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Articles avec #nebal ecoute des bons disques tag

"Christ Illusion", de Slayer

Publié le par Nébal

Christ-illusion.jpg

 

SLAYER, Christ Illusion.

 

Tracklist :

 

01 – Flesh Storm

02 – Catalyst

03 – Skeleton Christ

04 – Eyes Of The Insane

05 – Jihad

06 – Consfearacy

07 – Catatonic

08 – Black Serenade

09 – Cult

10 – Supremist

 

(Précisons d’emblée que ce compte rendu est fait à la demande générale de Cachou ; toute réclamation devra donc lui être adressée directement.)

 

Oh, la jolie couverture que voilà !

 

Et de fort bon goût qui plus est.

 

Certes, Slayer est coutumier du fait. Mais on ne leur en voudra pas, parce que c’est aussi un peu pour ça qu’on les aime. Mais surtout pour une autre raison, bien simple elle aussi. Voyez-vous, mes chers amis, les groupes de metal se répartissent en trois catégories : d’un côté, il y a Slayer ; de l’autre, il y a Motörhead ; enfin, il y a tous les autres.

 

Simple, non ?

 

Oh, je sais bien qu’il s’en trouvera toujours pour proposer d’autres classifications, toutes plus absurdes les unes que les autres, et relevant indéniablement de l’enculage de mouches. J’en ai même rencontré une de particulièrement perverse, et impliquant Slayer qui plus est : celle qui fait de Slayer un des « Big Four », comprendre un des quatre grands groupes de trash metal, les trois autres étant Metallica, Megadeth, et Anthrax.

 

Aha.

 

Non, mais, franchement, de qui se moque-t-on ?

 

Classification irrecevable pour le Nébal. Pour la bonne et simple raison que je n’ai jamais pu blairer Megadeth, à peine plus Metallica (… même si, oui, je l’avoue, j’ai, comme tout le monde, joué dans un groupe qui reprenait « Enter Sandman » et « Nothing Else Matters », et, oui, je l’avoue, j’ai versé ma petite larme sur « Fade To Black » et « The Unforgiven »…), et que je ne connais pas assez Anthrax pour en dire quoi que ce soit (même si le peu que j’en connais m’inspire déjà plus de respect… ne serait-ce que le rigolo « Bring the Noise » avec Public Enemy).

 

Seulement, désolé, mais Slayer, ça n’a rien à voir.

 

Slayer, c’est la haine à l’état pur, c’est du concentré de violence, c’est le Blitzkrieg musical. Des riffs qui passent le mur du son, la double grosse caisse qui mitraille le public, le chanteur qui hurle sa rage et sa douleur dans un même beuglement interminable. C’est l’enfer sur terre, un champ de bataille plongé sous un déluge d’artillerie lourde (aha… pardon), c’est SLAYER, QUOI, MERDE !

 

Alors – toute homophobie mise à part – vous allez tout de suite arrêter vos comparaisons avec ces autres groupes de tafioles, là, hein. Parce que moi, là, je vous parle de SLAYER.

 

Et je vais plus précisément vous parler de leur avant-dernier album, Christ Illusion, datant de 2006.

 

(J’ai failli écrire « dernier », mais il semblerait que ces petits canaillous aient sorti un World Painted Blood fin 2009 ; on ne me dit jamais rien…)

 

Un album qui, pour beaucoup – dont votre serviteur –, a marqué le retour du « vrai Slayer », celui de l’indépassable trilogie Reign In Blood / South Of Heaven / Seasons In The Abyss (dont il faudra bien que je vous parle un jour). Ce qui a pu être critiqué : Slayer, pour certains, en se contentant de revenir à ses sources, fuyait toute prise de risques, et ne faisait que se répéter… Je ne suis pas tout à fait d’accord, ainsi qu’on va le voir. Même si… Enfin, vous verrez bien.

 

En tout cas, il y a eu un gros changement entre-temps : le son, en 2006, n’est plus exactement le même que 20 ans plus tôt ; et ça vaut notamment pour la batterie, où on retrouve (enfin !) derrière les fûts un Dave Lombardo plus inspiré que jamais sur cet album…

 

Et on en a la preuve dès le premier morceau, le classique instantané « Flesh Storm », qui entre immédiatement dans la liste des meilleurs morceaux de Slayer, aux côtés des « Angel Of Death », « War Ensemble », « Raining Blood », etc. Les riffs sonts classiques, certes, mais imparables, et les roulements de batterie sont bluffants. Une très bonne entrée en matière, qui laisse sur le cul d’entrée de jeu.

 

Suit le puissant « Catalyst », très punk/hardcore (à certains égards dans la veine du mal-aimé Undisputed Attitude, cover-album que j’avais pour ma part beaucoup aimé, alors, bon...), où Lombardo fait des ravages avec ses pieds (mais nom du Diable, comment fait-il pour jouer aussi vite ?!?), tandis qu’Araya se montre plus haineux que jamais. Une vraie réussite.

 

Suit un « Skeleton Christ » où la batterie reste très inspirée, mais qui, pour le reste, sonne effectivement comme du Slayer déjà entendu cent fois, et ne marque pas trop les esprits. Ce n’est pas mauvais, mais ça n’a rien d’exceptionnel pour autant. Jolie conclusion, cela dit (là aussi, surtout grace à Dave Lombardo…).

 

On enchaîne sur le bien plus lent mais non moins puissant « Eyes Of The Insane », à nouveau un véritable hymne à la double. Mais ce que j’en ai surtout retenu, c’est ce clip, ambigu, certes, gore, aussi – attention aux âmes sensibles –, mais très, très fort. Impressionnant, vraiment. Et, pour l’anecdote, le morceau (ou le clip ?) a été récompensé par un Grammy award.

 

Une vraie perle ensuite – oui, j’enchaîne les superlatifs et compagnie, mais ça vaut surtout pour le début de l’album, vous allez voir... – avec le controversé « Jihad », où Lombardo fait une fois de plus des merveilles. Mais ce qui me plaît surtout dans ce morceau, c’est sa complexité rythmique – on est loin du 4/4 – et ses sonorités quasi indus (vu le pompage de Slayer dont s’est rendu coupable Ministry sur les derniers albums, ce n’est que justice, dans un sens…). Très joli finale (merci, m’sieur Lombardo, merci !).

 

La suite de l’album, autant le dire de suite, si elle reste de qualité, est tout de même nettement moins impressionnante que cette première moitié. En témoigne immédiatement « Consfearacy » qui joue d’emblée sur une carte nerveuse, avec plus ou moins de réussite. Le refrain est correct, le reste n’est pas terrible…

 

Suit un « Catatonic », qui, fidèle à son titre, joue la carte de la lourdeur. Mouais. Le problème, c’est qu’il gagne haut la main, pour le couplet, la palme du riff le moins original des trente dernières années… C’est dommage, parce que le reste est pas mal du tout.

 

On passe alors à « Black Serenade ». Là encore, il y a comme un fâcheux air de déjà-vu… Mais le refrain est sympathique…

 

Les choses s’améliorent un peu avec « Cult », morceau qui, sans surprise, a fait jaser outre-Atlantique. Ça n’est certes pas bien original – l’introduction a été entendue cent fois… –, mais par la suite, ça devient très efficace ; et le refrain est très fort, avec un usage judicieux de la double.

 

Et de finir heureusement sur du très bon avec l’énorme (bien qu’ambigu…) « Supremist ». Un torrent de haine à l’état pur traverse ce morceau qui va vite, très vite, et, je n’en doute pas, est destiné à figurer parmi les grands classiques live de Slayer. Superbes riffs qui s’enchaînent à merveille, et finale rageur comme c’est pas permis : une conclusion parfaite.

 

Christ Illusion est donc un album inégal, on l’a vu. Vers le milieu de l’album, le quatuor se la joue pépère, et se contente de se maintenir sur ses acquis. Mais, ne serait-ce que pour sa phénoménale première partie et sa conclusion, il vaut le coup. Et, oui, on y retrouve bien – avec un meilleur son – le grand Slayer de Reign In Blood, South Of Heaven et Seasons In The Abyss. Ce qui, personnellement, me va très très bien. Et ne fait que confirmer ma division tripartite des groupes de metal ; en tout cas, Slayer est définitivement à part en ce qui me concerne. C’est à vrai dire le seul groupe de metal « au sens strict » que j’écoute encore, et même de plus en plus, et ce n’est sans doute pas pour rien…

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"45:33", de LCD Soundsystem

Publié le par Nébal

45-33.jpg

 

LCD SOUNDSYSTEM, 45:33.

 

Tracklist :

 

01 – 45:33 Pt. 1

02 – 45:33 Pt. 2

03 – 45:33 Pt. 3

04 – 45:33 Pt. 4

05 – 45:33 Pt. 5

06 – 45:33 Pt. 6

07 – Freak Out / Starry Eyes

08 – North American Scum – Onanistic Dub

09 – Hippie Priest Bum-Out

 

Une drôle d’histoire que ce 45:33, et qui, à première vue, ne fait guère honneur à Dieu, aka James Murphy, et serait même pour certains infidèles à la limite de le déchoir de son statut divin…

 

Je m’explique. À l’origine, il s’agissait, avant l'enregistrement de Sound Of Silver, d’une double – voire triple – opération commerciale. Le morceau « 45:33 » était en effet une œuvre de commande, passée par Nike auprès de LCD Soundsystem (donc auprès de James Murphy), dans le but d’une campagne promotionnelle de téléchargement sur iTunes. Le concept était le suivant : le morceau était censé accompagner la foulée des joggers, avec leurs accélérations et décélérations. Après coup, James Murphy s’en est un peu défendu : il a expliqué qu’il y a surtout vu l’opportunité d’écrire un long morceau – qui fait « étrangement », non pas 45:33 min., mais 45:58 min., oui, il s’est trouvé des malades pour vérifier ça… – basé sur un concept amusant, un peu comme le E2-E4 de Manuel Göttsching, influence revendiquée, et très sensible dans l’artwork minimaliste du CD. Mouais…

 

Mais bon, moi je dis qu’on s’en fout un peu, et que l’important, comme le disait si bien Jean-Jacques (je parle du philosophe, pas du musicien), c’est que la musique soit bonne (bonne, bonne, bonne). Or, elle l’est, bonne (bonne, bonne, bonne). Moi, ça me convient parfaitement, opération commerciale ou pas.

 

Et puis l’opération commerciale, elle se relativise de toute façon. Après Sound Of Silver, ainsi, James Murphy a décidé de sortir « 45:33 » en CD. En soi, ça aurait déjà fait un album ; mais non, il a trouvé le moyen d’y rajouter trois autres pistes pour en faire un vrai album de plus de 70 minutes. Sur lequel, par ailleurs, ne figure aucune mention renvoyant à Nike ou iTunes. Alors bon, moi, je reste dans l’orthodoxie jamesmurphyenne : il reste Dieu. Na.

 

Attaquons donc la bête, avec le gros morceau (si j’ose dire) qu’est « 45:33 », découpé ici en six pistes. Hélas, je ne vais pas pouvoir vous fournir d’extraits des plus intéressantes, et c’est bien dommage, car, autant le dire de suite, ce long morceau, simplement bon au début, est une tuerie passée la moitié environ (quand le jogger commence à brûler des calories bien comme il faut).

