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"Allelujah! Don't Bend! Ascend!", de Godspeed You! Black Emperor

Publié le par Nébal

Allelujah! Don't Bend! Ascend!

 

GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR, Allelujah! Don’t Bend! Ascend!

 

Tracklist :

 

01 – Mladic

02 – Their Helicopters’ Sing

03 – We Drift Like Worried Fire

04 – Strung Like Lights At Thee Printemps Erable

 

Bon, je ne me sentais pas de le faire, ce compte rendu, mais plus j’écoute cet album, et plus je l’aime. Ce qui est très cool. Et m’incite donc à vous en toucher deux mots (‘tain, maintenant que je me suis remis aux productions récentes, entre Liesa Van der Aa, Tame Impala, Trent Reznor / Atticus Ross et ça, je me régale, et j’ai à nouveau envie de chroniquer des disques ; re-cool).

 

Mais revenons tout d’abord, en guise d’introduction, sur le groupe et sa discographie antérieure. Godspeed You! Black Emperor est probablement le groupe phare de la scène post-rock canadienne comme du label Constellation (et autour de lui gravitent diverses formations également fort intéressantes comme A Silver Mt. Zion Memorial Orchestra ou Set Fire To Flames). « Post-rock », évidemment, ça peut dire tout et son contraire… Il est cependant difficile de qualifier au-delà la musique de GY!BE, qui évoque une multitude d’influences. On se contentera de dire qu’il s’agit d’une musique instrumentale, empruntant tant au rock (passablement progressif / psychédélique) qu’à la musique classique, très légèrement teintée de sonorités concrètes / industrielles, saupoudrée de samples de discussions, etc., et prenant corps sous la forme de longs morceaux (pouvant aller jusqu’à une vingtaine de minutes, et plus si affinités), souvent découpés en mouvements vaguement symphoniques. GY!BE est un groupe passé maître dans l’art de la montée, du crescendo ; c’est sans doute ce trait-là qui caractérise le plus ses compositions, trippantes au possible…

 

Il y en a une que vous connaissez nécessairement, « East Hastings », qui avait été reprise (en version vraiment, mais alors vraiment, très abrégée…) dans la bande originale de 28 jours plus tard de Danny Boyle ; ce morceau (qui fait en tout 18 minutes) figurait sur le premier véritable album du groupe, f#a#∞, et est assez représentatif des méthodes générales de Godspeed (qui a cependant su évoluer sans se répéter excessivement, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit…). Suivit un splendide EP, Slow Riot For New Zerø Kanada, le bref album (seulement deux titres, pour une durée totale d’environ une demi-heure) avec lequel j’ai découvert le groupe, totalement par hasard, sur une radio indépendante toulousaine, et qui reste à ce jour l’œuvre de GY!BE que je préfère (sans doute à la fois par sentimentalisme et en raison de la brièveté de l’album, qui empêche le moindre sentiment de lassitude, même la plus minime, de s’installer). Il semblerait que ce soit avec ce disque que le groupe ait atteint une certaine notoriété, notamment du fait… d’un certain John Peel, décidément incroyable dénicheur de talents. Puis il y eut les excellents Lift Your Skinny Fists Like Antennas To Heaven (un double album, le plus long – et peut-être le plus complexe – que le groupe ait jamais produit), et, en 2002, Yanqui U.X.O. (c’est sans doute vers cette époque – je ne m’en souviens plus exactement – que j’ai eu la chance de les voir en concert ; je remettrais bien ça, d’ailleurs…).

 

Et puis plus rien, les membres du groupe préférant se consacrer à divers projets parallèles.

 

Zut.

 

Mais voilà : après dix ans de silence radio (façon de parler, of course…), le groupe annonça la sortie d’un nouvel album, intitulé Allelujah! Don’t Bend! Ascend! Joie ! Joie ! Mais – en ce qui me concerne tout du moins, mais je suppose que je n’étais pas le seul… – une joie teintée d’appréhension : les Canadiens guedins de Godspeed allaient-ils être en mesure de livrer un album aussi brillant que ses glorieux prédécesseurs ? Sauraient-ils se renouveler suffisamment pour que ça en vaille la peine, ou bien se contenteraient-ils de reproduire leurs anciens titres ?

 

Je plaide coupable : à la première écoute – gratuite –, j’ai aimé cet album, oui, et suffisamment pour prendre la décision de l’acheter, mais sans le trouver transcendant pour autant… Je notais avec un certain plaisir que le groupe, si on retrouvait bien la patte si caractéristique de ses compositions antérieures, avait su y apporter des nouveautés, quelques « prises de risque », relatives mais bien présentes. Mais je n’en pétais pas un orgasme pour autant.

 

Maintenant, si.

 

Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaa.

 

Parce que, comme je le disais en introduction, Allelujah! Don’t Bend! Ascend! est un album qui se bonifie à chaque écoute. Je peux bien le dire maintenant : il se montre sans aucun doute à la hauteur des productions antérieures de GY!BE, et contient même, à mon sens, dans son premier titre « Mladic », un des meilleurs moments du groupe.

 

Allelujah! Don’t Bend! Ascend! est donc constitué de quatre morceaux : « Mladic » et « We Drift Like Worried Fire » sont des morceaux d’une vingtaine de minutes caractéristiques du style antérieur de Godspeed, là où les plus brefs (environ six minutes chacun) « Their Helicopters’ Sing » et « Strung Like Lights At Thee Printemps Erable » lorgnent délicieusement vers le drone, relativement lumineux et ambient pour le premier, plus bruitiste pour le second – c’est pas du Sunn O))), mais y a de l’idée.

 

Ah, tiens, tant qu’on y est : le « printemps érable » du dernier titre de l’album renvoie à la grève étudiante québécoise de 2012 (y font également écho les bruits de casserole à la fin de « Mladic ») ; Godspeed You! Black Emperor a toujours été un groupe très politisé, très à gauche, et cet album ne déroge pas à la règle (exprimant son mécontentement dans un charmant franglais sur la pochette de l’album).

 

Essayons d’en dire un peu plus sur les deux longs morceaux. « Mladic », tout d’abord, s’ouvre sur un format relativement ambient avec des violons enchanteurs, bientôt remplacés par des piaillements de guitare. Il offre une première montée qui, après le classique déchaînement rythmique et guitaristique (peut-être un poil moins complexe et un chouia plus bruitiste que d’habitude) finit par devenir vaguement orientalisante, et globalement tout à fait sympathique (avec une rythmique étonnamment enjouée pour du Godspeed). Mais le meilleur est à venir, avec un superbe riff on ne peut plus extatique : un de mes passages préférés de toute la carrière du groupe. Rien de moins ; ça colle une sacrée baffe, et confirme que les post-rockers canadiens, en dix ans, n’ont pas pris une ride.

 

« We Drift Like Worried Fire » est un morceau dans l’ensemble bien plus sombre, voire carrément noir et oppressant, surtout pour son inquiétante introduction. Comme je les aime ! Il y a mieux pour se remonter le moral, mais on s’en fout, c’est pas le propos. La suite est plus lumineuse (relativement, hein), mais tout aussi intéressante, tandis que la deuxième moitié du morceau retourne au glauquissime et s’achève dans un mélange détonant d’espoir et de mélancolie. L’ambiance tout à fait remarquable de ce morceau en fait une réussite incontestable.

