais Danny ne lâchera pas Aterton, qui a abattu froidement un homme désarmé sous ses yeux ; que les autres fouillent si c’est c’est ce que veut Drent. Mais les anciens esclaves, choqués par ce qui s’est produit, ne se calment pas aussi facilement, et deux s’en prennent à Cabott, tandis qu’un autre avance sur Danny et Aterton... Beatrice tente de les raisonner : ils n’arriveront à rien ainsi ! En vain… Et certains s’avèrent avoir des pistolets – la huckster tire sur l’un d’entre eux, qu’elle blesse à l’épaule. Danny lâche brièvement Aterton, et s’en prend à son assaillant : faisant d’une pierre deux coups, il le saisit et le plaque contre l’adjoint sadique – les deux sont ainsi immobilisés, et l'adjoint est même assommé. Drent multiplie les appels au calme ; cette fois, cela produit un minimum d’effet sur les anciens esclaves, qui retournent auprès de Cordell en train de reprendre conscience, et qui cherche lui aussi à calmer le jeu, même s'il est encore très faible.

 

[VII-4 : Danny, Beatrice : Glenn Cabott, Russell Drent, Shane Aterton] C’est alors que résonne la voix de Glenn Cabott – il s’était éloigné dans la partie est du hameau, et dit avoir « trouvé quelque chose » dans un des bâtiments. Il revient vers le centre, accompagné de deux adjoints – ils ont dans les mains deux sacs correspondant à l’argent volé dans le bureau du shérif… Les anciens esclaves, dont Cordell, sont stupéfaits. Drent et ses adjoints, dont Danny (qui porte Aterton inconscient sur ses épaules) et Beatrice, se dirigent dans la direction de Cabott, qui jette les sacs plein d’argent par terre : « Il y en a d’autres, ils sont tous là... » Les traits de Drent se durcissent ; il saisit Cordell au col, d’un geste violent, puis le repousse au sol, et grogne à Cabott : « Brûlez tout. »

 

[VII-5 : Danny : Cordell, Russell Drent, Shane Aterton] Les adjoints obéissent aussitôt ; les cheminées étant allumées dans les maisons, trouver de quoi mettre le feu n’est pas un problème – et les anciens esclaves sont désemparés ; certains tentent bien de s’interposer, mais les adjoints, revolver en main, les repoussent – et Cordell, navré, retient ses hommes : ils ne parviendront à rien… Danny, furieux, approche de Drent avec le corps inconscient d’Aterton sur ses épaules ; le shérif le regarde un instant, sans dire un mot, et Danny poursuit son chemin – il va déposer Aterton dans une maison qui commence à bien flamber. Il n’est certainement pas discret, plusieurs des adjoints, outre le shérif lui-même, le voient faire, mais personne ne pipe mot. L’adjoint sadique périra dans les flammes. Les autres adjoints ont rassemblé l’argent volé au centre du hameau, lequel brûle très vite ; il n’en restera presque plus rien. Cordell et ses hommes se sont éclipsés, l’air désabusé – personne n’a pris soin de les arrêter ni même de les suivre, où qu’ils se soient rendus…

 

À suivre...

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (05)

Publié le par Nébal

Illustration tirée du supplément *Stone Cold Dead*

Illustration tirée du supplément *Stone Cold Dead*

Cinquième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici.

 

À ce stade, presque tout provient de la campagne Stone Cold Dead.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », l’élue ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez l'enregistrement de la séance dans la vidéo juste en dessous.

I : TOURISME INDUSTRIEL

 

[I-1 : Warren : Richard Lightgow ; Gamblin’ Joe Wallace] Warren a obtenu de beaux résultats dans son travail avec le Dr Lightgow pour mettre au point de nouvelles prothèses ; le médecin s’est avéré un très bon guide, et, ensemble, ils ont conçu des prototypes prometteurs – sans doute bien plus confortables pour les patients amputés. Il va falloir se livrer à quelques essais, avec un patient volontaire ; mais, si le test est convaincant, le docteur ne doute pas qu’il sera possible d’obtenir un financement sur la durée de la part de Gamblin’ Joe Wallace – lequel est à la recherche de nouveaux débouchés et de nouveaux moyens pour faire parler de sa ville, depuis que le cessez-le-feu a affecté les commandes de son usine de munitions.

 

[I-2 : Warren, Nicholas : Gamblin’ Joe Wallace] Heureux de ce succès, Warren décide de s’octroyer une pause tourisme. Accompagné par Nicholas D. Wolfhound « au cas où », et conscient de ce que le paternalisme viscéral de Gamblin’ Joe Wallace fait que ce n’est pas le jour le plus indiqué pour visiter son usine, qui tourne au minimum en ce jour d’inauguration du tournoi de poker (il a accordé un congé exceptionnel à tous ses employés), le savant fou se replie sur « l’autre » usine de Crimson Bay – cette étonnante blanchisserie située à Chinatown, qui l’intrigue énormément. Le bâtiment fait dans les 300 m² et occupe une cinquantaine de salariés, qui se relaient pour que l’usine, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, tourne jour et nuit.

 

[I-3 : Warren, Nicholas : Mr Shou, Mr Fong] Warren et Nicholas se rendent dans une sorte de petite boutique, où les particuliers peuvent déposer et récupérer leur linge. La plupart des panneaux sont en chinois, mais il y en a quelques-uns dans un anglais un peu approximatif. Une femme tient le comptoir, et attend, stoïque, que l’on fasse appel à elle. Un homme passablement baraqué reste debout non loin, à côté de la porte conduisant à « l’usine ». Warren et Nicholas s’approchent, mais, silencieusement, l’homme se positionne devant la porte, en faisant « non » de la tête. Warren avance un : « Mr Shou ? Enquête ? » qui ne donne aucun résultat – il faut dire qu’il semble avoir confondu Mr Shou, le patron du bordel le White Tiger, et Mr Fong, le propriétaire et gérant de la blanchisserie, et le « patron » officieux de ChinatownWarren et Nicholas multiplient les gesticulations et les mimes pour convaincre l’homme de leur laisser le passage, mais ne provoquent que son rire…

 

[I-4 : Warren : Mr Fong] Par chance, ils entendent soudain une voix en chinois, derrière eux, et le vigile se met au garde-à-vous ; puis l’homme qui vient de parler ainsi passe à l’anglais, très correct même si avec plus qu’une pointe d’accent : il s’agit de Mr Fong, le patron – un homme très souriant, très aimable. Warren s’empresse de lui expliquer qu’il est ingénieur, curieux de comment les choses fonctionnent ici, et désireux de rendre service si jamais. L’industriel s’en étonne, il ne reçoit guère de touristes, mais veut bien faire une visite guidée – il a vaguement entendu parler du scientifique. Et il admet manquer de personnel qualifié, ici – il n’a pas vraiment d’ingénieur en titre. Les petits soucis habituels peuvent être gérés sur place, mais, pour les problèmes plus importants, il faut souvent faire appel à des ingénieurs bien éloignés – à Shan Fan au mieux, sinon de l’autre côté du Pacifique, Shanghai ou Hongkong

 

[I-5 : Warren : Mr Fong ; Mr Gamblin’ Joe Wallace] Mr Fong fait donc le tour du propriétaire : une grande pièce très bruyante, avec une énorme chaudière (qui occupe cinq hommes à elle seule, en permanence), un réseau de tuyauterie très complexe qui fait tout le tour du hangar, un soufflet conséquent, et une sorte de tapis roulant (nombre des blouses qui y circulent sont du même type, on comprend aisément qu’elles viennent de l’usine de munitions de Gamblin’ Joe Wallace, les deux usines fonctionnent en symbiose) ; un escalier conduit à une mezzanine d’où l’on voit tout le hangar, et où se trouve le bureau du propriétaire ; il y a çà et là des gardes qui surveillent attentivement. Warren est ravi par ce qu’il voit – et positivement surpris : la technologie est assez moderne (mais n’a rien à voir avec la Science étrange, cependant), sans être révolutionnaire, mais c’est surtout qu’on en fait un usage inattendu, très innovant. Il n’a jamais vu ça ailleurs – y compris dans bien des villes plus grandes et plus industrialisées. Il s’intéresse plus particulièrement à la chaudière, et s’entretient avec Mr Fong de son fonctionnement – mais, humblement, le Chinois explique ne pas être un ingénieur… Il a des contremaîtres qui comprennent un peu mieux le fonctionnement de la machine et qui font le relais, lui-même est vite dépassé par tout cela. Mais, oui : c’est le point critique – d’où la très grande attention portée à la chaudière. Le temps passe, la discussion est aimable, mais, au bout d’un moment, très cordialement, Mr Fong explique devoir retourner à son travail, ce qui convient tout à fait à Warren, qui le comprend fort bien ; tous deux ont apprécié leur discussion et échangé leurs cartes.

 

II : AFFEC(TA)TIONS

 

[II-1 : Danny, Rafaela : Russell Drent] Danny et Rafaela se rendent au bureau du shérif, Russell Drent, pour y recevoir leurs affectations en tant qu’adjoints alors que l’inauguration du grand tournoi de poker aura lieu dans quelques heures à peine au Gold Digger. Le shérif a sa mine des mauvais jours : il est sous pression, et faut pas le faire chier… Mais, voyant Danny et Rafaela arriver, il leur demande ce qu’il en est de leur enquête sur le meurtre de Chinatown. Danny dit que cela progresse, de manière assez laconique – Drent aimerait visiblement davantage de détails… En tout cas, il faut continuer à travailler là-dessus.

 

[II-2 : Danny, Rafaela, Beatrice : Russell Dent, Shane Aterton ; Joshua Harranger] Mais il y a beaucoup de travail en sus. Drent balaie l’assistance, passant sans cesse des PJ à Shane Aterton – puis conclut qu’il a besoin de ce dernier ici. Il affecte les nouveaux à la surveillance du port pour cette nuit – il leur faudra voir les hommes de la capitainerie, leur chef est un certain Joshua Harranger. OK pour Danny et Rafie, pas de problème – même si ça leur fait rater l’inauguration. Ils en informent leurs camarades via Tricksy, puis se rendent au port.

 

[II-3 : Danny, Rafaela : Joshua Harranger ; Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent, Shane Aterton] Le port de Crimson Bay a beaucoup changé ces dernières années, à l’évidence : il ne reste plus grand-chose du tout petit port de pêche d’avant l’arrivée de Gamblin’ Joe Wallace. Des travaux conséquents en ont fait un port capable d’accueillir des bateaux de bonne taille, avec trois jetées toutes neuves et imposantes. Et trois bateaux sont actuellement amarrés : le plus gros est le Iron Fish (visiblement un bateau chinois, dont le nom figure d’abord en sinogrammes), les deux autres s’appellent le Sea Wolf et le Morton/Filmore. Danny et Rafaela se rendent à la capitainerie, un bâtiment récent et relativement confortable. Il s'y trouve une dizaine d’hommes qui s’occupent à diverses tâches, et leur chef est Joshua Harranger – un vieux bonhomme qui commence par s’étonner de ce que Drent ne lui ait pas envoyé Shane Aterton, « mais c’est pas grave ». Il a lu des trucs sur les PJ, et notamment « Mr Cody », dans le journal… Inutile d’avoir le pied marin pour bosser ici, qu’ils se rassurent ! Mais Harranger insiste : s’il y a un bateau à surveiller, c’est le Iron Fish, parce que c’est lui qui livre la poudre pour l’usine de munitions, depuis Hongkong ; une partie en a été déchargée, mais il y en a encore à bord. Les cales des deux autres bateaux sont vides. Bien ! Harranger retourne travailler... ou plutôt jouer aux cartes avec ses camarades – que les hommes du shérif fassent ce qu’ils ont à faire.

 

[II-4 : Danny, Rafaela : Beatrice, Warren] Danny et Rafaela font le tour du port, pour en avoir une vue d’ensemble : ce qui demeure du vieux port de pêche, reliquat d’une autre époque ; une avancée rocheuse ; un phare d’une dizaine de mètres de haut – plus une structure qu’un monument… Le port est relativement désert, hormis les hommes de la capitainerie – sans doute les dockers, etc., comptent-ils profiter de l’inauguration du tournoi de poker, qui ne va plus tarder… Danny trouve un endroit bien placé pour surveiller l’ensemble du port et au premier chef le Iron Fish. Rafaela saisit l’occasion pour parler de ce qui leur est arrivé depuis les jours lointains où, enfants puis adolescents, ils avaient été élevés dans le même bordel… Rafie explique comment elle a vu la Vierge de Guadalupe (sa mère était très croyante) – qui lui a confié la mission d’éliminer des créatures maléfiques qui arpentent ce pays. Elle sait que ça sonne bizarre… mais Danny veut bien la croire – surtout parce qu’il a vu Beatrice « faire des choses vraiment bizarres », elle aussi… Mais c’est quoi son rapport avec « le p’tit bonhomme », Warren ? Une sincère amitié ; Rafie avait obtenu du travail auprès de sa famille, et elle s’était attachée à lui – qui avait finalement assez vite compris qu’elle était une femme. Il faisait des expériences… Danny l’interrompt : il a cru comprendre qu’une de ces expériences avait mal tourné pour Rafie ? Oui – celle qui a été suivie de la vision de la Vierge de Guadalupe, en fait. Elle ne l’en blâme pas. Leur amitié est sincère et forte : quand elle a expliqué au savant qu’elle avait une mission, il n’a pas tergiversé et a offert de la suivre et de l’aider – elle l’en remercie. Danny la croit – mais s’il y a un souci, qu’elle n’hésite pas à faire appel à lui ! Il sort une bouteille – ils vont bien avoir besoin de se réchauffer…

III : L’INAUGURATION

 

[III-1 : Beatrice, Warren : Gamblin’ Joe Wallace] La grande rue de Crimson Bay déborde de monde – plus encore devant le Gold Digger, qui a été réaménagé pour l’occasion : il accueille vingt-cinq tables de cinq joueurs, même si, les poules n’ayant pas commencé, la clientèle a pu s’y installer de manière un peu anarchique, et une grande estrade a été dressée, pour que Gamblin’ Joe Wallace fasse son discours d’inauguration. Beatrice, qui est inscrite au tournoi, garde Warren à son bras pour qu’ils se livrent tous deux aux mondanités.

 

[III-2 : Beatrice, Warren : Richard Lightgow, Jon Brims, Tom Jenkins, Slim Jim Carrighan ; Gamblin’ Joe Wallace, Sam « Royal » Bernstein, André de Fonteville, Ace Plinkett] Le savant fou est un peu gêné par cette promiscuité, mais il repère une table où sont installés ses amis le Dr Lightgow et Jon Brims, le croque-mort – ils s’y rendent ensemble, et Warren offre sa tournée (sans alcool – un peu plus loin, Tom Jenkins, le maréchal-ferrant, ne cesse d’en offrir de bien autrement alcoolisées, et il est déjà très rougeaud) ; les serveuses de Slim Jim Carrighan naviguent avec aisance entre les tables pour apporter les commandes de chacun. Warren demande à ses amis s’ils participent au tournoi : le Dr Lightgow dit que non – il aime bien jouer, mais il n’est pas assez doué… « Par contre, Jon, fût un temps… » Mais le croque-mort lève discrètement la main, et son ami le docteur n’en dit pas davantage. Et Warren ? Participe-t-il ? Certainement pas… mais son amie Beatrice, oui. Il ne doit pas y avoir beaucoup de concurrentes, non ? Mais Beatrice la joue de toute façon très humble… Qu’importe : Wallace a réussi son coup. Warren a relevé que Lightgow disait venir « en spectateur » : il trouve cela intéressant de regarder des parties ? Vraiment ? Tout à fait : la psychologie, l’audace, le bluff, la chance… Mais cela va au-delà, quand on a affaire à des grands joueurs comme Sam « Royal » Bernstein. Pour le médecin, c’est le favori – en tout cas son favori, mais il croit vraiment qu’il va gagner ; or on dit qu’il travaille sur les probabilités ! Un jeu vulgaire, le poker ? Cet homme gagne en faisant appel à la science ! Bien sûr, les autres ne sont pas à négliger : André de Fonteville est notoirement un joueur redoutable. Ace Plinkett est moins connu, mais semble prometteur… Beatrice cherche à faire intervenir Jon Brims dans la conversation : lui aussi est venu en spectateur ? Le croque-mort, lentement, lâche enfin quelques mots : oui… Il est venu observer. Il y a pas mal de choses à observer… C’est comme si un courant froid traversait le Gold Digger – heureusement, ça ne dure pas.

 

[III-3 : Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent, André de Fonteville, Ace Plinkett, Sam « Royal » Bernstein ; Richard Lightgow] Le temps passe… Puis, le silence se fait, progressivement, tandis que Gamblin’ Joe Wallace monte sur l’estrade pour faire son discours d’inauguration (le shérif Russell Drent est là, à côté, mais refuse de monter sur l’estrade). Wallace est un orateur doué ; il passe avec une grande fluidité des proclamations un peu ampoulées au discours plus pragmatique du self-made man qu’il est avant toutes choses, n’hésitant pas à glisser aussi des petites blagues sur les personnes dans l’assistance, suscitant bien des rires… Mais il peut aussi se montrer plus sérieux : il évoque le cessez-le-feu, mais surtout le développement de Crimson Bay – le port, le train… L’ambiance est chaleureuse, très agréable. Des salves d’applaudissement ponctuent ses dires. Puis il fait monter sur l’estrade les trois favoris – il sait que c’est une bonne publicité. Il les présente – en commençant par André de Fonteville… qui n’a pas l’air d’un type aimable ; il fait la gueule, il semble même mépriser profondément l’assistance – et ses concurrents, Ace Plinkett en tête, de manière très visible ; son rapport à Sam « Royal » Bernstein est d’un autre ordre – c’est de la rivalité respectueuse, cette fois. Ce dernier a un abord beaucoup plus sympathique – beaucoup plus humble, surtout, même si l’opinion du Dr Lightgow voyant en lui le favori est assez communément partagée. Ace Plinkett est le petit nouveau – et perturbe les autres, visiblement ; à en croire les ragots, c’est un type parfaitement médiocre en tout, et un ignare tant qu’à faire, mais c’est un joueur de poker brillant – tout à l’instinct ? On le dit… Quoi qu’il en soit, tous se voient saluer par des applaudissements enthousiastes. Et, enfin, d’un ton très solennel, Gamblin’ Joe Wallace déclare le grand tournoi de poker de Crimson Bay ouvert !

 

[III-4 : Beatrice, Warren : Tom Jenkins, Richard Lightgow, Jon Brims] Les officiels annoncent alors la composition des vingt-cinq tables de jeu – en invitant les spectateurs à se montrer moins expansifs, pour ne pas perturber les joueurs : on ne réclame pas un silence de cathédrale, simplement un bon compromis – ce que Tom Jenkins, déjà complètement bourré, semble avoir du mal à intégrer… Beatrice se voit donc attribuer une table, et a affaire à quatre inconnus – elle échappe aux stars pour l’heure… Warren reste à ses côtés en spectateur – Lightgow et Brims font le tour des tables : le médecin est visiblement ravi, le croque-mort a toujours autant l’air de se faire chier… Beatrice, le temps que la partie prenne son envol, jette un œil à la sécurité dans la salle. De nombreux hommes du shérif sont là, placés aux endroits stratégiques – ce qui n’a rien d’une surprise, elle avait pu s’en faire une idée en discutant avec ses camarades adjoints ; mais elle remarque aussi un homme et une femme, accoudés à la mezzanine, qui surveillent visiblement la salle – et, pour ceux qui savent voir ce genre de choses, c’est comme s’il y avait un panneau lumineux affichant : « HUCKSTERS ! » Clairement, il s’agit de hucksters engagés pour s’assurer de ce qu’il n’y a pas de hucksters qui participent au tournoi, ce dont Beatrice prend bonne note… Quoi qu’il en soit, cette première partie se passe bien pour elle : elle l’emporte facilement, sans briller, sans trop en faire… Mais en surjouant l’humilité : ceux qu’elle a battus la regardent d’un sale œil !

 

IV : SAINT NICHOLAS DANS LE DÉSERT

 

[IV-1 : Nicholas : Denis O’Hara, Russell Drent, Warren] Nicholas est assez nerveux. Il n’a pas voulu entrer dans le Gold Digger pour l’inauguration, et passe son temps à errer dans la ville – et à surveiller tout le monde. Or… tout le monde se trouve au Gold Digger, ou devant. La rue principale est bondée, au point d’en être étouffante, tandis que tout le reste de Crimson Bay est peu ou prou désert (ou presque : probablement pas Chinatown, par exemple ; Warren avait pu constater que l’assistance était presque uniformément blanche – presque, car, en l’absence d’Asiatiques, il a cependant pu constater la présence de quelques rares Noirs, deux ou trois, pas plus, qui attiraient régulièrement l’attention par leur seule présence). Le faux prêtre le constate même en poursuivant sa ronde du côté de l’église du père Denis O’Hara : le jovial et débonnaire pasteur n’est pas là, sans doute est-il lui aussi au Gold Digger (Warren a pu l’y voir, oui) ; il y a bien deux ou trois enfants qui jouent mollement (ils auraient aimé participer à l’agitation du tournoi…) sous l’œil sévère de leurs mères trop bigotes pour tolérer les jeux d’argent, mais l’ambiance est plus que maussade. Cependant, au fil de ses errances, de temps à autre, Nicholas tombe sur des patrouilles d’agents du shérif – qui s’étonnent sans doute un peu de le croiser lui, si personne ne lui en fait part… Il remarque notamment que les patrouilles se relaient régulièrement devant le bureau du shérif Russell Drent – et il s’en étonne. En fait, il a une intuition soudaine : il y a certes une banque à Crimson Bay, mais… et si le pactole du tournoi, la jolie somme de 15 000 $, était en fait gardé dans le bureau du shérif ?

 

V : UN SUPPLÉMENT DE TENTACULES

 

[V-1 : Danny, Rafaela] La nuit est tombée sur Crimson Bay – et sur son port. Danny et Rafaela font régulièrement des rondes – ils se sont munis de lampes. C’est nécessaire : le phare ne leur est pas d’un grand secours, car la brume s’est levée sur la cote, contrastant avec les beaux couchers de soleil typique de la baie et qui lui ont valu son nom. Les hommes de la capitainerie sont restés dans leur caserne – à jouer au poker, si l’on en croit les insultes et les rires. Les adjoints ont pu constater que le Iron Fish n’était pas désert : il y a, à bord, quelques marins chinois, discrets, et qui n’ont pas cherché à échanger la moindre parole. Mais la brume s’épaissit… et Rafie ne se sent pas très bien ; elle croit entendre des bruits, qu’elle ne sait pas identifier ni expliquer – comme un souffle ? Mais très indistinct dans le bruit du ressac… Elle prend sur elle, faisant appel à la bienveillance de la Vierge de Guadalupe, mais la sensation de quelque chose d’étrange demeure, et elle le signale, avec ses mots, à Danny, plutôt perplexe ; bien, il restera sur ses gardes... Et, bientôt, il entend lui aussi quelque chose – un bruit de bois qui craque, vers le sud du port ! Tous deux s’avancent dans cette direction – et voient enfin un immense tentacule jaillir de l’eau et s’enrouler autour de la proue du Sea Wolf !

 

[V-2 : Danny, Rafaela] Danny hurle pour alerter les hommes de la capitainerie, et court vers la créature. Rafie le suit sur un rythme plus modéré. La pieuvre lâche la proue du bateau, et les tentacules disparaissent à nouveau sous l’eau, mais la tête de la créature demeure visible – elle est colossale ! Et probablement très résistante… Danny en a bientôt la confirmation : il dégaine son colt Dragoon .44, fait feu et touche… mais sans faire de dégâts. Rafie tente une autre approche : faisant appel à la Vierge de Guadalupe, l’élue use d’un Miracle de Tempête afin de perturber et ralentir la créature (il y a une contrepartie : elle sera aussi plus difficile à atteindre…).  Elle remarque en outre qu’il y a non loin des sortes de lance-harpons alignés derrière un étal… Les coups de feu de Danny sont vains – et la pieuvre se reprend : un tentacule jaillit des flots... et percute violemment Rafaela, qui est projetée contre un mur ! L’élue sombre aussitôt dans l’inconscience, sa condition est critique ; elle a subi une redoutable déchirure au niveau du ventre : un coup a suffi… Danny terrorisé par ce qui s’est produit se précipite sur Rafie pour lui venir en aide – et assène un violent coup de gourdin sur le tentacule, qui tenait toujours son amie, et la lâche aussitôt, se repliant rapidement. Les hommes commencent à sortir de la capitainerie – ils sont équipés de lance-harpons. Tandis que Danny met Rafie en sécurité, ils commencent à attaquer la pieuvre géante ; leurs armes sont plus efficaces, mais ne peuvent pas non plus faire de miracles – toutefois, la créature est blessée… et furieuse ! Un virulent coup de tentacule projette un de ses assaillants dans la mer, les os brisés dans un bruit répugnant… Mais elle commence en même temps à dériver, tandis que son sang se mêle à l’eau sombre du port. Danny s’empare d’un lance-harpon abandonné – mais n’a pas le temps d’en faire usage : un des hommes de la capitainerie a enfin pu loger un harpon dans l’œil terrifiant de la créature, qui s’enfonce sous les flots, morte.

 

[V-3 : Danny, Rafaela] Danny ne prend pas le temps de célébrer la victoire : il prend Rafaela inconsciente dans ses bras, sans réfléchir, et court dans la direction de Crimson Bay (quelque chose comme 300 m séparent le port de la ville à proprement parler) : il lui faut un médecin !

VI : PANIQUE EN VILLE

 

[VI-1 : Nicholas] Pendant ce temps, en ville, Nicholas, qui patrouille sans cesse, aux aguets, remarque qu’il y a de l’agitation du côté du bureau du shérif. Il s’en approche, et voit un adjoint dont il ne connaît pas le nom, l’air paniqué, qui en sort et se précipite aussitôt dans la direction du Gold Digger. Nicholas décide de le suivre.

 

 

[VI-2 : Beatrice, Warren, Nicholas, Beatrice : Russell Drent ; Gamblin’ Joe Wallace] À l’intérieur, Beatrice joue au poker – et continue de gagner, pour l’heure, sous l’œil un peu voilé d’incompréhension de son supporter, Warren. Ils n’ont pas pris garde à l’adjoint qui est entré dans le saloon, mais Nicholas l’a suivi, et le voit se rendre aussitôt auprès du shérif Russell Drent, qui surveille la salle à proximité de l’escalier menant à l’étage (et au bureau de Wallace). Jouant des coudes, Nicholas parvient à s’approcher – et entend l’adjoint dire, essoufflé : « On a volé le pactole ! » Drent, aussitôt, lui fait signe de se taire ; il s'approche d'un de ses hommes, et lui chuchote quelque chose – cet adjoint se rend à l’étage auprès de Wallace, tandis que Drent entreprend de sortir du Gold Digger. Nicholas le suit ; Warren, qui ne comprend pas très bien ce qui se passe, rejoint son ami, et Beatrice de même – elle vient de remporter une partie, et, le temps qu’une autre table soit mise en place, elle est libre de ses mouvements. Ils ne sont pas les seuls à remarquer qu’il se passe quelque chose : la foule dans et devant le Gold Digger se met à chuchoter, on entend même parfois le mot « pactole »…

 

[VI-3 : Danny, Rafaela, Warren : Richard Lightgow] Au même moment, Danny approche du Gold Digger, Rafaela inconsciente dans ses bras. Il crie : « Un médecin ! Un médecin ! » Warren, stupéfait, réagit aussitôt en allant chercher le Dr Lightgow à l’intérieur du saloon – le pressant de venir immédiatement : « Rafael » compte beaucoup pour lui ! Tous deux sortent aussitôt en jouant des coudes, tandis que la foule autour d’eux, consternée, est à deux doigts de la panique – et les hommes du shérif sont prêts à dégainer leurs armes… Dans cette ambiance électrique, le très sérieux Dr Lightgow se penche sur Rafie et entreprend de lui donner les premiers soins, tandis que Danny raconte ce qui s’est passé à un Warren qui n’en revient pas… Lightgow fait des miracles : il ne se contente pas de stabiliser l’état de Rafie, son intervention rapide et sûre permet à sa patiente (car il a sans l'ombre d'un doute compris que c'était une femme, s'il n'en fait pas état...) de récupérer un minimum. Warren le remercie, les larmes aux yeux.

 

[VI-4 : Danny, Warren, Rafaela, Nicholas, Beatrice : Russell Drent] Danny, rassuré (Warren reste aux côtés de Rafie, et la ramène au Washington), suppose qu’il lui faut faire son rapport au shérif Russell Drent quant à ce qui s’est passé au port – lui-même étant un peu affolé, il n’a pas pris la mesure de la panique qui gagne la foule rassemblée devant le Gold Digger ; mais Nicholas l’éclaire à ce propos, et lui indique que le shérif a pris la direction de son bureau – tous deux s’y rendent à leur tour, suivis de Beatrice, qui a bien perçu que le tournoi était interrompu. Quelques adjoints, devant le bureau du shérif, ont l’air particulièrement nerveux – et on entend des éclats de voix à l’intérieur. Danny pénètre dans le bâtiment, mais les autres adjoints barrent le passage à Nicholas et Beatrice (qui se montre narquoise, et s’attire quelques regards noirs…).

