Et ce blog aussi (pour de vrai d'abord)
Oui, ce blog a – comme moi – dix ans, très précisément aujourd’hui, là, comme ça.
Putain que nous sommes tous vieux...
Merci aux Grands Anciens !
Oui, ce blog a – comme moi – dix ans, très précisément aujourd’hui, là, comme ça.
Putain que nous sommes tous vieux...
Merci aux Grands Anciens !
De manière générale, je ne suis pas très « traditions » et pas davantage « bilans comptables », mais je suppose que revenir sur l’année 2016 sur ce blog peut faire sens, d’une certaine manière – une autre manière d’échanger, et, éventuellement, avec le recul, de tirer des conclusions un peu différentes… Peut-être même, soyons fous, d’améliorer tout ça ?
DES LIVRES
Commençons par les livres – qui sont globalement l’objet principal de ce blog, par la force des choses. Précisons tout de même que je ne compte pas ici les bandes dessinées et les bouquins de jeu de rôle, sur lesquels je reviendrai ultérieurement. Par contre, figurent ici des non-fictions aussi bien que des fictions : j’ai probablement lu davantage d’essais cette année que les années immédiatement précédentes ; et, chose ô combien improbable, y figurent même un peu de poésie et de théâtre ! Tout est foutu…
À vue de nez, j’avais l’impression d’une année « sans », où je n’avais pas beaucoup lu – d’autant sans doute que, ces derniers mois, j’ai été beaucoup moins régulier en la matière… Et, bien sûr, il faudra que je revienne sur la part de choses nippones dans tout ça – sans doute un des gros changements du blog ces derniers mois.
Mais c’était donc une impression. En fait, j’ai lu et chroniqué, tout au long de l’année, 108 livres, ce qui, je suppose, est honorable.
Je ne me sens pas de les trier en romans, nouvelles, essais, poésie, théâtre, etc. ; d’autant que plusieurs de ces livres sont en fait passablement ambigus à cet égard...
Mais le Japon, alors ? Il a occupé une place importante dans ces lectures – mais finalement moins que ce que je pensais. Sur ces 108 livres, j’en compte donc 32 qui sont liés d’une manière ou d’une autre au Japon. Ce qui n’est pas négligeable, certes, surtout dans la mesure où le mouvement vers les choses nippones a été entamé tardivement, durant l’été. De janvier à mai inclus, je n’en ai lu que 3 ; le pic dans ce registre a été atteint entre juin et septembre, et tout particulièrement en août (9 livres sur 12) et septembre (7 livres… mais sur 7). Je me doute que, pour bon nombre de lecteurs anciens du blog (s’il s’en trouve encore), tournés surtout vers la SFFF, cette orientation peut être un brin gênante, au point de leur faire déguerpir les lieux… Mais, à vrai dire, j’ai de toute façon l’envie, de mon côté, de mieux répartir et varier les lectures – on va voir si j’y parviens en 2017.
Un autre registre, cependant, s’est avéré à ma grande surprise toujours un peu plus dominant que les choses nippones, et ce sont les lectures ayant un rapport, de près ou de loin, avec Howard Phillips Lovecraft – marotte qui, cette année 2016, s’est exprimée au travers des chroniques de 35 livres. Il y a sans doute un petit biais, qui concerne Robert E. Howard, sur lequel j’ai pas mal travaillé cette année.
Et qu’ai-je retenu de tout cela ? Pas forcément grand-chose, dois-je dire…
Je n’ai pas l’impression d’avoir lu beaucoup de « mauvais » livres ; quelques-uns bien sûr m’ont déçu, ou ne m’ont tout simplement pas parlé, sans que je me sente forcément de les qualifier de mauvais pour autant ; en fait, dans ce registre, je ne retiens guère que Les Évangiles Écarlates, de Clive Barker, à fuir comme la peste (ou plus encore).
Et des bons livres ? Oui, j’en ai lu, une majorité, même ; mais des livres qui resteront ? Pas forcément tant que ça, je le crains.