 

‘tain, pour rédiger ce compte rendu, je me suis écouté l’album trois fois d’affilée et j’en redemande… C’est dire s’il est bon. Cependant, Allelujah! Don’t Bend! Ascend! n’est probablement pas l’album idéal pour découvrir GY!BE (encore une fois, je recommanderais plutôt à cet égard Slow Riot For New Zerø Kanada), d’autant qu’il lorgne un peu sur les terres plus hermétiques de l’excellent également Sings Reign Rebuilder de Set Fire To Flames. Mais ça n’en est pas moins un album remarquable, et qui, chose rare, se bonifie et convainc de plus en plus à chaque écoute. Godspeed n’est donc pas mort, ou plutôt a ressuscité de la plus belle des manières. Soulagement, bonheur, orgasme.

 

Achetez !

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"Troops", de Liesa Van der Aa

Publié le par Nébal

Troops.jpg

 

LIESA VAN DER AA, Troops

 

Tracklist :

 

01 – Louisa’s Bolero

02 – Low Man’s Land

03 – Into The Foam

04 – Lou

05 – Lost Souvenir

06 – Birds In Berlin

07 – Our Place

08 – My Love

09 – Visitor

10 – Troops

 

Alors oui, je sais. Je sais. Ça fait une éternité que je n’ai pas chroniqué de disque. Mais voilà : d’une part, j’avais un peu la flemme de continuer à faire dans le « patrimonial » (même pour des groupes aussi géniaux que Sonic Youth, le dernier avec lequel je vous ai bassinés) ; d’autre part, ça faisait une éternité que je n’avais pas écouté de nouveauté (c’est pas qu’il n’y avait rien d’intéressant, hein, c’est que je ne m’y suis pas intéressé). Et donc…

 

Mais récemment, les choses ont commencé à changer : j’ai écouté le dernier Dead Can Dance, Anastasis, tellement mauvais qu’il ne mérite pas qu’on lui consacre la moindre ligne (en plus, Les Inrocks ont semble-t-il aimé, un signe qui ne trompe pas ; c’est triste…) ; j’ai également écouté le nouveau Godspeed You! Black Emperor, Allelujah! Don’t Bend! Ascend!, excellent celui-ci (mais, comme tous les albums de ce groupe que j’adore, je me sens tout à fait incapable de le chroniquer…) (EDIT : tout compte fait, si, hop). Et puis j’ai écouté, sur les conseils de gens bien (comme Mélanie Fazi, qui en a fait une belle critique), Troops, qui est si je ne m’abuse le premier album de la jeune violoniste (et plus puisque affinités) belge (personne n’est parfait) Liesa Van der Aa.

 

J’étais un peu sceptique, à la base ; l’écoute d’un unique morceau, « Lou », ne m’avait que moyennement convaincu. Et puis il faut que je vous fasse un aveu : je suis généralement très réticent à l’égard des « chanteuses à guitare » (ce sont les pires), mais aussi plus généralement des « chanteuses multi-instrumentistes ». Certes, il y a quelques exceptions : la divine P.J. Harvey (voir ici et ), la redoutable Shannon Wright (voir ici), la guedin Amanda Palmer (je ne sais pas si la génialissime Björk rentre dans cette catégorie, mais, si tel est le cas, alors bien sûr)… Mais c’est à peu près tout. À titre d’exemple éloquent, Catpower, le plus souvent, m’emmerde ; alors les ersatz, vous imaginez…

 

Mais à la liste des exceptions, je vais d’ores et déjà pouvoir rajouter Liesa Van der Aa. En effet, dès la première écoute – car oui, malgré tout, j’ai acheté l’album, un peu sur un coup de tête teinté de curiosité perverse –, Troops m’a collé une putain de baffe. Du coup, je l’ai réécouté illico (et ça c’est quand même pas tous les jours que ça m’arrive…). Et je me suis dit que je pouvais bien tenter d’en faire un compte rendu, parce que la dame le méritait assurément. Et que ça faisait longtemps, donc.

 

Liesa Van der Aa a semble-t-il une double formation, classique d’une part, et rock de l’autre, mais rock à la Velvet Underground et compagnie. Un mélange qui peut donner des jolies choses, surtout dès l’instant qu’elle s’est mise en tête de martyriser d’une manière assez unique son « pauvre petit violon ». Aussi est-il finalement assez difficile de classer sa musique, très originale et personnelle (ben oui : c’est pas parce qu’on a des influences qu’on est obligé de faire dans le plagiat, loin de là), et qui ne ressemble à vrai dire à rien de ce que je connais (mais je suis peut-être un peu inculte dans le domaine). Alors, oui, sans doute, si l’on s’en tient à ma liste d’exceptions qui confirment la règle, le lien le plus probable se ferait avec Amanda Palmer, dont on retrouve ici quelques réminiscences de cabaret punk, versant spleenesque (pas « gothique », hein : spleenesque). Ou peut-être avec Shannon Wright, parce que c'est quand même régulièrement à se pendre... Pour le reste, même si ça pioche dans du vieux, on aurait (enfin, moi, j’aurais) envie de parler de « post-truc » : post-rock, post-folk peut-être (appellation que j’appliquerais bien pour ma part, à titre d’exemple, aux Molasses, notamment pour leur superbe A Slow Messe, dont je vous parlerai peut-être un jour). Le résultat, en tout cas, est très varié, parfois très mélodique-pop, parfois plus hermétique, voire un peu foutraque (« Into The Foam », « Lou » malgré son refrain diablement efficace, « Visitor »…). J’y ai même trouvé, pour mon plus grand plaisir et à ma très grande surprise, quelques sonorités ambient, voire (c’est léger, mais j’assume) industrielles (mais j’ai cru comprendre qu’un producteur d’Einstürzende Neubauten était de la partie, ce qui pourrait expliquer cela). Pourtant, cet éclectisme, qui pourrait être une faiblesse (malédiction du premier album ?), se révèle en définitive une force : Liesa Van der Aa nous fait ainsi partager tout un univers d’une richesse incontestable, et tout partage en couille se révèle finalement contrôlé de manière subtile et délicieuse.

 

Allez, tour d’horizon. Notons que, joie, joie, et belle idée, chaque titre de Troops est accompagné d’une vidéo (réalisée chaque fois par un auteur différent), que l’on peut trouver sur la chaîne de Liesa Van der Aa sur YouTube, mais dont les gens bien que vous êtes pourront se régaler avec le DVD fourni avec l’édition limitée de l’album : achetez ! achetez !

 

Troops s’ouvre sur « Louisa’s Bolero », titre éloquent qui en dit long sur la structure du morceau. Et qui, personnellement, m’a collé une énorme baffe d’entrée de jeu, balayant mon scepticisme premier pour laisser la place à une admiration teintée de curiosité plus du tout perverse. Un superbe crescendo, une montée comme je les aime tant, pour un résultat impeccable et fascinant. C’est rien de le dire : l’album démarre très bien.