 

[VI-5 : Danny] Danny tombe bientôt sur le cadavre d’un adjoint, égorgé, noyé dans son propre sang – il y a des traces de pas ensanglantées qui conduisent à la réserve à l’arrière du bureau ; là-bas se trouve un deuxième cadavre d’adjoint, égorgé également. Dans la réserve, il voit un petit coffre-fort, qu’il n’avait jamais repéré avant, sans doute parce qu’il était dissimulé dans un meuble – les deux sont ouverts, et vides. Derrière le meuble, il y a un troisième cadavre – mais cet adjoint-ci n’a pas été égorgé : il y a un impact de balle au niveau de sa jugulaire, et le sang en a giclé très violemment sur les murs. Les traces de pas sont omniprésentes – des traces de bottes… mais aussi... de pieds nus ? Danny en déduit qu’il y avait probablement trois agresseurs – il marmonne ses observations et déductions… Mais impossible de suivre ces traces à l’extérieur : elles se noient dans la boue et le très abondant passage dans la ville euphorique…

 

[VI-6 : Danny : Russell Drent, Glenn Cabott, Gamblin’ Joe Wallace ; Nicholas, Slim Jim Carrighan, Shane Aterton] Tandis que Danny fait ces observations, il entend, dans la pièce principale, un Russell Drent furieux qui réclame des explications – Glenn Cabott se trouve également sur place, qui est revenu de l’entrée est de la ville, qu’il gardait jusqu'alors avec quelques autres adjoints. L’intuition de Nicholas s’avère exacte : c’était ici que l’on conservait la récompense du tournoi, le pactole de 15 000 $. Les trois adjoints morts restaient en permanence à l’intérieur, et les patrouilles à l’extérieur étaient organisées de sorte à multiplier les passages devant le bureau. Mais l’assaut a dû avoir lieu pile au moment où les patrouilles étaient les plus éloignées – il n’y avait donc que les trois adjoints à l’intérieur, qui ont été tués très rapidement. Quand la patrouille est arrivée, elle n’a vu que les cadavres, et le coffre vidé… Drent engueule tout le monde, ses adjoints sont terrorisés. Puis intervient une autre voix – qui gueule encore plus fort, et sur le shérif tout particulièrement ! C’est Wallace, arrivé du Gold Digger et plus furieux que quiconque : son joli rêve du tournoi s’écroule… Danny les rejoint, et, s’il est bien conscient que ce n’est sans doute pas le moment d’évoquer la pieuvre géante, il explique ce qu’il a découvert en observant la scène de crime. Silence… puis Drent, l’air mauvais : « Putain, on a embauché un génie ! » Le shérif va jeter un œil dehors, plus pour se calmer les nerfs qu’autre chose. Wallace retourne quant à lui au Gold Digger, accompagné par Cabott ; le maire va dire à Slim Jim Carrighan de garder le Gold Digger ouvert toute la nuit, et lui-même va payer pas mal de tournées pour essayer de calmer les choses ; ce qui ne sera probablement pas suffisant… Danny a entendu qu’Aterton était affecté à la surveillance de l’usine de munitions, mais on a envoyé un adjoint le prévenir, et il ne devrait plus tarder.

 

[VI-7 : Sam « Royal » Bernstein, Ace Plinkett, André de Fonteville, Gamblin’ Joe Wallace] Au Gold Digger (et devant, car les informations circulent, et c’est comme ça que les PJ apprennent ce qui suit), tout le monde sait maintenant plus ou moins que le pactole a été dérobé – et que l’avenir du tournoi est compromis. Sam « Royal » Bernstein et Ace Plinkett, un peu décontenancés, ne succombent cependant pas à la panique, et attendent de voir comment les choses évoluent – ils entament une partie amicale avec trois autres joueurs, d’ici-là. André de Fonteville, lui, a clairement fait entendre qu’il allait dès que possible monter dans une diligence pour se barrer de « ce patelin de merde ». Il sait très bien que, même très riche, Wallace ne va pas pouvoir aligner aussi sec 15 000 $ de plus ; sans cette récompense, le tournoi ne l'intéresse bien évidemment pas.

 

[VI-8 : Danny, Nicholas, Beatrice : Shane Aterton] Danny et Nicholas retournent au Gold Digger, tandis que Beatrice se rend au Washington. Mais la foule rassemblée devant le saloon est à deux doigts de l’émeute, désormais… Les premiers perdants, qui l’ont mauvaise, et nombre de spectateurs bien trop alcoolisés, commencent à se montrer violents. Et les adjoints ripostent, Shane Aterton en tête, qui est donc revenu de l’usine, et qui ne fait pas dans la demi-mesure : c’est l’escalade, et si ça continue comme ça il y aura des blessés, voire des morts… Danny sait qu’il lui faut agir. Il s’approche d’Aterton, et gueule aux émeutiers de rentrer chez eux, le temps que tout le monde se calme – sans le moindre effet positif. Aterton n’en tient pas compte, et jette même de l’huile sur le feu. La situation s’envenime, c’est flagrant… et Nicholas tente de ramener tout le monde à la raison, avec un sermon des plus improbable, qu’on pourrait résumer par : « Ne vous attachez pas trop aux choses de ce monde, et allez donc tirer un coup au bordel, comme ça tout ira bien. » Les émeutiers sont pour le moins interloqués – ce qui suffit à les calmer un peu… Pas Aterton, qui se montre toujours aussi violent et renverse un homme dans la boue. Nicholas s’approche de la victime de l’adjoint en prêchant sa bonne parole aux autres : « L’église est par là-bas, sinon les troquets sont ouverts, et si vous voulez vous en prendre à Dieu, bon courage à vous », etc. Ce prêtre décidément bien étrange stupéfait tellement ses ouailles du moment que la tension baisse – on entend même quelques rires avinés. D’autres adjoints rentrent dans le jeu de Nicholas, et il en est même pour faire en sorte de ramener Aterton à l’intérieur du Gold Digger. Le risque d’émeute est considérablement réduit…

 

[VI-9 : Beatrice, Warren, Rafaela, Mrs Jenkins : Tom Jenkins, Mike Paltron] Au Washington, Beatrice a expliqué à Warren et Rafie ce qui s’est passé. La huckster, sur une intuition, aimerait jeter un œil à l’écurie de Tom Jenkins – peut-être les voleurs sont-ils passés par là, pour les chevaux ? Rafie est très faible, mais elle ne veut pas rester sans rien faire : elle demande à Warren de l’accompagner dehors, en la transportant avec Roseline, un de ses bras mécaniques, et ils se rendent tous les trois à l’atelier du maréchal-ferrant… que personne ne garde, ce qui n’est pas normal : il y a normalement toujours quelqu’un, c’est un argument important du commerçant, qu’il rappelle sans cesse. Tom Jenkins était complètement bourré au Gold Digger, mais peut-être y a-t-il sa famille au logement à l’étage ? Beatrice tape à la porte – pas de réponse, mais de la lumière filtre par dessous. Elle insiste – et, au bout d’un moment, une voix de femme terrifiée leur crie de s’en aller. Beatrice explique qu’elle accompagne un adjoint du shérif, mais… « Allez-vous-en ! Sinon j’appelle… J’appelle un adjoint ! » Rafie explique être « le Petit Poucet » dont a parlé la presse, mais elle ne veut rien entendre... Il faut qu’elle se calme, ils sont là pour l’aider, et auraient aussi des questions à lui poser. Beatrice entend alors le bruit d’un fusil que l’on arme… « Je suis armée ! Je vais tirer ! Allez-vous-en ! » Mais Rafie fait glisser son étoile sous la porte – ce qui rassure la femme suffisamment pour qu’elle leur ouvre. Mrs Jenkins a un fusil en main, qu’elle ne manie sans doute pas très bien, et elle est toujours très paniquée. Warren lui explique qu’un vol a eu lieu – peut-être les voleurs ont-ils pris des chevaux… Beatrice relève que personne ne gardait l’écurie, c’est pour cela qu’ils sont montés la voir, pour s’assurer qu’il ne lui était rien arrivé… Elle ne s’occupe pas de la gestion de l’atelier, c’est l’affaire de son mari, « sans doute ivre-mort quelque part… » Mais, oui, normalement, il y a toujours quelqu’un, « pour la protéger »… Ce soir, ce devait être un certain Mike Paltron. « Où est-il passé encore celui-là ! » Mais Rafie aimerait jeter un œil aux documents de son époux – ce qu’elle refuse. Bon… En tout cas, qu’elle reste enfermée ici ! Qu’elle n’ouvre à personne ! « Pas même à un adjoint ! » Sauf si c’est lui – « le Petit Poucet »… Mais il faudra que son mari se rende au bureau du shérif, aussi.

 

[VI-10 : Danny, Nicholas : Shane Aterton, Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace] Danny et Nicholas rentrent dans le Gold Digger. Au passage, Danny jette un œil aux bottes de Shane Aterton, mais elles n’ont rien de suspect. L’adjoint toujours à cran leur dit que Drent et Wallace sont à l’étage – visiblement en train de tenter de convaincre les stars du tournoi de poker de rester… Mais la discussion est tendue, et ne portera probablement pas ses fruits.

 

[VI-11 : Danny : Beatrice] Dehors, la foule s’est dispersée et calmée. Danny retourne au bureau du shérif pour voir s’il pourrait encore apprendre quelque chose en observant les lieux du crime, mais ce n’est pas vraiment le cas. Qu’importe : ce qu’il voulait faire, c’était récupérer un objet personnel sur un des cadavres – à ramener à Tricksy, pour qu’elle fasse usage de ses talents bizarres… Il jette son dévolu sur un foulard imbibé de sang.

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (04)

Publié le par Nébal

Illustration tirée du livre *Stone Cold Dead*

Illustration tirée du livre *Stone Cold Dead*

Quatrième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici.

 

À ce stade, presque tout provient de la campagne Stone Cold Dead.

 

La joueuse incarnant Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », l’élue, était absente. Étaient présents les joueurs incarnant Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez l'enregistrement de la séance dans la vidéo juste en dessous.

I : ENQUÊTE À CHINATOWN

 

[I-1 : Warren : Russell Drent, Shane Aterton ; Richard Lightgow, Mr Shou, Chan] Les PJ sont à Chinatown, où ils ont pu examiner le cadavre retrouvé dans une ruelle derrière le White Tiger, le plus infâme bordel de Crimson Bay, en présence du shérif Russell Drent. Son adjoint Shane Aterton s’occupe de transférer le cadavre au cabinet du Dr Richard Lightgow pour une autopsie – Warren, guère désireux de rester dans le coin, s’y rend de même, pour assister son nouvel ami dans son travail. Fouiller le cadavre n’a rien donné – rien, notamment, qui permette de l’identifier. Le shérif a expliqué que, normalement, il ne s’occupe pas des affaires de Chinatown, mais il ne peut pas appliquer cette politique à la veille du grand tournoi de poker – ce serait une très mauvaise publicité pour la ville. Il a confié deux noms aux PJ : celui de Mr Shou, le patron du White Tiger, et celui de Chan (« ou Tchang ? On sait jamais vraiment avec eux… »), un employé du précédent, celui qui a trouvé le cadavre.

 

[I-2 : Nicholas : Shane Aterton, Glenn Cabott] Nicholas scrute les environs, curieux de savoir si quelqu’un les observe. La foule des badauds a été dispersée par Shane Aterton et Glenn Cabott, mais rien de spécial au-delà.

 

 

 

[I-3 : Nicholas, Beatrice, Danny : Mr Shou, Chan, Rafaela] Normalement, le White Tiger est fermé en journée, mais il y a clairement de l’activité à l’intérieur, et un videur invite d’un geste (accompagné de quelques mots d’un anglais très approximatif) les PJ à pénétrer à l’intérieur, où, de toute évidence, Mr Shou les attend. Mais les filles ne sont pas là. Un autre gros dur indique l’escalier menant au premier étage, où se trouve le bureau du gérant – gardé par un énième molosse, le plus impressionnant de tous, et qui ne passe pas inaperçu avec son inquiétante chemise rouge sang. Mais Mr Shou, vêtu richement et à l’occidentale, accueille les PJ avec un sourire et dans un anglais parfait (une sacrée exception dans le quartier), où pointe à peine un reliquat d’accent ; il est d'une extrême politesse. Le bureau pue le fric – avec un goût prononcé pour les dorures. Il y a un autre homme dans la pièce, visiblement d’un tout autre statut et très nerveux – le dénommé Chan. Nicholas et Beatrice attendent clairement que les adjoints « officiels » entament le dialogue, et, Rafaela restant en retrait, Danny s’y résout. Très déférent, Mr Shou reconnaît en lui « le Daniel Cody dont a parlé la presse ». Chan ne parlant pas très bien l’anglais, le patron du White Tiger offre de faire office de traducteur. L’employé, très nerveux (et qui commence par répéter sans cesse, en anglais : « Rien vu ! Rien vu, rien entendu ! »), explique enfin, via son employeur (quant à lui d’un calme olympien), avoir découvert le corps à l’aube, tandis qu’il sortait les poubelles, comme d’habitude, par la porte située à l’arrière de l’établissement (le cadavre n’était pas juste en face, mais à une vingtaine de mètres environ) ; bon citoyen, il a aussitôt prévenu Mr Shou, qui s’honore lui aussi de ce titre et dit avoir aussitôt contacté le bureau du shérif. Chan n’a visiblement pas grand-chose de plus à dire…

 

[I-4 : Beatrice : Mr Shou] Mais le gérant est formel : la victime n’a pas mis les pieds au White Tiger. Personne ne l’y a vu – et lui-même y était présent tout au long des horaires d’ouverture, comme à son habitude. Il assure les enquêteurs de sa totale coopération : sans doute est-ce un peu tard pour faire vraiment preuve de discrétion, mais, d’une manière ou d’une autre, c’est lui qui à le plus à perdre dans cette sale affaire – on devine, dans ses intonations, qu’il est furieux de ce qui s’est produit, et qui l’incrimine tant… Il avance même qu’on aurait pu délibérément chercher à lui nuire – sans dire qui exactement ; mais il ajoute que personne, à Chinatown, n’oserait pareille folie – il ne le tolérerait pas, pas même les activités de petits délinquants à proximité de son établissement : à Beatrice qui l’interrogeait à ce propos, il répond sur un ton plus brut, et foncièrement intimidant – qui suffit à convaincre la huckster que ce n’est pas là un homme qu’on aimerait s’aliéner.

 

[I-5 : Danny, Nicholas : Mr Shou, Chan] Danny ne remet pas en cause le témoignage de Mr Shou, mais il aimerait cependant faire le tour du White Tiger en quête d’indices concernant l’éventuel passage de la victime dans les lieux. Le patron suppose que c’est dans l’ordre des choses, et ne fait pas de difficultés : il offre de servir de guide – après avoir aboyé quelque chose en chinois à Chan, sur le ton d’un employeur passablement agacé. Le molosse à la chemise rouge accompagne les visiteurs. Rien à relever dans la salle principale – très décemment entretenue. Mais il y a aussi vingt chambres, réparties sur deux étages. Danny tient à les visiter toutes : « Cela va être quelque peu monotone... » dit Mr Shou, mais cela ne lui pose pas de problème. Les chambres ne donnent pas la même impression que la salle principale – c’est plus sale… Elles sont par ailleurs vides, les filles ne sont pas là. Nicholas s’en étonne… Mais il guette les taches de sang – et constate qu’il y en a dans plusieurs chambres, au moins six : ce n’est pas une vraie piste – mais le simple constat de ce que les services offerts par le White Tiger peuvent impliquer des actes de cruauté sur les prostituées. Danny en fait la remarque – Mr Shou ne nie rien : certains de ses clients ont des désirs « particuliers », et il faut bien que quelqu'un les satisfasse… « Mais rien de si sordide ; nos filles sont habituées à supporter une gifle à l’occasion, cela n’a rien de bien méchant. » Danny n’insiste pas – mais s’étonne à son tour de l’absence des filles, qu’il aimerait interroger. Il met en avant qu’il a une certaine expérience des bordels, pour avoir été élevé dans un. Mr Shou répond laconiquement qu’elles se reposent après une longue nuit de travail… et les filles ont leurs propres quartiers. Danny fait la moue, mais n’en dit pas plus. Il constate de toute façon que Mr Shou se montre globalement très coopératif, et sans doute sincère – la question des filles le rend plus réservé, mais il ne semble pas avoir l’intention d’induire en erreur les enquêteurs.

 

[I-6 : Danny, Beatrice, Nicholas : Mr Shou, Chan] Danny compte dès lors poursuivre les investigations à l’extérieur – Mr Shou oriente les PJ vers la porte arrière, en dépêchant son garde du corps pour les accompagner ; lui-même demeure dans son établissement, mais reste à la disposition des enquêteurs, et offre par ailleurs ses services, de traducteur notamment, si les adjoints du shérif rencontraient des difficultés à cet égard dans Chinatown. Beatrice se trouvait déjà devant la porte arrière, après avoir surveillé les activités de Chan – qui demeurait très nerveux, à l’évidence, mais travaillait « normalement ». Nicholas constate qu’il n’a a priori pas d’endroit particulier où déposer les poubelles à proximité. Et Danny perçoit une sale odeur… Pas la blanchisserie, davantage au sud – plutôt quelque chose qui vient du nord. Le faux prêtre fait le même constat – et identifie un élevage de porcs assez conséquent (facile une centaine de bêtes), où l’odeur est particulièrement atroce (le Chinois à la chemise rouge les suit). Il y a une enseigne au-dessus de la bâtisse, mais elle est en chinois. Nicholas ne manque pas de remarquer (discrètement…) que ces animaux mangent tout, et suppose que c’est ainsi que disparaissent les ordures… Dans tous les sens du terme ? Mais Beatrice et Danny sont plus réservés : justement, cette fois du moins, le cadavre n’a pas disparu… Bon, ils peuvent garder l’idée en tête.

 

II : AUTOPSIE AU PETIT DÉJEUNER

 

[II-1 : Warren : Shane Aterton, Glenn Cabott, Richard Lightgow ; les cousins Sannington] Pendant ce temps, Warren a accompagné les adjoints du shérif Shane Aterton et Glenn Cabott à la « clinique » du Dr Richard Lightgow, son ami. Ils ont fait en sorte de ne pas trop attirer le regard des badauds, mais c’était sans doute peine perdue… Les adjoints déposent le cadavre sur la table d’autopsie – Warren avait déjà assisté le Dr Lightgow dans ses œuvres, sur le cadavre d’un des cousins Sannington. Il explique au docteur la situation, et ce dernier ne voit aucun inconvénient à ce qu’il assiste à l’autopsie, même s’il jette d’abord un œil à Aterton, qui s’en fout complètement (Cabott, de son côté, est retourné au bureau du shérif).

 

[II-2 : Warren : Richard Lightgow ; Russell Drent] Lightgow se met au travail. La victime est un homme blanc, les cheveux bruns ; 25 à 30 ans, taille moyenne, assez large d’épaules sans être spécialement baraqué… Warren demande au docteur s’il aurait pu croiser cette personne, mais il ne le croit pas. Le docteur confirme vite que la victime a été battue à mort, avec de nombreux coups portés au visage, qui l’ont défiguré, ainsi qu’à l’abdomen – la cause du décès est une hémorragie interne à ce niveau ; il y a plusieurs cotes de cassé, mais l’intuition du shérif Drent concernant un poumon perforé s’avère erronée. Par contre, la rate et le foie ont éclaté. Cela implique des coups particulièrement violents. Le docteur se penche sur le cadavre et fait signe à Warren de jeter un œil à des traces qu’il a repérées à la commissure des lèvres : « C’est assez sordide… Il a été bâillonné. Des coups pareils l’auraient sans doute fait hurler, autrement… » Warren se demande s’il aurait également pu être ligoté, et Lightgow confirme qu’il avait les mains liées – il ne sait pas ce qu’il en est des jambes. Le cadavre a probablement été traîné, sans pouvoir déterminer plus précisément où l’inconnu a été tué, ou sur quelle distance il a été transporté. En tout cas, c’est frais – il est mort il y a quelques heures à peine. Warren suggère d’étudier ce que la victime a consommé avant de périr ; dans son état, ce n’est pas forcément évident à déterminer, mais Lightgow est à peu près certain que le macchabée n’a rien mangé dans la nuit – par contre, il avait bu, très clairement. Sans que cela soit forcément habituel chez lui. Pas de signes distinctifs autrement, de type marque de naissance, cicatrice, etc.

 

[II-3 : Warren : Richard Lightgow, Shane Aterton ; Josh Newcombe, Jon Brims] Warren se demande s’il serait possible de faire quoi que ce soit pour aider les adjoints dans leur enquête. Prendre une photo est faisable, mais, dans cet état… Le Dr Lightgow avance que, s’ils trouvaient d’autres éléments pour « reconstituer » le visage de la victime, ils pourraient faire appel à Josh Newcombe, qui « a un bon coup de crayon » ; mais il sait que les PJ ont eu affaire au bonhomme, qui n’est sans doute pas le type le plus fiable à Crimson BayAterton se fout complètement de tout ça : il bâille sans cesse. Quoi qu’il en soit, le cadavre va rester disponible à la morgue dans les quelques jours qui viennent, mais ensuite il faudra l’enterrer – le boulot de Jon Brims.

 

[II-4 : Warren, Danny, Beatrice : Richard Lightgow] Les autres PJ se rendent au cabinet du Dr Lightgow après le départ de Warren (le Chinois a cessé de les suivre dès l’instant qu’ils ont quitté Chinatown). Danny, à la suggestion de Beatrice, prend le docteur à part pour qu’il lui fasse son rapport, tandis que la huckster, laissée seule avec le cadavre, use de son sort de Pressentiment pour en apprendre davantage sur les conditions de sa mort. L’effet a quelque chose d’un peu traumatisant, car Beatrice se retrouve à la place du type tabassé, en vue subjective – elle sent les coups, elle sent aussi le bâillon sur sa bouche. Difficile dans ces conditions de se montrer très précise quant à ce qu’il passe, mais elle peut au moins déterminer qu’il y avait trois agresseurs, avec des vêtements occidentaux et un foulard sur le visage ; mais, en pleine nuit, elle ne peut pas se montrer plus précise... La scène a lieu dans une ruelle inidentifiable en tant que telle, mais probablement différente de celle où le corps a été retrouvé – en fait, ce n’était probablement pas dans Chinatown, de manière générale.

III : LA CHASSE AUX INDICES

 

[III-1 : Nicholas : Josh Newcombe, Ned Bland] Les PJ se retrouvent tous au Washington pour discuter de tout ça en déjeunant. Quand ils pénètrent dans la salle de restaurant, ils sont interloqués par l’attitude des clients, visiblement morts de rire à la lecture du journal. Nicholas attrape un exemplaire du Crimson Post, avec en une un dessin d’une gigantesque pieuvre. Il lit à haute voix l’article associé :

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (04)

La Terrible Pieuvre du Pacifique Nord aperçue au large de Shan Fan !

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

Panique à Shan Fan ! Et, exceptionnellement, ce n’est pas là le fait des Triades qui rongent cette ville déjà considérablement affectée par le Grand Tremblement de Terre… On a appris, de source sûre, qu’une Titanesque Créature, une Sorte de Pieuvre ayant atteint les proportions d’un véritable Léviathan, rôde dans les eaux traîtresses de ce qui était encore il y a peu le splendide Golden Gate.

 

Plusieurs pêcheurs l’ont aperçue, dont Mr Ned Bland, un vétéran de la chasse à la baleine – le Pittoresque Navigateur n’a pas manqué d’effrayer ses confrères avec le récit plus vrai que nature de cet Animal Monstrueux, qui aurait, sous les propres yeux du pauvre (mais courageux) harponneur, englouti trois navires dans son Bec Immonde, en un seul Coup Vicieux de Colossal Tentacule ! Ces trois navires (de bonne taille) n’ont pas encore été identifiés, mais nous ne doutons pas un seul instant être sous peu en mesure de confirmer cette précieuse information, et de livrer, si nécessaire, pareils détails, que vous avouerez cependant bien dérisoires voire futiles alors que la Menace s’apprête à frapper à nouveau…

 

Et ce pourrait bien être dans les eaux de Crimson Bay ! Car tous les marins interrogés à ce propos sont formels : le Céphalopode Démoniaque a pris la route du Nord… Le Crimson Post ne manquera pas de vous tenir informés de la Situation. Ne manquez pas notre prochaine Edition Spéciale !

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

[III-2 : Danny, Beatrice, Nicholas : Mr Jansen ; Mr Shou] Danny explose de rire, comme la majorité des convives… Puis ils se retirent dans une chambre pour faire le point – notamment suite aux révélations de Beatrice, dont les autres ne savaient encore rien. La huckster suppose qu’ils pourraient se renseigner sur un groupe de trois voyageurs… Sinon, c’est que les tueurs habitent en ville. L’intention de nuire à Mr Shou n’en paraît que plus plausible. Nicholas suppose qu’ils pourraient aussi écumer les lieux où l’on consomme de l’alcool en ville – et cela inclut les bordels. Beatrice ajoute que les moyens de transport doivent aussi être envisagés (on peut venir à Crimson Bay par bateau, même si ça n’est pas très fréquent, par train depuis Portland ou Shan Fan, mais c’est surtout du fret qui transite par la ville, et par une petite ligne pas rattachée aux grands réseaux, ou enfin au relais de diligence – ceci bien sûr à la condition que la victime ne soit pas venue par ses propres moyens). Et il faut aussi, ajoute-t-elle, se renseigner auprès des hôtels – une chambre réservée quelque part, où la victime ne serait jamais venue… Ils sont au Washington, après tout, et interrogent donc Mr Jansen, au travail derrière son comptoir ; il confirme bien vite qu’un homme est passé la veille, en fin d’après-midi, pour se renseigner sur les tarifs, mais explique qu’il est parti après quelques verres sans réserver – simplement en promettant qu’il reviendrait quelques heures plus tard ; ce qu’il n’a pas fait. Danny remercie l’hôtelier (qui lui donne sans cesse du : « Monsieur l’adjoint. »).

 

[III-3 : Danny : Slim Jim Carrighan] Étape suivante : le Gold Digger, très fébrile à deux jours du tournoi de poker (une grande banderole a été suspendue sur la rue principale), même si les « stars » ne sont pas encore arrivées. Danny interroge le barman, Slim Jim Carrighan, qui est formel – personne n’est passé la veille qui aurait correspondu au profil esquissé. Danny (ou « Mr Cody »…) le remercie et ne s’attarde pas davantage.

 

[III-4 : Danny : Jeff Liston] Côté bars à proprement parler, ne reste plus que le Red Bear – le moins bien fréquenté, et celui que Danny préfère. Mais, surprise en arrivant, le bouge est fermé… Une affiche est plantée sur la porte, qui dit : « FERMÉ POUR TROIS JOURS ». Danny en est très étonné : fermer en cette période, à la veille du grand tournoi de poker ? S’est-il passé quelque chose dans la soirée ? Le nouvel adjoint fait le tour de l’établissement, jetant un œil aux ruelles à l’arrière, sans rien y relever de spécial (il n’y a pas de porte arrière au Red Bear). Mais l’épicier à côté du bouge explique que Jeff Liston, et ça n’a rien d’un secret, a « d’autres occupations » : il ferme régulièrement comme ça, généralement pas sans prévenir, pour aller chasser l’ours dans la forêt de Red Sun – la vraie passion de l’ex-trappeur. Il habite normalement à l’étage de son établissement, mais là il doit être quelque part en forêt, Dieu sait où… Nicholas jette tout de même un œil à la porte du Red Bear : elle est verrouillée – mais sans doute pas très solide.

 

[III-5 : Danny, Beatrice, Warren, Nicholas : Mike Jones ; Al Burden, Richard Lightgow] Ne pouvant en apprendre davantage pour l’heure, les PJ décident de se rendre au relais routier Jones, très actif en cette période. Mike Jones est un individu foncièrement désagréable, qui se montre très grossier devant les PJ en refusant d’abandonner son travail pour se consacrer à eux (il ne lève même pas les yeux de ses dossiers), ne répondant à leurs questions que très sèchement, en tamponnant feuille après feuille. Danny se montre quant à lui très poli, et fournit à Jones autant de détails que possible. Le bonhomme ne lui prêtant pas attention, il met en avant son statut d’adjoint du shérif (en exhibant son étoile). Jones ne se montre pas plus aimable, et Danny commence à avoir les poings qui le chatouillent… Mais en précisant la description avec les vêtements, Jones finit par supposer que la personne qu’ils recherchent pourrait être un certain Al Burden, arrivé la veille de Portland, et qui doit repartir dans quelques heures pour Shan Fan « pour affaires ». Seul a priori. Comptait passer la nuit en ville, disait qu’il faisait toujours comme ça parce qu’il n’aimait pas les longs voyages, ce genre de choses. Beatrice lui demande s’il y aurait un groupe de trois personnes de prévu pour cette diligence, mais non, pas a priori. Il y a un problème avec la réservation de ce Mr Burden ? Danny se montre mystérieux, et dit qu’il va attendre de le voir monter dans la diligence. Beatrice et lui vont rester à jouer aux cartes sous un porche, si Jones veut bien lui faire signe quand son client arrive (Warren va travailler sur ses prothèses pour le Dr Lightgow, il fait quelques progrès, l’ambiance est agréable ; Nicholas s’en retourne au Washington). Le temps passe, on prépare la diligence pour Shan Fan : cinq passagers arrivent progressivement, qui n’ont rien de suspect (en dehors d’un vieux couple, il y a trois hommes, mais qui ne voyagent pas ensemble de manière générale, et dont l’allure très disparate ne correspond pas à ce que Beatrice avait entraperçu avec son Pressentiment). Mais Al Burden manque à l’appel… Danny pense avoir identifié la victime, et suppose à bon droit que Mike Jones tient des registres très complets ; il obtient une copie de sa fiche sur le passager absent (qu’il serait bien en peine de lire, mais ses camarades sauront le faire à sa place). Après quoi le grossier bonhomme se replonge dans son travail en maugréant, visiblement désireux qu’on lui foute enfin la paix…

 

[III-6 : Danny, Beatrice : Russell Drent, Shane Aterton, Rafaela ; Mike Jones, Al Burden] Danny et Beatrice se rendent illico au bureau du shérif Russell Drent – s’y trouve également Shane Aterton. Le shérif est bourru, avec toute cette agitation – Danny et Rafaela, dans la semaine qui vient de s’écouler, ont amplement eu l’occasion de constater qu’il n’était pas du genre commode, et n’aimait pas qu’on lui fasse perdre son temps… Il jette un œil à la fiche de Mike Jones, mais le nom d’Al Burden ne lui dit rien (pour la forme, il regarde les affiches « Wanted » qui tapissent le mur de son bureau, mais, non, rien). C’est une avancée, il ne dira pas le contraire – mais qu’ils ne reviennent pas avant d’avoir trouvé des éléments plus probants : il a du travail !

