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Articles avec #les creations de nebal tag

"L'Imagination des gardiens"

Publié le par Nébal

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Ils sont là.

Là, tout en haut, derrière la porte.

Là, juste là, en haut de l’escalier, à attendre, et à dresser des plans.

Ce sont mes gardiens.

Ils se tiennent entre moi et le monde depuis…

Oh.

Depuis toujours, sans doute. Je n’ai pas le souvenir d’avoir jamais été libre de mes mouvements. Je ne crois pas avoir jamais perçu le monde extérieur autrement qu’accompagné, contraint et forcé, par mes gardiens.

Leur présence est généralement insidieuse, mais ils sont là.

Toujours.

En haut de l’escalier, le plus souvent, à dresser des plans contre moi.

Ou bien, quand nous sortons, derrière moi, à me surveiller. À m’empêcher d’être libre. À m’empêcher d’être moi.

Je les entends, des fois, même s’ils croient être discrets. Ils croient être discrets, oui, mais je les entends. Ils chuchotent, complotent. Leurs plans sont astucieux, pervers. Un autre que moi, sans doute, n’en aurait pas conscience. Mais moi, je sais. Car je suis habitué à leur présence. Et je les entends jour et nuit, comploter contre moi.

C’est tout juste un souffle, le plus souvent. Mais mon nom revient sans cesse dans leur conversation, et c’est pourquoi je dresse l’oreille depuis toutes ces années.

La nuit, je ne peux pas dormir. Je les entends. Mon nom résonne dans les conduites, rendant un étrange son métallique. Alors je colle mon oreille contre le mur, et j’écoute. Je ne discerne pas grand chose, hélas. L’écho, les bruits de la rue, les chuchotis… tout se ligue contre moi, m’empêche de pénétrer leur discours. Mais je sais qu’ils parlent de moi.

Car mon nom revient sans cesse. Ces syllabes rugueuses, germaniques, syncopées. Pas d’erreur possible.

C’est bien de moi qu’ils parlent.

Un jour j’ai eu l’audace de monter l’escalier, à pas de loup, de coller mon oreille contre la porte, et d’attendre.

Rien.

Les voix se sont tues immédiatement.

Ils savaient, et ils se sont tus.

C’était frustrant. Je sentais toujours leur présence derrière la porte, je savais que je n’avais pas mis fin au complot pour m’être avancé jusque là, mais je n’entendais plus rien. Frustrant ? Non, effrayant, en fin de compte. C’était pire que tout.

J’ai hésité.

J’ai tendu la main vers le loquet. Une main agitée de tremblements, secouée de spasmes violents ; mais…

Non.

Je n’ai pas osé ouvrir la porte.

À quoi bon ?

Ils n’auraient pas été là, de toute façon. Enfin, je ne les aurais pas vus.

Parce qu’ils savaient.

De toute façon, ils savent tout de moi.

Alors je suis redescendu me coucher. Et bientôt les voix ont repris leur litanie et mon nom a de nouveau résonné dans les conduites.

Et il en est allé ainsi toutes les nuits depuis cette unique tentative de… non, je n’oserais pas qualifier cela de « rébellion », le mot serait trop fort. Voyons les choses en face : je m’accommode fort bien de mes gardiens. Je suis un prisonnier très docile, du genre qui espère être relâché pour bonne conduite. À ceci près que tout espoir m’a abandonné depuis longtemps.

Je suis un lâche.

Et ils sont bien trop astucieux pour moi. Bien trop forts, bien trop nombreux. Que puis-je y faire ?

Rien, à l’évidence.

Rien…

Je suis depuis le début condamné à vivre ma vie telle qu’ils l’ont planifiée pour moi ; je sais que, quoi que je fasse, et quelles que soient les précautions dont je m’entoure, je tomberai dans les innombrables pièges et chausses-trappes qu’ils ne manqueront pas de dresser encore et toujours sur mon chemin.

Je me suis rendu à l’évidence depuis bien longtemps : jamais je ne triompherai de l’imagination des gardiens.

 

 (Nouvelle écrite pour le forum ActuSF, d’après le générateur de titres aléatoires.)

