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Stormquest

Publié le par Nébal

Chronique de Stormquest, d'Alex Sessa, sur Nanarland :

http://xit.easy-hebergement.info/nanarland/viewtopic.php?t=12738

Et la revoici, sans les caps :


affiche.jpg

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Stormquest.
Titres alternatifs : Kimbia la cité des femmes, El Ojo de la Tormenta.
Réalisateur : Alex Sessa (i.e. Alejandro Sessa).
Année : 1987.
Pays : Argentine / Etats-Unis.
Genre : Le Deuxième sexe en mousse (épique, catégorie : heroic fantasy).
Durée : 1h26.
Acteurs principaux : Brent Huff, Kai Baker, Monica Gonzaga, Linda Lutz, Rocky Giordani, Duduzile Mkhize, Ana Maria Ricci, Christina Whitaker…

CHRONIQUE

Les Chroniques de Nâhnâr, épisode IV

C’était il y a bien longtemps, durant cette sombre époque de chaos que les Annales des Anciens nous ont appris à craindre sous le nom d’Années 80. Affalé sur un trône en contreplaqué sis dans la plus haute tour de son château en mousse, le vieux roi Aleksessa se morfondait. Devant ses yeux fatigués défilaient sans cesse les images épiques du glorieux Âge des Héros, inauguré lorsqu’un étrange magicien tout de treillis vêtu et répondant au signifiant sobriquet de Milicien avait conquis la terre entière avec une puissante rune du nom de Conan le Barbare. Les imitateurs étaient nombreux, en ce temps-là, et bientôt déferlèrent des hordes d’apprentis de moindre envergure, dont les enchantements mineurs ne parvenaient qu’à un bien piètre résultat ; mais ce n’étaient que torses musculeux, dragons et héroïnes en strings de cuir, et le vieux roi y trouvait tout son content. Las, elle était bien morte, cette époque d’aventure et de bravoure, et, en dépit d’efforts périodiques, nul ne parvenait à la ressusciter…

- Des ninjas, des cyborgs… Baste ! Qui cela pourrait-il bien aguicher ? », s’époumonait le roi. « Il faudra bien pourtant revenir un jour aux saines vertus des récits épiques ! Et si personne, dans la riche Holiwoudie ou dans la lointaine Ithalia, ne daigne s’y atteler, eh bien, qu’il en soit ainsi ! J’accomplirai cette quête ! Nul obstacle ne saurait être infranchissable pour celui qui entame son périple armé de sa passion et de sa bonne foi ! »

Et le roi Aleksessa, qui jusqu’alors se contentait de fournir subsides et matériel à ceux qui étaient animés de la même flamme que lui (ainsi en co-produisant Kaine le mercenaire), de se mettre lui-même au travail, assisté de son fidèle scribe Charles Saunders (il venait du lointain Orient, d’où ce nom étrange). Las, leur œuvre, intitulée Amazons, ne rencontra guère de succès… Et nos deux vaillants héros de succomber une fois encore à l’accablement.

Soudain le roi bondit de son trône et se frappa le front du plat de la main :

- Fou que je suis ! C’est que nous avons oublié le principal ! Chaaaaaaaaaaaaaarles ?!

Le scribe surgit dans le dos du roi : « Oui, Maîrtre ? »

- Rassemble sur-le-champ 300 lamas ! Nous devons sacrifier aux dieux pour triompher dans notre tâche ! Nul ne saurait réaliser un film épique sans l’assistance miséricordieuse de Frik, Gorh, Sesk et Hesséfix !

- Bien, Maîrtre.

Et ainsi firent-ils. Las, les jours et les semaines passèrent sans que les dieux ne se manifestassent.

- Tragédie ! Oncques ne vit cercle d’invocation plus désert ! », se lamenta le roi.

- Oncques, oncques, oncques », surenchérit le scribe anglois, et de jurer par le plus pervers des animaux : « Phoque ! »

Le vieux roi se jeta à terre : « C’est trop injuste ! Ne pourrais-je donc jamais faire mon film épique ? »

- Tu le pourras, ô mon roi, et cochon qui s’en dédit !

Un petit homme malingre et bossu, un mégot de cigare humide fiché au coin des lèvres, était apparu dans le cercle ; c’était lui qui avait prononcé, d’une voix sifflante et aiguë, ces paroles fatidiques.