 

Je ne m’attarderai pas sur « 45:33 Pt. 1 », simple et brève (enfin, un peu moins de trois minutes…) introduction en forme de mise en jambes ; le séquenceur monte, monte, puis ça se re-calme un peu, et se contente de préparer la suite.

 

Passons donc immédiatement à « 45:33 Pt. 2 ». En ce qui me concerne, cette partie encore assez molle – le jogger s’échauffe encore – et chantée est de très loin la plus faible du morceau (sachant que la première partie ne compte pas vraiment). Un côté très soul dans cette pièce, pas désagréable certes (même si dans le genre on connaîtra mieux plus tard, voir plus bas), mais ça ne convainc pas tout à fait. Jolie partie de basse, oui. Et quand la rythmique commence à préparer la suite, ça devient un peu plus intéressant, oui. Mais bof, quand même.

 

Et cette suite, je ne vais guère m’attarder dessus, mais pour une autre raison. Non qu’elle soit médiocre : elle est très bonne, au contraire ; mais le truc, c’est que cette « 45:33 Pt. 3 », à peu de choses près, vous la connaissez déjà, puisqu’elle est devenue « Someone Great » sur Sound Of Silver. Seules différences : ici, bien sûr, elle s’insère dans un mix, et elle est purement instrumentale. Pour le reste, c’est la même chose. Très bien, donc.

 

Et c’est à partir de maintenant que je commence à regretter de ne plus avoir d’extraits à vous proposer (mais il est vrai que les parties sont souvent plus longues maintenant…), parce que, en ce qui me concerne, c’est là que le morceau prend vraiment son envol… Et tout d’abord avec l’excellente « 45:33 Pt. 4 » et son riff de basse génial et imperturbable, agrémenté de quelques sonorités acides, d’orgues psychédéliques et de voix graves trafiquées et ralenties (« My favorite song! ») ; s’amorce régulièrement, en même temps, un « refrain » (chanté ou non par Terra Deva) très soul/funk, un peu blaxploitation même, qui passe très bien. Une vraie merveille que cette quatrième partie, qui constitue, je crois bien, mon passage favori de ce long morceau. Le finale à la trompette achève de convaincre l’auditeur, surtout quand la basse fait une pause, avant de reprendre pour notre plus grand bonheur. Puis il y a une cassure dans le rythme…

 

… Et on passe à la bien plus speed « 45:33 Pt. 5 » (qui doit faire souffrir les joggers, celle-là), aux sonorités délicieusement kitsch (oserais-je dire – mais je ne suis guère connaisseur en la matière – italo-disco ?), ne serait-ce que pour ces voix robotiques ou passées au vocoder ou ces roulements de batterie électronique. En tout cas, la basse, une fois de plus imperturbable, est plus vivace que jamais, et la rythmique de même. Au pas de course, m’sieurs dames ! Mais ça passe très très bien, en tout cas ; et quand je faisais de la quatrième partie ma préférée, j’avoue que j’hésitais avec celle-ci… Moment délicieux quand la rythmique passe à l’envers, puis revient à l’endroit rejoindre la basse et les claviers virevoltants ! Aaaaaaaaaaaaah…

 

Et changement complet de registre avec « 45:33 Pt. 6 », ou le calme après la tempête. Il s’agit en effet d’un morceau ambient, idéal pour que nos pauvres joggers ralentissent le rythme en fin de course, puis se délassent, s’étirent, et profitent d’un repos bien mérité.

 

« Mmmh, dis-moi, Nébal, tu m’étonnes, là… En temps normal, tu dirais du mal des joggers, non ? Tu parlerais de tronçonneuses, de mines anti-personnel, tout ça, mmmh ? C’est ton régime qui te fait cet effet ? Ou ton idolâtrie envers James Murphy t’a-t-elle fait perdre tout sens commun ? »

 

Non, sinistre interrupteur italiqueux. Ou alors juste un peu. J’exècre bien les joggers, comme toutes formes de sportifs. Mais je dois reconnaître qu’un sportif qui pratique son activité dégradante avec du LCD Soundsystem dans les oreilles vaut pour moi mieux qu’un autre. Ou disons qu’il est moins pire. Voilà.

 

 

Plus sérieusement, maintenant que « 45:33 » est fini (ouf ; mais rhaaaaa aussi, parce que c’était bon, tout de même), parlons un petit peu des trois pistes que le père Murphy nous a rajoutées en bonus.

 

Et tout d’abord de l’étrange « Freak Out / Starry Eyes ». Étrange, car ces deux morceaux n’ont franchement rien à voir, et s’enchaînent d’ailleurs plutôt bizarrement (rien d’étonnant, dès lors, à ce que je n’ai qu’un extrait de « Starry Eyes » à vous proposer…). « Freak Out » est un morceau très soul/funk, mais bien plus efficace à mon goût que « 45:33 Pt. 2 ». La rythmique, faisant appel aux percussions, est complexe et chaloupée, trompette et trombone résonnent agréablement à l’oreille, et la basse, tout en restant très simple, groove comme c’est pas permis. Les claviers rajoutent en fin de course une cerise sur le gâteau ma foi pas dégueu du tout. Puis il y a un solo de batterie… et l’on passe à « Starry Eyes », qui n’a franchement rien à voir. Un morceau qui m’a pas mal fait penser à du David Bowie, période berlinoise ou immédiatement postérieure (même si c’est Nancy Whang qui prend le chant). Assez indéfinissable en-dehors de cette vague ressemblance, et sympathique, oui, mais sans plus.

 

Un remix ensuite, quasi-instrumental, avec « North American Scum – Onanistic Dub », qui sonne parfois assez old school, un peu acid house, mais manie les bleeps avec une jubilation qui fait plaisir. C’est en tout cas un remix d’une complexité typique de The DFA, bien éloignée de la sobriété de l’original – qu’on ne reconnaît, à vrai dire, qu’aux « North American! » de Nancy Whang… ça aussi, c’est typique des remix de The DFA ! –, qui s’en retrouve considérablement enrichi. Jolis passages au wurlitzer par Eric Broucek, notons-le.

 

Et l’album – car c’est finalement bien d’un album qu’il s’agit – de s’achever sur « Hippie Priest Bum Out », un instrumental assez bref. Basse sympathique, percussions plus que correctes, mais rien de vraiment transcendant.

 

 Hein ? Si 45:33 vaut le coût ? Mais bien sûr, c’te question ! Oh, je vous rappelle que c’est une œuvre de Dieu ! Alors on s’en fout du contexte, tout ça, machin-truc-bidule, le fait est que c’est bon, oh, oui, rhaaaaaaa, encore, ouiiiiiiiii, c’est épatant, c’est vraiment épatant. Alors achetez-moi ça tout de suite. Hop.

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"Sound Of Silver", de LCD Soundsystem

Publié le par Nébal

Sound-Of-Silver.jpg

 

LCD SOUNDSYSTEM, Sound Of Silver.

 

Tracklist :

 

01 – Get Innocuous!

02 – Time To Get Away

03 – North American Scum

04 – Someone Great

05 – All My Friends

06 – Us V Them

07 – Watch The Tapes

08 – Sound Of Silver

09 – New York, I Love You But You’re Bringing Me Down

 

Retour à LCD Soundsystem, pour ce second album intitulé fort justement Sound Of Silver. Bon, on va pouvoir abréger un peu, aujourd’hui, dans la mesure où on ne va pas s’attarder sur les présentations (et pis y’a qu’un disque et seulement neuf pistes, ouf… c’est que j’en ai chié, hier, avec The Fragile !) ; depuis mon compte rendu dithyrambique de LCD Soundsystem, vous savez qu’il s’agit là en ce qui me concerne du projet solo de Dieu, aka James Murphy de The DFA. Autant dire que j’attendais cet album avec une impatience certaine… et une certaine anxiété aussi, mais c’est tout moi, ça : pessimiste de nature, je doute même de Dieu…

 

Et le début de la première piste, « Get Innocuous! », n’avait rien pour me rassurer. Certes, tout cela était bel et bon, mais cela n’en ressemblait pas moins à une reprise de « Losing My Edge » (c’est plus sensible sur la version de l’album que sur le clip que je vous avais montré)… Dieu – pardon – James Murphy se mettrait-il déjà à tourner en rond ? Mais heureusement les claviers house à contre-temps viennent quelque peu changer la donne, puis le chant vient radicalement changer l’atmosphère du morceau. Et James Murphy – pardon – Dieu de nous livrer à nouveau une petite merveille d’introduction. Rien à redire, en fin de compte, et c’est tant mieux. Même si le morceau, quelque part, annonce un peu le décevant The Future Will Come de The Juan MacLean, avec son côté house prononcé et le – bref – passage chanté de Nancy Whang… Ça reste bien autrement bon.

 

La deuxième piste, « Time To Get Away », est un tube immédiat, un morceau – court selon les standards du groupe – à la patate funky indéniable et plein d’humour (comme souvent chez LCD Soundsystem, et on aura maintes fois l’occasion de le constater au fil de cet album). Rythmique basse / batterie parfaite, accord parfait des claviers et de la guitare pour donner le speed, chant inspiré de James Murphy… Que demande le peuple ? D’autres morceaux au moins aussi bons ? Il les aura.

 

Tiens, en parlant de morceaux pleins d’humour, la suite se pose là, avec le très sympathique « North American Scum » (un chouia plus long sur l’album), autre tube immédiat (au clip con comme la pluie mais fort rigolo, surtout pour les amateurs de SF qui rodent en ces lieux interlopes). Bonne ligne de basse et chouette riff de guitare pour un morceau aux paroles hilarantes ; ça ne pète pas bien haut, ça n’est pas du très grand LCD Soundsystem, mais c’est efficace…

 

« Someone Great » (bien plus long en temps normal, et originellement la troisième partie de « 45:33 » – j’y reviendrai) joue dans un tout autre registre, plus apaisé et plus ouvertement électronique ; ça n’a l’air de rien, mais c’est entêtant comme c’est pas permis, et ça marche donc très bien. Du très bon LCD Soundsystem, cette fois.

 

Et ça vaut pour la suite, dans un registre assez proche, l’excellent « All My Friends » (là encore bien plus long en temps normal), où un piano hypnotique prend la première place. Un très bon morceau, à la fois dansant et planant, et, une fois n’est pas coutume, bien plus complexe en profondeur qu’il n’y paraît à première vue.

 

Mais je vais faire mon petit réac’, pour le coup, et y préférer malgré tout, davantage dans la lignée des premiers grands singles de LCD Soundsystem, le disco-punk incroyablement efficace (et là encore pas si simple que ça) du génial « Us V Them ». Très chouette ligne de basse, rythmique complexe (les cloches y sont pour beaucoup), chant envoûtant qui donne instantanément envie d’être repris en chœur… Avant un finale jouant la carte de la transe. C’est génial, ça ! Merci, ô mon Dieu…

 

« Watch The Tapes » est un morceau bien plus court, mais qui joue à son tour de la carte disco-punk, avec une basse monstrueuse, et un pied à l’avenant. Plus un refrain rigolo, pour la forme. Rien d’exceptionnel, mais ça s’écoute bien.