 

[III-7 : Nicholas, Beatrice, Danny : Al Burden] Les PJ se retrouvent, et Nicholas fait méthodiquement le point sur l’itinéraire emprunté par Al Burden : le type est arrivé de Portland par la diligence de 15 h. Il s’est alors rendu au Washington, où il a bu quelques verres, promettant de revenir dans la soirée prendre une chambre, ce qu’il n’a pas fait. Beatrice relève qu’à ce stade il n’avait pas assez bu pour être cuité – ça, il l’a fait plus tard. Au Red Bear ? Peut-être. Mais Danny tend à croire qu’il s’est (d’abord ?) rendu dans un bordel. Pour y passer la nuit ? Au White Tiger, ça aurait été envisageable, car il ferme à l’aube, mais le London et le Paradise ferment quant à eux vers 3 ou 4 h du matin. Les vêtements de qualité de la victime incitent plutôt Danny à chercher du côté du London, la maison de passe la plus cotée de la ville.

 

[III-8 : Danny, Beatrice : Gamblin’ Joe Wallace, Slim Jim Carrighan ; Al Burden] En début de soirée, les PJ se rendent au Gold Digger dans l’espoir de voir Gamblin’ Joe Wallace. Le maire est débordé… Il supervise l’aménagement du saloon, où vingt-cinq tables de cinq joueurs doivent être mises en place, et en profite pour revoir certains aspects de la décoration. Tandis que Slim Jim Carrighan et ses serveuses enchaînent les commandes, Wallace fait sa tournée habituelle des clients, mais pour la forme : il ne peut pas consacrer plus d’une minute à qui que ce soit. Danny laisse Beatrice prendre l’initiative d’aborder le maire – qui ne cache pas être pressé. Mais la huckster relève que Wallace a la réputation d’accueillir tout le monde en ville – en principe, oui, mais il y a beaucoup d’arrivants en ce moment… Certes – mais le nom d’Al Burden lui dirait-il quelque chose ? Le maire prend le temps d’y réfléchir ; mais, non, ce n’est pas le cas.

 

[III-9 : Danny, Nicholas, Beatrice : Ms Worthington ; Al Burden, Jeff Liston] Danny n’y croyait pas, de toute façon ; il emmène les autres au London. Nicholas, un peu paranoïaque, se demande s’ils ne sont pas suivis, mais a priori non – ceci dit, il y a tellement de monde en ville… La propriétaire et gérante du London est une certaine Ms Worthington, C’est de toute évidence un établissement de qualité, tenu avec soin, avec une décoration du meilleur goût, des filles absolument sublimes… et une clientèle uniformément blanche ; la carte des tarifs est à l’avenant (avec notamment des alcools de qualité, très coûteux, en provenance directe de la cave du Gold Digger). Beatrice aborde la gérante, qui dirige les opérations depuis sa place derrière le comptoir – un peu à la manière d’un chef-d’orchestre. D’abord un peu sceptique, Ms Worthington se montre plus aimable quand Beatrice précise accompagner l’adjoint au shérif, Danny – la mère maquerelle s’était méprise sur son compte, croyant tout d’abord que Beatrice venait lui proposer ses services, ce qui était hors de question… Tricksy décrit Al Burden, en précisant son nom – ce dernier ne dit rien à Ms Worthington, mais la description lui évoque, sans grande certitude, un « gentleman » effectivement passé la veille, dès l’ouverture – il avait sollicité une fille, « Clara » sauf erreur. Il avait réglé la passe comptant, bu plusieurs verres d’un de ses meilleurs whiskys mais pas au point d’être véritablement enivré, après quoi il était monté avec la fille, qu’il a traitée avec tous les égards dus à une dame : « Un client idéal. » Il est reparti seul vers 21 h. Beatrice souhaiterait s’entretenir avec Clara – elle est disponible : si c’est une enquête pour le bureau du shérif… La fille est splendide, souriante, très polie, très coopérative – son client n’était pas du genre à s’épancher, mais, à peine un peu éméché, il avait l’alcool joyeux ; elle lui a proposé de rester autant qu’il le souhaitait, mais il avait d’autres projets : il parlait d’aller jouer aux cartes. Vu ce qu’il cherchait au juste, Clara lui a conseillé le Red Bear. Danny échappe un : « Ah ! Quand même ! » qui perturbe un peu la prostituée… Ce client avait de l’argent, elle lui avait donc d’abord conseillé le Gold Digger, mais il a expliqué préférer les choses plus « simples », « pittoresques » : l’établissement de Jeff Liston lui paraissait tout désigné. Beatrice et Danny remercient leurs interlocutrices (Ms Worthington précisant qu’elle souhaite compter bientôt « Mr Cody » parmi les clients de son établissement), et prennent aussitôt la direction du Red BearDanny d’un pas très décidé.

IV : DANS LA TANIÈRE DE L’OURS ROUGE

 

[IV-1 : Danny, Beatrice, Nicholas : Jeff Liston, Russell Drent] Le Red Bear est bien sûr toujours fermé. Quelques clients potentiels, déjà un peu allumés, ont la mauvaise surprise de trouver le tripot dans cet état, et semblent hésiter sur l’endroit où aller… Danny n’y prête pas vraiment attention, et va frapper à la porte du bouge de Jeff Liston. Pas de réponse. Il colle son oreille à la paroi, mais n’entend rien. Les PJ avaient par ailleurs pu constater que le saloon n’avait pas de fenêtres. Beatrice rappelle tout de même que rien n’incrimine forcément Liston… mais cette absence est décidément suspecte. Danny demanderait bien au shérif Drent l’autorisation de perquisitionner légalement le Red Bear, mais sait très bien que son supérieur l’enverrait chier… Nicholas n’a pas ce genre de scrupules : Danny est la loi ! Oui, mais il y a des passants… Le bagarreur préfère attendre que l’affluence diminue : le temps de prendre un bon dîner.

 

[IV-2 : Danny] Les PJ reviennent vers minuit. Il n’y a plus de passage à cette heure-là – justement parce que le Red Bear est fermé. Danny s’appuie contre la porte pour tâter sa résistance : elle cédera facilement. Par précaution, il tape à nouveau à la porte – toujours pas de réponse. Danny donne un bon coup d’épaule, puis un second : la porte est ouverte, pas au point d’être sortie de ses gonds, mais ce sera tout de même visible.

 

[IV-3 : Nicholas, Danny, Beatrice : Jeff Liston, Al Burden] Nicholas enjoint ses camarades à la prudence : un trappeur, ça sait poser des pièges… Danny prend par ailleurs soin de bloquer la porte avec une table. La pièce est totalement obscure, mais il y a des lampes à huile sur chaque table. C’est vraiment miteux – mal, voire pas, nettoyé depuis la veille. Ils regardent d’un autre œil les nombreux massacres d’ours suspendus aux murs – réalisés par un taxidermiste accompli. Nicholas cherche un fusil accroché à un râtelier, comme font souvent les chasseurs, mais non. Par contre, derrière le comptoir, Beatrice trouve très vite un autre fusil, solide mais pas des plus approprié pour la chasse – c’est une grosse pétoire, qui fait beaucoup de bruit, et éventuellement beaucoup de dégâts sur les clients récalcitrants ; Beatrice prend soin d’en retirer les cartouches. Elle trouve aussi un pistolet à côté – mais elle et Nicholas s’y connaissent en armes de poing, et celle-ci est probablement hors d’usage ; elle n’est d’ailleurs même pas chargée – mais des traces sur la crosse laissent supposer qu’on a pu l’utiliser comme arme contondante. Les réserves d’alcool sont derrière le comptoir également – des trucs infâmes, dont la « recette spéciale » que Liston avait mentionnée comme n’étant pas « une boisson de fillettes ». Une porte près du comptoir donne sur une sorte de réserve – qui s’avère être plutôt l’atelier de taxidermie du tenancier, avec ses nombreux outils, et un râtelier d’armes presque vide. À l’étage se trouve l’appartement de Jeff Liston : il est vide, et on n’y a pas dormi la nuit précédente. Danny y cherche des affaires ayant pu appartenir à Al Burden, mais rien ne semble coller – tout va dans le sens de la vie qu’ils peuvent supposer être celle de l’ex-trappeur (dont le matériel de chasse est absent). Danny suppose que Liston est bien parti dans la forêt de Red Sun, il n’a peut-être rien à voir avec tout ça, c’est peut-être effectivement une coïncidence… Mais il est possible aussi que des clients du Red Bear soient coupables.

 

[IV-4 : Beatrice, Nicholas : Jeff Liston] Beatrice use à nouveau de son Pouvoir de Pressentiment sur le râtelier d’armes de l’atelier ; elle a la sensation de Jeff Liston en faisant régulièrement usage, et voit un fusil de chasse très impressionnant – rien à voir avec la pétoire sous le comptoir. La huckster, à la suggestion de Nicholas, réitère son sort sur l’affiche placardée sur la porte – sans doute la dernière chose que Liston a touchée ici. Elle a une vision du trappeur qui la cloue ; c’est la nuit, juste un peu avant l’aube ; il a un gros sac sur le dos, et son fusil de chasse ; il a l’air un peu fatigué, mais aussi content – et pas le moins du monde nerveux. Ils ne s’attardent pas davantage, et vont se coucher dans leur hôtel.

V : PIÉTINER… OU PAS ?

 

[V-1 : Jeff Liston] Le lendemain soir, ce sera l’inauguration du grand tournoi de poker. La ville est fébrile et active. Les PJ, quant à eux, ont un peu le sentiment d’être dans une impasse… Leur enquête a plutôt bien progressé au départ, mais que faire maintenant ? Le retour de Jeff Liston semble constituer la prochaine étape, mais elle ne dépend donc pas d’eux…

 

[V-2 : Nicholas, Danny : Tom Jenkins, Steve] Mais la nuit porte conseil, et Nicholas n’est pas du genre à rester les bras croisés. Dans la matinée, il se rend à l’atelier du maréchal-ferrant, Tom Jenkins – il sait qu’il s’y trouve toujours quelqu’un, la nuit, pour surveiller les chevaux ; or l’atelier est très proche du Red Bear, on en voit aisément l’entrée… C’est une piste intéressante aux yeux de Danny, qui accompagne le faux prêtre. Le patron est un peu rougeaud – il est très enthousiaste à la perspective du tournoi, et, dans les jours qui précèdent, on l’a beaucoup vu au Gold Digger, où il payait tournée sur tournée, l’air absolument ravi (et gentiment lourdingue, du genre qui fait sourire et un peu ricaner plutôt qu’il n’agace). Les PJ lui demandent qui avait monté la garde deux nuits plus tôt – il s’agissait de Steve, le gamin qui les avait accueillis à Crimson Bay, un des apprentis du maréchal-ferrant. Ils l’interrogent sur ce qu’il a pu voir ou entendre l’avant-veille du côté du Red Bear… Mais absolument rien de spécial ! Danny en est parfaitement démoralisé… Ils n’ont plus qu’à attendre le retour de Jeff Liston.

 

[V-3 : Beatrice, Danny : André de Fonteville, Ace Plinkett, Sam « Royal » Bernstein, Russell Drent, Rafaela] La journée s’écoule… Les « stars » du tournoi de poker sont arrivées, chacune de son côté : André de Fonteville, Ace Plinkett et Sam « Royal » Bernstein – ils ne sont pas passés inaperçus. Il y a certes 122 autres participants… mais ils sont d’une tout autre catégorie. Parmi les inscrits figure donc Beatrice. Elle a pris soin d’étudier le règlement, et constaté deux choses : une politique très particulière, assurée par le shérif Russell Drent, impliquera de faire quitter la ville aux perdants au fur et à mesure de leurs défaites (plus exactement, ils ont droit à une dernière nuit en ville ; un crédit particulièrement élevé semble pouvoir légitimer des exceptions, de même que la résidence à Crimson Bay) – ceci afin d’éviter que ne se forment des attroupements de mécontents susceptibles de faire du grabuge, et tout autant de circonvenir les « fausses inscriptions » de desperados qui auraient d’autres choses que le poker en tête… En fait, ce sera une tâche non négligeable des adjoints du shérif dans les jours qui viennent – Danny et Rafaela inclus. Par ailleurs, une clause sibylline du règlement n’est véritablement compréhensible que par ceux, rares, qui sont concernés : les hucksters ne seront pas tolérés – ce dont la huckster prend bonne note…

 

[V-4 : Danny, Beatrice, Nicholas : Jeff Liston] Puis se produit l’événement que Danny attendait avec tant d’impatience : le retour en ville de Jeff Liston, qui remplace son affiche sur la porte (défoncée, mauvaise surprise à l’arrivée…) du Red Bear, par une autre, laquelle constitue une sorte d’appel du pied, incitant ceux qui ne pourraient pas se permettre de consommer outre mesure au Gold Digger de venir le faire dans son bouge, où tout est beaucoup, beaucoup moins cher… Nul doute qu’il y aura des affaires à faire dans les jours qui viennent ! Danny s’y rend aussitôt, accompagné de Beatrice et Nicholas.

 

[V-5 : Danny, Nicholas : Jeff Liston, Rafaela ; Al Burden, Shane Aterton, Keith Rim, John Lowry] Liston travaille derrière son comptoir – son bouge est presque vide. Il ne se fait pas d’illusions : en début de soirée, tout le monde sera au Gold Digger pour l’inauguration ; après, par contre… Danny commande une bière : bonne chasse ? Oui… Bientôt un nouveau trophée au mur, qui surveillera les clients… Danny veut orienter la conversation sur un autre sujet, mais Liston l’interrompt, l’appelant « Monsieur l’adjoint » avec un regard plus sombre : il a une plainte à formuler… Il comptait aller au bureau du shérif, mais « puisque Monsieur l’adjoint est là »… On a forcé sa porte pendant son absence. Ce sont des choses qui ne se font pas. Danny l’assure qu’il transmettra – Rafaela notera la déposition. Liston explique qu’on ne lui a rien volé, mais, cette intrusion dans son domicile, quand même… On ne peut pas tolérer ce genre de choses à Crimson Bay. Danny acquiesce – mais, jouant le jeu, il ajoute aussitôt qu’il aurait quelques questions à lui poser à propos d’un de ses clients, la nuit de son départ… Liston ne sait rien de la mort d’Al Burden – et on n’en a pas vraiment parlé en ville. Mais Danny lui explique le meurtre, et en rajoute : peut-être l’intrusion au Red Bear a-t-elle un rapport avec ça… Liston lui demande une description de la victime – oui, il l’a vu la nuit du meurtre, il jouait aux cartes ici. Est-ce qu’il a fait un esclandre ? Non : il était complètement bourré, ça oui, mais pas le moins du monde agressif ; il avait perdu, mais s’en foutait complètement ; il est parti, seul, en laissant un très gros pourboire : dix dollars ! Et les types avec qui il avait joué ? Ils étaient partis avant : il y avait Shane Aterton… Et puis… Liston se braque : il n’aime pas balancer les noms de ses clients. Mais Danny insiste : c’est une affaire du bureau du shérif – ce dont le trappeur semble se contrefoutre. Danny remarque que ça pourrait jouer très défavorablement sur son établissement – s’il a accueilli des meurtriers et leur victime… Liston ne mange pas de ce pain : il a des principes. Nicholas s’y met – plus menaçant, même indirectement : si la paroisse apprenait que… Et, contre toute attente, même si avec une certaine gêne, Liston cède enfin : si c’est d’un meurtre qu’il s’agit, il ne peut pas se permettre de bloquer l’enquête… Même s’il n’aime pas ça. Bon… Les autres joueurs étaient donc Aterton, Keith Rim – un ouvrier de l’usine –, et John Lowry, un assureur. Des clients réguliers – et il répond d’eux… enfin, pas d’Aterton. Lui s’est barré vers 3 h, les deux autres un peu plus tard. Burden a été le dernier à quitter les lieux, sur les 4 h du matin. Il était bourré – pas méchant, juste un peu lourd… Mais Liston devait préparer sa partie de chasse, alors il a fermé, raccompagnant le bonhomme gentiment à la porte. Puis il s’est occupé de ses affaires. Danny interroge le barman sur Aterton, plus précisément – il est donc parti bien avant, il était torché, il avait perdu… Mais il n’était pas aussi agressif que de coutume ; il est pourtant du genre à avoir l’alcool mauvais, lui – très, très mauvais… Là, il avait l’air content – tant mieux. Danny remercie Liston ; il comprend ses principes, qui l’honorent, et il va transmettre sa plainte au bureau du shérif.

 

[V-6 : Danny, Beatrice : Jeff Liston ; Shane Aterton, Glenn Cabott, Russell Drent] Ils commencent à s’éloigner… mais Liston, après une certaine hésitation, demande à parler en privé avec « l’adjoint ». Danny revient donc en arrière, et laisse partir ses amis. Liston explique qu’il l’a à la bonne – il a été un chouette client, avant de devenir adjoint du shérif. Le truc… C’est qu’il a pas confiance en les adjoints du shérif. Danny sait comment ça se passe, dans ce genre de bouges. Y a des cris, y a des coups de poing qui volent… Rien de bien méchant, au fond. Mais les adjoints… Ils croient que leur étoile leur donne tous les pouvoirs. Aterton, tout particulièrement ; il débarque, il s’en prend à un pauvre type, lui explose la gueule sans que Liston puisse intervenir, le jette dehors et lui pisse dessus, tant qu’à faire. « Quand vous avez pris votre étoile, j’me suis dit : un d'plus… Mais j'crois qu’vous valez mieux qu'ça. Comme vous parlez, tout ça. Ça s’rait bien qu’ça continue. Et on m'fait pas chier chez moi. » Danny le comprend, le rassure – et lâche qu’il a lui aussi une très mauvaise image d’Aterton… Des choses à dire sur Cabott, ou Drent ? Non – ils viennent pas ici ; et il aime pas balancer… enfin, sauf concernant Aterton. À demi-mots, Liston revient sur le problème de sa porte… et Danny lui explique aussi franchement que lui-même ce qui s’est passé. Le patron du Red Bear s’en doutait. En temps normal, il lui aurait explosé la gueule… mais, d’une certaine manière, il comprend – et il apprécie la franchise de Danny. Qui lâche un billet pour les réparations… et fait signe à Beatrice de rendre à Liston les cartouches prises dans le fusil sous le comptoir. « Petits malins... » grommelle Liston – mais pas forcément de manière agressive : il semble disposé à ce que Danny demeure un bon client, même après tout ça.

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (03)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (03)

Troisième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici.

 

À ce stade, presque tout provient de la campagne Stone Cold Dead.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », l’élue ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez ci-dessous l'enregistrement de cette séance.

I : QUARTIER LIBRE

 

[I-1 : Warren : Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace, les cousins Sannington] Le shérif Russell Drent doit discuter avec le maire de Crimson Bay, Gamblin’ Joe Wallace, afin de décider de l’action contre les cousins Sannington – que les PJ ont identifié comme étant des voleurs de bétail… et des assassins cannibales. D’ici-là, pas d’initiative personnelle ! Il les recontactera. Les personnages ont quartier libre – mais Warren n’a vraiment pas envie de faire de folies : il retourne au Washington, et travaille sur ses plans dans sa chambre.

 

[I-2 : Nicholas, Rafaela : Jon Brims ; Denis O’Hara, Richard Lightgow] Nicholas et Rafaela, quant à eux, se rendent à l’église du père Denis O’Hara – mais il est relativement tard : l’église est ouverte, elle l’est toujours, mais le pasteur n’est pas là ; sans doute est-il allé boire un verre… Les rues sont calmes aux alentours. Tous deux rentrent cependant dans l’église, et Rafie va s’asseoir sur un des bancs pour prier. Ils ne sont pas seuls, toutefois : un homme, petit et gros, est assis – sans doute prie-t-il, à moins qu’il ne soit simplement perdu dans ses pensées. Sa mise éloquente ne laisse guère de doutes quant à sa profession : c’est le croquemort de Crimson Bay. Nicholas, curieux des ouailles du père O’Hara, s’installe sur un banc dans le fond de l’église et garde un œil sur le fidèle. Au bout de quelques minutes, ce dernier se lève, s’étend un peu – cela fait peut-être quelque temps qu’il est ici –, et se dirige vers la sortie, sans prêter attention à Rafie et Nicholas. Ce dernier l’interpelle, toutefois – il cherche le père O’Hara. Le croquemort, intrigué par la robe de prêtre, dit qu’il est sans doute en train de boire un verre quelque part, il n’en sait pas plus. Nicholas essaye de converser, mais, sans être désagréable, son interlocuteur ne se montre pas très bavard. Il quitte l’église, et Nicholas le suit discrètement : le croquemort retourne vers un grand bâtiment, qui abrite à la fois son entreprise de pompes funèbres et le cabinet (en fait une clinique) du Dr Lightgow – mais c’est bien la porte de ce dernier qu’il franchit, non celle de son entreprise. Nicholas retourne à l’église, où Rafie prie ; quelque temps plus tard, ils s’en retournent ensemble au Washington.

 

[I-3 : Danny, Beatrice : André de Fonteville, Sam « Royal » Bernstein, Ace Plinkett, Gamblin’ Joe Wallace, Kang, Warren] Pendant ce temps, Danny et Beatrice se rendent au Paradise – un bordel… Le milieu de gamme, à Crimson Bay ; le bagarreur s’y est déjà rendu plusieurs fois – et sait qu’il y en a là-bas pour tous les goûts. Des gens s’y rendent simplement pour boire un verre et jouer aux cartes, même si c’est un comportement un peu secondaire – un préalable toutefois apprécié de certains clients, avec lesquels les filles jouent aux hôtesses, avant de les conduire dans une chambre pour une passe. La clientèle comme les employées jettent un œil interloqué à Beatrice quand elle franchit le seuil, mais elle n’en tient pas compte. Après avoir bu un verre, Danny s’offre une passe, tandis que Tricksy reste au rez-de-chaussée, approchant une table où des clients jouent au poker, dans l’espoir qu’une place se libère – mais ce n’est pas du tout la même ambiance qu’au Red Bear la veille. Par ailleurs, les joueurs se demandent visiblement si Beatrice est une nouvelle employée… D’abord rétifs à la conversation, ils deviennent rapidement plus conviviaux, et échangent des potins – sur le grand tournoi de poker, par exemple : on annonce de véritables stars ! André de Fonteville, Sam « Royal » Bernstein, Ace PlinkettBeatrice n’a jamais entendu ces noms, mais ce sont visiblement des joueurs très connus de la côte Ouest. Les clients, en tout cas, sont enthousiastes : ça sera bon pour Wallace, ça sera bon pour la ville. C’est un secret de polichinelle : avec le cessez-le-feu, l’usine de munitions est en difficulté, il faut trouver d’autres sources de revenus. Le tournoi est une opération promotionnelle – mais le maire réfléchit à d’autres choses, comme de relier Crimson Bay au réseau ferré de la Iron Dragon. Beatrice se crispe un peu… Les joueurs n’y prennent pas garde. Ils n’aiment pas vraiment Kang, c’est un Chinetoque, hein, mais bon, c’est lui qui a le pognon, alors… Danny redescend, satisfait. Il se demande si ça ne serait pas bien, pour Warren, de faire un saut ici, avec une fille gentille… Beatrice et le bagarreur retournent au Washington.

 

II : LE QUATRIÈME POUVOIR

 

[II-1 : Danny, Nicholas, Beatrice, Rafaela : Josh Newcombe] Le lendemain matin, les PJ descendent à leur rythme dans la salle de restaurant du Washington, pour y prendre un copieux petit déjeuner. Les clients semblent les regarder un peu bizarrement… Il y a une raison évidente à cela : ils ont lu l’édition spéciale du Crimson Post parue quelques heures plus tôt. Danny ne sait pas lire, mais il remarque tout de même la photographie prise par Josh Newcombe quand il était entré dans le restaurant la veille – toutefois, elle a été coupée : Nicholas n’y figure pas, et Beatrice à moitié seulement. Le bagarreur est un peu déçu que la photo « martiale » que Newcombe avait prise de lui ne figure pas à la une – à la place, il y a un dessin assez bien fait représentant un colossal loup-garou. Rafie lit la une, « Crimson Bay sauvée des griffes du Loup-Garou ! », à haute voix pour que Danny en profite.

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (03)

Crimson Bay sauvée des griffes du Loup-Garou !

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

Crimson Bay peut dormir tranquille. Sous la houlette de notre bienaimé maire Mr Wallace, et du bras armé de la Loi, le shérif Russell Drent, de nouveaux-venus en ville, désireux de témoigner de leur volonté de s’intégrer au plus tôt dans notre vibrante communauté, ont épargné à celle-ci un bien terrible sort, en allant chasser jusqu’au plus profond de sa tanière le redoutable Loup-Garou de la Ferme Sannington, responsable du massacre horrible d’une trentaine de têtes de bétail.

 

Ainsi que l’aimable propriétaire du ranch, Mr Lawrence Robert Richard Sannington, nous l’a confié : « Le pire était à deux doigts de se produire. Le Loup-Garou, hirsute et sauvage, aux griffes acérées, était sur le point d’éviscérer ma pauvre petite Irma, nonobstant l’intervention musclée de ces quatre étrangers habiles au six-coups. Me concernant, il ne fait aucun doute qu’il s’agit là d’authentiques héros, les dignes héritiers des Chevaliers de la Table Ronde, et leur détermination sans faille leur a permis d’emporter la partie contre une adversité des plus conséquente. »

 

Le combat, épique, aurait pu très mal tourner. La bête féroce, les crocs ruisselant d’une bave enragée, dominait de ses deux mètres trente les Fiers Défenseurs de la Paix Publique. Enchaînant les moulinets de ses griffes de quarante centimètres de long, le démon n’aurait pas manqué d’expédier Miss Elizabeth Meyers dans un autre monde (nous n’avons aucune garantie qu’il se serait agi du paradis, la demoiselle étant des plus délurée), n’était les habiles parades du chef de notre petite bande de héros, Mr Daniel Cody, colosse à l’agilité de danseuse étoile ; armé de son seul sabre, hérité de son père, un des plus admirés et redoutés des colonels de cavalerie de l’Union, cet Hercule des temps modernes a enfin décapité le monstre d’un coup de taille bien placé – la tête velue, nous a-t-on dit de source sûre, a volé sur trente mètres suite à ce coup magistral. Notre héros est des plus humble, guère porté à s’enorgueillir de sa maîtrise parfaite de l’Art de la Guerre, mais ses actes parlent pour lui.

 

Il nous faut aussi mentionner la bravoure des fidèles amis de Mr Cody, dont le soutien moral, nous n’en doutons pas, a été déterminant face à pareille abomination tout droit jaillie des Fosses Putrides du Cinquième Cercle de l’Enfer. Si Miss Meyers n’était guère en posture d’user, à son habitude, de ses charmes pour amadouer son adversaire, saluons la bravoure de Mr Raphaël Delapore, le Petit Poucet de Crimson Bay, ainsi que de Mr Warren B. Woodentown, diplômé de la prestigieuse Université Brown de Providence ainsi que de Harvard, Oxford et La Sorbonne (Paris, France), un des plus notables représentants de la Nouvelle Science développée depuis la découverte des propriétés fascinantes de la Roche Fantôme, et dont on m’a dit qu’il avait travaillé aux côtés du Pr. Darius Hellstromme en personne – ses érudites indications concernant l’écologie des loups-garous ont été d’une aide précieuse quand il s’est agi pour Mr Cody d’expédier le Monstre de Crimson Bay ad patres.

 

Ajoutons qu’en récompense de leurs hauts faits, Mr Cody, et, attention charmante, le petit Raphaël Delapore, ont tous deux été aussitôt promus au rang d’adjoints du shérif. Nos sources nous confirment que Mr Russell Drent ne tarit pas d’éloges sur ses nouveaux officiers.