- Qui es-tu ? », lui demanda le roi, interloqué.

- Je suis NÂHNÂR LE PURULENT ! Un dieu méconnu mais puissant, qui vient en aide à ceux de ton espèce, que les autres dieux délaissent. Je suis prêt à te venir en aide, ô roi Aleksessa ; il te suffit de signer ici, et ici, ah, et ici aussi, parapher en marge, merci, date et signature à la… Quoi ? Les petits caractères, là ? C’est sans importance… signature là voilà cet exemplaire est pour vousjegardecelui-cimerci, BIEN ! Nous pouvons commencer… »

Il avait un sourire mauvais. Le scribe se tourna vers son roi, et lui dit : « Maîrtre, je crois que fouf affez fait une connerie. »

Nâhnâr fit un saut périlleux et reprit : « Alors, on commence par le cadre. Deux royaumes, Kimbia et Ishtan, parfaitement similaires d’aspect. Ici, vous avez des tas de forêts et des super cascades, parfait, on va pas multiplier les décors non plus ! Pour l’extérieur des châteaux, pas de souci, j’ai fait un peu de tourisme. » Il brandit deux photos. « Tu insères ça dans la pelloche, ils y verront que du feu. Et pour l’intérieur, trois murs en contre-plaqué, ça fera bien l’affaire, t’as qu’à voir…

« De toute façon, un conseil de pro : pour cacher la misère, sous-expose tout le film ou presque ; ah, et, tant qu’on y est, pour les scènes « d’action » (à nouveau ce sourire mauvais), contentes-toi d’agiter la caméra dans tous les sens, ça marche aussi…

« Maintenant, l’univers. Bon, vu ton précédent bouzin, j’parie que t’aimes bien les amazones.

- Eh bien…

- Ta gueule (le roi fit la moue devant ce langage si peu royal, mais s’abstint de relever, terrorisé qu’il était par le nabot mal embouché). Des amazones. Ca appâtera le chaland ; t’as qu’à commencer sur des femmes en cage, ça plait toujours.

« Par contre, vu que Sesk n’a pas osé répondre à ton invocation, ne fais surtout pas de plans nichons.

- Comment ? Mais… c’est impossible !

- Mais si, mais si ; de toutes façons, elles seront court vêtues, ça sera tout comme ; et puis si tu te débrouilles bien, tu pourras multiplier les plans sur leur cul.

- Ah. Quand même. C’est mieux.

- Ta gueule, on s’égare, là. Des amazones, donc. Kimbia et Ishtan sont deux sociétés matriarcales, libérées du joug des mâles (ce qui te permet d’apporter une forme de « critique sociale », un « message politique », ce que tu veux, on s’en branle). A Kimbia, il n’y a carrément pas de mecs, on ne commerce avec eux que pour leur « semence ». A Ishtan, par contre, il y en a, mais ce sont, soit des esclaves décérébrés, soit des « étalons » pour le sérail de la reine et de ses copines. Et c’est là qu’est l’astuce, mon gars. Faudra utiliser tout ça pour saturer le film de connotations érotiques sans faire de la fesse pour autant (sinon Sesk risque de s’énerver, et t’as pas envie qu’elle s’énerve, crois-moi ; pis comme ça ton film sera tout public, tu pourras jouer sur deux tableaux) : du coup, tu me fous des symboles tout pourris dans les décors tout pourris eux aussi ; du catch féminin, bien sûr ; et des femmes en cage, donc, fouettées de temps à autre, mais aussi des hommes attachés sur un lit.

« Et tu me fais des « chiens humains » harnachés de cuir, les yeux bandés, et tenus en laisse par de fières amazones (en cuir, oui), tant qu’on y est.

« Ah, et puis, les « étalons », en fait, c’est tous que des grosses tapettes.

- HEIN ?! Mais pourquoi ?

- Devine.

- … Noooooooooooooooooooooon.

- Si. Ta gueule. Bon, on a le cadre. L’histoire et les personnages, à partir de là, c’est facile. Tu me prends quatre jolies filles de Kimbia. D’abord, trois qui sont condamnées à mort, Kinya, Asha et Tani.