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"Les Vapeurs d'une insoumise"

Publié le par Nébal

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TRAGIQUE FAIT DIVERS RUE DE L’IMPRIMERIE – Hier au soir, lundi 22 novembre, une macabre découverte a bouleversé la rue de l’imprimerie : Mlle Suzon Lanier, domestique près M. de Méricourt, revenant d’une course, a en effet aperçu, allongés contre le mur dans une ruelle adjacente, les corps sauvagement assassinés de trois jeunes hommes, que la maréchaussée a tôt fait d’identifier comme étant MM. Philippe Joint, biographe, Jérôme Antier, imprimeur, et Gustave Roger, correcteur-typographe. Les trois victimes ont été retrouvées égorgées, et des pages imprimées enfoncées dans la gorge, la ruelle étant par ailleurs émaillée de feuilles volantes. L’inspecteur Ledru, chargé de l’enquête, nous a confié que lesdites pages étaient celles d’un ouvrage originellement destiné à paraître le lendemain, signé de M. Joint, édité par M. Antier et corrigé par M. Roger, et rapportant la vie et l’œuvre de Mme la Duchesse de Breteuil, la fameuse suffragette. Les soupçons se sont tout naturellement portés sur cette dernière, dont on est semble-t-il sans nouvelle depuis le tragique événement. Interrogé sur les suites à donner à l’affaire, l’inspecteur Ledru ne s’est guère montré loquace, mais a cependant conclu son communiqué ainsi, d’un air las : « Tout ça pour une couille… »

 

(Nouvelle écrite pour le forum ActuSF, d’après le générateur de titres aléatoires.)

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"A l'abri du Bossu"

Publié le par Nébal

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Le Bossu, j’en ai rêvé avant de le voir vraiment.

Enfin, « rêvé »…

C’était bien plutôt d’un cauchemar qu’il s’agissait.

Inévitable, avec sa vilaine trogne semi-lépreuse, hérissée de trois épis de cheveux filasses et gras, aile-de-corbeau. Le front bas, cependant. De méchants yeux porcins d’un noir de jais, perçants, brillants, abritant une lueur démoniaque, un éclat de folie pure, quelque part entre la terreur et la haine. Un gros nez verruqueux, gaulois, qui trônait au milieu d’une face rougeaude et suintante, dégoulinante, dégoûtante. Des lèvres sèches et tordues, entrouvertes sur une bouche édentée, d’où jaillissaient çà et là quelques chicots infects et purulents.

Sa bosse, ovoïde, surgissait derrière l’omoplate gauche. Il se tenait de toute façon naturellement voûté, dans une posture un brin simiesque, ses longs bras retombant mollement près du corps, les mains pataudes imprimant un mouvement de balancier à sa démarche courtaude et maladroite. Un gros ventre rebondi, comme une seconde bosse dissymétrique, faisait des « flop flop » sous ses deux mamelles presque féminines. Et deux longues jambes arquées et gauches, que l’on sentait hésitantes dans leur course.

Il était toujours vêtu hideusement, et – je le devinais – puait la fange. Mes cauchemars étaient sempiternellement muets, mais je lui supposais une voix de basse éraillée par le tabac, secouée de toux sèches.

Et il me regardait, l’air tantôt effaré, tantôt haineux, tantôt apeuré ; il me regardait fixement, de ses yeux noirs, de ses petits yeux de porc, inquisiteurs, terrifiés, compatissants ; il me regardait, et moi, moi, j’avais peur…

Le cadre changeait. Parfois, c’était une vieille salle de classe au parquet ciré et aux écritoires vides : j’étais seul face au Bossu. D’autres fois, c’était une rue familière de mon enfance, la nuit, sous un réverbère : j’étais seul face au Bossu. Ou encore la maison de mes parents, déserte : j’étais, encore et toujours, seul face au Bossu.

Je me réveillais alors, frissonnant, dans des draps trempés de sueur, son image sordide persistant dans ma rétine. J’allumais la lumière, fumais une cigarette, une deuxième, une troisième… j’avais peur de m’endormir à nouveau, et, dans la solitude de mes rêves, de retrouver le Bossu.

 

Puis les choses ont changé. Le Bossu m’est apparu en-dehors de mes rêves.

Je me souviens encore nettement de sa première véritable apparition. Je marchais innocemment dans les rues de Toulouse, revenant d’une course ou de l’Université, je ne sais plus, peu importe. Je passai devant une vitrine, et…

Il me fallut un temps pour réagir, un temps pour saisir cette intrusion de mes rêves dans le réel.

Le Bossu se reflétait dans la vitrine et me regardait, l’air ébahi.

Je me retournai frénétiquement, cherchant autour de moi sa sinistre figure.

Rien.

Le Bossu se reflétait dans la vitrine et me regardait.

Il recula, puis disparut petit à petit.

Je m’enfuis en courant.