 

« Low Man’s Land » , avec sa distorsion très agréablement sale, nous plonge dans l’univers cabaret que j’évoquais plus haut. Mélanie Fazi évoquait à cet égard Tom Waits, ce qui me paraît assez sensé (mais j’avoue ne pas être un grand connaisseur du monsieur). Quoi qu’il en soit, ce morceau gentiment barré se révèle d’une efficacité redoutable, et confirme la première bonne impression de « Louisa’s Bolero », bien que dans un genre passablement différent. Un bonheur.

 

Après quoi « Into The Foam » fait dans le mélodique mélancolique (donc) puis dans le partage en couille léger (re-donc), pas forcément super contrôlé ici, contre ce que je disais tout à l’heure – la transition est peut-être un peu sèche – mais peu importe : c’est très beau et tout à fait convaincant. Et (j’assume re-re-donc) peut-être légèrement industriel, ce qui ne gâche rien, loin de là.

 

« Lou » est (donc ; putain, j’arrête pas de donquer…) le premier morceau de Troops que j’ai écouté, et il m’avait tout d’abord laissé une impression mitigée, malgré un refrain rare mais puissant en diable, presque tubesque ; mais c’est que le reste du morceau, ben il ne l’est pas, tubesque. Mais je peux bien le dire, maintenant : intégré dans l’album, ce titre qui part un peu dans tous les sens, mais astucieusement, se révèle sacrément séduisant, et délicieux d’une manière quelque peu pathologique (chouette).

 

On retrouve cette chouette distorsion grasse et sale (j’aime) que j’évoquais plus haut dans « Lost Souvenir », morceau tout en lourdeur (c’est un compliment ; je devrais peut-être plutôt parler d’épaisseur) presque métallique, stoner peut-être, notamment vers la fin. C’est agréablement douloureux, d’un noir brillant, et ça passe tout seul. Troops fait décidément dans le sans faute : arrivé à la moitié d’un album, comme ici, ça mérite tout de même d’être souligné…

 

« Birds In Berlin » s’ouvre joliment sur une sorte de nappe ambient, presque un drone, qui nous ramène aux plus belles heures de Brian Eno (si) : alors forcément, j’aime. Puis tout cela se mêle à une sorte de pop chouettement sucrée, mais toujours un brin décalée. Un très beau morceau, très planant.

 

« Our Place » continue avec brio dans le « pas vraiment joyeux » : un morceau tout en douceur/douleur, ponctué d’une sorte de kick de basse oppressant, et superbement enjolivé de très légères arabesques de violon et de piano, discrètes et justes. Ça suinte le malaise, mais putain que c’est bon…

 

Après quoi l’on passe à « My Love » et sa très jolie mélodie, vaguement psychédélique. C’est peut-être bien le morceau le plus directement parlant de Troops. Ce qui est certain, c’est que c’est beau sa mère… On continue dans le sans-faute, c’est rare, et plus qu’appréciable.

 

Pour « Visitor », il y a comme un souci : sur la vidéo, c’est un morceau minimaliste, mélancolique, délicat et tout en finesse. Que dire de plus ? C’est beau, voilà. Mais ça n’a rien à voir avec le morceau figurant sur l’album, qui retourne dans un sens au cabaret « autre », avec ses chœurs de gamines sous acide… Cela dit, c’est dans les deux cas tout à fait convaincant : simplement, l’album est ici nettement plus jeté. Je ne sais pas expliquer cette différence, faudra demander au patron ou à l’artiste…

 

Et l’album de se conclure dans la passion (dans tous les sens du terme) et la superbe avec « Troops », un morceau lent et beau, fin mais puissant, à l’image de l’excellent album qu’il vient titrer.

 

Vous l’aurez compris (…), je vous engage vivement à vous précipiter sur cette merveille qu’est l’album de Liesa Van der Aa. C’est arty sans être prétentieux, original, personnel, douloureux et fort. C’est une excellente surprise, d’une maturité impressionnante, qui a balayé toutes mes préventions premières. Une signature de choix pour Volvox Music, et à l’évidence une artiste singulière qu’il faudra suivre avec une attention toute particulière. Bon courage pour la suite, ceci dit : Troops a placé la barre très haut, ça va pas être évident de faire aussi bien si ce n’est mieux… Mais inutile de tirer des plans sur la comète : pour le moment, il y a Troops ; et c’est un album remarquable. Achetez ! Et plus vite que ça, non mais oh.

 

(P.S. : Encore une fois pardon pour les liens en blanc, ils fonctionnent, c'est juste Over-Blog qui fait sa pute...)

 

EDIT : Pour une interview, voyez ici.

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"SYR 4: Goodbye 20th Century", de Sonic Youth With [plein de monde]

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH WITH WILLIAM WINANT / JIM O’ROURKE / TAKEHISA KOSUGI / CHRISTIAN WOLFF / COCO HAYLEY GORDON MOORE / CHRISTIAN MARCLAY / WHARTON TIERS, SYR 4: Goodbye 20th Century

 

Tracklist :

 

Disc A :

01 – CHRISTIAN WOLFF : Edges

02 – JOHN CAGE : Six (3rd Take)

03 – PAULINE OLIVEROS : Six For New Time (For Sonic Youth)

04 – TAKEHISA KOSUGI : +-

05 – YOKO ONO : Voice Piece For Soprano

06 – STEVE REICH : Pendulum Music

 

Disc B :

01 – JAMES TENNEY : Having Never Written A Note For Percussion

02 – JOHN CAGE : Six (4th Take)

03 – CHRISTIAN WOLFF : Burdocks

04 – JOHN CAGE : Four6

05 – GEORGE MACIUNAS : Piano Piece #13 (Carpenter’s Piece) (For Nam June Paik)

06 – NICOLAS SLONIMSKY : Pièce enfantine

07 – CORNELIUS CARDEW : Treatise (Page 183)

 

Non.

 

Non, là, cette fois, je suis au regret de vous le dire, mes chers Sonic Youth, mais ce que vous avez fait, là, c’est trop pour ma gueule.

 

SYR 4: Goodbye 20th Centuryest un album un peu à part dans la série des Sonic Youth Records, ainsi que son titre en anglais distinct des morceaux le signale déjà. Qui plus est, il s’agit cette fois d’un double album, faisant appel à une flopée de collaborateurs, et constitué de « reprises » de « compositions » d’avant-garde dues aux principaux maîtres du genre, et en premier lieu John Cage.

 

Or, il faut bien le dire, si John Cage, sur le papier, c’est passionnant, à l’écoute, c’est souvent chiant comme la pluie, et ça se vérifie ici, même interprété par Sonic Youth et plus puisque affinités (on souffrira particulièrement tout au long de l’interminable demi-heure de « Four6 »). Il en va de même de bon nombre d’autres compositeurs contemporains ici représentés, et notamment de Christian Wolff.

 

Et trop rares à mon goût sont les morceaux réellement intéressants par eux-mêmes, tout concept mis à part ; j’en relèverai cependant un, superbe, le très beau « Having Never Written A Note For Percussion » de James Tenney qui ouvre le second disque.