 

« Sound Of Silver » (NB : il manque environ une minute à la fin de la vidéo, désolé, j’ai pas trouvé mieux…), à s’en tenir aux paroles, ne manque pas d’humour non plus, mais le vrai propos est ailleurs. C’est qu’il s’agit, une fois de plus, de faire planer et danser en même temps : pour ce faire, James Murphy, use d’un mélange adroit de nappes et de bleeps d’une part et d’une rythmique sans faille d’autre part, bien évidemment secondée par une basse ronde et volubile comme on les aime. Le résultat est très bon.

 

Et l’album de s’achever sur une jolie petite ballade pop, chantée d’une voix cassée, au titre éloquent : « New York, I Love You But You’re Bringing Me Down ». Comme pour « Never As Tired As When I’m Waking Up » sur LCD Soundsystem, ce n’est certes pas sur ce terrain-là qu’on attend James Murphy, mais le fait est que cette fois il s’en tire bien, et même très bien. Un très beau morceau, qu’on fredonne volontiers, et qui remplit parfaitement son office de conclusion d’un album dans lequel, finalement, rien n’est à jeter.

 

Alors, Sound Of Silver, par rapport à LCD Soundsystem ? Eh bien, à mon sens, cela dépend de ce que l’on entend par LCD Soundsystem : si on s’en tient à l’album à proprement parler, c’est à dire au premier disque, je trouve que non seulement Sound Of Silver le vaut bien, mais même qu’il le surpasse. Par contre, si, par LCD Soundsystem, on englobe bien les deux disques – et donc les anciens singles –, là, Sound Of Silver ne fait pas le poids : si tous ses morceaux sont bons, voire très bons, voire excellents, aucun cependant n’est de taille à affronter sur le ring un « Losing My Edge » (non, pas même « Get Innocuous! », voir plus haut…), un « Beat Connection » ou a fortiori un « Yeah (Crass Version) ».

 

Mais ce petit jeu des comparaisons est-il bien nécessaire ? On se retrouve en fait un peu dans la même situation qu’avec Arcade Fire et Neon Bible opposé à Funeral… Indépendamment, j’avais dit que Neon Bible était un très bon album, malgré quelques titres médiocres. Or, de titres médiocres, il n’y en a pas sur Sound of Silver… La conclusion me paraît donc claire : le second album de LCD Soundsystem est bel et bien un très bon album, et même un excellent album ; qu’il n’ait pas la puissance de son illustre prédécesseur, à cet égard, n’est que de peu d’importance : il écrase de toute façon la concurrence (hein ? la quoi ? quelle concurrence ?).

 

 

 Bon, petite pause, et j’essaye (je dis bien : j’essaye) de vous parler de 45:33. Comme ça, ça sera fait. Hop.

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"The Fragile", de Nine Inch Nails

Publié le par Nébal

The-Fragile.jpg

 

NINE INCH NAILS, The Fragile.

 

Tracklist :

 

CD 01 (Left)

01 – Somewhat Damaged

02 – The Day The World Went Away

03 – The Frail

04 – The Wretched

05 – We’re In This Together

06 – The Fragile

07 – Just Like You Imagined

08 – Even Deeper

09 – Pilgrimage

10 – No, You Don’t

11 – La Mer

12 – The Great Below

 

CD 02 (Right)

01 – The Way Out Is Through

02 – Into The Void

03 – Where Is Everybody?

04 – The Mark Has Been Made

05 – Please

06 – Starfuckers, Inc.

07 – Complication

08 – I’m Looking Forward To Joining You, Finally

09 – The Big Come Down

10 – Underneath It All

11 – Ripe (With Decay)

 

Wooooaaaaaaaaaaaah, le coup de vieux ! Ça nous rajeunit pas, tout ça, ma bonne dame ! C’est que The Fragile de Nine Inch Nails était pour moi un album culte dans ma folle jeunesse, mais ça faisait une é-ter-ni-té que je n’y avais pas jeté une oreille. Il faut dire que les productions ultérieures de Nine Inch Nails, toutes d’une médiocrité affligeante – à l’exception du très bon Ghosts I-IV, dont je vous reparlerai peut-être un de ces jours (pas évident, cela dit...) –, y sont sans doute pour quelque chose… Mais on aurait tort, oui, on aurait bien tort de se focaliser excessivement sur ces derniers écueils, et d’oublier qu’il fut un temps où Nine Inch Nails, c’était fort bon, et où Trent Reznor méritait bien – à mon avis en tout cas – le qualificatif de génie (si). Une période qui commence avec Broken en 1992 (ouep, j’ai toujours trouvé Pretty Hate Machine surestimé…) et culmine avec The Fragile en 1999, en passant par The Downward Spiral en 1994.

 

 

Oui, vous avez bien compté. Cinq ans. 1994-1999.

 

Certes, il y eut, tout d’abord, une sacrée tournée, et même des collaborations avec David Bowie, excusez du peu ! Voyez par exemple cette fameuse version de « Hurt » (où, reconnaissons-le, pour ce qui est du charisme, petit Trent se fait laminer par Sa Majesté David Bowie…), ou inversement cette collaboration sur « Subterraneans » (pardon, le son est un peu pourri…). L’influence de Reznor sur Outside se sent énormément, d’ailleurs, et on lui doit quelques remix intéressants (voyez pour « Hearts Filthy Lesson »), et jusque sur Earthling (le fameux clip de « I’m Afraid Of Americans »). Nébal aime quand les grands esprits se rencontrent… Vous ai-je déjà dit, d'ailleurs, que David Bowie était Dieu ?

 

...

 

Passons.

 

Il y eut aussi, entre-temps un album de remix (inégal, comme souvent), Further Down The Spiral ; certes, il y eut aussi l’activité de Trent Reznor en tant que producteur (de Marilyn Manson notamment, à l’époque où il était encore bon – le contrat courait sur trois albums : Portrait Of An American Family, Smells Like Children et, bien sûr, Antichrist Superstar – que celui-là aussi, ça fait un bail que je ne l’ai pas écouté ; ça pourrait être une expérience… intéressante…) ; il y eut également un titre ou deux par-ci par-là (les géniaux « The Perfect Drug » et « Driver Down » pour la B.O. de Lost Highway de David Lynch, qu’il avait produite ; ou encore, d’ailleurs, la très bonne B.O. indus death du jeu vidéo Quake).

 

Pas rien, donc. Mais d’album, point. En cinq ans. Et cinq ans, dans le monde de la musique, pour certains, c’est long ; beaucoup trop long.

 

Aussi, à l’époque, je crois me souvenir – mais peut-être ma mémoire me joue-t-elle des tours – qu’il se trouvait des mauvaises langues pour tirer des plans sur la comète. On annonçait la fin de Nine Inch Nails (puisque Nine Inch Nails, pour ceux qui ne le sauraient pas, c’est Trent Reznor et personne d’autre ; les autres ne sont là que pour les concerts, et éventuellement les sessions d’enregistrement ; éventuellement, hein…) ; on parlait de perte de créativité ; on parlait même, autant le dire, d’une dépression carabinée, causée essentiellement par le succès phénoménal remporté par son poulain Marilyn Manson, qui rendait celui de Reznor d’autant plus dérisoire…

 

Et puis voilà qu’on annonce subitement un nouvel album. Et un gros.

 

Un putain de double album, oui !

 

Voilà, oui, que le père Reznor nous sort subitement de sa pochette surprise rien de moins que son Grand-Œuvre, totalement mégalomane comme il se doit. Un très bel objet intitulé The Fragile, à l’artwork sublime – une fois n’est pas coutume –, composé de deux disques sobrement titrés « Left » et « Right » et comportant en tout 23 pistes. Avec du déchet, bien sûr, comme pour tout double album mégalomane qui se respecte, mais dans l’ensemble, le bilan est quand même largement positif, et The Fragile reste probablement mon album favori de Nine Inch Nails…

 

Allez, c’est tipar. À gauche toute. Où l’on commence par « Somewhat Damaged », qui n’est certainement pas le morceau le plus facile d’accès de Nine Inch Nails. Ce qui est extrêmement rassurant pour les amateurs : ainsi, si Reznor jalouse bien son protégé Manson et entend bien remporter un certain succès médiatique et commercial avec son nouvel album – il l’aura… même s’il restera bien évidemment loin derrière « le traître » Manson –, il ne semble pas pour autant près à se compromettre (ou du moins pas tout de suite, ou pas encore trop… c’est déjà ça !). La rythmique est décalée, les guitares bruitent, ça hurle ce qu’il faut, ça s’énerve, ça monte, mais, mais, continuez, monsieur Reznor, continuez, je vous en prie, vous m’intéressez !

 

On enchaîne sur le bien plus calme (ou plus exactement : plus mélodieux, car les guitares continuent de jouer à 11) « The Day The World Went Away », qui fut si je ne m’abuse le premier single de l’album. C’est joli, et encore assez bruyant pour plaire. Bref, ça passe bien.

 

Le bref instrumental « The Frail », par contre, est une petite pause au piano secondé de nappes aériennes, pour se détendre les oreilles avant le retour du bruit. Cela ne peut pas faire de mal, et on avouera que c’est simple et joliment fait.

 

Suit donc le plus méchant, bien que toujours pianistique, « The Wretched » ; cette fois, on reconnaît vraiment la manière de The Downward Spiral, jusque dans le refrain puissant. Un morceau de Nine Inch Nails efficace, juste comme on les aime.

 

Mais « We’re In This Together », personnellement, me parle plus, avec son son (non, pas mon mon, ni ton ton : son son... enfin, bref) plus moderne. Jolie rythmique, notamment. Et pour le refrain un beau riff à la Filter (rien d’étonnant, me direz-vous…). Non, décidément j’aime bien. Pis la fin est zoulie.

 

On passe alors à « The Fragile », morceau très pop qui, pour avoir donné son titre à l’album, ne m’en a pas moins toujours semblé plutôt médiocre… Certes, le refrain est efficace, mais presque « trop ». Pour le coup, là, il y a un peu de compromission… Et ce ne sont pas les quelques dissonances éparses qui me feront changer d’avis : non, décidément, je trouve ce morceau trop « facile ». Pas pour moi, en tout cas. À ranger parmi les inévitables déchets que rejette tout double album mégalomane ; c’est un peu con que ça soit le morceau-titre, tout de même…

 

Heureusement suit l’instrumental « Just Like You Imagined », qui porte bien son titre, tiens. Bah oui, j’imaginais un très bon morceau qui venait rattraper la bouse précédente, et c’est bien ça ; un court morceau bourré d’idées, avec de jolies parties de piano, et une production exemplaire… Voilà le Nine Inch Nails que j’adule ! Heureusement, on aura bien des fois l’occasion de le retrouver au cours de l’album.