J’ai envie de faire figurer, parmi les meilleurs, Les Affinités, de Robert Charles Wilson, un roman de SF fin et pertinent, qui nous ramène à ce que l’auteur a fait de mieux ; l’anthologie critique de Don Herron sur Robert E. Howard, The Dark Barbarian That Towers Over All, qui est brillante au point de m’autoriser à faire l’impasse sur la détestable personnalité dudit Don Herron, ressortant surtout des compléments intempestifs en fin d'omnibus ; La Marche du Mort, de Larry McMurtry, heureuses retrouvailles en forme de préquelle avec les héros du fabuleux Lonesome Dove ; la superbe anthologie « classique » Mille Ans de littérature japonaise, par Ryôji Nakamura et René de Ceccatty, pour partie une relecture, où tout ne m’a pas parlé, mais tout m’a intéressé, et même plus que ça ; et j’ai envie de citer ici également Les Trois Imposteurs, d’Arthur Machen, qui m’a étonné et ne m’en a que davantage séduit. Mais la palme revient sans doute à L’Homme qui mit fin à l’histoire, de Ken Liu, splendide novella d’une incroyable richesse – et la deuxième place, je suppose, à Soleil, de Yokomitsu Riichi, épique au possible et d’une majesté phénoménale. Parmi ces meilleurs souvenirs, quatre, dont mes deux préférés, ont été publiés dans l’année – je n’ai pas vraiment fait dans l’actualité, globalement, et le bilan n’est donc pas si mauvais à cet égard ; aucun livre français, par contre ?
Un cran en dessous, mais tout de même plus que recommandables, j’ai envie de citer quelques autres titres : Lud-en-Brume, de Hope Mirrlees (et peut-être aussi, tant qu’on y est, Le Loup des steppes, de Harold Lamb – j’espère que Callidor poursuivra sur cette lancée) ; Kallocaïne, de Karin Boye ; l’anthologie de Dashiell Hammett Terreur dans la nuit – le moment de fraîcheur de ce bilan, avec Lamb ; Le Dit de Hôgen/Le Dit de Heiji, classiques nippons à la force d’évocation remarquable ; et enfin Sin Semillas, pavé enthousiasmant d’Abe Kazushige. Pas de français là non plus ? Mais presque que des livres parus cette année – même si les vieillerie dominent, en réalité !
Dans un autre registre, je dois enfin faire part du grand plaisir que j’ai éprouvé à relire, mais en anglais, les nouvelles contenues dans Dagon and other macabre tales, de H.P. Lovecraft (et quelques autres relectures du même genre, en fait, mais j’ai envie de singulariser celle-là) : pas que du bon, loin de là, mais le fait est que, plus je lis Lovecraft, plus ça me passionne… D’où ce record : mon compte rendu était tellement absurdement détaillé (car enthousiaste !) qu’il m’a fallu le découper en deux articles ; mazette… Il me faudra revenir sur cette question de la longueur des chroniques, à n’en pas douter…
LES BANDES DESSINÉES
C’est sans doute une des originalités marquantes de cette année – je me suis remis à lire des bandes dessinées ; en tout, j’en compte 51 chroniques… parmi lesquelles 33 portent sur des mangas, registre auquel je ne connaissais quasiment rien jusqu’alors. Là encore, la bascule a eu lieu durant l’été, et toutes les BD lues depuis étaient japonaises.
Une expérience marquante, et peut-être plus particulièrement dans le registre horrifique, où deux BD se sont avérées des révélations, le mot n’est pas trop fort : Spirale, de Junji Itô, et La Maison aux insectes, de Kazuo Umezu ; mais il me faut aussi mentionner des baffes tout aussi foudroyantes dans le domaine du gekiga historique, avec L’Argent du déshonneur, de Hiroshi Hirata, et le premier tome de Lone Wolf and Cub, par Kazuo Koike et Goseki Kojima.
Il me faut accorder une place particulière à deux relectures marquantes (entamées avant 2016) : les Akira de Katsuhiro Otomo, en fait avant que je ne me lance dans la découverte des mangas, et sans doute en est-ce une conséquence ; et les Sandman de Neil Gaiman (et plein d’illustrateurs) : des monuments, chacun dans son genre.
Et hors Japon et Sandman, que retenir ? Les BD « chimériques » de Serge Lehman, peut-être, les lovecrafteries d’Alan Moore, aussi, mais avec du recul ; et, dans un genre à part (sur ce blog) mais ô combien réjouissant, l’excellent Zaï Zaï Zaï Zaï, de Fabcaro. Hors blog, enfin – parce que ça ne se prête pas à du commentaire volume par volume –, je poursuis l’intégrale de Peanuts, de Charles M. Shulz, lentement mais avec un plaisir toujours renouvelé
CÔTÉ JEU DE RÔLE
Côté jeu de rôle, l’année 2016 a tranché sur les précédentes.