« Kinya, la noire, tu lui colles un accent chelou, genre elle roule les "r", ça sera la sage prêtresse de service, qui a commis un « blasphème » ; la blonde Asha, c’est parce qu’elle a forniqué ; la brune Tani, parce que c’est une voleuse. La quatrième, c’est Ara, la sœur d’Asha (tu suis toujours ? bien) ; elle les libère en se battant avec son épée en plastique, et elle est aidée par des hommes, parce qu’il faut pas déconner non plus.

- Des hommes ? Mais je croyais que…

- Ta gueule. C’est des rebelles, voilà. Super balaises, en plus, ils grimpent une falaise de cinquante mètres de haut en quinze secondes montre en main… Le beau gosse, dans le tas, t’as qu’à prendre Brent Huff pour le jouer, c’est un bon gars, fiable, il a déjà joué dans Nine Deaths Of The Ninja, alors je l’connais bien. Comme ça tu pourras avoir une histoire d’amour et UNE, je dis bien UNE, scène vaguement érotique. Sous-exposée bien entendu.

« La suite, du coup, ben c’est évident. Les grognasses et les mecs vont s’allier pour combattre l’injustice, tout ça, dans les deux royaumes. Comme ça, Brent – t’as qu’à l’appeler Zar, c’est un bon nom de fantasy, ça, Zar –, ben, à la fin du film, il pourra tenir un discours poignant dont voici l’intégralité : « La supériorité d’un sexe sur l’autre, c’est mal ! C’est aussi ridicule ! »

« T’en fais pas, à la fin, il épouse sa blonde, et il devient roi quand même.

« Bon, Tani, c’est une voleuse, elle est brune, donc elle les trahit. Elle rejoint les forces du royaume d’Ishtan. Et c’est là que tu vas pouvoir rajouter un super élément comique : les grosses dondons. Ca fait toujours rire, les gros. Alors d’abord Cora, qui sera le bouffon de service, son casque en permanence sur les yeux et qui foire tout ce qu’elle entreprend.

« Et ensuite et surtout la reine, au goût vestimentaire très sûr (déjà que les autres, hein, bon, on fera comme on pourra…). Tu la feras jouer par Linda Lutz.

« Les deux, tu leur dis de cabotiner comme des truies, de surjouer la grosse tout le temps. Mais alors un vrai concours, hein ! Faut que ça soit in-sup-por-table ! Des rires gras, des éclats de cantatrice, de la transpiration qui suinte, des bourrelets qui s’agitent… Et à côté, plein plein plein d’allusions au fait qu’elles sont grosses. Dans les vannes, notamment : « Truie », « Porcelette », « Votre Obésité », rien de vulgaire, hein, rien qui dépasse le niveau du bac à sable ; un film tout public, t’entends ?!? Tiens, un exemple : la reine réclame en sautillant comme une gamine trop gâtée « le tapis » ; ses étalons très grecs, voire moustachus, s’allongent sur les marches de l’escalier, et elle descend en leur écrasant les parties.

« Tiens, tant qu’on y est, pour les bruitages, tu utiliseras ça. » Nâhnâr sortit un étrange instrument de sa poche. « On appelle ça un synthétiseur. Celui-là, il est tout pourri, et il fait des sons tout pourris eux aussi. Par exemple, si tu appuies sur cette touche, ça fait un bruit d’os qui craque ; ou de chips écrasées, comme tu veux. Bon en tout cas, tu l’utilises à chaque marche du « tapis », et tu trouveras bien d’autres occasions pour l’utiliser, n’est-ce pas ? Pareil pour cette touche-ci – bruit d’épée en plastique –, cette touche-là – bruit de « fouet », enfin y parait –, ah, et là, ça fait un ricanement de farfadet, tu pourras l’utiliser pour ton serpent en plastique (oui, je sais, c’est con un serpent qui fait « hihihihihihihihi », mais bon, c’est ça ou rien) ; et tu verras, après, t’as des bruits de chevaux, de flèches, plein de trucs marrants. T’amuses pas à les modifier, hein, ou même à les varier, tout le monde y verra que du feu…

« L’avantage, c’est que tu peux t’en servir aussi pour faire toute la musique. Oui, ça sonnera comme… comme… j’ose même pas dire comme quoi, tiens. Mais bon, ça créera une ambience. Ah, et puis, pour chaque blague pas drôle ou scène supposée burlesque avec les deux grosses, t’as qu’à utiliser des petits jingles ridicules, genre un faux tuba qui fait « tagada-tsoin-tsoin » ; abuses-en bien comme il faut, et je te jure que regarder ton film deviendra une expérience inoubliable.