 

Citoyens de Crimson Bay ! Félicitons tous Mr Cody et ses compagnons ! À n’en pas douter, c’est Dieu qui les a envoyés à Crimson Bay, pour défendre la Paix Publique et l’Économie Locale. À la veille du Grand Tournoi de Poker, qui ne manquera pas de propulser notre communauté au rang des plus actives métropoles de l’Union, il est heureux de constater que la Loi et l’Ordre règnent à Crimson Bay. Vous pouvez dormir tranquilles : le Terrible Loup-Garou est d’ores et déjà une histoire ancienne !

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe


 

[II-2 : Nicholas] Mais l’œil de Nicholas est attiré par un autre article, plus bref, intitulé « Un faux prêtre en ville ? ».

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (03)

Un faux prêtre en ville ?

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

Nous vivons une bien triste époque, où le loup se déguise plus qu’à son tour en agneau… Même à Crimson Bay, la turpitude des serviteurs du Mal peut frapper, soudain, comme un Voleur dans la Nuit ! Non sans un curieux sens de l’ironie : des fois, le Loup affiche de lui-même son origine démoniaque jusque dans son patronyme…

 

Pareils Sbires de Satan sont prompts à menacer les honnêtes gens pour les faire taire – mais quand a-t-on vu semblables pressions empêcher le Crimson Post de remplir sa vitale mission d’information ? Non, Mr Wolfhouse ! Vous ne nous ôterez pas la liberté de la presse, le bien le plus précieux de l’Union !

 

Ce curieux individu au passé trouble est arrivé il y a peu en ville, dans un costume élimé sans doute dérobé à quelque bienveillant et débonnaire pasteur des États situés de l’autre côté des montagnes… Il ne passe certes pas inaperçu : la morgue des Pirates ! Le sinistre personnage traîne derrière lui une grande croix – comportement blasphématoire qui devrait appeler à la plus sévère des sanctions. Car, nous le savons de source sûre, cet homme-là – si c’est un homme – n’a absolument rien du bon prêtre qu’il prétend être.

 

Notre enquête diligente nous l’a bientôt confirmé : le bon père Denis O’Hara a fait part de son inquiétude quant au tort que cet homme, qui cite la Bible « fort approximativement », pourrait infliger à ses ouailles… nous autres honnêtes citoyens de Crimson Bay !

 

Les élucubrations hérétiques de cet imposteur à la mise Noire comme la Nuit, divagant sur une prétendue « Tornade Rouge » sans doute née de ses délires éthyliques, en d’autres temps, auraient à elles seules justifié son arrestation et son interrogatoire – et, à terme, la sanction appropriée. Les autorités n’ont pas encore cru bon de s’emparer du malandrin – soit. Mais faudra-t-il donc attendre un drame pour débarrasser la bonne ville de Crimson Bay de Klaus le Loup ? Nous enjoignons le bureau du shérif à prendre au sérieux la menace constituée par cet individu violent et pervers, qui n’hésite pas à malmener nos concitoyens dans les ruelles même de cette ville vouée au Seigneur, qu'il insulte à chacune de ses respirations !

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

[II-3 : Nicholas, Danny] Les poings de Nicholas ont eu tendance à froisser la feuille de chou à mesure qu’il progressait dans l’article – et ça n’a pas échappé à certains clients, qui font profil bas… Danny n’a pas tout compris à l’article qui fait son éloge, mais il est plutôt content, finalement ! Dommage pour la photo, mais… Il accroche son étoile d’adjoint sur sa poitrine, l’air empli de fierté. Et fête ça avec une bière ! Ils s’attablent pour petit-déjeuner, et la tension initiale s’efface progressivement.

III : AND JUSTICE FOR ALL

 

[III-1 : Warren, Nicholas : Shane Aterton, Russell Drent, Glenn Cabott ; Gamblin’ Joe Wallace, les cousins Sannington, Josh Newcombe] Quelque temps plus tard, un homme pénètre dans la salle de restaurant du Washington : c’est Shane Aterton, un des adjoints du shérif Russell Drent. Il dit aux nouveaux adjoints de se rappliquer – les assistants officieux feront ce qu’ils veulent. Tous décident de venir, sauf Warren – qui préfère se rendre à l’usine de munitions dans l’espoir d’y retrouver Wallace et de discuter avec ses ingénieurs. Aterton marche d’un bon pas, et conduit les PJ au bureau du shérif, où Drent les attend en compagnie de l’adjoint Glenn Cabott. Ils font dégager les adjoints anonymes qui s’affairaient dans l’arrière-salle. Une fois seuls, Drent prend la parole : il n’a pas été difficile de convaincre Wallace – il faut se débarrasser des Sannington ; le maire pense confier la gestion de leur ranch à trois de ses employés – l’économie de Crimson Bay ne sera pas affectée. Les cousins sont hors concours : si on peut les arrêter, très bien, si on doit les buter, c’est pas un problème. Drent dévisage tous les PJ, l’un après l’autre – il s’attarde sur Nicholas, qui aurait « bousculé Newcombe » ? Tant qu’il ne fout pas le bordel en ville, le shérif n’en aura pas après lui. Comme tous savent ce qu’il en est des cousins, ils peuvent tous se joindre à eux pour l’expédition au ranch. Ils y iront avec leurs chevaux – le bureau peut en prêter à ceux qui n’en ont pas.

 

[III-2 : Rafaela, Warren : Russell Drent ; les cousins Sannington] Mais Rafie dit à Drent qu'elle va d’abord tâcher d’intercepter Warren sur le chemin de l’usine : il pourrait leur être d’une aide précieuse… Le type avec son harnais bizarre dans le dos ? Possible – même si à vrai dire il inquiète le shérif davantage qu’un faux prêtre… Mais Drent ne les attendra pas, qu’ils les rejoignent en chemin. Rafie se dépêche – le savant fou n’a pas encore atteint l’usine, située à un bon kilomètre ou deux au nord de Crimson Bay. Warren est indécis – il aimerait bien aller à l’usine… Mais si Rafie pense que ça serait mieux pour tout le monde… Il monte (difficilement) en croupe, et tous deux reprennent la direction du ranch des Sannington, rattrapant les autres avant de parvenir à l’embranchement entre la grande route et la ferme.

 

[III-3 : Nicholas, Danny : Russell Drent, Shane Aterton, Glenn Cabott ; Les cousins Sannington] Tous avancent prudemment – et font même une pause à l’embranchement, pour que Drent, avec une lunette, jette un œil aux environs. Pas de mouvement dans la ferme, mais la charrette des cousins Sannington est là, dételée ; le bétail doit être plus loin au sud. Bon, il faut y aller… Qu’ils préparent leurs armes au cas où. Ils avancent lentement, guettant le moindre mouvement – mais Nicholas, toujours particulièrement aux aguets, croit avoir aperçu, brièvement, un reflet, non pas dans la ferme, mais dans un bosquet au nord-est. Il le signale aux autres – Aterton est sceptique, il ne voit rien… Mais Drent l’a entendu : les cousins sont probablement au courant de leur visite ; ils sont stupides, mais peut-être pas à ce point… Le shérif dit à Glenn Cabott de se rendre dans le bosquet avec Danny et Nicholas – les autres continuent lentement vers la ferme.

 

[III-4 : Nicholas, Danny, Beatrice, Rafaela, Warren : Glenn Cabott, Russell Drent, Shane Aterton, Larry, Chuck et Bob Sannington] Dans le bosquet, tout est calme… Mais Nicholas perçoit enfin un mouvement – le canon d’une Winchester ! Il s’empare de ses armes fétiches, le Père et le Fils… Les trois cousins sont là ! Nicholas hurle pour prévenir les autres. Danny s’accroupit pour progresser inaperçu – Cabott de même. Mais les Sannington les ont repérés… (Les autres, à la ferme, ont entendu le cri de Nicholas ; Beatrice fonce d’elle-même en direction du bosquet, en cherchant à le contourner par l’ouest – mais Drent fait de même, très vite, et fait signe à Aterton ; Rafie et Warren ne peuvent pas y aller aussi rapidement, mais se lancent également dans cette direction.Cabott n’a pas de chance au tir, mais Nicholas a davantage de réussite, et abat Larry Sannington d’une balle en pleine tête ; quant à Danny, il s’est précipité sur Chuck Sannington, et lui a écrasé son gourdin sur le crâne, le défonçant à moitié – le fermier n’est pas mort, mais clairement hors de combat. Ne reste donc plus que Bob Sannington, qui a assisté au sort de ses cousins, et qui entend se venger contre Nicholas – mais sa balle se contente de frôler le faux prêtre. (Les autres progressent, Beatrice en tête.) Cabott fait un détour dans les fourrés pour prendre Bob à revers – tandis que Nicholas lui hurle de se rendre… mais lui tire en même temps dessus : il atteint le dernier des cousins à la main, le contraignant à lâcher sa Winchester. Danny se contente de se planquer en tirant le corps inconscient de Chuck. Beatrice pénètre dans le bosquet par l’ouest – elle repère Nicholas, mais pas Bob. Cabott cherche à abattre ce dernier, mais le rate de peu – pour autant, le dernier cousin, la main en sang, ne parvient pas à ramasser son fusil, la douleur est trop cuisante… Nicholas avance dans sa direction en se protégeant derrière sa croix, Christina. Rafie et Warren entrent dans le bosquet par le sud. Beatrice érafle Bob d’une balle, il ne constitue plus vraiment une menace…

 

[III-5 : Danny, Beatrice, Nicholas, Warren, Rafaela : Russell Drent, Chuck et Bob Sannington, Glenn Cabott, Shane Aterton ; Larry Sannington, Richard Lightgow, Jon Brims, Denis O’Hara] Drent les rejoint, Danny lui amenant Chuck inconscient – tandis que Beatrice s’assure que Larry est bien mort… mais qu’il n’a rien à dérober dans ses poches. Nicholas braque Bob, attendant les instructions du shérif. Drent s’approche lentement, fait un signe de tête à Cabott, et ce dernier explose la tête de Bob d’un coup de carabine. Il précise que Chuck est toujours en vie ; Drent se retourne vers Danny : « On va s’épargner un procès, hein. » Inutile d’en dire davantage : Danny défonce la tête de sa victime inconsciente à coups de gourdin. Les corps ? Un cadeau pour les expériences du Dr Lightgow (une allusion que ne manque pas de relever Warren) : « Chargez-les dans leur charrette. » Shane Aterton s'occupe de la rapprocher du bosquet. Drent va tout de même jeter un œil à la ferme – il inspecte la cave sans être le moins du monde affecté par le sinistre tableau. Il fait rassembler par Cabott les éléments permettant d’identifier les victimes des cousins Sannington – dont il faudra confier les corps ou ce qu’il en reste au croquemort, Jon Brims, et au père O’Hara, qu’ils aient une bonne sépulture chrétienne. Mais, ainsi que Rafie n'a pas manqué de le remarquer, ce n'était clairement pas là la première de ses préoccupations.

 

[III-6 : Rafaela, Danny, Warren : Russell Drent ; les cousins Sannington] Rafie est visiblement gênée par la scène à laquelle elle a assisté – surtout de la part de Danny (et Drent s’en rend compte) : les Sannington étaient des êtres foncièrement mauvais, mais la froideur de cette exécution sommaire ne lui plait pas – elle songe à rendre son étoile d’adjoint… Warren perçoit bien son trouble, et essaye d’en discuter avec elle, en privé : la Vierge de Guadalupe ne l’a certainement pas envoyée ici pour faire ce genre de choses ! Mais Warren avance que son étoile d’adjoint pourrait lui faciliter la tâche pour obtenir une véritable justice à Crimson Bay

 

[III-7 : Danny, Beatrice, Nicholas, Rafaela : Shane Aterton, Russell Drent] Il est temps de rentrer en ville. Aterton jette une pièce aux pieds de Danny – qu’il aille fêter sa promotion, le nouveau ! Beatrice et Nicholas, en même temps, apprécieraient visiblement une modeste ou moins modeste récompense… Drent ne fait pas de difficultés – mais les enjoint au silence ; de même pour son jeune adjoint Rafael

 

IV : LE CERCLE DES INTELLECTUELS DE CRIMSON BAY

 

[IV-1 : Warren : Richard Lightgow] Warren a noté le nom du Dr Lightgow et que ce médecin fait des « recherches ». Il voit donc en lui un de ses semblables, et compte bien le rencontrer pour échanger entre gentlemen érudits – et pourquoi pas, dans la foulée, créer un cercle des intellectuels de Crimson Bay ? Il arrange un rendez-vous pour la soirée, au Washington.

 

[IV-2 : Nicholas, Beatrice : Russell Drent, Shane Aterton ; Josh Newcombe, les cousins Sannington] Nicholas confie ses 5 $ à Beatrice – si elle peut les faire fructifier lors du tournoi… Il faut d’ailleurs qu’elle s’inscrive, aussi se rend-elle au Gold Digger pour s’acquitter de sa cotisation de 25 $. Mais, une fois Drent revenu en ville, elle retourne au bureau du shérif, pour « une affaire privée ». Aterton ne pige rien, mais Drent comprend très bien et confie une tâche inutile à son adjoint – il est maintenant seul avec Beatrice. C’est à propos de Josh Newcombe, qui semble ennuyer le shérif comme le maire – elle suggère qu’elle pourrait aller le voir et le mener en bateau en ce qui concerne les Sannington… Mais Drent n’a pas confiance en elle. Et si ses canulars conduisent à des difficultés en ville, elle entendra parler de lui. Beatrice insiste… et le shérif lui fait clairement entendre qu’il a du travail, et qu’il fait beaucoup, beaucoup d’efforts présentement pour ne pas la faire dégager. Beatrice doit se retirer – elle se demande si Drent ne serait pas un huckster… Mais l’idée de taquiner le journaliste demeure : peut-être faudrait-il voir ça avec Nicholas ? Mais sans en parler aux autres…

 

[IV-3 : Warren : Richard Lightgow, Jon Brims ; Gamblin’ Joe Wallace] Le Dr Richard Lightgow rejoint Warren au Washington à l’heure dite, mais il n’est pas seul – Jon Brims l’accompagne, ce qui jette un froid dans l’assistance… Le croquemort ne lâche pas un mot, mais la conversation entre le savant fou et le médecin (un homme bon, cela se sent, et qui ne prend pas ses patients de haut, mais, bien au contraire, les traite avec le plus grand respect, leur expliquant les soins qu’il leur prodigue) est vite enjouée… et pointue. Chacun excelle dans un domaine que l’autre ne maîtrise pas vraiment – mais ils se rejoignent sur l’éventualité d’un travail en commun : le Dr Lightgow est avant tout un chirurgien, ses recherches portent essentiellement sur les amputations et les prothèses – or Warren pourrait peut-être l’aider concernant ces dernières ! Le docteur va en parler à Gamblin’ Joe Wallace, qui a financé sa clinique et ne refusera probablement pas d’investir dans les travaux prometteurs qui s’annoncent, pour aménager un atelier dans le grand bâtiment. Par contre, Lightgow a l’air assez méfiant en ce qui concerne la roche fantôme et la Nouvelle Science… Mais ces projets avec le savant fou sont très enthousiasmants – et cette idée de réunions entre intellectuels, pourquoi pas ? Il n’y en a pas tant que cela en ville… Mais Lightgow fait clairement entendre qu’il tient à ce que son ami Jon Brims soit invité – même s’il n’est guère bavard, il y a sa place.

 

V : PASSE UNE SEMAINE…

 

[V-1 : Warren : Richard Lightgow, Jon Brims ; les cousins Sannington Une semaine s’écoule… Warren travaille d’arrache-pied sur ses plans, et apprécie ses autres réunions avec le Dr Richard Lightgow et son ami Jon Brims – il assiste même à une autopsie, celle d’un des cousins Sannington.

 

[V-2 : Beatrice, Danny : Mr Shou] Beatrice, pendant ce temps, fait méthodiquement le tour des endroits où l’on peut jouer aux cartes dans Crimson Bay ; avec Danny, elle va aussi se renseigner sur les activités de Chinatown (ce qui n’a rien d’évident : presque personne ne semble parler anglais, là-bas), et notamment le bordel appelé White Tiger – là-bas, le tableau est pour le moins sinistre : pour nos deux héros qui ont grandi dans une maison close, il ne fait guère de doutes que l’entreprise de Mr Shou est de la pire espèce : une véritable usine, où les filles font de l’abattage, camées jusqu’à l’os pour supporter tant bien que mal leur misère, qui ne dure de toute façon pas éternellement : ce n’est pas un endroit où l’on fait de vieux os…

 

[V-3 : Danny, Rafaela : Russell Drent, Jeff Liston ; les cousins Sannington] Le tournoi de poker approche. La ville attire de plus en plus de joueurs et de simples curieux (les plus grandes stars ne sont pas encore là). Toute l’équipe du shérif Drent est sur le pied de guerre, il y a beaucoup de travail – Danny et Rafaela se voient régulièrement confier des tâches, même si rien d’aussi dangereux que l’affaire des cousins Sannington. Danny a maintes fois l’occasion de constater combien l’étoile qu’il porte à sa chemise influe sur le comportement des citoyens de Crimson Bay, qui font vraiment attention à ne pas faire de conneries quand il y a un adjoint dans les parages – ils semblent avoir peur du shérif et de ses hommes… Le comportement de Jeff Liston, le patron du Red Bear, le bouge où Danny aime aller se détendre, a également changé depuis sa promotion ; sans être à proprement parler hostile, l’ex-trappeur semble très méfiant.

 

VI : UN CADAVRE QUI TOMBE MAL

 

[VI-1 : Danny, Rafaela : Shane Aterton, Glenn Cabott ; Russell Drent] Un matin, Shane Aterton passe au Washington pour convoquer Danny et Rafie – ils ont du boulot, qu’ils le suivent… Il n’a pas invité les autres, mais, dans la semaine passée, qu’ils soient venus également n’a jamais posé de problème au shérif Russell Drent. Aterton les conduit… dans Chinatown, plus précisément dans une petite ruelle derrière le White Tiger. Il y a foule – des Chinois curieux… Mais Glenn Cabott les écarte.

 

[VI-2 : Russell Drent, Glenn Cabott, Shane Aterton ; Richard Lightgow] Au milieu du cercle des voyeurs, Russell Drent est debout sous la pluie, un cadavre à ses pieds, couché sur le ventre, la tête noyée dans une flaque de boue. On disperse la foule, Cabott et Aterton imposant un cordant de sécurité. Les PJ, eux, peuvent rejoindre Drent – qui retourne le cadavre : il a le visage extrêmement tuméfié, au point d’être impossible à identifier ; mais c’est un Blanc. Le shérif, sans un mot, désigne du doigt les éléments à noter : la chemise est de qualité, le pantalon neuf ; les bottes, par contre, sont un peu usées ; pas d’impact de balle, il a été tabassé à mort, littéralement – mais il n’a pas été frappé qu’au visage : en écartant un pan de gilet, Drent montre un bout de côte qui dépasse – il ne peut être sûr de rien avant l’autopsie (on confiera au plus tôt le cadavre au Dr Lightgow), mais le shérif en déduit une hémorragie interne, et peut-être aussi un poumon perforé.

 

[VI-3 : Danny : Russell Drent ; les cousins Sannington, Mr Shou, Chan] Pile-poil le genre d’emmerdes dont Drent ne veut surtout pas à la veille du tournoi de poker. Il a beaucoup de travail, par ailleurs… Mais les PJ se sont bien démerdés avec les Sannington – et ils ont fait vite, surtout. C’est pourquoi il leur confie cette enquête, qu’il faut régler au plus tôt – et avec la plus grande discrétion, c’est impératif. Et ça ne va pas être facile : c’est Chinatown… Généralement, le bureau du shérif n’intervient pas ici – les Chinois gèrent leurs affaires à leur manière, et ça n’est pas un problème. Mais là les circonstances sont particulières… Peu des habitants du quartier parlent anglais ; mais c’est le cas de Mr Shou, le patron du White Tiger – qui doit être furieux ; c’est d’ailleurs un de ses employés, « Chan, Tchang, un truc comme ça », qui a trouvé le corps. Danny suppose que la victime a pu faire un saut au bordel avant de rendre son dernier souffle, et qu’il leur faudra se renseigner à ce propos, la première étape de leur enquête…

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (02)

Publié le par Nébal

Illustration tirée du livre de base de Deadlands Reloaded.

Illustration tirée du livre de base de Deadlands Reloaded.

Deuxième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la précédente séance ici.

 

À ce stade, presque tout provient de la campagne Stone Cold Dead.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », l’élue ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez également dans la vidéo juste en dessous l'enregistrement de la séance (sans montage).

I : LA MENACE SUR LE TROUPEAU

 

[I-1 : Nicholas, Rafaela : les cousins Sannington] Les PJ se trouvent au ranch des cousins Sannington. Nicholas jette un œil à la ferme, de plain-pied, dont il fait le tour – il cherche à s’assurer que personne ne se trouve à l’intérieur, qui les guetterait… Non, personne a priori ; l’intérieur a l’air très sale, mais il y fait très sombre. Par contre, il remarque qu’il y a, devant la porte relativement large qui donne sur la grange, des traces de passage – on y a traîné des choses lourdes ; il y a un peu de sang séché. Quelqu’un qui se serait fait tabasser ? Un innocent qui serait encore en vie à l’intérieur ? Nicholas aimerait forcer la porte pour s’en assurer… Mais Rafie n’y est pas favorable.

 

[I-2 : Rafaela, Danny] Après quoi ils suivent la direction indiquée par Rafie suite à son Miracle d’Ami des bêtes : là où les vaches refusent de se rendre, au sud de la propriété. Ils s’y rendent à pied – leurs chevaux sont probablement davantage en sécurité là où ils sont, dans la cour. Ils atteignent ainsi un petit bosquet assez sombre, avec cependant un semblant de sentier qui s’engage entre les arbres. Danny l’emprunte sans plus attendre, les autres suivent.

 

[I-3 : Nicholas, Danny, Warren, Beatrice] C’est très calme. Mais Nicholas croit entendre quelque chose dans les fourrés – un petit animal, un lapin, peut-être… Les PJ se font plus prudents – mais rien. Pourtant, au bout d’un moment, Nicholas et Danny sentent que quelque chose leur grimpe dans le dos, qu’ils ne peuvent pas attraper – leurs gestes alertent Warren et Beatrice, qui voient qu’il s’agit de sortes de gros insectes avec une carapace rouge, de la taille d’un poing à peu près ! Warren déploie Roselyne, un de ses bras mécaniques (Pouvoir d’Enchevêtrement), et parvient à saisir et immobiliser la bestiole qui s’en était prise à Danny. Nicholas essaye d’écraser son insecte avec sa croix, Christina, qu’il a dans le dos, mais n’y parvient pas. La créature commence à ramper sur son cou, grimpe sur le menton, et essaye de lui planter des crochets dans la bouche – pour le forcer à l’ouvrir, et, comprend-il, pénétrer à l’intérieur ! Danny, qui a aussitôt accouru, parvient à l’attraper, la jette par terre, et l’écrase.

 

[I-4 : Rafaela, Warren, Nicholas, Danny] Rafie, via son Miracle d’Ami des bêtes appliqué à la créature capturée par Warren, détermine que ces créatures n’ont rien de surnaturel – elles ont une intelligence animale caractéristique. Mais avec quelque chose de plus : un esprit de la ruche ? Il y a sans doute une sorte de « reine »… Mais Warren, fasciné par l’insecte, fait lui aussi l’objet d’une attaque d’une autre de ces créatures ! Et il ne réagit pas assez vite : l’insecte lui plante ses crochets dans la bouche, et lui écarte les lèvres… Rafaela et Nicholas tentent de venir en aide au savant, mais la créature se glisse dans sa bouche et commence à descendre dans sa gorge. Dans un réflexe désespéré, Warren utilise son deuxième bras mécanique, Hippolyte (Pouvoir d’Éclair), sur lui-même – la décharge électrique le secoue, mais surtout affecte aussi la créature, qui cesse de progresser sous le choc. Danny essaye de serrer la gorge de Warren pour faire remonter l’insecte, ou du moins l’empêcher de descendre… car, d’une manière ou d’une autre, la créature semble s’allonger en se rétrécissant pour se glisser dans l’œsophage de Warren. Nicholas lui donne un violent uppercut dans le foie – il veut le faire vomir. Le savant fou, pris de nausée, s’effondre à quatre pattes, mais ne parvient pas immédiatement à régurgiter l’insecte. Avec un gros effort de volonté, Warren, conscient que c’est la meilleure chose à faire, se frappe violemment le ventre avec Roselyne – et vomit tout son saoul, expulsant la bestiole de son organisme. Rafaela la capture avec sa veste, en hurlant aux autres de sortir du bosquet – ce qu’ils font, en se protégeant la bouche.

 

[I-5 : Rafaela, Danny, Warren : les cousins Sannington] À l’extérieur, Rafie confie la bestiole à Danny – mais elle s’agite dans le « pochon », qu’elle entaille de ses griffes : Danny l’écrase sans plus attendre. Reste que Rafie est persuadée qu’il y a une « reine » dans le coin – et qu’il faut s’en débarrasser pour mettre fin au problème. Le bagarreur considère qu’ils n’ont pas de temps à perdre, dans ce cas : il faut y retourner ! Il croit que Rafaela a raison : ces bestioles ne doivent pas être très répandues dans le coin, mais, du temps où il a fait le cow-boy, il se souvient avoir entendu parler de « tiques de prairie », qui correspondent à cette description ; Warren, même s’il est encore sous le choc, confirme – il avait lu quelque chose à ce sujet… Comment sont-elles arrivées là ? Eh bien, peut-être avec le bétail volé récemment par les cousins Sannington – il suffit d’une vache infectée…

 

[I-6 : Warren, Rafaela] Les PJ retournent à la ferme pour prendre un peu d’équipement – Warren en profite pour mettre le spécimen capturé dans un bocal, et Rafie pour donner quelques soins à son compagnon scientifique ; il s’en remettra sans souci – mais dans les jours qui viennent, boire et s’alimenter risquent de lui chatouiller la gorge, qu’il a très irritée... Tous deux improvisent des sortes de masques de cuir pour qu’ils puissent tous se protéger la bouche – ils prélèvent des bandes de peau sur les vaches mortes ; il n’y a pas de risque d’infection, et un peu d’alcool de menthe suffira à dissimuler les mauvaises odeurs.

 

[I-7 : Nicholas, Danny : les cousins Sannington] En attendant, Nicholas refait le tour de la propriété. Les portes de la ferme sont tellement fragiles, c’est tentant – un bon coup d’épaule suffirait à les ouvrir… Mais Danny garde un œil sur le faux prêtre – pas question de pénétrer par effraction dans la bâtisse ! Cependant, alors qu’il fait le tour de la ferme pour s’assurer que son nouveau camarade ne fait pas de bêtises, le bagarreur perçoit un reflet lumineux dans un bosquet au nord-ouest, sur une petite colline, à une centaine de mètres de lui ; il pense que quelqu’un les observe… Il attrape son cheval, et prend la direction du reflet – au trot. Il n’y a rien sur place quand il y parvient, mais il trouve des traces de roues – un rapide examen des environs lui indique une charrette qui s’éloigne assez vite : aucun doute, c’est celle des cousins Sannington. Danny retourne au ranch, et explique tout ça – en jetant un œil noir à Nicholas : raison de plus pour ne pas tenter quoi que ce soit de malvenu…

 

[I-8 : Rafaela, Warren, Danny, Beatrice : les cousins Sannington] Ils reprennent la direction du bosquet – et en rapprochent cette fois leur véhicule et les chevaux. Un nouveau Miracle de Rafaela sur la tique de prairie capturée par Warren permet de déterminer que la reine se trouve plus loin dans le bosquet, plus précisément dans une sorte de petite caverne – et il faut l’éliminer : une reine qui pond pourrait anéantir l’ensemble du troupeau des cousins Sannington en l’espace de quelques jours à peine – et par voie de conséquence l’approvisionnement en viande de Crimson Bay. Danny se munit d’une lampe, et Beatrice en confie une autre à Warren.

 

[I-9 : Danny, Rafaela, Nicholas, Beatrice] Il y a effectivement une petite grotte au fond du bosquet. Les PJ s’y enfoncent, et constatent qu’il s’y trouve une source, à l’eau très claire, très pure – Danny sait qu’il y en a un certain nombre dans les environs de Crimson Bay, c’est un des atouts de la ville, qui a favorisé son développement. Nicholas remarque des sortes de filaments de bave (?) sur les parois. Pas un bruit, sinon celui de l’eau qui s’écoule… Mais Rafie, Nicholas et Tricksy remarquent du mouvement dans un embranchement, derrière Danny qui n’y a pas prêté attention : c’est la reine tique de prairie, bien plus grosse que sa progéniture ! Mais elle est relativement lente. Les cris de ses compagnons alertent le bagarreur… qui, dans un mouvement réflexe, abat son gourdin sur la créature – et la pulvérise d’un seul coup bien placé ! Sur ses flancs, il y avait plusieurs portées de minuscules tiques de prairie, mais elles ne survivront pas à la mort de leur génitrice… Les PJ décident de brûler ce qui reste, au cas où.