J’ai lu beaucoup moins de bouquins de jeu de rôle, globalement : j’en compte 18, mais en sachant que figurent dans le tas une dizaine de tout petits suppléments pour Imperium – disons donc une dizaine de bouquins du commerce, et de taille conséquente, ce qui est peu, et vraiment très peu par rapport à mon rythme des années immédiatement antérieures.
Peu de ces lectures, par ailleurs, se sont révélées vraiment enthousiasmantes… C’est peut-être le supplément Fondcombe pour L’Anneau Unique qui s’en tire le mieux, et, s’il est bon, il n’a vraiment rien d’un chef-d’œuvre ; surtout, les lovecrafteries lues cette année, qui dominent clairement hors Imperium, ont été globalement décevantes, voire très décevantes… Par ailleurs, hors Imperium encore, je n’ai pas lu grand-chose d’indépendant.
Par contre, si j’ai peu lu, j’ai beaucoup joué ! En fait, plus que jamais – joies du jeu de rôle virtuel ! Sur le blog, cela s’est traduit par 55 (tout de même) comptes rendus de partie – parmi lesquels une majorité, 32, pour la seule campagne « Arkham Connection » de L’Appel de Cthulhu, où j’étais PJ, non MJ… Rythme que je ne peux conserver – cela prend beaucoup de temps… Outre que, comme je faisais alors ces comptes rendus sur le vif, cela m’amenait sans doute à me montrer moins actif en cours de partie : mieux valait donc arrêter, et me concentrer, mais après coup, via des enregistrements, sur les comptes rendus des seules parties que je maîtrisais. Sur les 23 comptes rendus restants, pour lesquels j’étais MJ, donc, 18 portent sur ma chronique d’Imperium, « La Maison Ptolémée » (entamée fin 2015), et 5 sur le scénario « Lame, l’arme, l’armes », issu de 6 Voyages en Extrême-Orient (qui n’était certes pas censé durer autant…) ; j’ai par ailleurs un compte rendu de retard pour chacune de ces deux parties.
J’ai envie de continuer – mais en prenant davantage mon temps, et donc pas au point où cela phagocyterait le reste du blog ; d’autant qu’il n’est vraiment pas dit que ces longs retours de parties aient beaucoup de lecteurs… J’en suis bien conscient. Mais, que voulez-vous : j’aime ça...
(Pour en finir avec les jeux, mais pour le coup hors jeu de rôle, je n’ai chroniqué que 2 jeux vidéos cette année, et au tout début seulement ; j’ai un peu joué depuis, moins que je ne l’aurais voulu, mais ne me suis pas senti de chroniquer… J’ai cependant passé du temps sur Total War : Warhammer, notamment, sur lequel je reviendrai peut-être un de ces jours.)
(Par contre, pas du tout de jeu de plateau cette année, et ça me manque un peu…)
CINÉMA ET SÉRIES
J’ai traversé une longue période où j’étais peu ou prou incapable de regarder le moindre film – sans que j’en connaisse bien la raison. J’ai l’impression de commencer à en sortir… et, comme de juste, surtout via le cinéma japonais.
Hélas, je ne peux pas chroniquer tout ce que je vois… J’ai choisi de mettre l’accent sur les lectures, et les chroniques cinématographiques ont du coup un peu été sacrifiées. Ce qui ne se défend pas forcément...
Au cours de l’année, j’ai chroniqué 14 films seulement – dont 10 sont liés de près ou de loin au Japon (en fait, huit sont japonais, mais il faut y ajouter Lettres d’Iwo Jima, de Clint Eastwood, et Midnight Meat Train, de Ryûhei Kitamura).
Parmi ces 14 films, il y a une proportion non négligeable de revisionnages – notamment de Takeshi Kitano et d’Alfred Hitchcock. Aucune nouveauté par ailleurs, et je n’ai pas remis les pieds dans une salle de cinéma depuis très longtemps...
J’ai vu pas mal d’autres films – et non des moindres – mais sans trouver l’occasion de les chroniquer. Là aussi, j’aimerais remédier à ça en 2017 – probablement en faisant le tri, d’ailleurs…
Et côté séries ? Pas grand-chose non plus… 5 chroniques en tout, concentrées au début de l’année pour l’essentiel – mais une seule japonaise, la plus récente de ces chroniques, avec Paranoia Agent ; mais j’ai tellement de trucs à rattraper… En fait, ça contribue sans doute, bêtement, à me dissuader de m’y lancer. Là encore, faudra voir à y faire quelque chose…
ET LA MUSIQUE ?