 

Encore s’agit-il jusqu’alors (plus ou moins) de musique. Mais certaines pistes relèvent davantage de la performance artistique que de la musique contemporaine à proprement parler, tant le concept semble primer sur tout le reste. On en arrive à des résultats pour le moins grotesques, à la limite du foutage de gueule pur et simple. Deux exemples : « Voice Piece For Soprano » de l’inénarrable Yoko Ono, qui consiste simplement en cris d’enfant (en l’occurrence Coco Hayley Gordon Moore) ; et « Piano Piece #13 (Carpenter’s Piece) (For Nam June Paik) » de George Maciunas, dont la vidéo est assez éloquente…

 

Bref : voilà une drôle de manière de dire adieu au XXe siècle, qui n’intéressera en rien la majeure partie des fans de Sonic Youth (dont votre serviteur), et ne rencontrera vraisemblablement d’écho qu’auprès des dingues de musique contemporaine dans son versant le plus avant-gardiste, et peut-être plus encore des amateurs d’art contemporain, puisque c’est à mon sens souvent davantage de performance que de musique qu’il s’agit ici. À bon entendeur, salut.

 

 Poursuite de la rétrospective Sonic Youth avec (ouf) un album « traditionnel », NYC Ghosts & Flowers.

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"SYR 3: Invito Al Cielo", de Sonic Youth/Jim O'Rourke

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH/JIM O’ROURKE, SYR 3: Invito Al Ĉielo

 

Tracklist :

 

01 – Invito Al Ĉielo

02 – Hungara Vivo

03 – Radio-Amatoroj

 

Vraiment pas faciles à chroniquer, ces albums expérimentaux de Sonic Youth… Et notamment celui-ci, qui correspond si je ne m’abuse à la première collaboration du groupe avec Jim O’Rourke, qui deviendra plus tard (sur Murray Street) membre officiel de Sonic Youth. Mais là, nous sommes juste avant A Thousand Leaves, dans une riche période expérimentale pour le groupe. Titres et notes sont cette fois en espéranto, et il y a un petit peu de chant sur la première piste, par Kim Gordon, et en anglais.

 

À part ça, difficile de faire dans le détail. Précisons simplement que, à la différence de SYR 1: Anagrama, nous sommes cette fois confronté à un véritable album, et non un simple EP (il a beau n’y a voir que trois pistes, SYR 3: Invito Al Ĉielo fait environ une heure), et qu’il s’agit cette fois bel et bien de musique expérimentale, dans une veine qu’on aurait envie de qualifier d’industrielle – ambient, à défaut de meilleur terme.

 

L’ensemble se dilue dans un seul grand flou artistique. Pour ma part, je retiendrai surtout la superbe introduction d’ « Invito Al Ĉielo », très marquante et planante, y compris quand la trompette s’y invite. Il est ensuite plus difficile de faire le tri. Le passage chanté de la première piste est assez agaçant… et la suite plus anodine. « Hungara Vivo » se noie dans l’ensemble. « Radio-Amatoroj », par contre, la plus longue piste, est une vraie réussite, hypnotique de bout en bout.

 

Au final, SYR 3: Invito Al Ĉielo fait figure de très bon album expérimental de Sonic Youth ; mais, vous l’aurez compris, ce n’est pas un album à mettre entre toutes les oreilles…

 

 Les choses se corsent encore avec la suite : SYR 4: Goodbye 20th Century. Ouch…

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"SYR 1: Anagrama", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, SYR 1: Anagrama

 

Tracklist :

 

01 – Anagrama

02 – Improvisation ajoutée

03 – Tremens

04 – Mieux : de corrosion

 

Avec SYR 1: Anagrama, nous entamons enfin – après Washing Machine – la série des Sonic Youth Records, enregistrements expérimentaux et essentiellement instrumentaux du groupe sortis sur son propre label, avec une identité visuelle bien caractéristique (chaque album étant en outre placé sous le signe d’une langue généralement étrangère, ici le français).

 

Mais, en fait d’expérimentation, il n’est pas grand chose à craindre de ce premier EP fort bref et somme toute très abordable qu’est Anagrama (la tradition veut en effet qu’on les désigne par le nom de leur première piste, sauf indication contraire). Il s’agit là d’un EP purement instrumental, certes, mais sans rien de véritablement rebutant pour autant. Pas de quoi fouetter un fan en tout cas. D’autant que le groupe, contrairement à ce qui sera le plus souvent le cas par la suite, y œuvre seul, sans l’aide d’un quelconque expérimentateur fou…

 

On ouvre donc les hostilités avec « Anagrama », instrumental de près de dix minutes qui imprime sa marque à l’ensemble de l’EP. Un morceau d’un Sonic Youth en grande forme, travaillant dans une veine assez psychédélique et lumineuse, pouvant parfois évoquer un Pink Floyd des premières heures, trouvé-je, à la « Interstellar Overdrive » en plus posé, disons.

 

« Improvisation ajoutée », comme son nom l’indique, est largement une pièce supplémentaire de léger nawak (pas bien méchant) venant se coller à « Anagrama ». Pas grand chose de plus à en dire, ça s’écoute sans déplaisir, mais ça ne dure pas bien longtemps ; disons que cela fait surtout office de transition, non seulement entre « Anagrama » et « Tremens », mais aussi, plus loin, en annonçant la seule pièce véritablement expérimentale de l’album, « Mieux : de corrosion ».

 

« Tremens » marque considérablement plus les esprits, sur une durée pourtant comparable, et surprend par son côté chaloupé, presque trip-hop. Un bel instrumental, à nouveau, avec un joli travail du son, et une belle ambiance.

 

Et l’EP s’achève enfin sur le seul titre qui mérite le qualificatif « d’expérimental », « Mieux : de corrosion », qui n’est pas sans évoquer une sorte de croisement barbare et nécessairement sale entre Sonic Youth et Throbbing Gristle, avec même une très légère touche métallique. Le titre est à lui seul tout un programme, faut dire ; et c’est effectivement du côté de la musique industrielle que, pour notre plus grand bonheur, le groupe verse ici. Mais rien d’insurmontable en tout cas.

 

Non, décidément, ce SYR 1: Anagrama est tout sauf redoutable. C’est un EP sympathique, qui, pour appartenir à la série des Sonic Youth Records, n’a rien ou presque d’expérimental.

 

 Suite des opérations, en ce qui me concerne en tout cas, avec SYR 3: Invito Al Ĉielo. Et là, ça se corse déjà un peu plus…

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"Sonic Youth", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

Sonic-Youth.jpg

 

SONIC YOUTH, Sonic Youth

 

Tracklist :

 

01 – The Burning Spear

02 – I Dreamed I Dream

03 – She Is Not Alone

04 – I Don’t Want To Push It

05 – The Good And The Bad

06 – Hard Work (Live)

07 – Where The Red Fern Grows (Live)

08 – The Burning Spear (Live)

09 – Cosmopolitan Girl (Live)

10 – Loud And Soft (Live)

11 – Destroyer (Live)

12 – She Is Not Alone (Live)

13 – Where The Red Fern Grows

 

Bon, pour diverses raisons tenant essentiellement à mon déménagement d’une part et à mon chroniquage pour d’autres endroits qu’ici d’autre part, et contrairement à ce que j’avais promis, je ne vais pas être en mesure de reparler tout de suite de SF sur ce blog (miteux, oui). D’où je vais poursuivre ma rétrospective Sonic Youth. Et même la compléter puisque, entre mon séjour parisien et quelques virées toulousaines, j’ai pu pas mal compléter ma collec’, même si elle n’est pas encore intégrale (du moins pour ce qui est des albums expérimentaux).