 

[I-10 : Nicholas, Warren, Danny, Rafaela, Beatrice : les cousins Sannington, Russell Drent] L’infection est contenue, leur mission accomplie : ils n’ont plus qu’à rentrer à Crimson Bay­ – même si Nicholas et Warren sont très curieux de ce qui pourrait bien se trouver à l’intérieur de la ferme des Sannington ; ils le sont d’autant plus que Danny leur a expliqué que les éleveurs les surveillaient, visiblement ! Mais Rafaela les stoppe net : ils vont rentrer en ville, toucher leur récompense – et donc, la concernant ainsi que Danny (qui à vrai dire ne pense guère qu’à toucher ses billets pour le boulot qu’il a abattu), ils vont devenir officiellement des adjoints du shérif Russell Drent ; ce qui leur conférera une autorité supérieure, leur permettant de perquisitionner dans les formes. Beatrice, toutefois, car cela n’engage à rien, use de son Pouvoir de Pressentiment sur la porte qui fait face à la grange. Elle a une vision d’un des cousins Sannington qui traîne une carcasse à l’intérieur de la maison, tandis qu’un autre membre de cette étrange famille ouvre une autre porte à l’intérieur, qui donne sur un escalier descendant vers une cave ; la même scène se reproduit à plusieurs reprises, mais si les premières dépouilles traînées ainsi sont indubitablement des vaches… ce n’est probablement pas le cas de la dernière ; même si la huckster ne peut pas jurer de ce dont il s’agit. Mais Danny excepté, tout le monde en tire les mêmes conclusions. Rafaela insiste : ils rentrent à Crimson Bay ! Ils vont parler de tout ça à Drent… et nul doute qu’ils pourront bientôt revenir dans cette inquiétante ferme aux lourds secrets.

II : DE NOUVEAUX ADJOINTS EN VILLE

 

[II-1 : Danny, Rafaela : Russell Drent, Glenn Cabott ; Tom Jenkins, les cousins Sannington, Warren, Richard Lightgow] Dont acte. Rien de spécial sur la route ramenant les PJ en ville. Danny et Rafaela se rendent illico au bureau du shérif, tandis que les autres laissent leur véhicule dans l’atelier du maréchal-ferrant Tom Jenkins, avant d’aller jeter un œil au Gold Digger (voir notamment si les cousins Sannington ne s’y trouveraient pas – mais ce n’est pas le cas ; Warren paye quand même sa tournée... de laits chauds au miel). Russell Drent est à son bureau – avec son adjoint Glenn Cabott, et quelques anonymes qui s’affairent à l’arrière. Danny et Rafie font leur rapport – l’élue expliquant qu’il s’agissait d’une infestation de tiques de prairie, et elle en exhibe une preuve : le spécimen qu’ils ont capturé. Drent n’avait jamais entendu parler de ça, mais les deux futurs adjoints expliquent le mode de vie et le danger que ces créatures représentent pour les troupeaux – mais ils ont fait le ménage, donc, et abattu la reine et ses portées, qu’ils ont fait brûler. Le bétail des Sannington ne court plus aucun risque. Drent est intrigué, mais croit les PJ – il va confier cet échantillon au Dr Richard Lightgow, ça l’intéressera sûrement… Ils ont fait du bon boulot, pas à dire. Et rapide, avec ça. Ils ont bien mérité leurs 15 $, et leur poste d’adjoints, si ça les intéresse – c’est bien le cas. Cabott va se charger de la paperasse – et doit y avoir quelques vieilles étoiles d’adjoints qui traînent quelque part…

 

[II-2 : Rafaela, Danny : Russell Drent, Glen Cabott ; les cousins Sannington, Gamblin’ Joe Wallace, Beatrice] Russell Drent insiste sur le fait qu’ils ont rendu un grand service à la ville de Crimson Bay, qui dépend du ranch des cousins Sannington pour son approvisionnement en viande. Mais justement : Rafaela prend Danny de vitesse, qui allait s’en repartir sans un mot de plus – il y a un autre problème, avec le bétail des cousins… Il a visiblement été volé – le marquage en témoigne, il y a au bas mot une demi-douzaine d’initiales différentes sur les bêtes. Drent échange un regard avec Cabott : ils ont bien fait de lui signaler ça. Rafie, l’espace d’un instant, a un doute concernant les vrais sentiments du shérif à cet égard – mais il est bel et bien sincère ; en fait, l’élue comprend que Drent et Cabott avaient peut-être déjà des doutes à ce propos, et que l’infestation de tiques de prairie, même s’ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait au juste, a pu constituer un prétexte pour aller jeter un coup d’œil sur les activités de ces trois sales bonshommes, sans trop se compromettre… Mais Rafaela a l’impression qu’il y a encore autre chose : comme si le shérif n’était pas seulement surpris, mais aussi un peu embarrassé par l’efficacité et la diligence dont les PJ ont fait preuve ? Impossible cependant de déterminer pourquoi, et ce n’est qu’une impression très vague… Peut-être cette intuition est-elle communiquée à l’élue par la Vierge de Guadalupe ? Quoi qu’il en soit, Rafie se porte aussitôt volontaire – et au nom de Danny aussi, qui n’en demandait pas tant – pour retourner enquêter sur place. Drent ne peut pas prendre cette initiative seul – parce que l’économie de Crimson Bay est en jeu, et ça c’est du domaine de Wallace. Certes – mais Danny, puisqu’il est de toute façon dans le coup, précise alors que les cousins Sannington les surveillaient de loin, tandis qu’ils enquêtaient dans leur propriété… et Rafie mentionne aussi les traces de sang devant la porte, et, sans parler de ses facultés arcaniques et encore moins de celles de Beatrice, elle fait état de ce qu’ils ont de bonnes raisons de suspecter quelque chose de bien pire qu’un simple souci avec le bétail. Russell Drent les entend bien – et ça change tout : l'enquête devient prioritaire, il a besoin de preuves pour « pousser » Wallace à prendre une décision. Ils toucheront une bonne prime s’ils retournent enquêter là-bas, discrètement, et lui ramènent de quoi incriminer les cousins. Quant au respect de la loi dans les activités du bureau du shérif, car Rafie s'en inquiète... Eh bien, c’est l’Ouest : c’est lui qui en décide – les seuls avocats dans le coin bossent pour Wallace. Pas de souci à ce propos, mais la discrétion reste requise. Danny et Rafie acceptent. Oh, une dernière chose : le shérif sait que ses deux nouveaux adjoints ont été assistés par leurs copains du Gold Digger… À titre officieux, hein ? Qu’ils leur transmettent ses félicitations – eux aussi, ils ont fait du bon boulot. Gratuit.

 

III : LES MEILLEURS CITOYENS

 

[III-1 : Warren, Danny : Mrs Jansen, Mr Jansen ; Russell Drent, les cousins Sannington] Il est l’heure de se requinquer avec un bon repas au Washington ! Les PJ s’y retrouvent, et se régalent de la bonne cuisine de Mrs Jansen – mais, Mr Jansen leur confirmant que la viande vient de chez les cousins Sannington, ils prennent soin de commander du poisson… Au cas où… Tout frais du port ! Warren a tout de même un peu de mal à avaler. Danny transmet les instructions et les félicitations du shérif Russell Drent aux assistants « officieux ». Tous sont d’accord pour retourner enquêter dans la ferme des Sannington – et dès que possible.

 

[III-2 : Danny, Nicholas, Beatrice, Warren, Danny : Josh Newcombe ; les cousins Sannington] Alors qu’ils s’interrogent sur l’éventualité que les cousins Sannington soient revenus chez eux entre-temps, un homme déboule précipitamment dans la salle de restaurant du Washington, sort un appareil photo portatif (un modèle très spécial et onéreux, ne nécessitant ni temps de pose ni trépied, même si ce n’est pas non plus une caméra du Tombstone Epitaph), et prend aussitôt un cliché des PJ attablés, sans leur demander leur avis – Danny se crispe aussitôt… mais il reconnaît Josh Newcombe, le patron du Crimson Post, le journal du coin. L’intrus s’exclame : « Les héros de Crimson Bay ! » Danny est stupéfait que la nouvelle ait déjà fuité… Mais il est bientôt impossible d’en placer une devant l’énergique bonhomme, dont la logorrhée est très irritante. Il s’assied à leur table, toujours sans demander la moindre autorisation, et leur réclame une interview, disant qu’il va en faire des stars – peut-être dans une édition spéciale, tiens ! Il pose des questions avec un débit de mitrailleuse (ça va beaucoup trop vite pour Danny)… mais n’écoute pas le moins du monde les timides tentatives de réponses : il écrit son article en improvisant en direct – il romance ce qui s’est passé (« C’est à ça qu’on reconnaît un bon journaliste ! »), au point où son discours n’a plus le moindre rapport avec la réalité. Jusqu’à la description de la reine tique de prairie que les personnages tentent vainement de faire à sa requête insistante – il dessine un croquis à la hâte, il a un joli coup de crayon… mais le résultat tient plus du loup-garou de 2 m de haut que de l’insecte véritablement affronté. Nicholas et Beatrice vont s’installer à une autre table, ce qui surprend NewcombeWarren, lui, est curieux – et Danny joueur : Newcombe prend le poing du bagarreur en photo, demande au savant fou d’ouvrir la bouche pour faire une photo de sa glotte – oh, et il faut aussi une photo du gourdin ! Mais tuer la bête immonde et vicieuse en un coup… Non, non, ça ne va pas, de toute évidence Monsieur Danny a multiplié les parades et les bottes précises face aux griffes de quarante centimètres de la créature satanique et hurlante, et… Bon, très bien, il a assez de matière, il va pouvoir finir son article tout seul, il n’a plus besoin d’eux, ça va être génial. Oh ! Il faut une photo martiale de Monsieur Danny avec son gourdin ! Oui, dehors, mettons à côté de l’abreuvoir, là. Non, une pose martiale : le pied droit ici, voilà, le gauche là, levez le bras droit, que le gourdin soit positionné… là, comme ça, parfait, oh, et montrez les dents, aussi, que l’on sente toute votre virile agressivité au service du bon droit ! Parfait, merci, au revoir. Et il s’en va prestement, sans un mot de plus.

 

[III-3 : Beatrice, Nicholas : Josh Newcombe] Beatrice, qui a observé la scène en retrait, le suit dans la rue – et Nicholas de même. Ils ont d’autres informations à lui apporter ? Beatrice part dans son délire : pareil journaliste d’investigation doit en savoir long sur le complot des Barons du Rail – ces « puces » qu’ils implantent sur les gens… Ils en ont après elle ! Cette photographie pourrait s’avérer dangereuse – pour la huckster, et pour le journaliste. Celui-ci s’insurge : il ne censurera rien, il est au service de la Vérité ! Un journaliste intègre n’a que faire des menaces ! Mais de quoi parle-t-elle au juste ? Les explications de Beatrice sont de plus en plus confuses et déroutantes… au point où Newcombe ne sait pas si elle se moque de lui – ou si elle est complètement dingue. Il se sent un peu agressé, aussi… Finalement, il tranche, et coupe court aux divagations de la jeune femme : « Vous vous moquez, Mademoiselle. Ce que vous me racontez là, c’est bon pour cette feuille de chou lamentable qu’est le Tombstone Epitaph, pas pour un journal sérieux comme le Crimson Post ! » Beatrice dépitée baisse les bras, et s’en retourne au Washington, l’air penaud…

 

[III-4 : Nicholas : Josh Newcombe ; La Tempête Rouge, Denis O’Hara, Beatrice] Mais Nicholas prend son relais : Josh Newcombe tient-il également un bulletin paroissial ? Eh bien, pas vraiment… Ce n’est pas très palpitant… Mais le faux prêtre dit qu’il n’y a rien de plus palpitant que la Bible. Qu’il songe donc à la menace constituée par La Tempête Rouge (c’est ainsi que Nicholas désigne le mystérieux Indien avec lequel il est engagé dans une lutte à mort, mais il n'en dit bien sûr rien…) : « Elle est là, derrière vous ! » Le candide journaliste se retourne… Rien… Bon, il suppose qu’il pourrait avoir de la place pour un billet d’opinion spirituel dans sa gazette – avec la permission du père O’Hara, tout de même, qu’il n’y ait pas de malentendu. Il essaye de changer de sujet : « Votre compagne, cette Beatrice… En vérité, elle n’a pas fait grand-chose, dans cette caverne, n’est-ce pas ? Elle compte récolter les lauriers pour des hauts-faits auxquels elle n’a en rien participé… C’est navrant. En fait, il a même fallu que vous interveniez pour protéger cette frêle jeune femme, qui était en difficulté et criait, pleurait, désarmée, tétanisée par la peur… Oui, c’est bien ça, ça s’est passé comme ça, de toute évidence… Merci d’avoir confirmé mon sentiment, mon père, et au revoir. » Mais Nicholas le retient : il faut qu’il lui montre quelque chose – comment réagir en cas d’un assaut de cette démoniaque créature qu’ils ont affrontée… Il pose sa main sur l’épaule du journaliste, et le pousse progressivement dans une ruelle. « Pour se prémunir contre le mal, il faut d’abord faire appel à la protection divine ; mais ensuite, au poing de Dieu ! » Il lui balance un uppercut dans le foie… Le journaliste tombe à genoux, le souffle coupé – puis, se reprenant tant bien que mal : « MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE ?! » Il se tient les côtes, nauséeux ; Nicholas retourne au Washington, non sans dire : « Je viens de vous sauver la vie, Monsieur. N’oubliez pas : c’est ainsi que l’on sauve une vie ! »

 

IV : LE SECRET DES COUSINS

 

[IV-1 : Nicholas, Rafaela : les cousins Sannington] Ils retournent tous à la ferme des Sannington. Sur place, aucun signe des cousins, et leur charrette n’est pas là. Les PJ s’assurent que personne ne les surveille, de près ou de loin – Nicholas et Rafie sont à peu près sûrs qu’ils ont le champ libre. Ils prennent toutefois soin de laisser leur diligence et les chevaux dans un endroit discret.

 

[IV-2 : Danny, Warren, Nicholas, Beatrice : les cousins Sannington] Danny jette un œil à la porte qui fait face à la grange ; elle n’est effectivement pas bien solide… Warren offre de faire usage de ses bras mécaniques, mais le bagarreur n’a pas envie d’attendre, et défonce la porte d’un bon coup d’épaule : elle cède aussitôt. À l’intérieur, c’est parfaitement immonde – et ça pue. Juste en face de la porte extérieure se trouve l’autre porte que Beatrice avait aperçu dans son Pressentiment ; elle est verrouillée, et a l’air plus solide – mais Danny se jette contre elle sans attendre ; cette fois, il lui faut s’y prendre à plusieurs reprises… L’aide de Nicholas lui permet enfin de dégonder la porte. Elle donne bien sur un escalier, assez raide (on peut sans doute y faire glisser des choses comme dans un toboggan, des traces en témoignent…), qui descend dans une cave relativement profonde, très fraîche – et qui pue la charogne. S’emparant d’une lampe, Danny descend, suivi par les autres. Et ils pénètrent ainsi l’abattoir des cousins Sannington… Des carcasses sont suspendues à des crocs de boucher : des vaches, des chevaux… et des humains, saignés et amputés de diverses parties. Les cadavres sont nus – mais il y a une petite porte au fond de la cave qui donne sur un débarras : ils y trouvent des vêtements (de voyage, surtout), des selles, quelques bijoux éventuellement identifiables, dans les 20 $ en billets (qu’empoche Tricksy), un carnet qui semble être un journal intime, quelques lettres aussi (c’est Danny qui tombe dessus, mais il ne sait pas lire)… Ils ramassent les objets les plus pertinents pour identifier les victimes (une selle de luxe marquée avec des initiales brodées, par exemple), et ne s’attardent pas : ils filent vers Crimson Bay, direction le bureau du shérif.

 

[IV-3 : Danny, Rafaela, Beatrice : Russell Drent, Shane Aterton ; les cousins Sannington, Gamblin’ Joe Wallace, Josh Newcombe] Sur place, ils retrouvent le shérif Russell Drent, mais cette fois avec son autre adjoint, Shane Aterton. Danny, qui prend la tête du petit groupe, n’apprécie pas ce dernier – et ça se sent. Drent renâcle un peu tout d’abord, mais comprend ce qu’il en est – et confie à Aterton une tâche inutile pour le faire sortir : qu’il aille jeter un œil chez Tom Jenkins, ça fait longtemps... Une fois seuls avec le shérif, Danny et ses compagnons annoncent à Drent ce qu’ils ont trouvé dans la cave des Sannington, Nicholas, narquois, demande au shérif ce qu’il a mangé à midi… Le shérif voit très bien où il veut en venir – mais pense que c’était « pour leur consommation personnelle » ; autrement, on s’en serait rendu compte en ville, hein ? Enfin… Il les avait envoyés enquêter sur la mort de quelques vaches, ils en sont revenus avec une histoire de tiques de prairie et des soupçons de vol, et maintenant des preuves que les cousins sont des dégénérés cannibales, qui s’en sont pris à des voyageurs isolés, de toute évidence… La ferme était bien située, et comme c’était avant que ces types arrivent à Crimson Bay, personne n’en savait rien, ici… Rafie ajoute que ça n’est pas la meilleure des publicités pour la ville – surtout à la veille du grand tournoi de poker… À l’évidence – et il ne faut pas que ça s’ébruite. Drent va en parler de suite avec Wallace ; il va falloir agir au plus tôt, discrètement, retourner là-bas et s’expliquer… « virilement » avec les Sannington. Il en sera – et les PJ aussi, s’ils le souhaitent. Mais pas d’initiative intempestive : il faut d’abord qu’il voie Wallace. Il les tiendra au courant. « Oh, et voici vos étoiles. Et une prime de 10 $ – pour mes adjoints… » Beatrice a gardé les 20 $ trouvés dans la cave, ceci dit… Par ailleurs, Drent est furieux que l’affaire des tiques de prairie ait fuité chez Newcombe : cela ne doit pas arriver pour ces nouvelles révélations sur les Sannington – sous aucun prétexte.

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (01)

Publié le par Nébal

Illustration tirée de Stone Cold Dead.

Illustration tirée de Stone Cold Dead.

Un abonné m'a suggéré de mettre également en ligne sur la chaîne YouTube du blog les enregistrements des séances ; alors essayons... Attention, c'est du brut : audio pur via TeamSpeak, pas le moindre montage... Par ailleurs, c'est très mou au départ, et le fond musical ne ressort pas initialement, mais je crois que ça s'améliore au fil des parties. Voici donc l'enregistrement de la première séance.

Bon, je vais tenter le truc… Mais les conditions de cette nouvelle partie, à raison d’une séance hebdomadaire, m’empêchent de faire des comptes rendus aussi détaillés que ceux que j’ai publiés jusqu’à présent sur ce blog, pour Imperium, 6 Voyages en Extrême-Orient et L’Appel de Cthulhu. Je vais donc essayer de faire plus court – ce qui ne serait pas plus mal, hein ?

 

Et donc, Deadlands Reloaded. J’ai intitulé la « campagne » (je mets des guillemets, car je ne sais pas encore exactement jusqu’où nous irons, ce sera fonction des désirs de chacun) The Great Northwest, en référence au Trail Guide du même titre, que l’on trouve dans Trail Guides, Volume 1. Cependant, le début empruntera essentiellement à la campagne Stone Cold Dead, mais seulement à ses premiers temps ainsi qu’au « bac à sable » autour de Crimson Bay. Et je vais pas mal retoucher tout ça, en y incluant probablement des éléments de Coffin Rock, par exemple, et d’autres choses encore – en attendant, le cas échéant, de me lancer dans le « Mini-Plot Point » de The Great Northwest, intitulé « The Winter War ».

 

La partie commence donc à Crimson Bay, Oregon, État faisant partie du « Great Northwest » (et de l’Union), mais la ville portuaire de Gamblin’ Joe Wallace se trouve au sud de ce territoire, à la lisière de la Californie, ou de ce qu’il en reste depuis le grand tremblement de terre. Les hivers n’y sont donc pas aussi rigoureux que davantage au nord. De toute façon, j’ai situé le point de départ du scénario en automne – et plus précisément en automne 1880, dans l’optique de The Great Northwest et contre celle de Stone Cold Dead. Cela implique un changement notable par rapport à la campagne de création française : la guerre de Sécession a « pris fin », même s’il serait plus exact de parler d’interruption – un cessez-le-feu a été conclu entre l’Union et la Confédération, mais les tensions sont toujours vives, et le massacre pourrait reprendre du jour au lendemain. Ce cadre temporel différent a son importance concernant Crimson Bay, dans la mesure où la fortune de la ville repose sur l’usine de munitions de Gamblin’ Joe Wallace : pour le maire, ce cessez-le-feu est une très mauvaise nouvelle, qui affecte lourdement son carnet de commandes (l’Union étant son principal client). D’où ses tentatives pour trouver d’autres sources de richesse et assurer la pérennité de sa ville – que ce soit via le grand tournoi de poker qu’il organise dès le début de la partie à fins promotionnelles, ou en réfléchissant à la place de Crimson Bay dans les grands réseaux ferrés, autant dire dans la guerre opposant les Barons du Rail

 

LE GANG

 

Les PJ ont été créés par les joueurs en séance collective (via Roll20 et TeamSpeak, nous jouons en virtuel). Je vais me contenter d’un résumé très lapidaire – le cas échéant, je verrai ultérieurement s’il faudra en dire davantage.

 

Beatrice « Tricksy » Myers est une huckster. Elle a été élevée par ses parents musiciens dans un bordel, avec Danny et Rafaela, sans être elle-même prostituée. Toutefois, il y a quelques années de cela, elle a connu un terrible traumatisme en Oklahoma, suite à une attaque du Coyote qui l’avait contrainte à se retrouver enfermée dans un fort où l’on a abusé d’elle. Cette dramatique expérience lui a en même temps révélé tout son potentiel magique. Mais elle en est aussi ressortie un peu fêlée : elle est convaincue que les Barons du Rail implantent des sortes de « puces », comme elle les appelle, dans la tête des gens, pour les contrôler…

 

Danny, ou « La Chope », a un profil de bagarreur. Lui aussi a été élevé dans le même bordel que Beatrice et Rafaela, et sa stature en fait un videur de choix. Depuis, toutefois, ce brave homme a beaucoup bourlingué, cherchant du travail au petit bonheur la chance un peu partout dans l’Ouest étrange ; homme à tout faire, il a tout fait. Mais il est aussi porté sur la boisson, et totalement illettré. En début de partie, il est séparé des autres PJ.

 

Nicholas D. Wolfhound, « Trinité », ne passe pas inaperçu, dans son costume de prêtre rapiécé – surtout parce qu’il traîne toujours derrière lui une grande et lourde croix, Christina… dans laquelle il dissimule ses armes, avec lesquelles il entretient une relation fusionnelle – le Père, le Fils, et le Saint-Esprit ! Car Nicholas, s’il cite, plus ou moins bien, la Bible en permanence, n’est pas le pasteur qu’il prétend, mais un redoutable pistolero. Ses motivations sont mystérieuses – mais il a bien une Némésis, une sorte de chaman indien aux pouvoirs terrifiants : un jour où l’autre, il faudra bien qu’un des deux tue l’autre.

 

Rafaela Venegas de la Tore est une élue… mais depuis assez peu de temps. Elle a été élevée dans le même bordel que Beatrice et Danny, mais sa mère, une prostituée, a tout fait pour qu’elle ne connaisse pas le même sort – quitte à user d’une ruse déconcertante, en faisant passer sa fille pour un garçon. « Rafie », plus tard, a été engagée en tant que « valet » au service des Woodington, et plus particulièrement de Warren, qui avait grand besoin de ce qu’on s’occupe de lui, tâche à laquelle elle s’est attelée avec une maniaquerie caractéristique. Les deux ont finalement noué des liens particuliers… mais surtout après qu’une expérience du jeune savant (Rafie l’assistant également dans ce domaine) a mal tourné : la jeune femme n’a plus jamais été la même depuis l’explosion – elle a désormais des visions de la Vierge de Guadalupe, qui guide ses pas, la conduisant là où ses Miracles sont requis. Warren s’est attaché à ses pas, rongé par la culpabilité – pour lui, ces « visions » résultent d’un traumatisme lié à l’explosion… Pourtant, Rafie est véritablement une élue – pour qui le combat n’est jamais une solution.

 

Warren Woodington a un profil de savant fou. Issu d’une bonne famille de l’Est, le jeune homme n’est guère pragmatique, ni très à l’aise en société – l’assistance de Rafie était doublement bienvenue à cet égard. Mais c’est un scientifique brillant – et totalement irresponsable. Ses expériences autour de la roche fantôme, dans bien des champs différents, ont suscité des résultats divers, parfois très enthousiasmants – et au moins une grosse explosion, dont Rafie et lui-même ne sont sortis vivants que… par miracle ? Mais, si l’élue y a acquis la confiance de la Vierge de Guadalupe, Warren, lui, a depuis une relation étrange avec les deux bras mécaniques de son harnais dorsal, qu’il appelle Roselyne et Hippolyte ; il leur parle… et, des fois, il a l’impression qu’ils prennent des initiatives d’eux-mêmes !

 

Allez, c’est parti…

 

I : L’ARRIVÉE À CRIMSON BAY

 

[I-1 : Rafaela, Beatrice : Gamblin’ Joe Wallace] Au fil de leurs pérégrinations, les PJ ont tous entendu parler de la ville de Crimson Bay – pour des raisons éventuellement variées, c’est l’endroit dont on parle. Partout. Il ne fallait plus grand-chose, dès lors, pour les inciter à s’y rendre – une vision de Rafie, indiquant qu’il y avait là-bas quelque chose de très, très louche à prendre en compte, sans plus de précisions (elle a déjà eu ce genre de visions, qui se sont toujours avérées fondées par le passé), ou le désir de Beatrice de se renflouer à l’occasion du grand tournoi de poker organisé par le maire de la ville, Gamblin’ Joe Wallace, avec une récompense hors du commun (même si elle n’a même pas de quoi s’inscrire !), ont achevé de les convaincre qu’il fallait s’y rendre.

 

[I-2 : Rafaela, Warren, Nicholas, Beatrice : Danny] Le voyage prend du temps, mais le groupe (hors Danny, qui n’est pas encore entré en scène), habitué à ce genre de périples parfois très longs, dispose d’une sorte de petite diligence, très simple, que Rafie conduit, et qui abrite Warren et Nicholas (lequel se considère endetté à l’égard du savant fou et de l’élue) ; Beatrice a son propre cheval (ainsi que Danny de son côté).

 

[I-3 : Warren] À l’approche de la ville, le tableau que leurs interlocuteurs avaient fait aux personnages se confirme en tous points. La ville est relativement petite (entre 700 et 1000 habitants à vue de nez), et visiblement très récente, la ville-champignon typique, mais remarquablement active et très bien équipée. L’usine de munitions, à l’extérieur de la ville, au nord, attire l’attention de Warren, qui remarque aussi qu’une autre fumée s’élève cette fois de la ville même, vers le nord-est, évoquant une autre usine de bonne taille. Les rues – ou en tout cas la rue principale – sont bondées, avec un trafic important de piétons, de cavaliers et de véhicules, tout particulièrement ceux qui font la navette entre l’usine de munitions, la gare et le port, un peu excentré à l’ouest.

 

[I-4 : Rafaela : Tom Jenkins ; Gamblin’ Joe Wallace, les Jansen] Il leur faut s’installer, avant toute chose – même si Beatrice, au fait de la réputation de « paternalisme » de Gamblin’ Joe Wallace, qui aime rencontrer en personne les nouveaux venus dans sa ville, a hâte d’aller à sa rencontre, ce qu’il lui faudra de toute façon faire pour s’inscrire au tournoi de poker, qui doit débuter dans une dizaine de jours. Les personnages suivent les indications des passants, et se rendent à l’atelier (conséquent) du maréchal-ferrant Tom Jenkins, pour y laisser diligence et chevaux en de bonnes mains. Un gamin qui fait office d’apprenti renseigne les PJ sur les possibilités de logement – mais en recommandant tout particulièrement (il y a de toute évidence un intérêt…) le Washington, l’hôtel des Jansen, juste à côté de l’atelier ; le Gold Digger, où aura lieu le tournoi de poker, est également envisageable, mais bien plus cher, et la pension n’intègre pas les repas. Rafie se décide donc (et les autres avec : c’est elle qui gère ce genre de choses) pour le Washington.

II : RETROUVAILLES AU WASHINGTON

 

[II-1 : Beatrice, Rafaela, Danny] Une grosse surprise en pénétrant dans l’hôtel : parmi les clients engloutissant leur déjeuner dans la salle de restaurant, Beatrice et Rafie repèrent un homme… qui ressemble beaucoup à leur copain d’enfance Danny ! Sans vraie certitude cependant – et, toujours très sérieuse, Rafie entend d’abord s’occuper de la réservation des chambres : les éventuelles retrouvailles, ce sera pour plus tard.

 

[II-2 : Danny : Russell Drent] Il s’agit bien de Danny – qui, quant à lui, n’a pas encore fait attention à elles. Il a été attiré en ville par les opportunités de travail, dont une auprès du shérif Russell Drent, il a un entretien de prévu dans l’après-midi ; cela fait quelques jours qu’il est arrivé en ville, où il a déjà tâté le terrain en prenant quelques solides cuites au passage – il avait mis un petit pécule de côté, qu’il entame progressivement, avec une certaine insouciance ; en fait, il est plus en fonds que les autres…

 

[II-3 : Rafaela : Mr Jansen, Danny] Rafie s’occupe donc des chambres – subissant le baratin commercial de Mr Jansen, qui loue notamment la cuisine de son épouse. Rafie essaye cependant de négocier le prix de leur séjour, et l’hôtelier se crispe aussitôt, davantage suspicieux – d’autant qu’il fait davantage attention à ses clients potentiels... et à leur allure parfois bien étrange. Mais Rafaela ne fait pas de manières, réserve trois chambres pour la semaine en pension complète, et paye un acompte conséquent (Danny avait déjà sa chambre en pension complète).