Pas une seule chronique musicale cette année… Je le regrette un peu, là encore – même si les chroniques musicales sont pour moi les plus difficiles à rédiger, et de loin.
Par ailleurs, en vieux con, j’ai eu tendance à tourner toujours sur les mêmes trucs – et même de la part d’artistes que j’estime voire adule, je n’ai pas écouté grand-chose de neuf cette année. Ce qui n’est pas très bien, tout de même…
LA FORME
C’est sans doute aussi l’occasion de revenir sur la forme du blog – pas tant, d’ailleurs, son changement d’apparence, globalement apprécié j’ai l’impression, même si certains ont du mal avec le blanc sur fond noir, certes… En même temps, j’ai fait – et parce qu’on me l’avait suggéré – quelques efforts de mise en forme, avec des intertitres sans doute salutaires pour les chroniques de manière générale, et un « code » appliqué à mes comptes rendus de parties de jeu de rôle.
Deux aspects me paraissent par contre devoir être détaillés, à ce propos.
La longueur des articles
Tout d’abord, mes articles sont longs, très longs, peut-être même de plus en plus longs… Rares, aujourd’hui, sont les chroniques qui font moins de 10 000 signes espaces comprises sur ce blog ; la plupart tournent autour de 15 000 ; certaines, exceptionnellement (des lovecrafteries, notamment ?), peuvent exploser cette moyenne, avec des 50 000 ou 60 000 signes, voire plus… Les comptes rendus de parties de jeu de rôle, par ailleurs, font rarement moins de 40 000 signes espaces comprises.
C’est long, je sais. Trop long, sans doute. Voire absurdement… On m’en a fait la remarque, et elle est bien légitime.
Mais voilà : en ce moment, c’est comme ça que je sens les choses – j’ai envie de m’étendre, parce que j’ai envie de dire tous ces trucs-là.
En fait, c’en est au point où je n’arrive même plus à comprendre comment j’ai pu, si longtemps, faire des chroniques tenant en 5000 ou 6000 signes (ma moyenne pendant des années) ; et je vous raconte pas la galère, quand je dois faire en sorte de ne pas (trop) dépasser les 3000 signes espaces comprises pour Bifrost…
Donc, à moins de gros passage à vide (toujours possible, hélas), je pense pour l’heure m’en tenir à ces articles longs – désolé si jamais…
Les vidéos
Bien sûr, il y a eu cette année une autre nouveauté : les vidéos des chroniques – encore que « vidéos », même via une chaîne YouTube (titrée, c'est original, Welcome to Nebalia), ne soit pas un terme très approprié, puisqu’il n’y a rien à voir… Oui, ce sont des enregistrements audio.
On m’a donné plein de conseils bienvenus pour améliorer l’aspect vidéo, et tout autant pour sortir de la « lecture » de chronique. Ce sont des choses que je garde précieusement en tête, mais cela demande un travail supplémentaire, et, pour l’heure, je n’en trouve pas le temps… Mais ce sont autant de remarques pertinentes : je vous en remercie tous, et il me faudra repenser la chose le moment venu.
Mais pour l’instant, je m’en tiens donc à l’idée de base : la vidéo ne prendra pas le pas sur le texte, il s’agit seulement d’offrir des chroniques, les mêmes, mais sur deux médias différents, à la convenance de chacun. Viendra sans doute le temps où je verrai à tirer le meilleur parti de chaque médium – espérons-le, du moins...
LACHTÉKOM
C’est sans doute sur cela qu’il me faut finir : je suis toujours preneur de remarques, suggestions, et critiques. N’hésitez donc pas à m’en faire part. Les commentaires sur cet article me paraissent tout désignés à cet effet, mais vous disposez le cas échéant d’autres moyens, comme le formulaire de contact du blog, ou sa page Facebook.
Merci de votre attention, les gens – et merci plus globalement à ceux qui me lisent, les fous ! Et tout particulièrement à ceux qui envisagent de poursuivre en 2017...
Et... ah ! oui... Bonne année !