 

En témoigne immédiatement ce Sonic Youth, le premier EP du groupe réalisé sous le patronage de Glenn Branca, dont je ne savais même pas, con de moi, qu’il avait été réédité, en l’occurrence accompagné de sept titres live (enregistrés le 18 septembre 1981) et de « Where The Red Fern Grows », première version de « I Dreamed I Dream » et premier véritable enregistrement studio du groupe puisque datant d’octobre 1981, là où l’EP date de mars 1982.

 

L’EP surprend l’amateur de Confusion Is Sex par sa relative « propreté ». Le son est No Wave, certes, mais dans un versant moins bruitiste et plus « funky », beaucoup moins dissonant en tout cas (ce serait d’ailleurs le seul enregistrement du groupe où celui-ci use « essentiellement » d’accordages « normaux »…) ; on reconnaît donc bien un son typiquement new-yorkais, mais pas forcément, voire pas du tout, celui du Sonic Youth à venir. Cela n’empêche heureusement pas l’EP de réserver quelques belles pièces.

 

Et ce dès le début avec « The Burning Spear » : la rythmique basse-batterie enjouée (limite disco-punk) offre un contrepoint aux légers (très légers) bruitismes guitaristiques. Sans doute le premier classique de Sonic Youth. Un bon morceau, à n’en pas douter.

 

« I Dreamed I Dream », qui avait connu une première version instrumentale sous le titre « Where The Red Fern Grows » (on y reviendra), est un morceau plus lent et planant, mais là encore guère bruyant. Intéressant d’entendre les voix se mélanger, beau travail d’ambiance.

 

On passe ensuite à « She Is Not Alone », très typé ESG ou Liquid Liquid sur le plan rythmique. Un morceau assez hypnotique, plutôt efficace, mais rien d’exceptionnel.

 

« I Don’t Want To Push It » se verra appliquer la même remarque concernant la rythmique. Mais le morceau est cette fois plus nerveux et bruyant. L’ensemble n’en est pas moins plutôt anodin.

 

Et l’EP de se conclure sur le long instrumental « The Good And The Bad », qui démarre de manière assez enjouée, avec un riff de basse plutôt funky, avant de devenir plus typiquement sonicyouthien (et glauque) sur une jolie montée. Puis re-belote, avec plus ou moins de réussite, jusqu’à un finale qui laisse un peu s’exprimer le bruit.

 

On l’aura compris : l’EP à lui seul est loin d’avoir le caractère indispensable de Confusion Is Sex. C’est une œuvre un peu mollassonne, sans vraie personnalité, entre deux eaux, d’un groupe qui se cherche encore, et qui, en studio, ne parvient pas à retrouver la qualité et la fougue de ses performances scéniques.

 

En témoignent d’ailleurs illico les sept titres suivants, enregistrés le 18 septembre 1981 au Music For Millions Festival au New Pilgrim Theatre de New York, et dont certains – j’en suis à peu près sûr – ont fini sur Sonic Death, au moins de manière fragmentaire.

 

Le son pourri y est sans doute pour quelque chose, mais le fait est que l’on trouve là davantage la patte de ce qui deviendra Sonic Youth, ne serait-ce aussi que parce que les guitares ne sont pas aussi en retrait et « propres » que sur l’EP. Ainsi sur le par ailleurs pas terrible « Hard Work », qui offre néanmoins une agréable cure de bruit.

 

Suit « Where The Red Fern Grows », version « originale » de « I Dreamed I Dream ». Avec ce son, le morceau prend plus d’ampleur, et devient d’autant plus intéressant, même si l’on regrettera l’absence du chant à deux voix.

 

Après quoi l’on passe à « The Burning Spear », dans une version bien plus lente que sur l’EP à venir. Le résultat est du coup moins « funky », plus bruitiste par certains aspects, mais assez déstabilisant aussi.

 

« Cosmopolitan Girl » est un morceau de Kim Gordon assez connoté punk. Plutôt moyen.

 

On retiendra par contre l’excellent « Loud And Soft », qui ne contient que le meilleur de « The Good And The Bad », avec quelques paroles de Lee Ranaldo en sus, et de quoi enjoliver le tout. Un très bon morceau, glauque et puissant. Et celui-là, je suis à peu près sûr qu’on le retrouve sur Sonic Death.

 

Suit « Destroyer », toutes guitares en avant. Un instrumental intéressant, hypnotique et bruitiste.

 

Et la partie live de l’album s’achève sur « She Is Not Alone » ; là aussi, je suis à peu près certain que cette version a été reprise sur Sonic Death ; quoi qu’il en soit, elle est autrement furibarde et noisy que celle de l’EP, et donc mille fois plus intéressante.

 

L’album, enfin, se conclut, sur « Where The Red Fern Grows », première version de « I Dreamed I Dream », donc (je l’ai déjà dit ?), et surtout premier enregistrement studio du groupe. Bon, j’ai déjà assez parlé de ce morceau comme ça, inutile d’y revenir…

 

 Sonic Youth est probablement à réserver avant tout aux fans. À mon sens, plus que pour l’EP originel finalement assez médiocre (bien qu’indispensable pour les collectionneurs…), cette réédition vaut surtout pour sa partie live, tout à fait intéressante, mais qui peut parfois faire double emploi avec Sonic Death. À bon entendeur, salut.

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"Silver Session For Jason Knuth", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, Silver Session For Jason Knuth

 

Tracklist :

 

01 – Silver Panties

02 – Silver Breeze

03 – Silver Flower

04 – Silver Wax Lips

05 – Silver Loop

06 – Silver Shirt

07 – Silver Son

08 – Silver Mirror

 

(NB : Le digipack est argenté, ça passe très mal au scanner ; désolé…)

 

Aujourd’hui, c’est la fête de la musique. Comprenez que, comme chaque année, on va lui faire sa fête, la pauvre. Parquée un jour sur 365, comme une activité dégradante et carnavalesque, la voilà destinée à subir tous les outrages, sous les assauts perfides d’incompétents jouant devant un public de soiffards beuglants dans une ambiance de bacchanales évoquant plus le beaujolpif ou la victoire au mache de foute ou de ruby qu’une quelconque forme d’art, même joyeusement dégénérée. Soyons francs : depuis longtemps, la fête de la musique, déjà douteuse à l’origine, s’est assurément révélée sous sa face grotesque de monstre au mieux tristement commercial, au pire consternant de beauferie.