 

Avec « Even Deeper », hélas, on retombe, à un niveau assez moyen, quoique pas aussi médiocre qu’avec « The Fragile », ce grâce à une très jolie production ; mais tout cela manque néanmoins un peu de patate, et se montre un peu trop sage pour convaincre. Où est passée la furie, monsieur Reznor, où est passée la rage, où est passée la folie ? Tsk tsk tsk…

 

C’est à nouveau un instrumental qui va remonter le niveau – ça devient une habitude (et rappelez-vous, enfin, si vous le voulez, je n’oblige personne, hein, ce que j’ai dit de Ghosts I-IV…) –, le très bon « Pilgrimage », aux étranges accents de péplum… Un morceau répétitif et majestueux, tout en puissance et grandiloquence ; le finale, c’est vraiment le Colisée…

 

Logiquement, « No, You Don’t », chanté, devrait donc être un morceau médiocre ? Eh bien non. C’est un très bon morceau de metal indus, au riff imperturbable en béton armé, et à la rythmique intéressante, à alterner entre vitesse et lourdeur. À la fin ça bruite bien, même ; dommage que ça coupe un peu brutalement…

 

… mais – aha ! – c’était fait exprès, pour susciter un contraste avec le ma-gni-fique quasi-instrumental « La Mer » – probablement un des meilleurs morceaux de l’album, où un piano stoïque résiste face à une batterie chaloupée et à contre-temps, puis face à un déluge de bruit qui s’abat progressivement sur l’auditeur désemparé et heu-reux, E-R-E ! Une merveille.

 

Mais « The Great Below » n’est pas en reste, qui conclut le premier disque de la plus belle des manières. Production superbe, belles mélodies, du grand Nine Inch Nails dans la veine calme (pour ne pas dire… « gothique » ?). Le finale, quand la batterie entre en jeu, est de toute beauté.

 

Bon. A fini « Left ».

 

Petite pause.

 

 

Bon. « Right ».

 

Où l’on commence par un quasi-instrumental de la plus belle eau, « The Way Out Is Through ». Le type même du morceau qui monte, qui monte, qui monte, qui n’en finit pas de monter, rhaaaaaaa, parce que c’est siiiiiiiiii bon quand ça monte, gniiiiiiiiiiiiiiiiii, guuuuuuuuuuuuuuh, gggggh… RAAAAAAAAH !!! Et quand ça explose, ça fait du bien. Oui, ça a quelque chose d’orgasmique, en effet, mais je ne vois pas ce qui vous a fait employer ce terme-là en particulier ? … Vous voulez en parler ?

 

« Into The Void », c’est du Nine Inch Nails funky. Si. Même que. Oh, on en avait déjà eu quelques exemples par le passé (notamment sur Pretty Hate Machine, si je ne m’abuse, dont on retrouve en tout cas pas mal le son ici… et ceci explique sans doute cela), mais là, c’est particulièrement flagrant. Et malgré tout le respect que je voue, à Nine Inch Nails d’une part, au funk d’autre part, je n’ai jamais trouvé que le mélange des deux passait très bien… Allez, hop, dans la corbeille, avec « The Fragile ».

 

« Where Is Everybody? » poursuit hélas un peu dans cette voie – non pas funky, mais « Nine Inch Nails à l’ancienne », et sans se montrer beaucoup plus convaincante. Une fois de plus, comme pour « Even Deeper » plus haut, tout cela manque de patate et de folie. Et, cette fois, il n’y a pas l’excuse de la production, tout ceci ayant déjà été entendu sur les précédents albums de Nine Inch Nails. Allez, hop, dans la corbeille, avec « The Fragile » et « Into The Void ».

 

Et l’auditeur de prendre peur : exception faite de l’excellent premier morceau, le second disque serait-il composé uniquement des morceaux pas assez bons pour figurer sur le premier ? Gasp ! À ce stade, il faudrait au moins un excellent instrumental pour rassurer l’acquéreur de The Fragile… Et ça tome bien, puisque suit « The Mark Has Been Made » : belle ambiance oppressante, jolie petite mélodie, c’est tout simple, et ça fonctionne remarquablement bien. Puis arrive la batterie (qui surprend le chroniqueur, qui avait oublié ça, tiens, et se sent tout con), et le morceau de repartir sur ses premières bases, mais avec des guitares en prime. Que du bonheur, comme Nine Inch Nails sait si bien nous en procurer quand Trent Reznor veut bien fermer sa gueu… s’appliquer.

 

On retrouve le chant sur « Please », mais le morceau a au moins pour lui, dès le début, une bonne ligne de basse. Problème : sur le refrain, on se retrouve encore une fois confronté à cette sensation de déjà-vu un peu pénible ; mais bon, c’est quand même nettement moins pénible ici que sur « Into The Void » et « Where Is Everybody? », et ça évite donc la corbeille. Car il faut bien reconnaître que c’est bien fait… Mais c’est quand même assez moyen.

 

Bien autrement jouissif se montre le morceau suivant, le bien nommé « Starfuckers, Inc. », qui, pour contenir un sample de Kiss (si !), n’en sonne pas moins surtout, dans son refrain puissant, comme du Marilyn Manson de la bonne époque (l’époque Reznor, donc, eh eh… ce qu’on appelle un retour à l’envoyeur, j'imagine) ; quant au couplet, il sonne fort bien, avec son côté limite drum’n’bass et sa voix trafiquée. De la belle ouvrage, pour un morceau con comme un balai et sacrément réjouissant.

 

Allez, un petit instrumental pour continuer sur la bonne voie ? Mais oui ! Hop, « Complication », où le son « classique » de Nine Inch Nails se teinte de colorations plus résolument modernes, assez techno en fait. C’est court, c’est simple, mais ça fonctionne très bien.

 

On passe ensuite à « I’m Looking Forward To Joining You, Finally ». Rythmique correcte, jolie basse... Mouais… C’est un peu mou du gland, tout ça, monsieur Reznor. Attention, la corbeille n’est pas loin… Je vous suggère de faire mieux la prochaine fois !

 

Voyons donc ce qu’il en est de « The Big Come Down ». Ah, déjà, la rythmique, c’est mieux, c’est plus industriel ; et puis, ça braille un peu, c’est bien aussi. Le refrain est mélodieux certes, mais il passe très bien (ça ira pour cette fois !). Allez, mention « assez bien ».

 

« Underneath It All » démarre sur les chapeaux de roue, même si le chant est calme ; derrière, tout s’énerve, et c’est très bien, ce contraste. Un court morceau plus que correct.

 

Et « Right » – et The Fragile ! – de se conclure sur « Ripe (With Decay) », un magnifique instrumental (ouf) sinistre et cafardeux au possible.

 

 The Fragile n’est certes pas un album parfait. Il contient sa part de déchet, et de morceaux médiocres. Il peut, à l’occasion, se montrer prodigieusement agaçant – ne serait-ce que de par son ambition démesurée. Il n’en reste pas moins qu’à mon sens, il fait partie des trois occasions où Trent Reznor s’est montré le plus inspiré (les deux autres étant la B.O. de Quake – ne ricanez pas sottement, c’est une véritable merveille ; mais je serais bien embêté pour vous la chroniquer… – et Ghosts I-IV – idem, hélas… – ; oui, je mets The Downward Spiral un cran en-dessous, sans même parler de Pretty Hate Machine, au risque de me faire traiter d’hérétique par les puristes). Aussi est-ce bel et bien à mes yeux un grand album.

 

Et, ce qui n’était pas gagné d’avance, c’est toujours vrai aujourd’hui. Cela faisait des années que je ne l’avais pas écouté, honnêtement. Mais j’ai pris grand plaisir à le faire, ainsi qu’à rédiger cette chronique (sauf quand Word a planté… argh). J’espère qu’il s’en trouvera parmi vous qui prendront plaisir à me lire, du coup, même si c’est pas gagné… En tout cas, je reparlerais peut-être un peu de Nine Inch Nails, un de ces jours… Mais pas aujourd’hui : mine de rien, chroniquer ce machin, pfiou, c’est crevant…

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"The Cloud Making Machine", de Laurent Garnier

Publié le par Nébal

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LAURENT GARNIER, The Cloud Making Machine.

 

Tracklist :

 

01 – The Cloud Making Machine Pt. 1

02 – 9.01-9:06

03 – Barbiturik Blues

04 – Huis clos

05 – Act 1 Minotaure Ex.

06 – First Reaction (V2)

07 – Controlling The House Pt. 2

08 – (I Wanna Be) Waiting For My Plane

09 – Jeux d’enfants

10 – The Cloud Making Machine Pt. 2

 

Chose promise, chose due. Après vous avoir dit le plus grand bien d’Unreasonable Behaviour, qui est probablement le plus célèbre album de Laurent Garnier, je m’en vais maintenant faire la même chose avec son album suivant, le nettement moins connu mais non moins intéressant The Cloud Making Machine. Mais il n’y a rien d’étonnant à ce que cet album soit moins connu que le précédent, et la qualité n’a rien à y voir. Simplement, entre temps, de l’eau a coulé sous les ponts, et notre Lolo national (mais non, pas... bon, j'arrête, je suis lourd) a assez radicalement changé d’univers musical. Et si Unreasonable Behaviour comprenait encore un certain nombre de titres orientés dancefloor, ce n’est à peu de choses près, voire pas du tout, le cas de celui-ci, qui joue beaucoup plus sur les ambiances cinématographiques et jazzy. On n’y trouvera donc que rarement de quoi remuer du popotin ; The Cloud Making Machine n’est pas exactement ce qu’on appelle un album « booty ».

 

Mais c’est bien en ce qui me concerne un superbe album, qu’on aurait tort de reléguer au fin-fond des pires oubliettes de la musique électronique, au prétexte stupide que Garnier jouerait dans un terrain que l’on supposerait bêtement ne pas être le sien. Au contraire, dans cette « machine à fabriquer les nuages », à l’atmosphère onirique et fantasque – voir le superbe artwork –, Garnier est comme un poisson dans l’eau, et nous réserve quelques très belles pièces, dans des genres très variés, comme en témoigne ce petit résumé. Je n’irais pas jusqu’à prétendre que c’est là son meilleur album, mais ce n’est pas loin d’être vrai…

 

Alors décortiquons donc un peu la bête. Nous commençons avec « The Cloud Making Machine Pt. 1 ». Une introduction étrange, aux voix trafiquées, pose l’ambiance ; puis la musique s’installe, avec les claviers virtuoses de Bugge Wesseltoft (on retrouve le pianiste acid jazz à plusieurs reprises sur l’album ; rappelons qu’il a maintes fois collaboré avec Garnier, voyez d’ailleurs Public Outburst). Zen. Pas un pet de rythmique. Pas besoin.

 

Celle-ci ne débarquera, dans une succession de breaks élégants, que sur le morceau suivant, plus inquiétant, « 9.01-9:06 ». Une composition subtile, faussement simple, faisant appel à une basse discrète et à de multiples couches de claviers, et dont se dégage un certain sentiment d’oppression, de mal-être, récurrent dans l’album, qui se montre – à l’instar d’Unreasonable Behaviour – assez bipolaire –, alternant entre phases de quiétude et crises d’angoisse ; ici, c’est clairement cette dernière qui domine… Pour notre plus grand plaisir.