 

[II-4 : Warren : Mr Jansen ; Mr Fong] Warren en profite pour demander à Mr Jansen à quoi correspond cette fumée d’usine qu’il a aperçue en arrivant : ce sont les Chinois ! Non, non, pas une fumerie d’opium, quand même – même s’il y en a… C’est la blanchisserie de Mr Fong – qui, oui, tourne comme une usine, à toute heure du jour ou de la nuit ; faut dire, elle s’occupe des effets de tout le personnel de l’usine de munitions… Mais bon : mieux vaut ne pas traîner par là-bas… C’est chez les Chinois…

 

[II-5 : Beatrice, Rafaela, Danny, Warren, Nicholas] Mais c’est donc l’heure des retrouvailles entre Beatrice, Rafaela et Danny. C’est Beatrice qui prend l’initiative – en payant d’office une bière à son vieux compagnon, tout éberlué, et qui ne reconnaît d’abord pas sa vieille amie. Mais ça lui revient, et il est ravi ! Et expansif : ses démonstrations de joie attirent les regards interloqués des clients du restaurant… Ils échangent leurs souvenirs – avec une certaine pudeur pour les moments les plus dramatiques. Rafie les rejoint à son tour (elle est très heureuse elle aussi), ainsi que Warren et NicholasBeatrice fait les présentations (et Warren, d’abord sceptique au regard de la mise de Danny, se souviendra très longtemps de la poignée de main virile du bagarreur…).

 

[II-6 : Danny, Beatrice : Mr Jansen ; Tom Jenkins] En quête de travail (Danny a toutefois parlé aux autres de son entretien avec le shérif un peu plus tard), Beatrice, qui avait déjà proposé ses services à Tom Jenkins (sans vrai résultat), offre à Mr Jansen de travailler comme serveuse au Washington – mais l’aubergiste a l’air un peu sceptique (voire sarcastique…) quant à ses qualifications ; mais peut-être, il va en parler à sa femme…

 

[II-7 : Warren, Danny, Nicholas : Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent] Warren s’est posé des questions du même ordre : peut-être pourrait-il offrir ses services d’ingénieur à Gamblin’ Joe Wallace, pour son usine de munitions ? Wallace sera présent lors de l’entretien de Danny avec le shérif Russell Drent, visiblement en quête d’adjoints, au moins à titre temporaire ; que Warren l’accompagne, il en profitera ! Nicholas va se joindre à eux – tout le monde, en fait…

 

[II-8 : Rafaela] Quant à Rafaela, elle songe à faire le tour des barbiers de la ville, elle se débrouille très bien avec des ciseaux…

 

 

 

[II-9 : Danny, Nicholas : Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace] Mais tous se rendront au Gold Digger pour voir Drent et Wallace ; Danny et Nicholas, dont ce n’est pas forcément dans les habitudes, prennent soin de leur personne, en profitant d’un bon bain et en rectifiant leur mise, avant de se rendre à l’entretien d’embauche, qui sera tout autant la rencontre avec le maire de la ville, lequel apprécie notoirement de pouvoir appeler par leur nom tous ses concitoyens.

 

III : ENTRETIEN D’EMBAUCHE AU GOLD DIGGER

 

[III-1 : Nicholas, Danny] Le Washington est un établissement tout ce qu’il y a de respectable, mais le Gold Digger s’affiche clairement comme constituant la classe au-dessus. Sa luxueuse devanture noire ornée de dorures, à l’anglaise, est pour le moins surprenante, dans une ville pareille. Alors que les PJ sont sur le point de pénétrer à l’intérieur, trois hommes costauds sortent assez précipitamment et l’air mal à l’aise ; ils se dévisagent en chuchotant, et Nicholas comprend leurs paroles : « Pas question de bosser pour ces trois tarés… » Ils ne s’attardent pas. Nicholas, suspicieux, transmet à Rafie, qui transmet à Danny : le job a l’air louche…

 

[III-2 : Nicholas, Danny : Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace] Quand les PJ rentrent dans le saloon, le silence se fait ; il y a foule, et on les dévisage – surtout Nicholas avec sa croix. Mais le regard des PJ est attiré, surtout, par une première table, tout prêt, avec trois chaises de libres : en face, assis, Danny reconnaît le shérif Russell Drent, ainsi que Gamblin’ Joe Wallace, qui reste quant à lui debout, un peu en arrière. À une autre table un peu plus à l’écart sont assis trois hommes de forte carrure… et plus hideux les uns que les autres – en d’autres circonstances, on parlerait d’un air de famille, mais d’une famille lourdement consanguine…

 

[III-3 : Danny, Warren : Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace ; Darius Hellstromme] L’activité reprend bientôt. Danny s’approche de Drent et Wallace, les salue, et prend place devant eux – Wallace l’appelle par son prénom. Il s’enquiert de ses compagnons, leur souhaitant la bienvenue, tout en faisant (comme tout le monde à Crimson Bay) l’éloge de sa ville. Warren identifie aussitôt en lui un homme de la côte Est, mais qui a su s’adapter à l’Ouest ; sans absolument rien de snob, il a quelque chose d’un self-made-man, franc du collier et autoritaire, ouvert aux autres cependant (mais sans doute sévère, s’il a un abord souriant). Cela met le savant fou en confiance, qui se présente comme un ingénieur. La conversation enjouée de Wallace s’adapte aussitôt à son interlocuteur – l’usine, les machines, le réseau ferré… Warren est enchanté ! Qui tend aussitôt son diplôme d’ingénieur au maire. Celui-ci y jette un œil – mais quand la conversation dérive sur les emplois de la roche fantôme, Wallace se montre plus réservé ; il se méfie des Hellstromme et compagnie… mais il n’ira pas contre la marche du progrès ! Cependant, la prospection n'a (pour l'heure ?) rien donné dans la région de Crimson Bay...

 

[III-4 : Nicholas, Rafaela, Beatrice : Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent] Mais Wallace ne peut pas consacrer beaucoup de temps à chacun, il passe à Nicholas, puis Rafie (il semble hésiter à dire « Monsieur » ou « Madame »…), enfin à Beatrice – qu’il détaille, un peu hésitant. Elle prend les devants, et parle aussitôt du tournoi de poker. Drent, jusqu’alors mutique, prend à son tour la parole : « Vous êtes une joueuse professionnelle ? » Il appuie visiblement sur le terme, et la fixe d’une manière assez désagréable…

 

[III-5 : Danny, Rafaela : Russell Drent, les cousins Sannington, Gamblin’ Joe Wallace] Danny s’est assis – d’autres sont-ils intéressés pour ce travail d’adjoint ? Il y a deux autres places… Rafie s’assied à son tour. Les autres se rendent à une table à côté. Drent explique le boulot : le tournoi va attirer beaucoup de monde ; la ville est sûre, et il a déjà des adjoints en nombre, mais il lui faut prendre les devants, car il y a beaucoup de choses à protéger à Crimson Bay. Il offre aux PJ de s’occuper d’une petite affaire qui l’ennuie, mais pour laquelle il ne peut pas se permettre de détacher des effectifs « officiels ». S’ils s’en tirent bien, ils pourront être faits adjoints, au moins le temps du tournoi, éventuellement au-delà si ça leur dit. L’affaire porte sur les cousins Sannington (les trois hommes répugnants, qu’il désigne d’un bref mouvement de la tête) ; des types bizarres… mais importants : ils tiennent le seul grand ranch des environs, et du coup assurent presque à eux seuls l’approvisionnement en viande de Crimson Bay – sinon, il faut passer par la gare ou le port, c’est de suite autre chose… Or ils ont un problème : trois de leurs bêtes sont mortes, dans des circonstances un peu étranges – il s’agit donc d’identifier la raison de ces pertes, et d’y mettre un terme. Wallace intervient : un des intérêts de sa ville, c’est que l’on ne s’attarde pas outre-mesure sur le… passé... des résidents ; à Crimson Bay, tout recommence ! Puis il se retire en arrière à nouveau. La paye est bonne – mais fonction de comment l’affaire sera réglée ; ceci outre la possibilité de devenir adjoints. Danny et Rafie (qui se demande s’il n’y a pas là un lien avec sa vision) acceptent le job. Il est un peu tard, Drent leur suggère de se rendre à la ferme des Sannington le lendemain matin.

 

[III-6 : Rafaela : les cousins Sannington] Rafie seule se rend à la table des cousins Sannington, se présente, et explique le contrat conclu avec le shérif. Ils se consultent, puis : que les enquêteurs se rendent chez eux vers 10 h – après, ils ont des trucs à faire en ville. Leur ferme se situe à l’est – ils la trouveront facilement ; en fait, ils sont sans doute passé non loin en arrivant à Crimson Bay.

 

[III-7 : Danny, Warren, Beatrice, Nicholas] Danny explique aux autres PJ l’affaire ; Warren, même si c’est à titre officieux, offre de les accompagner – Beatrice et Nicholas font de même. Danny leur fait remarquer, perplexe, qu’ils ne seront du coup pas payés, mais bon…

 

 

 

IV : AU SERVICE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST

 

[IV-1 : Rafaela, Nicholas : Gamblin’ Joe Wallace, Denis O’Hara] Rafie et Nicholas considèrent de leur devoir de rendre au plus tôt une petite visite à l’église de Crimson Bay – très récente, et construite à l’initiative de Gamblin’ Joe Wallace, qui considérait qu’il était bien temps que sa ville dispose d’un lieu de culte. Son desservant est le père Denis O’Hara, visiblement très apprécié de ses ouailles – un Irlandais expansif et passablement rougeaud, d’un naturel joyeux et qui ne dit jamais non à un petit verre.

 

[IV-2 : Nicholas : Denis O’Hara ; Gamblin’ Joe Wallace] Des enfants jouent dans un petit parc devant l’église, surveillés par leurs mères qui échangent en même temps des potins. À l’intérieur, la décoration est sobre mais de bon goût. Le père Denis O’Hara les accueille avec un grand sourire – et l’air déjà un peu imbibé. Il accueille ses nouveaux paroissiens avec enthousiasme – donnant de vigoureuses tapes amicales dans le dos de Nicholas. Blagueur, le prêtre demande à ce dernier s’il compte lui prendre « son job », mais ce n’est pas le cas ; toutefois, les deux se livrent à une petite joute de citations bibliques, authentiques, pointues même parfois, mais plus ou moins à propos… Nicholas a tout de même un abord plus sévère : le père O’Hara condamne assurément le péché, mais avec davantage de bonhomie et d’empathie. Il ne cesse de louer par ailleurs le maire Wallace, c’est grâce à lui qu’il y a cette église : « "Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu." Mais ce bon Wallace, c’est ce riche-là ! »

 

[IV-3 : Rafaela : Denis O’Hara ; les cousins Sannington] Sa conversation avec « Rafael » est plus décontractée. Elle évoque les cousins Sannington – le père O’Hara relevant qu’ils ne viennent pas très souvent à ses services, ceux-là… Mais, non, ce n’est pas très charitable de sa part : ce sont surtout des gens qui n’ont pas de chance, au fond… Il ne sait rien de l’affaire concernant leur bétail.

 

[IV-4 : Rafaela, Nicholas ; Denis O’Hara] Rafie s’éloigne alors pour prier. Le père Denis O’Hara comptait aller boire un verre au Gold Digger : « Je suis prêtre, mais je suis aussi irlandais ! » Si le père Nicholas veut l’y accompagner… Ce n’est pas le cas ; plus tard, peut-être. Sinon, eh bien, la maison de Dieu est toujours ouverte à Ses fidèles… Mais avant de se retirer, le père O’Hara ne manque pas de remarquer la croix de Nicholas – lequel s’explique (en l’empêchant d’y toucher) : « Matthieu 10:38 : "Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n'est pas digne de moi." » Le pasteur de Crimson Bay n’insiste pas : « Je ne vais pas vous accuser d’idolâtrie, on vient à peine de se rencontrer ! » Sur un nouvel éclat de rire et une nouvelle grande tape dans le dos de son « collègue », il quitte l’église, prenant la direction du Gold Digger.

 

[IV-5 : Rafaela, Nicholas : Denis O’Hara] Rafie et Nicholas, laissés seuls dans l’église, échangent leurs impressions : le père O’Hara est peut-être un peu trop dévot concernant le vin de messe… mais il a l’air d’un homme bon ; les enfants qui jouent devant l’église incitent Nicholas à lui accorder la confiance que mérite un bon prêtre. Tous deux prient avec application – pour leurs amis, la ville, le prêtre et son goût pour la boisson.

V : À L’ENSEIGNE DE LA PISSE D’OURS

 

[V-1 : Danny, Beatrice, Warren : Jeff Liston] Pendant ce temps, Danny, qui avait une petite soif, s’est rendu au Red Bear, un bouge davantage dans ses moyens que le Gold Digger, et y a traîné Beatrice et Warren (qui avait un peu lourdement réquisitionné du temps de Wallace, lequel a fini par lui dire d’aller faire un saut à l’usine un de ces jours ; il y est le matin, l’après-midi il gère ses affaires en ville). Le scientifique pied-tendre détonne particulièrement dans cet environnement : mauvaise bière à foison, odeurs qui traînent lourdement, parties de poker nerveuses et qui pourraient dégénérer pour un rien, grands éclats de voix et menaces « pour rire »… ou très sérieuses, coups de poing qui volent sans toujours prêter davantage à conséquence (mais faut voir…), ce genre de choses. Danny apprécie tout particulièrement, c’est son monde, quant à Warren il est venu par curiosité. Beatrice obtient que le patron, Jeff Liston, une montagne, à l’évidence un trappeur (le nom du saloon est éloquent, les nombreux massacres d’ours accrochés aux murs borgnes aussi), lui serve une bière drastiquement coupée à l’eau – une « version fillette »... qui suffira pourtant à le rendre « joyeux » !

 

[V-2 : Beatrice] Beatrice jette un œil aux parties de poker de la table à côté. Quand un joueur est finalement séché, sous les rires gras de ses compères, la huckster offre de prendre sa place – la tricheuse n’en fait pas trop, juste de quoi se renflouer un peu sans trop exciter la suspicion et la colère des autres joueurs ; qu’elle soit une femme n’est probablement pas sans incidence sur leur « calme » relatif – avec un autre, les coups auraient pu voler après quelques mises…

 

[V-3 : Warren, Danny, Beatrice : Rafaela] Warren et Danny font connaissance autour de leurs verres – échangeant leurs souvenirs et impressions, Rafaela constituant un bon prétexte, mais la conversation va bientôt au-delà (« Vraiment, Monsieur Danny ! Votre idée est excellente, de boire de la roche fantôme ! Il faudra nous livrer à cette expérience ! ») ; de temps à autre, Beatrice, depuis la table à côté, glisse un mot dans leur conversation – dont quelques remarques qui mettent les autres joueurs de poker un peu mal à l’aise, sur « les puces qui déconnent dans le cerveau des gens, et qui les font déconner »… Ce qui expliquerait le comportement « religieux » de Rafie ! Danny est vite largué par les délires des deux autres…

 

[V-4 : Warren, Danny, Beatrice : Jeff Liston] D’autant plus quand Warren lui présente Roselyne et Hippolyte (Danny croyait d’abord que Warren désignait ainsi ses parents). Quand le savant fou libère les bras mécaniques de son harnais, on le regarde très bizarrement dans tout le bouge – Liston ne le quitte dès lors plus de l’œil… Mais Beatrice calme le jeu : ce ne sont que des outils, rien à craindre. « Ce n’est qu’un cyclo-désassembleur d’intégrité structurelle », ajoute Warren pour rassurer tout le monde – ce qui ne rassure personne. Il est décidément très joyeux…

 

[V-5 : Danny : Shane Aterton, Jeff Liston] Entre alors dans le bar un type qui attire à nouveau sur lui tous les regards : c’est Shane Aterton, un adjoint du shérif, accompagné de deux subalternes ; Danny ne le sent pas depuis la première fois qu’il l’a vu… Aterton, avec son sourire de cheval caractéristique, salue Jeff Liston, qui n’a pas exactement l’air enchanté de le voir dans son saloon, mais le traite comme le client qu’il est. Les trois hommes s’installent à une table, en en faisant dégager le précédent occupant, complètement bourré et ensommeillé, qu’ils balancent dans la rue.

 

[V-6 : Warren, Danny : Shane Aterton] Warren a de toute façon d’autres préoccupations : il propose à Danny de faire un bras de fer avec Roselyne ! Le bagarreur croyait d’abord que « le moustique » se proposait lui-même pour un bras de fer, ce qui l’a fait exploser de rire. Sa machine, alors ? Mais il va le casser, son joujou ! Warren en doute : il est en acier fantôme… mais cela, personne en dehors de lui ne le sait, et il le garde pour lui. Sauf que Danny, qui a une sacrée expérience en la matière, prend Roselyne de vitesse et l’emporte en une seconde ! Le bagarreur est hilare, et Warren stupéfait… Pas de dégâts, cependant. L’assistance, incluant Aterton, n’a pas bien compris ce qui s’est passé…

 

[V-7 : Nicholas, Rafaela] Nicholas et Rafie les rejoignent – le premier attirant comme toujours l’attention ; mais, finalement, dans un endroit pareil, la robe de prêtre détonne sans doute, mais les gens sont venus pour boire, jouer et se battre – le reste, c’est pas leurs oignons. Mais les nouveaux venus sermonnent les buveurs – ils ont à faire le lendemain, il est bien temps de rentrer au Washington

 

[V-8 : Danny, Warren, Rafaela] Danny encaisse l’alcool, bien sûr ; mais pas Warren, même sa bière coupée… Il tangue dans les rues – et s’effondre bientôt pour vomir tout son saoul. Après quoi ils vont tous se coucher (Rafaela prenant tout de même le temps de rattraper la tenue de Warren).

 

VI : ENQUÊTE AU RANCH DES COUSINS SANNINGTON

 

[VI-1 : Nicholas : les cousins Sannington] Le lendemain, à l’heure prévue, et après s’être soigneusement préparé, les PJ se rendent au ranch des cousins Sannington, à quelques miles à l’est de la ville. La région est assez vallonnée, avec de nombreux bosquets – pas encore les grandes forêts typiques du Grand Nord-Ouest, mais c’est tout de même assez boisé. Un grillage sommaire entoure la propriété. Nicholas, en chemin, évalue le passage sur cette route : pas grand-chose à noter, simplement des traces de roues, toujours les mêmes. Au cœur du ranch, la maison des cousins Sannington ne paye pas de mine – elle paraît même petite, en comparaison avec l’immense grange, même très mal entretenue, qui se trouve à côté. Une charrette est prête à partir, dans la cour devant le logis – en mauvais état elle aussi, visiblement celle des cousins Sannington eux-mêmes, qui ont donc à faire en ville : elle correspond aux traces relevées par Nicholas. Personne ne sort pour les accueillir.

 

[VI-2 : Rafaela, Danny : les cousins Sannington] Rafie descend de la diligence, suivie par Danny, et va toquer à la porte de la ferme des cousins Sannington. L’un d’entre eux leur ouvre – impossible de dire lequel. Il explique, un peu laborieusement, que les cadavres des trois bêtes sont dans la grange, tout au fond. Ils doivent se rendre à Crimson Bay – que les PJ règlent le problème en leur absence. « Chuck, Bobby, on y va ! » Les deux autres suivent le premier (impossible de les différencier), ils montent tous à bord de leur charrette (sans chargement notable), et s’en vont sans un mot de plus – Rafie a à peine le temps de leur demander où ils ont trouvé les carcasses ; on lui donne des indications plus ou moins précises, dans les pâturages – ce sont trois endroits différents.

 

[VI-3 : Danny, Nicholas, Rafaela, Beatrice : les cousins Sannington] Danny s’est déjà dirigé vers la grange : pas besoin de voir les cadavres à l’intérieur, ça empeste. Warren n’a pas l’estomac assez solide pour affronter l’odeur, il préfère rester à l’extérieur. La grange est dans un état déplorable – les cousins Sannington sont censés y abriter leurs bêtes, par temps de pluie par exemple, mais ça n’est sans doute pas très efficace. Nicholas s’étonne en passant du peu de matériel qui y est entreposé – notamment au regard de la question de l’abattage des bêtes, puisque les Sannington sont supposés approvisionner Crimson Bay en viande : rien de la sorte ici ; ce qui intrigue également Rafie. Nicholas relève aussi que certains box, vides, sont visiblement destinés à accueillir des chevaux, ainsi qu’en témoignent les empreintes de fer, mais au nombre de cinq ou six – or la charrette des Sannington est un attelage à deux chevaux seulement.

 

[VI-4 : Nicholas, Beatrice] Il n’y a pas de bêtes (vivantes) à l’intérieur, mais il y a bien trois carcasses – récentes, mais ça pue quand même la charogne. Nicholas examine les dépouilles, sans spécialement les manipuler. Les trois bêtes ont toutes un grand trou, de la taille d’un poing, au niveau du ventre. Beatrice touche une des bêtes – faisant appel à son Pouvoir de Pressentiment. Elle n’en obtient qu’une vision presque abstraite, d’une vache isolée, qui commence à tanguer – puis une grande explosion se produit au niveau de son ventre – c’est clairement quelque chose qui sort de l’intérieur du corps ; Tricksy l’explique à ses camarades, et Nicholas est en mesure de le confirmer.

 

[VI-5 : Rafaela] Rafie sort de la grange, en quête d’une bête vivante. Elle veut faire appel à un Miracle d’Ami des bêtes – c’est plutôt destiné à contrôler les animaux, pas à « parler » avec eux, mais Rafie obtient tout de même, en étudiant les réactions de la vache, une direction approximative où elle refuse instinctivement de se rendre, du côté d’un bosquet situé au sud de la propriété. Elle le signale aux autres, et ils partent ensemble dans cette direction.

 

[VI-6 : Danny, Beatrice, Rafaela : les cousins Sannington] Danny, déjà étonné par ce que venait de faire Beatrice, ne comprend absolument rien à ce qu’a fait son autre vieille copine Rafaela… Elles ont changé... Mais il a relevé quelque chose qui a échappé aux autres – en raison de son expérience passée de cow-boy : les bêtes des Sannington portent des marques différentes… Tout indique que ce bétail, au moins en partie, a été volé.

 

À suivre…

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CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

Publié le par Nébal

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

Septième séance du scénario pour L’Appel de Cthulhu intitulé « Au-delà des limites », issu du supplément Les Secrets de San Francisco.

 

Vous trouverez les éléments préparatoires (contexte et PJ) ici, et la première séance . La précédente séance se trouve quant à elle .

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient donc Bobby Traven, le détective privé ; Eunice Bessler, l’actrice ; Gordon Gore, le dilettante ; Trevor Pierce, le journaliste d’investigation ; Veronica Sutton, la psychiatre ; et Zeng Ju, le domestique.

 

Une note concernant les règles : avant cette séance, je suivais les prescriptions du scénario (V6) et diminuais progressivement les scores liés à la perception des personnages affectés par la Noire Démence. Un système un peu lourd, pas très pratique à gérer sur le vif – a fortiori quand se pose la question de la perception différente de deux mondes… De simples malus fluctuants auraient pu y remédier, mais la V7 offre une solution beaucoup plus simple pour gérer tout cela, avec ses jets à -1 et -2 selon les circonstances ; ça me paraît convenir davantage, à tous points de vue, et c’est donc désormais cette méthode que j’emploie.

 

Toujours à propos de la Noire Démence : le joueur incarnant Bobby Traven ayant été absent à plusieurs reprises dans les dernières séances, il m’a paru plus simple et cohérent de considérer le détective privé comme ayant été contaminé lui aussi, ce qui permet d’expliquer autrement ses « absences » – de toute façon, aux dés, ça avait été très limite le concernant...

I : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 10 H – AMERICAN UNION BANK, 105 MONTGOMERY STREET, FINANCIAL DISTRICT, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[I-1 : Gordon Gore, Zeng Ju : Veronica Sutton, Trevor Pierce, Harold Colbert, Daniel Fairbanks, Timothy Whitman, Clarisse Whitman, Bridget Reece, Lucy Farnsworth] Gordon Gore et Zeng Ju avaient fait un bout de chemin avec Veronica Sutton et Trevor Pierce, lesquels se rendaient à l’Embarcadero pour y retrouver Harold Colbert et se rendre ensemble à la Collection Zebulon Pharr ; Gordon et son domestique, eux, devaient se rendre à l’American Union Bank, dans Financial District, pour remettre à Daniel Fairbanks, le secrétaire de Timothy Whitman, les documents compromettant concernant sa fille Clarisse ; après quoi le dilettante comptait faire de même concernant les autres victimes du chantage qu’ils avaient pu identifier – les parents de Bridget Reece et de Lucy Farnsworth. Gordon ne s’attarde pas auprès du secrétaire de Timothy Whitman : il fait ce qu’il a à faire, courtoisement, et quitte aussitôt les lieux.

 

[I-2 : Gordon Gore, Zeng Ju : Trevor Pierce] En effet, Gordon Gore a d’autres préoccupations en tête, bien plus pressantes – l’état de Zeng Ju, qui se dégrade à vue d’œil… À l’évidence, le domestique est de plus en plus affecté par la Noire Démence : l’aggravation de son état s’accélère – le trajet dans les rues de San Francisco suffit à en prendre conscience ; Zeng Ju vit presque totalement dans un autre monde, maintenant – ne percevant presque plus rien de celui-ci, ce qui rend son comportement très étrange. Communiquer est de plus en plus difficile, mais, à l’occasion, le dilettante parvient encore à capter l’attention de son domestique – l’enjoignant à lui parler, sans cesse, à lui dire ce qu’il voit. Zeng Ju ne prétend plus que tout va bien : il sait que ça ne rimerait plus à rien. Autour de lui, le monde se mue toujours un peu plus en une grisaille terne et floue, aux formes diluées dans une masse brumeuse de sphères en mouvement – une sensation très déconcertante, et tout aussi inquiétante… Tout semble se fondre dans ce décor morbidement indéterminé, y compris Gordon Gore lui-même : son interlocuteur n’est plus guère qu’une ombre indécise, dont les paroles sont atténuées, jusqu'à devenir presque inaudibles. Il n’y a qu’une seule exception : Zeng Ju confirme qu’il percevait Trevor Pierce tout à fait « normalement ». Mais, de manière générale, le si stoïque domestique ne cache pas être effrayé par ces phénomènes étranges, tout en assurant son employeur qu’il fera tout son possible pour l’aider, lui… Il ne veut pas être un poids pour le dilettante – qui l’assure qu’il ne le sera jamais. Le souci de Gordon n’est pas feint – mais il croit aussi que la perception altérée de Zeng Ju pourrait être mise à profit pour comprendre ce qu’il en est de cet « autre monde », et ainsi trouver comment ramener le domestique dans le « vrai monde » ; et il compte bien tout faire pour guérir son vieil ami.

 

[I-3 : Gordon Gore, Zeng Ju : Arnold Farnsworth, Lucy Farnsworth] Gordon Gore est donc très inquiet – et il expédie les visites aux Reece et aux Farnsworth, même s’il a confirmation, de la part d’Arnold Farnsworth, de ce que sa fille Lucy sera rapatriée dans la journée du Napa State Hospital. Bien loin de signifier la fin de l’enquête, ces remises en mains propres des documents compromettants s’apparentent pour le dilettante à de pénibles formalités au milieu de problèmes bien autrement pressants…

 

II : DU JEUDI 5 DANS L’APRÈS-MIDI AU VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929 DANS LA JOURNÉE – QUARTIERS DE MISSION DISTRICT ET DU TENDERLOIN, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[Je reprends ici les affaires avec Bobby Traven ; comme il a été absent à plusieurs reprises, et, en termes de jeu, que la Noire Démence l’a affecté très brutalement (avec un jet de SAN très sévère), son état se dégradant à très grande vitesse, j’ai considéré que le personnage était littéralement « dans le flou » quant à son emploi du temps la veille au moins (à vue de nez depuis son retour de Berkeley dans l’après-midi – son comportement à l’Université avait déjà déconcerté ses camarades Veronica Sutton et  même Trevor Pierce, pourtant lui aussi malade), ainsi que le jour même ; géographiquement, il en va plus ou moins de même, cependant le détective, qui connaît San Francisco comme sa poche, parvient encore suffisamment à se repérer pour se déplacer seul dans la ville – essentiellement ici dans les quartiers (populaires) de Mission District, où il réside, son appartement étant en même temps son agence, et du Tenderloin, où il a ses habitudes et où la présente enquête l’a conduit à plusieurs reprises. Au plan psychologique, par nature, Bobby est globalement dans le déni – mais pas au point de s’aveugler totalement, et il essaye, à sa manière plus ou moins avouée, de prendre les choses en main.]