 

C’est dire si cet EP de Sonic Youth tombe à pic. Histoire de leur apprendre un peu, là, à tous ces glaireux, ce que c’est que la musique, merde. Et oui, je connardise dans l’élitisme si je veux. Et re-merde.

 

Parce que, pour ne pas faire pas partie des SYR, mais être (je crois) le seul SKR (pour « Sonic Knuth Records »), et donc ne pas adopter la maquette caractéristique des SYR, Silver Session For Jason Knuth fait clairement partie des albums expérimentaux de Sonic Youth. Il s’agit d’un EP d’une demi-heure environ, purement instrumental, oeuvrant dans une veine qu’on qualifiera d’ambient-industrielle à défaut de meilleur terme. On est donc bien loin des chansonnettes pop, pour le coup. Sans parler de la musique à danser.

 

Pour la petite histoire, l’album a été enregistré dans des conditions un peu particulières, un soir où Sonic Youth devait enregistrer des voix pour le (dans l’ensemble) très calme A Thousand Leaves. Le groupe qui jouait à l’étage au dessus faisait dans le metal surpuissant, et il était impossible pour les Sonic Youth de chanter correctement. Alors ils ont décidé de lutter à armes égales en poussant leurs amplis au maximum (ce qui n’est pas sans me rappeler une certaine histoire d’amplis à 11…), et en « jouant » ainsi, construisant un véritable mur du son et voyant quels sons de guitares ils pouvaient obtenir ; ils ont mixé l’album quelque temps plus tard avec quelques boucles, et cela a donné Silver Session.

 

Maintenant, pourquoi For Jason Knuth ? Eh bien, Jason Knuth était un fan de Sonic Youth ; à tel point que ses amis le surnommaient « Sonic Knuth ». Mais Jason Knuth s’est suicidé. Ses amis ont contacté Sonic Youth, ont expliqué la situation au groupe, qui a décidé de dédier cet EP à Jason Knuth, et d’en reverser une part des bénéfices à une association de prévention du suicide de San Francisco, la ville natale de « Sonic Knuth ».

 

Il me paraît difficile, et peut-être un peu vain, de chroniquer Silver Session For Jason Knuth piste par piste, mais bon, on va essayer, a minima. Sachant que l’album a été enregistré fort, et qu’il doit s’écouter fort.

 

Il s’ouvre sur « Silver Panties », qui donne le ton : une sorte de drone parcouru de larsens à faire pâlir Sunn O))), secoué de boucles vaguement industrielles instaurant un semblant de rythmique.

 

« Silver Breeze » reprend le drone, mais l’agite de parasites radio, tandis que les boucles se font plus présentes.

 

« Silver Flower », sur les mêmes bases, se montre à mon sens plus riche, en multipliant les nappes et les dissonances ; aussi est-ce une des pistes qui marque le plus, et parvient à acquérir une identité propre.

 

« Silver Wax Lips » sonne d’emblée différemment, les dissonances étant cette fois mises en avant, à l’instar des larsens ; il en résulte une puissante architecture sonore, qui inaugure un nouveau type de drone… qui s’achève cependant brutalement

 

« Silver Loop » repart sur un drone grave, agrémenté progressivement de quelques boucles industrielles, encore assez discrètes, malgré le titre du morceau. Des larsens baladeurs viennent de temps à autre parasiter l’ensemble, le son connaissant des chutes de tension.

 

« Silver Shirt », la plus longue piste, est aussi à mon sens la plus intéressante, car la plus ouvertement industrielle ; c’est celle où la rythmique se fait le plus sentir, quand bien même elle reste relativement discrète ; mais d’autres boucles viennent s’y superposer pour broder un complexe canevas indus du meilleur goût.

 

« Silver Son » est terriblement frustrant, car il commence extraordinairement bien, inaugurant un morceau divinement industriel : on sent venir un régal power noise… et puis ça s’arrête comme ça a commencé, bien trop tôt. Quel dommage ! Une occasion manquée…

 

Et l’album s’achève sur « Silver Mirror », que je suppose, vu son titre et certains effets, d’être une reprise à l’envers de certains enregistrements. En tout cas, que je me trompe ou pas, ça passe très bien.

 

 Silver Session For Jason Knuth n’est certes pas un EP à conseiller à tout le monde, ni même au fan moyen de Sonic Youth. Mais, dans le registre ambient-industriel, il est tout à fait intéressant. Pour ma part, je ne peux que m’avouer comblé par cette acquisition. À bon entendeur...

 

Prochaine étape : Sonic Nurse.

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"A Thousand Leaves", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, A Thousand Leaves

 

Tracklist :

 

01 – Contre le sexisme

02 – Sunday

03 – Female Mechanic Now On Duty

04 – Wild Flower Soul

05 – Hoarfrost

06 – French Tickler

07 – Hits Of Sunshine (For Allen Ginsberg)

08 – Karen Koltrane

09 – The Ineffable Me

10 – Snare, Girl

11 – Heather Angel

 

Sonic Youth, dixième album, après (...) Confusion Is Sex, Bad Moon Rising, EVOL, Sister, Daydream Nation, Goo, Dirty, Experimental Jet Set, Trash And No Star et Washing Machine (...). Sachant que c’est la dernière fois que je vais faire ce genre d’énumérations, pour la bonne et simple raison qu’il va commencer à y avoir de sérieux trous dans ma rétrospective. En fait, il y en a déjà, puisqu’il me manque un certain nombre de compilations et d’EP et, plus gênant, de SYR ; mais, surtout, vont me manquer les deux albums suivants, NYC Ghosts & Flowers (dont j’ai un souvenir pas terrible…) et Murray Street (que je n’ai jamais écouté…). Bon, bref, on n’en est pas encore là. Pour le moment, on a à faire avec A Thousand Leaves, long album dans la continuité de Washing Machine, puisqu’il pratique volontiers le morceau dilaté : quatre pistes font plus de sept minutes, une plus de dix, l’album en fait 74 en tout… De plus, là encore, Kim Gordon tient souvent la guitare, laissant parfois le morceau sans basse.

 

Commençons donc avec « Contre le sexisme », intro vaguement psychédélique-industrielle et bien cramée du bulbe. Pas grand chose à en dire, ce n’est pas vraiment ce que le groupe a fait de plus intéressant…

 

Il en va tout autrement de l’excellent « Sunday », très chouette morceau de noisy pop d’une efficacité redoutable. Pour la peine, en plus du clip (starring – oh mon dieu – Macaulay Culkin), je vous en rajoute une version live à Nulle part ailleurs qui dépote particulièrement, trouvé-je (présentation vaguement ridicule du groupe inside).

 

Suit « Female Mechanic Now On Duty », premier long morceau de l’album. Un titre assez lent, tantôt noisy, tantôt mélodieux, soufflant le chaud et le froid avec plus ou moins d’adresse. On n’est tout de même pas là devant ce que l’album recèle de plus intéressant, même s’il y a de beaux moments.

 

On y préfèrera, par exemple, et plus long encore, le très bon et très planant « Wild Flower Soul » qui suit immédiatement. Un bel exercice de pop psychédélique parfaitement maîtrisée.