Je vais tenter un truc…
Parce que je suis un suiveur obnubilé par les tendances trendy de la hype, parce que, en outre, je tends à faire des chroniques de plus en plus longues et on, euh, m’en a fait la remarque, broumf, je me suis dit que tenir en parallèle du blog une chaîne YouTube reprenant mes chroniques en audio pourrait éventuellement en intéresser quelques-uns. Je me plante peut-être, hein – mais ça ne coûte pas grand-chose d’essayer, j’imagine… Et le texte demeure, bien sûr.
Et donc voilà : la chaîne YouTube de Welcome to Nebalia. J’ai commencé à diffuser mes chroniques depuis le début de ce mois, m’autorisant aussi quelques retours en arrière occasionnels. À partir de maintenant, toutes mes chroniques (non, bien sûr, ça n’inclut pas mes comptes rendus de parties de jeu de rôle, et pas davantage mes vagues tentatives pour écrire des nouvelles…) s’ouvriront sur une version audio, suivie bien sûr de la chronique écrite – comme d’hab.
Vos retours sont bienvenus, à tous points de vue. N’hésitez pas, donc.
Yo, les gens.
Il m'est arrivé de m'en rendre compte moi-même, et on m'en a signalé quelques autres cas : certains vieux articles du blog sont devenus illisibles avec le changement d'apparence ; c'est simplement qu'à l'époque j'avais malencontreusement utilisé la couleur de police noire plutôt qu'automatique (mais pas systématiquement).
A l'époque, ça ne changeait absolument rien au résultat... mais maintenant, ça donne du noir sur fond noir.
Ça se corrige très vite, hein ; mais si jamais il vous arrivait de tomber sur un de ces articles, merci de me le signaler, que j'y remédie !
Les 4 et 5 juillet derniers, c’était la Necronomi’Con, à Lyon, première convention autour de Lovecraft en France, et c’était bien sympathique, ma foi.
ActuSF a mis en ligne les enregistrements des tables rondes qui y ont eu lieu, vous trouverez ça ici.
(Pour ma part, je suis intervenu dans les deux dernières, sur le jeu de rôle et le cinéma.)
On l'oublie trop.
Je viens de recevoir un mail immonde d'Over-Blog, dont voici l'essentiel :
"Pour continuer de vous fournir un espace d’expression libre, gratuit et facile d’accès, votre blog nebalestuncon.over-blog.com intégrera prochainement quelques espaces publicitaires. Ce changement va nous permettre de continuer de vous apporter un service de qualité."
Connards.
Le seul moyen de virer les pubs, visiblement, serait de raquer pour l'offre Premium... Ce qui est hors de question.
Je suis furieux.
Je giclerais bien de cette merde pour le principe, mais j'aimerais pouvoir rapatrier mes très nombreux articles...
Pfff.
Connards !
Bon ben voilà.
J’ai ruminé, j’ai ruminé… et je craque. Je vais donc une fois de plus me ridiculiser en m’énervant pour rien et dans le vide. Pas grave. J’en ressens le besoin, c’est l’essentiel, je ne vois dès lors pas pourquoi je me priverais…
Donc, oui, vous pouvez très bien d’ores et déjà vous arrêter de lire, je ne vous en voudrais certainement pas.
…
Toujours là ?
Pervers.
OK.
Donc, à l’origine, il y a eu ce billet de Lionel Davoust sur son blog, billet qui a rencontré un grand succès et suscité moult commentaires laudateurs (je n’en attends certainement pas autant pour ce texticule-ci… mais après tout, je ne suis personne ; c’est donc dans l’ordre des choses).
Ce billet m’a cependant un tantinet agacé (peut-être pour de mauvaises raisons, c’est à débattre), et plus encore certains des commentaires qui l’ont suivi. Mais j’en viendrai à l’article à proprement parler et aux commentaires en question plus tard. Il me faut en effet prendre quelques précautions.
Alors, tout d’abord, je n’ai pas pour intention de vous faire déprimer. Vous êtes heureux ? Tant mieux ! Je ne souhaite que votre bonheur à tous… Une chose que j’ai justement tendance à reprocher à l’article en question, c’est son caractère d’injonction : « Vos gueules. » Je n’entends donc pas reproduire ici ce « défaut » que je condamne.
Seulement, c’est plus fort que moi, un réflexe adolescent, quand on me dit de la fermer, me pousse à l’ouvrir.