 

[II-1 : Bobby Traven : « Fatty » George Hopkins] La bizarrerie de ce qui se produit autour de lui incite Bobby Traven, en réaction, à adopter un comportement « pratique »… et à se prémunir contre toute menace. Son arme ayant été confisquée par la police suite à l’altercation au Petit Prince, le détective fait jouer ses contacts dans le Tenderloin pour se procurer un nouvel automatique .45 ; trouver un revendeur ne lui pose pas de difficultés particulières, « Fatty » George Hopkins a ce qu’il lui faut, comme toujours, mais le détective n’est pas en état de négocier un bon prix – qu’importe : il a une arme.

 

[II-2 : Bobby Traven] Mais, surtout, Bobby Traven constate que le Tenderloin a l’air un peu plus « stable » à ses yeux que Mission District et tous les endroits qu’il a traversés, tant bien que mal, pour parvenir dans le quartier des « restaurants français ». Les soucis de perception demeurent, mais Bobby a l’impression de mieux percevoir… « certaines choses » – qui ressortent, du coup, sur le fond gris plus ou moins uniforme.

 

[Réussite extrême sur un jet d’Intelligence]

 

Et le détective comprend plus ou moins ce qui se produit : cette impression de relative « stabilité », ici, tient à ce qu’il se trouve dans ce quartier des « choses » (des bâtiments, des objets, des gens…) qui sont à la fois dans les deux mondes où il erre – car c'est bien ce qu'il fait, d'une certaine manière, même s'il ne saurait pas forcément trouver les mots pour le dire. Or, ceci, il ne l’a constaté nulle part ailleurs : c’est propre au Tenderloin. Son regard est ainsi attiré par quelque chose qu’il aurait trouvé très anecdotique en toutes autres circonstances : un vol de moineaux – les oiseaux se dessinent très clairement sur le fond grisâtre du ciel (lequel est à vrai dire à peine discernable du sol...). Mais, d’un seul coup, les moineaux « s’arrêtent »… et tombent brutalement par terre. Or la vision de Bobby fluctue : il voyait les oiseaux voler dans le vide, mais, au moment du choc, le détective a vu qu’il se trouvait en fait ici, dans le « vrai » San Francisco, un immeuble qui était invisible dans le monde « gris » ; les oiseaux se sont écrasés contre une façade qui se trouvait là mais qu’ils ne voyaient pas plus que lui, sinon par intermittences. Bobby cherche à repérer si d’autres que lui, sur place, ont vu ce phénomène, mais ça ne semble pas être le cas. Il approche de l’immeuble en question – qui « clignote », d’une certaine manière, entendre par-là qu’alternativement le détective le voit et ne le voit pas. Par contre, les cadavres des moineaux se détachent bien sur la masse grise informe qui constitue désormais l’essentiel du décor pour Bobby. Le détective, dès lors, remarque que d’autres éléments très discrets se détachent de la sorte – qu’il ne pouvait pas voir auparavant du fait de la distance : c’est le cas, par exemple, d’une petite flaque d’eau de pluie, mais aussi d’un morceau de tissu qui dépasse d’une poubelle – dont le contenu exact est indécis, il y a parfois bien plus, d’autres fois seulement cette pièce, probablement la manche d’une chemise déchirée. Ce n’est pas seulement visuel : Bobby peut toucher ces éléments qui ressortent ; il tente aussi de toucher la façade de l’immeuble intermittent, et la sent bien – mais à cet égard aussi la sensation est en fait variable, plus « molle », plus indécise : tantôt l’immeuble est bien là, tantôt c’est comme s’il n’y était plus totalement… Bobby s’approche alors de la poubelle, et s’empare (normalement) du morceau de tissu ; pour le reste, il sent qu’il y a, ou qu’il doit y avoir, autre chose, mais il ne peut pas saisir quoi que ce soit d’autre pour autant – ses diverses perceptions sont parfois contradictoires, elles ne « collent » pas.

 

[Nouvelle réussite extrême, cette fois sur un jet de Chance !]

 

Détaillant les environs, perplexe, le détective remarque qu’il y a plusieurs clochards par ici, et, chose singulière, ou plutôt un autre témoignage de ce que ses sens « fluctuent », ils sont le plus souvent très distincts, comme les autres éléments ressortant sur le décor uniforme de masses grisâtres et mobiles, mais ils sont parfois davantage « flous » – et c’est seulement dans ce dernier cas, paradoxalement, que le détective remarque qu’ils arborent tous les « taches d’ombre » associées à la Noire Démence ; ils perdent toute trace de cette infection quand ils redeviennent bien distincts – mais Bobby alterne toujours entre les deux visions, selon un rythme totalement aléatoire. Le détective est stupéfait par tout ce à quoi il assiste – mais il parvient pourtant à conserver un calme olympien. Il comprend qu’il y aura moyen de tirer parti de toutes ces expériences, à condition de bien en peser toutes les implications… Et, pour cela, il lui faut en parler à d’autres personnes, qui pourront peut-être envisager les choses d’une manière différente. Il est toujours dans le flou en ce qui concerne le temps qui s’est écoulé, mais il prend la direction du Manoir Gore, avec une certaine résolution…

 

III : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 11 H – MANOIR GORE, 109 CLAY STREET, NOB HILL, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[III-1 : Eunice Bessler : Gordon Gore, Jonathan Colbert] Pendant ce temps, Eunice Bessler est restée au manoir de son amant Gordon Gore, sur Nob Hill, pour y veiller sur Jonathan Colbert – leur « invité ». Eunice l’a trouvé assez coopératif et ouvert, finalement – elle ne se méfie pas spécialement de lui, mais suppose qu’ils ne peuvent pas se permettre de lui faire confiance à 100 %.

 

[III-2 : Eunice Bessler : Jonathan Colbert ; Gordon Gore] Jonathan Colbert s’est attardé dans son lit, et ne se lève que vers 11 h. Très décontracté, il s’offre un petit déjeuner copieux, sous la surveillance « amicale » de Eunice Bessler. Il la regarde avec un grand sourire un peu carnassier :

« Va me falloir te peindre, la p’tite… »

C’était convenu – l’actrice y était d’abord très hostile, mais s’est laissé convaincre au fur et à mesure que l’attitude du peintre se faisait plus conciliante :

« Très bien, M. Colbert. Mais habillée ! »

OK… Jonathan Colbert sait que Gordon Gore peint à ses heures, et demande à Eunice de lui montrer son matériel. Entendu :

« Mais ne touchez à rien ! »

Le peintre fait la moue :

« Il va falloir que je touche, si je dois peindre… »

Eunice n’est visiblement pas très à l’aise dans son rôle de « gardienne ». Le matériel de Gordon Gore est jugé d’une qualité « douteuse » par le jeune peintre – plus exactement, ça coûte cher, mais ce n’est pas forcément ce qui se fait de mieux, et il ne s’attendait à vrai dire pas à autre chose.

 

[III-3 : Eunice Bessler : Jonathan Colbert : Gordon Gore] Jonathan Colbert rassemble ce dont il a besoin, et se tourne vers son hôtesse et modèle :

« Habillée, donc. C’est un peu dommage… L’histoire de l’art compte bon nombre de nus admirables, bien assez pour qu’on ne s’en offusque pas. T’es vraiment du genre à faire dans la moraline, la p’tite ? »

Sans hésitation et avec de la voix :

« OUI. Oui, M. Colbert. »

Le peintre semble réfléchir un moment, puis [maladresse sur un jet de Chance de Eunice Bessler] :

« Ça y est ! Ah mais oui ! Ah, d’accord… C’était toi, hein, dans ce navet, là… Two-Guns Billy and the Lonely Girl of the Plains, c’est ça ? »

Oui : Eunice Bessler a bien joué dans ce très, très mauvais western à l’eau de rose…

« Oui. Et votre opinion, vous pouvez vous la mettre où je pense ! J’ai beaucoup aimé tourner ce film ! Et ce fut une expérience très enrichissante, croyez-moi !

– Ouais, effectivement, j’espère que t’as palpé un peu, parce que c’était vraiment de la merde… En même temps, dans ce film, t’étais vraiment pas farouche, hein… La p’tite…

– Vous apprendrez, M. Colbert, qu’il y a des choses que l’on peut faire devant une caméra que l’on ne ferait pas devant des inconnus.

– Oh, j’en doute pas, la p’tite. Et ça marche aussi avec les appareils photos, d’ailleurs. »

Eunice coupe court aux grivoiseries narquoises :

« Dites-moi plutôt où vous voulez me peindre. Dans le salon ? »

Jonathan Colbert ne sait pas, il ne connaît pas assez la maison… Puis :

« Quel endroit ferait particulièrement enrager M. Gore ? »

Eunice, cette fois, joue le jeu, avec un sourire de connivence : Gordon accorde une grande valeur à sa cave à vin… L’idée plaît bien au peintre : il pourra jouer avec l'éclairage… « et déboucher une bouteille ou deux ». Ils s’y rendent – Colbert félicite Eunice pour cette bonne idée :

« Je ne pensais pas que quelqu'un qui joue dans d’aussi mauvais films pourrait faire preuve de sensibilité artistique. »

 

[III-4 : Eunice Bessler : Jonathan Colbert ; Veronica Sutton] Ils s’installent – et le peintre change de ton tandis qu’il prépare son matériel.

« Eh bien… Eunice… Je peux t’appeler Eunice, hein ?

– Non. Mlle Bessler.

– Bon, Mlle Bessler… Je voulais simplement discuter de choses un peu plus sérieuses… »

Le ton employé par Jonathan Colbert est en effet tout autre. Hier soir, ils avaient parlé de ce qui était arrivé à ces filles… Il était trop en colère pour rebondir là-dessus. Mais… De quoi parlaient-ils, au juste ? Il n’en a absolument aucune idée. Il a arrêté de fréquenter ces filles, et c’est tout, en ce qui le concerne. Les malheurs qui leur seraient arrivés, cette histoire de maladie, de taches noires… Il n’y comprend rien – lui-même n’est pas malade, en tout cas, mais… Eunice lui parle de l’état de ces filles – changées, après coup, comme « absentes » de ce monde… Le corps couvert de taches étranges… Elles étaient méconnaissables, et c’était très inquiétant. Mais l’étonnement, l’incompréhension même de Jonathan Colbert ne font pas de doute aux yeux de Eunice – il est parfaitement sincère, à tous points de vue. Mais elle lui demande alors : tout ça… le laisse froid ? Qu’elles soient dans cet état… catatonique ?

« Je n’ai rien vu de tout ça… Ça devrait me faire quelque chose ? Peut-être. Si je les voyais… Mais je ne vois pas le rapport avec moi, en fait. Je suis… J’ai beaucoup de défauts, Mlle Bessler, je ne te l’apprends pas. Je suis sans doute très égocentrique – je l’admets. J’en ai pris conscience, et appris à faire avec. Ça fausse peut-être mes perceptions. Mais, non, je ne vois pas le rapport avec moi – et visiblement, il devrait y avoir un rapport avec moi. »

Eunice est un peu agacée : ces filles, tout ça leur est arrivé juste après qu’elles l’ont fréquenté ! Bien sûr, qu’il y a un rapport avec lui ! Peut-être n’est-il effectivement pas conscient de sa responsabilité, mais… Le peintre, tout en travaillant (et donnant des indications à son modèle, en ne jouant plus vraiment la carte de la grivoiserie, même s’il a sans doute dans l’idée de faire adopter à l’actrice une posture « juste un peu coquine », et Eunice joue le jeu), poursuit :

« Justement. Votre copine, là… La vieille avec une canne…

Mme Sutton.

Ouais. Elle avait parlé des Indiens, ce genre de trucs. Ça m’a surpris – parce que je voyais encore moins le rapport. Qu’est-ce que mon goût… ma peur des Indiens vient faire dans tout ça ? »

À vrai dire, Eunice n’est pas la plus à même de l’éclairer à ce sujet. Peut-être que de la peindre aura un certain effet – elle est consentante, même s’il s’agit de faire le cobaye…

« La vie est courte. Il faut l’enrichir de toutes les expériences. »

Colbert est on ne peut plus d’accord. Mais il se concentre dès lors sur son travail – pour un résultat honnête sans être exceptionnel.

 

IV : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 14 H – COLLECTION ZEBULON PHARR, MOUNT TAMALPAIS AND MUIR WOODS

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[IV-1 : Veronica Sutton, Trevor Pierce : Harold Colbert ; Yog-Sothoth, Aleister Crowley] Veronica Sutton et Trevor Pierce sont à la Collection Zebulon Pharr, quelque part sur les flancs du mont Tamalpais. Ils parcourent le Necronomicon, avec l’assistance du Pr. Harold Colbert, qui se montre d’une extrême gravité ; cette lecture ne le laisse pas indifférent, même si, à l’observer, il ne fait aucun doute qu’il a beaucoup étudié le livre de l’Arabe dément Abdul al-Hazred. Mais Trevor revient sur le sort permettant l’invocation des « Fantômes-qui-marchent », que le professeur disait avoir appris dans le livre de Pedro Maldonado, Mythes des chamans du grizzli rumsens ; qu’est-ce que ça a donné ?

« M. Pierce, j’ai dit que j’avais appris ce sortilège, pas que je l’avais lancé ; mais, ayant recoupé les sources, je pense qu’il fonctionne – de même pour celui permettant d’invoquer l’Esprit de Pebble Hill… Mais celui-ci, je ne m’y risquerais jamais. »

Mais Trevor parlait d’un univers « différent », « parallèle » ? Concernant les « Fantômes-qui-marchent », oui, on peut sans doute présenter les choses ainsi – même si leur fonction est justement de vagabonder entre les mondes. Mais…

« Concernant Yog-Sothoth, si c’est bien de Yog-Sothoth qu’il s’agit… C’est plus compliqué que cela. Le "Tout en un et un en tout" n’est pas une entité résidant dans un autre espace, un autre temps : il est l’espace, et il est le temps. L’idée de l’invoquer… n’en est que plus problématique. Il est lui-même le monde, dans toutes ses potentialités. »

Trevor a du mal à croire que le Pr. Colbert n’ait de tout cela qu’une connaissance livresque – c’est pourtant le cas :

« Je suis un vieil universitaire, pas un de ces… "sorciers". J’ai pu en fréquenter – de plus ou moins avancés dans ces études occultes. Les théosophes sont le plus souvent risibles, la Golden Dawn à peu près autant pour l’essentiel… Il y a des individus plus étranges, comme ce M. Crowley et les plus… "compétents" de ses disciples… Je m’en méfie, à vrai dire. Parce que je sais que certains de ces pouvoirs, et notamment ceux que je vous ai rapportés, sont parfaitement authentiques. Mais, oui, ma culture est essentiellement livresque. Avec une exception : ce symbole des Anciens, que j’ai beaucoup étudié – mais justement parce qu’il n’a pas pour objet d’invoquer telle ou telle entité, avec en tête la folie de prétendre conclure un de ces pactes méphistophéliques auxquels on associe le plus souvent la magie ; bien au contraire, il a pour fonction de s’en prémunir, de s’en protéger. Ceci, je n’ai pas fait que l’étudier : je l’ai pratiqué. Mais, ainsi que je vous l’avais dit, du fait de l’essence même de Yog-Sothoth, "Clé et Porte", ce signe ne sera d’aucune utilité à son encontre : on ne l’empêche pas de passer, il est déjà partout – car il est, littéralement, le partout. C’est différend concernant les vagabonds dimensionnels : eux, on peut les empêcher de passer tel ou tel seuil, disons. »

 

[IV-2 ; Veronica Sutton, Trevor Pierce : Harold Colbert ; Jonathan Colbert] Veronica Sutton demande au Pr. Harold Colbert si son fils Jonathan avait connaissance de semblables textes et sortilèges, mais il ne le pense pas. Oh, certes, il a amplement eu l’occasion, depuis son enfance, de jeter un œil au contenu de sa bibliothèque… Mais le professeur ne pense pas qu’il s’y intéressait plus que ça.

« Je me trompe peut-être, puisqu'il a su "emprunter" le livre de Maldonado »

Mais rien au-delà. Cependant, c’est un problème dont il aimerait discuter avec les investigateurs : ils disent avoir retrouvé son fils, mais que l’accès à la Collection Zebulon Pharr demeurait nécessaire ; ils semblent bien établir un lien entre tout cela, impliquer son fils dans ces affaires occultes… C’est qu’ils ne lui ont pas tout dit – et il serait temps qu’ils le fassent. Veronica s’exécute : à l’origine, il s’agissait de simples soupçons, mais Jonathan Colbert semble bien se trouver au centre de toutes ces… « manifestations » étranges et maléfiques – la Noire Démence au premier chef. Et il y a ces tableaux très déconcertants… que le Pr. Colbert n’a jamais vus – rien depuis que Johnny a quitté l’appartement familial. Veronica, qui n’a pas vu ces tableaux, fait un signe de tête à Trevor Pierce : lui les a vus… et il a vu aussi le signe que lui a adressé Veronica – au stade où il en est de la Noire Démence, cela n’a plus rien d’évident !

 

[IV-3 : Trevor Pierce, Veronica Sutton : Harold Colbert ; Irena Kreniak, Gordon Gore] Quoi qu’il en soit, Trevor Pierce confirme les propos de Veronica Sutton, et rapporte aussi l’effet malsain du portrait du vieux chaman indien, confirmé par la galeriste qui l’a brièvement exposé, Mme Irena Kreniak. Le journaliste précise même qu’en raison de cet effet, Gordon Gore a renoncé à acquérir ce tableau !

« Quel effet ? » demande le Pr. Colbert : il lui faut en savoir davantage.

Trevor décrit le tableau avec précision : l’Indien revêtu d’une peau de grizzly, ces « sphères » en mouvement… Son propre discours fait s’interrompre le journaliste : il a acquis récemment une expérience bien particulière de ces formes étranges et mobiles… Harold Colbert perçoit bien ce trouble, mais le journaliste a encore suffisamment conscience de ce qui se passe autour de lui pour détourner tout soupçon – il renvoie simplement aux évocations figurant dans les différents textes qu’ils ont parcouru ici-même, et qui semblent correspondre. Quoi qu’il en soit, pareil tableau n’avait rien d’habituel – d’une certaine manière, c’est comme s’il venait d’un autre monde… Et, très soudainement, le journaliste s’agace – il est de plus en plus sensible à pareilles sautes d’humeur :

« Vous savez très bien à quoi je fais allusion, ne jouez pas au plus malin ! »

Colbert est très surpris par ce brusque changement de ton – Veronica le perçoit bien, non sans une certaine gêne… L’état de son camarade se dégrade à vue d’œil, pour qui sait voir ! La psychiatre cherche à calmer le journaliste, mais celui-ci, toujours assez brusque, lâche enfin :

« Il n’a qu’à venir le voir, ce tableau ! Il verra bien de quoi on parle ! »

Veronica suppose que ça pourrait être une bonne idée – et le Pr. Colbert aussi : il va les accompagner à la Russian Gallery.

 

[IV-4 : Veronica Sutton, Trevor Pierce : Harold Colbert ; Yog-Sothoth] Toutefois, avant de quitter la Collection Zebulon Pharr, il faut régler la question des sortilèges. Veronica Sutton s’avoue troublée par les révélations figurant dans ces divers livres… Mais elle croit le Pr. Colbert, quand il les assure de l'efficacité de ces rites. Ce savoir pourrait s’avérer utile – et elle a conscience des risques que cela implique. Toutefois, c’est bien l’invocation de l’Esprit de Pebble Hill qui l’intéresse – un rituel qui demande du temps, l’investissement de plusieurs personnes… Le professeur est surpris, et inquiété, par cette requête, après toutes ses mises en garde – Trevor Pierce aussi, à vrai dire… qui, lui, est bien plus intéressé par le sortilège permettant d’appeler et de contrôler les « Fantômes-qui-marchent ». Harold Colbert a cependant promis de les aider dans cette affaire, et entreprend d’enseigner à ses deux interlocuteurs les savoirs impies qui les intéressent…

 

[L’expérience s’avère très perturbante pour Veronica, qui cumule les pertes importantes de SAN depuis qu’elle est arrivée à la Collection Zebulon Pharr… Mais Trevor aussi est affecté – d’où ces sautes d’humeur ; toutefois, le concernant, la Noire Démence est bien autrement préoccupante à cet égard, et, pour l’heure, même ‘il est engagé sur une pente fatale, le journaliste bénéficie de son étonnante force de caractère, qui le protège encore… pour un temps.]

 

V : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 14H30 – RUES DU TENDERLOIN, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[V-1 : Gordon Gore, Zeng Ju : Jonathan Colbert, Andy McKenzie, Bobby Traven] Gordon Gore et Zeng Ju ont achevé leur tournée des victimes du chantage exercé par Jonathan Colbert et Andy McKenzie. Mais l’état du domestique se dégrade à vue d’œil, ce qui préoccupe énormément le dilettante – c’est bien sûr lui qui conduit, à ce stade… Il propose enfin à son employé, avant de rentrer au Manoir Gore, sur Nob Hill, de faire un détour par le Tenderloin, qui en est relativement proche. Zeng Ju accepte. Gordon roule lentement, jaugeant les réactions du domestique. Celui-ci, comme Bobby Traven avant lui, ressent bien qu’il y a ici un degré supplémentaire de « stabilité », mais c’est moins franc – c’est surtout que le domestique est moins serein que le détective : il a le sentiment d’être plongé dans un chaos permanent, qui rend l’expérience moins édifiante, outre qu'il appris certaines choses très inquiétantes à l'origine de sa condition... Rien de plus, dès lors – ses pensées sont trop confuses ; et expliquer à Gordon ce qu’il ressent est plus compliqué encore. Le dilettante, un peu déçu, admet que l’expérience n’est pas concluante – ce qu’il garde cependant pour lui… Ils retournent au Manoir Gore.

 

VI : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 15 H – MANOIR GORE, 109 CLAY STREET, NOB HILL, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[VI-1 : Gordon Gore, Zeng Ju, Eunice Bessler : Jonathan Colbert] Gordon Gore et Zeng Ju ne tardent guère à arriver à destination. Le dilettante n’était vraiment pas ravi à l’idée de laisser sa maîtresse Eunice Bessler en compagnie de ce goujat de Jonathan Colbert… Mais celle-ci se porte très bien : quand le dilettante et le domestique se garent devant la demeure, elle est en train de critiquer le portrait que vient de réaliser le jeune peintre :

« C’est... intéressant, M. Colbert »

Elle ne pouvait probablement pas livrer opinion plus cruelle ; mais c’est qu’elle est bien entrée dans le jeu de Johnny, ce qui amuse ce dernier…

« Les vêtements, sans doute. Peindre les corps nus est beaucoup plus intéressant et gratifiant. Plus tard, peut-être ? »

On sonne à la porte – le peintre a encore le temps de chuchoter que « tout est négociable »… Eunice guide aussitôt son amant, sceptique, devant le tableau ; il fait la moue – le jeune homme a fait bien plus intéressant… Avec un grand sourire :

« Il n’a pas su rendre hommage à votre beauté, ma chère Eunice.

– Manque d’implication », explique Colbert.

 

[VI-2 : Bobby Traven, Gordon Gore, Zeng Ju : Trevor Pierce] Mais on sonne à nouveau à la porte : c’est Bobby Traven ! Et cela faisait quelque temps que les autres ne l’avaient pas vu… Il apparaît bientôt, à son comportement confus, qu’il est lui aussi affecté par la Noire Démence, et il ne le nie pas. Gordon Gore lui explique que c’est également le cas de Zeng Ju (ce dont le détective se doutait – par ailleurs, ils se voient très bien mutuellement, là où le domestique a de plus en plus de mal à distinguer quoi que ce soit de notre monde, Bobby étant encore à un stade un peu moins avancé), mais aussi de Trevor Pierce (absent ; et, le concernant, Bobby n’en avait pas la moindre idée). Le détective, de manière très professionnelle, fait le récit de tout ce qu’il a pu constater dans le Tenderloin, plus « stable » que tout autre endroit de la ville pour ce qu’il en sait, avec tout de même de sérieux bémols (l’histoire du vol de moineaux, tout particulièrement, en témoigne) ; il rapporte aussi ses perceptions présentes – notamment le fait qu’il distingue beaucoup mieux Zeng Ju que toutes les autres personnes dans l’assistance, lesquelles tendent de plus en plus à devenir de simples ombres très fugaces…

 

[VI-3 : Gordon Gore, Bobby Traven, Zeng Ju : Jonathan Colbert, Andy McKenzie, Veronica Sutton, Hadley Barrow, Charles Smith, Trevor Pierce, Harold Colbert] Bobby Traven constate, par ailleurs, que le morceau de tissu qu’il avait ramassé dans une poubelle du Tenderloin demeure parfaitement visible à ses yeux maintenant qu’il a quitté le quartier. Il le montre à ses interlocuteurs : Zeng Ju aussi le distingue parfaitement – les autres également, en fait, mais pour eux ce n’est que le très vulgaire et très sale reliquat d’une manche de chemise, tout à fait banal…Gordon Gore suppose que cette pièce de tissu, à l’instar du détective et du domestique, est à la fois dans les deux mondes. Peut-être est-ce le cas d’autres choses encore – par exemple dans les endroits que Jonathan Colbert et Andy McKenzie ont fréquentés ? Ou d’autres – comme Zeng Ju ? Ils auraient pu « contaminer » ces objets en les touchant ? Mais le dilettante a perdu le détective, ici :

« Un monde parallèle ? Qu’est-ce que c’est ? »

Bobby en avait pourtant l’intuition, ses faits et gestes l’ont montré, mais formaliser ainsi la question… Gordon rapporte leurs découvertes – et notamment celles de Veronica Sutton, à partir de ses entretiens d’ordre psychiatrique avec le Dr. Hadley Barrow, et ceux d’ordre anthropologique avec le Pr. Charles Smith.

 

[Bien sûr, cela restait très théorique ; les derniers développements, les plus concrets, sont encore inconnus de Gordon Gore, puisqu'ils proviennent du travail de Veronica Sutton, Trevor Pierce et Harold Colbert à la Collection Zebulon Pharr, dont ils ne sont pas encore revenus.]

 

Quoi qu’il en soit, certaines choses sont spécialement visibles pour les malades, qui n’ont rien de particulier pour les autres. Gordon Gore encourage ses amis à ouvrir les yeux, et, tant que c’est encore possible, à les informer de ce qu’ils perçoivent… Un petit tour de la propriété – les endroits fréquentés par les malades – ne révèle cependant aucun objet qui suscite ce genre de réactions.

 

[VI-4 : Gordon Gore, Eunice Bessler, Bobby Traven, Zeng Ju : Jonathan Colbert ; Clarisse Whitman] Mais Jonathan Colbert, qui a assisté à ces échanges en se faisant tout petit (même s’il avait commencé par lancer quelques sarcasmes à l’encontre de Gordon Gore, il a vite changé de comportement en constatant le profond sérieux de l’assistance), est des plus perplexe : il ne comprend rien à ce dont les autres parlent, mais y perçoit sans doute quelque chose d’inquiétant… et son comportement laisse supposer (à Eunice Bessler tout particulièrement) qu’il entrevoit la possibilité qu’il ait une certaine responsabilité dans tout ça, même sans comprendre de quoi il s’agit au juste. Gordon aussi le perçoit, et invite le peintre à s’exprimer : Colbert ne comprend rien à cette histoire de fous… Mais… S’il y a un lien avec lui… Et avec ces filles… Le peintre patine, visiblement mal à l’aise. Gordon l’encourage à poursuivre : il voit bien ce qu’il en est – il ne s’agit pas de l’accuser de quoi que ce soit, mais de guérir des malades ! Jonathan Colbert acquiesce, l’air grave. Quand ils ont parlé de ces petits objets… Peut-être que Clarisse Whitman était bel et bien affectée, elle aussi ?

« Vous savez, quand elle m’accusait de voler… des trucs. Moi, j’étais persuadé que c’était elle qui les faisait disparaître, pour me faire une scène… Mais… Je me demande… Peut-être qu’elle était déjà… Et qu’elle faisait passer ces objets… "Ailleurs" ? Sans même s’en rendre compte ? »

Et il fixe alors Bobby Traven :

« Où est passé le morceau de tissu que vous aviez en main, Monsieur ? »

Tous se retournent d’un même mouvement vers le détective – lequel voit bien qu’il a toujours le morceau de tissu en main, et Zeng Ju le voit aussi… Mais aucun des autres. Le détective, étonné, lève la main pour montrer qu’il le tient toujours… mais les autres ne voient que sa main vide. Le silence s’éternise, puis le peintre reprend :

« Une fois, c’était une brosse à cheveux… Puis une boucle d’oreille… Même un verre d’eau… »

Tous les objets que le détective touche disparaissent-ils de la sorte ? Gordon se lève brusquement : une expérience ! Qu’il fume ce cigare ! Bobby accepte volontiers – et, comme de juste, rien de spécial ne se produit ; si ce n’est que le détective n’a jamais fumé un aussi bon cigare ! Gordon a l’air déçu – amer, même :

« Eh bien, profitez-en, puisque c’est ça ! »

Eunice avance que cela ne fonctionne peut-être que pour les objets ayant un caractère « personnel » ?