 

« Hoarfrost », ensuite, est une jolie ballade de Lee Ranaldo. Pas transcendant, mais ça s’écoute bien.

 

On fait dans le nettement moins distingué avec le « French Tickler » de Kim Gordon, mais ça n’en est pas moins un morceau très efficace, et qui rentre dans le crâne – si j’ose dire – instantanément. Très réussi.

 

On joue dans un tout autre registre avec le plus long morceau de l’album, « Hits Of Sunshine (For Allen Ginsberg) » (dont je n’ai pu récupérer que les dix premières minutes, sans surprise… il en manque donc une). Le poète beat se voit offrir un morceau très référencé, psychédélique à l’ancienne, ce qui n’est pas pour me déplaire. Répétitif, oui, tout en sobriété, très tripant. Un des grands moments de l’album.

 

Suit un autre très beau morceau long, l’excellent « Karen Koltrane » (dont je n’ai hélas pu trouver que cette version live au son un peu naze…). Très planant à nouveau, mais plus orienté noisy, limite indus par moments. Probablement mon morceau préféré de l’album.

 

On abandonne ensuite les morceaux longs pour revenir à un format plus traditionnel, tout d’abord avec « The Ineffable Me », sur lequel Kim Gordon s’énerve un tantinet. Un morceau noisy pop correct, sans rien d’exceptionnel cela dit.

 

« Snare, Girl » retourne à une douceur décidément caractéristique de l’album. Un morceau sucré, assez agréable, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable.

 

Quant à « Heather Angel »… eh bien, après un début très conventionnel, voire pink-floydien, et tout à fait correct, il faut bien dire ce qui est : ça vire dans le nawak total. Sans grand intérêt.

 

Au final, A Thousand Leaves laisse l’impression d’un bon album, mais peut-être un peu trop long et un peu trop calme pour pleinement satisfaire l’amateur de Sonic Youth. Il contient quand même quelques très beaux moments, qui en justifient amplement l’achat pour le fan.

 

Suite des opérations, dans un registre complètement différent : Silver Session For Jason Knuth.

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"Washing Machine", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, Washing Machine

 

Tracklist :

 

01 – Becuz

02 – Junkie’s Promise

03 – Saucer-Like

04 – Washing Machine

05 – Unwind

06 – Little Trouble Girl

07 – No Queen Blues

08 – Panty Lies

09 – [« Untitled » = Becuz Coda]

10 – Skip Tracer

11 – The Diamond Sea

 

Sonic Youth, neuvième album, après (inspiration) Confusion Is Sex, Bad Moon Rising, EVOL, Sister, Daydream Nation, Goo, Dirty et  Experimental Jet Set, Trash And No Star (ouf). Un album qui marque un tournant dans la carrière du groupe, dans la mesure où, même s’il revient en partie à ses premières amours dissonantes après un Experimental Jet Set, Trash And No Star en demi-teinte, on le voit, pour la première fois depuis Daydream Nation, s’y essayer régulièrement à des morceaux longs, voire très longs. Pas un hasard, sans doute, si c’est entre cet album et le suivant A Thousand Leaves que Sonic Youth s’est lancé dans l’entreprise des SYR (Sonic Youth Records), disques expérimentaux souvent composés de longues pistes instrumentales sortis sur leur propre label. Ici, nous en avons seulement deux (en fait trois, mais voir plus bas) représentants, mais ils sont de la plus belle eau, l’un d’entre eux étant même à mon sens un des tout meilleurs titres de Sonic Youth. Et l’album dans son ensemble, plus dissonant et sauvage que le précédent – impression peut-être renforcée par le fait que Kim Gordon y tient régulièrement la guitare, laissant parfois le morceau sans basse –, me paraît aussi bien plus intéressant (mais cela n’engage que moi…).

 

Mais décortiquons, décortiquons. L’album s’ouvre sur « Becuz », à l’origine un des « morceaux longs » de l’album, mais qui a été coupé en deux par Geffen ; nous n’en avons donc que la première partie ici, la fin ayant été reléguée à la piste 9, non indiquée dans la tracklist, du coup désignée « Untitled » quand on glisse la galette dans un lecteur, mais qui s’intitule bel et bien en fait « Becuz Coda ». Quoi qu’il en soit, ce « Becuz » première partie est déjà une belle réussite de noisy pop vrillant le crâne avec un indéniable talent. Une très belle entrée en matière… dont on comprend du coup un peu mieux la fin abrupte.

 

« Junkie’s Promise », également assez bruyant, même si toujours très pop, fonctionne également assez bien, et rentre bien dans le crâne. Comme souvent chez Sonic Youth, il nous vaut une chouette partie instrumentale à partir du milieu du morceau, qui accentue rythme et bruit pour le meilleur.

 

« Saucer-Like » est plus gentiment pop, mais non moins intéressant, et la dissonance est toujours au rendez-vous. Pas mal du tout.

 

Mais c’est avec la suite que l’album, de bon qu’il était jusqu’à présent, commence à décoller vers l’excellence : devant la coupure de « Becuz », c’est en effet « Washing Machine » qui inaugure les morceaux longs sur l’album (n’ayant pas trouvé de vidéo complète de ce titre de près de dix minutes, je vous en mets par exception une version live). Le morceau est d’abord typique d’une noisy pop efficace mais relativement classique, avant de virer dans la seconde partie qui en fait tout l’intérêt, planante à souhait, et looooooooooongue, Dieu que c’est boooooooooon rhaaaa j’en fous partout merci Sonic Youth merci.

 

Suit « Unwind », qui nous ramène sur des territoires pop plus familiers. Une belle pièce à la mélodie douce et agréable, suivie par une partie instrumentale à l’avenant, quand bien même un chouia plus nerveuse, comme de bien entendu. Très bon.

 

Après quoi l’on a droit à une sucrerie un brin déstabilisante mais finalement très sympathique, le single « Little Trouble Girl », avec en guise d’invitée l’inimitable Kim Deal (Pixies, The Breeders, The Amps…). Un morceau à l’ambiance étrange (sans parler du clip SF old-school…), mi mièvre, mi glauque. Mais le fait est que ça rentre dans le crâne avec une facilité déconcertante. Une réussite, là encore.

 

« No Queen Blues », une fois n’est pas coutume, n’a pas grand chose de bluesy, mais, dans le registre noisy pop, se pose là. Refrain très efficace, notamment. Et du bruit pour finir : cool !

 

« Panty Lies », bien que guère bruyante, a la réputation d’être une des chansons les plus dissonantes de Sonic Youth. Peut-être, je ne saurais trop le dire ; en tout cas, ça passe très bien. Rien d’exceptionnel, mais c’est pas mal.

 

Suit la fameuse piste « oubliée », qui est donc l’instrumental « Becuz Coda » ; on reconnaît effectivement le thème de « Becuz », dans une variante plus calme. Le morceau, du coup assez court (…), est assez planant, et s’écoute bien.

 

Puis on passe à la pop hystérique de « Skip Tracer », où Lee Ranaldo semble complètement jeté. Un bon morceau.