« Bon. On a le cadre, les personnages, l’histoire, les combats d’épée en plastique, la tension érotique sous-jacente, les bruitages et la musique, qu’est-ce qu’il nous reste ? …Ah. Ouais. La fantaisie, le merveilleux, tout ça… »

Nâhnâr se mit à faire les cent pas ; le roi et le scribe, terrés dans leur coin, n’osaient pas dire un mot.

- Bon, on a déjà un serpent en plastique qui fait « hihihihihihihihi », donc…

Le gnome se dirigea vers la fenêtre et regarda la forêt :

- … T’as des mygales, dans ta zone ?

Le roi hésita, puis :

- Heu… oui.

- Bien. Tu m’en mettras deux, et tu les feras revenir aussi souvent que possible. Les gens aiment pas ça, les mygales. Surtout certains chroniqueurs. Très bien, les araignées, tout ça… Penses à la petite musique pourrie chaque fois qu’on les voit.

Nâhnâr reprit sa déambulation. Il fixa une peau de lionne accrochée au mur :

- La prêtresse black, là… Comment, déjà… Ouais, Kynia. Bon, sa déesse, c’est une lionne, ou un machin du genre. T’en prends une vraie, gentille comme une grosse chatte, pour les trente secondes où on la voit vraiment. Et pour les scènes d’action, tu jettes une peluche dans les bras de la victime, qui l’agite dans tous les sens. Ca a très bien marché avec une pieuvre dans La Fiancée du monstre.

« Et pis à la fin, tu me fais la même chose avec un faux crocodile tout pourri qui a tout le temps la gueule ouverte.

« Et voilà ! » Nâhnâr fit une galipette, un petit bond, trois pas de danse et prit enfin la pose, bras écartés et un grand sourire sur les lèvres (on voyait fort bien ses chicots). Le roi n’en croyait pas ses oreilles :

- Et… C’est tout ?

- Ouais. Enfin, y’aura aussi des mannequins en mousse.

- Mais… et les dragons ? Et la magie ? Et les trolls ?

Nâhnâr éclata de rire : « Tu me rappelles ton budget ? »

Le roi ne trouva rien à répondre, et tourna le film en respectant à la lettre les instructions de Nâhnâr. Le fourbe gnome, une fois de plus, avait triomphé des passions humaines.

Et le roi Aleksessa de se morfondre à nouveau. Il attribua l’échec de son film aux changements dans les goûts du public. « Les épées, tout ça, c’est bien… C’est le cadre passéiste qui ne va pas, en fait. Il faudrait faire un peu la même chose, mais dans un cadre davantage contemporain, voire futuriste… » Il y eut un grand bruit et une explosion de bombinette à fumée. C’était Nâhnâr, qui tendait un nouveau contrat au roi :

- Ah ben ça tombe bien ! Ca te dirait de co-produire Highlander 2 ?

NOTE : 1,5/5

RARETE : 2/trouvable.

- Dis-moi, Nâhnâr, on en fera un DVD zone 2, de Stormquest ?

- Mais bien sûr ! Avec un visuel un peu sobre, genre Seigneur des anneaux, tu vois. Presque pas de photos sur la jaquette, un texte qui évoque plein de « jolies créatures »… Nickel. Parfait pour envahir les puissants royaumes voisins des Kasheconvertaires et des Bâkhasoldes.

- Et dedans, y’a quoi ?

Nâhnâr éclata de rire :

- Le director’s cut et un making-of, bwahahahaha ! Nan, j’déconne. T’y fous le film, mon gars ; dans une copie pourrie, son mono, VF uniquement. Nan, même pas de menu, t’es fou, ça coûte trop cher…

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A
Ok. I will see what I can do...<br /> <br /> Thank you very much again. :)
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N
Sorry, but I can't help you here...<br /> <br /> It isn't really hard to find this film in France (only with french soundtrack, by the way), but I don't know anything about its distribution in the rest of the world.<br /> <br /> As it came from Argentina, I supposed it was easy to find there... Seems I was wrong.<br /> <br /> Good luck. ;)
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A
Helo. Sorry, but I don't speak fench.<br /> <br /> I'm from Argentina, and I am looking this film. You know where I can find it? He is available in eMule?<br /> <br /> Thank you very much.<br /> <br /> Good bye
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