 

On retrouve Bugge Wesseltoft dans le morceau suivant, « Barbiturik Blues », dont le titre ne doit pas nous tromper : ce n’est pas tant de dépression qu’il s’agit ici, que de léthargie. Le morceau, très downtempo, avec sa rythmique et sa basse lourdes et sourdes, et surtout les claviers aériens du Norvégien, dégage en effet un sentiment de quiétude, de paix intérieure, rare chez Garnier. Un vrai bonheur.

 

Suit une petite merveille qu’on qualifiera « d’ambient » à défaut d’autre terme (du fait de l’absence de rythmique), « Huis clos », un morceau triste au possible. Bugge Wesseltoft s’y occupe des cordes, tandis que Dhafer Youssef, pièce centrale du morceau, chante et joue de l’oud. Tout simplement magnifique.

 

Puis l’on passe à « Act 1 Minotaure Ex. », à nouveau un morceau quasiment dénué de (véritable…) rythmique (il y a bien un pied et une cymbale de temps en temps, mais, bon…). Quand je vous dis que cet album de Garnier a dû en étonner plus d’un… Là encore, c’est l’ambiance qui prime avant tout, une ambiance très cinématographique à nouveau, tout juste moins dépressive que sur le morceau précédent, et avec des cordes plus en avant. De la belle ouvrage, qui peut faire penser à certains morceaux ambient d’Aphex Twin.

 

Changement de ton radical avec « First Reaction (V2) »… d’autant qu’il s’agit d’un morceau chanté (par Sangoma Everett ; le batteur de Garnier, ai-je cru comprendre ? on y retrouve en tout cas Marc Chalosse aux claviers et l’inévitable Philippe Nadaud). Cette fois, la rythmique, complexe, est omniprésente, de même que le chant – parlé –, évoquant un cauchemar ; il faut dire que le morceau a été écrit par Garnier et Everett quand ils ont appris le résultat du premier tour des élections présidentielles françaises de 2002, quand Le Pen était passé… D’où le titre et le ton du morceau. Le résultat est un excellent morceau d’acid jazz.

 

Suit un morceau qui fait un peu figure d’exception sur l’album, puisqu’il est le seul à avoir un kick du début à la fin ou peu s’en faut : « Controlling The House Pt. 2 ». Comme son nom l’indique (quoique la deep house se mêle ici assez franchement de dub, tant pour ce qui est du son de la basse que de l’écho omniprésent). Me demandez pas où est passée la « Pt. 1 », j’en sais rien ; tout ce que je peux vous dire, c’est que, passée l’intro parlée franchement ridicule, ça s’écoute bien. Très bien, même. Quasiment le seul morceau un tant soit peu orienté dancefloor de l’album…

 

Quasiment, puisque suit immédiatement une autre « surprise », à savoir un autre morceau chanté, par Garnier cette fois… mais un morceau de rock (avec Scan X à la guitare), le très efficace « (I Wanna Be) Waiting For My Plane », allusion transparente au Velvet Underground (et indirectement aux Stooges), contant avec humour les affres du DJ international. Quand j’ai moi-même (pendant très peu de temps, heureusement) dijetté (enfin, je ne mixais pas, hein – moi y’en a pas savoir faire, gnu... –, je me contentais de passer des disques…), j’aimais bien mettre cette piste, qui rencontrait généralement un franc succès ; mais je crois que ça aurait troué le cul de plus d’un(e) d’apprendre que c’était de Laurent Garnier…

 

On passe à tout autre chose avec « Jeux d’enfants », morceau en partie ambient, puisque gavé de field recording (des « chtis n’enfants en Charentes », visiblement), mais avec pourtant une rythmique à base de breaks un chouia saturés par-dessus les nappes de claviers et autres bruitages synthétiques. Le résultat est assez étrange, et j’ai à vrai dire du mal à émettre une opinion sur ce morceau… Pas mal, sans doute, mais… oui, il y a une certaine ambiance qui… bref…

 

Bon. Passons. À la toute fin, c’est-à-dire (après la souris verte) à « The Cloud Making Machine Pt. 2 », qui offre un miroir (plus bref) à la première partie pour ce qui est des voix, mais repose autrement sur des cordes assez mélancoliques.

 

Le bilan global, en tout cas, ne saurait faire de doute. The Cloud Making Machine est un album étonnant de la part de Garnier, oui – ou du moins, il a pu étonner quand il est sorti –, mais c’est bel et bien et avant tout un grand album, bien digne du talent de son auteur.

 

 En tout cas, si, après mon compte rendu (miteux, oui) de cet album, il y en a encore parmi vous pour croire que Laurent Garnier, c’est du « commerce » et patin-coufin, ben, moi, je baisse les bras…

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"Unreasonable Behaviour (CD)", de Laurent Garnier

Publié le par Nébal

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LAURENT GARNIER, Unreasonable Behaviour (CD).

 

Tracklist :

 

01 – The Warning

02 – City Sphere

03 – Forgotten Thoughts

04 – The Sound Of The Big Babou

05 – Unreasonable Behaviour

06 – Cycles d’oppositions

07 – The Man With The Red Face

08 – Communications From The Lab

09 – Greed (Part 1 + 2)

10 – Dangerous Drive

11 – Downfall

12 – Last Tribute From The 20th Century

 

Après vous avoir dit beaucoup de bien, il y a un bail de ça, de l’excellent live Public Outburst, j’ai de nouveau envie de vous entretenir de notre Lolo national (mais non, pas Fabius !). Mais c’est que la production du bonhomme est vaste… Déjà, allais-je parler d’un album, d’un mix, d’un best-of ? Très vite, j’ai choisi de parler d’un album, histoire d’approfondir un peu le personnage, de voir ce qu’il a vraiment dans les tripes, et de démontrer, enfin, que, pour être à l'origine un DJ, il n’en est pas moins également un compositeur talentueux, qui livre en studio une musique nettement moins orientée dancefloor que ce que l’on pourrait croire… et que l’on croit souvent, mais je ne reviendrai pas ici sur l’étrange réputation que Garnier continue de se traîner de par chez nous chez ceux qui en parlent sans en savoir le moindre mot.

 

Un album, donc. Mais lequel ? Le dernier, Tales Of A Kleptomaniac, m’ayant un peu déçu – mais il faudra que je le réécoute plus attentivement, et surtout sa partie ROM (quand mon putain de lecteur DVD voudra bien remarcher, grmblf…) –, et n’ayant ni Shot In The Dark, ni 30, ses tout premiers, il ne me restait que deux possibilités : l’énorme Unreasonable Behaviour, et le splendide The Cloud Making Machine.

 

Choix cornélien s’il en est.

 

J’ai donc choisi de chroniquer les deux, hop. Mais, pour une fois, en respectant la chronologie. Ne serait-ce que parce qu’Unreasonable Behaviour est un album plus hétérogène que The Cloud Making Machine, présentant davantage de facettes du travail de Laurent Garnier… et, avouons-le aussi, parce qu’il est sans doute bien plus connu.

 

Les plus observateurs d’entre vous auront noté que j’ai indiqué (CD) auprès du titre ; en effet, le vinyle contient des pistes et des mixes différents du CD : de ceux-là, je ne saurais rien dire. Je vais donc me contenter de parler ici du CD, avec son artwork fort sympathique, qui nous intime de nous laver les mains avant de soulever la galette. Dont acte.

 

Play. L’album s’ouvre sur une brève introduction au titre éloquent, « The Warning ». Ça se montre effectivement un tantinet menaçant… Pas grand chose de plus à dire, il ne s’agit que d’introduire.

 

Les choses sérieuses ne commencent véritablement qu’avec « City Sphere »… qui se montre déjà nettement moins menaçant. L’album aura ainsi une tendance assez bipolaire, tout du long. Jolie basse, et rythmique à l’avenant, pour un morceau sur lequel souffle comme un vent délicieusement glacial et cristallin.

 

Le vent souffle plus explicitement sur l’introduction de « Forgottent Thoughts », aux agréables rondeurs saturées, parfois quasi industrielles, d’autres fois évoquant avec presque dix ans d’avance le son Ed Banger (ou, plus contemporains de l’album, Daft Punk), mais avec ô combien plus de finesse…

 

Et l’on enchaîne sur ce qui constitue indiscutablement le premier gros tube de l’album, et un de ses rares morceaux axés dancefloor, avec l’énorme et cultissime « The Sound Of The Big Babou », sa saturation diabolique, ses multiples couches mélodiques, son pied imperturbable, et sa puissance imparable. Cultissime, ça vaut aussi pour le clip, avec son fameux curé terroriste… Mais Garnier a souvent eu d’excellents clips (il n’est qu’à voir ceux réalisés par Quentin Dupieux – aka Mr Oizo – auparavant, « Flashback » et le court-métrage « Nightmare Sandwiches » comportant entre autres le tubesque « Crispy Bacon »).

 

Petite transition essentiellement vocale avec « Unreasonable Behaviour », puis l’on repasse aux choses sérieuses avec « Cycles d’opposition ». Un morceau qui sonne un tantinet Warp, pour le coup (à la LFO, on va dire – pas Autechre, faut pas déconner, non plus…). Et ça lui va très bien, au sieur Garnier. Jolie basse, là encore. Planant et efficace.

 

Et d’enchaîner sur un nouveau tube, l’inénarrable « The Man With The Red Face ». Une perle de house portée par des basses profondes inimitables et, surtout, le saxophone de Philippe Nadaud (c’est lui, « the man with the red face », l’idée étant qu’il s’en donne à cœur-joie et à plein poumons, jusqu’à être prêt à éclater). Clip sympa, là encore, et un morceau taillé pour le dancefloor… mais plus encore pour le live ; et, pour la peine, on va s’en faire un petit, extrait du (très bon) DVD Unreasonable Live.

 

Suit une autre perle, mais dans un genre bien différent, avec le très beau « Communications From The Lab » (là encore, ces basses, tudieu !). Si je ne m’abuse, c’est le premier morceau de Laurent Garnier que j’ai connu et aimé. Nostalgie… Et il m’avait démontré d’emblée que, non, la techno en général, et, non, Laurent Garnier en particulier, ça n’était pas nécessairement « POUM POUM POUM POUM » ad nauseam. Un morceau d’une belle complexité et une composition d’une grande finesse à tous les niveaux. Merci, monsieur Garnier.

 

Suit une bizarrerie inclassable mais néanmoins excellente, le très bon « Greed (Part 1 + 2) » (et son clip démentiel et hilarant). Difficile de dire exactement de quoi il s’agit, mais le fait est que c’est bon, très bon, même. Dans la première partie, la voix inquiétante de Garnier se fait à nouveau menaçante (… et drôle, toujours...), tandis que dans la seconde, la basse saturée prend le relais pour noircir encore un peu plus l’ambiance. Une réussite. Bizarre, mais une réussite.