 

Mais là… Là, on en arrive à la merveille. « The Diamond Sea » fait, dans cette version, pas loin de vingt minutes (on en trouve une version éditée qui fut le premier single de l’album, mais aussi une version plus longue, d’environ 25 minutes, sur The Destroyed Room ; pour ma part, je ne peux pas faire mieux que ces pauvres huit minutes, désolé…) [EDIT : on n'est jamais mieux servi que par soi-même, hein]. Un superbe morceau pop, qui dérive progressivement, mais avec bonheur, sur une sorte de mélange à la fois harmonieux et dissonant (si) entre du bon Pink Floyd et une sorte de drone. L’album vaut le coup rien que pour ces vingt minutes de pur bonheur semi cacophonique. C’est là, bien sûr, ZE morceau de l’album, mais aussi un des meilleurs morceaux de Sonic Youth tout court (enfin, « court »… façon de parler, hein…).

 

Washing Machine est donc bien un excellent album, riche de morceaux variés et de deux perles longues, dont une justifie à elle seule l’achat de l’album. Là, c’est dit. Après le (relativement) décevant à mes oreilles Experimental Jet Set, Trash And No Star, Sonic Youth montre qu’il en a encore dans le ventre, et c’est tant mieux. Ouf.

 

Suite des opérations : A Thousand Leaves.

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"Experimental Jet Set, Trash And No Star", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, Experimental Jet Set, Trash And No Star

 

Tracklist :

 

01 – Winner’s Blues

02 – Bull In The Heather

03 – Starfield Road

04 – Skink

05 – Screaming Skull

06 – Self-Obsessed And Sexxee

07 – Bone

08 – Androgynous Mind

09 – Quest For The Cup

10 – Waist

11 – Doctor’s Orders

12 – Tokyo Eye

13 – In The Mind Of The Bourgeois Reader

14 – Sweet Shine / [Untitled ghost track]

 

Sonic Youth, huitième album, après (pfff...) Confusion Is Sex, Bad Moon Rising, EVOL, Sister, Daydream Nation, Goo et Dirty. Si Butch Vig est toujours aux manettes, le groupe n’en abandonne pas moins l’orientation « gros son » du précédent album, pour livrer un disque cette fois bien plus reposé et mélodieux. Moins « commercial » ? À voir, puisqu’il se vend mieux : en fait, jusqu’à la sortie récente de The Eternal, Experimental Jet Set, Trash And No Star est l’album de Sonic Youth qui s’est le mieux placé dans les charts américains (34e, contre 89e pour Dirty ; The Eternal sera 18e). C’est d’autant plus surprenant que l’album n’a pas pu bénéficier d’une importante tournée promotionnelle, Kim Gordon étant enceinte, et n’a connu qu’un seul single, certes à gros succès, « Bull In The Heather »… Pour ma part, j’aurais en fait un peu envie de qualifier cet album de « plus commercial », car moins bruitiste, mais bon… affaire de point de vue, j’imagine. Le mieux sera donc de vous laisser juger vous-mêmes.

 

Décortiquons donc la bête, faite, comme son illustre prédécesseur, de morceaux courts dans l’ensemble. On commence avec « Winner’s Blues », qui n’est que plus ou moins bluesy, mais en tout cas pas du tout saturé (blasphème !). Une intro, et rien de plus à en dire…

 

Vient ensuite le gros carton de l’album, le tubesque (et tubé) « Bull In The Heather » (on admirera dans la vidéo Kathleen Hanna de Bikini Kill et Le Tigre en train de faire nawak) : très pop, peu noisy, mais très efficace. Rien d’étonnant à ce que cet unique single ait très bien marché, donc.

 

« Starfield Road » introduit enfin un peu de bruit dans l’album, même si, passée la chouette introduction, ce n’est plus qu’en fond. Pour le reste, ce n’est qu’un morceau de pop assez court, sympathique, sans plus.

 

« Skink » joue plus encore la carte de la pop mélodieuse, avec une certaine réussite. C’est pas mal, mais on s’ennuie un peu.

 

« Screaming Skull », un poil plus noisy, évoque les jours heureux où le groupe était signé sur des labels indépendants ; effectivement, c’était autre chose… Allez, pas mal.

 

« Self-Obsessed And Sexxee » était prévu à l’origine pour devenir le second single de l’album, mais cela ne fut finalement pas le cas. Un morceau très (trop ?) pop à nouveau, sans grand chose de dissonant (sauf sur la conclusion, comme pour le principe). Ça s’écoute, cela dit, mais sans grande passion.

 

Après quoi l’on passe à « Bone », qui s’énerve et dévie davantage dans un premier temps, ce qui fait du bien. La partie chantée (par Kim Gordon) retrouve le calme, puis le bruit revient, ouf. Un bon morceau.

 

Suit « Androgynous Mind » qui sait se montrer assez nerveux pour retenir l’attention, avec son pied martelant le morceau, son chant hystérique et ses dissonances en fond. Le niveau remonte enfin, et c’est pas plus mal.

 

« Quest For The Cup » joue d’emblée la carte de la syncope et de la dissonance, comme une confirmation… avant d’enchaîner et de se conclure sur une partie plus bluesy. Bizarre.

 

On y préférera sans doute « Waist », plus classique peut-être, mais aussi plus efficace. Un morceau vaguement dissonant, assez répétitif, clairement orienté punk. Sympa, en somme.

 

« Doctor’s Orders » est ensuite un morceau pop (vaguement « grunge » ?) d’assez belle facture. Jolie partie instrumentale à partir du milieu du morceau, assez planante.

 

« Tokyo Eye », ensuite, est clairement un de mes morceaux préférés de l’album, voire mon morceau préféré tout court. Il est assez original, et a un vague côté industriel (à la Einstürzende Neubauten, peut-être ?) qui n’est bien entendu pas pour me déplaire. Mais il sait en outre jouer tant sur l’ambiance que sur le bruit, pour un résultat tout à fait convaincant. C’est – enfin ! – le grand morceau que j’attendais depuis « Bull In The Heather ».

 

« In The Mind Of The Bourgeois Reader » est quant à lui un morceau orienté punk, assez réussi. Mouais, allez, sympathique.

 

Et l’album de se conclure sur une douceur avec « Sweet Shine » (suivi d’une « ghost track » de bruit…). C’est mignon, intéressant quand ça s’agite un poil plus sur le refrain, mais pas passionnant pour autant.

 

Un peu comme l’ensemble de cet album, en fait, dont le succès me paraît un peu démesuré. Je ne le qualifierai pas forcément de mauvais, non, mais je trouve qu’il ne fait pas le poids face à ceux qui l’entourent. Je lui préfère largement les soi-disant albums plus « commerciaux » que seraient Goo et Dirty, mais aussi l’album suivant, Washing Machine, qui verra le groupe, d’un côté revenir à ses amours dissonantes, de l’autre expérimenter à nouveau en faisant dans le morceau long, plus encore que sur Daydream Nation. En comparaison, ce Experimental Jet Set, Trash And No Star me paraît bien fade, inégal, et pour ainsi dire un peu médiocre…

 

 Suite des opérations avec Washing Machine, donc.

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