« Une brosse à cheveux, une boucle d’oreille… »

Mais cela ne tient pas : le morceau de tissu déniché par Bobby dans une poubelle n’avait assurément rien de personnel. Eunice ne désarme pas :

« Mais c’était une manche de chemise ! Quelque chose qui va près du corps ! Comme la brosse, comme la boucle ! »

Mais Jonathan Colbert a aussi parlé d’un simple verre d’eau, sans rien de particulier…

 

VII : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 16H30 – SAN FRANCISCO FERRY BUILDING, EMBARCADERO, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[VII-1 : Veronica Sutton, Trevor Pierce : Harold Colbert ; Randolph Coutts, Gordon Gore, Irena Kreniak, Jonathan Colbert] Veronica Sutton, Trevor Pierce et le Pr. Harold Colbert ne se sont pas davantage attardés à la Collection Zebulon Pharr : Randolph Coutts les a raccompagnés en voiture à la gare, après quoi ils ont gagné le ferry, traversé le Golden Gate, et, de l’Embarcadero, vont rejoindre le quartier bohème de North Beach, où se trouve la Russian Gallery – mais le journaliste, qui s’y était déjà rendu avec Gordon Gore, a fait remarquer lors de la traversée que, sans même parler de sa condition actuelle (les effets de sa désorientation sont de plus en plus visibles de ses camarades ; le bateau constitue une épreuve terrible, très déstabilisante !), leur employeur serait de toute façon un bien meilleur interlocuteur que quiconque d’entre eux, face à la galeriste Irena Kreniak : après tout, c’est lui qui a l’argent, et qui a acheté toutes ces toiles… Un peu hésitante d’abord (craignant que le Pr. Colbert en profite pour tirer les vers du nez au dilettante, concernant son fils Jonathan), la psychiatre s’est finalement rendue aux raisons du journaliste – et elle a téléphoné au Manoir Gore en arrivant à l’Embarcadero : elle a eu un peu de mal à s’expliquer, cherchant ses mots et semblant oublier ce qu’elle était au juste en train de faire, jusqu'aux raisons de son appel à vrai dire, mais, quoi qu’il en soit, Gordon Gore va les rejoindre à la galerie (il laisse les autres chez lui, avec Jonathan Colbert).

 

VIII : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 16H30 – RUSSIAN GALLERY, 408 FRANCISCO STREET, NORTH BEACH, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[VIII-1 : Gordon Gore : Irena Kreniak ; Jonathan Colbert] En fait, Gordon Gore arrive même un peu en avance, et, sans plus attendre, pénètre dans la galerie, où Irena Kreniak l’accueille à bras ouverts. Après avoir échangé quelques banalités, le dilettante demande à la propriétaire de la Russian Gallery si personne n’est venu, depuis la dernière fois, pour voir cet étrange tableau de Jonathan Colbert figurant un vieil Indien (les seize toiles de nu ont bien été livrées, merci)… Mais non : personne ne l’a vu – il est resté dans la réserve, à sa place, et elle n’en a parlé à personne. Son client aurait-il changé d’avis ? Souhaiterait-il l’acheter également ? C’est peut-être le cas, oui. La galeriste conduit le dilettante dans la réserve, devant le tableau…

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[VIII-2 : Gordon Gore : Irena Kreniak ; Jonathan Colbert, Andy McKenzie] Gordon Gore se perd à nouveau dans la contemplation de cet étrange portrait… Il sent qu’il y a quelque chose d’anormal, à même de susciter le malaise. Mais – est-ce parce qu’il en a vu d’autres dans l’appartement de Jonathan Colbert et Andy McKenzie ? – il a toutefois le sentiment de mieux résister à cette étrange attirance… Ça ne le laisse pas indifférent pour autant. Toutefois, il peut ainsi examiner plus sereinement la toile, et sa très grande valeur, au-delà, ne fait aucun doute à ses yeux. Irena Kreniak en est elle aussi consciente, à l’évidence : M. Gore comprendra sans doute que ce tableau exceptionnel sera un peu plus coûteux que les autres… Ce n’est à l’évidence pas un problème pour le dilettante. La galeriste avance le prix de 100 $ (Gordon s’y connaît, et ça les vaut) – elle précise aussi que Jonathan Colbert, « quand il aura de nouveau donné signe de vie », ne manquera pas de louer le bon goût autant que la générosité de M. Gore… Avec sa désinvolture habituelle, le dilettante sort son portefeuille – qui contient cette somme invraisemblable, et même bien plus encore… À en juger par l’air ravi et stupéfait autant qu’intimidé, d’une certaine manière, de la galeriste, il apparaît clairement qu’elle ne conclut pas ce genre de transactions tous les jours ! Et Gordon, sur un air de confidence, ajoute qu’il se pourrait que Jonathan Colbert soit « retrouvé » sous peu… En tant que mécène, il entend œuvrer à la « réhabilitation » du jeune peintre – et souhaite y associer Irena Kreniak et la Russian Gallery. La galeriste est bouche bée – mais le carillon de l’entrée se fait entendre, elle prie Gordon Gore de bien vouloir l’excuser un bref instant, il lui faut accueillir ses clients… Et elle se rend de son pas un peu traînant dans la salle d’exposition principale.

 

[VIII-3 : Veronica Sutton, Trevor Pierce, Gordon Gore : Harold Colbert, Irena Kreniak ; Jonathan Colbert] Les nouveaux venus sont bien sûr Veronica Sutton, Trevor Pierce et Harold Colbert ; de lui-même, Gordon Gore les rejoint depuis la réserve, devançant même Irena Kreniak. Celle-ci reconnaît Trevor, qu’elle appelle par son nom – mais il ne l’entend pas… Au bout de quelques secondes un peu gênantes, cependant, il la voit qui lui tend la main, et réagit donc avec un temps de retard – d’une main molle… La galeriste ne s’y arrête pas, et suppose que Gordon Gore connaît également ces deux autres personnes ? C’est bien le cas, et il fait les présentations : Mme Veronica Sutton, et… M. Harold Colbert. Irena Kreniak est interrompue dans son élan, et le dilettante confirme, à son regard interloqué, qu’il s’agit bien du père de Jonathan Colbert… Très souriante, Mme Kreniak se dit enchantée, et félicite le professeur : son fils a un immense talent ! Le dilettante, qui ne tient pas à ce que ces échanges s’éternisent, mentionne aussitôt qu’il a fait l’acquisition d’un dernier tableau du jeune homme – qu’ils le suivent dans la réserve, pour y jeter un œil avant qu’il ne soit emballé ! Il se comporte un peu comme en pays conquis, mais la propriétaire ne va certainement pas lui faire le moindre reproche… Et tout le monde de se rendre dans la réserve – y compris le Pr. Colbert, qui a tout de même l’air un peu indécis, et Trevor, qui est visiblement dans le vague.

 

[VIII-4 : Gordon Gore, Trevor Pierce, Veronica Sutton : Harold Colbert] Or Gordon Gore fait bien attention à la réaction du Pr. Harold Colbert quand il voit le tableau – mais aussi à celle de Trevor Pierce. Lequel ressent à nouveau l’effet d’ « aspiration »… mais plus fort que jamais ! Car le tableau, avec ses sphères mouvantes, se fond parfaitement dans la masse grisâtre et fluctuante dans laquelle s’enfonce le journaliste de manière générale… Il a en fait la sensation que ce n’est pas tant lui-même qui est « attiré » à l’intérieur du tableau – mais le monde entier ! Le fait de distinguer parfaitement le vieil Indien n’est pas non plus pour le rassurer… Quant à Harold Colbert, même s’il garde pour l’essentiel sa contenance, Gordon constate qu’il se fige – mais son comportement ne traduit pas le même abandon inquiétant que Trevor, et il demeure semble-t-il parfaitement lucide.

 

[VIII-5 : Veronica Sutton, Gordon Gore : Harold Colbert, Irena Kreniak ; Jonathan Colbert] Veronica Sutton, toutefois, n’avait elle non plus jamais vu semblable tableau auparavant… et son esprit déjà chamboulé par les expériences et les révélations à la Collection Zebulon Pharr semble presque sur le point de s’effondrer. La psychiatre, est-ce un réflexe défensif… ne sait subitement plus du tout où elle se trouve, ce qu’elle y fait et qui sont ces personnes autour d’elle – notamment cet homme assez âgé qui la regarde en haussant le sourcil… Or il semble comprendre ce qui l’affecte, et, en détachant bien les mots, d’une voix impérieuse :

« Mme SUTTON, je crois qu’il faudrait que nous discutions. »

Et visiblement pas devant Irena Kreniak... Gordon Gore comprend à son tour ce qui se produit et joue le jeu. Il va falloir emballer ce tableau, après quoi ils raccompagneront le professeur chez lui ? Tandis que Veronica se reprend peu à peu, Gordon, qui n’osait pas envisager cette hypothèse auparavant :

« À moins que vous ne préfériez nous suivre chez moi ? »

Où se trouve son fils Jonathan

 

[VIII-6 : Trevor Pierce, Gordon Gore, Veronica Sutton : Harold Colbert, Irena Kreniak ; Jonathan Colbert] Mais Trevor Pierce est dans de toutes autres dispositions :

« Vous n’avez pas vraiment vu le tableau, hein ? Vous tous ! Vous ne l’avez pas vu comme moi je l’ai vu ! Il faut voir le tableau ! Vraiment le voir ! Comme moi ! Il faut voir les sphères SORTIR ! »

Gordon Gore prend le journaliste par le bras :

« Nous en parlerons au manoir. »

Et il quitte la réserve, en entraînant également Veronica Sutton, presque aussi perdue que le journaliste mais par nature bien moins démonstrative, ainsi que Harold Colbert, qui a pris sa décision : il va les suivre au Manoir Gore. Irena Kreniak, un tantinet décontenancée, reste seule dans la réserve, à emballer le tableau de Jonathan Colbert… Le temps qu’elle achève sa tâche, ses clients se reprennent petit à petit. Mais Veronica, l’air affolé, ne cesse de demander l’heure au dilettante ; elle a oublié sa montre, et… Il fallait qu’elle fasse quelque chose… Mais quoi… Ah ! Oui : nourrir ses chats ! C’est bien l’heure – n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? Quelle heure est-il ? Etc. Gordon fait de son mieux pour lui répondre et la calmer, la galeriste sort de la réserve avec le tableau emballé, et ils quittent enfin les lieux, sur d’ultimes politesses de la part du dilettante, à l’adresse d’une Irena Kreniak parfaitement stupéfaite par ces comportements très inattendus… Quant à Gordon, il ne manque pas de noter que Mme Sutton à son tour semble… perdue ?

 

IX : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 17H30 – MANOIR GORE, 109 CLAY STREET, NOB HILL, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (07)

[IX-1 : Eunice Bessler, Zeng Ju, Bobby Traven : Jonathan Colbert] Eunice Bessler était restée au Manoir Gore, en compagnie de Zeng Ju, Bobby Traven et Jonathan Colbert. Elle les a tous surveillés attentivement – l’état du domestique était particulièrement préoccupant, il semblait ne plus avoir aucune prise sur la réalité (Bobby bien davantage). Colbert, par ailleurs, était visiblement affecté par leur discussion : il ne faisait plus montre de la même nonchalance narquoise… et fumait cigarette sur cigarette.

 

[IX-2 : Gordon Gore : Harold Colbert, Jonathan Colbert] Les autres reviennent de la Russian Gallery – mais Gordon Gore demande au Pr. Harold Colbert de bien vouloir patienter un peu devant la porte, avant de le suivre à l’intérieur du manoir. Le dilettante pénètre donc seul dans la résidence, et se rend aussitôt auprès de Jonathan Colbert, lui expliquant qu’ils ont « un invité » qui pourra les aider dans cette affaire – il ne dit pas explicitement qu’il s’agit du père du peintre, mais suppose que celui-ci le comprendra de lui-même et saura se préparer à ces retrouvailles… Visiblement, c’est bien le cas : les traits de Jonathan se font plus durs, colériques même, mais il ne dit rien – se contentant d’allumer une autre cigarette en baissant la tête. Gordon va chercher les autres, et d’abord le Pr. Colbert : il peut maintenant entrer.

 

[IX-3 : Gordon Gore : Harold Colbert, Jonathan Colbert] Harold Colbert, qui, lui, avait eu le temps de se préparer à ces retrouvailles, s’avance lentement dans le grand salon, où se trouve son fils Jonathan, affalé dans un canapé. Le jeune homme relève la tête. L’échange n’est pas des plus chaleureux :

« Johnny

— Papa… »

Puis le silence s’éternise. Harold est visiblement un peu ému, tout de même, et s’assied gauchement dans un fauteuil. Il n’ose pas prendre l’initiative de la conversation, et, plus généralement, il ne sait pas comment réagir – au point où il se tourne enfin vers Gordon Gore. Le dilettante explique au peintre qu’il a pris l’initiative d’inviter son père parce que, comme il a pu le constater, le temps presse – leurs amis malades sont dans un triste état, et il leur faut agir au plus vite. Pour cela, il faut comprendre ce qui s’est produit, et le Pr. Colbert leur sera d’une aide indispensable à cet effet.

[IX-4 : Gordon Gore, Zeng Ju, Eunice Bessler : Jonathan Colbert] Jonathan Colbert se lève, et approche de la toile empaquetée du vieux chaman indien – se doutant que c’est bien de cela qu’il s’agit. Gordon Gore le rejoint et défait l’emballage, puis pose le portrait sur une commode – Zeng Ju repère aussitôt ce nouvel élément du décor, mais presque… comme une bouée de sauvetage ? Il en est affecté, mais n’en a pas spécialement peur. Eunice Bessler, qui n’avait jamais vu le tableau elle non plus, perçoit son caractère hors-normes, mais guère plus. L’attitude de Jonathan est complexe : alors qu’il fixe le tableau, son langage corporel explique aussi bien l’attirance, le dégoût, la peur, la colère…

 

[IX-5 : Veronica Sutton, Gordon Gore : Harold Colbert, Jonathan Colbert] Harold Colbert prend enfin la parole – c’est une des dernières œuvres de Johnny ?

« Oui. »

Suggérée par ses rêves, à en croire Mme Sutton ?

« Oui. »

Le professeur soupire :

« Ça s’était déjà produit – pas avec l’Indien. »

Il se tourne vers Veronica, et lui demande ce qu’elle en pense. Il regarde également Gordon Gore, mais le dilettante se sent trop dépassé pour répondre quoi que ce soit. La psychiatre fait le lien avec les chamans du grizzli rumsens – mais au-delà… C’est certain ; le professeur renvoie à la légende évoquée par Pedro Maldonado dans son livre – selon laquelle tous les chamans du grizzli n’avaient pas été exterminés, mais certains avaient pu partir « ailleurs » ; ils avaient disparu, non péri ; et ils attendaient…

« Il ne fait aucun doute que le vieil Indien représenté sur cette toile est l’un d’entre eux, et peut-être même…

— Le dernier », complète son fils.

Harold Colbert acquiesce – ajoutant après un bref silence :

« Jonathan, il faut que tu saches que… Ce n’est pas ta faute. Tu n’es pas coupable. »

Le peintre baisse la tête – en colère. Et son père reprend :

« Il reste que ce tableau est un… un passage. On se sent aspiré par le tableau – j’ai bien vu comment vous y avez réagi. Mais c’est un leurre : en fait, c’est exactement le contraire qui se produit – c’est avant tout ce que représente le tableau, cet autre monde, qui vient dans notre monde. C’est le principe de la magie sympathique, en l’espèce. »

Veronica le comprend – mais que vient faire Jonathan dans tout cela ?

« Eh bien, je suppose que le chaman a identifié Johnny comme étant un de ces rares individus pouvant lui être utiles, et, en le manipulant via ses rêves, il l’a amené à réaliser cette peinture – et d’autres. »

De temps en temps, le professeur se tourne vers son fils, quêtant son approbation – le peintre se contente de hocher la tête sans un mot.

« De la sorte, Johnny a offert au chaman… un ancrage. Lui permettant de passer dans notre monde. »

 

 

[IX-6 : Trevor Pierce : Harold Colbert, Jonathan Colbert] Le Pr. Harold Colbert s’interrompt quelque temps. Il lâche un soupir, puis reprend :

« C’est une chose – mais cela va bien au-delà, même si je ne peux pas prétendre comprendre les intentions de ce chaman. On peut le supposer débordant de haine et de rancœur, toutefois… Mais je crois que c’est ici que se noue le lien avec la Noire Démence. L’étude statistique dont avait parlé M. Pierce témoigne de la récurrence du phénomène, et je ne serais pas surpris si l’on trouvait, à chacun de ces pics de contamination, un artiste, « professionnel » ou simplement quelqu'un de doué avec ses mains, qui aurait représenté ce chaman ou un autre, de quelque manière que ce soit, pour en permettre l’accès dans notre réalité – la véritable motivation de ce vagabondage entre les dimensions étant la Noire Démence. Je suppose que, oui, cela relève au moins pour partie de la vengeance… Mais peut-être pas seulement. »

Trevor Pierce a saisi le discours du Pr. Colbert (ce qui n’avait rien d’évident dans son état), et lâche sur un ton passablement agressif que le vieux bonhomme est bien pour quelque chose dans tout ça, même s’il se dédouane. Le professeur répond sèchement que c’est possible, qu’ils en ont déjà parlé à la Collection Zebulon Pharr, et que ce n’est pas le moment. Puis il se retourne vers son fils :

« Mais Johnny n’est visiblement pas malade. Tu n’y es pour rien, tu ne pouvais pas le savoir… mais je crois que tu as fait office de "porteur sain". »

Ce que Trevor juge encore plus suspect, ainsi qu’il le marmonne…

[IX-7 : Eunice Bessler, Trevor Pierce Gordon Gore : Jonathan Colbert, Harold Colbert] Mais Eunice Bessler coupe Trevor Pierce : comment Jonathan Colbert a-t-il été contaminé ? Par ses rêves, répond Harold Colbert… La comédienne s’en doutait – mais c’est qu’elle entend aller plus loin : et si l’on brûlait ces tableaux, et que l’on empêchait Jonathan de peindre ? Ne pourrait-on pas enrayer ainsi l’épidémie ? Mais le professeur ne le pense pas : le passage a déjà eu lieu – le pic actuel de la Noire Démence, justement, en témoigne ! Et quant à ses victimes présentes… C’est trop tard : le professeur ne pense pas qu’on puisse les sauver (ce qui jette un froid dans l'assistance…). Leur seul espoir est d’enrayer l’épidémie pour qu’il n’y ait pas de nouveaux cas. Trevor, narquois, dit que Harold Colbert n’en sait absolument rien – on devrait quand même tenter de brûler le tableau ! Eunice, même si c’est elle qui avait fait cette suggestion, suppose que cela ne reviendrait qu’à brûler l’argent de Gordon Gore… « Et alors ! Il en a plein ! » hurle Trevor. Quant à Jonathan Colbert : « Brûlez-le si vous voulez. Celui-ci, les autres, tous… Ça ne servira à rien : je crois que mon père a raison – je le sens… »

 

[IX-8 : Veronica Sutton : Jonathan Colbert, Harold Colbert ; Andy McKenzie] Veronica Sutton interroge Jonathan Colbert à ce propos ; peut-être cela tient-il à ses souvenirs de ses rêves les plus récents ? Le peintre répond qu’il n’avait pas pour habitude, avant, de se souvenir de ses rêves… Mais il se reprend aussitôt :

« Si, il y a quelques années, pendant un moment… »

Mais, récemment, c’était autre chose : ce vieil Indien a hanté ses rêves toutes les nuits pendant un certain temps, tout récemment encore – d’où ces autres tableaux, dans l’appartement qu’il louait avec « ce crétin d’Andy McKenzie »… Mais, depuis deux, trois jours environ, plus rien. Il ne savait pas quoi en penser – mais suite aux explications de son père, il croit comprendre, maintenant, que cela signifiait simplement que le chaman du grizzli n’avait plus besoin de lui.

 

[IX-9 : Gordon Gore, Trevor Pierce : Jonathan Colbert, Harold Colbert] Mais Gordon Gore intervient : cela signifierait donc qu’il est passé ? Et qu’il est autonome ? Jonathan Colbert le croit – mais Harold Colbert l’interrompt :

« Dans une certaine mesure. Je ne peux jurer de rien, bien sûr… Il a visiblement eu besoin de cette magie sympathique pour venir ; il n’en a probablement pas besoin pour rester – un peu. Mais cet être s’est exilé depuis des siècles dans un tout autre monde, foncièrement différent… Je ne pense pas qu'il ait totalement coupé les ponts, par ailleurs ; il est peut-être lui aussi dans les deux mondes, à sa manière, sans doute bien plus assurée que celle de ses victimes. »

Trevor Pierce, toujours aussi narquois :

« Vous qui connaissez par cœur tout le Necronomicon, vous devez bien savoir quoi faire, hein ? »

Les attaques du journaliste agacent de plus en plus le Pr. Colbert :

« Je vous ai déjà dit de ne pas prendre ce sujet à la blague ! Ça ne me fait pas du tout rire…

— Mais tout de même, c’est vous l’universitaire…

Écoutez, enfin ! Le problème avec ce type d’ouvrages est qu’on ne les comprend jamais totalement – parce qu’ils ouvrent des perspectives sur des choses qui nous dépassent. J’ai bel et bien une certaine expérience de ces livres ; ça ne fait pas de moi un puits de science infini, parfaitement au fait des horreurs que ces entités ou leurs sbires peuvent entreprendre. »

 

[IX-10 : Eunice Bessler, Trevor Pierce, Zeng Ju, Bobby Traven : Harold Colbert] Mais alors, que faire ? À écouter le Pr. Colbert, Eunice Bessler a l’impression qu’ils sont totalement désarmés, qu’ils ne peuvent absolument rien tenter… Non : il est certes trop tard pour empêcher le passage, ou pour sauver les victimes déjà contaminées par la Noire DémenceTrevor Pierce explose :

« Alors c’est comme ça ! Zeng Ju, Bobby et moi, on n’a plus qu’à plier bagage, et tant pis ! »

Mais le domestique (est-ce parce qu’il a perçu dans « leur » monde l’agitation du journaliste ?) revient brièvement parmi ses interlocuteurs, demandant poliment mais fermement à Trevor de se calmer – une intervention qui stupéfie tout le monde, à ce stade. Le silence s’instaure…

 

[IX-11 : Veronica Sutton, Eunice Bessler : Harold Colbert, Jonathan Colbert] Puis le Pr. Colbert reprend : si l'on ne reviendra pas sur ce qui s'est déjà produit, donc, il doit pourtant demeurer possible d’empêcher la Noire Démence de faire davantage de dégâts, présentement et à l’avenir. Se tournant vers Veronica Sutton, il lui rappelle l’extrait de Mythes des chamans du grizzli rumsens, dans lequel Pedro Maldonado rapportait que, pour vaincre la malédiction qu’est la Noire Démence, il fallait pénétrer volontairement dans « ce royaume », et y trouver la piste menant à « la source », qui serait en même temps le chemin du retour. Dire ce que tout cela signifie au juste… Par ailleurs, qui pourrait exiger d’eux qu’ils se lancent dans pareille aventure, qui à tout prendre relève du suicide ? Eunice Bessler est stupéfaite par la gravité des propos du professeur ; se tournant vers Veronica :

« Il est sérieux, là ? »

Oui : il est parfaitement sérieux. Elle-même l’est tout autant.

« Vous aussi, Eunice, vous devriez l’être. »

La starlette baisse humblement la tête. La psychiatre se retourne vers Harold Colbert ; elle croit comprendre ce qu’il suggère… Mais d’abord, elle veut l’entendre confirmer que Jonathan Colbert ne constitue plus en tant que tel une menace – elle se méfie de ses sentiments paternels, si elle ne le dit pas… Mais il a l’air parfaitement sincère. Veronica se tourne vers le peintre, et, sur un ton sévère :

« Maintenant que vous êtes conscient de ce qui s’est produit et de votre rôle dans cette affaire, sans doute saurez-vous prendre vos responsabilités pour tenter d’y remédier ? »

Le peintre a quelque chose du gamin pris en faute et grondé par la maîtresse… Il a perdu toute son arrogance. Mais il acquiesce : il ne sait pas ce qu’il faut faire, mais il jure qu’il n’avait aucune intention de faire du mal à ces filles, ou quoi que ce soit d’autre…

 

[IX-12 : Gordon Gore, Veronica Sutton : Jonathan Colbert ; Clarisse Whitman] Par ailleurs, Jonathan Colbert le maintient : il n’a aucune idée d’où Clarisse Whitman peut bien se trouver… Gordon Gore suppose qu’il faut continuer l’enquête dans le Tenderloin, et il est approuvé par le Pr. Colbert : si ce quartier correspond bien à Pebble Hill… Cela semble recouper les découvertes de Mme Sutton au Napa State Hospital : les malades ne peuvent survivre que dans le Tenderloin. Si elle ne s'y trouve pas, ils ne la trouveront nulle part.

 

[IX-13 : Gordon Gore, Veronica Sutton, Eunice Bessler : Harold Colbert, Jonathan Colbert ; Clarisse Whitman] Mais Gordon Gore poursuit : il ne faudrait donc pas seulement enquêter dans les ruelles du Tenderloin ; ceci ne permettrait que de retrouver Clarisse Whitman... Mais, pour mettre fin à l’épidémie de Noire Démence, il faudrait donc aller dans cet autre monde ! Mais comment faire ? Le tableau, si c’est bien un passage ? Non : il a rempli son office, et, contrairement aux apparences, son objet était de permettre à quelque chose venant de l’autre côté de passer dans notre monde – pas l’inverse. Mais… il y a d’autres moyens – deux, et tout aussi fous, voire suicidaires, l'un que l'autre : être contaminé par la Noire Démence… ou faire appel aux « Fantômes-qui-marchent ». Veronica Sutton se demande toutefois s’il ne serait pas possible également de contrer le chaman, et peut-être la maladie, via les rêves... L’hypothèse est pertinente, mais le Pr. Colbert ne sait absolument pas ce que cela pourrait donner – et, là encore, le chaman est déjà passé par les rêves, il n’en a probablement plus besoin… Le témoignage de Jonathan semble montrer que c’est bien ce qui s’est produit. Eunice Bessler, elle, ne comprend absolument rien à ce dont ils parlent…

« Mais, dans les films, dans les moments les plus sombres, il y a toujours quelqu'un qui trouve une solution ! »

Silence…

 

[IX-14 : Gordon Gore, Trevor Pierce : Harold Colbert] Les perspectives sont pour le moins déprimantes. Mais Gordon Gore se pose en homme d’action : le temps presse ! Il leur faudra donc retourner dans le Tenderloin, puis trouver comment gagner « cet autre monde ». Le dilettante espère que le Pr. Colbert saura faire tout son possible pour les y aider – il est le plus compétent en ces matières. Harold Colbert le concède : il ne peut pas se désister, à ce stade.

« Y a intérêt ! » maugrée Trevor Pierce

Le dilettante pousse son avantage : le professeur viendra avec eux. Humblement, Colbert acquiesce.

 

[IX-15 : Trevor Pierce : Harold Colbert] Trevor Pierce s’en félicite, moqueur – mais que faire pour « les couteaux de métal pur » ? Tout le monde le regarde, l’air éberlué – mais il explique que ces artefacts étaient mentionnés par Pedro Maldonado dans Mythes des chamans du grizzli rumsens ; ayant étudié le sortilège d’invocation des « Fantômes-qui-marchent » avec le Pr. Colbert, il sait que ce sont des objets indispensables à l’exécution du rituel.

 

[Trevor a enchaîné les réussites exceptionnelles à des jets d’Intelligence et de Pouvoir : sa compréhension du rituel d’invocation est absolument remarquable pour un novice en la matière ; mais lui-même n’en est en rien surpris… Ce n’est pas seulement qu’il comprend ce qu’il faut faire, c’est aussi qu’il sait être en mesure de le faire, avec une force de conviction débordante !]

 

Le professeur confirme ses dires : de tels objets sont requis – pour quelle raison exactement ? Nous n’en savons rien, et c’est bien pourquoi nous parlons de magie, même si c’est probablement une solution de facilité… Les chamans du grizzli rumsens utilisaient des couteaux de cuivre, plus précisément. Le professeur devrait pouvoir en trouver, ou des équivalents tout aussi utiles, via ses contacts ou au pire la Collection Zebulon Pharr – qui contient de nombreux artefacts, pas seulement des livres.

 

[IX-16 : Veronica Sutton, Zeng Ju, Bobby Traven, Trevor Pierce, Gordon Gore, Eunice : Harold Colbert ; Clarisse Whitman] Il faut donc agir au plus tôt. Dès que possible, ils retourneront dans le Tenderloin, en quête de Clarisse Whitman. Après quoi, tout indique que Zeng Ju, Bobby Traven et, malgré qu’il en ait, Trevor Pierce, se retrouveront très vite dans la situation des clochards du quartier, totalement perdus entre deux mondes… Il faudra donc, pour les autres, trouver comment passer dans l’autre monde, sans doute en recourant aux « Fantômes-qui-marchent », et avec l’assistance du Pr. Harold Colbert, lequel va rassembler d’ici-là les artefacts et connaissances utiles pour la réalisation du rituel. Le ton très définitif de Gordon Gore ne change pas forcément grand-chose au sentiment général : tout cela est très mal engagé… Et Veronica Sutton, une fois cette décision prise, retourne à son cabinet à la lisière de Fisherman’s Wharf – elle nourrit ses chats… pour la dernière fois ? Elle rédige un testament ainsi qu’une lettre à destination de la concierge, afin qu’elle s’occupe de ses félins adorés au cas où il lui arriverait malheur… À vrai dire, Gordon, retiré dans son bureau, fait exactement la même chose. Eunice Bessler seule semble conserver le sourire – en façade du moins…

 

À suivre…

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