 

Depuis ce jour, le Bossu n’a cessé de m’apparaître. Dans les vitrines, les miroirs, les fenêtres, dans la Garonne ou le Canal du Midi, sur les flancs des buildings et dans les rétroviseurs des voitures, partout où il pouvait se refléter.

Ma vie est devenue un enfer. Un cauchemar permanent.

Alors j’ai tenté de fuir le Bossu. J’ai pensé – naïvement, sans doute – que le Bossu était peut-être lié à cette ville, qu’il ne me suivrait pas dans une autre. Je me suis dit – Paris, peut-être ?

J’ai pris la navette pour l’aéroport de Blagnac. Le Bossu ne m’a pas quitté des yeux de tout le trajet, assis à mes côtés par-delà la vitre.

J’ai tenté de me noyer dans la foule de l’aéroport.

Le Bossu était dans les lunettes des voyageurs.

Je me suis présenté à l’embarquement, tremblant.

J’ai eu le temps d’apercevoir, l’espace d’un instant, le Bossu dans les yeux bleu électrique de l’hôtesse.

 

Je suis à Paris.

Sous la Pyramide du Louvre.

Et je sais que je ne serai nulle part à l’abri du Bossu.

 

 (Nouvelle écrite pour le forum ActuSF, d’après le générateur de titres aléatoires.)

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Contre-jours (1)

Publié le par Nébal

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"Authentique"

Publié le par Nébal

 

Ayé, l’anthologie n°5 du Cafard cosmique est en ligne.

 

J’ai commis à cette occasion une nouvelle, « Authentique », la première que j’ai achevée depuis, ouf, au moins. Dans un sens, autant dire que c’est ma première tentative, d’ailleurs.

 

Alors voilà, vous pouvez lire ça ici, et rien ne me ferait plus plaisir que vos remarques, critiques et insultes ; adonc n’hésitez pas.

 

Quelques petites notes en passant : tout d’abord, je remercie encore une fois les généreux cobayes qui ont bien voulu me donner leur avis sur la bête ; adonc, merci, merci, merci beaucoup aux cafards Dracosolis (et son mystérieux second correcteur…), Galvin, Goldeneyes et Tétard, ainsi que, hors Cafard, à Bat, Coco et Seb (j’espère n’avoir oublié personne ?).

 

Ensuite, juste pour info (mais peut-être vaut-il mieux lire ceci après la nouvelle), si la thématique de l’anthologie donnait déjà le la, et si j’ai tout naturellement pensé à Dr Adder, je me suis essentiellement inspiré (librement…) pour cette nouvelle d’un article (les premières pages, à vrai dire) de Jacqueline David, « Le Remariage de la femme « authentiquée » », RHD 2003 (3), pp. 327-343.

 

Enfin, les musiques accompagnant cette note sont d’Arvo Pärt, De Profundis (un morceau que j’ai beaucoup écouté pendant la rédaction de la nouvelle, mais dans une autre version, beaucoup plus lente et renforçant l’aspect crescendo), et de Dead Can Dance, « The Host of Seraphim » (extrait de l’album The Serpent’s Egg ; le « clip » reprend un passage du très beau film Baraka de Ron Fricke).

 

Bon, ben, heu, à vous les studios…

 

 

 

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Et si les kangourous avaient des ailes ? (première ébauche)

Publié le par Nébal

Nébal, des fois, essaye piteusement de faire de la musique avec sa basse et son PC. En voici un exemple, encore inachevé, looooooooooooong et répétitif et planant ('fin j'espère...) comme je les aime (13,30 mn)... Pour le moment, il n'y a que des claviers (totalement improvisés ; faut-il préciser que je ne sais absolument pas en jouer ?), des boites à rythme (dont un sample de Nine Inch Nails) et de la basse, mais j'aime bien quand même, et autour de moi on aime bien aussi, enfin y paraît. Je compte éventuellement le compléter (avec des percussions plus variées, de nouveaux claviers, voire des cordes, sans doute de la guitare et du field recording, peut-être un peu de chant... et en tout cas un gros triturage de son), mais... est-ce que ça en vaut la peine ? Voila, en fait : si vous pouviez me donner votre avis, ben ça me ferait super plaisir...

A écouter à fort volume, par contre :

http://www.archive-host2.com/membres/up/987314623/Etsileskangourousavaientdesailes.mp3

A vous ! N'hésitez pas à taper dur si nécessaire...

 

EDIT : En fait, ça sera plus simple sur YouTube...

 

 


 

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