 

Avec « Dangerous Drive », ensuite, nous avons le seul et unique morceau de techno « classique » de tout l’album, avec un kick omniprésent. Une techno classique, oui, mais sinistre et glauque, très très sombre et menaçante, une fois de plus, et cette fois sans aucun humour… Mais en la matière Garnier est un maître qui n’a de leçons à recevoir de personne, et ce morceau en forme d’ultime concession au genre est une franche réussite.

 

Suit « Downfall », qui calme radicalement le jeu. Là encore, on peut penser à du « gentil » Warp. Ça n’en est pas moins très bon. Superbes basses bien rondes une fois de plus, et breaks parfaits (un peu trop rares, peut-être ?), qui ne lésinent éventuellement pas sur la saturation. Pas mal du tout.

 

Et de conclure sur un « Last Tribute From The 20th Century » très deep house, pied, nappes et basse à l’avenant. Un hommage aux grands pionniers de la techno et de la house, à l’orée du XXIe siècle. Très franchement, comme le disait si bien un ancien haut-fonctionnaire, ça m’en touche une sans remuer l’autre, et je trouve que c’est un peu le morceau de trop, le couac final dont on aurait pu se passer, mais bon, l’intention était bonne, allez…

 

N’empêche que le reste était excellent. N’en doutez pas un seul instant, citoyens : Unreasonable Behaviour est bien un immense album de techno / house, indispensable pour qui s’intéresse à ces choses-là, et témoigne assurément du talent de notre Lolo national (mais non, pas Gerra !).

 

 Sur ce, je me prépare à vous causer de The Cloud Making Machine. Et pour les plus impatients (s’il y en a ; on peut toujours rêver…), hop, un petit teaser.

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"The Mind Is A Terrible Thing To Taste", de Ministry

Publié le par Nébal

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MINISTRY, The Mind Is A Terrible Thing To Taste.

 

Tracklist :

 

01 – Thieves

02 – Burning Inside

03 – Never Believe

04 – Cannibal Song

05 – Breathe

06 – So What

07 – Test

08 – Faith Collapsing

09 – Dream Song

 

Mmmh, vous ai-je déjà dit que Ministry était le plus grand groupe du monde ? Oui, probablement, au travers d’un long et beaucoup trop enthousiaste article récapitulatif à l’occasion de la sortie du finalement très moyen The Last Sucker. D’ailleurs, je suis revenu dessus indirectement tout récemment. Il n’empêche : si Ministry n’est pas le plus grand groupe du monde, Ministry a été le plus grand groupe du monde ; et ce au moins le temps de trois albums, la fabuleuse et mythique trilogie comprenant The Land Of Rape And Honey, The Mind Is A Terrible Thing To Taste et Psalm 69.

 

Quand il s’agit de déterminer quel est le meilleur album de Ministry, beaucoup répondent sans l’ombre d’une hésitation Psalm 69, le dernier de la trilogie. Pas moi ; entendons-nous bien, j’adoooOOOooore cet album, et considère assurément que des morceaux comme « N.W.O. », « Just One Fix », « Corrosion » ou « Scarecrow » font partie des meilleures compositions du duo constitué par Al Jourgensen et Paul Barker. Mais, pour moi, le sommet a été atteint lors de l’album précédent, parfait dans sa globalité. The Mind Is A Terrible Thing To Taste est à mes yeux la Bible du metal indus, le type idéal du genre, à la croisée des chemins entre musique industrielle, punk et metal, avec, qui plus est, un son très particulier, unique, pas encore trop connoté metal (à la différence de Psalm 69, et a fortiori des albums à-la-Slayer de la période Jourgensen). Tout est bon dans cet album, là où le suivant contient un chouia de déchet. Et c’est bien pourquoi, à mes oreilles, The Mind Is A Terrible Thing To Taste constitue Le Grand-Œuvre de Ministry. Il n’est d’ailleurs qu’à jeter un œil sur les stupéfiants concerts qu’il a suscités (l’incroyable vidéo In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live), plus longue et bien autrement marquante que le CD du même nom) pour se persuader du caractère tout simplement magique de cet album, qui enchaîne les perles.

 

Et qui – c’est le moins qu’on puisse dire – pratique l’attaque en force, puisqu’il s’ouvre sur le furibond « Thieves », un morceau visionnaire (une bonne dizaine d’années d’avance, on va dire) teinté de fusion et de hardcore, vrillant l’auditeur à coups de guitares-mitrailleuses et de perceuses ainsi que de samples de Full Metal Jacket, invitation irrésistible à sauter partout et à pogoter comme un malade. Un morceau de choix dans les concerts du groupe depuis lors, et ça ne s’est jamais démenti depuis… Et ce son ! Merci, messieurs Hypo Luxa et Hermes Pan (c’est-à-dire Al Jourgensen et Paul Barker, of course…).

 

Suit ce qui a probablement constitué le premier grand succès du groupe, à savoir l’énorme « Burning Inside » à la mécanique bien huilée et au riff imparable. Un vrai concentré d’efficacité, tellement fort à vrai dire, que, pour l’anecdote, les membres du groupe ont fini par en avoir plein le cul de devoir jouer ce « passage obligé » à chaque concert… La rançon de la gloire…

 

On passe à un tout autre registre avec « Never Believe », un morceau plus résolument punk, et évoquant davantage la manière et les sonorités de The Land Of Rape And Honey. Sans doute moins marquant que les précédents et bon nombre des morceaux qui suivent, ce pied-de-nez bien nerveux n’est pas à négliger pour autant, et contient quelques très beaux moments ; le refrain, notamment, est très bon.

 

Changement de registre à nouveau, avec la monstrueuse « Cannibal Song », sa basse oppressante, sa rythmique implacable et son saxophone angoissant. Si l’on y ajoute un chant démentiel schizoïde, il y a de quoi avoir peur… et se régaler. Un vrai bonheur… à condition d’aimer la musique répétitive et hypnotique, cela dit. Mais, si l’on n’aime pas la musique répétitive, il ne vaut mieux pas écouter Ministry de toute façon, alors bon…

 

On retourne aux grosses guitares (et aux riffs plus répétitifs que jamais) avec « Breathe », qui introduit cependant une nouveauté bientôt caractéristique de Ministry en live : une rythmique à deux batteries. Et bordel de Dieu, que c’est bon ! Dans l’introduction d’In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live), c’est juste à tomber par terre. Au passage, le batteur, sur cet album, c’est généralement William Rieflin, de Killing Joke, puis fondateur de Pigface, qui fut d’abord un cover-band… de Ministry.

 

Un pur chef-d’œuvre pour la suite, avec le très long (interminable, disent les mauvaises langues, mais ces gens-là n’y connaissent rien…) et très planant « So What » (ou comment tenir huit minutes – voire plus en concert : onze, treize… – avec un seul riff). Là encore, un morceau promis à une très belle carrière en live, en particulier s’il y a deux batteries (comme, je me répète, je sais, sur In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live)). L’alternance entre la douceur de la basse et des parties samplées et la brutalité des guitares fait des merveilles, jusqu’à un finale explosif. Un des plus célèbres morceaux de Ministry, et à juste titre : c’est ce qu’on appelle communément un incontournable, pour ne pas dire un classique.

 

Suit un morceau relativement mineur en comparaison, mais sans doute assez bizarre pour l’époque, « Test », où le metal indus de Ministry, en plus de fusionner punk, metal, electro et indus, rajoute une couche de hip hop dans sa mixture. Le résultat n’est pas nécessairement mauvais, mais est loin d’être aussi marquant que toutes les perles que l’on a entendu défiler jusqu’à présent. C’est là le vrai défaut de ce morceau : il est trop bien entouré pour véritablement exister… Bof, de toute façon. C’est de loin le moment le moins intéressant de The Mind Is A Terrible Thing To Taste.

 

On y préfèrera largement les deux (quasi-)instrumentaux sur lesquels se conclue l’album, et tout d’abord « Faith Collapsing », avec sa monstrueuse rythmique tribale à deux batteries, sa basse énorme et ses nombreux samples (dont certains empruntés au très bon Fahrenheit 451 de François Truffaud, et d’autres, semble-t-il, au 1984 de Michael Radford, mais là je suis moins sûr de moi…). Oppressant et tripant à la fois.

 

Et l’album de se conclure sur une « Dream Song » purement industrielle et très planante, de toute beauté. Pas grand chose de plus à dire : on se tait, et on admire les maîtres au travail.

 

The Mind Is A Terrible Thing To Taste.

 

La Bible du metal indus.

 

Oh, oui.

 

 Me reste plus qu’à vous parler des autres albums de Ministry, et en premier lieu de Psalm 69 et The Land Of Rape And Honey. Ce sera pour une prochaine fois…

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"Two", de Miss Kittin & The Hacker

Publié le par Nébal

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MISS KITTIN & THE HACKER, Two.

 

Tracklist :

 

01 – The Womb

02 – 1000 Dreams

03 – PPPO

04 – Party In My Head

05 – Indulgence

06 – Emotional Interlude

07 – Suspicious Minds

08 – Electronic City

09 – Inutile Éternité

10 – Ray Ban

11 – 1000 Dreams (Reprise)

 

Miss Kittin & The Hacker, c’est l’histoire peu vraisemblable mais pourtant authentique de deux Grenoblois qui, après s’être amusés un temps dans leur coin, sont devenus des stars du jour au lendemain en réintroduisant le live dans la techno. Enfin, quand je dis des stars : à l’étranger, surtout ; en France, on a toujours un ou deux wagons de retard… Mais ce fut l’occasion pour le combo electro-clash d’enregistrer quelques pépites, dont, bien sûr, les célèbres et indépassables « 1982 » et « Frank Sinatra », et un premier album très brut de décoffrage sobrement titré… First Album. La recette était simple en apparence : une musique électronique minimale et rétro (à l’époque, ce n’était pas encore à la mode : ce sont entre autres eux les responsables…), et une voix mi-chantée, mi-parlée, avec un accent français à couper au couteau.

 

Il aurait été facile pour Miss Kittin & The Hacker de continuer longtemps comme ça, le public semblant toujours demandeur. Mais ils ont préféré (pour de multiples raisons qui ne regardent qu’eux) se séparer au sommet de leur gloire. Miss Kittin a alors entamé une carrière solo, et The Hacker a repris la sienne (faudra peut-être que je vous en parle, d’ailleurs ; si tout n’est pas parfait, il y a néanmoins de très bonnes choses sur Mélodies en sous-sol – antérieur me semble-t-il au duo –, Rêves mécaniques, ou plus récemment le live X). Et ce n’est que tout récemment (… enfin, récemment selon le comput nébalien, hein…), comme par surprise, que le groupe est revenu avec un deuxième album… sobrement intitulé Two. Et, parce que la chronologie c’est de la merde (donc), et accessoirement parce que cet album me semble mieux produit (non, ça, c’est un fait) et plus homogène que le First Album, et enfin pour coller à l’actualité (d’il y a très exactement un an, hum…), c’est donc de Two que je vais vous entretenir aujourd'hui. Car si cet album n’a probablement pas suscité le même enthousiasme démentiel que les premières productions à la mords-moi-l’nœud du duo, il n’en est pas moins très bon à mon goût et tout à fait recommandable.