Je ne suis pas seulement un gamin porté sur l’auto-flagellation : je suis aussi – c’est diagnostiqué, j’entends – un dépressif. Je l’ai probablement toujours un peu été, mais cela fait en gros dix ans que l’on me suit pour cette maladie qui me pourrit la vie. Ne nous méprenons pas : je n’en tire certainement aucune fierté… Mais pas davantage de honte. C’est juste un fait. Et il sera pas mal question de faits, ici, ne portant en eux aucun jugement de valeur, mais pouvant à bon droit en entraîner. Justement : vous êtes libres. Alors ne vous en privez pas. Mais il me paraissait nécessaire de préciser ce point (qui, cela dit, doit ressortir de certains des articles plus traditionnels de ce blog…) : oui, j’ai tendance à voir les choses en noir. Je ne vous demande pas de faire de même.
Ceci étant, passons au fond du sujet. Quand j’ai lu le billet de Lionel Davoust, j’ai immédiatement – à tort à en croire l’auteur – eu une idée en tête : celle de la « pensée positive ». À vrai dire, ce n’est pas ce seul article qui m’a amené à cette conclusion peut-être un peu hâtive : j’avais déjà lu, sur le même blog, des articles concernant notamment l’écriture qui me paraissaient émettre le même son de cloche. C’est la conjonction de ces vieux articles et de celui d’aujourd’hui qui m’amène à parler de « pensée positive ».
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : l’optimisme philosophique n’a certes pas attendu la mystification pseudo-scientifique et très rentable du pasteur Norman Vincent Peale pour exister. Après tout, hein, pour me contenter d’un exemple qui parlera à tous, Candide vivait bien dans le meilleur des mondes possibles… En outre, si le caractère d’imposture de la « pensée positive » au sens strict n’est plus (ou ne devrait plus être…) à démontrer, je sais bien que certaines de ses supposées « méthodes » ont cours auprès d’instances a priori plus « légitimes ». Moi-même, dans le cadre de ma thérapie (oui, j’y reviens), j’ai ainsi subi pendant quelque temps, dans le cadre d’un groupe, les « jeux de rôle » (comme il les appelait, ce qui me fait rire jaune) d’un psychiatre cognitivo-comportementaliste. Bon… Ce fut un échec lamentable : je suis décidément imperméable à cette réflexion… et j’ajouterais que la thérapie cognitivo-comportementale me paraît être un triste rejeton du béhaviorisme, dont les maigres connaissances que j’en ai m’ont toujours fait froid dans le dos (brrr…).
Il n’en reste pas moins que, à la lecture de ce billet, c’est bien la « pensée positive » qui m’a sauté à la gueule (à tort ou à raison, là encore, je vous laisse libre de vous faire une opinion). Celle-ci (que j’ai pour ma part découvert avec ce chouette morceau d’Ethnician et, à peu près à la même époque, avec un hilarant court-métrage dont j’ai hélas perdu toute trace) a connu un très grand succès, je ne vous apprends rien, et continue de faire florès aujourd’hui. Tapez seulement – si vous l’osez – « think positive » ou « positive thinking » dans YouTube, et admirez. Oui, ces discours lénifiants rencontrent encore (peut-être même plus que jamais ?) beaucoup d’écho.
Moi, ils m’ont toujours donné envie de vomir…
Parce que voilà : désolé, mesdames et messieurs, mais le « You can get it if you really want » qui ressort du discours de la « pensée positive » et de l’article de Lionel Davoust (sans que je fasse nécessairement d’amalgame strict entre les deux), ben… c’est de la pensée magique. Pas « religieuse », comme on pouvait l’attendre de la part d’un pasteur (qui a rencontré néanmoins des objections théologiques, mais ça je m’en cogne un peu), mais bel et bien « magique ». Entendre par là l’idée suivante : si vous suivez un rituel précis, vous serez à même d’agir sur vous-même et sur le monde qui vous entoure. Cela dépasse en effet la simple perception : il s’agit bel et bien de changer le monde (après avoir changé soi-même). Si vous suivez la méthode de la « pensée positive », vous serez plus heureux… et le monde sera plus beau.
Foutaises.