 

Décortiquons donc la bête, en commençant par le commencement, c’est-à-dire « The Womb ». Et là, il faut reconnaître une chose, qui était déjà très sensible notamment dans Mélodies en sous-sol et Rêves mécaniques, c’est que The Hacker sait soigner ses morceaux introductifs (on reconnaît bien là sa patte)… Un excellent titre que celui-ci, porté par une belle basse profonde ; et on sent déjà combien la voix de Miss Kittin a progressé depuis le First Album, impression qui ne fera que s’accroître au fur et à mesure des titres de ce Two. Enfin, la qualité exemplaire de la production ne saura faire de doute à l’écoute de ce morceau décidément très sympathique.

 

Suit « 1000 Dreams », et là, un triple constat s’impose : 1°) Bien du chemin a été parcouru depuis les guignolades du First Album, et cette fois on fait plutôt dans le dark ; ce sera vrai de tout l’album ou presque. 2°) Miss Kittin a effectivement appris à chanter. 3°) C’est là un single évident, un joli petit tube minimaliste et efficace, new wave / cold wave / dark wave / comme il vous plaira, qu’on se prend immédiatement à fredonner en tout cas. Très bon.

 

Après quoi « PPPO » est un morceau plus résolument orienté techno, mais toujours (voire plus que jamais) très dark, et s’autorisant même quelques sonorités industrielles. Ça fonctionne très bien (même si le titre aurait visiblement dû être PPOP, mais que voulez-vous c’est pas ben grave ma bonne dame et rhôôôôô allez Nébal arrête de faire ton pinailleur bordel de merde) (ou alors c’est juste que j’avions pas compris le truc).

 

On passe alors à « Party In My Head », agréablement techno-pop, avec ses jolies nappes et ses basses profondes. Un peu moins dark que le reste, mais pas mal du tout. Cela dit, c’est loin d’être un des morceaux les plus marquants de l’album.

 

« Indulgence », par contre, si. Surtout pour les excités dans mon genre. Il faut dire que c’est un morceau qui tranche quelque peu sur les autres. Si la, euh, « mélodie » est basique, le son lui, est résolument electro-indus, ou, non, plus encore EBM (moi, je sais pas, je dis peut-être une bêtise, mais ça m’a pas mal rappelé le célèbre « Der Mussolini » de DAF – mais vous allez dire que je me fais plaisir…). Très très efficace. Nébal aimer ça.

 

« Emotional Interlude », a contrario, est un morceau très planant, mais plus sombre qu’il n’y paraît au premier abord, avec de belles basses bien profondes. Pas mal.

 

Mais j’y préfère largement pour ma part – et j’en suis le premier étonné, z’allez voir un peu – « Suspicious Minds », qui suit immédiatement, et qui est une reprise un tantinet electro-disco… d’Elvis Presley. Si. Même que. Voyez par vous-mêmes, par exemple ici (et d’ailleurs, je me vois obligé de reconnaître que cette vidéo le fait grave sa mère la teupu en string dans un sous-bois de Launaguet) (mondieumondieumondieu mais que m’arrive-t-il ?). En tout cas, voilà un autre morceau, après « 1000 Dreams », qui fait un single immédiat, que l’on se prend immédiatement à chantonner (d’une voix très grav-euh en contrepoint-euh de miss Kittin-euh, ouh yeah). Les fans d’Elvis jugeront sans doute cette reprise blasphématoire, mais moi j’aime beaucoup.

 

 

Bon, passons à tout autre chose avec « Electronic City », qui nous ramène à quelque chose d’un peu plus dark, avec un bon fond de Kraftwerk, ce qui est bien (et me rappelle qu’il faudra que je vous chronique l’intégrale de Kraftwerk, qui est bien entendu un des plus grands groupes du monde), alternant hélas avec des nappes façon vieille house, ce qui passe plus ou (surtout) moins bien, trouvé-je. Le morceau que j’aime le moins de tout l’album.

 

Suit « Inutile Éternité », qui, comme son nom l’indique, est chanté en français, et comme il le laisse entendre, n’est guère joyeux. Une synth-pop dark, avec une jolie basse à nouveau, par ailleurs parlée plus que véritablement chantée (sauf à la fin), et qui produit son petit effet. Oui, ça marche plutôt bien, très bien même. J’en ferais pour ma part mon troisième tube, tiens.

 

Après quoi l'on passe à « Ray Ban ». À nouveau une synth-pop dark de la plus belle eau, avec une jolie basse (je me répète ? je dois avoir des troubles obsessionnels compulsifs…), mais qui sonne cette fois plus rock. Pas mal du tout, sans être exceptionnel.

 

Et l’album de s’achever enfin sur « 1000 Dreams (Reprise) ». Comme son nom l’indique. En instrumental, un peu plus lent, plus éthéré aussi. Une conclusion, en somme.

 

 Au final, pari gagné pour nos deux zoziaux. Ils ont réussi à franchir le douloureux cap du deuxième album sans céder à la facilité consistant à se répéter ad nauseam. Une certaine prise de risques, dont je ne sais pas – moi qui ne me tiens au courant de rien... – si elle a été récompensée ou pas. Je l’espère, parce que ce Two (dont je ne ferai pas pour autant un chef-d’œuvre, hein, ne poussons pas mémé dans les orties, à moins qu’elle ne le demande gentiment) est un fort bon album, qui mérite bien qu’on y jette une oreille, et même, soyons fous, deux. À bon entendeur (si j’ose dire), salut.

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"Disco Flesh : Warp 99", de Punish Yourself

Publié le par Nébal

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PUNISH YOURSELF, Disco Flesh : Warp 99.

 

Tracklist :

 

01 – Radio Jazz 99

02 – (Let’s Build) A Station In Space

03 – Sexy

04 – Suck My T.V.

05 – Blast Off Siddharta Junkie

06 – No One To Talk With

07 – Atomic Alarm Broadcast

08 – Night Of The Hunter

09 – Enter Me Now

10 – Criminal

11 – Old Brother Left Hand

12 – Night-Club

13 – Enter Me Now (Collapse Remix)

14 – Night-Club (The Dead Sexy Inc. Remix)

 

Tiens, j’ai envie de faire dans le local, là. Dans le toulousaing. Mais pas compromettant pour autant. Parce que, messieurs dames, ce Disco Flesh : Warp 99, deuxième album de Punish Yourself, est bel et bien à mes oreilles un grand, un très grand album. C’est celui par lequel j’ai découvert le groupe, et cela reste encore aujourd’hui, en ce qui me concerne, ce qu’ils ont fait de mieux. Les sentiments, me direz-vous… Oui, mais non : si la production et l’écriture sont incomparablement supérieures au premier Feuer Tanz System, il y a ici une patate, une spontanéité, que nos chers cyberpunks fluorescents n’ont que trop rarement retrouvé par la suite (même si, allez, il y eut bien quelques exceptions). Non, je maintiens : ce deuxième album reste à mon avis le meilleur du groupe.

 

C’est semble-t-il l’album qui a fait connaître Punish Yourself à un large public, au-delà de la seule scène locale, et il aurait été aujourd’hui réédité dans le double album Crypt 1996-2002. Aussi, vous savez ce qu’il vous reste à faire… Je crains, par contre, de ne pas pouvoir vous en fournir beaucoup d’extraits, ça manque un peu sur Youtube. Faudra faire sans… Et on avouera aussi que le meilleur moyen de découvrir Punish Yourself reste le live… ou du moins que c’était le cas à l’époque, je dois dire que ça fait un bail que je ne les ai pas vus.

 

Adonc, Punish Yourself. À l’époque de l’enregistrement, cinq membres : Miss Z, P.FX, vx 69, Bud et P-RLO. Tout peinturlurés de matières fluorescentes sur scène, ils trahissent leur engouement pour Ministry en jouant à leur tour derrière une grille (qui, généralement, ne fait pas long feu…). Et on sent, oui, que ces gens-là ont beaucoup écouté Ministry dans leur jeunesse, et sans doute aussi KMFDM. Et probablement Nine Inch Nails et Marilyn Manson, période pré-soupe. Et d’autres choses encore, qui vont des Stooges à la techno hardcore en passant par Skinny Puppy. Et ils ont fusionné tout ça pour obtenir un son bien à eux, référencé certes, quelque part entre metal indus et techno-punk. Un son qui fait des ravages, en particulier sur ce deuxième album à la production ma foi fort bien léchée pour un petit produit de la scène locale.

 

Quant au programme affiché, il est clair et net : sexe, drogues et rock’n’roll, avec en prime une bonne grosse louche de cinéma (bis essentiellement, mais pas que, comme on aura l’occasion de le voir).

 

On passera rapidement sur l’inévitable intro « Radio Jazz 99 », de toute façon très brève, pour passer de suite aux choses sérieuses.

 

Et les choses sérieuses, c’est un gros tube d’entrée de jeu, avec « (Let’s Build) A Station In Space »« to fuck by zero gravity », bien sûr. Un véritable hymne du genre, simple et efficace. À l’époque, quand je faisais découvrir l’album à mes potes, je faisais un test : je mettais la piste sans les prévenir, et j’observais ; résultat des courses : 100 % de headbanging dès que les grosses guitares déboulent. Ce qu’on appelle une belle réussite. (NB : sur l’édition originale de Disco Flesh : Warp 99, il est fait mention d’une « plage-rom video clip » pour ce morceau, mais elle n’a à ma connaissance jamais existé ; je ne sais pas si cette erreur a été corrigée sur Crypt 1996-2002, ni si le clip correspond au lien que je vous ai donné… dont le son est par ailleurs un peu pourrave, et vous m’en voyez désolé.)

 

On enchaîne sur « Sexy », morceau qui s’ouvre sur un sample d’Atomic Café, et se montre bien plus lent et autrement plus calme (si l’on excepte son réjouissant finale au riff en béton armé) ; on pense beaucoup à Nine Inch Nails (la bonne époque) ou à Marilyn Manson (période pré-soupe, disais-je). Assez puissant, et efficace.

 

Avec « Suck My T.V. » (le bien nommé) et son introduction hilarante, on ré-accélère le rythme, pour un morceau qui tatane bien là où ça fait mal, et se montre on ne peut plus explicite. On pense cette fois beaucoup à KMFDM. On notera un très beau passage technoïde sur le tard, avant un dernier refrain furibond.

 

« Blast Off Siddharta Junkie » joue longtemps dans une tout autre catégorie, plus electro-indus à la Skinny Puppy ou plus encore Front Line Assembly, voire EBM à la Front 242... mais c’est sans compter un finale dantesque qui fait rugir les guitares industrielles, avant d’être relayées par une basse groovy en diable. Sehr gut.

 

Avec « No One To Talk With », on en revient plus directement au bruit et à la vitesse, cette fois sur des rythmiques breakbeat du plus bel effet, et qui autorisent un très chouette intermède vraiment très très groovy. Surprenant, mais indéniablement miam. Une belle montée, une fausse fin, et ça repart de plus belle. Bien, bien, bien.

 

« Atomic Alarm Broadcast » n’est pas un morceau, mais un simple sample (simple sample, ça sonne, ça...) de transition, emprunté au fameux Duck and cover!, et autant dire encore une fois à Atomic Café.