Non, désolé, mais il ne suffit pas de vouloir une chose pour qu’elle se produise. Même avec ce machin si redoutable qu’est « l’effort ». Cette valorisation du travail (travail sur soi, et activité « extérieure »), bien de notre temps et de notre triste monde tragique, me répugne, pour des raisons politiques dont je vous ferai grâce. Mais surtout, philosophiquement et psychologiquement, je n’y crois tout simplement pas. Cette variation « matérielle » sur le vieux « aide-toi et le ciel t’aidera » me paraît au mieux illusoire, au pire dangereuse. Illusoire, parce qu’elle donne de faux espoirs ; dangereuse, parce qu’asséner ces faux espoirs au quidam, c’est lui donner, bien plus que l’occasion de réussir, celle de se vautrer et d’en souffrir, d'autant plus qu'on le rend ainsi seul responsable de son échec.
Je ne dis évidemment pas qu’il ne faut rien faire, parce que c’est pas la peine de toute façon, hein, bon. Certes, en bon dépressif, je suis porté (notamment en politique) sur « l’à-quoi-bonisme » ; mais c’est une vilaine tendance que j’essaye de combattre. C’est là le meilleur terme, je pense : il s’agit bien d’un combat contre soi-même. Du coup, ça ressemblerait presque à de la « pensée positive », me direz-vous ? Ben non. Parce que la perception des choses, de même que l’objectif à atteindre, n’ont rien à voir.
En effet, une autre chose que je reproche à la « pensée positive », et, si ce n’est au billet de Lionel Davoust, à certains commentaires édifiants qu’il a généré, c’est leur profond… égoïsme. Car, oui, à mon sens, si la dépression pousse à l’égocentrisme (je, je, je sais de quoi je, je, je parle), la « pensée positive » implique une sur-valorisation de soi qui équivaut au rejet du monde et des autres.
Ce qui est apparu clairement dans certains commentaire, mais me paraissait implicite dans le « vos gueules » adressé initialement aux corbeaux (dont votre serviteur ; oui, égocentrisme). Et c’est probablement là l’objet essentiel de cette beuglante mal structurée, vaine et probablement ridicule, réaction épidermique dont, je plaide coupable, je suis coutumier.
Les corbeaux ont ceci de fâcheux, semble-t-il, qu’ils vous plongent, avec leurs petites ailes, le nez dans le caca. Ils commentent (bêtement, bien sûr) l’actualité, ô combien réjouissante, et en tirent des conclusions sur l’état général du monde et son évolution probable que, nous dit-on, ils feraient mieux de garder pour eux.
Bien entendu, chacun est libre d’ignorer ce qui se passe autour de lui. Et, passé un certain stade, le commentaire de l’actualité est certes susceptible de participer d’une forme de voyeurisme morbide qu’on ne saurait encourager.
Mais – re-désolé –, moi, je, me, myself, I, refuse de porter des œillères « pour me sentir mieux ». Je refuse d’ignorer le monde au nom de mon seul confort personnel. Celui des autres ? Ben, vous n’êtes pas obligés de me lire, hein… Vous trouvez que je suis « déprimant » ? Je vous rétorquerais que c’est le monde qui l’est. Vous me dites que ouais ben c’est pas la peine d’en rajouter ou même tout simplement de le dire ? OK. Je ne vous oblige pas à m’approuver.
Mais de quel droit pouvez-vous m’ordonner de la fermer ?
Non. Je refuse de la fermer. Je préfère me révolter, m’indigner, même dans le vide, plutôt que de m’en foutre, ou de faire l’impasse sur ce qui me déplait pour cette seule et unique raison… que ça me déplait. Parce que cet égoïsme me répugne.
Je ne prétends certes pas, par le fait, être meilleur que les autres, ou détenir La Vérité. Je ne vous demande pas de faire comme moi. Je ne vous dis pas que vous vous en porterez mieux (certainement pas) ou que le monde s’en trouvera mieux (probablement pas). Encore une fois, libre à vous. Mais libre à moi de ne pas m’en foutre. Libre à moi de trouver le monde déprimant. Et de le dire.
C’est bien, du coup, ce qui au terme de ruminations longues et pénibles, m’a amené à dépasser le stade des simples sarcasmes idiots dont je m’étais contenté jusqu’à présent pour écrire ce billet (sans doute tout aussi idiot, mais je m’en fous). Que l’on puisse s’enthousiasmer pour une injonction de fermer sa gueule, ça m’énervait déjà un peu ; que l’on fasse l’éloge, directement ou indirectement, des méthodes de la « pensée positive », encore plus ; que l’on fasse celui de l’indifférence au monde, c’était plus que je ne pouvais en supporter.
Si le bonheur est à ce prix, je préfère me complaire dans le malheur.