 

Transition vers le très bourrin (et tout juste cinématographique ; on ne sait pas ce qu’en penserait Charles Laughton…) « Night Of The Hunter », réjouissante pochade qui va chasser sur les terres du hardcore le plus barbare. Très efficace, et, mazette, ça défoule.

 

Du coup, on calme un peu le jeu avec « Enter Me Now » (qui débute, si je ne m’abuse, sur un sample emprunté à Faster Pussycat! Kill! Kill!), et, je cite, « contient des éléments de Fucking Place, compo remontant à la première formation de P.Y. ». Sans doute rien d’étonnant, dès lors, à ce que ce morceau soit bien plus calme, en dépit de sa note d’intention (« Welcome to violence! »), que tout ce qui a précédé. On pense un peu à Skinny Puppy. Les riffs sont sympathiques, la cacophonie ambiante de même, mais le niveau baisse tout de même un petit peu…

 

Suit le plus speed « Criminal », dont la basse, je trouve, donne de faux airs de White Zombie période Astro-Creep 2000 (tiens, faudrait peut-être que je le chronique, celui-là…). Pour le reste, c’est un morceau assez punk basique, qui ne va pas chercher bien loin. De même que « Enter Me Now », il laisse un peu sur sa faim, après l’excellence des premiers titres de l’album. Ce n’est pas mauvais, non, mais pas génial non plus…

 

Heureusement, le niveau remonte par la suite, tout d’abord avec le très chouette instrumental « Old Brother Left Hand » (nouvelle référence à La Nuit du chasseur, dont la plus fameuse des scènes se retrouve samplée), big beat et groovy, presque neo-metal par certains côtés, mais, rassurez-vous, ne négligeant ni l’électronique saturée ni la cacophonie propres (non, sales !) au genre qui nous intéresse. Très efficace et bien vu.

 

Et l’album à proprement (non, salement !)  parler de s’achever sur un « Night-Club » très bourrin, mêlant breakbeat et hardcore, comme une sorte de croisement bâtard et mal élevé entre Ministry, Slayer et Atari Teenage Riot. Jouissif.

 

Restent encore deux remix pour achever totalement la galette et les oreilles des voisins. Commençons par « Enter Me Now (Collapse Remix) », en rappelant que Collapse, c’était pas mal du tout. Bon, comme on l’a vu, le morceau choisi pour le remix n’est sans doute pas un des meilleurs de l’album, mais, après tout… On retrouve bien le côté tribal de Collapse, et ça, c’est bien. Le morceau est un peu plus sale, et ça, c’est bien aussi. Du coup, le remix est à n’en pas douter meilleur que l’original, mais on avouera qu’il ne laisse pas pour autant un souvenir impérissable.

 

Il en va tout autrement pour « Night-Club (The Dead Sexy Inc. Remix) » (sachant que The Dead Sexy Inc., c’est ehb de LT-NO – il faudra que je vous cause de Global Cut un de ces jours – et Steph de Prime Time Victim Show – et il faudra que je vous cause de Prime Time Victim Show un de ces jours) : là où l’original était une réjouissante bourrinade, le remix est une expérimentation imbitable et chiante, sans grand intérêt. On passe. Tant pis.

 

N’empêche que. En dépit de deux morceaux moyens sur le tard, et d’un remix inutile, Disco Flesh : Warp 99 est bel et bien un excellent album de metal indus ou de techno-punk (choisis ton camp, camarade… si tu juges ça vraiment nécessaire…). En ce qui me concerne, il n’a pas pris une ride, et reste le meilleur album du groupe.

 

 

Même si, quand je dis ça, je suis un peu de mauvaise foi.

 

Je m’explique : je n’avais pas du tout, mais alors pas du tout, aimé Gore Baby Gore. Et je n’ai donc pas cherché à écouter ce que le combo a fait par la suite. Si ça se trouve, le niveau est remonté… Mais comme il était déjà descendu d’un cran avec Sexplosive Locomotive pour dégringoler avec le suivant, j’avoue, moi le pessimiste de nature, ne plus y avoir cru, tout simplement. J’espère m’être trompé. Si quelqu’un peut me persuader de mon erreur, ma foi, je lui en serais grandement reconnaissant. Mais j’avoue : j’ai du mal à y croire…

 

 Alors j’en reste à cet album-là. Une valeur sûre, comme on dit.

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"Yann Tiersen & Shannon Wright", de Yann Tiersen & Shannon Wright

Publié le par Nébal

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YANN TIERSEN & SHANNON WRIGHT, Yann Tiersen & Shannon Wright.

 

Tracklist :

 

01 – No Mercy For She

02 – Dragon Fly

03 – Sound The Bells

04 – Something To Live For

05 – Dried Sea

06 – While You Sleep

07 – Ode To A Friend

08 – Ways To Make You See

09 – Callous Sun

10 – Pale White

 

Le calme après la tempête. Hier soir, on a foutu le bordel avec Imminent Starvation ; ce matin, place à la douceur avec ce splendide album écrit à quatre mains par deux talentueux multi-instrumentistes. À la douceur, mais pas à la gaieté pour autant : précisons le d’emblée, ce Yann Tiersen & Shannon Wright est un album qu’il est idéal pour se pendre (comme beaucoup d’enregistrements de Shannon Wright en solo, d’ailleurs, mais là, je crois que c’est encore pire que d’habitude…).

 

 On peut attendre beaucoup de choses d’un album écrit à quatre mains (et plus si affinités), le pire comme le meilleur. Ici, heureusement – et une fois de plus je ne vois pas de raison de maintenir le secret plus longtemps –, c’est une très grande réussite : les deux univers musicaux se sont fondus l’un dans l’autre avec une aisance parfaite pour un résultat tout simplement stupéfiant de cohésion.

 

Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter Yann Tiersen, vous avez dû en bouffer plus que de raison depuis la sortie du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain ; cela dit, le grand succès du film et de sa bande-originale ont pu contribuer à fausser son image d’auteur-compositeur-interprète… C’est qu’il en a fait des choses, le bonhomme, bien au-delà du seul film de Jeunet qui l’a rendu mondialement célèbre…

 

L’Américaine Shannon Wright est sans doute moins connue dans nos contrées. Pour ceux que cela intéresse, ils trouveront quelques développements supplémentaires sur Wikipédouille. Ici, je me contenterai de dire qu’il s’agit d’une multi-instrumentiste plus-indie-folk-tu-meurs, souvent comparée à PJ Harvey (faut dire qu’elle le cherche un peu, des fois), responsable d’une dizaine d’enregistrements généralement très sombres et assez brefs, où elle occupe quasiment tous les postes. Elle est par ailleurs connue pour ses performances live très… « poignantes », paraît-il (mais ici, je ne peux hélas me fonder que sur des « on dit »…)

 

Et les grands esprits de se rencontrer pour cet enregistrement unique, dont la légende (c’est-à-dire re-Wikipédouille…) dit qu’il a été écrit en seulement deux semaines par nos deux zigotos (mais l’enregistrement, d’après le livret, a bien duré deux mois). Jolie performance, si c’est vrai, parce que c’est tout sauf du travail bâclé. Quand je vous dis qu’il s’agit d’une fusion parfaite…

 

(Ah, au fait : j’en ai trouvé tous les morceaux sur le ouèbe, et, comme je les aime tous, j’ai choisi de ne pas choisir ; on verra bien le temps que ça durera…)

 

On commence dans la douleur (qui ne nous quittera jamais vraiment de tout l’album) avec l’éloquent « No Mercy For She ». Piano grave et lourd, cordes dissonantes, voix chevrotante à la limite du sanglot, mais joli refrain instrumental, et beau crescendo sur la fin. Le morceau donne le la, il pose l’ambiance de l’album et la méthode de travail de Yann Tiersen et Shannon Wright. Une superbe introduction.

 

Suit le très beau également « Dragon Fly », emporté par une mélodie à l’accordéon et à la basse, la guitare n’étant guère là que pour bruiter en fond. La voix de Shannon Wright est plus émouvante que jamais. Joli refrain au passage.

 

« Sound The Bells », emmené par le piano, et laissant enfin de la place à la batterie, est un morceau plus rythmé que les précédents, et en apparence moins sombre… du moins au premier abord. Peut-être un cran inférieur à ce qui précède, mais de la belle ouvrage néanmoins.

 

On passe à « Something To Live For » (NB : et on s’en cogne de la vidéo), et on retourne à la mélancolie à l’état pur, qui décidément réussit bien mieux à nos deux zoziaux. Là encore, toutefois, c’est le piano, qui domine. Et on admire la magnifique partie centrale…

 

Suit « Dried Sea » (NB : et on s’en re-cogne de la vidéo... qui, par ailleurs coupe un peu brutalement – il manque une trentaine de seconde d’arpèges en fade out… désolé, je n’ai pas trouvé mieux…), morceau plus pop-rock, où la guitare, la basse et la batterie prennent plus d’importance, jusqu’à s’énerver un tantinet. Un morceau plus sale que les précédents, mais toujours très sombre, et toujours aussi bon.

 

Ça va ? Vous ne vous êtes toujours pas pendus ? Biiiiiieeeeeeeen ! Ça veut dire que vous avez survécu à la moitié de l’album.

 

Donc on peut continuer avec « While You Sleep », qui fait lui aussi dans le nerveux, quasi punk. La voix de Shannon Wright, ici, fait d’ailleurs vraiment penser à celle de PJ Harvey : quand je vous disais qu’elle cherchait un peu, des fois… Il n’en reste pas moins que c’est un très bon morceau, et que les violons de Yann Tiersen se marient très bien à la furie punkoïde de l’Américaine.

 

« Ode To A Friend » re-calme le jeu, et remet le moral à plat. Superbe mélodie au piano de Wright, en tout cas, bien accompagnée par les cordes de Tiersen.

 

On s’enfonce encore un peu plus dans la dépression avec le très beau « Ways To Make You See », et encore une très belle, bien que plus discrète, mélodie au piano (ça devient une habitude…). Une touche de basse, voire de guitare de temps à autre, achèvent d’enjoliver le tout, pour un résultat qui marque durablement.

 

« Callous Sun » : piano, basse, batterie, guitare, qui bruitent un peu (beaucoup) plus que d’habitude. Joli couplet, refrain puissant… Tout est tellement bon dans cet album qu’on en deviendrait presque blasé…

 

Et une petite perle pour finir, avec « Pale White », morceau emmené par la guitare sèche, le violon et le piano de Yann Tiersen, Shannon Wright se contentant du chant et d’une batterie minimaliste. Musicalement, c’est presque joyeux. Pourtant, il n’est qu’à écouter le (très joli) refrain… Magnifique, en tout cas. La plus belle des conclusions pour un album superbe de bout en bout.

 

 Je ne conseillerai certainement pas Yann Tiersen & Shannon Wright à un dépressif en pleine crise. Mais à tout amateur de belle musique, sans aucune hésitation. D’ailleurs, je vais tâcher de revenir sur Shannon Wright un de ces jours… Parce qu’elle le vaut bien.

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